Vieux souvenirs

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« Mais, dans le cas où je me retrouverai face à un pokémon feu, j'aurais juste à envoyer Tosh !
- Et si celui en face sait utiliser une attaque sol, hn ? En plus de ça, ton Chamallot est lent, ce qui est normal pour son espèce, mais c'est un énorme point faible.
- ... Pourquoi est-ce que tu me parles d'une attaque de type Sol ? Tosh est de ce type, il ne sera pas désavantagé par...
- Tu as vu ma Baggaid ? Si elle est touchée par une attaque de type combat, elle prendra énormément de dégâts. Les joies des doubles-types, que veux-tu. 
- Je... Je ne savais pas.
- Soyons honnêtes, je ne savais pas avant d'avoir jeté un coup d’œil dans mon pokédex hier soir. »

Faust rit, amusé, et Natsume le considéra avec un sourire levé, se demandant ce qui pouvait être drôle dans cette histoire. Décidément, l'adolescent était de plus en plus persuadé que l'adulte riait tout simplement pour un rien, ou alors il était atteint par une maladie grave dont il ne lui avait parlé. Sa dernière hypothèse était qu'il était tout simplement con, et sans surprise, c'était celle que Nat' avait choisi de croire car elle était la plus probable. Tetsuya était encore sur ses épaules ; le petit Chenipotte s'habituait doucement à son nouveau perchoir, l'air pas franchement dérangé et même plutôt à l'aise malgré le fait que sa capture remontait à une douzaine de minutes à peine. Ils n'ont pas énormément bougé en fait, ils se sont même assis pour parler un peu et profiter du calme. L'éleveur s'occupe des ailes de sa Tropius, grimaçant un peu en réalisant qu'il fait toujours un mètre soixante et espérant secrètement grandir, en retire les petites poussières et veille à ce qu'elles soient dans un état impeccable. Il y a quelques jours, Yoshiko ne lui aurait même pas permis de rester aussi près et surtout de réaliser un acte aussi particulier. Pourtant, la Tropius indépendante semble s'être faite à la présence du porc-épic et Natsume se sent honoré d'être ainsi traité, ayant pleinement conscience que la femelle pourrait faire du lui un abominable tas de purée si elle le souhaitait.
Toutefois, malgré le fait qu'il n'est qu'à deux mètres de hauteur, son vertige fait des siennes et il sent ses mains trembler. Il a peur. Arceus, il se sent gelé sur place, et il a malheur de jeter un regard en bas, ce qui aggrave encore plus son immobilisme. Il sait que c'est ridicule d'avoir ainsi peur alors qu'il n'y a rien strictement rien à craindre et qu'il n'est pas à une hauteur suffisamment importante pour mourir en cas de chute, mais sa frayeur le tétanise et il sent tous ses poils s'hérisser. Faust le remarque, car ses sourcils se froncent et il s'approche un peu de la Tropius et de son dresseur, inquiet.

« Nat ? Tout va bien ? »

L'éleveur tremble. Il n'arrive pas à bouger, et même Yoshiko a tourné sa tête vers son dresseur, curieuse et elle aussi légèrement inquiète.

« O-oui, tout va bien, je... » balbutie-t-il alors faiblement pour tenter de sauver les apparences.

Ce n'est pas ce mensonge aussi malhabile qui va convaincre Faust. Le conseiller affiche sa plus ferme expression de mécontentement.

« Natsume, est-ce que tu as le vertige ? »

L'adolescent se tait. Faust soupire, excédé.

« Espèce d'idiot... Pourquoi tu me ne l'as pas dit plus tôt ? »

Natsume ne répondit pas, si terrorisé que le fait même de bouger lui paraissait impensable. Tetsuya, sur son épaule, essayait de le sortir de sa transe en frottant sa tête contre celle de son dresseur.

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Terrorisé. Tout son corps entier est comme gelé alors qu'il observe le sol avec une telle frayeur qu'il est incapable de voir correctement ce qui se passe. Il sent que Yoshiko redescend au sol lentement, presque comme si elle ne voulait pas davantage le brusquer, et Faust vient le chercher avec le douceur, le tirant loin du dos de la Tropius qui l'observe avec inquiétude, tout comme son cousin. Il tremble et a l'impression de transpirer, si bien que Nat comprend difficilement qu'il est en sécurité.

« Nat', écoute-moi. Tout va bien. T'es en sécurité, alors regarde-moi et respire. »

Le hérisson vient de saisir son visage entre ses mains pour le forcer à le regarder dans les yeux et, en suivant la voix de l'aîné qui fait de son mieux pour calmer sa crise de panique, et l'attire doucement dans ses bras pour le bercer et faire cesser sa crise. Il ne sait pas ce qui peut bien autant le terroriser et le mettre dans un état pareil, mais il sait qu'il n'a plus envie de remonter sur le dos de la Tropius pour voler. Pourtant, les premiers jours, il avait réussi à ne pas penser à son vertige, mais c'est comme si il s'était éveillé soudainement. Toutefois, dès ses tremblements commencent à refluer et qu'il reprend peu à peu la maîtrise de son cerveau, il repousse immédiatement Faust qui le laisse s'éloigner un peu sans chercher à le rattraper, ayant conscience qu'il doit lui laisser un peu d'espace, même si c'est causé par une fierté très mal placée. L'adolescent passe une main derrière sa nuque par réflexe, gêné de s'être ainsi laissé emporter mais toujours aussi mal à l'aise. Le conseiller soupira.

« Nat', tu penses pas que tu devrais me dire ce qui s'est passé pour que tu te mettes dans un état pareil ? Qu'on puisse au moins tenter de régler le problème ?
- Y a pas de problèmes à régler.
- Natsume Shimomura, ose me regarder dans les yeux en disant ça. »

L'adolescent grommela une ou deux injures assez impolies qui firent simplement lever les yeux au ciel à Faust. Décidant d'ignorer son cousin, Nat se dirigea vers la Tropius et caressa doucement son cou pour la rassurer, appréciant le sourire de Yoshiki qui ne le repoussait pas.

« Désolé, Yoshi. Ce n'est pas de ta faute. »

La Tropius émit un grondement rapide, un petit avertissement bref qui fit comprendre à l'éleveur qu'il avait intérêt à ne plus jamais cacher ce genre de détail. Le conseiller les regardait en silence, paraissant plongé dans sa réflexion.

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« Tu comptes faire quelque chose pour ça ? J'veux dire, un jour ou l'autre...
- Rester au sol est un bon programme à mes yeux. Pas de soucis, comme ça ! »

Faust leva les yeux au ciel. Inutile de chercher à convaincre l'adolescent de parler de ça dans son état, surtout vu qu'il cachait difficilement les quelques frissons qui parcouraient son corps. Toutefois, le conseiller devait admettre que Natsume faisait de son mieux pour ne pas avoir l'air plus pathétique, cherchant même quasiment immédiatement à passer à autre chose, plus intéressé par les environs que par sa petite crise de panique. Faust ne chercha pas à pousser le sujet plus loin, se doutant qu'il risquait de ne rien arranger en abordant ça, vu que Natsume refusait catégoriquement d'en parler. Le porc-épic s'était d'ailleurs élevé et s'épousseta lentement avant d'aller cueillir quelques baies en portant des gants. Faust fronça les sourcils et s'approcha du cadet, curieux.
Celui-ci récoltait quelques plantes qui ma foi, ne disaient pas grand chose à Faust. Il fallait dire qu'elles ressemblaient plus à des feuilles, sauf si on comptait les minuscules petits bourgeons encore fermés au dessus. Le conseiller ne pouvait pas se dire grand expert en matière de végétation ; de son côté, il avait juste appris quelles baies étaient comestibles et quelles plantes ne devaient en aucun cas être ingérées ou touchées. Toutefois, celle que le jeune éleveur s'entêtait à ramasser à l'aide de sa Arcko ne lui disait absolument rien. Faust haussa les sourcils, surpris.

« C'est quoi, ce truc ? T'en as besoin ? »

L'adolescent hocha négativement de la tête, un sourire mystérieux et joueur en tête. Il effectuait son travail en douceur, de sorte que même le hérisson était surpris de constater son comportement. Toute l'énergie brute qui débordait d'ordinaire de lui s'était résorbée, remplacée par un méthodisme ainsi qu'un sérieux inébranlable. Curieux changement.

« Nan, elles sont même super dangereuses. Le côté inverse des feuilles peut causer des démangeaisons si intenses qu'elles pourraient faire pleurer n'importe qui. J'ai lu quelque chose à leur sujet dans un livre, et j'ai envie de vérifier par moi-même. »

Silence. Un grand sourire mielleux et faussement innocent étira les lèvres de Nat. Sourire aussi grand que la Parecool à moitié en train de faire un trip à quelques mètres de là, Parecool non remarqué par les deux idiots.

« Diiiis Faust, tu penseras à m'acheter un microscope ? »

Il reçut comme seule réponse un grognement.

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Natsume poussa un soupir de soulagement en constatant que son cousin avait fini par abandonner l'idée de lui faire parler de ce qui avait provoqué sa crise de vertige. Tant mieux. Ce n'était pas que l'adolescent n'avait pas confiance en son abruti de responsable légal, mais disons qu'il n'avait pas énormément besoin de lui parler de ça vu qu'il s'agissait d'un souvenir assez vieux et, au final, peu intéressant. Ce n'était pas comme si il avait l'intention de voler tout le temps sur le dos de Yoshiki ; en fait, il prévoyait même que ce ne soit plus jamais le cas, même si penser qu'il arriverait à cela était immensément arrogant de sa part. De toute façon, il ne pourrait pas faire sans son vertige. Ses peurs des espaces clos et des tremblements de terre ne s'étaient jamais résorbées, malgré tous ses efforts et ses nombreuses heures passées chez des psychologues. Même en y mettant tout son cœur, il était encore aujourd'hui transformé en larve infâme lors de la moindre secousse, à sa grande honte. Combien de fois avait-il vu son Chamallot culpabiliser pendant des jours et des jours après avoir effectué une attaque Ampleur ? Depuis, Tosh avait appris à ne plus faire la même erreur et n'utilisait de ces capacités-là qu'en cas d'urgence, ou tout simplement lorsqu'il s'agissait d'une question de sûreté. Mais tout ça pour dire qu'il n'avait pas envie de penser à ces mauvais souvenirs, surtout pas maintenant qu'il voulait avant tout s'amuser et se distraire.

Alors pour cette raison, il refuse de repenser à ces affreux souvenirs. Ces heures passées en hauteur à pleurer alors que Nagisa l'attendait en bas, désespérée à l'idée que son petit frère, encore fragile, soit plus abattu qu'il ne l'était déjà par ce nouveau coup dur. Des cauchemars pendant des semaines et des semaines, une incapacité totale à regarder un vide de plus de deux mètres, bref, une catastrophe absolue. Natsume avait pourtant réussi à supporter son premier vol sur le dos de Yoshi à peine arrivé, même si il avait rendu son petit-déjeuner une fois arrivé deux ou trois fois, mais il semblait qu'il n'en avait pas été capable cette fois. L'adolescent ne tremblait plus, mais il savait que de temps à autre, il grimaçait rien qu'à repenser à l'affreuse sensation d'impuissance qui l'avait envahi. Bordel de merde, il n'était pas si faible que ça ! Il buta rageusement dans un caillou alors qu'il rangeait un premier paquets d'herbes dans sa sacoche, agacé. Enfin. Il ne restait plus qu'à continuer ses recherches ; il trouverait sûrement d'autres choses à emporter avec un peu de patience.

« Plus de trois quarts d'heure qu'on poireaute et pas un seul Balignon... J'crois que t'es maudit, minus.
- Tais-toi et aide-moi à chercher. »

Il n'allait pas partir sans avoir trouvé ce Balignon, ni sans en être parfaitement satisfait de sa visite. Cette fois-ci, il n'y avait pas de risques de se faire mordre jusqu'au sang, au moins. Lorsqu'une Laporeille au sourire charmeur aussi insupportable que mielleux vint s'approcher, Kaede n'eut qu'à lui offrir un regard noir pour qu'elle comprenne qu'il ne valait mieux pas qu'elle tente sa chance ici.