Séance de thérapie autour d'une barquette de frites

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« Tu sais, si tu avançais plus vite, on serait déjà arrivés, et par conséquent sûrement en train de manger.
- J'avance au rythme que je veux. C'est toi qui a voulu me traîner ici, je te rappelle.
- Tu ne devrais pas jouer à ça, Nat... Tu sais, le feu, ça brûle !
- L'eau c'est mouillé, aussi. Ah, pardon, je croyais qu'on faisait le tour des évidences. Tu disais ?
- Je disais que si tu persistes à faire ta tête de mule...
- Quoi, tu vas me taper sur les doigts ? »

Mauvaise réponse. Le conseiller s'arrêta alors et se retourna pour offrir une moue moqueuse et provocatrice à Natsume, qui n'en saisit le sens que lorsque l'aîné se rapprocha dangereusement, l'attrapa par la taille et se mit à le porter comme une mariée. L'adolescent se mit alors à beugler et à frapper pour s'en sortir, mais Faust se contenta de rire gaiement tel l'abruti qu'il était, bien content d'avoir réussi son tour.

« Nope, mais j'ai faim, alors quand tu auras arrêté de chigner et que tu auras gentiment demandé, je te reposerais.
- Va te faire mettre. ET LÂCHE-MOI !
- Dans les deux cas, l'envie n'est pas spécialement là. Et tu sais, ce n'est pas ça que je voulais dire par 'gentiment'.
- Tu peux parler de gentillesse, espèce de vieux kidnappeur.
- C'est pour la bonne cause. T'aurais préféré le pique-nique à quatre ?
- ... Je t'emmerde.
- Je sais, je sais. Mais pour l'amour d'Arceus, un peu de politesse, t'es dans la ville.
- La ville peut aller se faire-
- Natsume !
- Grmph. »

Certes, Faust avouera que se comporter ainsi n'aide pas vraiment à adoucir le lapin qui a plus l'air de programmer sa mort dans son esprit qu'autre chose, mais il dira aussi sans honte qu'il prend un malin plaisir à le martyriser un peu après la frayeur qu'il lui avait fait subir et toute l'angoisse qu'il avait supporté durant la journée, à se demander ce qui avait bien pu arriver pour le mettre dans un pareil état. Et puis au fond, il savait que ces chamailleries stupides le distrayaient un tant soit peu, et l'éloignait donc des pensées sombres qui devaient sans nul doute passer dans la tête de son cousin. Mine de rien, il avait envie de lui remontrer le moral, alors il s'y prenait comme il le pouvait, c'est-à-dire en le faisant un peu chier. Après, il faudrait qu'il aborde le sujet sensible, mais pour l'instant, il pouvait bien attendre. Et tant pis pour les regards interloqués des passants ; le seul truc qui  l’intéressait ici, c'était de faire à la fois attention à son cousin et au Solochi qui avait fortement insisté pour l'accompagner. Dalhia et Kaito étant retournés dans leurs balls respectives, il ne restait plus que ce chenapan qui avait désiré se balader un peu, ce soir. Mine de rien, le soleil était déjà couché. Les enseignes commençaient déjà à faire office d'éclairage et l'odeur de la nourriture était partout, ne cessant donc de susciter son appétit.

Séance de thérapie autour d'une barquette de frites

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Ce petit manège dure dix bonnes minutes au moins, durant lesquels Natsume démontre une capacité à l'acharnement et à l'entêtement tout à fait prodigieuse malgré le fait qu'il est mort à la fois d'embarras et de honte. Les regards des passants n'inquiètent pas tant Faust, mais ceux-ci ont vite fait d'amener le lapin à sa perte. Celui-ci serre fortement les dents et les mains, avant de finalement lâcher la prise.

« … S'teplait.
- Hn ? Tu disais ?
- ...Steplaîtlâchemoi.
- Ar-ti-cu-le, Nat. Articule !
- S'il te plaît, lâche-moi !
- Avec du cœur, maintenant !
- Continue et je te castre. »

Décidant qu'il avait assez profité, le conseiller reposa l'éleveur, non sans montrer un grand rictus goguenard qui fit lever les yeux au ciel à Natsume. L’adolescent s'épousseta et jeta un regard noir à son kidnappeur improvisé, mais ce n'eut d'autre effet que de faire glousser Faust qui fit une note mentale de lui apprendre à avoir l'air menaçant, un jour, parce que l'air de chaton mouillé, si il était certes mignon (mais pour Faust il était juste poilant), n'était vraiment pas intimidant. Néanmoins, même si le Shimomura n'était pas non plus très lourd avec ses cinquante kilos tout mouillé, eh bien cela lui faisait quand même du bien que de ne plus avoir ce poids à porter, parce que mine de rien Faust n'était pas non plus une montagne de muscles, loin de là. Il ébouriffa d'ailleurs les cheveux du lapin pour l'agacer et ainsi cacher son expiration de soulagement. En attendant, il ne restait plus qu'à avancer, et ils arrivèrent en cinq minutes de marche à peine devant une friterie. Faust savait très bien que son cousin n'était pas fana de ce genre de repas, mais ce soir, il se disait qu'il avait bien le droit de lui imposer ça ; après la frayeur d'aujourd'hui, de toute façon, Natsume pourrait difficilement protester.

« Dooonc... Ketchup, Mayo, Ketchup-Mayo, Moutarde, Barbecue, fromage, tout ce qui a été dit précédemment en même temps ?
-... Je suppose que le cholestérol est inclus dans toutes les équations ?
- C'est tout le point d'une friterie, Nat. Personne ne vient avec comme objectif de faire attention à sa santé.
- De toute façon avec ton alimentation tu me diras, tes artères ne sont plus à ça...
- Hééééééé ! Moi au moins je fais de l'exercice, donc ça fond ! Tu sais, à force de bouffer comme un lapin, tu vas VRAIMENT en devenir un !
- Déjà, je fais du skate et je courre. Ensuite, excuse-moi de ne pas avoir le besoin de m'empiffrer à chaque occas-
- Tu voudras de la glace à la vanille ?
- Trois boules avec coulis chocolat et pépites de noisettes.
- Capisce. Bon par contre, y'a de la queue, alors on va devoir attendre un peu... »

Et, pendant qu'ils étaient dans la fille d'attente, Clifford faisait connaissance avec un Moufouette du coin, quelque peu interloqué par son air un peu morne.

Séance de thérapie autour d'une barquette de frites

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Les files d'attente, ça craint. Ça pue du cul, même, et ça tout le monde le sait, alors il est probablement inutile de le dire clairement ici, surtout d'une manière aussi puérile, mais disons qu'il s'agit de la pensée principale de Faust alors que son estomac gronde (comme toujours, me direz-vous) en sentant l'odeur de toute cette graisse saturée qui n'attendait qu'à venir se loger dans ses artères. Bon, d'accord, ça c'était la vision de Natsume, et même si le lapin avait un point, puisque le conseiller doutait que Raoulisto le 'cuisinier' fasse très attention à la légalité de ses produits ou si l'huile qu'il utilisait était plus de moteur que de friture, voir même que l'huile en question soit en quantité supérieure à la quantité d'alcool qui tournait dans le coin, eh bien cela restait de le bouffe. De la bouffe de merde, CERTES, MERCI Natsume, mais un estomac affamé mangerait à peu près n'importe quoi, et si le lapin continue de beugler dans la tête de la joueuse qu'il n'était pas non plus désespéré, il y aura fort à parier qu'il finira grillé et servi en tranches dans un coin. Oui oui ce post part en sucette, la narratrice le sait et n'a pas l'énergie de se battre contre l'avalanche de nawakisme qui vient enterrer le peu de logique qu'il y ait jamais eu dans cette capture.
BREF. En tous cas, si l'estomac de Faust beugle, ce ne sera pas le cas longtemps ; ils finissent enfin par passer commande, et pendant que l'aîné des hérissons saute sur le plat le plus 'nutritif' (remarquez les guillemets qui ne sont pas là pour rien), Natsume se contente d'une simple barquette de sa glace. Ils n'ont donc plus qu'à attendre, et l'éleveur est surpris de constater que Faust n'ait pas abordé le sujet sensible jusqu'à maintenant, ce qui ne manque pas de l'angoisser et de le faire trépigner devant le comptoir.

« Mais sinon... Tu penses pas qu'une petite pause te ferait du bien ?
- Hein ?
- J'veux dire... Un peu de détente, ça serait cool. T'as l'air stressé, et vu la dose de boulot que tu accomplis... Sérieux gamin, c'est pas sain. T'as besoin de repos, ou de penser à autre chose qu'à bosser tout le temps. Je sais que tu détestes l'immobilisme, mais un minimum de calme... Ça fait du bien, quoi. »

Natsume grimaça. Il voyait où son cousin voulait en venir, certes, mais il savait aussi qu'il avait vu faux. Le lapin se massa la nuque, mal à l'aise.

« C'est pas... C'est pas juste une overdose de stress et de boulot. »

Mais avant de vous dire ce qu'il se passa juste deux secondes après, il serait nécessaire d'expliquer ce qui a pu mener à ça. Voyez-vous, pendant que les deux abrutis attendaient, Clifford avait décidé de traîner un peu à côté, notamment en grignotant des frites tombées à terre et en observant les environs. Son regard avait alors été attiré par un Moufouette qui, en plus d'être rejeté à chaque fois qu'il quémandait de l'affection comme un chiot abandonné, était devenu la cible de gamins turbulents qui, vu les bâtons qu'il tenait dans leurs mains, n'avaient pas vraiment envie d'être sympathiques avec lui. Vu que les événements se déroulaient dans la ruelle d'un côté, les sons étaient camouflés par les murs et le brouhaha incessant de la foule. Sauf que voyez-vous, Clifford est un Solochi qui se prend pour un chien ; un chien justicier, s'il vous plaît. Alors la défense des faibles, c'est un peu son truc.
Après s'être positionné devant le Moufouette en grognant comme un enragé, il aurait peut-être dû s'arrêter et se contenter de la tête hésitante des gamins puisqu'il aurait fini, au bout de quelque secondes de réflexion (que leurs neurones étriqués leur permettraient sûrement), par fuir. Il n'aurait sûrement pas dû s'énerver autant, ni se pousser jusqu'à l'évolution pour ensuite relâcher une furieuse Draco-Rage... Et ainsi exploser le mur.

Donc oui. Alors que Natsume était dans une situation épineuse, un mur d'un restaurant à quelques mètres d'eux tomba en morceaux. Lorsque les yeux de Faust se posèrent sur les dégâts et le pokémon en question, et certes voir que Clifford avait évolué était surprenant mais ce n'était pas le problème majeur ici, il ne pu se retenir.

« JESUS MARIE JOSEPH ! »

Silence. Tandis que le crépitement de quelques flammes continuaient de perturber ce mutisme soudain et que de la fumée s'élevait des restes, de nombreux regards se portèrent sur le conseiller, dont celui de Natsume qui avait surtout l'air assez interloqué, plus par l'expression en elle-même que la surprise.

« Ah ? Euhm, non, rien, j'avais juste toujours eu envie de dire ça. Ça et 'à trois on cours' alors qu'en fait on partirait à deux. Reste là et occupe-toi de Cliff, j'vais parler au proprio et voir si je peux m'en sortir en payant la réparation plus du bonus. N'oublie pas la bouffe. »

Il claqua alors des doigts pour faire signe au Diamat de retourner près de lui, ce que le dragon fit après avoir aboyé de joie (et Natsume crut alors avoir halluciné mais non, ce sont était bien sorti des deux gueules du pokémon à deux têtes), n'ayant apparemment pas compris en quoi son geste avait été quelque peu disproportionné. Faust s'accroupit pour être à la hauteur de son pokémon.

« Cliff, surveille Nat. S'il essaye de s'enfuir, tu as le droit de le mordre ou de l'assommer. Enfin, euh, surveille ta force, quand même. Pitié. »

Et après ces ordres très rassurants, le conseiller se dirigea vers le coin que le Diamat avait saccagé, non sans grimacer. Bon, vu la tête du patron, il n'allait pas s'en tirer sans une énorme addition... Ah, tiens, il était sorti avant que Faust n'ait eu le temps de rentrer : il allait visiblement avoir le droit à une engueulade en public. Génial. Mais il ne pouvait pas dire qu'il ne la méritait pas, celle-là. Si il avait remarqué le Moufouette qui suivait Clifford comme un ombre ? Oui, mais pour l'instant, il était plus préoccupé par la souffrance de ses tympans qui allaient bouffer très cher.

Séance de thérapie autour d'une barquette de frites

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Au moins, avec un zéro en plus sur le chèque que venait de lui faire Faust, le propriétaire du restaurant dont l'un des murs avait été explosé par Clifford n'avait pas longtemps hurlé. Il avait certes transformé les tympans du conseiller en purée pendant les cinq premières minutes, mais une fois sa signature apposée sur le petit papier, il n'y avait plus eu qu'un calme relaxant. Il se dépêcha donc de s'éloigner, parce que mine de rien les regards fixes sur lui était gênant, et retourna à côté de Natsume qui était en train d'essayer de chasser un Rattata pique-assiette assez ennuyeux. Rattata qui eut l'honneur de se faire mordre par Clifford et de partir en courant. Faust tiqua à peine, et invita le cadet à le suivre pour qu'ils descendent la rue en mangeant.
Tandis que Faust faisait signe à Clifford de rester devant eux, il fut étonné de constater qu'un Moufouette ne le quittait plus, et un sourire amusé étira brièvement ses lèvres ; de ce qu'il voyait, il ne rentrerait pas sans une nouvelle addition à l'équipe. Néanmoins, toutefois, il y avait des affaires plus pressantes, et existait-elle une meilleure méthode que de parler de ses problèmes en bouffant des frites et des glaces ? Ne répondez pas, c'est une question rhétorique. Et puis l'estomac, ça rapproche, de toute façon.

« Hé, tu sais... Y'a quand même un truc qui me fait chier.
- De quoi ?
- Ben... J'ai pas pu faire mon discours de pseudo grand frère protecteur, quand toi et Sam vous vous êtes mis ensemble. J'aurais bien voulu, juste pour la forme.
- ... Hein ?
- Nan mais tu sais, le truc du 'brisage de cœur égal à bras cassé' et toutes ces conneries ? Mais même moi j'aurais éclaté de rire au bout de cinq secondes, alors... Dans les deux cas, j'veux dire, que ce soit en faisant ce discours à toi ou à Sam !
- Ça aurait été stupide, oui.
- Ce qui n'aurait pas été stupide par contre, ça aurait été de te faire un cours sur le fait que l'autruchisme est la chose la plus idiote que tu peux faire subir à toi et à tes proches. »

Et, puisque le sujet était soudainement devenu bien moins léger, un froid s'installa, accompagné de son ami de toujours, c'est-à-dire le silence pesant. Si Natsume parut alors déterminé à fixer sa glace comme si elle détenait toutes les réponses à tous les mystères de l'univers, ce ne fut pas le cas de Faust qui, après avoir avalé une grande bouchée de frites ketchup-mayo-barbecue-fromage et plein d'autres trucs qui donneraient la nausée à quiconque lirait ce post, déjà j'ai envie de dire la personne en question serait maso mais bon, se permit enfin de reprendre la parole.

« Ce que je veux dire... Je ne sais pas ce qui s'est passé. En fait, à la limite, peu importe. Quoi qui te soit arrivé ou que tu ai fait, ce n'est jamais 'pas assez important' pour que tu n'en parles à personne. Surtout pas à ceux qui t'aiment et qui passent la journée à s'inquiéter pour toi. »

Silence. Faust sait qu'il a touché juste, et il n'a pas l'intention de laisser à Natsume ce silence qu'il croit naïvement être une réponse suffisante.

« Je ne suis vraiment pas le mieux placé pour te faire la morale. T'as même pas idée d'à quel point je suis aussi con que toi, en fait, mais ce que je veux dire... C'est que je sais que ça fait peur, de faire confiance à quelqu'un comme ça, et surtout de confier ses problèmes alors que ta fierté te hurle de ne pas le faire. Que c'est désagréable que d'inquiéter quelqu'un que tu aimes. Que tu préférerais oublier que parler, mais laisse-moi te donner un détail : on ne soigne pas une plaie en l'ignorant. Et malheureusement, parfois tu ne peux pas le faire toi-même, même si ça te fait chier. »

Faust n'aime pas les longues discussions philosophiques. Il les hait, même, tout autant que Natsume. Pourtant, bien qu'il aimerait faire tant d'autres choses que ça, il ne peut pas passer à côté de cette conversation, au moins pour le bien de l'éleveur, si ce n'était du sien.

« … Mon père a appelé, ce matin. »

Et à l'instant, tout parut plus clair.

Séance de thérapie autour d'une barquette de frites

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Faust ne connaît pas grand chose de Kazuo Shimomura, ou du moins en personne. Il se souvient vaguement lui avoir vomi sur les chaussures en étant très jeune lors d'un mariage ou un truc du genre au Japon, et qu'il faisait peur avec ses regards noirs, mais c'est tout. Rien de plus ou de particulièrement exceptionnel. En fait, il ne connaît pas non plus grand chose des Shimomuras en général, puisque sa mère avait toujours été très vague quant à sa famille ; vu qu'elle avait toujours eu des différends assez forts avec ses parents, Faust en avait conclu qu'elle ne devait pas avoir envie d'en parler et  n'avait jamais posé plus de questions que cela. Mais néanmoins, en apprenant à connaître Natsume, il avait compris une chose : son père était une affreuse et immonde ordure dégueulasse. Il est très rare pour Faust de détester quelqu'un, ou de se montrer sous son visage le plus hideux à cause de sa rancune, mais une fois qu'il a une dent envers quelqu'un, elle ne disparaît jamais vraiment. Très souvent, la seule façon que ça a de disparaître... C'est quand ses nerfs finissent par craquer et que ses doigts appuient accidentellement sur la gâchette et oups. Bien sûr, il ne fait ça que lorsque l'individu en question est un danger pour les autres, mais disons que, devant Kazuo... Il ne savait pas si il serait capable de retenir son poing, ou même de lui casser un os ou deux.
Ces pensées morbides subites le surprennent. Il se fustige mentalement d'avoir autant dérivé, mais même si il aimerait bien se sentir coupable de la haine qu'il ressent en lui, il n'y arrive pas. Surtout pas quand la victime est une des personnes qu'il considère comme étant ses priorités ; si il sait très bien que Natsume déteste être protégé, ce n'est pas ça qui va empêcher Faust de le garder sous son aile et d'essayer de réparer les dégâts causés par Kazuo. Il sait qu'il est parfois un peu dur avec lui et qu'il le couve sûrement trop, mais reste que lorsqu’il l'avait récupéré, le gamin était dans un état déplorable. Mentalement ET physiquement ; assez maigre, affaibli, des cernes conséquentes sous ses yeux délavés où existait seulement une lueur de fatigue, il ressemblait plus à un animal épuisé et lassé de tout. Ce qu'il était, en un sens, vu la dose de sarcasme mordant et d'agressivité qui étaient en lui. Faust avait vite compris, et n'avait pas tant accordé d'importance à ce côté teigneux du lapin : tout comme Clive à son âge, Natsume avait adopté ce mode de défense pour se protéger du monde.

Alors oui, les choses avaient nettement progressé. Avec de la patience et les efforts combinés de nombreuses personnes, ils avaient réussi à le faire peu à peu sortir de sa coquille et s'ouvrir davantage aux autres. Difficile de s'approcher d'un animal battu, mais avec beaucoup de calme et de douceur, il est tout à fait possible de découvrir un gamin affectueux et attentionné, ce qui avait été le cas. Bon, par contre, pour la politesse, c'était une toute autre histoire.

« Il a... Enfin, non, y'a rien de nouveau. Je me demande juste... Pourquoi j'ai cru qu'il finirait peut-être par m'aimer, un jour. Pourquoi je... Pourquoi tout ce qui le dit... Je...
- Pourquoi tu es persuadé qu'il a raison, c'est ça … ? »

Silence. Faust constate que l'adolescent a laissé sa glace dans un coin, ce qui est assez mauvais signe. Il pose alors sa barquette de frites à moitié finie, laissant donc au Diamat et au Moufouette le soin de manger, et attira l'éleveur dans ses bras pour le réconforter doucement, comme il le peut. Une de ses mains s'est posée dans son dos pour y dessiner des cercles invisibles et lorsqu'il entend les premiers sanglots arriver à ses oreilles, il pousse un léger soupir. Saloperie de Kazuo.

« Viens. On ne va pas rentrer comme ça ; je vais demander de nous téléporter dans un coin que je connais où ils servent les meilleurs chocolats chauds de la ville. Si tu veux, on peut faire une pause dans un endroit plus tranquille pour que tu te laisses aller, d'accord ?
- D'acc-d'accord pour le chocolat chaud. Mais ça ira, pas besoin de t'inq-t’inquiéter autant.
- Je fais ce que je veux. Mais soit, si tu n'as pas envie de te lâcher... Promets-moi au moins que tu en parleras à Kat, ou à Sam. Ou aux deux. Tu ne peux pas gérer ça tout seul, Natsu.
- ... Si ils savaient ce que je pensais, ça ne leur plairait pas.
- Sûrement. Toutefois, il faut bien que ça sorte, même si c'est stupide. »

Il sentit les bras de poulet du japonais se serrer un peu contre lui et il sourit légèrement. Même dans son état mental assez endommagé, il tentait de garder une apparence dénuée de tristesse, chose que ses yeux rougis démentaient

« P-pardon, Faust. C'est p-promis.
- C'est rien, gamin. Allez, ces chocolats chauds ne vont pas se goûter tout seul ! Ah, par contre... »

En toute honnêteté, le conseiller était très fier de sa franchise brutale qui lui permettait de demander à un pokémon si il voulait rejoindre son équipe, et ce sans la moindre seconde d'hésitation. Mais il était aussi fier de sa capacité à trouver les meilleurs cafés des villes qu'il visitait, parce que tout de même, la tronche ravie de Natsume et le sourire qui revenait progressivement sur son visage en valait la peine. Tout autant que le chocolat en question.
Et le suivant. Et le troisième.
L'indigestion au lendemain, par contre, avait été un peu moins sympathique.