Cher Maxwell,

Il est vrai que depuis quelques temps, je n’éprouve plus aucun plaisir à sourire. C’est étrange de ma part de penser de la sorte, n’est ce pas ? La coordinatrice toute joyeuse qui transmet sa bonne humeur pour que, tout le monde soit heureux. J’avais conscience de ce pouvoir dont j’étais particulièrement fière. Sauf que maintenant c’est un pouvoir qui s’est éteint. Peut être qu’il se trouve encore au plus profond de moi, je sais simplement qu’il est caché, enfoui et n’est pas encore prêt à réapparaître. Etonnamment, je ne vois plus la vie de la même façon et tout ce qui me donnait l’envie d’apprécier le monde, semble bien morne dès à présent. Comme si tout avait perdu de sa couleur, de son éclat. Comme si je découvrais que l’humanité n’est pas aussi belle et parfaite qu’on prétend nous le dire. Il est vrai que l’on découvre toujours de nouvelles choses en grandissant, mais pour une fois, j’aurais bien préféré l’ignorance. Ne pas découvre ainsi la vérité sur ce monde, sur ces habitants. Je préfère de loin la naïveté à la cruauté ainsi que l’égoïsme dont on peut faire preuve une fois en connaissance de cause. Je sais maintenant que l’homme est prêt à tout pour le pouvoir. Peut être que je le pensais avant, mais que je ne voulais pas le croire.

Pour être tout à fait honnête, je ne me reconnais plus moi-même après tout ce qu’il s’est passé. J’ai l’impression que même si je l’avoue ici, je suis incapable de lutter pour m’en sortir une fois dans le monde réel. Tout n’est pas sur mes épaules, je sais que d’autres ont du vivre pire, mais malgré moi, je n’arrête pas de m’apitoyer. Mais, sache néanmoins – rassure moi, je peux bien te tutoyer dans une lettre hein ? – que recevoir ta lettre ma tout de même fait sourire. J’ai même versé quelques larmes pour être honnête avec toi. Je reste une bombe à retardement d’émotions, ça, c’est un fait qui n’a pas et ne changera pas avec le temps. Tout ce qu’il s’est passé, je ne pourrai pas oublier, je ne peux pas. J’essaie, mais je n’y arrive pas. Tu me penses bien entourée ? Sans t’offenser, cela m’a causé beaucoup de tort. Retrouvez quelqu’un, un ami plus précisément qui se trouve être le complice de votre bourreau, c’est quelque chose de dur à supporter. Penser pouvoir s’appuyer sur des compagnons qui n’hésite pas à nous laisser pour le plaisir de… de quoi d’ailleurs ? Je n’ai toujours pas compris ses raisons. Je ne veux plus le voir. Mais je sais que faible comme je suis, je finirais par pardonner. Max’, tu crois que la vie est comme ça tous les jours ? S’il est aussi difficile pour moi d’avancer après ça, je ne sais pas si je serais capable de rester dans ce monde là.

C’est quelque chose que je vis en ce moment. L’insécurité et le doute de sa présence sur terre. Tu réagirais comment toi ? J’ai besoin en ce moment de me dire que tout va s’arranger si je m’améliore. Si je change. Si j’arrête d’être aussi naïve, aussi puérile. J’espère seulement que c’est possible. Car pour que cela fonctionne à 100%, il faut que je le veuille réellement, mais j’aime ce que je suis. Ta lettre me prouve que tout de même, je peux avoir confiance, que je peux me sentir en sécurité malgré la distance. Ça, c’est un lien que je veux garder et partager avec toi, encore et encore. Ce pokémon, rien que par sa présence et savoir qu’il provient de tes propres mains me réchauffe le cœur. J’espère pouvoir lui apporter la vie qu’il mérite et le protéger contre les dangers de ces lieux. Si ta mission était de me faire sourire, tu peux te désigner vainqueur. Tes mots, ces paroles que tu as écrites, sont toujours de grande aide et de réconfort. Je la garderais avec moi, pour me souvenir de ta présence à mes côtés. Je sais très bien que cette lettre est longue, contenant très peu de gaieté, je m’en excuse. Plus tard, je t’écrirais de nouveau pour te dire que je vais bien, que j’ai su tourner la page, et que le passé est derrière moi.

En attendant, merci beaucoup de ton soutien. J’espère que tu réalises à quel point, lire cette lettre m’a touché.

Encore merci.

Simplement merci.

Yumi Tokiro