Comment gérer le cas d'un abruti fini

Samaël Enodril

Sam ne va pas mentir : sentir que son petit discours a fait effet ne le déplaît pas du tout. Il ne disait pas tellement ça comme un reproche, mais plutôt  un fait. Si son frère veut qu'il arrête de se dévaloriser, il doit lui prouver une bonne fois pour toute qu'il n'a pas de bonnes raisons de le faire et qu'il peut se rendre utile malgré tout. Mais si on ne lui donne pas sa chance, il sera difficile pour lui de se convaincre qu'il peut encore trouver sa place en ce monde. Parmi tous les grands frères existants sur l'île, il a fallu que Sam tombe sur le meilleur. Pas évident donc de se dire qu'on vaut vraiment quelque chose lorsque l'aîné se trouve être Faust Michael Donovan, soit Méphisto, soit Noctis. Ça fait gamin, certes, mais peut-être que Sam a juste besoin qu'on le rassure. Il a autant de raisons de douter que de croire en ses capacités; mais seul un œil extérieur et sincère peut vraiment décider pour lui. Sam s'est résolu à être d'accord sur tout ce que le hérisson a dit la dernière fois qu'il se sont vu, au moment le nounours a recommencé à se dévaloriser. Après leur échange, l'Enodril a laissé tomber la dévalorisation, ne souhaitant plus voir son frère se mettre dans de pareils états, et étant de son avis quant au fait qu'il devait cesser de remettre en question ses talents de dresseur et continuer d'avancer. Cependant, ce soir-là montre bien que, malgré tout ce qu'a pu dire Faust sur le compte de Sam, il persiste à faire l'autruche et à se noyer seul dans ses problèmes; ce que son petit frère ne peut tolérer. Il veut faire comprendre au plus grand qu'il ne compte pas l'abandonner mais c'est assez dur dans ce cas-là s'il n'est pas mis au courant par le concerné lui-même. Heureusement, il remercie Isaac de l'avoir appelé; sans quoi, le porc-épic serait toujours en position fœtale à sangloter en pensant à son jumeau.

En parlant d'Isaac, celui-ci se téléporte à son tour avec son Gardevoir jusque dans la chambre et inspecte les lieux, jetant également un regard sur le Conseiller, sans doute pour voir où en est le Donovan et sa misère. Maintenant qu'il détaille Faust à l'heure actuelle, Sam se permet de se féliciter intérieurement pour avoir réussi à faire parler le Conseiller et à chasser sa peine. Si depuis quelques minutes il regarde ses pieds, gêné, ses yeux bleus ont au moins arrêté de sangloter, et il semble aller un peu mieux malgré sa mine encore un peu pâle.
Tout à coup, Isaac ouvre la porte et laisse apercevoir une adorable fillette que Sam reconnaît sans mal tout de suite. Bien qu'un peu ensommeillée, Alice se rapproche néanmoins bien vite des deux frères avec un sourire lumineux que le petit ours brun lui renvoie. Il ne tarde pas à fondre à la vue de la gamine dans les bras de son père et à l'entente de sa petite voix d'enfant.
Un petit rire s'échappe de lui quand il voit Faust grimacer. *J'espère que la prochaine fois, ça sera prévu, hein, Faust...* pense-t-il, comme une sorte de message qu'il aimerait lui faire passer, voulant bien évidemment dire par là qu'il devra l'appeler la prochaine fois qu'il a le moral à zéro.
Lorsqu'Alice se tourne vers lui, Sam se dit avec amusement qu'il ne pouvait décidément pas en vouloir à Faust de l'avoir adopté. Doucement, il caresse la tête de la fillette. Il les aurait bien ébouriffé, mais il se demande si les filles ont la même sensation que les garçons et si c'est une question de longueur. Mais face à la mignonne petite frimousse de la brunette, il ne peut que lui rendre son sourire, bien qu'il ne sera jamais aussi grand que celui d'un Donovan.

- Compte-là dessus, ma puce !

*Mais tu devrais plutôt dire à papa de prévenir tonton, la prochain fois.*
Oui, il chipote, il chipote, mais c'est vrai, quoi. Il ne va pas revenir là-dessus indéfiniment mais cela reste un cas que Faust va devoir régler. Hé, c'est pas si compliqué de prendre son portable et de choisir le bon numéro dans la liste de contacts ! Aheum. Sam a quand même de la chance d'avoir un Gardevoir, d'ailleurs. Il se demande comment il serait rentré, sinon. Il n'a pas vraiment d'autres Pokémons de type ps-...
Oh. Mais c'est qu'il a failli oublier...

- Oh ! Au fait... j'ai un cadeau pour toi ! Ferme les yeux.

D'un regard joueur, il fait glisser ses doigts sur sa ceinture garnie de Pokéballs avant de s'arrêter sur la dernière. Il détache la boule bicolore et prend délicatement la main de la fillette avant de déposer l'objet rond dans sa paume.

- Tu peux les ouvrir. Je... j'espère qu'il te plaira. Je l'ai capturé exprès pour toi.

Il affiche un sourire timide en rougissant un peu, gêné. Il serait embarrassé si la petite Girafarig ne lui plaisait pas. Au pire, il la garderait avec lui; mais il avait espéré l'offrir à Alice, ayant bizarrement imaginé la petite girafe devenir amie avec la fillette, intensément convaincu que les deux pourraient faire une sacrée paire. Mais il ne s'en formalisera pas, si elle refuse. Il trouverait bien un autre Pokémon qui lui plairait, au pire.

Comment gérer le cas d'un abruti fini

Samaël Enodril

Il avait craqué. Dès l'instant où il avait vu cette toute jeune Girafarig, il avait craqué. Si, à la base, elle n'avait été mise sur son chemin que par hasard, alors qu'il faisait du canoë, il avait bien vite fait de s'attacher à elle au point de la capturer pour l'offrir ensuite à la fillette qu'il affectionnait tant. Il s'était dit qu'un Pokémon, quel qu'il soit, ne pourrait que lui apporter que des bonnes choses et, surtout, la défendre en cas de réel besoin. Après tout, on ne savait jamais... Il avait juste espéré, suite à cette capture, que Alice et le père de cette dernière ne verraient aucun inconvénient à accueillir un Pokémon de plus. Il n'avait pas osé imaginer la réaction de la petite fille ou même de son frère, ayant assez peur de recevoir une réaction négative alors que son attention était loin d'être mauvaise. Il avait évidemment peur que Faust lui en veuille d'avoir capturer un Pokémon sans son autorisation ou que le Pokémon en question ne plaise pas à sa nièce. S'il est toujours aussi maladroit en ce qui concerne le devoir d'être "tonton", il lui a fallu peu de temps pour comprendre que son véritable désir était, tout comme Faust, de voir l'enfant sourire et de faire tout son possible pour la rendre heureuse. Elle est véritablement devenue le petit rayon de soleil qui illumine désormais la vie du hérisson et a trouvé chez Sam un oncle certes maladroit mais affectueux qui s'est promis de veiller sur elle comme si elle était vraiment sa nièce. Il n'y connaît peut-être rien en ce qui concerne les relations de ce genre, n'ayant jusqu'alors jamais eu de nièces ou de neveux, mais s'il a su être le petit frère de Faust, alors il fera son maximum pour être l'oncle d'Alice; même s'il doit cumuler bourdes sur bourdes. Il devra demander conseils à Tristan, tiens.

Cependant, il se retient de pousser un soupir de soulagement lorsque la Girafarig apparaît finalement dans la pièce et que le Donovan sourit tendrement à l'ourson pour lui assurer qu'il n'avait pas commis d'erreur. En effet, dans un silence royal, la petite fille commence par poser sa main sur le museau de la femelle avant de... lui sauter au cou. Ce geste assure alors à Sam qu'il a effectivement fait le bon choix en prenant avec lui cette petite girafe et en le confiant à la brunette. Cette dernière et son nouveau Pokémon semblent déjà s'accepter l'une l'autre et le courant passe relativement bien, pour le plus grand bonheur du nounours qui avoue avoir eu quelques doutes. Les remerciements d'Alice lui font chaud au cœur, et il ne sait que dire, un peu gêné. Il voudrait dire que ce n'est rien; que cela lui fait plaisir de voir la gamine aussi heureuse et émerveillée.
Mais il n'a pas le temps de dire quoique ce soit; car déjà, Alice se précipite sur l'adolescent et lui offre un câlin qui le fait instantanément buguer. Une douce chaleur l'envahit avant de vraiment se rendre compte de ce qui est en train de se passer. Il se sent fondre alors que les adorables bras de la petite ange l'étreigne et le font presque ronronner. Avec délicatesse, il referme ses bras sur sa nièce et lui caresse doucement la tête en souriant. Elle est contente de son cadeau; pour le petit ours qui voulait tant faire plaisir à la fille de son frère, c'est l'essentiel. Il sait qu'elle en prendra soin et ne s'inquiète donc pas quant au bonheur de la girafe, conscient qu'elle aura tout l'amour dont elle a besoin auprès de sa jeune dresseuse.

Vous connaissez les oursons en guimauve ? Ba voilà; on peut dire que Sam en est devenu un. Mais comment ne pas craquer face à la mignonne petite paire que forme Alice et son nouveau Pokémon ainsi que sur l'explication que donne la fillette à propos du nom qu'elle donne à cette dernière ? Tout bonnement impossible. Sam veut bien être résistant mais il ne peut rien faire contre un taux aussi important de cuteness.
Toutefois, comme tout enfant de son âge, Alice a des horaires strictes à respecté que son cher papa ne manque pas de rappeler, fidèle à son rôle de paternel. Le petit frère reste amusé du comportement de son aîné, mais est également attendri par le comportement de celui-ci, qu'il a le privilège de découvrir. Après tout, qui ne rêve pas de voir le si mystérieux Méphisto dans un tel état de gagatisme devant la prunelle de ses yeux ?...
Il allait donc laisser le hérisson raccompagner sa fille jusqu'à sa chambre en l'attendant ici, pensant probablement qu'il n'allait faire que les déranger et ne voulant pas briser ce "rituel du soir", connaissant ce petit plaisir d'enfant de se coucher sous la bienveillance de son père, mais sa nièce n'était apparemment pas de son avis; car elle chuchote quelques mots à l'oreille de l'autre Donovan mais ce dernier paraît d'abord surpris. Sam hausse les sourcils, se demandant bien ce que la petite peut bien dire à l'adulte qui ne puisse être écouté de ses oreilles, avant de se dire qu'il cela ne le concerne probablement pas et que donc il serait assez malpoli de sa part d'écouter.
Pourtant, c'est bien lui qui est le premier concerné par les chuchotements et il écoute, étonné, la demande de la benjamine. Il déglutit discrètement, gêné. Sam adore écouter les histoires; vraiment. Mais même s'il aime aussi les raconter, il n'est pas du tout doué pour ça. Il lui est bien souvent arrivé de conter les récits de voyages de son père à ses propres Pokémons à la demande de ceux-ci, désireux d'en apprendre un peu plus sur cet homme si spécial qui compte tant pour leur dresseur. L'Enodril doit cependant se rendre à l'évidence : il ne peut rien refuser à sa nièce; surtout quand elle fait ces yeux là. Alors il acquiesce avec un grand sourire.

- Bien sûr ! Si ça te fait plaisir... On monte dans ta chambre et je te la raconte; d'accord ?...

Accompagné donc de la nouvelle dénommée Dinah, d'Alice et de Faust, le nounours descend du lit et ils montent dans l'ancienne chambre de Kat. Il est rarement monté à l'étage; mais quand il se permet de squatter chez son frère -car "bonjour le refuge pour paumés"- c'est dans l'une des chambres d'amis qu'il s'installe. Ce n'est pas qu'il n'est pas du genre à s'incruster dans la chambre de Katya, mais si un peu quand même. Il sait déjà d'ailleurs ce qu'il en coûte de l'énerver, d'après les dires de Faust et d'Isaac, et de toute façon il ne s'est jamais posé la question quant au dortoir de la Peterson et n'a pas vraiment envie de finir avec une marque de poêle à frire sur la tronche ou un tout autre ustensile dont il est sûr que la jeune femme sait se ravir à merveille.
Ils entrent alors dans la pièce que Sam considérerait presque comme "sacrée", et attend que Alice soit confortablement installée dans son lit pour s'y asseoir et se mettre face à la fillette. Il a eu le temps sur le trajet de décider quelle histoire il allait bien pouvoir lui conter. Cela n'a pas été facile de choisir une histoire intéressante, à vrai dire. Il pouvait, après tout, lui parler de contes ou lui narrer un film Disney péripéties; mais son choix s'est finalement porté sur une histoire un peu particulière.

- Alors... tu veux écouter mon histoire préférée ?... Ça raconte comment un ourson et un hérisson se sont rencontrés et sont devenus frères...

Ou comment lui et Faust se sont rencontrés et sont devenus frères mais... version gamin, quoi. Alors bien sûr, Sam est l'ourson, Faust est le hérisson, et tout le reste est transformé en conte pour enfant.
Alors il lui raconte. Il lui raconte l'histoire d'un petit nounours paumé dont le père a été emprisonné par les vilains soldats en blancs. Il lui raconte comment le hérisson a rencontré "papa ours" et comment il a sauvé le petit ours des lianes d'un méchant Empfilor alors qu'il sauvait un Oeuf Pokémon. Il lui raconte comment le hérisson a soigné le nounours et comment ils sont devenus amis. Il lui raconte comment le petit ours a perdu son papa lorsqu'il s'est fait enfermé par les vilains soldats en blancs et comment le petit ours était très triste, toujours avec un vocabulaire adapté pour ne pas la choquer mais également conscient de sa maturité, et pour sans doute lui montrer que son oncle la comprend et qu'il sait ce que ça fait de perdre un parent. Il lui raconte comment le hérisson et son amie, la Guerrière du Soleil -qui représente bien évidemment Solène- ont réussi à délivrer l'ourson des griffes du cruel sorcier Sourcil-en-Vrille. Mais il évite bien sûr de parler du 13 avril et de ce qui s'est passé avec Clive, son... autre oncle. Il préfère donc directement arriver à "la rencontre entre le hérisson et le petit ange qui avait perdu sa maman et sa décision de l'adopter pour devenir son papa".

- Et... et ensuite...

Tout à coup, il s'arrête en remarquant que la petite fille s'est endormi vers la fin et qu'elle dort maintenant à poing fermé. Une nouvelle fois, il fond devant la scène et sourit affectueusement.
Le fait d'avoir accorder le timbre de sa voix avec les différentes situations et les personnages, quelque chose d'inhabituelle chez lui, l'a un peu épuisé mais il espère au moins qu'elle a apprécié son récit. Lui qui voulait faire original ne sait pas s'il a réussi son coup mais il prie pour que sa maladresse n'ait pas été perçue par la petite. Raconter une histoire à des enfants et à des Pokémons sont deux choses bien différentes mais il a essayé de faire de son mieux jusqu'au bout pour bien retracer ses péripéties afin qu'Alice comprenne et ait droit à une histoire qui ne soit un minimum intéressante; pas trop gniangniante, ni trop violente. Mais apparemment, il n'a pas trop fait de bourde niveau scénario et a soigneusement évité les détails qui devaient être évités.
Avec tendresse, il finit par s'approcher de l'enfant pour déposer un bisou sur son front, sans la réveiller.

- Bonne nuit, Alice. Fais de beaux rêves.

Il ne sait pas si elle l'entend encore quelque part alors qu'elle dort, mais c'est comme une prière qu'il adresse à Cresselia en personne, en espérant que la brunette ne soit pas effrayée par des cauchemars pendant son sommeil et qu'elle fasse de jolis rêves. Sam ne manque pas d'ailleurs de caresser la petite Girafarig pour lui demander veiller sur sa nouvelle dresseuse et celle-ci hoche légèrement la tête, sans oublier d'exprimer sa reconnaissance envers l'adolescent pour lui avoir donner une nouvelle amie.
Quand ils sortent enfin de la chambre en étant sûr que la petite dort profondément et que Dinah est là pour veiller sur elle, Sam pousse un mince soupir de soulagement avant de passer sa main derrière sa nuque et de porter son regard sur Faust.

- Est-ce que tu te sens mieux ?...

Cette question lui brûle les lèvres depuis tout à l'heure. Il mourrait d'envie de demander à son grand frère s'il avait bien fait ou s'il avait failli à son devoir de cadet. Après tout, son but premier avait été de le faire sortir de sa chambre et de le réconforter. Mais peu importe, au final. Si son aîné a besoin de lui, il sait que son petit frère répondra toujours présent. Il espère cependant intérieurement que ce ne sera pas Isaac qui le préviendra, la prochaine fois.

Comment gérer le cas d'un abruti fini

Samaël Enodril

Personne, pas même lui, ne saura sans doute jamais d'où lui vient un tel talent pour raconter les histoires. Peut-être est-ce naturel; peut-être est-ce parce qu'il a de nombreuses fois entendu son père lui en raconter et qu'il a fini par le mimer; peut-être aime-t-il, au fond de lui, jouer au narrateur pour les plus petits; peut-être que la simple évocation de sa première rencontre avec Faust lui paraît si spontané à décrire; peut-être que son désir de faire plaisir à la fillette a été si grand que cela lui a permis de passer outre sa maladresse et sa timidité; peut-être un peu tous ces éléments à la fois... Cela reste dur d'endosser un rôle qu'il n'a jamais expérimenté auparavant. Pas d'aîné pour lui enseigner, même s'il avait un père qui restait pas mal dans ce domaine, mais ça c'était surtout lorsqu'il lui racontait ses récits dangereux, et pas de cadet à qui il avait pu lire des histoires comme il l'a fait aujourd'hui. Mais il a comme l'impression que ce premier essai est plutôt concluant et qu'il n'a pas autant gaffé ni autant hésité qu'il aurait imaginé. Au final, quand elle a fini par s'endormir, il avait été soulagé de voir de la fascination dans ses yeux avant de les fermer.

La petite plaisanterie de son frère arrive même à lui faire décrocher un mince sourire amusé, remplaçant celui de tout à l'heure qui puait la niaiserie à des kilomètres. Si Faust lui avait dit la même chose il y a moins d'une heure, alors qu'il était un état plus de déplorable, il ne l'aurait pas cru. Là, au moins, il sait qu'il peut avoir confiance et est sûr lui aussi que demain, "ça ira mieux". Cependant, le problème n'est toujours pas réglé. Tout ce que Sam a retenu de cette soirée, hormis qu'il a un don particulier pour les contes d'enfants, c'est que Clive va mal et qu'il risque de faire une bêtise si cela continue; ce qui conduirait Faust à la folie si jamais l'irréparable se produisait. Il devra peut-être donc intervenir en faveur des jumeaux s'ils sont incapables d'arranger individuellement leurs problèmes par eux-mêmes.

Il s'arrête néanmoins alors qu'il entend les remerciements que son frère lui adresse et il sourit. C'est vraiment dans ces moments-là que Sam a l'impression de se rendre utile, et savoir qu'il a remonté le moral de l'aîné lui réchauffe le cœur. Il ne sait pas si c'est grâce à lui ou à l'intervention d'Alice, mais le fait est qu'il est enfin sorti de sa chambre et qu'il affiche une mine bien plus radieuse que tout à l'heure. Une chose avait été sûre, de toute façon : Sam n'aurait pas quitté Faust tant que celui-ci ne serait pas sorti de la torpeur dans laquelle son frère l'a inconsciemment plongé. Faust y pensera toujours, c'est vrai, mais l'Enodril sent qu'il va déjà bien mieux qu'il y a moins d'une heure, alors que le hérisson trempait les vêtements de son petit frère avec ses seules larmes. Samaël est évidemment plus heureux de voir son frangin dans cet état-là plutôt que celui dans lequel il l'a retrouvé; mais si jamais le Donovan a de nouveau besoin de lui, ne serait-ce que par sa simple présence, le nounours répondra toujours présent et fera de son mieux pour réconforter le Conseiller, aussi maladroit soit-il en matière d'ourson consolateur.

- Toujours là pour toi, grand frère.

Cette simple phrase, énoncée avec un sourire rassurant, n'a pas seulement été dite pour apaiser le porc-épic, mais derrière elle se cache une sorte d'avertissement. Le petit ours brun ne sait pas s'il pourra oser lui faire promettre de l'appeler en cas de besoin au lieu de laisser Isaac s'en charger -étant donné qu'il y ait également des risques pour que Faust continue de vouloir rester seul dans ces moments-là- mais il veut lui remémorer le fait que, même s'ils ne sont pas unis par le sang, ils restent des frères, et c'est le rôle des frères de veiller les uns sur les autres.
Cependant, il se rendit bien compte que Faust avait repris un peu de poil de la bête lorsqu'il réussit à faire rougir le plus jeune. Bizarrement, il a senti que son aîné allait faire une référence à ce qui venait de se passer ce soir. Samaël avait personnellement trouvé son histoire un peu ridicule, quand il savait que derrière ce joli conte pour enfant se tapissaient mille et une souffrances que le petit ours de son histoire -donc lui- avait véritablement vécu. Il a certes vu que la petite fille l'écoutait avec des yeux brillants, mais elle ne savait pas que cette histoire était inspirée de faits réels et qu'elle était, en réalité, bien plus sombre que ça.

- C'est ça, moque-toi ! raille-t-il doucement en riant.

Quoiqu'ils rigolent, comme ça, mais tous deux savent en fait que cela pourrait donner naissance à quelque chose de pas mal du tout et que Sam a, il faut l'avouer une nouvelle fois, un talent pour écrire. Il ne sait pas si l'aurait cru, cependant, si on lui avait dit que, dans quelques jours à peine, il se mettrait à l'écriture de ses premières pages en tant que futur écrivain. Oui, ce sera purement drôle quand il ira voir cette éditrice pour de vrai, alors qu'ils sont à demi en train de plaisanter dessus mais que ni l'un ni l'autre n'ose avouer qu'ils y pensent sérieusement.
Mais arrivés en bas, Sam remarque bien que son frère semble gêné par quelque chose. Ce mouvement de la nuque est devenu un tique familier et reconnaissable chez le hérisson qui annonce un sentiment de malaise ou, dans ce cas précis, de gêne. Tiens, d'ailleurs il se souvient du premier jour où ils se sont rencontrés et où il a également exécuté ce mouvement, alors qu'il était embarrassé de son organisation quant au rendez-vous. Ce sera sans doute toujours amusant de se dire que ces deux-là ont fini par arriver à un point où ils se considèrent comme des frères alors que le casque du hérisson avait beaucoup intimidé le nounours ce soir-là et que la situation laissait, en effet, à désirer. Mais ils ne vont certainement pas se plaindre de la tournure que les événements ont pris alors qu'ils sont si proches à présent et qu'ils peuvent désormais compter l'un sur l'autre.
La demande qui suit immobilise quelques secondes l'Enodril, avant de le faire rire avec douceur, immédiatement attendri par le comportement de son frangin et sa façon de lui dire, en gros, qu'il veut que le petit ours reste pour la nuit. Il ne va pas mentir : savoir que son existence importe tant le porc-épic au point qu'il lui fasse une telle proposition le rassérène, et c'est donc avec un sourire on ne peut plus tendre qu'il a bien vite fait d'acquiescer.

- Bien sûr, Faust; avec plaisir.