« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

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 What about us? - Adagio II (OS, Evolution)

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Alexander Nagel
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MessageSujet: What about us? - Adagio II (OS, Evolution)   What about us? - Adagio II (OS, Evolution) EmptySam 28 Mar 2015 - 11:46

What About Us?

Très jeune, les cris me berçaient déjà. La nuit tombée, il m’arrivait souvent de ne pas dormir. Enfermé dans ma chambre, on s’assurait que je ne puisse pas sortir, certainement de peur que je commette d’irréparables fautes. Mais me laisser cloitré ainsi, n’était-ce pas une lame que l’on me tendait pour faire plus de mal encore le lendemain venu? Je ne dormais pas, pour cette raison. Il m’arrivait de détruire ce qui se trouvait autour de moi durant la nuit, à grands cris, passer ma frustration, mes interrogations dans cette violence qui a toujours été la mienne… Ce qui ne servait à rien. Quand je rentrais de nouveau en ces lieux, tout était déjà remis en ordre. Helmut n’a jamais rechigné à dépenser des mille et des cent pour me faire comprendre mon inutilité et mon impuissance à chacun des actes que je produisais sur mon entourage, en espérant exister un tout petit peu. A ces yeux, ceux de mon père. A ceux du monde entier. Mais ces nuits ou j’étais calme, c’était celles où des cris, des cris de douleur, venant du conduit d’air caché derrière un meuble de la chambrée, remontaient jusqu’à moi. Tels de doux murmures. Je poussais le meuble et écoutais ces mélopées venant des vastes caves de la demeure. Personne n’a jamais su, pour ce que j’entendais, ces nuits là. Des secrets, des confessions, des pleurs, et encore des cris. Je savais bien ce qu’on faisait à ces gens qui suppliaient parfois pour leur vie. La douleur. La douleur était la force. Celui qui sait infliger de la douleur est le plus puissant, je l’avais compris. Si ils étaient innocents, coupables, la raison de leur venue? Je m’en foutais bien. A l’époque, je me foutais de tout. La justice n’existait pas dans mon monde, rien n’était plus vrai que ma soif de sang, et mon dégout de moi-même, privé de l’existence. Ce que faisait mon père et ses hommes, là, en bas? Je ne sais pas trop, ça ne m’a jamais intéressé. Je grappillais ça et là des bouts d’histoires, pour en faire un puzzle venant combler ces nuits blanches sans sommeil. Des histoires de japon, de clans yakuza, mon père racontant un passé sombre de truanderies avec son associé, de l’Ambassade, le père Shinagawa, des conneries pour récupérer de l’argent sale, comme si il n’en avait pas assez, du propre. Rien détonnant à ce qu’il récolte ce qu’il a semé. Bien sur, je sais que là, en bas, il ne se salira jamais les mains, jamais il n’avouera son amour pour le sang, ce sale hypocrite. C’est ainsi que j’appris à connaître mon père, lui qui ne me parlait jamais, à part pour me rappeler à quel point j’étais pathétique. Et ce n’est pas fini. Le voila revenu dans ma vie comme je l’y avais invité. Cette fois, je ne dois pas douter de ma victoire à venir.

Je fus tiré de mes réminiscences et de cet état second ruminatoire quand une sonnerie perçante me rappela à la réalité, au présent. Sans réfléchir, encore dans les vapes, je décrochais, presque en hâte.

« Alex? »


Je me tais quand j’entends la petite voix que je n’ai que trop peu entendu, mais qui me semble parfaitement familière, comme si je l’avais toujours connue. J’arrête tous ce que j’étais en train de faire, les yeux écarquillés, pendu à chaque respiration à chaque minuscule bruit qui sort de mon téléphone. Con que je suis, je me pince même pour être certain que je ne rêve pas. Je n’ose rien dire, peut-être que cela est aune autre mise en scène de notre paternel. C’est probable. Fort probable. De multiples interrogations se bousculent dans ma tête, mais rien ne se passe à l’autre bout du fil, à part la respiration du tout jeune garçon, probablement lui aussi désireux de m’entendre lui répondre. Peut-être aussi que Helmut est là, à quelques pas, attend que je répondre pour prendre des mains de Ludwig le téléphone pour ensuite me narguer. Oh, ce serait tellement son genre. Si je voulais l’emmerder, j’utiliserais la même méthode. De longues secondes s’écoulent avant que je ne prononce mot, ma curiosité et ma joie d’entendre Ludwig à nouveau prenant le dessus.

« Ludwig… ? Allo? »
« Alex! »


Sa voix d’abord hésitante et craintive s’emplit d’un coup de joie. Je souris, malgré moi, imaginant mon petit frère heureux, pour cette fraction de seconde. Je n’ai fait que l’imaginer. J’ai refusé de voir à l’avance des photos de lui avec nos parents, des photos ne montrant qu’une réalité superficielle, celle que Helmut et Martha utilisent pour se faire bien voir du reste du monde. Je ferme les yeux, cherchant mes mots. Je ne sais pas combien de temps nous avons. Vite, je me reprends, dans ma langue maternelle que je n’ai pas pris autant de plaisir à faire entendre depuis bien longtemps.

« Est-ce que… tu vas bien, Ludwig? »
« Je suis trop content de t’entendre, Alex! Je… Je… Ne le dis pas… En fait… Papa ne sait pas que je suis là et… Et puis… Maximillien m’a… Il m’a aidé pour te téléphoner… Mais j’ai pas le droit, normalement… Je vais me faire gronder... Si Papa ou Maman me voient... »
« Tu ne devrais pas prendre de risques, comme ça… »


Ce vieux Maximillien, il me conduisait à l’école et venait me chercher certains week-end au pensionnat, je m’en souviens bien. Alors, même après notre fugue, à moi et Irina, il est resté au service de la famille Nagel. Je sais qu’il a toujours eu beaucoup de compassion pour nous, les jumeaux, ainsi que pour tous les enfants de cette famille. Même si je n’ai jamais pu être véritablement confiant en ce vieux de plus de 70 ans qui, malgré ses bonnes paroles à mon égard, s’écrase depuis je ne sais combien de temps devant le patriarche, et ce, probablement depuis que feu Siegfried, mon grand-père l’a employé. C’est bien pour cela que Helmut et Martha l’ont gardé et lui font probablement confiance. Mais il n’est peut-être pas si pourri que ça (ou alors il n’a plus toute sa tête et s’est décidé de dire « YOLOOOOO » en s’accrochant à ses restes de slip), si il a décidé de prendre des risques et aider Ludwig.

« Ne t’inquiètes pas. »

Je suis surpris par le ton si décidé de la voix de mon petit frère. Au passage, j’entends que son allemand est excellent, et qu’il sait soigner ses mots. Malgré moi, je suis fier. Fier de l’entendre si courageux. Fier d’entendre que lui aussi se bat, résiste, ne perd pas espoir. Et tout cela en même temps, j’ai peur. J’ai peur qu’il risque sa vie, peur de la réaction de Helmut si il découvre cela. Je me mords la lèvre. Je décide de le croire. Je me sens égoïste de lui faire prendre des risques ainsi. Et pourtant, je suis si heureux, en ce moment, et rempli d’un nouvel espoir.

« On, se verra bientôt. »
« J’ai vu ta victoire contre la Championne de Zazambes, c’était trop bien! »
« Ahah. C’était juste, tu sais. »
« Mais tu as gagné! »
« Oui… Et je te promets que je vais continuer à gagner. »
« Oui!! Comme ça je pourrais venir avec toi sur Enola! »
« Bien sûr! Promis. »
« Quand je dirais ça à Shizu! Elle sera contente pour moi… »
« Shizu? C’est qui? C’est ton amie? »
« Bah en fait… C’est… Une dame qui est faite prisonnière… Sous la maison… Apparemment, Papa l’a mise là, je sais pas pourquoi, Shizu ne veut pas me le dire. Et, puis, par le conduit de… d’air, je l’entends, et parfois, elle parle... Et je peux parler à quelqu’un, pour une fois.. Elle a même une petite fille! Mais faut surtout pas que Papa sache que je leur parle! Il me gronderait… Et il me ferait du mal. »


Je le laisse parler encore, j’écoute ses histoires, il ne doit pas avoir beaucoup de gens à qui parler, et donc, même si il rencontre quelques difficultés à parfois se formuler, je bois ses paroles rafraichissantes et attendrissantes. Je ne m’étonne pas trop de ce qu’il raconte, à vrai dire. Ce ne serait pas la première fois que Helmut fait mener des interrogatoires dans la cave de la demeure… La coïncidence avec mes réminiscences de tout à l’heure me troublent autant que me rassurent sur une chose : Ludwig et moi sommes bien liés. Peut-être. Depuis ses histoires au Japon, avec son alliance avec l’Ambassade, il n’a donc toujours pas arrêté. Enfin, cela m’est bien égal. Depuis, il leur arrive d’avoir encore des soucis avec les types qu’ils ont arnaqué, ils se sont mis à dos des clans yakuza Tokyoïtes. Mais, d’après, Ludwig, pour la santé  mentale duquel je m’inquiète un peu si il a comme moi perçu les cris de cette femme dont il entendrait peut-être les cris, me confie qu’apparemment, elle est simplement cloitrée ici avec sa fille. Il est possible que cette Shizu fasse partie des membres de ces clans et qu’elle est tombée comme ses prédécesseurs. Enfin. Aussi, je ne peux que me montrer compréhensif avec mon jeune frère. Je grimace un peu. Il est possible que le milieu dans lequel il grandisse ne soit pas très bon pour son esprit, j’en sais quelque chose. Il est certainement encore plus seul que moi au même âge. Peut-être bien que cette Shizu est tout simplement une amie qu’il s’est inventée pour être moins seul, et peut-être que je cogite un peu trop à l’entente d’un nom à consonance Japonaise. Je ne sais pas, tout cela me laisse perplexe, d’autant plus que ce prénom ne m’es pas si inconnu, mais cela ne m’inquiète que peu quand je pense à la vie que Ludwig doit certainement devoir affronter, parfois, cette solitude cruelle pour un enfant de son âge. Moi, au moins, j’avais Irina, à son âge… Malgré tout, sa présence m’aidait à respirer. Helmut le laisse-t-il seulement sortir? Ludwig à l’air tellement heureux de me parler en ce moment, je ne peux rien dire à part l’encourager, malgré qu’il répète toutes les deux phrases que notre père le punira si il le surprend, je fais de mon mieux pour le rassurer, pour être compréhensif…. Pour être un grand-frère. Tout à coup, le silence se fait. Je prête une oreille attentive, mais Ludwig s’est tu. Je me doute déjà de ce qui va venir.

« Ludwig? »
« …Papa est rentré... Je t’aime, Alex! »
« Je t’aime auss- »


J’entends un claquement sec. C’est certainement mieux ainsi, et j’espère simplement que mon petit frère ne va pas se faire attraper et hurler dessus comme notre cher paternel sait si bien le faire dans ses meilleurs jours. J’espère que tout ça pourra rester dans le secret, ce n’est pas trop mal de pouvoir cacher des choses à mon père. C’est notre avantage sur lui : notre lien. Je me relève lentement, me sentant impuissant, mais remonté pour passer de nouveau une journée à m’entrainer avec mes alliés, de toutes mes forces. Je sors dans le jardin et appelle quelques uns de mes Pokémon à moi, et commence l’entrainement, les rassurant quand ils posent sur moi des regards préoccupés. Tout ira bien, bientôt. Je le sais. Je vais gagner. Le petite Wagner se livre elle aussi à l’entrainement, et se détache bientôt du groupe pour venir me voir. Je lui souris. Elle semble très sérieuse, puis se met à briller pour changer de forme, comme décidée à m’encourager, me rassurer qu’avec une telle volonté, je suis sur la bonne voie pour faire d’elle et de cette équipe la meilleure de toutes. Je me baisse vers elle, la félicitant et la remerciant de paroles et de sourires sincères. Sans eux, je ne serais plus grand-chose, depuis ces dernières années. Et ça, je sais que c’est bel et bien réel.

Avec Ludwig
Évolution de Wagner
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