Second badge

VS Phantom

Ezekiel n'aime pas les gaspillages de temps, les gêneurs et la lâcheté, et bien d'autres choses encore.  On devrait en réalité faire une liste de ce qu'il aime à la place de ce qu'il n'aime pas, cela prendrait sûrement beaucoup moins de temps et serait une tâche plus facilement réalisable par n'importe quel être vivant. Tout cela pour dire que rares, très rares sont ceux qui parviennent à se faire apprécier du Démolosse, tout simplement parce de nature, il avait toujours été mieux seul, et que la présence des autres l'enquiquinait plus qu'autre chose. Clive n'avait jamais posé de questions : quand Zeke voulait aller quelque part seul, il le laissait faire. Quand il partait des jours parfois durant l'adolescence du hérisson, c'était toujours de la même façon qu'il l'accueillait au retour : sans questions intrusives. Leur relation s'était toujours basée sur une confiance absolue et un respect mutuel de la liberté de l'autre, si bien qu'aucun des deux n'était supérieur à l'autre : la notion de 'maître' si répandue dans le dressage n'existait pas ici, et était même complètement exécrée. Ainsi, si Clive était devenu l'égal d'Ezekiel à bien des égards, personne d'autre n'avait réussi à se hausser à ce niveau pour lui.
Il y avait bien eu le père Donovan, qui par son courage et son audace avaient inspiré au Malosse qu'il avait été beaucoup de respect, Kagami avec sa force tranquille et son esprit affuté, Faust avec ses nombreux ressorts cachés, et quelques autres personnes encore. Mais dans l'équipe, seul Castiel avait été le seul qui, pendant très longtemps, avait pu être apprécié du Démolosse, et cela au début juste à cause de la capacité naturelle de la lignée évolutive de Gardevoir à comprendre les émotions des autres. Joshua n'était pas, à son arrivée, un pokémon qui lui avait paru intéressant ou qui aurait même pu attirer son attention, loin de là. Mais néanmoins, la persévérance de l'Hélionceau alors qu'il lui faisait subir, sous les ordres de Clive, un entraînement rude nécessaire si il voulait avoir la moindre once de chance durant la compétition, l'avait intrigué. Et peu à peu, il avait fini par apprécier ce sale gamin un peu bêta qu'était devenu le Némélios.

Autant dire que lorsque Clive avait annoncé qu'il serait celui à se battre dans l'arène d'Anula, il avait exigé de venir en observateur, et le dresseur avait vite capitulé. Et il n'allait pas dire que les résultats, aussi parlants qu'ils étaient, n'étaient pas admirables. Rayonnant de fierté, il n'avait pas pu s'empêcher de se rapprocher un peu du Némélios épuisé, et ce n'était pas l'apparence qui allait le gêner. La protestation du champion ne le fit d'ailleurs réagir que par un regard noir presque meurtrier tant Ezekiel jugeait ça malpoli ; mais là encore, il avait toujours été très à cheval sur la politesse. Le Démolosse, une fois que le Némélios fut rappelé, observa la Scarhino sans rien dire, cherchant déjà les coins les plus fragiles à attaquer.
Dès le signal de l'arbitre donné, Ezekiel s'était élancé, déterminé à frapper vite car il savait très bien qu'il fallait le faire avant de lancer une ouverture à l'insecte, qui par son double-type combat aurait pu rapidement le mettre à terre. Toutefois, en usant de Ruse, la Scarhino pu frapper en première. En encaissant le coup, le Démolosse profita de l'occasion pour lâcher une gigantesque gerbe de flammes de sa gueule comme l'avait fait Joshua plus tôt. Ce coup étant suffisant pour mettre l'insecte déjà affaiblie à terre, Ezekiel pu reculer et profiter du fait que c'était fini. En expirant légèrement, il entendit l’arbitre annoncer la victoire de Gabriel et se permit un léger sourire satisfait, mais rien de plus : il avait fait ce qu'il avait à faire, point. Pas de satisfaction inutile de ce côté.
Il revint aux côtés de Clive, qui alla récupérer son badge, s'inclina brièvement par respect de l'adversaire, et prit la route de la sortie.

« Merci pour le match. »

Pas davantage de mots : que ce soit Gabriel ou Clive, aucun n'aimait s'épancher dans trop de paroles. Son remerciement était sincère, et ce malgré son manque de respect envers l'homme en lui-même. Toutefois, en inspectant le badge, il poussa un soupir fatigué : tout ça pour ça ? Il ne put s'empêcher de se dire qu'il était peut-être insensé de partir dans la quête de tous ces badges, mais se rabroua vite et quitta l'arène. La moitié du travail n'était même pas encore fait.