Comment [ne pas] éviter le stress

• Comment [ne pas] éviter le stress •feat. Cassey G. Banks

Droite, gauche, droite, gauche, uppercut à droite, et puis gauche. Je répète la même routine avec une justesse étonnant depuis maintenant un bon nombre de minutes, à un tel point que je sens le sac de sable commencer à s’épuiser. À chaque nouveau coup, j’ai l’impression qu’il pourrait rendre l’âme et reprendre son contenu sur le plancher, et pourtant il résiste, encore et toujours. Moi qui croyais qu’il finirait par lâcher avant moi, je suis presque déçu. La respiration haletante et le cœur battant, je donne un dernier coup sur le sac de sable avant de jeter l’éponge. Il semblerait qu’il ait remporté ce round, encore une fois. Peut-être que la prochaine fois sera la bonne… Épuisé, je retire mes gants avant de les lancer contre le sol. Quelqu’un d’autre les ramassera, après tout.

La gorge sèche, je me dirige vers mon sac pour y chercher la bouteille d’eau que j’ai préparé ce matin. Prévoyant, le Weston! J’en profite en même temps pour jeter un coup d’œil à cet œuf qui est tombé entre mes mains, contre mon gré. Un œil posé sur la coquille qui se met une nouvelle fois à briller légèrement avant de s’éteindre, je ne peux m’empêcher de soupirer. Honnêtement, que fais-je faire de ce machin…? Depuis ma sortie du centre, je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir suivi les indications de Swanson… « Surtout, Weston, évite les stresseurs pendant les premières semaines »… Oui, et puis quoi encore… Entre les retrouvailles avec Mercy, le retour à l’arène, en rajoutant à ça mon déménagement en cours, je ne peux pas dire que j’ai « évité les stresseurs », j’irais d’ailleurs même jusqu’à dire que j’ai plongé dedans, tête première. Alors cet œuf… Cet œuf, je ne sais aucunement ce que je vais en faire. En d’autres circonstances, j’aurais été joyeux, j’aurais été excité à l’idée d’ajouter un nouvel allié à mon équipe. J’aurais certainement sursauté à chaque nouveau mouvement de sa part. Mais en ce moment, il s’agit plutôt d’un stress inutile. Je n’ai qu’à repenser aux premiers mois de Dimitri pour suffire à me convaincre que de m’occuper d’un bébé Pokémon, dans ma situation, c’est une terriblement mauvaise idée.

Poussant un nouveau soupir, je me redresse avant de m’étirer longuement. Évite les stresseurs, Weston. Évite les stresseurs. Il me faut me changer les idées, cesser de penser à toutes ces choses qui m’envahissent. N’est-ce d’ailleurs pas pour cette raison que je suis venue ici? Pour frapper quelques bons coups et me dépenser jusqu’à la dernière goutte? Oui, voilà exactement pourquoi je suis ici! Pour me brûler! Je dois continuer avant de reprendre suffisamment de forces pour replonger dans mes inquiétudes. Sans plus y penser, j’attrape mes affaires pour me diriger vers la salle des machines, où je vais prendre possession d’un tapis de course. Sans plus attendre, j’augmente la vitesse du tapis jusqu’à atteindre un bon rythme que j’adopte avec un sourire. Une fois adapté à la vitesse de la machine, je me mets à scruter les environs, pour finalement poser mon regard sur une jolie petite distraction se dandinant devant moi. Soutenu sur deux jolies jambes courant à bonne vitesse, un superbe petit postérieur se laisse aller au gré de sa propriétaire, qui semble déterminée à brûler des calories inexistantes. Quel dommage, il ne faudrait pas qu’elle perde ses formes, à force de trop se donner. Je ne peux alors m’empêcher de me demander si la mystérieuse coureuse pourrait bien avoir d’aussi jolies formes en avant aussi. Je pourrais peut-être… Non, quand-même pas, voyons! Enfin, pourquoi pas? Weston, non! Tu ne vas pas changer de machine simplement pour aller te rincer l’œil! Tu ne vas pas aller fixer une poitrine qui ne t’appartient pas! Quoi que… Enfin, ce n’est pas méchant, non? Ce n’est pas comme si j’allais y toucher… Je suis certain que Mercy regarde les fesses des autres hommes! Et puis, j’ai regardé les fesses de cette fille, le mal est déjà fait, alors bon… Absolument coupable, j’éteins mon tapis de course pour me diriger vers celui à côté de la paire de fesses ambulante. Un air innocent au visage, j’ajuste une nouvelle fois la vitesse de la machine où je viens de prendre place avant de subtilement baisser le regard vers une jolie petite poitrine bien ferme rebondissant au même rythme que ces deux jolies fesses. Je ne peux retenir un sourire satisfait. J’avoue que quand j’assiste à ce genre de scènes, je ne regrette en rien mon abonnement au gym, aussi inutile que ce soit dans mon cas. La rue n’est jamais peuplée d’aussi beaux paysages, tant qu’à moi.

Satisfait d’avoir assisté à quelque chose d’aussi beau, je décide de relever le regard pour voir à qui pourrait bien appartenir ces jolies formes. Mais alors que mes yeux se posent sur ce visage un peu trop familier à mon goût, je sens mon sang se glacer. Ces grands yeux d’un bleu royal, ces cheveux de feu… Non…

-Cassey…?

Avant de pouvoir aller plus loin dans mon analyse, je sens mes pieds se prendre l’un dans l’autre. Je n’ai pas le temps de comprendre ce qui se passe que je sens mon corps basculer vers l’avant, et la vue du tapis toujours en marche se rapprocher dangereusement de mon visage. Et avant que je puisse tenter de me rattraper, je sens mon visage s’écraser lourdement contre la matière caoutchouteuse. Et comme si ce n’était pas suffisant, mon périple ne s’arrête pas là. Comme si la douleur n’était pas déjà assez intense, je sens mon corps se faire propulser un peu plus loin, où je vais me frapper la tête contre le tapis roulant derrière moi, celui où j’étais justement un peu plus tôt avant d’avoir cette excellente idée de m’approcher de cette fille… Vraiment, l’idée du siècle…

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Comment éviter le stressfeat. Weston Elric

Le chemin effectué jusqu’ici en valait pleinement la peine. Oui, cette salle de gym est bien loin de chez moi et je n’ai la chance de m’y rendre que lorsqu’on m’offre des permissions spéciales afin de parfaire mon entraînement militaire que je compte accentuer dans les prochaines semaines. Sauf qu’au de-là de la quarantaine de minutes que je dois calculer pour un seul trajet vers ici, il ne se trouve aucun gymnase mieux équipé que celui-ci. Au cœur de la ville d’Anula, dans le quartier chic des affaires, il trône avec suffisance, promesse d’heures formidables passées à se dépenser. Une piscine, un gymnase proposant plusieurs sports collectifs, des salles où sont offerts des cours de danse aussi difficiles que stimulants, une grande piste de course… et bien sûr la salle des machines où se rassemblent les appareils les plus sophistiqués de dernier cri. Ce que j’apprécie le plus probablement ce sont les saunas et le spa accessible à tous les membres du centre sportif. Après autant de dépense énergétique, j’aime bien me prélasser à la chaleur avant de filer sous la douche. Cet abonnement me coûte les yeux de la tête sauf qu’à mon salaire, plus que généreux, je peux bien me le permettre. Aujourd’hui plus que jamais, je viens me ressourcer entre ses quatre murs, entourée de gens que je fais qu’ignorer, m’avançant dans la salle de gym avec mes écouteurs aux oreilles. Un air de rock m’y déchire déjà les tympans.

L’odeur de la sueur et des appareils flotte dans cet espace plutôt vaste. La salle est plutôt occupée déjà. Je cherche un tapis de course libre. Je débute toujours mon entraînement avec un peu de cardio afin de faire circuler le sang dans mon corps et de bien échauffer mes muscles. J’active le petit appareil accroché à mon bras par une courroie avec velcro. Il m’indiquera au fil de mon entraînement ma tension artérielle ainsi les calories dépensées. Je respire un bon coup avant de m’installer sur le tapis, attachant mes cheveux rouges dans une toque improvisée avant d’activer l’appareil qui se met lentement en marche. Mes doigts pianotent contre le clavier sans hésitation. La traction se met en marche et mes pas se font de plus en plus rapide jusqu’à atteindre un trot soutenu. L’effort raidit mes jambes et raccourcit un peu ma respiration. Attentive à mon corps et aux changements provoqués par l’exercice, je tâche de rester calme et de me mesurer mon souffle. Lorsque j’ai retrouvé mon calme, j’active la vitesse supérieure, une course allongée et soutenue. Il ne faut que quelques minutes pour être couverte de sueur. J’adore cette sensation d’effort. On m’a appris à l’apprécier lors de mon passage à l’armée. Je n’ai plus peur de me défoncer et de repousser mes limites.

Depuis ma rencontre avec le Résistant, tout a changé. Je dois me remettre en forme et éviter ce genre de situation à nouveau. Je ne me laisserai plus kidnapper comme un vulgaire sac de patates. J’accentue à nouveau la vitesse, prise d’un excès de frustration qui se mute en énergie pure. Encore et encore, j’accélère. La musique augmente la puissance de mes gestes, la frénésie de ma course. Non, plus jamais je ne me laisserai faire. Plus jamais je ne baisserai ma garde et paraîtrai faible. J’aimerais simplement que ce moment arrête de me hanter, comme tout le reste. Particulièrement cet instant où la forêt s’est peuplé d’ombres, ce moment où nous avons été la cible d’une attaque de spectres, celui où il a… Je sursaute. Un mouvement à ma droite vient d’attirer mon attention. Le mec à côté s’est planté de sur son tapis! Je réduis la vitesse du mien avant de l’arrêter complètement et de me porter à son secours. Au moment où il se relève, je vois alors son visage, qui me rappelle singulièrement quelque chose.

«Oh par le péteux d’Arceus! Weston Elric, je crois rêver!»

Vous l’entendez là, le fou rire? Il vient de me prendre aux tripes de façon parfaitement incontrôlable. À présent je ne parviens plus à calmer les soubresauts de mon abdomen. Il est tombé de façon spectaculaire et je soupçonne qu’il s’agit de mon dû. Je retire mes écouteurs en vitesse et lui propose mon bras pour l’aider à se relever. Je suis encore toute essoufflée par ma course et par cet excès de rire qui m’a pris brusquement. Bon, je crois qu’il me faut expliquer. Je connais Weston depuis mes jeunes années. Nous allions à la même école à l’époque, même que nous nous sommes brièvement fréquentés jusqu’à ce que notre première relation sexuelle à tous les deux vienne jeter un froid entre nous. Franchement, moment horrible de mon histoire que je préférerais oublier. Par la suite, j’ai plus ou moins suivi son histoire, apprenant qu’il a pris la place de Champion à Anula, fin connaisseur d’insectes. Apparemment, il subsiste aussi une histoire de drogue et d’alcool mais sincèrement, je m’en fous. J’observe à présent le jeune homme à la dérobée, éclatant à nouveau de rire en revoyant cette part de mon passé qui me semble si lointaine.

«Alors big boy, je t’ai manquée?»

Je lui offre un grand sourire où je dissimule à peine mon amusement. Je suis heureuse de le voir dans un sens. Il n’a jamais été particulièrement méchant avec moi à l’époque, nous n’étions juste pas faits pour d’avantage que ce que nous avons échangé. Le garçon gringalet a laissé place à un homme bien en cher, je suis plutôt fier de ce qu’il est devenu. Il faut dire que je n’ai plus rien de la gamine aux airs durs qu’il a connu non plus.

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• Comment [ne pas] éviter le stress •feat. Cassey G. Banks

-C’est ici? Attends, si je me place comme ça, peut-être que ça va marcher… Bordel mais arrête de bouger, c’est déjà pas évident à la base!

Un frisson me parcourt alors que je me remémore cette atroce nuit qu’a été notre première à tous les deux. Si je n’ai aujourd’hui plus aucun complexe au lit, et que je peux aisément fournir suffisamment pour que jusqu’à trois femmes à la fois puissent profiter de mon talent, je n’étais certainement pas cet étalon si sûr de lui à l’époque. Et aujourd’hui, de toutes les filles de cette île avec qui j’ai eu des rapports… Il fait que je tombe sur elle. Sur elle avec qui j’ai expérimenté une nuit de catastrophe. Elle, oui! Cassey Banks!

Encore sonné de ma chute, je me frotte la tête avec vigueur, comme si cela pourrait possiblement enlever la douleur. Après toute une chute, je peux d’ailleurs m’estimer chanceux de ne rien m’être cassé, et de simplement m’en tirer avec simplement cette énorme bosse qui s’est formée sur mon crâne. Oh, et probablement quelques gros bleus ici et là. Malgré tout, je n’ai aucune difficulté à attraper la main que me tend une Cassey pratiquement pliée en deux. Eh bien, je savais que je lui faisais de l’effet, mais à ce point?

-Eh bah si je m’attendais à ça! Cass la terreur! Qu’est-ce que tu fiches ici!?

Si je suis heureux de la voir? Je n’irai certainement pas jusque-là. Ce que nous avons partagé, il y a dix ans de ça, n’était pas vraiment mémorable pour les bonnes raisons. Mais malgré tout, malgré notre seule et unique tentative de rentrer dans le monde des grands, connaitre la rousse n’a pas été que catastrophes et misère. Elle a tout de même fait partie de mes années d’imbécilité innocente, indirectement. Ayant redoublé mon année, nous avions un ou deux cours en commun, avant que je ne décide tout simplement de décrocher. Je crois que nous avons même déjà rédigé un rapport de laboratoire ensemble. Enfin, ELLE avait rédigé le rapport, moi, je n’avais certainement pas contribué grandement. Enfin, dans tous les cas, Cassey n’est en somme pas qu’un mauvais souvenir. Mais la revoir ici, c’est tout de même une drôle de surprise. Je n’avais jamais eu vent de sa présence ici, à Anula, et pourtant, je la retrouve ici comme voisine de tapis roulant.

-Alors, tu deviens quoi? Tu vis ici? Je savais pas que t’avais quitté Amanil…

En même temps, en quoi est-ce que ce serait une surprise…? Je n’ai moi-même pas hésité une seule seconde à quitter ma ville natale lorsque j’en ai eu l’occasion. Il y a des années que nous ne nous sommes pas revus, et un paquet de choses ont pu changer depuis. Cass et moi n’avons jamais repris contacte depuis… l’incident. Et peut-être était-ce mieux ainsi, mais pourtant, j’ai à présent bien envie de savoir ce qu’elle devient. Et puis, peut-être que l’interroger sur sa vie pourra faire passer son fou rire encore présent… Il faut croire que cette fille me porte la poisse. À chaque fois que je la vois, c’est pour me ridiculiser…

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Comment éviter le stressfeat. Weston Elric

De me confronter ainsi à une part de mon passé me rapporte à un flot de souvenirs. Cette époque où j’ai été heureuse, dans un sens, où j’étais libre de la moindre de mes actions. Je ne vivais aucune angoisse, aucune peur. J’étais avide de connaissances et de nouvelles expériences, et j’ai cru à tort que je trouverais tout ceci dans les bras de Weston Elric. Je ne dirai pas que je regrette, même s’il s’agit d’une terrible erreur. Il s’agit d’une étape de ma vie comme une autre, un échec comme un autre, j’ai eu largement le loisir de me reprendre par l’avenir. Malgré tout je ne peux m’empêcher de sourire devant notre maladresse, nos mouvements hésitants, la nervosité palpable (qui me coupait d’ailleurs toute inspiration de ce côté-là et qui a rendu le tout très douloureux pour moi). Je réalise à présent que je n’étais qu’une pauvre gamine, une enfant même. J’avais seulement quatorze ans à l’époque et je ne connaissais rien de la vie ou même de moi-même. Arceus, je ne sais même toujours pas qui je suis dix ans plus tard. Il est tout de même plutôt troublant d’y repenser. Mes pensées s’égarent vers les mauvais coups que notre bande a pu faire à cette époque. Le Champion a toujours ses airs de bad boy qui se la croit et cette idée m’amuse fortement. Ainsi aplatit sur le sol il ne me convainc pas vraiment de ce fameux côté rebelle.

Une fois sur ses pieds, Weston a déjà un peu plus de contenance, même si une part de son embarras se devine aisément. Je ne le taquinerai pas d’avantage, pas pour le moment du moins. Même, je l’aide à se débarrasser de la poussière contre ses vêtements. Ce faisant je remarque à quel point il a pu changer. Il fait maintenant une bonne tête de plus que moi si ce n’est pas d’avantage. Il a une silhouette avantageuse, de larges épaules et une musculature en devenir. Comme quoi la puberté a bien servi sa cause. C’est aussi mon cas. À l’adolescence, j’étais minuscule, petite silhouette frêle qui s’est affirmée au fil des années. Mon entraînement militaire y a aussi joué quelque chose et je me campe près de lui avec une certaine fierté. J’ai longtemps erré à chercher que faire de ma vie mais à présent j’ai tout ce dont je pourrais rêver : un travail enrichissant, un grand appartement offrant une vue magnifique d’Amanil, une bonne équipe… Oui non. Il manque toujours quelque chose. Je m’empêche de grogner en y pensant.

«Non, j’y suis toujours figures-toi, mais j’aime bien ce gymnase alors je fais le déplacement. Mais toi… Waouh, un Champion? Ça pue la classe tout ça. Tu risques de me croiser dans ton Arène prochainement.»

Weston n’a connu qu’Hayim ma Galekid, que j’ai rencontrée pendant mon adolescence. Je n’ai jamais témoigné l’envie de devenir dresseuse, ni rien d’autre qu’artiste d’ailleurs. Depuis, mes intérêts m’ont porté ailleurs, même si une bonne part de mon travail s’apparente toujours à la fibre artistique. J’observe Weston en reprenant ma place sur le tapis roulant, après tout je suis venue ici pour m’entraîner.

«Ce que je deviens… Eh bien, je bosse, je bosse, je bosse et… je bosse. Je n’ai pas de copain ou de copine, bien trop compliqué. À côté je m’entraîne pour éventuellement faire partie de la Compétition.»

Je reprends un bon rythme de course, un peu moins rapide que tout à l’heure maintenant que ma colère s’est estompée.

«Et toi hormis que ma présence te renverse complètement… littéralement… Tu as une copine je crois? Victoria quelque chose, la gagnante de la centième édition? Congrats, elle est chaude à souhait. C’est vrai ces rumeurs que vous allez vous marier?»

Preuve absolue que je ne suis pas vraiment les potins, même si à vrai dire il est difficile de ne pas en entendre parler de ces deux-là depuis que les médias ont à peu près laissé le Sunny/Monsieur Image tranquille.

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• Comment [ne pas] éviter le stress •feat. Cassey G. Banks

Je n’ai pas l’habitude de revoir ces restants du passés, sans vouloir offenser qui que ce soit. Depuis mon départ d’Amanil, je crois que Cass est la seule que j’ai pu revoir. Je n’ai d’ailleurs jamais cherché à retrouver les autres. À quoi bon? À présent que j’ai décidé de tourner la page, à présent que je suis sur la bonne voie pour laisser le passer dans le passé, je ne vois pas pour quelle foutue raison j’irais chercher à reprendre contact avec eux. Et puis, nous n’aurions sans doute plus rien en commun. Je n’ai qu’à regarder Cassey pour en avoir la preuve. Les autres de notre jeunesse ont certainement suivi son exemple. La rousse me parle de travail ainsi que d’une participation future dans la compétition, et ce avec une grande maturité que je n’ai moi-même jamais acquis. Ils ont avancés, eux. Certainement qu’une bonne partie doit déjà être établie dans la vie, avec un vrai travail de neuf à cinq, une maison, et peut-être même des gosses. Alors que moi… Moi, jusqu’à récemment, je passais certainement plus de temps dans les bars que dans mon misérable appartement, à fêter et à me défoncer plus qu’à chercher à me bâtir un semblant de vie stable. Alors honnêtement, je ne vois pas trop ce que je pourrais leur dire, après ces dix ans.

Écoutant attentivement les paroles de la rousse, je l’imite et retourne à mon tour sur mon tapis, augmentant petit à petit la vitesse pour revenir au rythme que j’avais avant de… enfin, vous voyez. Tout en suivant le fil de la conversation, je lance quelques regards de temps à autres à mon sac où se tient toujours mon œuf, qui se remet à briller une nouvelle fois.

-Eh ouais, il a pas chômé le West depuis la dernière fois qu’on s’est vu. Tu vas t’essayer dans mon arène avec ton petit bébé? Prépares-toi bien, ma grande, parce que j’irai pas doucement avec toi.

Un peu comme… NON! Terrible blague à faire, je vais me taire. Au lieu de m’enfoncer plus qu’il ne le faut, je décide de me taire, et de simplement la laisser continuer de parler. Je ne peux pas m’empêcher de sourire lorsqu’elle m’annonce ne pas avoir de copain. C’est moi ou elle essaie de me draguer? N’est-elle pas en train de clairement m’indiquer que j’ai le champ libre? Après toutes ces années à courir après les coups faciles, je sais reconnaitre une invitation, et ce que m’annonce la jeune femme ressemble CLAIREMENT à ça… La pauvre, je ne suis malheureusement plus libre. Spécialement maintenant, avec l’attente de la réponse de celle à qui j’ai demandé sa main… Je n’ai toutefois pas le temps de clarifier les choses avec Cassey qu’elle se remet à parler, et je manque de me casser la figure une nouvelle fois en réalisant ce qu’elle vient de me dire.

-Okay minute papillon! À ce que je sache, elle n’a pas encore dit « oui », hein! Donc à moins que t'es des révélations à me faire, on est pas encore rendu là!

Je suis à mon tour pris d’un rire nerveux, et je dois augmenter la vitesse de mon tapis pour faire passer ma rougeur comme venant de l’effort. Je savais bien que les rumeurs sur notre union potentiel à Mercy et moi planait déjà depuis un bon moment dans les médias, mais d’en parler ainsi à vive voix… C’est une assez drôle d’expérience, je dois avouer. Surtout que celle avec qui j’en parle adonne à être la fille avec qui j’ai eu mes premiers rapports sexuels… Sérieusement, le monde ne pourrait pas être plus dérangé.

-Mais ouais, c’est plutôt sérieux notre affaire, je dirais. Ça t’étonne, hein? Weston sur le droit chemin, qui l’eut cru! Ma pauvre Cass, tu dois être jalouse… Mais faut pas hein, tu sais que je garderai toujours une place spéciale pour toi dans mon cœur.

Un large sourire amusé sur les lèvres, je glisse un clin d’œil à la jeune femme aux cheveux de feu, avec la ferme intention de la faire bouillir. Si la demoiselle a certainement gagné en maturité, je suis certain qu’il y a encore quelques éléments chez elle qui n’ont pas changés. Et parmi ces choses, je suis certain qu’il y a encore cette facilité à la piquer.

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Comment éviter le stressfeat. Weston Elric

Je me rends compte que j’en connais probablement plus que je ne l’aurais cru. À force de farfouiller les journaux enolians tous les matins, j’en viens à en connaître un peu la vie culturelle aussi. Ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse le plus entre les pages sèches des actualités. J’y cherche quelque nouvelle croustillante au sujet du conflit, quelque chose dont j’aurai à faire face sitôt mon pied posé dans mon bureau alors qu’on m’assaillira de questions comme si une véritable fin du monde ce serait produit. La télévision aussi est toujours allumée à ma cuisine, et nécessairement entre chaque segment intéressant vient l’habituel brouhaha désagréable des paparazzis au sujet des plus grandes vedettes de l’île. Il me fait bien étrange de constater que Weston en fait partie désormais. Ce garçon un peu perdu à une époque, celui-là qui tentait toujours d’être au-dessus de ses affaires, celui qui a abandonné… Le voilà devant moi. Il a réussi. Quelque part, je suis fière de lui. La preuve que nous autres, petites racailles d’un voisinage peu fréquentable, nous avons réussi malgré tout. Cette constatation me tire un sourire optimiste. À la mi vingtaine, notre chemin ne s’arrête pas ici et Arceus seul ce qu’il nous réserve. Je l’observe alors qu’il souligne le défi avec tout autant de machisme que dans le temps. Hayim, un petit bébé? J’aimerais bien le voir près d’elle une fois qu’elle aura évolué et le dépassera de plusieurs têtes. Je me contente de sourire d’un air énigmatique cependant.

«Nous verrons bien l’issue du match. Ne vend pas la peau de l’Ursaring avant de l’avoir tué. Je progresse rapidement et si ça se trouve, j’irai te visiter en premier l’an prochain.»

Je ne devrais pas trop m’avancer de ce côté. J’ai entendu dire que l’équipe de Weston est l’une des plus coriaces de tous les Champions de l’Enola. Peu m’importe, je serai prête à relever le défi. Et le voir me tendre un Badge après une défaite cuisante serait presque jouissif je dois avouer. Ça ferait différent de notre dernier échange, ha ha ha ha. Oui, désolée, c’était trop tentant. Son sourire est plutôt comique d’ailleurs, j’ai l’impression qu’il croit que je le drague. Oui, mon vieux compagnon d’adolescence ne manque pas de charme mais je dois avouer que je vois toujours en lui le pauvre gringalet maladroit que j’ai connu et cette perspective me coupe toute inspiration. De toute façon je ne suis pas désespérée au point de retourner voir là où je suis déjà passée. Sa réaction à ma question me fait sursauter cependant. Il passe tout près de s’écraser la figure contre son tapis roulant encore une fois et commence à se justifier de telle façon que je ricane sans pouvoir me contrôler. Oh, c’est vraiment trop mignon.

«Tu as donc demandé sa main, waouh Westichou tu es un véritable homme maintenant.»

Bordel j’espère que tu baises mieux qu’avant sinon je plains la pauvre fille. Je me secoue. Je dois me rappeler que je n’étais pas tellement mieux à l’époque. Allons, laissons-lui le bénéfice du doute. Le reste m’amuse considérablement et je lève les yeux au ciel en me retenant de secouer la tête. Non vraiment, il n’a pas vraiment changé, draguant tout ce qui peut porter une jupe sans rougir.

«Elle ne t’a pas encore dit oui, si je comprends bien? Quelque chose la fait hésiter mon beau? Pour ce qui est de moi ne t’inquiète pas mon beau il fait longtemps que je t’ai oublié.»

Juste pour que ce soit clair. Il n’a pas à jouer les imbéciles de charmeur avec moi, je ne fonctionne pas tellement dans son jeu. Consciente cependant que j’ai été un peu méchante, je tente de l’encourager.

«Allons, je suis certaine qu’elle te dira oui, tu es l’homme dont toutes les filles raffolent après tout. Tu trouveras moyen de…»

Je m’arrête en voyant dans le sac du Champion quelque chose briller. Poussée par une curiosité excessive, j’arrête une nouvelle fois mon tapis en me dirigeant vers le sac en question pour y découvrir son contenu, en espérant ne pas y tomber sur un appareil de plaisir personnel lumineux quand même. Heureusement il ne s’agit de rien de tout cela. Un Œuf y brille avec intensité si bien qu’il n’y a aucun doute : ce Pokémon est sur le point d’éclore.

«Ton Œuf va éclore, Weston regarde!»

L’écaille se décolore et je fais une moue déçue, j’aurais bien aimé assister à cette naissance. L’œuf est d’un jaune vif, strié de lignes noires. Je soupçonne qu’il s’agit d’un Pokémon de type Électrique, probablement Pikachu, Emolga ou Elekid.

«Y’a quoi dedans?»

Je lui adresse un sourire gamin qui me rajeunit de plusieurs années. Mes prunelles brillent alors que l’œuf se remet à luire, me tirant un petit cri d’excitation. Oui, parfois je suis une véritable gamine.

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• Comment [ne pas] éviter le stress •feat. Cassey G. Banks

J’adore ma position de champion. Et maintenant plus que jamais, je ferais tout pour ne pas la perdre. À présent que j’ai à peu près chassé mes démons, à présent que je suis sur la bonne voie pour ne pas être destitué de mes fonctions. À présent que j’ai enfin le champ libre pour profiter pleinement de ma position de champion, il n’est pas question que je perde mon titre. Mais malgré tout, je ne peux pas nier qu’il y a de nombreux inconvénients à occuper cette place. Il m’arrive parfois d’être le dernier au courant d’informations me concernant, et ça, je ne peux pas dire que ça me plait nécessairement. Mêler toute l’île à ma vie privée n’est pas nécessairement des plus agréable, et aujourd’hui encore, je me fais piéger par les rumeurs. Comment profiter pleinement de ces retrouvailles alors que la jeune femme courant à mes côtés semble en connaitre un bon paquet à mon sujet. Elle a beau ne pas avoir l’air de ces sangsues à potins, je suis certain qu’elle en connait certainement plus à propos de ma vie que je ne le voudrais bien. Qui sait ce qu’elle a pu apprendre? Pour être honnête, il y a un petit moment que je n’ai pas été vérifié le contenu des potins à mon sujet, alors je n’ai aucune idée de ce qui peut bien circuler à cette heure. Techniquement, personne ne devrait être au courant des dernières semaines de ma vie, mais encore là, étant familier avec la perspicacité de ces rats de journalistes, on ne sait jamais…

L’idée que Cass puisse être au courant de toutes mes histoires de déboires ne me plait aucunement, pour être honnête. Qu’elle en connaisse peut-être tant à mon sujet, alors que moi, je ne sais presque rien de ce qu’elle est devenue… Enfin, elle ne semble pas non plus être une fine connaisseuse de ma vie, d’après sa manière d’aborder mon potentiel mariage avec Mercy. À moins qu’elle réussisse à bien cacher son jeu, bien entendu…

-Pfff et puis quoi encore, je sais que tu rêves à moi toutes les nuits, Cassey.

Je glisse un clin d’œil à la rousse, cherchant à faire disparaitre mon angoisse avec de l’humour. Je n’ai d’ailleurs pas à travailler très fort, car bientôt la jeune femme cesse d’un coup de me taquiner pour bondir vers mon sac qui s’est remis à briller. Surpris par cet enthousiasme si soudain de la part de la rousse, je manque une troisième fois de me casser la figure, et pour cette raison, avant qu’il ne soit trop tard, je décide à mon tour d’éteindre ma machine pour venir me poser aux côtés de Cassey. Mais contrairement à la jeune femme, l’enthousiasme n’est pas là. Bien au contraire, même. Alors que mon angoisse commençait à s’envoler, il revient cette fois avec une armée en renfort. Cet œuf ne doit pas éclore… Pas maintenant. Je sens mon cœur se mettre à battre avec force, et ça n’a absolument rien à voir avec le petit jogging aux côtés de Cass.

-Aucune idée, et honnêtement, je suis pas trop pressé de le découvrir…

Cet œuf, honnêtement, je ne sais même pas pourquoi je l’ai. Je l’ai remporté dans un tirage auquel je n’ai même pas voulu participer, quelques jours avant mon départ du centre. C’est ridicule. Je devais éviter le stress, je ne devais pas m’imposer plus de responsabilités que nécessaire. Alors pourquoi faire tirer un foutu œuf? Anxieux, je m’empare de l’ovale qui s’est remis à briller pour souffler dessus et le bercer avec nervosité, comme si ça pouvait calmer ses ardeurs de naitre.

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Comment éviter le stressfeat. Weston Elric

Je n’ai assisté, de mon existence, qu’à deux naissances de Pokémon. Ou plutôt qu’à une seule, si on prend en compte que j’étais trop absorbée par mes propres démons pour remarquer que, dans mon sac, le petit Ren venait au monde un peu trop tôt. Et puis la naissance de Sia… Quelques jours simplement après la mort d’Aimee. Je me souviens à peine de cet instant où je n’avais aucune conscience du monde qui m’entourait. Je me souviens par contre parfaitement de la peine, tel un trou noir dans ma poitrine, absorbant toute vitalité, tout espoir en moi, détruisant chaque parcelle de ce que je suis. Je me souviens aussi du premier regard qu’elle m’a jetée, ce petit chaton aux prunelles sombres, l’éclat doucereux de ses yeux. Je me souviens d’avoir pris une grande respiration à ce moment-là, je me souviens encore, comme si c’était hier, que l’Hélionceau m’a rendu au moins une raison pour vivre et continuer à m’acharner malgré ma douleur. J’imagine que je ne lui ai jamais dit à quel point elle peut être importante à mes yeux. Je n’ai pas su être à la hauteur pour elle pendant si longtemps… Aujourd’hui je veux me rattraper et assister à cette naissance l’esprit tranquille. Être en possession totale de mes moyens et accueillir ce bébé comme j’aurais dû le faire avec Ren, avec Sia. Sans aucun regret.

Je caresse tendrement la coquille en encourageant son petit habitant à en sortir rapidement. Je souris déjà à m’imaginer sa bouille adorable, ayant tout oublié de ma raison ici, de mon passé avec Weston. Rien ne m’importe plus que ce moment qui se dessine d’ici quelques minutes. Je ne me soucie pas du regard que nous portent les autres sportifs attelés à leurs machines. Je me contente d’observer l’œuf, mon impatience tambourinant à mes tempes. Je laisse le Champion me le retirer des mains, fouillant dans mon sac de sport pour en retirer une serviette ainsi que ma bouteille d’eau. J’humidifie la première grâce à l’autre, prête à accueillir le bébé. On m’a dit qu’il fallait des serviettes mouillées pour les naissances. Je lève un regard vers le blondin, tout sourire, prête à reprendre l’œuf et l’entourer dans la serviette, mais je me bute à un regard… vide et noir. Comme un mauvais présage. Existe-t-il quelque sombre secret relié à ce bébé? Je l’interroge du regard, un peu froissée lorsqu’il répond qu’il préfère ne pas le savoir et qu’il souffle contre la coquille comme pour l’empêcher d’éclore. L’empêcher d’éclore. Je lui retire brutalement des mains, le fusillant du regard.

«Lâche-le espèce d’imbécile! Je rêve ou tu es en train d’essayer de l’empêcher… de naître? Et tu te prétends un Champion d’Arène? Ils vous engagent grâce à des coupons dans des boîtes de céréales ou quoi?»

Dans mes mains l’œuf brille de plus en plus. Je détourne le regard de Weston. J’ignore ses raisons, mais il n’en reste pas moins que cette naissance n’est nullement à propos de lui. Rien au monde ne la stoppera. Attentive, je surveille la progression de l’éclosion. La chaleur dans mes bras se fait très intense, presque brûlante, mais je garde contenance et mon emprise sur ce petit être. Un corps rond, d’un jaune criant, des oreilles de forme rectangulaires tendues vers le ciel, les jambes et des bras solides. Un Elekid, juste comme je le soupçonnais. Ses petits yeux s’ouvrent, d’un noir d’onyx. Il scrute mon visage rayonnant. Je lui souris avec émotion et lentement, ses lèvres forment un salut tout aussi chaleureux. Je me surprends à rire tout doucement, obnubilée par ce petit être.

«Il est magnifique…»

A-t-il pu l’entendre d’où il se trouve? Ce murmure ému qui a filé entre mes lèvres. Je crois que j’étais fâchée contre lui, contre Weston, mais j’ai déjà oublié. Ce bébé est parfait, en parfaite santé. Fort et vibrant, au regard infiniment bond. Je sens mon cœur fondre devant chacun de ses regards. Il se met à gazouiller, attraper les doigts que j’ai posés contre sa poitrine pour les tenir avec affection.

«Je te le prends volontiers si tu es si prompt à t’en débarrasser. Bienvenue dans ce monde beauté, tu t’appelleras Zeek.»

Car j’en ai décidé ainsi. Une décision irréfutable. Je me penche vers lui pour lui donner un bisou contre le ventre, ce qui provoque son hilarité. Je ne porte plus aucune attention au blondin, complètement absorbée par l’Elekid.

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• Comment [ne pas] éviter le stress •feat. Cassey G. Banks

Les images de la naissance de Dimitri me reviennent en tête, envahissant mon esprit d’images bien peu reposantes. Si certains bébés se font calmes et dociles, le petit ourson faisait alors une énorme exception à la règle. D’ailleurs, Mystique non plus n’avais pas été un cadeau durant ses premières semaines. Je les adore tous les deux, ne me méprenez pas, mais de là à le refaire, dans mon état actuel? Pas question. Oh non, je ne passerai pas mes prochaines semaines à surveiller les moindres gestes d’une petite créature avec assez d’énergie pour lever une montagne. Et je ne passerai pas mes prochaines nuits à courir après un petit Pokémon qui n’a pas la moindre envie de dormir. Je ne peux m’empêcher de repenser à cette scène qui s’était déroulé chez moi, alors que Mystique et Dimitri n’étaient encore que de petits jeunots. Oh, comment oublier… Au milieu de la nuit, cet affreux petit ours s’était mis à poursuivre la renarde avec un couteau de cuisine. Pourquoi? Oh, tout simplement « parce que c’était drôle ». Eh oui, il ne faut pas chercher plus loin avec ces petits monstres. Alors vous comprendrez bien qu’avec l’état actuel des choses, je ne suis pas tout à fait prêt à revivre ça.

La rousse, toutefois, ne semble pas du tout prête à entendre mon point de vue, et se met aussitôt à protester avec force en réponse à mes agissements. Bien sûr, elle n’est pas dans ma tête. Elle ne peut pas comprendre. Et peut-être n’en connait-elle pas plus à mon sujet qu’elle ne le laisse entendre, dans ce cas-là. Peut-être n’est-elle pas au courant de toute cette histoire. En un certain sens, c’est tant mieux. Je ne tiens pas plus qu’il faut à mêler la terre entière à mes problèmes personnels. Mais en même temps, qu’elle sache aurait certainement facilité les choses. Elle n’aurait peut-être pas agit avec autant de violence devant ma réaction pourtant très justifiée. Enfin, ça c’est si elle aurait tout de même acceptée de m’approcher…

-Okay, déjà, ça a aucun rapport, tête de singe! Je suis champion, pas éleveur!

Un air boudeur au visage, je laisse la jeune femme m’arracher de nouveau l’œuf des mains. De toute manière, je n’ai pas le temps de protester de nouveau que l’œuf se remet à briller avec cette fois plus d’intensité, avant de se mettre à changer de forme. Aussitôt, je sens mon cœur se mettre à battre. Ça y est. C’est trop tard. Cette petite bête va naître, et je vais être coincé avec. Bien sûr que je me sens coupable de penser ainsi. Bien sûr que ce petit machin jaune mériterait toute l’attention du monde. Et justement. Il mérite un dresseur disponible, ce que je ne suis pas en ce moment. Dans ma condition, il est primordial que je m’occupe d’abord de moi-même. Que je reprenne les reines de ma vie. Que j’avance, un pas à la fois. Et ce petit Elekid qui vient de prendre forme dans les bras de Cassey pourrait compromettre ce rétablissement.

-Attends, t’es sérieuse là? Tu crois vraiment que je vais te… Attends… T’es VRAIMENT sérieuse? Tu… Tu le prendrais?!

Je m’arrête net dans ma tentative d’aller envoyer balader la rousse lorsque je réalise ses mots. Hormis le fait qu’elle ait nommé sans mon autorisation mon Elekid, elle vient carrément de se l’approprier! Et bien que d’ordinaire, je ne me serais pas gêner pour lui montrer ma façon de penser, je me retiens cette fois, voyant un peu plus loin dans ce scénario.

-T’as pas besoin d’en dire plus, si tu le veux il est à toi.

J’ai laissé derrière-moi toute trace d’agressivité pour adopter un air plein d’espoir. Ce petit Elekid a beau être à croquer, comme le souligne justement Cassey, je ne suis pas plus convaincu de vouloir l’élever. Alors que la rousse me propose de le prendre, honnêtement, ça ne pourrait pas plus m’arranger!

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Comment éviter le stressfeat. Weston Elric

Cet Elekid est non seulement un excellent Pokémon de combat de toutes sortes, je devine aussi aisément une nature bonne et tendre derrière ses prunelles attentives. Il est la définition exacte du genre d’êtres que je souhaiterais avoir dans mon équipe et je ne peux réprimer une bouffée envieuse d’envahir ma poitrine, secondée par une certaine rancœur. Je ne souhaite pas vraiment voir ce bébé tomber entre les mains d’un dresseur qui n’aurait aucunement le désir de l’élever, et la réponse que m’a fournie le Champion me laisse à croire qu’il existe peut-être d’autres facteurs auxquels je n’ai pas pensé qui pourraient expliquer ses réticences. Dans tous les cas il aurait dû se montrer un peu plus enjoué et même impliqué dans cette naissance, comme tout bon dresseur l’aurait fait. Certes, il n’a rien d’un éleveur. Mais en tant que Champion de cette île il a effectivement quelques responsabilités, comme celle de s’occuper parfaitement des membres de son équipe. Ils sont son gagne-pain après tout, sa notoriété, tout ce qu’il possède. Alors oui, je juge que ce petit aurait mérité un peu plus de considération et je suis prête à affronter le blondin à nouveau s’il le faut car sa colère ne fera pas aucun doute après ses paroles que j’ai prononcé d’un ton mi-amer, mi-mielleux. Je me moque ouvertement de lui, remet en doute ses véritables intentions. Comme d’habitude je n’ai aucun filtre à mes paroles qui fluctuent et s’acharnent dans le but ici de protéger un petit être et le faire réagir. Au final, je le souhaite, qu’il se mette en colère et s’insurge. Au moins j’aurai vu chez l’étincelle suffisante pour lui de faire un excellent dresseur pour ce petit. Mais les choses ne se passent pas ainsi.

Car contrairement à la croyance populaire, son attitude change du tac au tac. Son ton se mute de la colère à la surprise, comme si ce que je viens de dire avait quelque chose de véritablement impensable. Eh bien oui, il est normal qu’après l’avoir vu naître dans mes bras, je veuille lui offrir les meilleures options possibles. Et je préférerais vraiment voir le petit Zeek entre les mains d’un dresseur motivé. Si ce n’est pas lui alors peut-être devrait-ce être un autre dresseur, et pourquoi pas moi? Je n’ai aucun mal à demander ce que je crois être mon dû, et ici je le fais encore comme j’ai toujours quelques doutes à son sujet depuis tout à l’heure. Mais encore une fois, s’il se frustre contre moi alors j’admettrai mon tort. Au final une ondée provocatrice se forme contre mes lèvres. Je n’attends qu’une chose et c’est qu’il prenne les armes contre moi. Sauf que ce n’est pas le cas et sa surprise se mute en une proposition qui me tire un sourire narquois.

«Tu sais que des propositions ne se refusent pas hein? Et qu’une fois que j’aurai dit oui, je ne reviendrai pas sur ma décision. Alors ne fais pas des propositions que tu…»

Je l’observe, fermant ma bouche pour une très rare fois. Il a l’air parfaitement sérieux, même soulagé. Peut-être qu’en fait il ne se sentait simplement pas capable de s’en occuper pour le moment. Je soupire puis je laisse un sourire envahir mon visage.

«Bien sûr, Weston. Ça me fera plaisir de m’occuper de lui. Et verras de quel bois se chauffent les bébés dans mon équipe.»

Car tous les bébés finissent par grandir, prendre en puissance, évoluer. J’ai confiance en chacun de mes alliés, aussi petits et naïfs peuvent-ils l’être pour le moment. Je me dirige vers la machine distributrice et y glisse une pièce pour acheter une bouteille de lait, dont les machines des gymnases sont habituellement pleines. Je la tends au Elekid qui en renverse un peu partout sur lui mais avale goulûment. Je lui caresse la tête un court instant avant de l’aider à tenir la bouteille.

«Je crois qu’avec lui dans les parages, mon entraînement tombe un peu à l’eau.»

Je rigole un peu, bien qu’un peu déçue de ne pas avoir pu mener mon entraînement quotidien à bien. J’aurai l’occasion de me dégourdir les jambes à un autre moment. Puis Zeek a réussi l’impossible : me faire oublier ma mésaventure avec Vador.

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• Comment [ne pas] éviter le stress •feat. Cassey G. Banks

N’importe qui me connaissant suffisamment bien sait que j’adore les Pokémon, et encore plus s’il s’agit des miens. N’importe qui me connaissant sait que je serais prêt à tout pour eux. Pour leur donner le meilleur du meilleur. Que je donnerais ma vie simplement pour leur offrir une vie meilleure. Ils sauraient que je serais prêt à tout sacrifier pour eux. Sauf qu’en ce moment, je ne sais pas si j’y parviendrais. Je ne sais pas ce qu’il me reste à sacrifier, en ce moment. Je ne sais pas si je pourrais me le permettre. Alors comment offrir à ce petit être qui n’a rien demandé la vie qu’il mérite? Comment être en mesure de lui permettre de vivre une vie comme il devrait la vivre. D’appartenir à un dresseur qui saura répondre à ses besoins. Qui saura lui offrir amour et attention. Discipline et affection. La réponse est simple. Elle se tient devant moi, sous une tignasse d’un rouge feu. Elle s’appelle Cassey Banks, et elle est prête à le prendre. Du moins, c’est ce qu’elle semble laisser entendre.

-Que je ne peux pas tenir?

Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un petit ricanement silencieux. J’ai failli me laisser aller. J’ai failli dire que je tenais toujours mes promesses, mais bon, nous savons tous qu’il n’y a rien de plus faux. Cependant, aujourd’hui je ne me rétracterai pas. Si je lui offre ce Pokémon, ce n’est certainement pas pour changer d’avis dans dix jours. Arceus sait que j’aimerais le ramener avec moi. Mais il ne s’agit pas ici d’un choix égoïste, bien au contraire. Bien sûr que je pense à moi, lorsque je dis que je ne pourrai pas m’en occuper. Bien sûr que je pense à mon propre bien-être. Mais je pense aussi au sien, qui en souffrira. Le sien, et celui de bon nombre d’autres personnes. Comme mes autres Pokémon, qui devront, en plus de prendre soin du petit à ma place, s’occuper d’un dresseur qui ne saura plus où donner de la tête. Et puis comme Mercy, et Max, et tous les autres qui comptent sur moi pour m’en sortir. Tous ceux à qui j’impose mes problèmes. Arceus, je suis certain que Mercy n’oserait jamais me dire non si je rapportais ce bébé à la maison, et sans-doute qu’elle se proposerait pour s’en occuper. Mais je ne peux pas lui imposer ça. Justement. Ce petit Élekid a besoin d’un foyer stable. D’un dresseur en possession de ses moyens. Pas d’une gardienne à temps partiel.

Un sourire rassuré se dessine sur mon visage lorsque Cass m’annonce sa décision. Alors elle le prendra, hein? Elle prendra certainement bien soin de lui. Autant la jeune femme était à l’époque une véritable buche morte au lit, autant je sais qu’elle savait s’occuper de sa petite Galekid. Comme moi, elle n’hésiterait certainement pas une seconde à se sacrifier pour ses alliés. Alors non, je ne crains pas de lui confier Zeek, comme elle a décidé de le nommer. Elle a beau me traiter de tous les noms, je sais que je prends ici la bonne décision. J’ai toujours pris ce rôle très à cœur, et comme un père qui décide de laisser son enfant aux soins d’un autre pour son bien, je sais que je risque d’hurler aux murs ce soir, et demain, et certainement encore dans dix ans. Certainement que tous les jours de ma vie je repenserai à cette petite boule jaune, en me demandant ce qu’il serait devenu à mes côtés. Mais je sais aussi qu’à aucun moment je ne regretterai.

-Merde, ce gym est pas nettoyé ou quoi? J’ai une stupide poussière dans l’œil…

Libérant un rire nerveux, je tente discrètement d’essuyer la petite larme qui s’est formée à mon œil. Bordel, pourquoi je suis si sentimental, tout à coup? Secouant ma tête comme pour chasser ces idées, je me redresse pour faire face à la nouvelle dresseuse de Zeek. Avec tout ceci, je n’ai plus tellement envie de courir, même si au fond, brûler encore un peu d’énergie pourrait me faire du bien. Mais toute cette émotion m’a en quelque sorte brûlé. Et si je n’avais pas renoncé à l’alcool, j’aurais certainement été partant pour aller noyer ma peine dans un fond de verre.

-Y a un petit café sympa au coin de la rue, ils servent un super cappuchino. Je te laisse m’inviter? C’est la moindre des choses. T’as quand-même eu l’occasion de te rincer l’œil gratuitement depuis tantôt, non?

J’adresse un petit clin d’œil à la jeune femme avec une petite claque sur les fesses en tant qu’encouragement à ramasser ses effets. Si on combine, on a environs vingt ans de vie à se raconter, alors on ferait mieux de s’y mettre.

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Comment éviter le stressfeat. Weston Elric

Bien sûr, la présence d’un bébé Pokémon attire nécessairement l’attention des autres membres de l’établissement sportif. On nous accorde énormément de regards que je ne puis que deviner, entièrement absorbée par ma contemplation de ce nouvel être qui boit lentement ce lait que je lui propose. Le liquide est un peu froid pour lui, je crois, mais au moins il possède les nutriments nécessaires pour le sustenter jusqu’à plus tard. Déjà, ses paupières s’alourdissent et il termine une longue lapée de lait dans un rot significatif. Il est repu pour le moment. Je referme la bouteille et l’essuie contre la serviette avant de la glisser dans mon sac, le tout en berçant le bébé. Ne suis-je déjà pas une maman, en train d’effectuer plusieurs tâches à la fois? Alors que je relève la tête, je constate que Weston est quelque peu émotif et que ses prunelles d’un bleu profond ondulent, tentant désespérément de contenir quelques larmes. Je m’attendris aussitôt. Ainsi, il est triste de s’en séparer? J’ai du mal à suivre ses véritables intentions quant à ce petit et un instant, je crains qu’il ne change d’idée, mais il trouve bientôt une excuse banale pour expliquer ses yeux humides. Il se reprend quelque peu et je n’ose pas le taquiner même si la langue m’en brûle. Je laisserai filer cette forme de faiblesse pour cette fois, me disant qu’il vaut mieux jouer la modestie après qu’il aille pris cette décision aussi insolite qu’inattendue de me confier le bébé.

Je me contente donc de sourire, une moue moqueuse que je ne peux réprimer aux lèvres. Ainsi il saura véritablement que je n’ai rien manqué de cette petite larme émotive mais que j’ai la décence de ne rien relever. Pour ne pas heurter son machisme flagrant vous voyez le genre. Je doute que cette tendance macho se soit résorbée avec le temps chez lui, surtout si son titre de Champion lui a donné l’occasion d’enfler son égo de façon formidable. Le voilà qui me propose une sortie dans un petit café non loin et qui sert des cappuccinos délicieux. L’idée me plaît bien et j’hoche la tête avec un sourire, attendrie encore une fois par le bébé Elekid endormi dans mes bras. Il me paraît déjà grand et fort, même vulnérable ainsi emmitouflé contre moi. Il est plus long certainement que le jeune Ren qui, né prématurément, tenait entre mes deux mains à la naissance. Le bébé Evoli a grandi déjà mais il fait quand même seulement la moitié de la taille de son jeune confrère. Plus tard, lorsque j’en aurai l’occasion, je les introduirai l’un à l’autre et ils auront l’occasion de devenir amis. Weston me taquine en disant que je l’invite, comme c’est la moindre des choses. Je lève les yeux au ciel, surprise lorsqu’il me frappe une fesse. Je ne devrais pas l’être à vrai dire compte tenu de sa personnalité. Je soupire un instant en le fusillant du regard. Il a intérêt à garder ses mains pour lui ou il va goûter à l’entraînement du Régime.

«Hum. Ça me semble juste, à condition que tu ne touches plus jamais mes fesses, monsieur. Tu es presque marié à près tout.»

Je mets mon doigt devant ma bouche comme s’il s’agissait d’un secret. Avant de quitter l’endroit, je conclus notre lien à Zeek et moi en le capturant grâce à une Poké Ball que j’avais heureusement au fond de mon sac. Il y disparaît dans un éclair rouge. Et voilà, me voilà mère et dresseuse d’un adorable Elekid. Surexcitée, je m’empresse de tout ranger mes effets, puis je me dirige avec Weston jusqu’à ce fameux café. Après tout, nous avons beaucoup de temps à rattraper.

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