« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

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 Restless Heart Syndrome Part II |OS|

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Maxwell R. Young
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Maxwell R. Young
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Silver Spirit, ou Spirit, tout simplement, mon pseudonyme au sein de la Résistance.

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MessageSujet: Restless Heart Syndrome Part II |OS|   Restless Heart Syndrome Part II |OS| EmptyJeu 21 Aoû 2014 - 15:31


Restless Heart Syndrome


«Maxwell, tu auras besoin de quelqu'un là-dedans. Laisse-moi y aller avec toi.»
«Aucune raison, Clarissa, tout va bien. Ce n'est qu'une simple visite chez Melinda, et après nous nous ferons ce repas que tu m'as promis.»

Je considérais son visage pâle avec dureté, malgré la douceur de ma voix. Je devinais à ses traits qu'elle avait pleuré. Je devinais à sa posture qu'elle n'avait que peu dormi. Je connaissais ma petite soeur comme le fond de ma poche et pourtant je refusais de voir ces signes ingrats d'inquiétude chez elle. Je m'obstinais dans mon silence spirituel, incapable de formuler une pensée qui ne soit pas rassurante. Je ne craignais pas ce qui m'attendait. J'avais confiance, contrairement à tous mes proches. Et pour cette raison je leur en voulais, leur en voulais d'angoisser à mon sujet. Je leur en voulais de laisser cet éclat se glisser dans leur regard, pesant. Véritable venin. Une erreur dans cette équation qui me plaçait comme étant celui qui s'inquiétait et non le contraire. Je me mourrais de leur protection, de leur insistance. Je n'en pouvais plus. Clarissa ne faisait pas exception. Il était hors de question qu'elle m'accompagne de l'autre côté de cette porte, là où m'attendait Melinda et avec elle ses bonnes nouvelles. Il allait en être ainsi. J'avais vécu assez de soucis de santé pour ne plus réellement m'en faire. Elle trouverait ce qui clochait, et quelques traitements plus tard, je serais de nouveau en mesure de vivre une vie normale.

La vérité? Je souffrais de la voir ainsi. De sous-entendre une gravité à mes symptômes que je n'avais jamais encore envisagée. Je faisais tout en mon possible pour fuir son regard sombre, sans alerter d'avantage son inquiétude. Clarissa pouvait prétendre sans se tromper qu'elle était la personne à plus apte à dénouer ce mystère qu'était Maxwell Young, elle lisait en moi tel un livre ouvert. Je me retirais, car le malaise s'épaississait alors qu'elle ne trouvait plus rien à dire, se rendant bien compte à quel point ses angoisses agitait les miennes. Inquiétudes que je repoussais en me dirigeant vers la porte de ma vieille amie, où je glissais quelques coups brefs. Elle me fit rapidement entrer dans son bureau, absorbée par la lecture d'un dossier qui ne m'appartenait pas, ne prenant même pas la peine de me saluer comme à son habitude. Elle se contenta de m'adresser un signe en direction des deux fauteuils devant sa table de travail, où je m'assis. J'aimerais vous dire qu'à ce point j'étais tout aussi rassuré qu'avant. Or, je n'avais rien d'un pauvre idiot. Les cernes sur le visage de Melinda arboraient une teinte semblable au corps d'un Fantominus. D'un violacé brutal, presque noirâtre. Ses prunelles sombres me fuyaient, s'attardaient à des détails inutiles tandis qu'elle prenait place devant moi.

Je ne l'avais jamais connue aussi agitée, aussi peu en possession de ses moyens depuis le décès de sa fratrie. Je la considérais d'un regard intense, cherchant à percer le mystère de ce comportement pour le moins alarmant. Elle soupira longuement, fuyant toujours ostensiblement mes prunelles d'améthyste. La médecin posa mon dossier contre le table et l'ouvrit grâce à des mouvements nonchalants, empreints d'une nervosité qui m'étouffait. Sans lever les yeux, elle se mit à parler, d'une voix sensible, gonflée et fatiguée.

«Nous avons pris ce cas juste à temps, et il faudra agir au plus vite dans la mesure du possible. Tu débuteras tes traitements le 21 août à l'hôpital général de Nuva Eja auprès d'un collègue oncologue en lequel j'ai parfaitement confiance. Tu seras bien traité là-bas. Les traitements seront douloureux, bien plus que tes symptômes, mais nous n'avons plus le choix à ce point. Aussi j'aurai besoin de ton entière collaboration sur ce sujet, monsieur Young, aucune chance de te défiler.»
Je l'observai, silencieux. Elle avait parlé si rapidement que j'avais saisi moins de la moitié de son discours. Et pourtant, je savais. Je me levais pour poser une main sur la sienne, celle qui serrait mon dossier avec l'énergie du diable. Calme, apaisant.

«Melinda. Qu'est-ce que j'ai?»
Ses prunelles parcoururent son bureau de façon frénétique, cherchant à y chasser les larmes qui s'y formaient. Elle resta silencieuse, obstinément silencieuse, si bien que près d'une minute plus tard, je dus répéter:

«Melinda, dis-moi ce que j'ai.»
Et là elle m'échappa, se levant d'un bond en se passant les deux mains contre les tempes. Respirant avec peine, cherchant à garder contenance. Je ne pouvais qu'assister, impuissant, comme hors de mon corps. Engourdi, obstinément calme même si tout en moi hurlait. L'information que tentait de me communiquer Melinda, bien malgré elle, ne parvenait à trouver son chemin jusqu'à ma compréhension profonde.

«Leucémie aigüe myéloblastique. Un cancer, tu as le cancer Maxwell.»
Une véritable bombe. Melinda devait alors encore subir cette maladie chez l'un de ses proches? Voilà ce qui la mettait à l'envers. Un cancer. Un cancer. Et on parlait de moi. Moi qui s'était toujours débattu avec une santé fragilisée. Que ferais-je donc contre la leucémie? J'avais envie de rire. Je ne ressentais rien. Rien d'autre qu'une peine immense pour mon amie, vers que j'allai, un sourire éclatant au visage. J'avais toujours été courageux, peu importe les épreuves. Mon enfance dans les bidonvilles, le décès de ma mère, de Pasqual, puis toutes les horreurs que m'avait fait vivre cet horrible gouvernement oppressant.

«Et alors? Tu sais bien qu'il en faut plus pour me vaincre, hum? Je verrai cet oncologue et je ferai ces traitements. Tout va bien se passer.»

Sur ce, je me retournai, pris la direction de la porte.

«Où vas-tu?»
Je ne répondis pas. J'ouvris et me dirigeai dans le couloir, là où Clarissa accouru en ma direction. Je n'entendis pas ce qu'elle me disait. Ne résonnait en moi que ce mot. Cancer. Et tous ces synonymes. Souffrance. Pour moi, pour tous mes proches, pour mes alliés. Incertitude. La vie ou la mort. Acharnement. Celui du destin, envers tous ceux que je connaissais, envers tous ceux qui s'inquiétaient à mon sujet depuis longtemps, envers ces gens que j'aimais et que je ne pourrais pas protéger de ce foutu cancer. Celui que j'allais devoir démontrer. Force. Plus forte que moi? Seul le temps saurait me le dire, mais de la force j'en aurais besoin. Les cris de Clarissa se firent insistant alors que je poursuivais ma route. Ses mains s'agrippèrent à mon veston parfaitement repassé. Le veston ne se débattit pas. Moi non plus. J'avançais, toujours engourdi. Me détachai d'elle qui s'écroula contre le plancher du couloir de la clinique. Je quittai la clinique, me glissant dans les rues pluvieuses d'Amanil. Hasardeux, perdu.

Car même les plus courageux se laissent parfois abattre.

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