Être un homme comme toi # avec Faust

FAUST ⏏ « Fier, mais surtout chanceux. Je... J'aimerais bien la rendre heureuse comme lui nous a rendu heureux. Au moins pour elle.»

Je baissais le regard, avec un sourire nostalgique. Nul besoin à mon grand frère de détailler plus que besoin. Il parlait de notre cher père. J'avais été longtemps jaloux des années que mes grands frères avaient eu pour eux, alors que j'avais moins profité de notre géniteur. Mais en fin de compte, je me trouvais heureux d'avoir pu le connaître. D'avoir pu profiter des ses conseils, de son humour, de ses remarques.

FAUST ⏏ « Et un jour... J'aimerais bien arriver à mériter de nouveau mon nom de grand frère. Et revoir Clive correctement, aussi. J'espère beaucoup de choses, en somme. »

ELLIOT ⏏ « Faust. Même si tu es parti, cela ne t'a pas rayé de notre famille. Ta présence est toujours là, en tout moi je la sens. Tu es encore avec nous, et ... Et tu es toujours mon grand frère. Il n'y a qu'un pas à faire, pour que tes désirs deviennent réalité - pour ceux qui ne le sont pas déjà. »

Voir Faust aussi pensif à ces sujets faisait battre mon coeur. Bizarrement, j'avais eu l'envie de le prendre dans mes bras. Mais c'aurait été ridicule : j'étais le petit Elliot, le malade, celui que sa famille avait toujours rassuré. Ce n'était pas mon rôle d'être le protecteur de mes frères. Et pourtant, je lui fis un sourire rassurant et fraternel. Je plaignais ceux qui ne connaissaient pas l'impression d'avoir un frère - ou une soeur. Même après toutes ces années sans Faust, le voir sourire ou triste faisaient naître un écho de ses émotions chez moi.

FAUST ⏏ « Et toi ? Tu espères quoi ? »

ELLIOT ⏏ « Moi ?! Heu .... »

Petites secondes de réflexion. Vaste interrogation pour un adolescent. Il baisse le regard, hésite, pèse ses mots, puis hausse les épaules avec un sourire désabusé.

ELLIOT ⏏ « Finir mes études. Ce serait déjà pas mal. On a prévu avec mon groupe d'amis de continuer dans la branche informatique. Et peut-être créer mon propre réseau informatique - ou même commercialiser nos inventions. Je n'espère pas grand chose en fin de compte - je travaille chaque jour pour réaliser ce qui me semble naturel. Mais ... Si il y a une chose que ... Que je pourrais espérer ... Ce serait te voir plus souvent. »

Pensée aussi égoïste que soudaine. Mais sincère, terriblement sincère. Je souris à mon grand frère : le voir près de moi me fait du bien. Puis avec un léger éclat de rire, mon regard se fait amusé.

ELLIOT ⏏ « Ha si. Un espoir : te battre un jour dans un combat pokémon, mon cher grand frère. Je ne dis pas que je vais participer à la quête des badges, mais Alice m'a fait découvrir le plaisir des combats, et mes amis pokémons semblent tout aussi curieux que moi. Alors, un jour, peut-être qui sait ? Je viendrais te voir. Et nous nous affronterons. »

Cette perspective en aurait sûrement effrayé plus d'un, mais moi elle m'excitait, m'emplissait de joie. Zéro s'approcha de moi et posa sa tête sur mon pied, avant de se frotter à ma jambe. Je le pris dans mes bras, faisant attention à ne pas me frotter à ses pics empoisonnés. Le Nidoran baîlla, et je souris. J'aimais mes pokémons, et j'étais prêt à tout pour mûrir, avec eux. Pour grandir. J'inspirais doucement pour calmer la légère douleur qui pulsait dans ma poitrine - non, pas de crise. Pas de crise. Pas devant Faust. Pas devant Alice.

© Great Thief

Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

Ce serait vraiment plus simple, si tout n'était pas aussi compliqué. Bien sûr, c'est ô combien facile à dire, mais si Faust sait une chose, c'est que ce n'est pas le cas, même si il aimerait bien que ce soit le contraire. Il n'a pas été rayé de la famille, il le sait. C'est lui-même qui est parti après tout, et il a fait son choix il y a maintenant longtemps. Ce qui empêche son retour vient principalement de lui-même et pas d'eux, et il en est conscient. Sa folie ne lui brouille pas à ce point la vue, au moins. Lorsqu'il s'était disputé avec sa mère en apprenant sa relation avec le régime, lorsque Clive et lui s'étaient hurlé dessus à de nombreuses reprises, quand il avait appris pour l'appartenance de son jumeau au Régime... Tout cela n'avait fait que le convaincre qu'il avait pris la bonne décision, même si elle était dure à supporter et affreusement douloureuse durant certaines périodes où elle se rappelait à lui comme la blessure incurable qu'elle était. Il ne sait plus vraiment ce qu'il est supposé faire, parfois ; mettre ses principes de côté et retourner auprès d'eux ou continuer à se battre pour ce en quoi il croit et ce en quoi son père croyait ? Mais véritablement, la question est de savoir si il peut passer au dessus de sa rancune et de son dégoût pour ceux qui lui ont tout pris, et la réponse, il ne préfère pas y penser tant elle révèle au grand jour son égoïsme et sa stupidité manifeste. Au final, seule la fin du conflit pourra amener son retour, et il a honte de cette vérité, et c'est pour cela qu'il détourna les yeux en entendant Elliot dire cela. Un pas à faire, oui, mais un pas trop grand pour lui. Il ne l'avouera jamais, étant donné que cela briserait autant le cœur de son petit frère que le sien. Parfois, l'espoir valait peut-être mieux que la vérité, et c'était une très amère chose à avaler dans ce cas.

Question espoir toutefois, Elliot paraissait en avoir quelques uns. Des espoirs ma foi humains et respectables, qui firent naître un sourire fier sur le visage du conseiller, heureux que la morosité et l'état général de l'île n'aient pas affaibli la volonté du cadet. Il était admiratif, pour tout dire, de son courage et sa détermination à garder sa bonne humeur malgré tout, ce que Faust n'avait pas su faire en ce début d'année et suite à la mort de leur père. Il avait fallu l'arrivée d'Alice pour qu'il finisse par retrouver toute sa forme, et c'était parfois pour elle qu'il se forçait à rester debout même dans les cas les plus affreux, comme lorsqu'il avait appris pour la mort de Yuna. Mais c'était un autre sujet.
Qu'il dise ouvertement vouloir le voir plus souvent le fit doucement sourire, attendri par l'honnêteté de l'affection que lui portait son petit frère. Oui, lui aussi souhaitait le voir plus régulièrement, et sur ça, Faust pouvait trouver un moyen de s'arranger ; avec des efforts, tout était possible. Le battre aussi était possible, car l'entraînement menait à tout. Mais là encore, c'était s'avancer car tout prenait du temps, malheureusement. Il ne pouvait pas dire que la possibilité de se battre avec lui ne l'intéressait pas plus qu'un peu, ça aurait été un mensonge plus que grossier.

« T'inquiètes, je trouverais toujours un moyen de t'appeler pour qu'on se voit : en plus de ça, j'ai du temps libre maintenant que les matchs de ligue sont finis pour l'instant. »

Son sourire stupide revint sur son visage, plus grand que jamais. Néanmoins, il se forçait un peu, désireux de faire disparaître la tension qu'il avait fait naître en mentionnant leur père.

« Et puis si t'as envie, tu pourrais venir avec moi lors de certains de mes entraînements, si ça te dit ! On aura l'occasion de combattre un jour ou l'autre, de toute façon, mais avant ça, il va falloir que tu t'entraînes un peu ! »

Il accompagnera sa taquinerie d'un ébouriffage en règle des cheveux du cadet. Son ton, devenu joueur, semblait refléter l'allégement de l'ambiance. Tant mieux, en un sens. Tandis qu'Alice observait l'échange, elle note dans un coin de son esprit de le pousser à venir voir Elliot plus souvent, rien que pour qu'il sourisse un peu plus ainsi.

Être un homme comme toi # avec Faust

FAUST ⏏ « T'inquiètes, je trouverais toujours un moyen de t'appeler pour qu'on se voit : en plus de ça, j'ai du temps libre maintenant que les matchs de ligue sont finis pour l'instant  »

Sourire. Mon souffle s'est calmé, apaisé par la présence de mes pokémons, de mon frère et de ma nièce. Pas de crise - pas cette fois. Avait-il remarqué quelque chose, lui qui autrefois avait été si mère poule ? J'étais le petit dernier, celui si faible, si malade. J'inspirais encore, en m'efforçant de garder bonne figure.

FAUST ⏏ « Et puis si t'as envie, tu pourrais venir avec moi lors de certains de mes entraînements, si ça te dit ! On aura l'occasion de combattre un jour ou l'autre, de toute façon, mais avant ça, il va falloir que tu t'entraînes un peu ! »

ELLIOT ⏏ « Ha, je veux bien, ça pourrait être très sympa. S'entraîner auprès d'un conseiller ce n'est pas donné à tout le monde. Mais je veux aussi faire des progrès par moi-même, tu comprends ? La prochaine fois qu'on se verra, j'aurai agrandi mon équipe, et gagné en force. »

Je rêvais déjà à une équipe équilibrée, mais également aux pokémons dont je rêvais depuis tout petit. Soudain, un petit bruit de bip me fit sursauter et je baissais les yeux sur ma montre. Je grimaçais et me tournais vers mon frère et Alice.

ELLIOT ⏏ « Il est déjà si tard ! Le temps passe vite ! Bientôt, il fera nuit. Je dois être rentré pour bientôt, ou maman va se faire du soucis - même si Clive sait ou je suis. Je ... Je dois rentrer finir mes devoirs aussi. Mais ... Faust, on se reverra bientôt. Hein ? »

C'était une question douce, presque une supplique. Faust m'avait manqué comme ce n'était pas permis. Deux frères ne devraient jamais avoir à être séparés ainsi, pas quand ils peuvent se voir comme ils veulent - ou du moins plus souvent. Je souris, et un second bip - alarme de ma montre - retentit. Je zippe mon sweat et met ma capuche, avec un petit air guilleret. Ce combat, ce moment, cet endroit. Je n'oublierais pas.

ELLIOT ⏏ « Je file. Au revoir Alice. J'ai eu de la chance dans ce combat - la prochaine fois, je suis sûr que tu gagneras. Au revoir, rentrez bien. »

Je tourne le dos et m'avance dans les bois, plus loin. Porygon a déjà envoyé un message et le pokémon psy m'attend déjà, comme un gardien tranquille. Quelques instants plus tard, je suis devant chez moi. Le coeur qui bat, la gorge sèche. J'ai besoin de repos, le téléport m'a donné mal au crâne. Mais sous mes tempes résonnent également les souvenirs. Je n'oublierai pas, non.

Spoiler:

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L'offre fut acceptée, et Faust ne pu s'empêcher de sourire en voyant qu'Elliot était ben déterminé à progresser pour réussi à le battre un jour ou l'autre ; tant mieux. Pour être honnête, il ne pouvait pas réussir à diminuer l'excitation que cette idée faisait naître en lui, et l'impatience qu'il sentait bouillir n'aidait sûrement pas à le rendre plus calme face à cette possibilité très réelle. Il se contint toutefois et garda une apparence de sérénité, remerciant par ailleurs son jeu d'acteur impeccable qui lui rendait réellement service des fois, en faisant un petit sourire tranquille qui n'était là que pour dissimuler le fait qu'intérieurement, il sautait partout comme un espèce d'enfant surexcité en plein état d'overdose de sucre. Il caressa machinalement la tête de Dalhia, un geste qui lui servait à faire quelque chose pour gérer son impatience et son envie de voir rapidement ce dont son petit frère était capable.
Puis un bip attira son attention, et c'était apparemment l'heure pour le cadet de retourner chez lui, ce qui n'était pas étonnant vu le temps écoulé depuis le début de leur rencontre. Un peu triste mais décidé à ne pas afficher sa peine, Faust garda une façade souriante pour ne pas rendre la situation plus pesante et lourde qu'elle ne l'était déjà. Même si son cœur se serrait déjà à l'idée qu'il faudrait attendre leur prochaine rencontre, le fait qu'il savait qu'il était en sécurité et qu'ils finiraient pas se revoir rendaient la douleur qu'il ressentait plus supportable, mais pas moins désagréable et affreuse. De toute façon, finit-il par se dire en soupirant intérieurement, rien ne servait d'y penser autant, vu que ça ne changerait absolument rien. De plus, il était le seul responsable de toute cette peine, alors qu'il n'avait que lui-même à blâmer.

Il salua donc les deux, et Faust lui fit un geste de la main pour lui dire au revoir, tout comme Alice. Dalhia, elle, se contenta d'observer l'adolescent d'un air intrigué, se demandant sûrement ce qui passait par la tête d'Elliot. Le conseiller, toutefois, préféra fixer la silhouette de son petit frère disparaître peu à peu dans les bois, jusqu'à ce qu'il ait finalement totalement quitté son champ de vision. Une fois cela fait, il soupira un peu, et finit par inviter à Alice à repartir de l'autre côté ; ils feraient un tour en marchant avant de retourner à la maison, car il n'était pas pour l'instant d'humeur à rentrer, sachant qu'Isaac voudrait lui parler et qu'il ne se sentait pas près pour une conversation aussi importante maintenant.

« Tu viens, ma puce ? On va aller se chercher une glace ou deux je crois, j'ai faim. Ça t'intéresse ? »

La fillette hocha vivement de la tête, et Faust soupira intérieurement de soulagement : du sucre, voilà qui lui occuperait l'esprit pour qu'il ne pense pas trop à toutes les pensées à la fois agréables et douloureuses qu'avaient ramené en lui cette rencontre.