Il est que six heures bordel de cul! Laisse moi te dire que le con qui est en train de cogner sur ma porte il va se recevoir un cutter dans le fion et il risque de pas aimer. Merde, quoi, j‘ai le droit de dormir jusqu’à neuf heures, des fois?! Et qui sait que j’habite ici en plus, qui a pu passer une porte qui s’ouvre avec un badge, grimper les escaliers et venir frapper à CETTE porte en particulier. Bon, tant pis, j’ouvre ce bordel et…

« ALEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEXOUIIIIIIIILLLLE! »

Scheize…

« Riku, bordel , t’as vu l’heure?! Sérieux, tu veux une baffe?! »
« Roooh Aleeeeeex… Sois pas comme çaaaa… Steuplaiiiit j’ai nulle part ou dormiiiiir j’peux dormir avec toiii? »
« Prends le canapé et laisse-moi dormir. »
« Maieuh non, dans le lit, avec touuuaaaah! »
« Nan. Même pas en rêve. Tu te fous dans le canapé et tu dors. »

Ma cousine est pendue à mon coup et après avoir grogné une bonne moyenne de quinzaine  de jurons dans toutes les langues elle se dirige en reniflant vers le canapé. Je veux aller me recoucher mais c’est là que j’observe ses tics assez typiques de quelqu’un qui vient de se prendre une bonne grosse cuite avec du bon matos, si tu vois ce que je veux dire. Bon, Riku qui se prend des cuites c’est complètement normal, et je suis très mal placé pour l’engueuler pour ça. Mais avoir une super junkie qui vient de s’enfiler une grosse ligne, et qu’elle ferait certainement plus la différence entre un porte-manteau et les fesses d’un chimpanzé… Bref. Elle se vautre sur le canapé en chantant une chanson paillarde. Voici ma cousine, quelle charmant petit brin de femme distinguée et aimable!

« Aleeexouillleuuuuh… Arrête de courir partout d’jà que y’a tout qui tourne… »
« Je bouge pas, là, t’es juste défoncée… »
« Mais naaaaan. Eh, oh! Alexouille, viens là, j’ai un truc à te demander! »

J’espère qu’elle va pas me gerber dessus. Pas trop le moment. Mais je vais la voir et m’assois à ses côtés. Je suis nerveux, en fait. Nerveux de la conversation téléphonique qu’on a eu il y a quelque soirs, la voir déambuler comme ça alors qu’on s’est pas reparlés depuis c’est plutôt carrèment embarrassant pour moi. Je m’attends à ce qu’elle soit venue pour m’en parler mais je crois qu’elle plane encore trop pour ça. J’observe ma cousine aux cheveux rouges lever un visage ou s’affiche une petite moue et elle bat des cils pour se donner un air plus… plus kawaii, je suppose. Soupir exaspéré. Je veux dormir moi! Dans mon lit, et seul! Pas avec cette pochtronne qui pue la beu et l’alcool… Et qui va surement ronfler toute la nuit. Et SERIEUX, c’est quoi ce nouveau surnom?!

« Alexouille, t’as pas du matos ici? »
« Quoi tu t’es pas assez défoncée comme ça?! Sérieux Riku, tu fais chier! T’as pas l’impression d’abuser un peu? »
« Eh, je suis sure que t’en as, arrête! Allez, files-m’en! »
« J’en ai pas. Je dépense pas mes sous pour ces merdes et.. »
« Bon, ben, files-moi ton Jägermeister alors! »
« Mon Jag… NAN MAIS TU-TU-TU- RIKU PUTAIN DORS! Vas-y fais comme chez toi, je dirais rien, je suis pas ta boniche en plus, tu m’as réveillé, avec la thune que t’envoie ton père t’aurais très bien pu te payer l’hôtel… T’es juste là parce que depuis l’autre soir avec ce que j’ai dit tu- TU ME PRENDS POUR QUI LA?! C’est pas parce que j’ai dit que t’étais… Faut pas te croire tout permis! »

Ah nan, merde, quoi elle va pas se mettre à chialer aussi! J’en peux plus, là, c’est juste la goutte d’eau, et c’est bien parce que c’est Riku que j’ai pas une atroce envie de lui foutre des torgnoles. Mais elle chiale pas pour une fois, elle me regarde juste l’air furax et me pousse d’un coup du plat de la main dans l’épaule, et cette abrutie fait mal en plus, et vas-y qu’elle me refout un coup derrière!

« Mais de quoi y parle, là, Blondie?! L’autre soir? Sérieux, ça fait une semaine que j’enchaine les cuites, je t’ai proposé de venir et y’a pas une fois ou t’es venu, enfoiré! Alors arrête de chialer, tu peux quand même m’accueillir une putain de nuit parce que je suis à Amanil, nan? Je sais pas pourquoi tu me tapes une crise existentielle à la con! C’est pas le moment, vires de là! »

…Conasse… Le temps de la pousser sur le sofa sans ménagement, je dégage du canapé et monte déjà à l’étage en fulminant. C’est clair, c’est pas le moment. J’espère que c’est que le fait qu’elle soit défoncée qui lui fait zapper cette conversation qu’on a eu… Elle me traite de fiotte alors que je lui tourne le dos, laisse tomber Riku, laisse tomber, t’es trop conne, tu dors et tu fous la paix à ton monde sinon je te balance sur le paillasson vite fait bien fait! Je claque ma porte et m’enferme pendant que l’autre conne continue de crier comme l’hystérique qu’elle est. Foutue droguée anarchiste a poil rouge de merde! Si elle a vraiment zappé tout ce que je lui ait dit… Merde, quoi, j’étais en train de lui ouvrir mon cœur à cette conne et elle... Avec toutes ces petites minauderies de gamine qui arrête pas de réclamer que je lui fasse faire le tour de l’île. La tête coincée sur l’oreiller, je finis par m’endormir quelques nouvelles heures.
Je suis réveillé par une bonne odeur de bacon grillé et émerge doucement pour ne pas tarder à descendre et voir Riku au fourneaux. Elle a l’air carrément pas fraiche et de très mauvais poil. Qu’elle ne joue pas au même jeu qu’hier, enfin, qu’il y a quelque heures, parce que je crois que ce sera sa fête toute la journée. On se regarde brièvement sans s’adresser un mot, on a la tête dans le sac et je préfère aller faire un tour au toilette, dont je sors rapidement car ce pue la gerbe à trois mètres et les lieux ne sont pas franchement dans le même état que je les avais laissés. On va passer une bonne journée, là, je le sens super bien!

« Riku, vas me nettoyer ça et mets du produit, ça schlingue là-dedans. »
« Pas le moment. »

Exaspérante. Je vais a grands pas jusqu’à sa hauteur, l’écarte des fourneaux et tirant sur son poignet et plante un regard des plus noirs dans le sien.

« Ok. Bon. J’ai pas envie qu’on reparte comme ça alors je vais être TRES clair. Là, t’es chez moi. Et même si tu squattes tout le temps sans demander la permission, et que je te dis qu’il y a pas de soucis avec ça, tu vas me nettoyer ces chiottes qui t’as salopées maintenant… Enfin, merde, Riku, c’est pas le soucis des chiottes! T’es pas chez toi tu respectes point barre! »
« Oh, mon pauvre chéri, tu te sens envahi chez toi! Pauvre Alexander. » Voila qu’elle joue a m’imiter en train de chialer maintenant. « T’es juste jaloux parce que j’ai une vie et pas toi. »
« Mais ouais. T’inquiète le "no-life", il va très bien, d’ailleurs, il irait encore mieux si tu te rappelais quand il t’appelle et quand il… »
« Quoi, t’es vénère, c’est ça? J’ai pas répondu à un de tes appels et t’es trop chié? T’es pas le centre du monde, les gens sont pas obligés de… »
« RIKU PUTAIN TU M’ECOUTES QUAND JE TE PARLE! Je t’ai emmené voir l’ile, je t’ai emmené visiter la montagne, Amanil, je fais ton taxi entre ici et Zazambes, et pour une fois pour une PUTAIN DE FOIS, tu me laisserais te dire des trucs qui sont important pour moi?! NAN! T’en a rien à foutre, tu zappes, tu continues de te défoncer  comme une pauvre conne et… Oh, et puis, tu sais quoi, bouffe ton bacon de merde, continues d’être comme t’es, t’es géniale, vraiment. Scheize! »
« …C’est quoi ton problème, là? Craches le morceau, allez, je te consolerais mon petit Rondoudou blond! »
« Ton bacon crame, t’as qu’a te torcher avec. »

C’était vraiment viscéral,là, toute ma déception sortie d’un coup, ça pue la haine, elle va chialer, c’est sûr. Mais je m’en fous, là, je suis vraiment dégouté d’elle. Elle fait juste comme les autres, elle m’ignore. Silence de mort, je sors mes céréales et me rends dans la pièce d’à côté pour aller bouffer devant la télé. Je zappe sur le câble pour me trouver un épisode à la con de Dragonball mais voir la tronche de constipé de ces mecs testostéroneux se gueuler dessus tout en zappant complètement que le monde est sur le point de crever, ça me calme. Mais ça calme pas RIku je crois, car je l’entends gueuler toute seule dans la cuisine et faut pas croire que ça me fait pas ciller, mais hors de question que je m’excuse aussi sec. De toute façon, la voila qui se barre en claquant la porte en me traitant une nouvelle fois de tous les synonymes phallique qu’elle a le bonheur de connaître. Je dois faire quoi, là, la retenir ? Nan, je crois pas, si madame me prend juste pour une bonne poire -et franchement, je l’adore Riku, et j’ai été vraiment sympa avec elle, osez dire l’inverse, je suis même venu à son concours, même, je me suis jamais autant donné de mal pour quelqu’un à part Irina et Sky- Encore une fois, merci, hein, se comporter avec un semblant de maturité ça sert vraiment en rien. Donc. Merde. Juste. Merde. J'ai juste peur qu'elle me haïsse, maintenant.