Badge n°1

VS Charlotte S. Laurens

Agacement. C'est l'émotion majoritaire dans son esprit à l'instant, alors qu'il avance lentement mais sûrement vers l'arène. Pourquoi marcher quand on peut se téléporter, me direz-vous ? Eh bien disons que pour l'instant, la source de son énervement et son Gardevoir ne faisait qu'un, aussi insupportable à supporter que ce soit pour le pingouin qui grommelait intérieurement depuis qu'il avait pris le taxi pour Zazambes. C'était stupide. Puéril, immensément même. Mais pourtant, il avait refusé de lâcher l'affaire devant Castiel et cette espèce de stupide fée sans pattes avait choisi de se mettre à bouder dans sa pokéball depuis deux ou trois jours, peu de temps après qu'il ait révélé à son équipe la stratégie qu'ils allaient utiliser pour tenter de gagner ce premier badge. En apprenant qu'il ne ferait pas partie des choisis malgré son avantage net de type, le Gardevoir avait fermement protesté, allant jusqu'à provoquer une sorte de dispute avec son dresseur (soit un échange de regards meurtriers particulièrement impressionnants), et vu que Clive avait fermement refusé d'accepter ses caprices, eh bien la situation était statique depuis ce jour. C'était particulièrement stupide et le hérisson le savait très bien, mais il était hors de question qu'il cède, surtout quand il était aussi sûr de sa stratégie, ou du moins qu'il avait passé un certain temps à s'entraîner avec ce plan en tête.

Devant l'arène, il prend quelques instants pour respirer. Pour partir en quêtes des badges de la compétition, il a dû se rendre à l'évidence rapidement ; il allait falloir qu'il cache son visage ; Nul doute que l'arrivée subite d'une copie conforme de Méphisto aurait suscité des questions, et il n'avait pas envie d'être la source de ragots comme l'était son jumeau, bien qu'il est vrai qu'à porter un casque de moto pour dissimuler entièrement sa tête et un blouson noir complètement fermé, il allait probablement attirer un peu l'attention, mais ça il s'en fichait complètement. Le seul problème... C'était la chaleur. L'horrible chaleur de l'été combinée à son accoutrement... Eh bien disons qu'il se sentait comme un œuf à la poêle. C'est-à-dire qu'il était en train de griller sur place, si la comparaison n'est pas suffisamment claire. Enfin. Là n'était pas sa préoccupation principale. Pas encore, du moins.
Sa préoccupation, c'était l'arène. Ou du moins le match qui allait être son premier, et inutile de dire que le stress qui le faisait autant déglutir devant la porte d'entrée le faisait aussi paniquer un peu, chose inhabituelle pour lui. Difficile pour quelqu'un d'aussi réfléchi de garder un calme complet devant une pareille situation, mais pourtant c'est ce qu'il doit faire. Si il veut même avoir une chance infime contre son jumeau (si il arrive à ce niveau, mais c'était une autre histoire), il faut qu'il y parvienne. Alors il ravale sa peur et se concentre plutôt sur ce qui va arriver avant d'avancer.

Ouais, c'est bien joli de se dire ça, mais un pingouin observé par des dizaines de spectateurs venus assister au match... Ben disons que bonjour la panique interne, quoi. Il ravala difficilement sa salive en s'avançant, assez angoissé, mais remercia Arceus pour ce casque qui, même si il lui donnait l'impression d'avoir la tête enfournée dans une chaudière, pouvait au moins lui permettre de masquer son visage. Son regard se posa sur la championne, et il s'inclina respectueusement.

« Merci de m'accueillir, mademoiselle. »

Il espérait que sa voix ne tremblait pas, mais d'après son impression, il avait réussi à garder une image de sérieux total. Il avait même fait l'effort de la rendre un peu plus rauque pour la différencier de celle de Méphisto, parce qu'on ne rigole pas avec les détails chez le pingouin. Tant que personne ne se doutait du chaos de sa tête, tout se passerait bien. À peu près.

« Bon match. » dit-il de la voix la plus tempérée qu'il pu maîtriser.

Puis, après avoir ravalé sa salive, il saisit une sphère colorée à sa ceinture, la dernière, et en laissa sortir une Mustéflott qui, dès qu'elle sortit, émit un cri de joie qui tendait vers le rugissement. L'officier ne fut pas surpris de voir un gigantesque sourire sur le visage jovial d'Hannael, bien qu'il aurait aimé qu'elle soit un peu plus sérieuse sur le coup. Il n'allait toutefois pas se plaindre ; au moins, la bonne humeur de son pokémon influencerait en quelque sorte la sienne, et il valait mieux qu'elle soit ainsi plutôt qu'elle panique. La femelle lui frappa dans la main, et vint ensuite se mettre en place avant de saluer la championne d'un signe de la tête, son sourire ne disparaissant pas de son visage. Clive se retient de soupirer, un peu amusé sur les bords.
Maintenant... Il allait juste essayer de ne pas remarquer Mikael dans les gradins, mais vu le gros sourire de ce fumier, ce serait difficile. Il avait fini par lui enlever son plâtre un peu en avance à condition qu'il lui dise où et quand il irait pour son premier match, et Clive en gardait toujours une certaine amertume dû à sa fierté. Mais en même temps, avec le costume de Gabriel, il valait mieux ne rien faire, et se concentrer sur le match qui n'allait pas tarder à avoir lieu. Ne pas paniquer comme un enfant, aussi, serait bien.

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Force. Épopée. Des mots qui n'ont jamais eu de véritable sens aux yeux de Clive ; le poids de leurs définitions le frappe, mais étrangement, ils ne le touchent que sommairement, comme si il était incapable de saisir leur signification réelle. Pour lui, il est impossible de saisir toute l'importance des paroles de la championne, ni ce côté solennel. Il n'a jamais été un guerrier, et il ne l'est maintenant que par défaut. Adolescent, il n'avait jamais demandé à devenir un combattant ; ce destin s'était imposé à lui et il l'avait accepté malgré toute l'amertume qu'il ressent encore à ce sujet. Il était supposé continuer ses études, décrocher une bourse, partir pour l'université et étudier longuement avant de pouvoir travailler dans son domaine favori, soit l'histoire. Mais le Régime était arrivé, et adieu ces rêves. Il s'y est fait. Il n'est pas un enfant et il a toujours accepté de se renoncer à ses propres envies lorsqu'il le fallait, et maintenant, toute la lourdeur de ce qu'il a toujours refusé de regarder en face lui revient en plein visage.
Les combats n'ont jamais été son domaine de prédilection. Malgré tous ses points communs avec son jumeau, il n'a pas ce côté impulsif et instinctif. Il n'y a pas à douter que quitte à choisir, il serait peut-être devenu chercheur et non dresseur. Pourtant, le voilà dans une arène, le sanctuaire même de nombreux dresseurs qui viennent sans cesse ici pour prouver leur force. Si ce n'est pas ironique, il ne sait pas ce que c'est. Lui est porté sur la raison, la logique et la réflexion ; cette atmosphère lourde de tension lui est inhabituelle et le met peut-être un peu mal à l'aise, oui. Il ne sait pas encore quelle folie lui a fait se dire que participer à la compétition en tant que dresseur serait une bonne idée, mais lorsqu'il se rappelle de son objectif, c'est comme si toute l'angoisse qui a fait son nid dans ses entrailles était chassée subitement. Il déglutit, ne portant maintenant plus aucune attention au public ou même à la chaleur. Il n'y a plus que son cœur tambourinant dans sa poitrine et le gigantesque sourire d'Hannel.

Cette Mustéflott était un vrai don du ciel, tout simplement. Elle était la plus récente addition à l'équipe, et de loin la plus imprévisible, mais elle avait prouvé à de nombreuses reprises qu'elle méritait et de loin toute la confiance de Clive. Les autres avaient été perplexes en apprenant qu'elle serait la première combattante, même un peu jaloux sur les bords, mais l'officier avait fait taire toutes ces protestations en expliquant calmement le pourquoi du comment. Hannael est peut-être la deuxième plus rapide l'équipe et la plus agile, et ce point combiné à sa force en font un élément central. Elle n'est pas résistante, soit. Clive l'a pris en compte, mais il sait qu'il joue avec le feu en l'envoyant contre un adversaire qui sera, de toute façon, immensément fort. Le tout était de pouvoir tenir jusqu'au bon moment ; le reste viendrait après. Peu importe les imprévus, ils devaient gagner. Et cette pensée lui est complètement nouvelle, tout autant qu'elle lui est étrange. Il n'a jamais eu un quelconque désir de victoire en combat. Même durant ses innombrables affrontements avec Faust, il a toujours plus considéré ça comme un passe-temps qu'autre chose, et ne ressentait jamais la moindre déception lorsqu'il était battu (ce qui arrivait, bien qu'il ne l'admettrait jamais à haute voix, assez souvent). Et puis, en un sens...
Lui n'est pas fort. Celle qui va combattre aujourd'hui, c'est Hanna. Lui sera tout juste un chef d'orchestre, et il se rend compte qu'il préfère de loin cette métaphore à celle du guerrier, puisqu'il aura juste à la guider. Là est son rôle, et il se surprend presque à l'apprécier.

En voyant ce Lucario, Clive expire presque intérieurement de soulagement. Bien. Comme prévu. Pour l'instant, il peut au moins se reposer sur son plan pour calmer le tambourinement frénétique de son cœur contre sa cage thoracique. C'est peu et franchement pas la meilleure des choses puisque cela implique qu'en cas de gros imprévu il sera dans la merde jusqu'au cou, mais disons que 'Donovan' doit vouloir dire 'stupidité' dans une quelconque langue étrangère. Hanna se retourne brièvement vers lui pour le rassurer avec ce sourire dont elle a le secret et qui lui laisse comme une sensation apaisante au creux de la poitrine.
Il a longuement réfléchi à qui serait le premier champion qu'il affronterait. Au final, il s'était rendu compte qu'il avait des idées pour quatre d'entre eux, et que les doses de travail nécessaires seraient équivalentes. Le choix s'était donc fait sur un point seul, mais il viendrait. Il fallait encore voir comment le match se déroulerait avant de penser à la suite. Alors non, il n'a pas choisi cette championne à cause de son jeune âge (il n'était nullement du genre à juger sur ce point, étant donné le fait qu'il avait lui-même dû supporter de fortes responsabilités en tant que tout jeune adolescent), ni à cause de l'avantage de type qu'il avait avec son équipe pour l'instant. Ça aurait été particulièrement stupide ; un combat ne se résumait pas à qui spammerait le plus les avantages de type, et ça, il l'avait compris depuis longtemps.

La jeune femme qu'il affronte a son respect, de par son titre, son assurance et son calme. Il n'y a pas à douter un instant de sa force ; on ne devient pas champion en étant faible. Pourtant, Hannael ne ressent pas l'ombre d'un doute. Clive le voit et le ressent, toute l'excitation et l'impatience de la Mustéflott alors qu'elle attend juste le début du combat comme une enfant attend le jour de Noël. La loutre grogne légèrement, audacieuse et vive, prête à réagir au premier ordre de son dresseur. Malgré le désir ardent de combattre qui la parcoure et le contraste évident avec la logique froide de son dresseur, Clive peut sentir à un simple échange de regards qu'ils sont sur la même longueur d'onde. Pour la première fois depuis longtemps, il comprend ce que voulaient dire Faust et Isaac en évoquant le mot 'symbiose', bien que l'un l'avait dit en riant et que l'autre l'avait prononcé sans vraiment s'en rendre compte. Dans leurs regards brillent le même éclat, et il n'y a presque aucune surprise lorsqu'il prononce ses ordres.

« Douze sept deux trois, Hanna. »

Étonnante façon de s'exprimer, oui. Lui n'a jamais été un maître des mots, alors il s'est vite rendu compte que cela pourrait être problématique en arène. Ainsi, ils ont décidé d'un petit stratagème, lui et son équipe. Le chiffre 'sept' équivaut au type eau, le 'deux' au côté physique de l'attaque et le 'trois' à l'attaque spécifique parmi celles restantes. Le 'douze' étant juste là pour que ce ne soit pas facilement compris. Un peu compliqué, oui, voir carrément tiré par les cheveux, mais ça marche. Hanna connaît par cœur cet enchaînement de lettres, comprend donc évidemment tout de suite ; Cascade. Clive expire légèrement, son regard ne quittant pas l'arène. Les dés étaient jetés, restait à voir si sa malchance légendaire allait frapper ou non. Dans ce cas-là, il verrait bien, mais encore une fois, tout était question de suppositions ; il fallait toujours regarder le présent avant de penser au futur, aussi difficile et aliénant que ce soit pour lui.

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Quelque chose ne tourne pas rond. Clive le sent depuis qu'il est rentré ici ; une impression fantomatique dont il ne peut plus nier la présence maintenant, surtout quand elle s'est emparée de sa gorge et de ses entrailles pour les serrer, comme si il avait commis une énorme bourde. Il sentait depuis qu'il était rentré que quelque chose n'allait pas, qu'une simple erreur dans ses prévisions allait complètement renverser tout ce qu'il avait soigneusement préparé, comme si un seul élément oublié suffirait à le mettre à terre. Quelque part, peut-être que la malchance joue aussi, mais il sait qu'il a oublié quelque chose. Forcément. Il n'y a pas d'autre explication que celle-là ; il ne sait pas encore ce qui a bien pu lui passer au dessus de la tête tel l'idiot qu'il est, mais il le sent, et ce calme soudain venant de sa part, que l'on pourrait croire habituel, ne l'est à l'instant pas. Son cœur ne tambourine plus dans sa poitrine, non, et il sent sa gorge se contracter alors qu'une terrible sensation de froideur s'empare de lui. Encore une fois, quelque chose ne tourne pas rond. Il devrait se réjouir des résultats de l'attaque d'Hanna, mais la fatigue de la Mustéflott est évidemment visible. Elle peine à tenir debout et quelques étincelles parcourent encore sa fourrure alors qu'elle recule pour ne pas être la cible d'un second coup qui la mettrait à terre, haletante. Qu'elle ait résisté à cet assaut brutal le fait sourire doucement toutefois, incroyablement fier de sa partenaire qui a su endurer ça alors que sa constitution n'est pas faite pour supporter de pareilles attaques.

C'est peut-être là le pire. Cette confiance déraisonnée qu'a Hanna en lui perturbe alors qu'il réalise lentement qu'il a oublié un élément crucial, et il serre les dents. Son prochain ordre sera décisif, et il doit le donner maintenant alors qu'il n'a pas tous les éléments pour juger. Deux choix s'offrent à lui. Prendre un risque inconsidéré ou faire dans la sécurité ; il ne sait pas lequel est le bon, cette fois. Pour lui qui est un être de logique froide et de réflexion pure, devoir faire un pareil choix le chamboule complètement, et il réalise alors tout le fossé qui le sépare de ces multiples dresseurs d'élite et de son jumeau, qui, si il avait été là, aurait trouvé une solution bien avant lui. Il saurait déjà quoi faire, même si il était venu sans plan à la base, et en aurait inventé un à sa convenance en bidouillant un peu pour mettre son adversaire dans un sérieux pétrin. Lui, pourtant, n'a rien de tout ça ; il n'a que sa vision en ligne droite qui, ici, est aussi utile qu'un ouvre-boîte dans du foin. Telle est la différence entre guerrier et érudit, en un sens.
Il déglutit et tente de faire le vide pour ne pas laisser la panique le submerger, ayant pleinement conscience que même si il penche dangereusement vers le chemin d'une défaite qui le laisserait amer et furieux contre lui-même, il ne peut pas se permettre de baisser les bras tant que Hanna croit en lui. La honte le saisit alors qu'il se rend compte qu'il pense déjà à la chute de la Mustéflott qui elle, si brave, avait supporté une pareille attaque par pure confiance envers son dresseur. Confiance qu'il ne mérite pas, il le sait plus que bien dorénavant. Ses mains se contractent quasiment automatiquement, et le casque de Gabriel ne lui a jamais paru plus lourd.

« Douze seize quarante. »

Seul le 'douze' importe ici. On continue.
Et tant pis pour le reste, de toute façon, il avait toujours eu l'impression d'être le plus grand des idiots. Si il ne se trompait pas, la suite ne ferait que confirmer. Il s'avançait peut-être trop dans ses prévisions, mais telle était sa nature.

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Il savait. Quelque part, depuis le tout début de ce match, il savait qu'il y avait une chance sur six que cela se déroule comme ça, malgré toutes ses préparations. Dès les premières minutes, il avait compris que son plan initial était tombé à l'eau, alors il s'était entêté dans un bourrinage des plus inhabituels pour lui ; même Mikael avait froncé les sourcils en le voyant redonner l'ordre d'utiliser Cascade, se doutant pertinemment qu'il y avait quelque chose qui clochait pour qu'il utilise cette attaque au lieu d'Aqua-Jet, comme il aurait été logique de le faire. Mais voilà le petit point ; la panique. Ou peut-être la cruauté de la joueuse qui se délecte un peu trop de la situation mais chut. Au fond de lui, même si il l'avait nié intensément, il savait que ça allait se finir comme ça, quelque part. Que quelque chose clochait depuis qu'il avait même mis un pied dans l'arène. Il ravala sa salive et se mordit les lèvres alors que le coup venait percuter Hanna ; la vision de son amie dans un pareil état lui mutile le cœur. Tout ça parce qu'il avait...
Encore. C'est la seconde fois dans sa vie que quelqu'un chute ainsi pour lui, et c'est non sans douleur extrême que l'image du cadavre de son père lui revient en tête. Tombé. Tombé pour le protéger parce qu'il était trop faible pour le faire soi-même. Il sent sa poitrine se contracter et une abominable sensation de détresse s'emparer de lui, mais sa peur n'est pas réservée à lui-même, non. Sa peur est dirigée vers son amie qui, malgré son état, persiste à vouloir se relever, ce qu'elle ne pourra évidemment jamais faire dans son état. C'est tout juste si elle peut soulever ses bras ou sa tête. Alors même si la culpabilité vient le frapper en houles et qu'il se sent prêt à se noyer, il expire profondément et parle calmement, s'exprimant de façon humaine pour la première fois depuis le début de ce match.

« C'est fini, Hanna. Arrête. »

Leurs regards se croisent et Clive aurait tout aussi pu prendre le pire coup de sa vie que ça aurait été la même douleur. Elle veut continuer. Elle est désespérée même, humiliée et perdue car il doit probablement s'agir de la toute première défaite qu'elle subit, et Clive soupire un peu avant de sourire tristement sous son casque. Oh Arceus, si seulement il avait un peu plus réfléchi...

« Tu n'as pas à t'en vouloir, mon amie. Ce n'est que le résultat de la folie de ton dresseur. »

La protestation paraît vouloir naître dans la gorge de la Mustéflott, mais elle le connaît suffisamment pour savoir que l'entendre finirait de noyer son dresseur sous la culpabilité qui l’assaille à ce moment. Hannael laissa échapper un gémissement plaintif alors qu'elle tentait encore une fois de se relever et d'affronter ce Lucario qui l'a mise à terre, mais Clive soupira et la rappela immédiatement dans sa pokéball.
Que faire, maintenant … ?
Le choix le plus sensé et logique aurait été Seraphim, oui. Toutefois, il était impossible pour lui d'envoyer Sera au massacre. Appeler Castiel aurait suffi à briser toute sa confiance en lui pour des années entières. Alors maladroitement, dans ce moment de solitude et d'égarement, sa main vient saisir une ball bien connue, et en sort un fier Etouraptor. L'oiseau ne comprend pas vraiment ce qu'il fait ici ; sa présence est saugrenue étant donné qu'il n'était censé intervenir que dans un cas précis, mais il ne pose pas de questions. Il sait aussi, en un sens.

Clive se tourne légèrement vers la championne.

« Joli coup, en tous cas. »

Compliment sincère qu'il exprime sans la moindre pudeur ou amertume. Même si, pour la première fois depuis des années, il commence à comprendre les propos de son jumeau lorsque celui-ci lui disait que la pire sensation en combat était d'être laissé sans choix. Au fond, peut-être qu'il retirerait quelque chose de ce match, même si l'affreuse image du regard d'Hanna lui resterait en tête bien longtemps.

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Zachariah est devenu spécial, à ses yeux. Ou en tous cas, depuis qu'il lui a sauvé la vie dans les hauteurs enneigées du Bahute, leur lien s'est considérablement renforcé. Là où en tant qu'Etourmi et Etourvol il se montrait méprisant, hautain et parfois même désagréable, l'Etouraptor qu'il est devenu est un allié fidèle, robuste et particulièrement fier. Clive a trouvé en lui une sorte de confident et partenaire dans les pires des situations, surtout dans celles-ci. Il n'y a pas à douter que si l'Etouraptor n'est pas suffisamment rapide que le prochain adversaire... Ce sera terminé. Mais là n'est pas la question. Clive se fout complètement de la victoire, ou encore des notions idiotes et ô combien superficielles que sont celles de faiblesse et de force. Il n'y a pour lui rien de fort en un dresseur, et il est pour lui arrogant au possible de prétendre l'être en gagnant ou perdant un combat ; là est le point qui rend le monde des dresseurs insupportable à ses yeux, par cette hypocrisie nauséabonde qu'il voit comme un égocentrisme collectif. Néanmoins, si il y a quelque chose qu'il peut bien comprendre, c'est que Zachariah est tout comme lui, c'est-à-dire incroyablement têtu et résistant.

L'Etouraptor émet un bruit semblable à un grognement alors qu'il considère son adversaire avec calme, dépourvu de la moindre crainte. Déjà ses yeux alertes et vifs cherchent toutes les failles dans la défense du Lucario, tous les petits défauts qu'il pourra exploiter pour frapper. Toutefois, entre Clive et Zach, pas de mots. Là où Hannael, de par son inexpérience et le fait qu'elle était une addition toute nouvelle à l'équipe, avait besoin d'entendre les ordres pour les appliquer, l'Etouraptor sait déjà ce qu'il a à faire tant c'est évident. Devant l'état du  Lucario, il n'y a qu'une chose qu'il peut réaliser, et il a bien l'intention de le faire, même si cela va l'affaiblir considérablement, chose dangereuse à coup sûr dans ce match. Toutefois, Clive, malgré l'état désordonné de ses pensées, n'oublie pas que le talent de l'oiseau sera des plus utiles. Intimidation était particulièrement efficace après tout, et il n'allait sûrement pas l'oublier.
Zach porte son regard vers lui alors qu'il s'envole un peu en portant toujours cette expression neutre sur son visage. Clive hoche de la tête, une confirmation muette mais diablement efficace.
Tant pis si ils ne remportent pas ce match ; au moins, ils prouveront qu'ils ont de l'énergie et de la détermination à revendre. C'était peut-être un poil superficiel, mais pour le coup, lorsqu'il repense à l'image du regard désolé d'Hannael alors qu'il a été le seul responsable de sa chute, il oublie vite ses propres considérations.