« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Born to make history [OS]

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Samaël Enodril
Modératrice Combat/Capture
Samaël Enodril
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Âge du personnage : 20 ans
Métier / Études : Bac ES / Modeste écrivain de livres pour enfants
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MessageSujet: Born to make history [OS]   Born to make history [OS] EmptyLun 14 Nov 2016 - 21:16



Born to make history


La 102ème Compétition

Petit Ours Brun



Elle m'appelle. Cette foule scande mon nom, ainsi que celui du Maître. J'ose pourtant encore à peine y croire. Il m'aura fallu en tout trois bonnes années pour arriver à ce stade, mais l'attente en vaut largement le coût, et je ne regrette pour rien au monde d'avoir patienté jusqu'à présent. J'ai fait tant de matchs, affronté tant de dresseurs... Me voilà ce soir en face de celui qui est considéré comme l'un des plus puissants d'Enola. Une force considérable que le Maître ne démontre plus, mais contre laquelle je vais devoir me battre, et assurer ma victoire pour faire en sorte que tous mes efforts n'aient pas été vains. Une force devant laquelle je vais devoir prouver que je mériterais mon nom au panthéon, aux côtés de grands dresseurs qui y ont déjà mis le leur. Il est temps, enfin, de prouver à toute l'île ma véritable valeur ; celle que je me suis forgée au prix d'un nombre incalculable d'entraînements, et que je vais dévoiler à toutes les personnes qui me regardent. S'il y a bien un match qui attire tous les regards en ce moment-même, c'est celui-là. C'est le mien. Car je suis le seul a avoir pu aller suffisamment loin, à avoir pu atteindre cette place en finale que tous les compétiteurs convoitent. Cette même place que je n'aurais jamais vraiment cru un jour mériter, alors que c'est ce que je désire depuis toujours. J'avais un rêve d'enfant, celui de me mesurer au Maître de la Ligue et prouver ce dont je suis capable. Aussi, remporter la compétition au moins une fois et devenir un grand dresseur qu'on pourrait prendre en exemple et qu'on pourrait admirer. Je possédais déjà une innocente ambition sur laquelle je me plaisais à fantasmer. Je me disais que c'était impossible qu'un tel miracle se produise, toutefois. Que je me faisais peut-être trop d'illusions, et que la réalité n'était pas aussi simple. Je n'ai jamais démordu, cependant. Je me suis toujours raccroché à cette utopie car elle me paraissait si belle... Alors même si c'était peu raisonnable de ma part à cause de mes études, je me suis lancé dans cette aventure dès que j'ai eu l'âge de partir de chez moi, et c'est seulement accompagné de deux Pokémons et d'un Oeuf que j'ai débuté le plus extraordinaire voyage de toute ma vie : mon parcours de dresseur, et surtout de compétiteur. Parfait débutant et mais expert en maladresse et en gaffes, je traversais les routes en suivant uniquement mon intuition, dormant chaque soir avec pour seul toit le ciel rempli d'étoiles qui couvrait mes nuits et me permettait de me repérer. Toutes les expériences que j'ai vécues m'ont renforcé, m'ont fait grandir, et j'ai obtenu peu à peu autour de moi un solide entourage qui m'a toujours soutenu. La réalité ne m'échappait pas totalement, mais j'étais encore plus naïf et entêté, je crois ; malhabile, aussi, c'est un fait. Mais j'ai appris énormément de choses en trois ans -heureusement-, et c'est une période qui me semble lointaine, désormais. Aujourd'hui, c'est un rêve qui se réalise.

Mais je tremble. Pareil à une feuille sur le point de tomber, je tremble. C'est frénétique ; je n'arrive pas à me contrôler. J'aimerais paraître plus calme et mesuré, mais c'est impossible. La pression, plus forte que jamais, fait battre mon cœur au rythme de tambours infinis. J'ai l'impression qu'il va bondir de ma poitrine tant il gronde. C'est un véritable tonnerre, que j'ai dans la cage thoracique. Et quoi de plus normal, évidemment, que d'avoir le trac face au moment le plus important de sa vie, celui qu'on attend depuis le premier jour ? Affronter le Maître... Dit ainsi, c'est comme si c'était quelque chose de très banal. Néanmoins, il s'agit pour moi d'un événement loin d'être anodin. C'est censé être le plus beau jour de ma vie, rien que par cette rencontre officielle et inattendue. Je ne l'espérais plus sérieusement jusqu'à ma victoire contre Méphisto, mais je n'ai pas récolté son symbole pour rien, après tout. Je me dois de faire honneur à ce combat qui nous a marqué tous les deux, et qui fut un moment inoubliable. Je me dois, pour lui comme pour tous ceux qui ont été à mes côtés jusqu'à maintenant, de remporter cette cent deuxième compétition. Même si j'ai le trac, et que j'ai l'impression que mon corps va exploser sous le coup du stress, je ne recule pas, et continue d'avancer dans ce long couloir censé me mené jusqu'au stade où aura lieu le combat final. Le combat final... La réalisation a décidément beaucoup de mal à passer, et je ne suis pas au bout de mes peines, si je réagis comme ça avant même que ça ne commence. Comment serais-je, une fois sur le terrain ? Je ne pourrai plus faire marche arrière. Je vais devoir agir, donner les directives à mes compagnons, et tenir le temps de trois rounds qui décideront de mon sort l'année prochaine. Retenter la compétition pour une quatrième année consécutive, ou souffler enfin après avoir lutté durement, enchaînant match après match, badge après badge. Je ne suis pas mauvais joueur, mais je souhaiterais gagner au moins une fois. Rien qu'une fois, et de préférence cette année. Est-ce prétentieux de ma part ?.. J'espère que non. Une seule victoire, c'est tout ce que je demande. Réaliser le rêve de toute une vie. Ou plutôt deux vies. L'une d'elle ne pourra jamais atteindre véritablement atteindre ce but. Alors si je gagne pour moi, je gagne aussi pour lui. Si seulement j'avais son courage, toutefois... Me voilà tout penaud, manquant de prestance, à la limite de faire un arrêt cardiaque si l'orchestre dans ma poitrine ne se calme pas tout de suite.

« 11 juillet 1997... »

Je me fige. Derrière moi, des pas résonnent. Je reconnais bien évidemment la voix derrière moi. Ma mère, qu'on a laissé passer, s'avance dans ma direction en même temps que je me retourne vers elle pour la regarder. Sa démarche est mille fois plus assurée que la mienne, et la connaissant, si elle était à ma place, son calme habituel primerait sur sa peur. Je me demande d'où lui vient toute cette modération.

« … Ikaël Enodril arrive en finale et perd devant le Maître de la Ligue. Mais le soir même, son petit garçon vient au monde. Voilà pourquoi, malgré sa défaite, ce jour restera le plus beau de toute sa vie. »

'Rien n'est jamais perdu', je crois que c'est ce qu'elle essaye de me dire. Avec cette douceur qui l'a toujours caractérisée, elle me sourit, avant de m'enlacer en voyant mon air de gamin perdu. Les spectateurs sont impatients, mais il n'y a en ce moment plus qu'elle et moi.

« Maman...
- Je sais. Tu dois être très nerveux.
- Et si... Si je n'y arrivais pas ?.. »

Elle s'éloigne un peu pour me regarder droit dans les yeux et me prendre par les épaules. Son expression est aussi sereine qu'à l'accoutumé. Elle semble n'avoir aucune raison de douter du dénouement de cette compétition.

« Tu as fait beaucoup de chemin, Samaël. Tu as vécu des tas d'aventure, rencontré plein de Pokémons... et tu t'es entouré de précieux amis. Nous savons tous que tu peux réussir. Mais c'est à toi de prouver que nous avons raison.
« Mais... Mais si je perds ?..
« Peu importe le résultat. Quoiqu'il arrive, nous serons tous là pour t'encourager. »

Oui, c'est vrai. Tous, ils me l'ont promis. Même Clive a accepté de venir, après que je lui ai proposé. Natsume, Faust, Alice, Isaac, Tristan, Adélia... Ils savent à quel point cette étape est importante pour moi. Depuis le temps que je les rabâche avec ça, faut dire, héhé... Mais je ne veux pas les décevoir. On a pu s'arranger pour qu'ils aient les meilleures places, et je veux qu'ils en profitent un maximum. Même si... Je risque d'être franchement ridicule, faut l'avouer. Déjà que j'ai du mal à tenir en place alors que je ne suis même pas sur scène, je n'ose imaginer devant le Maître. J'aurais probablement l'air d'un débutant face à lui, mais puisque j'ai enfin une chance de réaliser mon but ultime, je ne dois pas la laisser passer, ou je le regretterai toute ma vie. Je pourrai bien retenter la compétition autant de fois que je le voudrai, il devra arriver un moment où je me retrouverai de nouveau dans cette situation. Alors si je dois faire mon entrée sur ce terrain un jour, autant que ça soit aujourd'hui.

« Non, pas tous. »

Ma mine s'est un peu assombrie. Je sais que je ne devrais pas y penser dans un moment pareil, mais... Je crois que mon plus grand remord sera toujours celui de ne pas pouvoir compter sur mon père pour être présent ce soir. Je sais à quel point il aurait adoré me voir arriver au point où il s'est arrêté dans son propre parcours de compétiteur, mais comment pourrait-il se trouver parmi les autres, puisqu'il n'est plus là. Laissant échapper un léger soupir, je me retourne pour commencer à me diriger vers le fameux stade qui m'attend avec une impatience telle que je pourrais presque sentir les murs trembler.

« Il veillera toujours sur toi. »

Je cligne des yeux, avant de les rediriger vers ma mère. Celle-ci, une expression convaincue, lève son pouce en l'air pour me réconforter. Je lui renvois quant à moi un sourire doux et plus déterminé, un peu rasséréné. Cette petite parenthèse m'a fait du bien. Au moins, je ne tremble plus, et je me sens prêt (ou du moins je le crois) à défier ce qui m'attend désormais. Je n'ai pas le choix, de toute façon ; il est hors de question de me défiler, et je n'en ai nullement l'envie. J'ai attendu ce jour avec hâte depuis des années, et ce n'est pas au moment où je peux enfin accomplir mon destin que je vais changer d'avis simplement à cause de ma fébrilité, ou plutôt mon excitation, devrais-je dire. Si je n'étais pas aussi nerveux, il est en effet fort probable que je ne pourrais rester en place et me tenir de façon correcte devant tout le monde, aussi bien mes admirateurs, que les partisans du Maître qui s'imaginent sans doute déjà que ce sera leur idole, le vainqueur. Seulement, je m'apprête dès maintenant à briser leur espoir. Mon objectif : leur montrer qui mène la danse. Trois Pokémons chacun. Trois rounds. Je dois tenir trois rounds. Et après ?.. Après c'est fini. Je passe ou je casse.
Prenant une grande inspiration, si les appels du public sont stridents et que je ne peux les ignorer, je me focalise sur moi-même, cherchant à trouver un semblant de paix intérieur qui pourrait m'aider à apaiser un temps soit peu les battements de mon cœur qui résonnent comme des canons de guerre.

Mes premiers pas sur le stade ne se font pas sans un carnage incroyable. Dès que je fais mon apparition, les spectateurs, ou du moins une partie, tapent dans leurs mains en rythme, tout en criant mon nom. Dans ce stade, le plus grand qui existe sur Enola, je me sens tout à coup très petit, à tel point que j'en aurais presque le tournis. Timidement, je lève un de mes bras pour saluer la foule présente, et aussitôt elle me répond, m'acclament encore. Je n'ai encore rien fait, et pourtant ils sont déjà préparés. J'espère vivement leur donner le combat grandiose auquel ils s'attendent. Si chaque match devant le Maître doit être en effet spectaculaire -car il faut déjà passer les Conseillers qui ne sont pas une mince affaire-, je veux leur montrer ce dont je suis capable quand je donne tout ce que j'ai. Quand toute mon âme frémit, quand mon corps bouillonne et que les deux ensemble tendent à créer une forte exaltation. Dire que je suis surexcité serait faible. Je suis autant paniqué que heureux, autant agité que calme. Des sentiments qui se contredisent et s'emmêlent en moi comme des nœuds impossibles à desserrer. Je ne saurais exprimer ce que je ressens précisément, mais c'est un grand moment pour moi, et pour mon équipe. Mon avenir de l'an prochain se joue sur ce duel définitif, qui n'est autre que le dernier de la saison. C'est avec moi, d'une façon d'une autre, que la compétition s'achèvera pour cette année, afin de rouvrir les inscriptions en août. Un procédé que je connais bien pour l'avoir répété de nombreuses fois, recommençant encore et encore à accumuler les badges nécessaires à mon entrée à la Ligue. Une entrée que j'ai gagné une première fois lorsque je n'étais qu'un novice, et la seconde fois cette année, me donnant la possibilité d'affronter, enfin, mon frère de cœur dans un combat mémorable dont les souvenirs encore frais arrivent à me mettre de bonne humeur. Méphisto avait fait une entrée spectaculaire. Mais si je sais Faust friand de mises en scène particulières, c'est plus modestement que le Maître fait son entrée devant moi. Toutefois, que ce soit lui-même ou le Conseiller Ténèbres, il est évident que les gradins n'ont d'yeux que pour eux une fois qu'ils sont dans la place, ce que je ne peux que comprendre. Je n'ai fait qu'admirer les élites depuis que je suis enfant, alors je peux bien me reconnaître en ceux qui sont venus accompagnés de leurs parents, et qui sont aussi énergiques que moi, si ce n'est plus, à cause de mon trac. Mon adversaire sur le terrain, nous nous saluons dans le plus grand respect, tandis que de tous les côtés, nos supporters respectifs s'animent déjà d'une ardeur qui reflète celle que nous ressentons au plus profond de nous, mais que ni l'un, ni l'autre n'exprimont. Je n'ose parler, de peur que mon anxiété resurgisse. Que pourrais-je dire, de toute façon ? Il n'y a nul besoin de mots. Pas aujourd'hui.
C'est l'heure.

Dès lors que les Pokémons sont sortis et que l'arbitre annonce le début du match, les éléments défilent sous mes yeux comme les ordres que je donne. J'ai l'impression toutefois de me trouver ailleurs. Mon corps reste sur le terrain, mais mon esprit part plus loin. Comme mes partenaires sur scène, l'exaltation du moment me transporte. Je me revois, gosse de six ou sept ans, lancer à tort et à travers mon réveil en forme de Poké Ball que j'ai manqué de casser plusieurs fois. Je me souviens de mes peluches que j'envoyais valser dans toute ma chambre, en me prenant pour un véritable dresseur. Mes parents m'avaient installé une petite télévision dans ma chambre pour que je puisse revoir autant de fois que je voulais les cassettes des matchs qu'ils avaient spécialement enregistrés pour moi. À force de les regarder en boucle, les bobines ont finies pas s'user, et j'ai dû attendre de tout racheter en disques. Avec Papa, nous suivions de très près les matchs de Ligue, et surtout les finales, qui nous passionnaient et nous faisaient envie à la fois. Il me racontait avec nostalgie sa carrière de dresseur qu'il avait décidé d'abandonner, ce que j'avais trouvé vraiment dommage. Même son dernier combat à lui contre le Maître a été sauvegardé par des fans de cette époque, alors que lui n'a jamais voulu que je la vois. J'ai compris qu'il essayait simplement de m'éviter d'être déçu en le voyant perdre, même si je m'en fichais. Sur la vidéo, sa désillusion se fait remarquée, mais il n'a jamais été mauvais perdant, et a quand même accepté sa défaite avec dignité. J'ai eu un rêve : devenir un grand dresseur pour remporter la compétition. C'est une promesse que je me suis faite pour nous deux. Comme lui le jour où il s'est tenu à ma place, si je dois admettre un échec, alors soit, je perdrai. Mais je perdrai la tête haute, et en y mettant tout mon cœur, et toute mon énergie. Je ne suis pas allé aussi loin pour ne pas me donner à fond alors que se déroule sous mes yeux le duel le plus important de ma vie.

Mes Pokémons font leur maximum, je le sais. J'ai confiance en eux, je sais qu'ils peuvent m'apporter la victoire, qu'ils feront tout leur possible, parce qu'ils se sont entraînés très durement durant ces dernières années, se préparant spécialement pour ce grand jour, celui dont nous espérions tant l'arrivée. Toboe, mon Togékiss, est le premier que j'envois. Moi qui étais un peu comme un papa poule avec lui alors qu'il rêvait de participer aux combats, lui aussi, j'ai eu bien du mal à laisser le Togékiss voler de ses propres ailes et se mesurer à des adversaires qui faisaient le double de sa taille. J'ai finalement réalisé que Toboe avait le droit d'avoir sa chance, comme les autres, et que j'avais sous-estimé sa puissance. Il est bien plus fort que ce que j'aurais pensé en réalité, surtout au niveau de ses capacités spéciales. Cet adorable oiseau serait un monstre ? Héhé... Je n'ai aucun regret à l'avoir envoyé. Le petit se débrouille très bien, surtout pour une première fois en match de Ligue; il n'a rien à envier de ses aînés, à qui il fait honneur. Je lui fait confiance, il peut y arriver. Ce jeune Pokémon que j'ai vu éclore et grandir, après qu'un soldat ait assassiné son dresseur d'origine. Ce Togékiss qui se bat avec courage et volonté, je suis content d'avoir pu lui donner cette opportunité de se faire remarquer et de briller à son tour, sous les projecteurs du fabuleux Stadium de Nuva Eja. Ses attaques apportent une certaine féerie, c'est le cas de le dire. Il n'a pas l'air aussi imposant que ses adversaires dont le potentiel est connu du public, et pourtant, si les pouvoirs de la team du Maître ne sont plus à démontrer, les quelques dresseurs qui ont réussi à le vaincre sont les preuves que son équipe n'est pas invincible non plus. J'ai envie de croire que je peux le faire, moi aussi. Que je n'ai pas fait tout ce chemin pour me rendre compte que j'ai encore besoin de m'entraîner pour y parvenir, alors que mes compagnons ont déjà travaillé très dur.
Toboe !
Il y était presque. Le Togékiss s'est battu de toutes ses forces, mais son opposant, à bout lui aussi, est celui qui a eu le plus de chance et mis finalement KO Toboe en premier. Mon Pokémon a quand même fait du bon travail, je suis fier de lui. Si je le vois désirer se relever avec une résolution admirable, je ne peux le laisser continuer, et le félicite avant de le rappeler dans sa Poké Ball. Le Maître remporte cette première manche. Plus que deux, à présent.

Le prochain à qui je fais appel est Smaug, mon Dracaufeu. Le reptile orange et bleu surgit de sa boule biclore en s'élevant dans les airs, planant quelques secondes au-dessus du stade avant de se poser lentement, et de pousser un rugissement sonore. Mon fidèle dragon qui n'en est pas un... Voilà un moment que je l'ai, maintenant. Je n'ai appris que depuis peu à voler sur son dos plutôt que sur celui de Tori, mais il a fait d'énormes progrès en ce qui concerne le vol et le combat, pour lequel il a un talent extraordinaire. Cadeau de mon oncle Baël que je n'ai jamais eu l'occasion de revoir, j'ai pris soin de cette salamandre ailée avec autant de soin que mes autres Pokémons, et ce Salamèche doux et affectueux n'a pas perdu de sa tendresse. C'est une sorte de protecteur pour les débutants de mon équipe, désormais, ainsi que les plus faibles ; même si mes Pokémons sont loin d'être des néophytes, aujourd'hui. Je suis entouré de créatures aux facultés immenses, et je m'en rends bien compte. C'est toujours drôle néanmoins de me dire que ceux que j'ai connus fragiles et inoffensifs sont actuellement plutôt forts et résistants, chacun dans sa spécialité. Dès que j'admire Smaug s'élancer, j'ai l'impression de bondir avec lui, comme quand je vole avec lui. Dans ces moments-là, je sens que nous ne faisons qu'un, lui et moi, et à cet instant, nous ne pourrions être plus en harmonie. J'ai réfléchi minutieusement à chacune de mes stratégies avec le plus grand soin afin de ne jamais être perdu au milieu du match, et que malgré le stress et la panique, je puisse me rattacher à une base solide, en l'occurrence des tactiques sur lesquelles je me creuse les méninges depuis des mois. Je ne pouvais laisser aucune erreur passer, mais je ne peux être à l'abri de contretemps et surtout du hasard, qui m'a fait défaut plus d'une fois, malheureusement.

Yes !
Smaug arrive à bout de celui qui en a terminé avec Toboe, et je considère ça comme une vengeance de sa part. Je sais son affection pour le Togékiss : il a été son mentor pour lui apprendre à voler et se battre correctement. Le Dracaufeu en impose à lui seul, et obtient les applaudissements de la foule. Son genre est en même temps plutôt populaire, alors je ne suis pas étonné. S'il ne lui a suffit que d'un coup pour mettre au tapis l'autre, son prédécesseur avait déjà entamé le plus gros du travail. Je ne me fais pas de soucis, cependant. Smaug est sans aucun doute l'un des plus coriaces de ma team. Son regard enflammé fixe le Maître avec une lueur de défi, prêt à accueillir le prochain Pokémon. Le dragon peut être aussi calme que féroce, mais il possède, là, une ardeur qui ne me surprend qu'à moitié. Les enjeux de ce match, il les connaît, tout comme le reste de mon escouade. C'est pour lui un honneur d'avoir été choisi. Je sens déjà que Tsume va chigner pour ne pas avoir été l'un des élus, mais il a déjà eu son moment de gloire contre Méphisto, alors il va devoir s'en contenter. Je sais que Windie, qui nous regarde d'un poste de télévision, doit être un peu déçue, elle aussi. Plus humble, toutefois, je sais que l'Arcanin ne s'en offusquera pas, et sera au contraire aussi heureuse si nous gagnons, car seule ma victoire lui importe, comme elle me connaît et se rend bien compte de ce que cela représente pour moi.
Nous en sommes maintenant à deux Pokémons chacun. Le match devient serré, comme je m'y attendais, mais au moins, ma nervosité a diminué au profit de l'excitation, mais aussi de la tension. Je ne dois pas me relâcher. Il me faut garder ma concentration, ne pas céder non plus à l'angoisse. Si mon corps n'est plus agité, je constate que les tremblements n'ont pas cessé pour autant ; ils sont moins prononcés, mais tout de même présents. Nous échangeons un regard complice, Smaug et moi, et attendons le Pokémon suivant du Maître qui ne tarde pas à faire son entrée en scène. Tous les Pokémons du Maître, à l'évidence, sont appréciés de l'auditoire. Chacun d'eux est accompagné de cris de fans en délire, et ce n'est pas pour rien. Après tout, ce sont parmi les plus médiatisés. Mais populaires ou pas, si je suis toujours autant terrorisé et déchaîné sans trop le montrer, voir mon Dracaufeu me permet de me rassurer, car j'ai été témoin plusieurs fois déjà de ce dont il est capable, et si Smaug peut paraître trop sûr de lui, il n'en est rien. Je ne l'ai jamais vu foncer tête baissée vers un ennemi ou sous-estimer la force de ce dernier.
Les deux rivaux se lancent dans la bataille, chaque Pokémon suivant les directives de son dresseur respectif. Comme mon mentor m'a appris à le faire, je code mes offensives, et c'est à Smaug de les exécuter avec brio. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi déterminé, d'ailleurs. Combattif, implacable... Le Pokémon double types affronte son adversaire avec une hargne et un acharnement qui n'ont jamais été aussi poussés que maintenant. C'est comme s'il voulait autant gagner que moi, alors qu'il n'est habituellement pas du genre à vouloir absolument tout conquérir et dévaster. Poings, griffes, queue, ailes... Tous les coups sont permis pour lui faire remporter ce round, mais ce sont ses flammes destructrices qui font le plus de dégâts. Son concurrent n'est pas en reste non plus, faisant honneur à son rôle de Pokémons d'élite, et mon cœur, à quelques occasions, rate des battements. Je me mords la lèvre, retenant mon souffle. Smaug est tout à coup jeté brutalement au sol, amoché. Sa détermination prime, cependant, elle lui suffit pour avoir l'énergie nécessaire afin de se jeter une ultime fois contre son adversaire et de lui infliger le coup de grâce. Les deux Pokémons se sont fait mutuellement des dégâts non négligeables, mais la rage de vaincre du mien est définitivement ce qui fait la différence, et c'est alors que le second Pokémon du Maître tombe lui aussi KO.

La galerie est ravie : le spectacle est à son goût. Mais Smaug, s'il tente de ne pas le dévoiler au grand jour, s'épuise progressivement, et il n'est pas le seul. Mes émotions font le grand huit depuis tout à l'heure, et chaque coup porté sur mes alliés me font manquer la criser cardiaque. Je crois en eux, mais j'ai toujours admiré, comme tant d'autres, l'aura qui se dégageait de l'équipe du Maître. Ce n'est pas pour rien s'ils occupent cette place et s'ils sont, par conséquent, dans l'une des teams les plus fortes de l'île. Une team que je dois dépasser à tous prix si je veux atteindre mon objectif. Une team que j'ai rêvé de surpasser depuis qu'elle est en place, car celle contre laquelle mon père a perdu appartenait à l'ancien Maître qui est parti voilà quelques années maintenant. La respiration rapide et le souffle court, j'adresse des encouragements à mon Dracaufeu, et plus silencieusement, une prière à Arceus, même si je sais cette dernière initiative vaine en réalité. Ce n'est pas le Dieu Pokémon qui décidera de ma victoire. C'est moi et moi seul, avec mes Pokémons, qui pourront trancher et voir si oui ou non nous possédons les conditions requises pour mériter de gagner la compétition cette année. Recommencer serait, je l'avoue, répétitif, mais je ne suis jamais en manque de match, et s'il faut que je recommence la compétition quatre, dix ou même vingt fois pour finalement en sortir roi, alors il en sera fait ainsi.
Scupuleusement, le Maître choisit son dernier Pokémon avec soin. Celui qui changera peut-être la donne, si moi-même je considère choix final avec trop d'égarement, ce que je ne me permettrais pas, évidemment. Je peux au moins tenter avec Smaug de faire le plus de dommages avec l'énergie qu'il lui reste, ce sera déjà ça. Il m'en voudrait si je rappelais trop tôt, de toute façon, et pour un combat aussi important, je n'ai pas envie qu'il soit frustré ou qu'il ait des regrets par ma faute. Nous continuerons jusqu'au bout, et nous aviserons. Je vois mon ami tanguer un peu, mais il tient bon. Il ne possède pas la défense de d'autres de mon équipe, toutefois ; son maximum a été dépassé. Même planer devient difficile, avec ses ailes endolories. Son cran est plus qu'admirable, et je le comprends tout à fait. Il a toujours été comme ça, à vouloir toujours devenir meilleur, un peu comme moi. Cependant, contre ce dernier opposant, il ne pourra pas tenir indéfiniment. Nous parlons ici d'un Pokémon adverse qui a non seulement tous ses PVs, mais également une expérience très développée. Pendant des années, cela se voit qu'il a défendu le titre de son dresseur avec conviction, et que ce ne doit pas être le premier Dracaufeu tenace qu'il rencontre. Rencontre qui est encore plus brève que ce que je ne pensais, d'ailleurs. À ma grande surprise -ou peut-être que je m'y attendais malheureusement un peu-, le dragon s'élance vers l'autre Pokémon, mais ce dernier réplique avec une telle rudesse que la salamandre volante se fait projeter contre le mur derrière moi et retombe en faisant trembler le sol. Inquiet, je m'approche de lui, apercevant sa flamme qui a commencé à rétrécir. Smaug essaye quand même de se relever, mais même sa détermination n'est pas suffisante pour qu'il se relève complètement. Il est déclaré hors d'état de combattre. Le regard fatigué du dragon se lève sur moi, avec cette expression désolée qui est rare chez lui. Je souris pour le rasséréner, avant de lui caresser affectueusement la tête.
Tu as bien combattu. Je suis fier de toi.
Je le rappelle finalement lui aussi dans sa boule, heureux qu'il ait pu participer à ce grand moment.

Les spectateurs, en délire, s'échauffent de plus en plus ; et pour cause : il est temps à présent de choisir mon dernier Pokémon, celui qui me mènera à ma potentielle victoire finale et clôturera cette 102ème édition. Tous mes alliés m'auront aidé, mais cela reste ma décision la plus importante. Qui considérer pour mettre fin à tout ceci ? Si le suspens est grand parmi l'assemblée, il n'a pas sa place dans mon esprit, moi qui ai fait ma sélection depuis longtemps. Mes yeux dorés fixent le Maître un court instant. Impassible, comme à son habitude, je l'ai pourtant connu bien plus expressif, mais il m'aura fallu un peu de temps pour m'en rendre compte. Si Togékiss et Dracaufeu étaient des surprises que je lui réservais, je suis assuré au moins qu'elle reconnaîtra mon dernier compagnon. Je prends une grande inspiration, avant que ma main ne vienne effleurer ma ceinture de Poké Balls, pour en détacher une, et l'observer quelques secondes. Un sourire mince mais doux se dessine sur mon visage, qui s'est largement détendu depuis le début de ce match, aussi émotivement et physiquement fort soit-il. Cette Poké Ball date d'il y a dix ans maintenant. Elle est un peu usée, mais elle ne m'a plus quitté depuis que mon père me l'a confiée, et j'en ai pris le plus grand soin durant tout ce temps. Comment, après tout, aurais-je pu faire autrement ? Il s'agit de mon ami Pokémon le plus cher et le plus précieux. Un don de Papa que j'ai immédiatement adopté, et qui est toujours resté à mes côtés quoiqu'il arrive. Je ne pouvais plus l'emmener avec moi à partir du jour où il est devenu trop gros et trop lent pour me suivre, mais il m'accompagnait tout de même partout où j'allais, et si je devais faire attention à de plus en plus de Pokémons au fur et à mesure que je les capturais, notre amitié est restée inchangée, et j'ai toujours pu compter sur lui. Quand il m'a fallu choisir un dernier représentant, mon cœur a tout de suite su qui prendre pour terminer ce match en beauté. Ce serait en effet un immense hommage et surtout honneur de laisser reposer l'issue du tournoi définitif sur mon meilleur ami. Je n'aurai pas de seconde chance cette année, et pour ma première fois devant le Maître, je veux donner tout ce que j'ai et lui aussi.

C'est parti, mon ami.
Je lance ma Poké Ball sur le terrain, au milieu de la foule et de tous ceux qui me regardent, que ce soit en vrai, ou par un écran qui rediffuse tout en direct. J'espère qu'ils sont tous prêt pour la dernière manche. Notre dernière manche. De ses habituelles couleurs blanche et rouge, la boule roule au sol, avant de laisser échapper un flash lumineux qui libère un un fabuleux Tortank. Mon fabuleux Tortank. Kame est là, devant moi, et à son tour, il joue de ses canons et de ses rugissements pour la mise en scène, voulant s'imposer déjà comme le futur gagnant. Ce sera loin d'être facile, et il le sait, mais c'est pour moi qu'il le fait, et quand on est au courant du nombre d'années que j'attends cette rencontre avec le Maître, c'est une réussite qui n'a pas de prix. Plus en forme que jamais, ma grosse tortue bleue, que je ne peux m'empêcher d'admirer tellement j'en suis fier, ne se laisse nullement impressionner par celui qui a mis à terre le Dracaufeu auquel il succède. Celui en face à beau avoir accéder au stade d'entraînement plus élevé, cela ne veut pas dire pour autant qu'il fait peur à Kame. Il en a vu, des monstres encore pires, et lui-même possède de sacrés bonnes défenses qui lui sont des atouts assez pratiques. Alors il se met en position, attendant de patte ferme que l'ennemi décide de l'attaquer. Son antagoniste n'hésite pas et obéit au Maître avant de lancer la première offensive. Chaque initiative me fait peur, mais la présence de Kame a quelque chose de rassurant. Peut-être est-ce parce qu'il porte bien son nom de tank. Solide et inébranlable, malgré son type eau, mon ami est un véritable rock, et ne se démonte pas au coup pourtant ferme de l'autre. La tortue géante riposte même avec un Coud'Krâne qu'il préparait soigneusement pendant l'arrivée de l'autre, profitant de la distance risible qui le sépare de son adversaire pour contre-attaquer fortement et l'envoyer bouler à plusieurs mètres. C'est un premier succès, mais ce démarrage, aussi fructueux soit-il, ne permet pas encore de sceller le résultat suprême. Profitant que le Pokémon du Maître soit éloigné pour le moment, je demande à Kame d'utiliser Danse Pluie afin d'améliorer ses attaques Eau. Je sais que nous risquons d'en avoir besoin, car c'est après tout le point fort de mon Tortank. Ses puissants canons ne souhaitent qu'être utilisés, et je devine son impatience encore plus grande étant donné tout ce que ce match implique. Ce n'est ni plus ni moins que le rêve de toute une vie qui se réalise, et si pour pas mal de monde cela peut sembler insignifiant, ça a toujours représenté beaucoup pour moi, et je tiens à ce que l'île entière le sache.

La pluie qui s'abat sur le terrain ne semble pas compromettre les plans du Maître, et si son Pokémon manque de glisser une fois, celui-ci n'en a pas fini et se remet à charger. Très à l'aise dans son élément, comme toujours, Kame reçoit les offensives multiples de son opposant et répond avec autant de motivation, le bloquant pour mieux renvoyer la pareille. Que ce soit ses pattes, sa tête ou même ses attaques eau, le Tortank les enchaîne rapidement et semble presque inépuisable. Il mène pour le moment une danse endiablée que la pluie rend légèrement plus difficile à voir, mais si Kame est généralement lent, il glisse sur le sol mouillé avec une aisance particulière, comme s'il faisait du patin à glace. Le Pokémon du dresseur que j'affronte, en revanche, je le crois perdre ses repères, et presque s'étonner sur la dureté de la carapace du tank aquatique. Je suis moi-même émerveillé par sa prestance. Je le trouve vraiment trop classe. Et dire que je me souviens encore de lui quand c'était un Carapuce un peu chétif qui n'avait que son courage à envier. Je le portais sur mon épaule, et nous étions toujours ensemble. Avec Windie, au tout début, nous formions un trio, dans je jouais le rôle du dresseur bêta et naïf qui rêvait d'aventure et de rencontres, la tête pleine d'ambitions. J'étais encore un enfant, quelque part. Faut dire que je n'étais pas si pressé de grandir et de devenir adulte. Malgré le fait que j'ai encore du mal à le réaliser aujourd'hui, j'ai autant évolué que mes Pokémons, et je ne peux le contester. J'étais encore un adolescent quand je suis venu à la Ligue pour la première fois et que j'ai combattu Kirito. DragonSlayer a démissionné, mais je suis resté dans la course, et je sais que je n'aurais pas été le même, si j'avais dû faire face à lui une nouvelle fois. J'aurais probablement gagné, alors que je me remémore son équipe et que je me dis que celle que j'ai actuellement pourrait aisément vaincre la sienne. J'ai essayé, à cette période, de réfléchir avec ma tête plutôt que d'y aller en bourrin. Je n'étais, à l'évidence, pas encore assez stratégique, il faut croire. Mais je peux affirmer, en mettant l'estime que j'ai de moi de côté, que j'ai changé en trois ans, et que je suis devenu plus mature, peut-être même un peu plus... sage, même si je trouve ce mot encore trop fort pour me caractériser. Si je suis plutôt satisfait de ce que je suis devenu, je ne peux m'empêcher de repenser avec nostalgie au garçon que j'étais quand j'avais à peine seize ans. Mon innocence me manque, je crois. Je peux me consoler toutefois en pensant que j'ai gagné en expérience et que je pourrais presque me considérer comme un dresseur habile, ou du moins plus talentueux que lorsque j'ai commencé mon voyage, c'est certain.

On pourrait considérer toutefois le Pokémon adverse comme aussi obstiné et acharné que Kame. Des caractéristiques qui devraient l'épuiser rapidement, de ce que je pense, mais cela n'a pas l'air de le déstabiliser pour autant. Au contraire, sur mes gardes, j'ouvre tout à coup grand les yeux quand la créature ennemie lance un coup plus fort que les autres et fait tomber mon Tortank, aussi surpris que moi par cette puissance nouvelle. Ma tortue se relève, n'ayant pas dit son dernier mot, et se suivent après des échanges d'offensives, aussi bien physiques que spéciales, durant lesquels les attaques s'enchaînent et défilent, visant à mettre KO l'autre en premier. Si Kame est un véritable rempart, le Pokémon d'élite est suffisamment entraîné pour permettre de briser cette défense réputée inaliénable. Mon cœur se remet à battre frénétiquement, et un nœud se forme au creux de mon estomac. Je croyais il y a quelques minutes que nous avions enfin une chance de gagner, mais la situation semble se renverser, et le doute me submerge. J'ai confiance en mon ami, néanmoins... J'ai peut-être encore trop sous-estimé le Maître. Je me suis pourtant paré à faire face à n'importe quelle éventualité de sa part, ayant étudié son équipe avec soin. J'étais rassuré, quelque part, quand je voyais mon Pokémon eau prendre avantage sur l'autre, notamment en prenant en compte le terrain qui a commencé à changer. Mais même Danse Pluie ne suffit pas à changer complètement la donne et m'assurer la victoire. Cette victoire que je recherche presque avec désespoir et que j'ai peur de laisser échapper pour cette année, alors que je suis si prêt de l'obtenir ; je le sens au plus profond de moi, que j'ai peut-être ce qu'il faut pour y arriver, que je ne suis pas aussi mauvais que j'aurais pu l'imaginer. Un espoir qui semble s'envoler, quand le corps lourd de Kame retombe bien trop de fois au sol à mon goût. Celui qui le défie reprend la manche pour tenter de se l'approprier et se poster en tant que grand vainqueur, ce qu'il arrive à faire pour le moment ; car si mon Tortank est résistant, son concurrent, tout aussi affaibli que lui, possède cependant une plus grande vitesse logiquement due à son type, et surtout à celui de Kame qui n'est pas connu pour être particulièrement vif, et utilise cette rapidité en portant en premier ses coups, quand on s'aperçoit en plus que mon Pokémon ne peut pas tous les esquiver ou s'en protéger.

Non !
Malheur. Kame est frappé à la tête. Sonné, il a plus de mal à bloquer les charges qu'il reçoit, et par conséquent doit les recevoir, perdant des PVs de façon alarmante. Ma respiration se fait plus rapide, et il y a une alerte en moi qui commence à sonner sinistrement. La partie du public qui est de mon côté encourage amicalement le Tortank, l'incitant à ne pas se laisser faire, à riposter assez vite, sinon il finira comme Toboe et Smaug, ce qui est bien la dernière chose que je veux. À mon tour, je lui crie de tenir bon, qu'il peut y arriver, et que j'ai confiance en lui. Rien n'y fait, cependant, car malgré ses efforts, je vois mon meilleur ami s'affaiblir progressivement. Je me mords la lèvre, ma panique refaisant surface avec une brutalité qui m'effraie. Je me suis promis d'accepter ma défaite dignement, mais j'ai en même temps tellement envie de gagner... Tellement envie de remporter cette compétition, de me dire que je peux faire aussi bien, si ce n'est mieux que mes prédécesseurs. Mais je ne pourrai pas. Je ne pourrai pas si ça continue ainsi, si le match tourne en ma défaveur comme ça l'est actuellement. Je serre le poing, redevenu très nerveux, exactement pareil qu'avant de commencer le match. Je m'en sortais... plutôt bien, jusqu'à présent, ou du moins c'est ce que je me disais. Qu'au fond, il y avait encore quelque chose à sauver, que je n'étais pas encore le dernier des incapables, et que la seule chose à laquelle je me rattache constamment, c'est-à-dire mon talent et ma passion pour les combats, pouvait encore servir à me prouver que je peux être compétent dans un domaine, moi aussi. Que je peux me rassurer avec cette unique expérience que j'ai, l'expérience d'être un dresseur qui n'en est pas à son premier combat.
Mais je me trouve dans une situation plus que critique. Kame est de plus en plus mou, et ses attaques ne sont plus droites. Ses blessures, je les vois, sont loin d'être minimes, et je sais pourtant à quel point il fait de son mieux, à quel point il veut me voir gagner, lui aussi. Jamais il ne m'a laissé tomber, et encore en ce jour si important, il fait son maximum pour rester debout, pour faire en sorte de mettre KO celui qui provoque chez lui tant de misères. Le temps semble toutefois se ralentir. Un dernier coup, et Kame se fait pousser violemment à l'autre bout du terrain. Il se serait écroulé si ses pattes arrières robustes ne lui permettaient pas de supporter son corps massif. Il est à bout de souffle, et ce n'est pas le seul. Son adversaire ne fait pas long feu non plus, mais paraît être, sur le moment, le plus énergique des deux, même s'il est évident qu'il préférerait ne pas à avoir user d'une dernière atteinte, car sa fatigue est aussi grande que celle du plus gros. C'est comme s'il attendait que ce dernier s'effondre de lui-même. Cela serait plus simple pour lui, j'imagine.

Kame...
Depuis le temps que je lui parle de cette compétition, jamais il n'oserait s'affaisser le premier. Il a trop de fierté, trop d'honneur à respecter par rapport à moi. Mais je ne veux pas non plus qu'il se surmène. Je ne veux pas qu'il se tue à la tâche simplement parce qu'il tient à moi, simplement parce qu'il tient à me rendre heureux, et qu'il a connu mon père. Lui, plus que n'importe lequel de mes Pokémons, sait ce que tout ceci symbolise. Mais je ne sais plus quoi lui dire. Je suis à bout de moyens, de solutions viables qui nous permettraient de nous en sortir. Ou plutôt... Si, il me reste quelque chose. Une dernière chance, un dernier espoir de voir ce combat s'achever. Ce n'est pas que je n'y ai pas pensé plutôt, mais je voulais éviter d'en venir à là, de peur qu'on me traite de tricheur ou qu'on ne considère pas ma victoire comme méritante. Je considérais quant à moi ce moyen juste comme un bonus, un boost incroyable pour améliorer drastiquement les capacités de mes alliés. Je voulais ne pas avoir à utiliser ce recours contre le Maître. Mais je vois de moins en moins de raisons de ne pas l'utiliser, alors qu'une partie de mon cerveau a conscience que ce n'est pas un mal de s'en servir, et que c'est une réponse qui n'a pas été mis en service au sein de la Ligue par hasard.
Alors je regarde l'anneau, ou plutôt le bracelet, à mon poignet, et fixe intensément la Gemme Sésame qui s'y trouve. Son éclat m'appelle, me pousse à l'utiliser. Mes yeux divaguent ensuite pour balayer les gradins, à la recherche de mes proches. Je les vois, qui me soutiennent de tout leur cœur. Faust et Tristan, les plus expressifs, entraînent Clive malgré lui dans leur engouement, tandis qu'Alice agite ses petits drapeaux habituels qu'elle a coloriés à mon attention. Je crois qu'elle a essayé de me dessiner. Natsume, le plus calme, comme toujours, échange avec moi un regard qui en dit long sur ses sentiments, et un sourire qui fait sauter ma poitrine. Ses prunelles d'un noisette envoûtant et son sourire arrivent encore, même dans un cadre aussi stressant, à me procurer une chaleur rassurante dont j'ai plus que besoin aujourd'hui. Ma mère a repris sa place sur son siège, mais son expression déterminée me force à rester concentrer sur le match. Je n'oublie pas tout ce qu'elle m'a dit avant que j'y aille. Tous, autant qu'ils sont, m'ont vu évoluer, me transformer, et quitter ce jeune garçon que j'étais pour devenir ce que je suis maintenant. Ils comptent tous énormément pour moi, et je crois que je n'aurais jamais imaginé, non seulement arrivé contre le Maître, mais en plus avec à mes côtés des amis qui me sont chers, et pour qui je suis quelqu'un d'éminent.
Enfin, Kame pousse un léger rugissement en ma direction afin que je me concentre sur lui. Grâce à la lumière des projecteurs au-dessus de sa tête, il fait briller la Tortankite sur sa tête. Il a repris ses esprits, et n'attend plus que moi pour en découdre une bonne fois pour toute. Mon souffle se coupe. Je crois sentir quelque chose en moi se réveiller. Une petite lumière qui grossit peu à peu et qui représente ce que j'ai toujours désiré : le triomphe. Un triomphe auquel je peux accéder, là, si seulement je me permets de l'envisager, et de me l'autoriser. Mon Tortank le veut aussi. Il est au courant, également, du miracle qu'il nous faut pour parvenir à bout de notre adversiare. Pour parvenir à bout... du Maître de la Ligue.

« Vas-y, mon grand. »

Un murmure de sa part. Un hoquet, léger, du mien. Je pourrais presque l'entendre réellement me souffler ça. Sentir même sa présence. Papa... Il ne m'a jamais paru aussi proche. Il réside dans mon cœur, dans mon âme, mais aussi dans ce Pokémon qu'il m'a confié, le tout premier que j'ai eu. Ce Pokémon qu'il m'a donné pour me protéger des dangers de ce monde, quand un jour il ne pourrait plus assurer ma défense. Quand un jour il s'est dit qu'il ne laisserait jamais le Régime ou qui que ce soit me faire du mal, ou même me tuer ; car j'aurai toujours quelqu'un sur qui compter quand je ne peux plus me battre, quand la solitude me rattrape. Quand le destin me trahit, ou quand les ténèbres me frappent. Je pourrai toujours trouver des lumières, des sortes de soleils auxquels me rattacher. Ils sont là, près d'ici, et jamais ils ne m'ont quittés.

« Maître... »

Ma voix s'élève. Ma peur, en même temps que mes craintes, s'est envolée. Un renouveau pour moi se dessine sous mes yeux, dans lesquels se cachent en ce moment une lueur qui mêle un peu de malice, de l'espoir, et beaucoup de reconnaissance. Je respire, me sentant bien plus léger. C'est comme si un poids énorme venait de se libérer de mes épaules. Alors mon meilleur ami et moi nous lançons un regard entendu. Je lui renvois son sourire confiant. Il sait ce qui nous attend, et je crois que je le sais aussi, à présent. Sans plus de cérémonie, j'actionne le Méga-Anneau que je porte désormais fièrement, et la Gemme Sésame ainsi que la Tortankite que porte Kame sur son front scintillent en même temps.

« Ce fut un match extraordinaire. »

Je n'ajoute rien de plus. Je préfère laisser les événements se dérouler sous mes yeux, sous les siens, et sous tous ceux des spectateurs qui nous regardent depuis le début. Kame ne tarde pas à s'entourer d'une sphère blanche miroitante aux reflets roses dont tout le monde ici connaît la signification, depuis la découverte qui a été faite il y a deux ans. Le halo de lumière qui recouvre le starter eau le transforme, ou plutôt, le méga-évolue, et je ne peux m'empêcher d'être ému quand se dresse devant moi un magnifique Méga-Tortank. Enfin 'magnifique'... Je sais que tout est relatif, et en soin on ne peut pas dire que Tortank en lui-même soit particulièrement beau, mais mon ami est resplendissant dans sa nouvelle forme. Resplendissant... et puissant, ça, on ne peut pas l'ignorer. La peau ruisselante sous la pluie qui continue de tomber, il n'en faut pas plus à ma tortue pour armer ses canons et porter, enfin, le coup fatal à son adversaire. Un puissant jet d'eau, renforcé par Danse Pluie, qui signe la fin de ce match en beauté.
Un silence royal fait place dans la grande salle, le temps que la foule comprenne ce qui se passe, et c'est une ovation qui résonne ensuite lorsque l'arbitre se rend également compte de ce coup décisif et annonce le Pokémon d'élite KO. Il me déclare vainqueur. Vainqueur de ce match. Mais si je n'arrive définitivement pas à le réaliser tout de suite, ce n'est pas seulement du match dont j'ai triomphé. Et tandis que le public applaudit avec force les combattants, moi, en haleine, continue de fixer le Maître, en bloquant sur ce que la réussite de cette manche veut dire. Je crois que je n'ai conscience de ce qui m'arrive qu'au moment où je sens Faust, Tristan, et quelques autres personnes sortir précipitamment de leurs chaises pour courir en ma direction et me porter afin de m'élever dans les airs en signe de consécration. Encore déboussolé, j'ai l'impression que tout m'échappe. Mais de là où je suis, j'aperçois encore Kame, débarrassé de la pluie qui s'en est allée. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu aussi heureux. Mais je l'aperçois qui me regarde avec bonheur, arborant une expression bienheureuse qui me rappelle le Carapuce joyeux que j'avais l'habitude de côtoyer, il y a, j'ai l'impression, une éternité de cela.

Mais il y a plus important. On m'annonce que j'ai gagné. Que je suis le nouveau roi de la compétition. Personne d'autre cette année n'est arrivé aussi loin, et je viens vraisemblablement -mais ça j'ai encore du mal à le croire- de battre le Maître. De toutes parts, on scande pourtant mon nom. Sur le terrain, dans les gradins, et même devant les caméras qui sont rivées sur moi, virées sur le nouveau grand gagnant. Je bugue intérieurement, n'arrivant pas à me faire à l'idée. Cela fait bien... Combien de temps que je rêvais de ce moment ?.. Je ne sais plus. Trop longtemps, sûrement. Il y a dix ans, je n'aurais jamais cru pouvoir arriver à un tel niveau. Je n'avais acquis ce succès que dans mes plus beaux songes. Ce n'est qu'au moment où j'aperçois Kame reprendre sa forme initiale et faire un mouvement de la tête que je crois enfin prendre conscience du résultat. Et alors, mes yeux commencent à s'humidifier. Peu à peu, je laisse venir les larmes qui montent déjà. Pour la première fois depuis des mois, je pleure de joie. Une joie immense qui me submerge. Une fierté, aussi. Fier de moi, de mes compagnons, de tous ceux qui m'ont toujours soutenus, et sans qui je n'aurais jamais parcouru autant de chemin. À tous, je leur adresse mentalement mes remerciements les plus sincères, car l'émotion me recouvre, et je n'arrive pas à placer un seul mot sans pleurer. Mon sourire, cependant, parle assez pour moi, je crois. Encore plus lumineux que celui d'un Donovan, il n'est pas prêt de partir dans les jours qui suivent, celui-là. Porté par mes amis et mes supporters, je hurle mon allégresse et mon euphorie, en levant le poing bien haut dans un signe de victoire. Je ne vais pas me remettre de ce match avant un moment, c'est certain ; et je vais probablement bassiner les autres avec cette histoire. Mais je ne regretterai rien, car après tous ces moments douloureux que j'ai passé cette année, je crois que c'est bien la nouvelle du siècle qu'il me fallait. Un rêve de gosse qui prend vie aujourd'hui et qui restera gravé dans ma mémoire. Me voilà devenu le 102ème gagnant de la compétition.

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