Se donner les moyens de ses ambitions

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Deux putains de mois. Deux putains de mois qu'il va devoir passer avec ce foutu plâtre au bras gauche, d'après les diagnostic de Mikael. Il a beau grommeler et pester de toutes ses forces, en plusieurs langues d'ailleurs, ça ne changera rien au fait qu'il est bel et bien dans une merde noire pour travailler durant ce laps de temps et qu'il va surtout être un fardeau pour tout le monde, à commencer par ses pokémon. L'entraînement qu'il réserve à ses compagnons pour partir vers les arènes est rude et complexe, alors devoir se débrouiller avec un seul bras est franchement handicapant. Il n'aurait pas pensé qu'un simple petit os cassé demanderait autant de temps, et le voilà qui se rendait compte qu'il avait perdu du temps dans sa préparation. Fin juin et il n'avait toujours pas trouvé tous les membres de son équipe, bon sang ! Si il voulait au moins arriver à remporter tous les badges avant avril, il avait été intérêt à mettre le turbo. Alors même si son corps protestait largement à l'idée d'exercice physique (ces foutus traces de griffe de Polagriffe étaient encore douloureuses), il avait avalé deux antidouleurs, avait serré les dents et quitté le centre pokémon sans plus attendre, en ne laissant à Mikael qu'un mot pour le prévenir qu'il avait besoin d'un bon bol d'air.

Bol d'air qu'il avait l'intention de trouver aux alentours du lac. Cela faisait un certain temps qu'il avait envie de venir ici, mais entre ses horaires de travail interminables (alterner entraînement, auberge et régime tenait presque du miracle) et tout ce qui se déroulait dans sa vie ces derniers mois, il avait un peu oublié ça. Pourtant, il n'aurait pas dû. Il convoite un pokémon de cette zone ; un Mustébouée, plus précisément, petite créature qui lui serait horriblement utile dans le futur si il voulait réussir à remporter les cinq badges nécessaires pour obtenir un match contre son jumeau. Il avait déjà préparé un casque pour cacher son visage et un pseudonyme pour ne pas être gêné en cas de gain de célébrité, mais il fallait avant tout compléter son équipe et terminer son entraînement. Il était loin d'en avoir fini, et commençait sérieusement à se demander comment il allait faire pour gérer tout ça à temps. La réponse ?
Il allait probablement se planter comme une merde dans son timing, mais ça, c'était encore gérable pour son ego, ou du moins ça l'était tant qu'il avait l'impression de progresser. Rester statique lui aurait été insupportable, alors tant pis pour la douleur aiguë dans son bras quand il fait des mouvements brusques, il supporterait. Il avait vu pire en tous cas, et ça, ce n'était pas potentiellement mortel. Enfin, ça, c'était ce que lui avait dit Mikael avant qu'il ne lui lance la pokéball d'Ezekiel dans la tronche, littéralement. Comment ça, gamin ?

Enfin bref. Devant le bord du lac, il poussa un long soupir et indiqua à Zachariah d'aller faire un peu le tour du coin pour voir si il trouvait quoi que ce soit, tandis que Castiel et Seraphim restaient près de lui, autant par souci de sécurité que par caprice pour le premier.

« Cas, veux-tu bien arrêter de me regarder comme si j'allais m'effondrer ? Et par pitié, ne foudroie pas les Magicarpe du regard, t'es ridicule. »

Le Gardevoir lui répondit par une sorte de grognement qui lui fit lever les yeux au ciel et soupirer profondément, exaspéré.

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Pour l'instant, et même si Clive devrait se gifler d'une telle niaiserie, il ne peut pas dire qu'il n'apprécie pas le fait d'être venu ici. Malgré la chaleur, l'humidité et tout ce qui le dérange, il peut au moins respirer un grand coup loin de tous ses problèmes pour y voir un peu plus clair, chose ô combien utile dorénavant. Décidé à ne pas bouger, il transpire néanmoins un peu beaucoup et va finir par croire qu'il va mourir en fondant ; il n'y a pas d'autres alternatives possibles. Même Castiel paraît un peu dérangé par cette foutue chaleur, lui qui est pourtant si peu expressif à ce sujet d'ordinaire. Sera, en revanche, déborde d'énergie, ce qui n'est pas inhabituel pour lui et même franchement prévisible, si bien que son dresseur ne peut que lever les yeux au ciel à le voir sautiller ainsi devant le lac, débordant d'une curiosité enfantine. Il peut bien offrir à ses compagnons un instant de détente, et pour cette raison, il fait sortir Balthazar, Ezekiel et Abaddon de leurs balls pour qu'ils profitent eux aussi d'air frais, même si c'est sous un soleil de plomb.
La Galegon, sans surprise, préfère rester en arrière avec le Démolosse pour ne pas être trop près de l'eau. Le chien des enfers lui est tout à son aise, même s'il jette de temps à autre des coups d’œil nerveux vers le lac comme si un monstre allait en surgir pour le tirer vers cet masse aquatique afin de l'y noyer. Clive gloussa moqueusement, s'attirant ainsi le regard foudroyant d'Ezekiel, mais cela ne fit que renforcer son hilarité et il se contenta d'une moue taquine comme réponse face aux grognements du Démolosse.

Même Castiel se laisse aller aux gamineries de Sera et, alors que celui-ci est occupé à tapoter sur la surface du lac, soulève une petite masse d'eau grâce à ses pouvoirs psychiques au dessus de sa tête avant de la faire tomber comme une cascade, trempant complètement le Farfaduvet qui sursauta. Pour bien terminer tout ça, il tomba évidemment dans le lac. Le Gardevoir, hilare, ne pu que rire, mais déchanta vite lorsque Seraphim sortit de l'eau, un sourire maléfique au coin des lèvres. Castiel déglutit et recula, mais fut trop lent, car le Farfaduvet venait de lui sauter dessus, complètement couvert d'eau, et voilà qu'il l'entraînait dans le lac avec lui, sous les regards à la fois étonnés et un peu effrayés des autres. Une fois le Gardevoir tombé, un rire clair mais puant le maléfice sortit de la gorge du Farfaduvet. Leçon retenue : ne JAMAIS faire chier Sera sous peine de devenir la victime.

Enfin bref. L'attention du Farfaduvet fut attirée par un Viskuse qui passait par là, probablement trop timide pour jouer, mais Seraphim n'était pas trop dérangé par cela et, retournant sur la berge, il alla près de la méduse. Après un rapide échange de sourires, Clive vit le pokémon plante préparer une attaque Eco-Sphère, et en conclut donc qu'il venait de demander un combat. Il leva les yeux au ciel.
Aussi gentil qu'était Sera, il n'allait pas cracher sur un combat où il avait un avantage clair de type. Qui est l'idiot qui a dit que les Farfaduvets étaient juste d'adorables boules de cotons ?

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Seraphim est peut-être l'un de ceux qui, dans l'équipe de Clive, paient le moins de mine. Après tout, qui se méfierait d'une adorable boule de coton au grand sourire qui rougit un peu trop souvent ? De par sa gentillesse, sa sympathie et sa générosité, nombreux sont ceux qui sous-estiment largement le Farfaduvet en pensant avoir affaire à une faible petite chose. Clive a bien l'intention de prouver le contraire cette année, mais il a encore le temps de l'entraîner. Enfin, du moins, il avait prévu que cela soit le cas avant, mais il n'a pas vraiment eu le choix puisque Sera lui a explicitement demandé de l'aider à progresser il y a de cela une ou deux semaines. Au départ, il avait énormément hésité, sachant que cela voulait dire qu'il allait retarder l'entraînement d'Abby, en plus de celui de Nathaniel. Néanmoins, faible comme il est, il n'a pas su résister longtemps à ces grands yeux et a finalement accepté de donner un entraînement plus intensif au jeune Farfaduvet un peu trop déterminé pour son propre bien-être. Il n'est pas un spécialiste du combat, mais il peut adapter la théorie à la pratique, bien que cela soit parfois très compliqué et qu'il n'est pas vraiment très doué avec son instinct.

L'Eco-sphère de Seraphim est tout simplement magnifique. Claire, pure et puissante ; le Viskuse n'a pas eu beaucoup de chance, et le voilà qui perdait le combat en moins de temps qu'il le fallait pour dire 'aouch ça fait maaaaaaaaal'. Le Farfaduvet remercie le poisson de ce combat et le Viskuse disparaît dans le lac, probablement pour s'y reposer paisiblement sans être dérangé, chose que Clive peut respecter. Il a observé la scène de loin, tout comme les autres pokémon. Le petit sourire fier de Castiel en dit bien assez, et Clive ne peut pas s'empêcher d'être impressionné. Le petit Doudouvet frêle a bien grandi, et sincèrement, l'officier est immensément fier de lui.
Le hérisson décide de s'ouvrir une cannette de soda qu'il vide de moitié en moins de cinq secondes. Bordel, qu'il fait chaud... Il pousse un long soupir exaspéré et, avec l'aide de Castiel, finit par retirer son t-shirt afin de pouvoir se baigner un peu. Il pose ses pieds dans l'eau et poussa un soupir de satisfaction, content de pouvoir au moins ne pas avoir l'impression de cramer sur place. Le Farfaduvet revient auprès d'eux, et alla se sécher sur la berge à côté d'Ezekiel qui ne pouvait pas franchement dire non.

Bon, il ne pouvait pas non plus rentrer complètement dans l'eau ; avec son plâtre, c'était juste impossible, alors il allait devoir se contenter de ça, mais c'était déjà bien. Au moins, il n'avait pas l'impression de mourir vivant, bien qu'il savait pertinemment qu'il allait avoir plus d'un coup de soleil à la fin de la journée. Et comme d'habitude, il allait probablement devoir en supporter les conséquences. Il battit un peu des pieds dans l'eau en sifflotant un air quelconque.

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Alors qu'il profitait paisiblement d'un peu de détente et d'eau rafraîchissante, ce fut le regard médisant d'une Mamambo de mauvaise humeur qui vient rencontrer le sien. Le hérisson fronça les sourcils, confus quant à ce qui avait bien pu provoquer la colère de cette femelle tellement rose qu'elle en aurait fait chier des arcs-en-ciel cacas à tout le monde, et finit par se dire qu'il valait mieux ignorer cette affreuse chose pour ne pas être embêté. Castiel aurait pu lui apprendre la politesse avec Tonnerre me direz-vous, mais lancer un éclair dans un lac était une aussi bonne idée qu'utiliser de l'huile pour arrêter un feu. Soit, en gros, une catastrophe monumentale. Il n'allait pas non plus causer un désastre naturel à cause de sa frustration, bien que cette Mamambo l'énervait et pas qu'un peu à le considérer ainsi, avec cet air de mépris. Il décida qu'il pouvait bien se contenter de se concentrer sur ses pieds parce que jeter des regards noirs à un poisson n'allait absolument pas aider son affaire.
Pourtant, alors qu'il reste loin, il se reçoit un jet d'eau en pleine figure qui le fait se renverser à l'arrière, son dos rencontrant alors l'herbe fraîche. Il peste et jure, mais n'a pas trop le temps de réagir puisque quasiment instantanément, une boule d'énergie verte vient à la rencontre de la Mamambo et l'envoie valser un peu plus loin. L'attaque n'a pas suffit à mettre KO, mais elle a fait suffisamment de dommages pour l'inciter à rester loin avant que la colère des cinq pokémon présents ne s'abattent sur elle. Clive remercia Sera d'un hochement de la tête ; le Farfaduvet puait littéralement la fierté, alors il n'allait pas nourrir son arrogance davantage, surtout quand c'était au sujet d'un combat. Il savait mieux que quiconque où l'ego pouvait amener, et il n'allait sûrement nourrir celui de ses compagnons. Il avait déjà assez d'Ezekiel et sa fierté démesurée, merci bien.

Puis, machinalement, il sortit un bouquin de son sac et se mit à lire en silence. Il pesta en constatant que Castiel se mettait à tourner les pages par télékinésie de loin, ne supportant pas d'être traité comme un enfant ayant besoin de ses parents, mais il n'allait pas mentir sur le fait que c'était foutrement utile. Au moins, il pouvait lire sans craindre de faire tomber le bouquin ou de galérer à tourner une foutue page. Ce bouquin là, Le Cri du Roucoups, il l'avait acheté pour la simple raison qu'il avait vu le nom d'auteur de son frère jumeau dessus. Il n'en était qu'au dixième à peine, mais c'était une bonne distraction et lire en écoutant l'eau et la nature, c'était certes bucolique mais infiniment reposant. Repos dont il avait désespérément besoin.

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Autant dire que Clive n'avait jamais vraiment pensé que son jumeau deviendrait romancier, tiens. Il avait toujours su et vu qu'il savait se débrouiller avec les mots et qu'il disposait d'une certaine éloquence qui l'avait à de nombreuses reprises sorti d'épineuses situations dans lesquelles il s'était fourré. Si Clive s'en sortait en ne faisant pas de conneries, eh bien Faust évitait les emmerdes en usant des mots pour ne pas être blâmé ou pour retourner la situation en sa faveur. Ainsi, lorsqu'il leur avait dit qu'il avait commencé à écrire et que son premier bouquin n'allait pas tarder à être publié, il avait tout juste haussé les sourcils. Au final, il n'avait pas franchement était déconcerté par l'idée et avait même acheté son premier bouquin le jour de sa sortie, et ce malgré le fait que Faust lui ait supplié de ne pas s'en approcher. Il n'avait pas eu de remords, comprenez bien, car lire quelque chose écrit par son jumeau était tout simplement priceless de par le fait qu'il avait alors un point sur lequel le taquiner. Étant un rat de bibliothèque, il les finissait généralement en quelques heures, avant de donner son impression générale à son jumeau qui partait alors dans un véritable vomissement de dévalorisation quant à ses talents d'écrivain. Chose à laquelle Clive répondait souvent, agacé et pas franchement déterminé à se faire chier à se prendre la tête avec son frère, par un coup de bouquin sur la tête, avec la reliure s'il vous plaît, ça fait plus mal.
Breeef. Tout ça pour dire qu'en attendant, il se détendait en paix devant un bon roman, une cannette de soda à moitié vidée et encore fraîche et qu'il n'avait nullement l'intention de bouger dans l'immédiat.

Il s'endormait presque. Enfin, il se serait endormi si Sera n'était pas venu lui tapoter légèrement l'épaule afin d'attirer son attention, et il grommela un peu à cause du sommeil qui commençait doucement à s'emparer de lui. Le Farfaduvet lui demandait son autorisation pour aller jouer avec des pokémon du coin, et l'officier hocha de la tête. Il n'allait pas arrêter son compagnon dans sa quête d'amusement, même si connaissant Sera, il risquait peut-être de causer une hécatombe de poissons. Mustébouée n'avait pas l'air de vouloir se montrer pour l'instant, et Zach n'était toujours pas revenu de ses recherches ; tant pis, il attendrait.

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Clive n'est pas vraiment du genre à apprécier la farniente, en fait. C'est même plutôt un bourreau de travail malgré la fainéantise dont il fait preuve quelques fois, et c'est même honnête de dire qu'il ne prend jamais de vacances parce qu'il n'a pas le temps. Parce qu'il ne se donne pas le temps en fait, mais là, à chercher un Mustébuée comme ça sans avoir le moindre signe qu'il soit présent, Clive n'a pas d'autres choix que de profiter du calme. Pour une fois qu'il n'a pas à supporter les gamineries d'Azazel tiens, ou les beuglements de clients bourrés insupportables, il ne peut pas vraiment se plaindre sans être d'une mauvaise foi considérable, chose qui n'est pas tellement développée chez lui. Il voit vaguement Seraphim s'amuser avec un Poissirène, et sourit un peu devant ce spectacle pour le moins attendrissant, mais sa contemplation est vite perturbée parce que le Farfaduvet lance alors une boule d'énergie verte sur le poisson qui vole sur deux mètres avant de retomber dans l'eau. Clive hausse les sourcils et grimace, se demandant ce qui a bien pu arriver pour causer une pareille violence, mais l'expression courroucée de Sera lui assure qu'il n'a vraiment pas envie de savoir, par le caleçon d'Arceus !

Zach se rapproche un peu du Farfaduvet et tente de lui remonter le moral, et n'a pas énormément de mal à le faire puisque la petite boule de coton déborde d'énergie et de bonne humeur, de sorte qu'il ne passe pas des heures à déprimer même quand quelque chose le dérange. Clive pousse un long soupir en constatant qu'il arrive déjà à la moitié de son bouquin, et décide que vu qu'il est bientôt onze heures et que son estomac commence à se plaindre, que pêcher serait une bonne idée. Il a ramené une canne d'ailleurs, au cas où, et même si il n'a jamais pêché de sa vie, il peut bien apprendre sur le tas, hein ! Il avait même ramené un bouquin de théorie, alors il devrait s'en sortir sans trop de soucis, ce n'était pas extrêmement compliqué...

Ahahahahahah. Il était parti pour avoir une mauvaise surprise, tiens...