It's okay to be gay !

Samaël Enodril

Le voyage est court. Très court. Trop court. Après la téléportation, et lorsque leurs mains se détachent, l'Enodril sait que ce sera la dernière fois qu'il pourra passer une journée comme ça auprès de Natsume, et lui prendre la main ainsi. Il est conscient qu'il ne sera que plus ridicule s'il continue à faire comme s'il n'y avait rien alors qu'il laisse involontairement des indices tellement évidents que le lapinou ne les voit pas. Il a profité de cette journée comme si c'était la dernière qu'ils passaient ensembles ; car il croit véritablement que ce sera le cas. S'il hésite toujours aussi fortement à lui dire, il sait maintenant qu'il n'a plus le choix. Son Gardevoir ayant décidé de s'immiscer dans sa vie plus qu'il ne le devrait et d'avouer à Nat la vérité à sa place, le dresseur se rend compte qu'il est piégé, et qu'il n'a plus le choix. S'il doit perdre un ami, il préfère cent fois aller lui parler lui-même plutôt que de laisser faire un de ses Pokémons. Ça l'énerve un peu beaucoup que Synkro se mêle de ses affaires, mais d'un côté, il sait qu'il a raison. Sa vie ne sera que plus dure, s'il ne déclare pas sa flamme aujourd'hui ; car là il tient une occasion en or, et il est sur le point de la laisser filer. La présence de Faust et des autres l'empêchera de prendre véritablement à part le Shimomura, mais au moins, l'aidera à ne plus y penser et à ravaler sa peine.

Quand ils entrent, cependant, ils sont seuls. Les autres ne sont pas encore arrivés. L'aîné se retient de déglutir, se demandant si c'est un hasard complet ou si Arceus tente de lui donner un signe. Pourtant, rien n'aurait sans doute pu être plus gênant qu'un moment comme celui-là. Même tout ce qui s'est passé au parc ne semble rien comparé au silence et à l'ambiance embarrassante de la pièce. Je t'en prie, dis quelque chose !...
A de nombreuses reprises, tout à l'heure, Nat a su trouver les mots pour briser le silence religieux qui s'est installé à de nombreuses reprises entre eux. Sam espérait secrètement qu'il recommencerait. Il pourrait dire n'importe quoi que cela soulagerait le nounours ; tant qu'il rompt le blanc qu'il n'ose pas lui-même palier. Mais au lieu de ça, le hérisson recommence à fuir, et l'autre se fige. « Dans ma chambre », qu'il dit. « Un truc à faire », qu'il dit. « Je veux t'éviter », que lui entend. Il aimerait l'arrêter, lui prendre le bras, lui dire tout ce qu'il a sur le cœur, recevoir une gifle ou une engueulade, repartir en laissant un mot de remerciement à Faust pour les billets, et ne plus jamais reparler de cette histoire à qui que ce soit. Mais ça, il ne peut pas. Son bras s'apprête à se lever, et sa voix est sur le point de l'appeler, mais il se ravise au dernier moment. Trop tard, il s'en va. Sans même l'entendre, sans même le regarder plus que ça, il monte dans sa chambre. Sam le regarde s'éloigner de lui, et il a l'impression que ses chances de lui faire son aveu s'envolent avec. Le nounours ouvre la bouche, et tente de l'appeler. En vain. Si ses lèvres remuent, aucun son n'en sort. C'est bon, il est monté, laissant l'aîné seul avec un Gardevoir qui ne montre aucun sentiment mais ne va pas tarder à bouillonner de l'intérieur si aucun des deux idiots ne fait quelque chose pour arranger cette situation bien trop lourde à supporter pour le dresseur.

Silence.
Samaël bloque sa respiration, avant de tout lâcher dans un profond soupir de tristesse. Pour la première fois, il est à la limite du découragement. Il remporte des badges, accède à la Compétition, survit à plusieurs bêtes féroces qui veulent sa peau et même à un oiseau légendaire ; mais il est incapable d'avouer ses sentiments au garçon qu'il aime. Pathétique, hein ? C'est ce qu'il est, et il ne va pas le nier.
Pourtant il persiste. Une partie de lui résiste, et est bien décidé à parler au porc-épic. Mais la façon dont il est parti a laissé comme un vide, en lui. Son mensonge et sa fuite lui sont restés en travers de sa gorge. Car oui, Sam est idiot, mais il a bien compris que Natsume a utilisé une pitoyable excuse pour s'échapper de lui ; et il aimerait savoir pourquoi. Mais il ne peut pas faire de déductions lui-même, et il se doute que Synkro, s'il sait quelque chose, ne lui dira rien. Dans la façon d'agir du lapinou, le compétiteur ne peut nier qu'il l'a blessé. En l'évitant, en écourtant les conversations, et toutes les autres fois où il a senti que son ami était mal à l'aise en sa présence, cela l'attristait plus qu'il ne le voulait. La possibilité que Nat ait lu en lui et ait découvert ce qu'il ressent lui revient. Mais il refuse alors immédiatement de croire que ça pourrait être vrai, alors qu'il est sûr que l'éleveur ne se serait pas comporté pareillement si ça avait été vraiment le cas.
Il pose sa main sur sa poitrine et peste secrètement contre son muscle cardiaque qui ne cesse de tambouriner follement dans sa poitrine.

- Quelque chose le tracasse, pas vrai ?...

Il a finalement décidé de briser le silence pour s'adresser à Synkro, sans toutefois détacher son regard des escaliers par lesquels il a vu disparaître le japonais. Le Pokémon psy ne répond pas, mais affiche désormais une expression sereine. Au bout de quelques secondes, il hoche la tête, confirmant les pensées de l'adolescent, avant de rentrer dans sa Poké Ball, comme s'il avait senti que son dresseur allait enfin se réveiller. Ce dernier tremble un peu, avant de faire quelques pas, hésitant, puis monte franchement aux étages supérieurs, sans faire le moindre bruit pour ne pas qu'il remarque sa présence. C'est pas compliqué : la chambre de Natsume est la plus haute -et accessoirement la mieux rangée-, Sam n'a donc aucun mal à la trouver ; d'autant plus qu'il l'a déjà vu. Mais il se demande comment va réagir l'éleveur en le voyant débarquer. Va-t-il s'enfuir de nouveau ? Ou va-t-il hurler ? Si l'Enodril a appris à connaître le cadet, son esprit bien trop brouillé par ses émotions l'empêche de prévoir la réaction du plus jeune.
La porte est ouverte. A-t-il pour autant le droit d'y pénétrer ? Tant pis. Il entre, toujours d'un pas silencieux. Il est dos à lui, sur une chaise, en train de lire un livre. Va-t-il oser le déranger ?... Oui. Il n'a pas rêvé : quelque chose préoccupe Natsume, et en tant... qu'ami, il se doit de l'aider. Avec douceur, il pose une main sur son épaule pour attirer son attention et lui signaler sa présence.

- Natsume ? Ça ne va pas ?

Son ton trahit sa crainte et son inquiétude. Il n'aime pas le voir si agité et nerveux. Il aimerait posséder les pouvoirs de Synkro pour savoir ce qui se passe. Celui-ci doit le savoir, d'ailleurs, mais l'ourson comprend qu'il doit apprendre par lui-même ce qui arrive à Nat en demandant directement au concerné.

- Je suis peut-être idiot, mais je sais que quelque chose te préoccupe, ces temps-ci. Ça a un rapport avec moi, n'est-ce pas ?... Tu me fuis, écourtes les conversations et évites même mon regard. Natsume, je t'en prie... Si j'ai fait quoi que ce soit de mal, tu dois me le dire. Je n'aime pas te sentir éloigné de moi.

Un bruit sourd résonne dans sa tête. La dernière phrase est comme le début de ce qu'il n'ose pas lui avouer depuis qu'il sait ce qu'il éprouve. Il aimerait que Natsume lui parle comme avant, qu'il lui dise ce qui semble tant l'angoisser, et que lui l'aide comme il le peut. Le bonheur de l'enolian et ses problèmes de coeur peuvent bien aller se faire foutre ; si Nat n'est pas heureux, alors il ne l'est pas non plus.

It's okay to be gay !

Samaël Enodril

La joueuse ne finira sans doute jamais de dire que son perso est un crétin. C'est indéniable. Si Sam est un ourson adorable, il n'en est pas moins un peu con et illogique. Pourtant, s'il y a bien une chose qu'il remarque, c'est quand quelqu'un a un problème. D'autant plus que ses sentiments pour Nat lui ont permis de voir clairement que Natsume en avait un et que c'était en rapport avec lui. Alors qu'il passe beaucoup de temps avec son meilleur ami, son changement soudain de comportement n'est pas passé inaperçu auprès de lui. Est-ce que Faust aussi l'a remarqué ? L'idée du parc était-il là pour le détendre, justement ?... Est-ce que si Sam avait été plus attentif, il aurait remarqué d'où venait le problème de Natsume ? Sûrement ; mais seulement s'il avait été plus intelligent. Si ça avait été le cas, d'ailleurs, tout serait amplement plus simple, y'a pas à douter. Néanmoins, Sam ne peut pas vraiment lui reprocher grand chose, alors qu'il est lui-même en face d'un dilemme qui implique justement le lapin juste parce que Môsieur ne peut pas aller lui parler simplement et lui dire trois petits mots qui pourraient tout changer. Même si son ami a toujours le regard fixé sur son bureau, cela n'empêche pas l'Enodril de ressentir jusqu'en lui le malaise qui parcourt le jeune hérisson et fait serrer les dents de l'aîné. Samaël ne s'appelle pas Einstein, mais il devine aisément que le lapinou ne va pas bien. Lorsqu'il se tourne un peu pour voir sa mine et qu'il découvre qu'elle s'est assombrie, il a soudain une irrésistible envie de le prendre dans ses bras ; pas seulement pour profiter de sa chaleur, cette fois-ci, mais bien pour consoler cet ami qu'il n'a jamais vu autant abattu.

Mais pour l'instant, il a surtout bien envie de lever les yeux au ciel, en l'entendant. N'importe qui n'arriverait pas à le croire, à ce niveau. « Rien d'important »... Nat, je suis débile, mais quand même... A qui voudrait-il faire croire ça ? Chaque fois que quelqu'un sort cette phrase, de toute façon, c'est forcément quelque chose d'important. L'expression triste du cadet, sa voix morne et son angoisse plus que visible n'aident guère pas son mensonge à se rendre plus crédible. Il fronce les sourcils. Il sait qu'il est foutrement mal placé, mais il ne supporte plus l'entêtement de l'éleveur. Assez des secrets et des autruches qui se cachent. Assez de voir celui qu'il aime se recroqueviller ainsi en pensant qu'il va réussir à éloigner le nounours de lui. Assez d'être inutile alors que Natsume a des problèmes.
Surtout que Sam ne sait pas du tout ce que son ami a, ce qui le frustre davantage. Sa faute ?... Nat a fait une bourde ?... Il ne sait pas s'il devrait être soulagé de ne pas être la source des tourments du porc-épic, ou au contraire s'inquiéter encore plus. Au moins, il était sûr qu'il pouvait l'aider, si le souci venait de lui. Peu importe ce qui se passe. Je l'aiderai, quoiqu'il m'en coûte.
Mouais... Encore faudrait-il que l'autre lui révèle quoi que ce soit ; et apparemment, c'est pas près d'arriver, pour l'instant. Samaël serre les poings, déterminé à lui faire cracher le morceau par n'importe quel moyen. Quand Nat a un problème, ça devient aussi le sien. Malgré tout, même s'il affirme tout ça et semble même dire la vérité, le petit ours continue à se demander pourquoi il cherche à le fuir, dans ce cas-là. Ce simple élément lui confirme qu'il n'est pas innocent dans le tracas de l'éleveur. Peu importe ce qui lui arrive, au final ; Sam fera tout son possible pour lui prêter main forte. Mais il doit d'abord lui faire comprendre que Samaël Enodril n'abandonne pas comme ça.
Alors, même si ça l'agace que son ami insiste pour ne rien lui avouer, le nounours tente de se détendre, malgré les émotions limite déprimantes qui s'échappent du cadet. Le plus grand se dirige vers la porte, et la ferme.

- Trop tard..., dit-il, la main encore sur la poignée.

Vous aimez les contrastes ? Ça tombe bien, parce que sans contraste, les deux affreux seraient peut-être pas tombés amoureux. Mais puisque vous aaadorez ça, en voici un, justement. Car si Sam était peiné et paniqué de voir son meilleur ami dans un état pareil, c'est maintenant de la colère qui manque de s'emparer de lui. Il se maîtrise comme il le peut, mais savoir que Natsume n'a toujours pas retenu la leçon de leur première rencontre le déçoit un peu. S'il ne s'est pas fichu de lui ce jour-là alors qu'il le connaissait à peine, comment peut-il penser qu'il renoncerait alors que la seule personne dont il est tombé amoureux semble comme brisé par une difficulté que Sam aimerait bien découvrir ? Il est probable qu'il soit un peu sec, mais il n'a pas le choix. Il ne peut pas quitter l'éleveur maintenant qu'il sait que le problème qu'il dit « pas important » est en fait très important. Surtout que voir cet air las et fatigué sur son visage pour la première fois ne peut que renforcer son désir d'en apprendre plus.
L'adolescent aux cheveux lisses se dirige ensuite de nouveau vers Natsume avant de faire brusquement pivoter la chaise de ce dernier et de poser ses mains sur les accoudoirs, plantant son regard doré dans le sien et le forçant à le scruter.

- Ecoute-moi, Nat. Tu comptes énormément pour moi ; bien plus que tout ce que tu peux imaginer. Alors il est hors de question que je t'abandonne. Je ne te lâcherai pas tant que tu ne m'auras pas dit clairement ce qui t'arrive.

Sa voix est ferme, décidée, mais il se rend compte juste après que ce n'est peut-être pas la meilleure méthode pour lui faire avouer. Tout à coup, comme s'il venait d'être conscient de la dureté de son ton, il affiche une mine blessé avant de s'éloigner. Il fixe le sol quelques secondes avant de porter de nouveau son regard vers Natsume. Il est tellement maladroit, mais il a vraiment envie de l'aider.

- Si tu n'es pas heureux, alors je ne le suis pas non plus. S'il te plaît, Nat, dis-moi ce qui se passe...

Il inspire un grand coup pour enlever l'humidité de ses prunelles, et tente de garder son calme. C'est avec une profonde peur qu'il se rend compte qu'il ne va pas tarder à craquer, si ça continue.

- Je ferais n'importe quoi, pour toi.

Est-ce un aveu ? La suite de sa déclaration ? Il ignore même s'il l'autre comprendra. Mais il n'a jamais menti de sa vie. Et ce n'est sûrement pas maintenant qu'il commencera à le faire.

It's okay to be gay !

Samaël Enodril

Il a été trop dur, avec lui. Mais ça, il ne s'en rend compte que trop tard, malheureusement. Lorsqu'il voit qu'il retient difficilement de pleurer en se mordant les lèvres et lorsqu'il voit que ses yeux ne cessent de s'humidifier. Quand il finit par prendre du recul, il a l'impression de séquestrer Natsume pour lui faire avouer quelque chose dont il aurait honte. Gardant la clé dans la paume de sa main droite, il se doutait que son ami voudrait fuir une nouvelle fois. Mais il n'y aura plus de fuite, désormais. C'est terminé. Sam veut savoir, agir, aider. Il veut son bonheur parce qu'il compte pour lui, et que personne d'autre au monde ne pourrait occuper cette place si spéciale dans son cœur. Parce que le voir heureux est tout ce qu'il demande ; parce que le protéger est ce qui le pousse aussi à combattre ; parce qu'il est tombé amoureux d'un type qui était bien parti pour devenir son ennemi. Ils sont bien loin, les deux adolescents qui s'insultaient dans divers langues et qui ne pouvaient se supporter. Une nouvelle fois, Sam s'oppose au lapinou pour son bien. Au moindre souci, Sam ne peut se dire qu'il est impuissant. Il est devenu celui qui reste fort et droit, celui qui porte volontiers le poids de d'autres sur ses épaules ; car ce n'est rien, comparé à la force que lui procure l'affection que lui donnent ses proches. Natsume est devenu une personne bien trop chère à ses yeux pour ignorer le moindre de ses problèmes ; car il sait que le Shimomura ne serait jamais dans un tel état pour quelque chose qui ne serait pas grave. Alors même si cela implique qu'il doit être un peu sec avec lui, il a l'intention de lui faire cracher le morceau un moment donné ou un autre.

Il avouerait sans gêne que les sanglots qui finissent par s'échapper de Nat font l'effet d'un pieu dans la poitrine. Il se retient de se jeter sur lui pour le prendre dans ses bras et de sécher ses larmes qu'il a affreusement honte de faire couler. Lui-même en le voyant dans cet état se retient de craquer lui aussi. Lui qui pensait que lui déclarer sa flamme ce soir serait une bonne idée, peu importe au final, alors que son meilleur ami souffre bien plus que lui à l'heure actuelle. Au diable sa fierté et ses sentiments ; Natsume passera toujours avant lui. Mais à le voir comme ça, Sam est de plus en plus nerveux et inquiet. Il se demande vraiment ce qui a bien pu se passer pour qu'il soit dans un état pareil. Si quelqu'un a osé lui faire du tort... … eh bien nul doute que ce quelqu'un a déjà signé son arrêt de mort. Le nounours veut bien être adorable, mais si ses limites sont poussées à bout, son côté plus sombre peut rapidement prendre le dessus. Néanmoins, face à la tristesse du Shimomura, tant que celui-ci ne lui aura pas dit ce qui cloche, il ne peut techniquement rien faire pour lui. S'il n'avait pas ces foutus sentiments amoureux, voilà bien longtemps qu'il l'aurait ramené contre lui pour l'enlacer et lui dire qu'il était là, et que tout allait bien se passer. Il se souvient brusquement que la dernière fois qu'il l'a vu comme ça, c'est quand il lui a raconté l'histoire de sa mère, juste après sa crise d'asthme. Est-ce que c'est pour ça, qu'il pleure ? A cause de sa mère ?
Ça ne serait pas impossible, après tout. Mais ça, il lui a déjà dit. Pourquoi n'aurait-il pas pu une nouvelle fois, alors ?... Dans ce cas, c'est autre chose. Pitié, Nat, dis-moi !...

Et son vœu est exaucé. Subitement, le cadet se lève de sa chaise et semble enfin décidé à lui répondre. Oui, j'veux savoir ! Puisque je te le dis !
Il retient son souffle, se préparant à connaître la raison de toute cette agitation. Enfin il allait savoir pourquoi il s'était tant éloigné de lui ; pourquoi il coupait court à toutes leurs conversations ; pourquoi il s'enfuyait à sa simple vue ; et pourquoi il est tant peiné aujourd'hui de devoir enfin abandonner et de révéler à Sam ce qu'il ne pouvait pas lui dire. Pour un peu, l'aîné serait presque fébrile. Il l'a attendu, ce moment. Enfin de compte, il aurait peut-être dû se montrer plus ferme avec lui bien avant. Mais il déteste aussi s'emporter contre lui comme ça, même si c'est loin de son état de colère où il pourrait vraiment faire peur et glacer d'un seul regard. Il n'ose pas prêter attention au ton acide et amer qu'il commence à employer. Il se dit que ça doit être sous le coup du craquage. Il n'a pas tort, mais en même temps, il est encore inconsciemment loin de la vérité ; et même s'il ne fait rien pour empêcher l'autre de s'agripper les cheveux à la manière d'un certain autre hérisson, et manque de déglutir sous l'effet du rire jaune. Tenant difficilement en place, il est alors anxieux à l'idée de savoir ce qui était si important pour causer une telle distance entre eux.
Mais pour la première fois de la soirée, il affiche une mine perplexe. Qu'il me dégoûte ? Que je le dét-... Mais par Arceus, qu'est-ce qui s'est passé ?! Bizarrement, c'est une sorte de peur qui lui tenaille l'estomac, et c'est comme si une petite alarme s'était brutalement allumé dans son esprit. Pourquoi a-t-il la nette impression que ce qu'il s'apprête à lui confier va le bouleverser plus qu'il n'aurait pu l'imaginer ?...
Sa tension s'accélère alors que l'autre sèche de nouveau ses larmes et le regarde, de la colère ancrée dans ses prunelles. L'angoisse grimpe en flèche quand il sent qu'une vague de courroux ne va pas tarder à s'abattre sur lui. Il s'apprête déjà lui faire des excuses, car il croit qu'il a fair une connerie si énorme que cela a mis en colère le japonais. NAAAAT JE SAIS PAS CE QUE JE T'AI FAIT MAIS SÂCHE QUE JE SUIS VRAIMENT VRAIMENT DESOL-...

Le cri arrive. Mais elle est suivie d'une chute interne vertigineuse dans la tête de Samaël. «Je t'aime ». A partir du moment où il a entendu ces trois mots, c'est comme si le cerveau de l'ourson cessait brutalement de fonctionner. On ne vous refera pas la comparaison avec l'erreur 404, mais vous avez compris le principe, depuis le temps. Tout bêtement, il bug. Ce n'est pas souvent que ça lui arrive, mais quand c'est le cas, alors ça signifie qu'on vient de lui annoncer une nouvelle choquante et inattendue. Jusque là, néanmoins, il n'a eu cette sensation qu'avec de mauvais souvenirs. Il n'a jamais imaginé pouvoir être court-circuité à cause de ça. « Je t'aime ». « Je t'aime ». Son hurlement tourne en boucle, et il se met à trembler. Sa main s'ouvre d'elle-même et la clé de la chambre tombe. Mais même le bruit qui retentit alors que le silence s'installe ne parvient pas à le sortir de cet état de transe dans lequel il est plongé depuis que Nat a lâché ses sentiments dans une plainte mêlant colère et peine. Même la demande de l'éleveur concernant la porte verrouillée n'a pas l'air de faire grand chose. Inlassablement, il se demande si Arceus n'est pas en train de lui faire une putain de farce. Il n'arrive pas à y croire, tout simplement. Il m'aime... il m'aime... Moi, le nounours qui n'a rien de particulier... Le garçon que j'aime m'aime... J'y crois pas. J'y crois pas !

Il écarquille les yeux. Abasourdi, trop sonné pour parler, il scrute Natsume, à la recherche d'une quelconque trace de mensonge. Mais il n'en discerne aucune. Natsume a dit la vérité.
Il essaye de contrôler ses mouvements, mais en vain. Tout son corps est secoué de tremblement, et son nez commence à le picoter. Les larmes sont déjà en route pour assaillir ses joues à lui, après que l'autre ait chassé les siennes pour lui annoncer ce qui est censé être la meilleure nouvelle de sa vie. Presque inconsciemment, il recule de quelques pas, avant de porter à son tour ses mains sur son visage, puis sur sa tête, qu'il griffe également. Si d'habitude il retient Faust de le faire, il est apeuré en remarquant que même ses doigts ont du mal à lui obéir. Sa respiration devient plus saccadée, et ses yeux rougissent, portés désormais vers le sol. Il veut serrer les dents, mais le rire jaune s'échappe tout seul. Ne pas craquer. Ne pas craquer. Ne pas craquer.
Mais trop tard. Il craque.
Du moins, à sa manière. D'un coup sec, il arrête les tremblements de le secouer, comme s'il redevenait maître de lui-même. Il ferme les yeux, puis les rouvre après avoir remis ses bras le long de son corps. Il fixe Natsume d'un regard froid. C'est pour ça. C'est pour ça qu'il l'évitait tout ce temps et qu'il ne voulait pratiquement plus échanger un mot avec lui. C'est pour ça qu'il avait tous ces comportements étranges. C'est pour ça qu'il s'est dirigé vers sa chambre tout à l'heure en trombe, laissant l'Enodril dans le salon. C'est pour ça. C'est parce que Natsume est amoureux de lui. Parce qu'il avait peur de ses sentiments à son égard, tout comme le petit ours avait peur des siens.
Ses poings se serrent très fort, ses jointures blanchissent, et des traces d'ongles se forment déjà dans la paume de ses mains. Il passe deux secondes à le dévisager d'un œil mauvais, porteur de la même fureur et tristesse que l'autre.
Enfin, brutalement, il empoigne le col du japonais avec ses mains et le rapproche de lui pour poser ses lèvres sur les siennes afin de l'embrasser.
En ce seul geste, c'est comme si toutes ses émotions négatives avaient fondus comme neige au soleil. Il ne sait pas du tout ce qui lui a pris, ni comment il a trouvé le courage d'oser, mais il l'a fait. A défaut de parler, il se contente de laisser son corps faire. C'est doux, tendre, et il se surprend à y trouver un petit goût sucré, comme de la fraise. A ce moment-là, s'il y avait fait attention, il aurait pu entendre son cœur battre plus fort, mais si une chaleur intense le parcourt, aucune ne vient perturber la couleur naturelle de son visage, pour une fois. Il se sent terriblement bien.
Cependant, il est obligé de rompre le contact. Il se décolle lentement de lui, avant qu'une de ses mains ne vienne lui caresser la joue. Il ne s'en est pas rendu compte, mais il n'a pas pu retenir ses larmes de couler. Elles se détachent de ses orbes rouges pour tomber sur ses pommettes, alors qu'un mince sourire apparaît finalement.

- Je t'aime.

Idiot.
Il ne tente même pas d'essuyer ses larmes, et vient directement se jeter au cou du Shimomura pour lui donner le câlin qu'il a mérité et qu'il se tardait de lui offrir. Ses bras entourent sa nuque, tandis que ses doigts glissent d'eux-même dans sa chevelure. Il le sert fort, très fort, prenant quand même soin de ne pas l'étouffer.

- Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime !

Il le répète, encore et encore, pour que l'autre l'entende distinctement et le retienne. Un hoquet part sans son avis, mais il s'en fout. Il n'en a plus rien à faire, du reste. C'est sans aucun doute l'adolescent le plus heureux de l'île, si ce n'est de la Terre. Cet amour inespéré qu'il a toujours cru à sens unique, mais auquel une partie de lui se raccrochait parfois en s'obstinant, se disant qu'il pourrait peut-être y avoir un fol espoir que ses sentiments soient réciproques. C'est tellement beau que cela semble irréel.
Si c'est un rêve, faites que je ne me réveille jamais.

It's okay to be gay !

Samaël Enodril

Trop occupé à s'entraîner, à s'intéresser aux Pokémons et a démêler le joyeux bordel qu'était son esprit après janvier, Sam n'a jamais, dans toute sa vie entière, penser un seul instant à trouver l'amour ou même s'imaginer tomber amoureux. Il laissait ça pour les romantiques finis, mais ce n'était décidément pas son truc. Alors bien sûr, il n'a jamais imaginé non plus comment serait son premier baiser, ni avec qui il l'échangerait. Lui, tout ce qu'il l'intéressait, c'était de combattre pour prouver sa valeur et accessoirement de se faire des amis. Même si sa mère avait tenu à lui donner quelques conseils, c'était toujours d'une oreille trèèès distraite qu'il l'avait écouté. Depuis qu'il s'était rendu compte de ses sentiments envers Nat, il s'était dit qu'il aurait peut-être mieux fait d'entendre ce que sa génitrice lui racontait, aussi chiant que ça pouvait être. Cependant il était un peu trop fier de ce côté pour lui faire répéter, bien que ça n'aurait pas du tout dérangé sa mère de lui réexpliquer, trop heureuse que son fils ait enfin trouvé quelqu'un à aimer, même si elle savait que ça allait prendre du temps. Si elle savait ce qui était actuellement en train de se passer entre les deux adolescents, pas de doute qu'elle hurlerait d'euphorie comme une fangirl excitée devant sa série. Mais ce n'est pas la seule qui aurait envie de crier son bonheur. L'Enodril, à l'instant même, aimerait dire au monde entier qu'il aime Natsume. Trop longtemps il l'a caché au concerné simplement pas peur, mais il pourrait lui répéter le mot magique autant de fois qu'il voudrait. Si ses larmes coulent, ce n'est nullement dû à de la tristesse ; bien au contraire. Il peine à se souvenir de la dernière fois où il a été aussi content comme ça. Natsume l'aime. Il n'a jamais vraiment désiré autre chose depuis qu'il a appris qu'il était également amoureux du hérisson. Maintenant qu'il sait que ce qu'il ressent est partagé par l'autre, il sait que rien ne pourrait le rendre plus radieux.

C'est au tour du lapin de craquer et de sangloter à son tour. Le cœur de Sam, bien qu'ayant bondi de joie lorsque le Shimomura lui a fait son aveu, il ne peut que se serrer en ressentant toute la peine de l'éleveur dans ses larmes. Il prend alors conscience de toute la douleur et du doute qui l'a assailli, lui aussi, et le fait de se savoir responsable de tant de souffrance le chagrine, s'en voulant à lui-même de ne lui avoir rien dit plus tôt alors qu'il sait maintenant que ça aurait réglé bon nombre de leurs problèmes. Il soupire intérieurement, mine de rien, en comprenant que ce sont ses Pokémons qui avaient raison. Mais s'il regrette d'un côté, de l'autre il se dit que son angoisse était compréhensible, et que de toute façon, le porc-épic a réagi pareil que lui.
Il se contente de serrer un peu plus le cadet alors que ce dernier se blottit contre lui et s'empare maladroitement de sa taille. Il aurait ronronné, s'il avait pu. Malgré les pleurs de soulagement, malgré tout ce qu'ils ont endurés, l'aîné ne peut pas être plus comblé en cet instant même. Il a bien fait de continuer d'espérer un petit peu, tout au fond de lui ; car même si c'était dur de calmer ses rougissements et sa maladresse en présence de celui qu'il aime, il constate le résultat de tout ça et ne peut que remercier Arceus pour être tombé amoureux de Nat, même s'il pensait que le dieu des Pokémons se foutait de lui pour la même raison. Tandis qu'il s'excuse, un de ses mains quittent ses cheveux hérissés pour descendre dans son dos et le frotter doucement. Il lui répond enfin, faisant tout son possible pour calmer ses tremblements et ses hoquets.

- T-t'as pas t'excuser, t-tu sais. Moi aussi j-je dois te demander p-pardon. Ça devait p-pas être évident p-pour toi. Mais j'avais t-trop peur de te p-perdre après ça. J-j'osais rien t-te dire.

Chaque nouveau sanglot est dur à supporter, mais le soulagement qu'il éprouve en ce moment ne peut être brisé. Malgré les pleurs de l'autre, il sait qu'il est tout aussi rassuré que lui. Son sourire un peu triste ne le quitte pas, et il embrasse doucement le cou de Natsume avant de le regarder à nouveau et d'essuyer ses propres larmes. Puis, il prend une grande inspiration, se surprenant à parler plus normalement, sans trop bégayer.

- Mais sache que jamais, tu aurais pu me dégoûter à cause de ça, d'accord, Nat ? Allez, sèche-moi ces grosses larmes. Je n'aime pas te voir pleurer, et encore moins quand c'est ma faute. Je m'en veux de t'avoir donné tant de problèmes.

Jamais il n'a voulu être la source des ennuis du lapinou. Mais après cette journée, rien n'aurait été sans doute plus parfait comme bouquet final. Enfin, le fait qu'ils soient tombés chacun dans les bras de l'autre (dans les deux sens du terme). A contrecœur, il se détache lentement de celui qu'il peut désormais considérer comme son « amoureux » (même si la niaiserie du mot fait presque honte à la joueuse), et ramasse la clé tombée au sol avant de se diriger vers la porte pour la déverrouiller. Il ne l'ouvre pas, mais au moins, ils ne sont plus enfermés. Avec toujours son petit sourire empli de tendresse, il se tourne ensuite vers Natsume.

- Tu ne vas plus t'enfuir, hein ?...

Car c'est bien pour ça qu'à la base il l'avait emprisonner dans sa propre chambre. Connaissant ce sentiment de ne plus pouvoir sortir d'une pièce, il avait intérieurement grimacé de faire endurer ça au plus jeune. Mais il avait été hors de question pour lui de prendre le risque que l'autre s'enfuit lâchement au lieu de lui répondre. Néanmoins, maintenant, il n'a plus à avoir peur que le porc-épic l'évite.

It's okay to be gay !

Samaël Enodril

Ce n'est pas comme s'il avait eu vraiment peur que Natsume s'enfuit après ce qu'il venait de se passer, mais disons qu'il a seulement posé la question pour confirmer en quelque sorte une autre question, cachée derrière celle-ci. Si on traduisait l'interrogation du nounours, il demandait tout simplement s'ils étaient bel et bien ensembles. Sam n'a jamais eu besoin de désigner quelqu'un comme ça, mais peut-être qu'il est temps pour lui de se dire qu'il a véritablement un... un petit ami, maintenant. Et pas seulement littéralement, hein. C'est son... copain. C'est idiot mais cette pensée suffit à le faire rougir légèrement. Heureusement qu'il se maîtrise, car sinon il sautillerait peut-être actuellement sur place, tant il est excité et heureux à l'idée de ce qui lui arrive. Il s'était peut-être bien imaginé qu'un jour il aurait une femme et des gosses, parce que c'est tout simplement la base et qu'il voulait que sa mère le lâche avec ça, mais il se rend compte à quel point il aime Natsume et ne peut plus mentir sur son avenir pour cesser d'inquiéter sa génitrice ; son avenir, il considère désormais que c'est l'éleveur. Et si ce dernier le veut également, alors Sam sera comblé.
Lorsqu'il lui sourit un peu nerveusement, l'Enodril se sent fondre. Il est décidément bien trop adorable pour son bien, et il se peut l'aîné finisse lui aussi par mourir de cuteness à force de craquer à chacun de ses sourires. Quand Natsume est comme ça, il en faut vraiment peu au nounours pour être heureux (oui je sais très bien à quelle chanson vous pensez mais sachez que c'est foutrement ironique du fait que Baloo est aussi un ours).

Si on ne l'arrêtait pas, il pourrait passer des heures à le contempler avec cette expression atrocement niaise sur le visage. Maintenant que la vérité a éclaté pour le plus grand bonheur des deux zouaves, il ne ressent aucune honte ni gêne à le regarder, comme transi d'amour. Ce n'est que lorsque le lapinou est seulement à quelques centimètres de lui qu'il semble se réveiller et se rend compte qu'il a fini par se rapprocher lui. Ayant été obligé de s'éloigner du hérisson pour se diriger vers la porte, il n'osait plus trop s'avancer vers lui, un peu embarrassé. Débile, vous dites ? Mais totalement ! Aheum. Bien que le petit ours apprécie grandement cette proximité, il cligne des yeux, soudainement conscient que l'autre hésite à faire ou dire quelque chose. Ne se lassant jamais des câlins, l'envie de l'enlacer lui prend de nouveau ; mais il se retient, ne voulant pas brusquer son pe... petit ami (ouais, décidément, c'est dur).
Il est limite sur le point de lui demander si quelque chose ne va pas, lorsque le Shimomura pose sa main sur sa joue pour la caresser doucement. Il savoure le contact décidément plus qu'agréable que lui procure cette caresse avant de se faire tirer en avant. Rougissant un peu en pensant alors à ce qu'ils sont tout près de faire, il hésite à fermer les yeux tout de suite ou attendre. Mais alors qu'il croyait que le cadet allait directement l'embrasser, comme lui l'a fait tout à l'heure presque inconsciemment, l'éleveur préfère demander avant de passer à l'acte. Sa timidité achève d'attendrir le plus âgé, et ce dernier s'apprête d'ailleurs à lui donner son autorisation, quand brusquement, la porte s'ouvre et trois intrus tombent les uns sur les autres dans un bruit qui fait sursauter le compétiteur.

Il écarquille les yeux et, comme son compagnon, le rouge lui monte instantanément aux joues. Faust, Isaac et Alice écoutaient apparemment depuis quelques minutes leur conversation, et nul doute qu'ils ont pu apercevoir par la serrure le moment où Sam s'est emparé du col de l'autre adolescent. Affreusement embarrassé, l'Enodril n'ose ni parler, ni bouger, ne voulant pas risquer de se ridiculiser davantage. Ce n'est toutefois pas seulement la présence des trois énergumènes mais également les paroles qu'ils échangent qui finit de mortifier les deux jeunes amoureux. S'il se sentait plus qu'à l'aise y'a même pas quelques secondes, c'est maintenant comme si le compétiteur entendait dans son cerveau le résonnement d'un verre qu'on aurait cassé. Ils ont pariés... J'y crois pas...
Aurait-il pu être plus gêné que ça ? Sûrement pas. Enfin, du moins, c'est ce qu'il se dit. Mais en écoutant parler sa nièce, il se remet de suite en question. Apparemment, elle savait depuis le début les sentiments réciproques que partageaient son oncle et son grand frère adoptifs.
Avantageusement pour ceux qui ont été pris en flagrant délit, les voyeurs ont vite fait de partir, non sans que le Conseiller ordonne en quelque sorte à Sam de rester dormir. Une fois qu'ils sont redescendus en bas, l'ourson pousse un grand soupir avant de répondre à la crainte de son copain.

- Apparemment, si.

Mais depuis quand le savaient-ils ?...
Dans tous les cas, Samaël est sûr maintenant que le départ soudain de Faust et des autres au parc d'attractions n'était pas un hasard, et que peut-être qu'Alice n'était pas si innocente non plus, compte tenu des manipulations qu'elle leur a fait subir le soir où ils l'ont gardé. De plus, la photo d'eux endormis l'un contre l'autre que le Donovan lui a envoyé termine sa conclusion. Ils le savaient avant même qu'ils ne s'en rendent compte eux-mêmes. Eh bien. J'espère au moins qu'ils sont contents, maintenant, se dit l'ourson avec un petit sourire mi-blasé, mi-amusé.
Après dix secondes de silence, l'aîné lance un sourire malicieux vers Natsume.

- Où en étions-nous, déjà ?... Ah, oui. Tu me demandais si tu pouvais m'embrasser. Eh bien pour répondre à ta question...

Là-dessus, sans même demander l'avis de l'autre, qu'il imagine comme consentant, l'enolian prend le lapin par la taille et le ramène contre lui avant de se pencher vers son visage. Mais alors qu'il se prépare à l'embrasser de nouveau, il hésite à la dernière seconde, effleurant juste ses lèvres. Tout à l'heure, c'était un peu sous le coup du choc dû à sa révélation qu'il a osé lui donner un baiser. En sentant sa main glisser sur la taille du Shimomura dans une caresse, cependant, il se ressaisit et laisse son désir prendre le dessus pour sceller une nouvelle fois leurs lèvres ensembles. Ce contact lui procure bien plus de bien-être et de chaleur qu'il n'aurait pu espérer.

- ... Oui, tu peux, dit-il en décollant sa bouche de la sienne.

Il émet un petit rire cristallin avant de faire son plus beau sourire lumineux.

- Mais puisque je dors ici ce soir, je peux te garantir que demain matin, on aura notre revanche !

Puis il s'éclaircit la gorge, soudain plus sérieux.

- Je... j'aurai qu'à pioncer dans la chambre d'amis, et... euh...

Il n'ose bien évidemment pas l'avouer, mais il aurait pour sûr aimé rester avec Nat ce soir. Dormir avec lui, quoi. Même le canapé ça lui aurait allé. Mais il commence de plus en plus à se faire tard, et il va sans doute devoir quitter cette chambre pour la nuit. Enfin, du moins, c'est ce qu'il se dit.

It's okay to be gay !

Samaël Enodril

Ça peut paraître étrange que le nounours soit plus à l'aise dans ce genre de chose alors qu'il n'est jamais tombé amoureux auparavant et qu'il n'a encore jamais embrassé qui que ce soit (car logiquement, l'un ne va pas sans l'autre). Il s'étonne lui-même de ne même pas être si gêné que ça lorsqu'il échange un baiser avec Natsume. Il s'est toujours dit de toute façon que la première fois qu'il le ferait, ce serait très maladroit et il rougirait atrocement, se connaissant. Mais étant donné qu'il était tout à l'heure dans un état limite second, il se rend compte maintenant qu'il n'a pas à être si embarrassé que ça. Et par ailleurs, maintenant qu'ils... sortent ensembles, l'un comme l'autre auront très certainement envie de s'embrasser, et heureusement donc qu'ils ne rougissent pas comme des tomates à chaque fois. Sinon ils étaient pas sortis du château (ouais parce que vous vous rendez bien compte qu'une auberge est beaucoup trop petite).

Jusqu'à il y a récemment, Sam n'a vraiment jamais dormi avec quelqu'un ; il dormait surtout seul ou avec ses Pokémons. Mais depuis la mort de son père, il a commencé à dormir avec sa mère, ne serait-ce pour la consoler et lui signifier qu'il était toujours là si elle avait besoin de lui, même s'il voyage sans cesse. Avec la téléportation, c'est bien plus simple de revenir chez lui, mais avant janvier, il se rendait moins compte de la quasi solitude dans laquelle il laissait sa mère lorsqu'il partait en vadrouille. Avec la présence des Pokémons que Sam laissait chez lui, ce n'était plus devenu un problème ; mais Lyra connaissant le côté Résistant de son fils, il est bien normal qu'elle s'inquiète pour lui et qu'elle prie Arceus pour qu'il reste en vie, ne voulant pas perdre un autre membre de sa famille.

Il mentirait s'il disait qu'il n'a jamais rêvé, même s'il en avait honte, de dormir avec Nat lorsqu'il a su ce qu'il ressentait exactement pour lui. Se disant qu'il n'y avait aucun espoir entre eux, de toute manière, il s'était permis de rêvasser innocemment en se sentant tout de même coupable à chaque fois. Pour noyer sa peine, malheureusement, il n'avait pas réussi à trouver autre chose ; même pendant l'entraînement il lui est arrivé de penser à lui et c'était devenu impossible de se concentrer et de se servir des techniques de combat pour oublier le lapin. Alors quand il lui propose de dormir dans son lit avec lui, ses rougeurs reprennent mais son regard semble briller comme s'il y avait des étoiles dans ses yeux, comme les ridicules héroïnes de shojo dont la niaiserie totale ne peut alors permettre aucune différence entre elles et le nounours qui est déjà condamné à fondre et à se transformer en guimauve depuis qu'il a appris les sentiments de Nat à son égard.

De plus, ça n'a pas du tout l'air de déranger l'autre, qui lui répond d'un ton indifférent et sans incommodité. Il aurait pu lui proposer de faire une partie de Monopoly que ça aurait été la même chose. Sa voix neutre le rassure, prouvant que cela ne le gêne absolument pas de dormir avec lui ; Sam croit juste en se disant qu'il ne lui aurait jamais demandé une chose pareille si cela le mettait mal à l'aise, et cela finit de le rasséréné.
Puis, comme s'il vient d'être conscient de ses paroles, il sourit timidement et bafouille. A sa vue, le dresseur a de nouveau l'impression qu'il va se transformer en flaque tant il le trouve adorable. Et même si cette comparaison a déjà été faite de nombreuses fois, ça reste toujours drôle de se dire qu'il y a deux mois, l'Enodril trouvait le hérisson chiant et exaspérant, à tel point qu'il se demandait comment Faust pouvait vivre avec un gamin dans son genre et admirait sa patience face au comportement de son cousin. Mais aujourd'hui, il pourrait dire au monde entier qu'il sort avec le plus mignon lapinou sur Terre et qu'il en est fier. Si au début il ne voyait que ses défauts, ils sont devenus tout à coup invisibles depuis quelques jours. Comprenant son intention quant à sa vanne, il glousse, plus décontracté. Mais il a tort. A être aussi cute comme ça, il finira par le tuer. A moins que quelqu'un n'ait un foie de rechange, et la joueuse refuse de lui donner le sien qu'elle vient de remplacer pour la cinquième fois.

- ... T'es sûr, hein ? demande-t-il quand même.

Il sourit à son tour, un peu embarrassé, avant de se masser la nuque (foutu tique du Conseiller qui veut plus partir) et de l'observer avec tendresse, les joues teintées légèrement de rouge.

- Dans ce cas... ce serait avec plaisir.

Son sourire s'élargit et il rit un peu bêtement, avant de se diriger vers son sac d'où il sort un simple t-shirt gris qui lui sert de pyjama. Même si la chaleur de l'île fait qu'il dort parfois torse nu, il ne veut pas prendre le risque de gêner Nat et se change pour ne laisser sur lui que son t-shirt et son caleçon noir. En regardant ses Poké Balls, il soupire intérieurement, imaginant la réaction de ses Pokémons quand ils apprendront la nouvelle. Il n'est pas pressé de le leur annoncer, mais il ne veut pas avoir à se cacher en leur présence et autant qu'il le leur dise plutôt qu'ils le découvrent sur le tas.
Il se glisse ensuite dans le lit du côté droit, donc pas celui qui est contre le mur, et attend sagement que l'éleveur le rejoigne. Une fois qu'il s'installe à côté de lui, une expression niaise s'installe sur son visage et il s'allonge enfin, en poussant soupir d'aise. Décidément, il ne peut vraiment pas dire qu'il a passé une mauvaise journée ; peut-être même qu'il n'aurait pu rêver mieux, vu comment elle s'est terminé.

- Bonne nuit, Nat'.

Il finit par fermer les yeux, n'osant toutefois pas se rapprocher davantage du Shimomura mais s'il en a envie, et plonge bientôt dans un sommeil qui se promet d'être serein, étant donné qu'il ne peut pas être plus heureux à cet instant même.
Et pourtant, alors qu'il est profondément endormi, une de ses Poké Balls s'agite, et Gastby, son Spectrum, en sort bientôt. Si ce dernier obéit au doigt et à l'oeil de son dresseur parce qu'il a su le maîtriser, le Pokémon s'est intérieurement promis d'accorder au jeune humain un ultime mauvais tour, censé marquer le réel début de sa soumission. S'il doit se dévouer corps et âme -surtout âme, en fait- à l'ourson, il ne peut pas rester sur sa faim et rater la dernière occasion de lui faire une tromperie. Cette nuit est le moment idéal pour agir, étant donné que Sam est non seulement endormi, mais qu'en plus il s'est ramolli à cause de ses sentiments. Un sourire glacé sur le visage, Gastby se rapproche de son maître. Il a, pendant un instant, peur de ne pas pouvoir mener à bien son plan à cause des émotions bien trop positives qui émanent de l'Enodril. Mais il a gagné un peu de puissance depuis son évolution et arrive à rassembler ses forces pour pénétrer ensuite dans l'esprit de l'adolescent.
Le rêve du petit ours brun pue autant l'agrément que lui en ce moment. Il se retrouve dans une prairie envahie de fleurs aux multiples couleurs. Il est seul, mais un sourire doux se dessine sur ses lèvres et il finit par s'allonger dans le champ fleuri aux odeurs agréables. Derrière lui, planant dans les airs, Gatsby se retient de vomir (tout comme la joueuse, d'ailleurs) tant cette chimère respire le bonheur et semble être une représentation du paradis. Mais il est temps pour le Spectrum de transformer ce rêve en cauchemar, et ce paradis en enfer. C'est donc avec un rictus vilain qu'il se sert de ses pouvoirs pour déformer l'ambiance et le paysage.
Bientôt, l'humain sursaute brusquement en sentant quelque chose lui agripper son poignet droit. En se redressant, il pousse un hoquet d'horreur lorsqu'il remarque que le squelette d'une main lui tient fermement la manchette et qu'il peine à s'en débarrasser. Au bout de plusieurs secondes interminables où la panique le gagne peu à peu, il réussit à délivrer son bras et se relève pour commencer à courir et sortir de cette illusion dans une tentative veine. Il court à en perdre haleine, mais à chaque pas qu'il pose à terre, d'autres mains squelettiques sortent du sol et tente de s'emparer de ses pieds dans le but de le faire trébucher. Autour de lui, tout se métamorphose. Les fleurs se fanent tandis que le ciel s'assombrit pour laisser apparaître une lune rouge et les éclairs qui déchirent l'atmosphère dans un fracas assourdissant semblent fondre sur lui, comme s'ils attendaient le moment propice pour le foudroyer. Cherchant à sa ceinture des Poké Balls absentes, il se rend compte qu'il est seul. Seul et perdu. Une énième main profite d'une seconde d'inattention de sa part pour saisir sa cheville et il pousse un cri juste avant de se faire engloutir dans les ténèbres. Il se dit qu'il va se réveiller. Il doit se réveiller. Mais non ; au lieu de ça, il tombe dans le vide, sans aucune lumière pour l'éclairer, et finit par atterrir lourdement sur une chaise. Enfin, une lampe s'allume. D'abord rivé sur lui, elle s'éloigne ensuite rendre compte de la pièce au jeune garçon. Il se trouve dans une cellule de prison qui lui est étrangement familière. En apercevant soudainement Ikaël en face de lui, il écarquille les yeux. Il tente de bouger, mais remarque qu'il est attaché à la chaise, et qu'il ne peut rien faire. Alors qu'il essaye de s'adresser à son père, aucun son ne daigne sortir de sa gorge, alors qu'il remue pourtant les lèvres. Muet, Samaël sait pourtant très bien ce qui va se passer. Ses doutes se confirment quand il voit arriver deux hommes dans la cellule. L'un deux enroule d'une seule boucle un long fil très fin mais tranchant autour de son cou. Frappé d'épouvante, pendant que son père l'appelle à l'aide et le regarde avec supplice, son fils hurle toujours et commence à pleurer ; mais même si sa voix est revenue, c'est sans succès qu'il arrive à arrêter la suite. Les deux nouveaux arrivants tire chacun sur un bout du fil, et Ikaël se fait décapiter juste devant lui. La tête saute, et le sang gicle tellement qu'il inonde bientôt le sol. Progressivement, la pièce se rempli du liquide poisseux et écarlate avant d'engloutir Sam qui finit par se noyer et sombre dans le noir en entendant un rire sinistre qui n'est autre que celui de son propre Pokémon.

Gatsby s'échappe enfin de l'esprit de son dresseur pour revenir dans sa Poké Ball, satisfait. L'Enodril, quant à lui, se réveille en sursaut, haletant et transpirant comme s'il avait parcouru des kilomètres. Comme dans son affreux cauchemar, il sanglote. Il n'a pas pu s'empêcher de pleurer dans la réalité. Il renifle, soulagé de revenir à la réalité et de constater qu'il est bel et bien dans la chambre du lapinou, et s'essuie rageusement les larmes qui coulent d'elles-mêmes sur ses joues. Mais il se fige en se rendant compte qu'il a également réveillé Natsume, et se tourne vers lui pour s'excuser.

- J-je t'ai réveillé ?... E-excuse-moi, Nat. T-tu peux te recouche-er. C'est r-rien.

Il fait de son mieux pour contrôler les battements de son cœur et la vision horrible qui repasse en boucle dans sa tête, mais l'image de son père se faisant arracher la tête lui revient en pleine face. Honteux et gêné d'avoir sorti du sommeil son petit ami, il baisse la tête.

- P-peut-être que... qu'il vaut mieux que je dorme sur le canapé. Au moins, je ne risquerai plus de t'embêter...

Pensant être débarrassé de ses cauchemars qui ne cessaient de le hanter, il croyait pouvoir dormir avec le japonais sans problème. Mais voilà que même en voulant bien faire, il finit quand même par le déranger et l'empêcher de dormir alors que cette journée riche en émotions a dû l'épuiser lui aussi. Quel piètre copain je fais. Elle commence bien, notre relation...

It's okay to be gay !

Samaël Enodril

Il ne voulait pas le réveiller. C'était bien la dernière chose qu'il voulait pendant la nuit. Il s'est forcé à se convaincre qu'il n'y aurait pas de soucis, qu'il n'allait pas bouger pendant la nuit, et qu'ils allaient tous les deux dormir dans un sommeil réparateur et trèèès serein. Mais bien sûr, ça ne se passe pas toujours comme Sam le prévoit, pour le grand malheur de ce dernier. Il est gêné de l'avoir dérangé alors qu'il a autant besoin que lui de reprendre des forces après tout ce qui s'est passé et les événements contrastants qui se sont déroulés les uns après les autres. Il s'impatientait de découvrir le lendemain matin, en voyant l'élu de son cœur allongé près de lui, que cette si belle soirée n'avait pas été le fruit de son imagination et qu'il lui arrivait enfin un événement qui allait bouleverser sa vie dans le bon sens du terme. S'il a longtemps cru que l'amour lui serait futile, il se rend compte qu'il a bien été sot de croire ça alors que celui qu'il éprouve pour Nat est si fort et intense que cela le surprend maintenant d'avoir pu croire qu'il aurait le courage de tout garder pour lui et de ne jamais rien lui dire. Il serait passé à côté d'une chose merveilleuse, mais alors qu'il pensait vraiment que ses cauchemars n'allaient plus refaire surface maintenant qu'il sort avec l'éleveur, il se demande vraiment jusqu'à quand et qu'est-ce qu'il faudra qu'il fasse pour qu'ils disparaissent définitivement.

Mais Sam apprend des choses tous les jours. Et là il va apprendre que c'est un putain de chanceux en matière de petit ami.
Lorsque l'autre pousse un profond soupire, le nounours, dans sa débilité légendaire, croit que c'est ce qui va se passer : qu'il va lui demander d'aller dormir ailleurs car il l'empêche de dormir correctement. C'est pour ça qu'il manque de sursauter quand il sent ses mains se poser doucement sur ses joues pour effacer les dernières larmes traîtresses qu'il n'a pas réussi à faire disparaître lui-même. Puis, il lui demande de l'attendre, en lui affirmant qu'il compte revenir vite. Surpris, Samaël cligne des yeux et le voit partir, puis l'entend descendre les escaliers. Tout de suite, il imagine que Natsume va aller chercher une couette pour l'installer sur le sofa, ou même un matelas pour qu'il dorme juste à côté du lit. Je savais que j'allais le déranger, pense l'Enodril qui regrette d'avoir eu un mauvais songe juste quand il ne le fallait pas. Cependant, il se rappelle de la douceur infinie avec laquelle il lui a parlé, et il essaye de se détendre, curieux de savoir ce que son copain est allé faire en bas. Nerveux, il trépigne sur place et joue distraitement avec le drap, tentant de ne pas être inquiet quant à ce qu'est allé faire le Shimomura.

Enfin, le cœur battant, il perçoit le bruit des pas de Natsume et ce dernier rentre enfin dans le chambre en fermant la porte derrière lui. Samaël se demande toujours ce qu'il est allé fabriquer, jusqu'à ce qu'il remarque la tasse entre ses mains. Ah, il avait juste soif, en fait.
Le japonais pose sa tasse et se remet dans le lit, avant de le scruter quelques secondes. Puis, l'ourson laisse les bras du cadet entourer son cou pour le rapprocher de lui et lui offrir un câlin, surpris mais certainement pas contre cette proximité qu'il aime tant. Il ronronnerait s'il le pouvait, tant il apprécie cette tendresse, au même titre que les caresses qu'il sent dans son dos et qui l'apaisent immédiatement. A sa question, il se fige. C'était si évident, que ça, hein... se dit le plus âgé qui s'en veut un peu de se montrer dans un tel état de faiblesse devant son petit ami. L'Enodril se blottit contre Nat, et se laisse rassurer par ses paroles, l'écoutant en silence. Ses mots le calment, le consolent, et les vestiges de son cauchemar disparaissent peu à peu pour laisser place à des pensées agréables et à la chaleur que lui procure le lapinou. Il rougit légèrement, mais il se sent si bien qu'il n'a même pas envie de l'interrompre pour lui dire que c'est réciproque, même s'il le sait, désormais. Il veut graver tout ce qu'il dit dans sa mémoire, pour pouvoir se les remémorer encore et encore.

Il se retient même de frissonner de plaisir quand il lui donne un bisou sur sa joue, et ne peut que sourire devant celui de Nat. Il hoche la tête au moment il continue de parler, puis s'immobilise d'un coup après qu'il ait fini. Il a fait du chocolat chaud... pour moi ?...
Le dresseur comprend alors qu'il a remonté la tasse à son attention et qu'il a préparé tout spécialement sa boisson chaude préférée juste pour lui remonter le moral. Sam reste silencieux, et scrute le chocolat en question quelques secondes, avant de poser de nouveau ses yeux dorés sur Natsume. Le petit ours brun est obligé de se mordre la lèvre pour ne pas pleurer une nouvelle fois. Il est ému. Emu et attendri du geste que son copain vient de faire pour lui. C'est simple de faire du chocolat chaud, pourtant ; mais pour lui, cela signifie tellement... Il renifle, avant de sourire au japonais, touché de sa gentillesse.

- T'es adorable. Merci, Nat.

A son tour, il entoure la taille de l'autre adolescent avec ses bras avant de caler sa tête sous son menton, un sourire comblé sur le visage.
Il y croyait à moitié lorsqu'on lui disait que c'était un nounours incroyablement chanceux. Aujourd'hui, il ne peut plus nier que c'est vrai, et qu'il a vraiment de la veine d'avoir Nat à ses côtés. Celui-ci sait exactement comment l'adoucir et le rasséréner. D'un coup, l'Enodril se sent tout de suite beaucoup mieux ; même s'il en vient à se demander si un cauchemar aussi réaliste peut sembler être de sa propre invention, ou si un certain spectre de sa connaissance n'aurait pas profité du fait qu'il était dans un état de bonheur total pour lui gâcher sa joie.
Si le compétiteur avait fermé les yeux pour profiter de cet instant, il les rouvre en sentant une odeur qu'il ne distinguait pas auparavant mais qui est un régal pour ses narines. Il sent la menthe... C'est agréable. A cette pensée, il se cale un peu plus contre lui et pousse un soupir d'aise.

- Je regrette pas de t'avoir soigné, ce jour-là. J'suis vraiment content que tu sois tombé amoureux de moi.

Enfin, après quelques minutes, il finit par s'éloigner de lui pour prendre la tasse sur la table de nuit et boire le chocolat chaud avec délice. C'était vraiment la touche finale pour qu'il se sente mieux ; l'effet est immédiat, à tel point qu'il met quelques secondes tout finir. Il repose la tasse vide sur la petite table et se tourne une énième fois vers Nat, de nouveau souriant et revigoré. Il pose une main sur le torse du Shimomura et le pousse lentement sur le lit pour qu'il se rallonge. L'ourson se met ensuite juste au-dessus de lui, avant de plonger dans ses prunelles, toujours avec cette même expression attendrie. Pour la troisième fois, il se penche ensuite vers son petit-ami pour l'embrasser encore, espérant avoir cette fois tous les éléments réunis pour passer une bonne nuit.

- Moi aussi je t'aime.

Il vient de le redire encore, et est au courant que l'asiatique le sait. Mais maintenant qu'il peut enfin le dire librement, sans avoir à se cacher, il compte bien le répéter encore et encore à chaque fois que l'envie lui prendra. Il veut être là pour Natsume, le chérir, et faire de son mieux pour être le petit ami qu'il mérite.
Finalement, l'Enodril repose sa tête sur la poitrine de l'éleveur et ferme les paupières une nouvelle fois pour se replonger dans le sommeil. Collé contre le hérisson et bercé par les battements de son cœur, Sam retombe dans les bras de Morphée pour de bon. Mais aucun cauchemar ne vient le troubler cette fois.

It's okay to be gay !

Samaël Enodril

A partir du moment où il ferme les yeux et commence à s'endormir avec cette chaleur, cette odeur de menthe, et cette douceur contre lui, c'est comme s'il était immunisé de tous les mauvais rêves qui tenteraient de pénétrer dans son esprit. Même Gatsby n'aurait pas pu lui rejouer un sale coup s'il l'avait voulu. C'est comme s'il avait une aura bienfaitrice, procurée par sa proximité avec Natsume, qui l'entourait et le protégeait des pensées négatives que son passé avait marqué au fer rouge dans son esprit. La dernière fois qu'il avait passé une aussi bonne nuit, c'était quand il s'était endormi contre Nat, il y a à peine quelques jours. Le Shimomura est un peu comme un doudou, mais en dix fois mieux. Même s'il avait peur de l'écraser en se calant contre lui, il trouvait quand même qu'il était plus confortable que le matelas, tant et si bien qu'il n'avait pas mis longtemps à plonger de nouveau dans le sommeil. Ce n'est que la deuxième nuit qu'ils passent côte à côte, mais l'ambiance est quand même bien différente du jour où ils se sont vus confier la garde d'Alice. A ce moment-là, c'était un ami. Aujourd'hui, c'est son petit ami. Et si le lapin lui a proposé de dormir avec lui ce soir, cela signifie sans doute que ce sera tous les soirs comme ça. Pour le plus grand bonheur de l'ourson, cette nuit n'est que la première de nombreuses autres.

Au matin, Sam ouvre doucement les yeux pour s'habituer à la lumière du jour qui filtre par la fenêtre. Même si l'Enodril est conscient qu'il devrait se lever et ne pas rester au lit jusqu'à midi, il est tellement bien installé qu'il n'a vraiment pas envie de bouger. Lui qui d'habitude n'aime et n'arrive de toute façon pas à dormir quand il fait jour, cela ne le dérangerait pas de rester couché, pour une fois. Pourtant ce n'est qu'après qu'il se rend compte que les bras de son petit ami l'entourent avec affection, comme la dernière fois. Il a dû m'enlacer durant la nuit, se dit l'aîné, qui est définitivement aux anges. Cela doit être aussi pour ça qu'il a aussi bien dormi. La position dans laquelle ils sont ne lui donne vraiment pas envie de s'arracher tout de suite à lui. Mais il finit par se dire que l'autre va sans doute vouloir se lever d'ici peu de temps et il ne veut surtout pas le gêner en restant sur lui.
Alors, il relève la tête et son regard croise celui de Nat, déjà réveillé, et il lui sourit tendrement. Décidément, si sa vue le faisait rougir comme une tomate au début, voilà maintenant qu'elle le fait fondre comme de la guimauve. Son sourire timide manque de le faire ronronner. Il risque de souvent se transformer en flaque, avec lui... Mais il est tellement adorable ! J'vous jure, il va vraiment finir par me tuer...

- Salut, toi, lui répond-il d'une voix douce.

Lorsqu'il lui demande s'il a bien dormi, Sam ne réplique pas tout de suite. Il le scrute, toujours avec ce petit sourire un peu énigmatique. L'inquiétude de son copain le ferait presque rire. N'a-t-il pas vu à quel point il était bien ? Ce n'est pas tout le monde qui arrive à faire en sorte que Sam ait envie de rester au lit. Il n'aurait pas pu être mieux, pour dire. Cependant, au moment où il est sur le point de le rassurer, il sent les bras du japonais desserrer leur emprise sur lui. Il n'affiche pas extérieurement sa surprise ni sa contrariété. Il était bien, là ; il aurait voulu que Nat continue de le câliner. Même sil est un peu déçu, l'hypothèse que le cadet veuille descendre pour prendre son petit déjeuner lui vient et il a soudainement un peu honte de vouloir le retenir ici à cause de son simple caprice alors qu'il a peut-être faim. Ce n'est que lorsqu'il voit ses joues prendre une teinte rouge et qu'il lui fait des excuses avec un sourire reflétant son embarras qu'il comprend. Il rit doucement, amusé mais en même temps touché par les craintes du lapinou à son égard. Le nounours s'approche ensuite du visage du hérisson pour lui donner un bisou sur la joue avant de l'observer avec un regard amoureux.

- J'étais parfait, là. Tu sais quoi ? Je crois que j'ai jamais aussi bien dormi.

Par la suite, l'Enodril se redresse et ne quitte pas le porc-épic de ses prunelles dorées, le scrutant avec toujours cette même face horriblement niaise et transi. Ses mains parcourent le torse du Shimomura dans de longues caresses qui se transforment bientôt en massages. Il n'ose pas vérifier l'heure, ne voulant pas même avoir envie de sortir de la pièce. Pas tout de suite, du moins. Cela fait bien trop longtemps qu'il ne s'est pas senti aussi heureux et épanoui. Le fait que ses sentiments soient réciproques a tellement été gravé dans sa tête comme s'agissant simplement d'une illusion qu'il a encore parfois du mal à se dire qu'ils sont vraiment... en couple. Pourtant, même si cette pensée paraît toujours étrange quand il la formule pour lui-même, il ressent automatiquement une agréable chaleur l'envahir, lui rappelant à chaque fois que non, il ne rêve pas, et que même si le chemin que leur relation a parcouru pour en arriver jusqu'à là est assez particulier, Sam peut affirmer sans mal (et cela lui paraît aussi très bizarre) que même s'il gagnait la Compétition, il est sûr qu'il ne pourrait pas être plus heureux en cet instant même ; car trouver ce qui semble être (attention à ce que la joueuse ne vous vomisse pas dessus à cause de la niaiserie) « l'amour de sa vie » est de très loin la plus satisfaisante de toutes les victoires.

- Alors, donc... on-on sort ensembles... Ç-ça me paraît toujours un peu insolite. J'suis jamais tombé amoureux de quelqu'un auparavant. Tu... t'es le premier. Mais je... je ferai tout pour être ton dernier !

Sa phrase se termine par un nouveau rire, de gêne, cette fois-ci, et au tour de ses propres joues de prendre quelques couleurs.
Il ne sait toujours pas ce qui a attiré Natsume chez lui, mais il est assez fier d'avoir été celui qui a capté son attention plutôt qu'un autre. Même si imaginer une seule seconde que Nat aurait pu avoir quelqu'un d'autre dans son passé qu'il a aimé comme il aime Sam actuellement fait intérieurement grincer des dents ce dernier, il se promet de tout faire pour être le dernier copain de Natsume. Je sais que je ne devrais pas penser à ça maintenant, mais... j'espère vraiment que je resterai intéressant pour lui.
Il quitte le visage de l'éleveur quelques instants pour parcourir la pièce du regard, ainsi que sur le deuxième oreiller se trouvant sur le lit. Il baisse ensuite les yeux et sourit en rougissant de plus belle, avant que sa main ne vienne passer sur sa nuque.

- J'imagine que je n'aurai plus besoin de dormir dans la chambre d'ami quand je viendrai ici, maintenant...

Mais n'allez surtout pas croire que je vais m'en plaindre, hein.
Au cas où son copain voudrait sortir du lit, Samaël se déplace sur le côté, sans toutefois arrêter ses massages. Sa main s'enlève pourtant de son ventre pour prendre celle de Nat avec tendresse. Il va sans doute devoir s'habituer à quelques changements, mais il mentirait s'il disait que cela le dérangeait ; car il se rend compte que pour lui, il serait vraiment prêt à faire n'importe quoi.