-Ma maman elle a dit que t'avait pas de papa. -Ma maman elle dit que ta mère c'est une pu... -Shhhhh faut pas dire de gros mots, la maîtresse elle est pas loin. -Mes parents y disent que la mère de Julianne, ben elle est tout le temps avec des messieurs qui son pas son mari. -C'est moche. -Ne t'approche pas des hommes, Julianne, ce sont tous des connards. -Pute. -La ferme! -J'ai pas de père. -Débile. Tout le monde en a un. -Le tien il s'est cassé à cause de toi je suis sure. -Mais j'ai rien fait! -Papa c'est qui? C'est un connard, lui aussi? -C'est tous les mêmes. -Qu'est-ce que vous y comprenez, vous?! -C'est pas ma faute, hein? -Tu n'y es pour rien Julianne, ne les écoute pas. -Elles veulent pas jouer avec moi parce que j'ai pas de papa. -Elles sont juste bêtes. -Si les garçons sont des connards et les filles sont betes, ben je préfère être toute seule. -Ne sois pas stupide Julianne. -Pourquoi tu m'a donné le nom de mon père alors que tu veux même pas parler de lui. -Ne sois pas si amère Julianne. -J'en ai marre que tu me prennes pour une conne! -Nous attendons votre prochain modèle avec beaucoup d'impatience! -Respectez les délais! -Vous êtes un génie, Mlle Eriksen. -Ne t'enferme pas dans ce monde. -Trop tard. -Tu ne veux pas vraiment être seule. -C'est ta faute, tout ça! -Pardon. -Pardon, maman.

-Si tu rencontrais ton père, peut-être que tu irais mieux.

Mais je vais bien. Je vais bien!

Chaos. Presque comme attaquée par une fièvre soudaine, Julianne se redressa dans son lit couverte de sueurs, des échos de voix résonnant encore à ses oreilles. Des instants de sa vie qui l'avaient presque comme marquée au fer, et ces marques l'avaient condamné à une existence solitaire. Elle avait compris très tôt que c'était mieux ainsi, être seule. L'ingénieure se leva pour sortir dans son salon. Reine, sa mère, lui avait téléphoné il y a quelques jours, lui annonçant qu'elle était navrée pour tout, s'était confondue en excuses et lui avait dit qu'après tant de temps, elle devrait peut-etre savoir qui était son père. Un nom, l'adresse d'une connaissance à Lavanville. Julianne avait toujours vécu sans père, l'idée d'en avoir un la terrifiait, alors apprendre qui il était... Surtout qu'elle n'en avait pas entendu que du bien de la bouche de sa mère. Mais cette dernière lui avait finalement annoncé qu'à 26 ans, elle devait se faire de lui sa propre idée. Tout n'est pas rose à Enola, même Julianne ne sortirait pas facilement pour tenter de le voir directement, si l'envie lui venait miraculeusement, cependant... Ce coup de fil lui restait gravé en mémoire, il lui avait laissé un tel choc que la jeune femme avait raccroché trop vite. Puis sa mère lui avait envoyé un mail avec les coordonnées d'un contact censé lui en dire plus sur son père. Bon sang. Julianne n'a jamais été préparée à ça.

Elle était assise sur son canapé et serrait un oreiller à l'effigie du Commandant en Chef de la NERV, son Gendo-sama contre elle. Son regard tomba malgré elle sur l’œuf posé sur la banquette, entre deux oreillers, sous une couverture. Un commande qu'elle avait passé auprès d'un éleveur. Julianne recherchait des Pokémon dont la physionomie se rapprochait plus ou moins de celle d'un mecha. Bon, tout est relatif, mais un jour, alors qu'elle regardait la télé, un combat opposant un Golemastoc à un Blindépique avait attiré son attention. Ce dernier était sorti vainqueur et une vague d'envie d'en posséder un avait submergé la scientifique. Julianne déposa l'oreiller Gendo a ses cotés et prit l’œuf sur ses genoux, l'observant d'un regard presque maternel. Après son cauchemar de cette nuit, la jeune femme s'apaisait au contact du petit œuf chaud, on pouvait sentir la vie là-dedans. Par la fenêtre, les lumières de la Capitale éclairaient le ciel, preuve que la vie continuait même à une heure si tardive. Elle finit par s'endormir sur le canapé. Et la lumière du petit matin la réveilla quelques heures plus tard. Elle se leva et remarqua trop tard que l’œuf sur ses genoux venait de tomber à terre.

Naaaaaaaaaaaaaa! DAHHH! Julianne! Abrutie! Regarde c'que t'as fait! L'oeuf vient de se casser, y'en a partout! Oh non... Pauvre petit Pokémon... Beuh mais... Attends. Mais cet œuf est vide. Y'a des coquilles partout mais pas de trace du ptit Marrisson. L'arnaque. Ils m'a refilé un putain de Kinder surprise ce couillon d'éleveur! Sans surprise, en plus! Quelle enflure! Faut tout nettoyer en plus... AIIIIIIIEEEEUUUH! Ouch... Une coquille... Abrutie de coquille! Et... Oh? Ooooooh?

Julianne écarquilla les yeux sur la petite créature qui venait de glisser sa tête et de se montrer en sortant de derrière le sofa. Une petite créature au pelage marron et vert ricana en voyant l'air niais qui se dessinait sur le visage de Julianne. Enkidudu qui était dans la cuisine arriva en trombe pour rencontrer le nouveau né et la jeune femme laissa tomber ses coquilles pour mieux observer le petit Marisson qui commençait déjà à jouer avec le Lewsor qui lui tournait autour. Adorable spectacle auquel Julianne ne tarda pas à se mettre a rire doucement. Quand le Marisson entendu son rire, il s'approcha vivement d'elle et sauta sur le canapé pour s'installer sur ses genoux et frotta sa tete ronde contre le ventre de l'ingénieure qui souriait toute attendrie par l'apparition d'un jeune Pokémon plante.

« Bon ben... Bonjour... Euhmmm... Gunbuster? Buster? »