Nerdism intensifies

Feat Mell Straum

Au départ, il avait eu des hésitations quant au fait de rejoindre les rangs de l'université. Trouvant le programme trop généraliste et se disant que perdre plusieurs années à attendre de pouvoir se consacrer à quelque chose d'intéressant était une mauvaise idée, il n'avait au départ pas souhaité emprunter ce chemin-là, se disant qu'il pourrait trouver d'autres moyens. Mais la persuasion d'Esther avait joué, et en effet elle avait marqué plusieurs points ; comment se donner de la légitimité et un cadre stable sans passer par les diplômes ? Oh, c'était possible, mais extrêmement compliqué et au final bien plus prise de tête que de passer par la voie traditionnelle. Il avait été peu sûr de lui à cause de sa maîtrise encore approximative du français à l'écrit parfois ; si les quelques fautes qu'il fait de temps en temps à l'oral sont de moins en moins audibles et que son accent est particulièrement peu prononcé (le fait qu'il ne supporte pas qu'on s'en moque a joué sur sa détermination à rectifier le tir), il a tout de mêmes des difficultés. Difficultés qu'il a comblé grâce à l'aide de ses proches, mais pour lui qui est gêné par la moindre erreur et ne supporte pas d'en faire, je vous laisse imaginer son état à la pensée de donner un commentaire rédigé de deux pages à un professeur. Ouais, c'est ridicule.
Au final, il avait accepté la proposition d'Esther, non sans hésitation : une entrée grâce une équivalence de son diplôme japonais et une lettre de recommandation en provenance d'un des professeurs en personne, en plus de sa première (et unique) publication amateur pour l'instant. Mais pour lui, en dépit de ses capacités, il était rentré grâce au piston, ce qui le dérangeait beaucoup et il n'en était pas fier, loin de là. On avait beau lui avoir dit 55563 fois que c'était avant tout son cerveau et ses travaux mais inutile de chercher à débattre ; Natsume n'en démordrait pas avant longtemps. Enfin, il valait mieux le laisser dans se frustration jusqu'à ce qu'il laisse tomber, c'était la meilleure des solutions avec lui puisqu'il finissait toujours par se calmer une fois son agacement défoulé.

Ses premières semaines avaient été particulièrement soporifiques, en tous cas. Inutile de dire que hormis en anglais (mais le niveau général était assez déplorable il fallait l'avouer, et ce n'était pas de l'arrogance de sa part car il n'estimait pas son niveau dans cette langue parfait), il passait beaucoup, beaucoup de temps à faire autre chose, hormis dans les tds où il était parfois intéressé. Mais bon, disséquer une grenouille était vaguement ennuyeux, et réentendre à des sauces différentes, parfois simplifiées, des choses qu'il savait depuis des lustres le blasaient complètement. Il n'avait pas manqué de s'en plaindre, mais avait serré les dents en se disant qu'à la limite, son ego serait satisfait par ses notes. Pour tout dire, dans beaucoup de travaux dirigés ou de cours en amphithéâtre, il lisait des livres, passait du temps sur son ordinateur, en prenant parfois une ou deux notes sur des choses qu'il ne savait pas, mais sans plus. Oui, question désintérêt, il était à un niveau assez haut.
Il avait fait part de sa détresse à Esther, qui avait catégoriquement refusé de le laisser lancer une procédure pour lui faire passer au moins une année à la fin des premiers examens. D'une part, celle-ci était complexe, demanderait des réunions, beaucoup de paperasse, et surtout elle avait insisté là-dessus, il devait « profiter de sa jeunesse au lieu de vouloir mettre la charrue avant les bœufs ». Mais bon, pour Natsume, il valait mieux mettre la charrue avant que les bœufs déjà présents ne meurent de vieillesse. Et oui, cette métaphore est tordue.

Étant donné que les séances de travaux dirigés étaient obligatoires, il lui arrivait souvent de faire tout et n'importe quoi durant celles-ci. En se mettant bien à l'écart, sur le côté tout particulièrement (le meilleur endroit pour être discret aux yeux d'un professeur, ceux-ci grillant tout de suite les élèves qui partaient vers le fond), il lui arrivait donc parfois de discuter avec ses voisins, rarement plus intéressés que lui. Il engageait parfois la discussion, sans grande conviction, toujours sous un fond de sarcasme dirigé vers le cours, mais cela allait rarement plus loin. Il ne mettait pas de vents à ceux qui lui adressaient la parole, quoique rares étaient ceux qui essayaient, vu son air sérieux et tout  particulièrement j'menfoutiste. Un air qui apparemment, selon Faust, donnait l'impression « que le bâton qu'il avait d'enfoncé dans l'arrière-train faisait passer la Tour Eiffel pour une allumette », mais bon, il ne faisait pas exprès. C'était l'expression naturelle de son visage, voilà tout.
Néanmoins, il suffisait que la conversation tourne ne serait-ce qu'un peu autour de son intérêt (non, la joueuse ne marmonne pas « obsession », c'est votre imagination) pour que son visage s'illumine et que le lapin blasé ne se transforme en rongeur bavard, souriant et plein d'énergie.
Cela avait été le cas avec Mell ; bon, certes, il était bien plus âgé que lui et à un tout autre niveau scolaire (qu'il admirait et enviait un peu, secrètement, mais l'avouer demanderait quelques heures de torture suivies d'une ou deux rediffusions de Babar en boucle), mais ils s'étaient rapidement entendus. Entre nerds maladroits un poil timides, autant dire qu'ils avaient plus d'un point commun et que les conversations qui s'étaient suivies aurait pu faire peur à quiconque serait autour. Non, franchement, on pouvait être sûr que la vitesse lumière aurait été atteinte.

Aujourd'hui, le cours était tout particulièrement soporifique, et touchait bientôt à sa fin d'ailleurs, mais il était en retard. Très, très en retard : la faute à un petit ami collant et casse-pieds à ses heures qu'il avait viré à coup de pied au cul, avant de se précipiter pour se préparer et courir vers sa salle, en priant pour que le professeur le laisse entrer. D'ordinaire, ses cours se déroulaient à Baguin, mais pour les langues, il pouvait participer aux cours donnés par l'université d'Amanil. Ce cours-là était plus centré sur les sciences humaines, donc moins porté sur l'apprentissage de la conjugaison et la grammaire ; si Natsume n'était pas un fan des sciences humaines, c'était toujours mieux que de supporter les mêmes leçons sur le prétérit encore et encore. Il était arrivé couvert de sueur, la respiration rapide (merci à son asthme, encore une fois, toujours génial) et le t-shirt à l'envers qu'il était parti remettre en place dans les toilettes les plus proches dès que la pause avait été déclaré, quelques minutes après son arrivée.  
Du coup, vu qu'il était ennuyé, il avait fait ce qu'il faisait toujours avec un autre nerd dans ce genre de cas : des blagues. Mais attention, pas des blagues drôles ou originales, hein. Des blagues de nerd. Du genre : « C'est une solution qui dit à une autre : 'hé, je crois que tu surréagis' » ou...

« F et F' sont sur un yacht. F tombe à l'eau, que fait F'? Bah il dérive. »

Ouais. Ça vole haut mes amis. Très sérieux, tout ça.

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Il ne serait pas faux de dire que l'humour de Natsume a tendance à se résumer aux sarcasmes. Non, vraiment, ce ne serait pas entièrement de la mauvaise foi que de dire cela. Mais les quelques exceptions à cette règle étaient les jeux de mots vaseux et tout bonnement nuls qui naissaient dans son cerveau. Ces jeux de mots, évidemment, n'étaient drôles que si il concernait les sciences. Sinon il vous offrait un regard blasé et vous snobait promptement. Hypocrisie quand tu nous tiens. En tous cas, étrangement, dès qu'il s'agit d'un calembour scientifique, Natsume réagit. Fortement. Un peu trop fortement d'ailleurs.
Ceci fut rapidement prouvé lorsque, à l'entente de la blague de Mell, un premier gloussement échappa au lapin. Puis ce fut un autre, un peu plus bruyant cette fois-ci, attirant les regards d'autres élèves et même durant un instant de l'enseignant. Et sans que l'éleveur ne puisse s'arrêter, en dépit de tout ce qui aurait dû l'arrêter de se laisser aller à son hilarité, il était parti dans un fou rire brutal et intense. Alors même que tous les regards étaient posés vers lui et qu'il tentait de son mieux pour s'arrêter, un peu honteux, rien à faire, il continuait de rire aux éclats. Vraiment, cette blague n'aurait pas dû le mettre dans un pareil état, mais voilà que c'était fait. Et maintenant, son visage était devenu rouge, sa gorge lui faisait un peu mal et quelques bruits aigus en sortaient. Il cacha sa tête dans ses bras en pleurant intérieurement sa dignité détruite, même si on pourrait argumenter que cela faisait un bail qu'elle avait été explosée, celle-là.

À cause du vacarme qu'il faisait, il fut rappelé à l'ordre une première fois, puis une seconde, avant que l'enseignant ne perde toute patience et ne finisse par hausser le ton pour, en criant, les obliger à sortir de la classe. Et même si il continuait de rire en faisant son sac (c'était nerveux, maintenant), il fallait qu'il avoue que c'était la toute première fois qu'il se faisait virer de cours depuis plusieurs années. Enfin, il n'avait pas mis les pieds dans une salle de classe depuis longtemps, certes, mais cela remontait à l'époque où il aimait remballer certains de ses professeurs, comme le petit con qu'il était. Cela ne l'embêtait pas tant, même si une partie plus studieuse de lui-même geignait.
La respiration un peu sifflante et la voix plus aiguë que d'ordinaire, il sourit bêtement (bonjour l'air de famille avec Faust, tiens, d'un coup), un peu gêné d'avoir emmené son pote dans sa bêtise, même si il était en partie responsable. Ce n'était pas sa faute non plus si il avait réagi aussi intensément.

« D-désolé. J'ai pas pu me stopp-pfffééé- »

Et il était reparti, pendant deux bonnes minutes, à tenter presque désespérément de se stopper. Arceus, est-ce que ses nerfs venaient tout bonnement de craquer ? Ce n'était pas impossible, mais il aurait tout de même bien aimé que cela s'arrête. Une main sur le mur pour se retenir, il prit quelques minutes à se calmer.
Quand il eut enfin repris une contenance à peu près normale, il se racla la gorge, pouffa une nouvelle fois, et soupira de soulagement en constatant que c'était terminé. Péniblement, il releva le regard vers son compagnon d'infortune, un peu gêné. Si ils étaient ici, c'était de sa faute, et même si il n'était pas si dérangé par cela par le fait de louper un cours d'anglais, ce n'était peut-être pas le cas de Mell et il aurait compris qu'il ne soit pas très content de la situation. Il allait donc tenter de se racheter, et quand Natsume cherche à se faire pardonner, il ne connaît qu'une méthode : la bouffe.

« Beh, pour me faire pardonner, j'te paie un sandwich à la cafet' ? J'ai la dalle, du coup... »

Mine de rien, il n'avait pas eu le temps de prendre un petit déjeuner avant de partir. Enfin, le toast dans la bouche pendant qu'il courait, ça ne comptait pas.

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Le sérieux venait de prendre un sacré coup de pied au cul, en tous cas. Mais bon, malgré l'air sérieux et très souvent blasé de Natsume en apparence, il suffit de creuser un tout petit peu pour se rendre compte qu'il reste un gros débile. Et c'était plus qu’apparent maintenant, alors qu'il récupérait petit à petit de son fou rire presque maniaque devant une blague. Peu lui importait ce qu'en avait pensé les gens dans sa classe après, même si il restait gêné par le fait d'avoir embarqué son camarade dans sa connerie. Bon, vu que celui-ci ne semblait pas si dérangé par ça et qu'il paraissait ne pas apprécier ce cours lui aussi, l'éleveur se rassurait en se disant qu'il n'avait pas non plus ruiné sa journée. Vu qu'il confirma ses dires peu de temps après, il ricana bêtement. En effet, « chiant » était à peine le mot qu'il aurait utilisé pour le décrire. Non, vraiment, les sciences sociales n'étaient pas du tout son dada, peu importe la façon dont il essayait. Plus il s'en tenait loin et mieux il allait ; il lui avait suffi d'un cours optionnel de sociologie qu'il avait passé à lire Bourdieu pour comprendre qu'il avait bien fait de s'en éloigner.
En tous cas, à cette heure-ci, les locaux étaient relativement vides ; l'horaire faisait que la majorité était soit en cours, soit en train de dormir à la maison (et de se plaindre d'avoir deux heures de cours dans l'après-midi). Du coup, ils pouvaient se rendre tranquillement à la cafétéria sans avoir à supporter la présence des autres, et par conséquent la file d'attente interminable qui menait à la nourriture à l'heure du déjeuner. Pas qu'il y mangeait souvent, puisqu'il préférait ramener ses propres salades et ses sandwichs, mais quand c'était le cas, il prenait soin de venir un peu avant ou un peu après pour ne pas se retrouver noyé dans la masse. Bon, il y a avait deux trois personnes, mais c'était déjà moins qu'à certaines heures. Un bon poulet-crudités valait toujours mieux que le dernier jambon-emmental infâme laissé de côté.

Mais à ce moment, Mell fit quelque chose qu'il n'aurait peut-être pas dû faire. Vraiment, vraiment pas, si il avait su ce qui était vraiment bon pour lui. Dès que la conversation finit par toucher aux recherches, le regard de Natsume s'illumina presque, comme si une centaine de petites étoiles venaient de s'y inviter. Son sourire s'élargit automatiquement, transformant son expression d'ordinaire plus blasée et sérieuse en une peinture de la gaieté et de la joie. Il n'y a pas grand chose qui peut le rendre aussi heureux, mais il suffisait de discuter de cela pour qu'il ne se métamorphose littéralement et ne se mette à blablater pendant une éternité, quitte à fatiguer quiconque se trouvant en face de lui. En effet, il ne se rend pas vraiment compte du moment où il commence à fatiguer les autres, et a même tendance à ne pas y faire attention, trop passionné par ce qu'il raconte pour même imaginer que cela puisse être ennuyeux.
Et sincèrement, il n'aurait pas pu imaginer quelle genre de démon lapimorphe il avait pu libérer de sa prison.

« Bof, en cours, franchement, rien de nouveau... Des vieux trucs simples, mais je viens quand même aux amphis, par bonne volonté. »

Il haussa les épaules. Sérieusement, si quelques éléments des cours lui étaient inconnus, la majorité de ce qu'il entendait, il l'avait déjà vu et entendu à d'innombrables reprises dans les différents livres depuis qu'il était en âge de les comprendre. Il lui était même arrivé de travailler sur autre chose durant ces longues heures, de dormir, de lire un roman ou deux, d'envoyer des messages pour emmerder le monde ou bien même de jouer à des jeux vidéo sur son ordinateur (il allait sûrement finir par terminer la quête principale de Skyrim d'ici la fin du semestre, d'ailleurs, si il continuait de faire avancer son elfe à ce rythme-là). C'était assez exceptionnel d'ailleurs, mais à croire que ces deux années de « perdues » comme on lui avait dit quand il s'était inscrit ici, au sujet de son diplôme d'éleveur (l'équivalent d'un truc appelé bac pro, apparemment, il n'y comprenait pas grand chose) l'avaient au final bien plus avantagé qu'autre chose. Au moins, si il voulait un travail, il pouvait se faire embaucher durant son temps libre dans des pensions différentes comme employé. Le stage qu'il avait fait chez Mina et toutes les connaissances qu'elle lui apportait régulièrement avait énormément aidé, et faisait assez joli sur son CV quand il fallait l'envoyer.
Mais évidemment, si il supportait tout ça, c'était pour une seule raison. Comme lui avait dit Esther, pour que les choses deviennent intéressantes, il faudrait qu'il persévère, et ainsi, il pourrait porter ses recherches dans un cadre plus officiel. Et c'était justement ce sujet-là que Mell venait d'aborder, et qui faisait sourire Natsume comme un imbécile depuis plus d'une trentaine de secondes déjà. D'un ton enjoué, le japonais se lança dans une diarrhée verbale qui ferait jalouser n'importe quelle pharmacie.

« En fait, j'ai essayé de varier un peu cette fois, et même si au départ les particules n'étaient pas très réactives, j'ai mélangé plusieurs solutions à base acide, puis j'ai ajouté plusieurs dosages très précis de poudres de plantes... Et ça a changé de couleur ! »

Et oui, bien souvent, ses avancées étaient extrêmement mineures. En même temps, c'était un peu le quotidien de n'importe qui faisant des recherches, surtout dans son domaine. Il pouvait parfois se passer des jours, voir des semaines, sans qu'il n'avance d'un poil. Mais chaque petite réussite, chaque once de progrès était saisie avec un enthousiasme impressionnant, comme si il avait mis au point le programme Apollo à lui tout seul. Un petit rien était généralement le résultat de grandes choses accumulées encore et encore.

« Par contre, impossible de progresser quant aux effets... J'ai testé sur des souris, mais les effets sont toujours les mêmes... Même si j'ai failli tuer une de mes souris, une fois. »

Il grimaça, triste, étant donné qu'il faisait en général de son mieux pour ne jamais blesser ses cobayes, même les rats et les souris, qu'il relâchait souvent dans la nature, trop gentil pour même pouvoir supporter l'idée de leur faire du mal. Même si Byakuran, Hatori et Fran auraient été heureux de pouvoir disposer de quelques goûters supplémentaires, ce n'était pas du goût de la maison, et il faudrait qu'ils fassent avec la viande crue qu'il leur achetait en supermarché.

« Mais je suis sûr qu'à force, je vais arriver à quelque chose. Je l'ai calculé encore et encore de toute façon, ça ne peut pas être impossible ! »

Il souriait bêtement, des étoiles dans les yeux, rêvant déjà du jour où il y parviendrait enfin. Mais pour l'instant, ce n'était qu'un rêve qu'il poursuivait, en espérant peut-être naïvement y arriver avant deux ou trois ans. Et encore.

« Même si... Hé bien, je ne sais pas trop vers où chercher, pour l'instant. Je sais pas, maintenant j'ai l'impression d'avoir des centaines d'hypothèses et de devoir toutes les tester une à une pour trouver la bonne. Sans compter que je ne suis pas sûr que réussir m'avancerait beaucoup, mais... C'est ce qui fait que c'est si intéressant, de toute façon. Et puis je peux toujours en profiter pour travailler sur plusieurs choses en même temps, cas où. »

Une petite lueur passa dans son regard noisette, comme si même réfléchir à cela le rendait fou de joie. Il fallait dire qu'il s'agissait de son idéal depuis de nombreuses d'années déjà, qu'il avait poursuivi sans s'intéresser à ce que cela engageait pour son temps libre et ses "années de jeunesse". Il n'était encore pourtant qu'un gamin, qu'un adolescent qui n'était pas encore adulte. Mais ce n'était pas ça qui l'intéressait.

« Si j'arrive à faire ce que je veux faire, toutefois... Cette molécule pourrait vraiment, vraiment, être utile. Ce n'est qu'une théorie pour l'instant, mais... Si je pouvais le prouver, alors sûrement que- »

Alors qu'il était parti dans son blablatage, il se rendit finalement compte qu'il parlait tout seul depuis  un certain temps déjà, et il s'arrêta dans son élan, l'air un peu derpique, un sourire gêné aux lèvres. Les employés de la cafétéria le regardaient d'un air blasé, puisqu'il avait bloqué la file d'attente à force de bavarder, et il s'empressa de commander en s’excusant d'un ton bredouillant. Il fit comme si il ne s'était rien passé et se dépêcha de donner la parole à son interlocuteur. Cela arrivait bien trop souvent, qu'il commence à parler et continue pendant des plombes pour la simple raison qu'il était trop plongé dans ce qu'il racontait. Mais à chaque fois, il ne pouvait pas s'en empêcher, ajoutant détails sur détails, en dépit de l'ennui de ses interlocuteurs. Bah, si il prétendait que rien n'était arrivé, alors peut-être que Mell ferait de même... C'était un espoir assez naïf, mais auquel il allait tout de même se cantonner.

« Enfin, tu comptes faire quoi, toi, d'ailleurs ? Enfin, tu as une idée de direction, pour tes études ? »

Parlez d'une question bateau, tiens. Au moins, le sujet n'était plus lui-même, donc le lapin était content.

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L'ambition était ce qu'il partageait avec Mell. Du moins, même si le Shimomura n'ose jamais vraiment en parler à haute voix, il l'a toujours senti dans un coin de ses tripes. Cette envie de donner de son mieux et de parvenir à réalises ses rêves d'enfant a toujours été la ligne directrice à laquelle il s'est raccroché, sans jamais oser l'avouer, conscient des difficultés qu'il risquerait d'avoir devant lui. Penser sans hésitation qu'il pourrait les surmonter était une forme d'arrogance qu'il se refusait, ne sachant que trop bien à quel point celle-ci pouvait coûter cher. Et puis vu la dose de travail qu'il accomplissait régulièrement sans avoir l'impression de progresser, il était au moins un peu persuadé qu'il faudrait encore plus d'efforts que cela. Si il en était capable, il finirait bien par le voir. Sinon, hé bien... Disons qu'il ne préférait pas y penser, ironiquement, vu à quel point l'idée même lui retournait les tripes. Au fond, peut-être qu'un stress inutile et imaginaire, fantasque et grotesque, était bien plus intéressant que la possibilité très réelle d'un véritable échec.
Cette ambition avait un résultat inévitable : un blabla interminable à chaque occasion. Blabla qui les avait mis en retard, et qui faisait que même après avoir été servi,de nombreux regards noirs et foudroyants étaient encore portés vers eux. En réalité, Natsume n'était pas vraiment désolé ; hé oui, ce n'était pas très gentil de sa part, mais il se fichait bien d'avoir retardé tout le monde, au fond. A ses yeux, si on avait quelque chose à faire en urgence, on allait pas à la cafétéria, point. Il a conscience que ce n'est pas très sympa de sa part, mais il s'en foutait pas mal, plutôt agacé par le fait d'être ainsi regardé pour quelques malheureuses minutes.  

Mell, quant à lui, se portait davantage vers la voie du médecin-chercheur. Si Natsume n'avait pas autant été investi dans l'élevage (et aussi attendri par les bébés pokémon, quoi qu'il en dise, et peu importe à quel point il protestait), sûrement aurait-il choisi cette voie là, plus portée sur les recherches. Et sincèrement, il était toujours passionné par ce que les autres chercheurs découvraient et les tentatives de ses camarades, qu'elles réussissent ou non. Les attaques étaient en plus de ça un peu son dada, vu que c'était ce qui reliait sa vocation d'éleveur et ses recherches scientifiques. Enfin, il était plus porté sur les effets sur les organismes que l'apprentissage, mais tout était plus ou moins lié, au fond. L'avantage avec les recherches, c'est qu'on découvrait toujours une bonne centaine de choses en rapport ou non ; il aurait donc sans aucun doute beaucoup, beaucoup de questions à lui poser un jour ou l'autre. Et franchement, même lui avouait qu'il lui souhaitait bien du courage : il pouvait devenir tout bonnement insupportable quand sa curiosité était titillée.

« Bah, pourquoi pas ? » répondit-il face à sa question rhétorique, se disant que Mell avait après tout autant ses chances qu'un autre.

Sa proposition le fit donc sourire comme un abruti, enthousiasmé au possible par l'idée de pouvoir travailler efficacement avec quelqu'un d'aussi passionné que lui par son domaine. Honnêtement, il n'était pas contre. En plus de pouvoir s'aider mutuellement et donc de repérer plus facilement leurs erreurs, ils apprendraient certainement l'un de l'autre, vu que leurs domaines, sans être éloignés, n'étaient pas les mêmes. Rien de négatif à cela, donc. Et puis en plus, il pourrait s'assurer une tranquillité parfaite ; son imbécile de copain n'oserait jamais le déranger si il travaillait avec quelqu'un. L'idée semblait donc parfaite, presque emballée avec un joli petit ruban dans un paquet cadeau.
Il prit une grande bouchée de son sandwich avant de répondre, d'un ton enjoué qui montrait plus que clairement son enthousiasme.

« Ouais ! Et puis si tu veux, tu pourras emprunter mon labo quand tu veux ! Enfin, "labo"... C'est un peu prétentieux comme terme mais... C'est pratique pour les expériences, mine de rien. »

Une idée germa dans sa tête et il hésita quelques instants avant de la proposer, mais se dit que cela découlerait certainement tout naturellement si ils mettaient en action la proposition du plus âgé. Il pouvait donc se permettre de proposer ce qu'il avait en tête à son pote sans s'inquiéter de le presser.

« Dis, au pire, tu peux m'accompagner aujourd'hui ? Comme ça on pourrait voir comment s'organiser, si tu as du temps libre cette après-midi. »

Et, honnêtement ? Peut-être qu'une toute petite partie de lui-même mourrait d'envie de lui faire partager son paradis.

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Il serait très hypocrite de la part de Natsume d'émettre le moindre jugement sur la surréaction des autres lorsqu'il s'agit de science. Vu le nombre de fois où il s'était mis à crier comme une midinette devant une idole lorsqu'il progressait dans ses recherches, vraiment... Au final, il s'en amusait plus qu'autre chose, et devait même avouer que le spectacle était au moins un peu divertissant, quand il s'agissait de Mell. Si il ne s'était pas attendu à une telle réaction, il devait avouer que cela en valait le coût. Voilà qu'il se mettait à sur réagir comme une adolescent de quatorze ans dans un shoujo, sous les yeux étonnés, parfois blasés, d'autres étudiants. L'éleveur resta sans voix au début, affichant sur son visage un air assez confus et paumé, se demandant ce qui avait bien pu piquer son camarade pour qu'il se métamorphose aussi brusquement. Il pouvait bien comprendre, certes, mais il ne s'y attendait absolument pas et il devait avouer qu'il n'y voyait pas large, encore moins maintenant que l'attention d'une partie des autres élèves était portée sur eux. Des murmures moqueurs et des airs blasés commençaient déjà à se diffuser et même si Natsume n'était pas un génie, il comprenait bien vite qu'il s'agissait d'exaspération. Pas qu'il en avait quelque chose à faire, hein, ce serait une erreur que de croire cela, mais il n'était pas franchement mis à l'aise par cet afflux d'attention.

La moquerie qui parvint à ses oreilles lui vit lever les yeux au ciel, vaguement agacé. Il se retint de justesse de répliquer quelque chose de tout particulièrement mesquin, conscient qu'il ne ferait alors que provoquer des tensions inutiles, et soupira d'un air exaspéré.  Il n'était pas si gêné que ça par l'enthousiasme débordant du plus âgé, qui le faisait plutôt bien rire, et devait avouer qu'il était maintenant diablement impatient de voir la tête qu'il ferait une fois qu'ils seraient arrivés. Le labo n'était pas gargantuesque ou même égal à un bâtiment universitaire, mais il restait diablement utile, et il devait avouer que la fierté qu'il ressentait à chaque fois que ses yeux se posaient sur cet ensemble d'appareils qu'il avait payé de sa poche n'était comparable à rien.  Enfin, si il ne comptait pas ses pokémon et d'autres petites choses niaises, mais voilà. C'était son petit coin de paradis, littéralement, où il pouvait se réfugier pour oublier les choses qui allaient mal ou tout simplement se reposer tranquillement.  

« Par contre... Tu as déjà été téléporté ? Ça fait bizarre, la première fois, si ce n'est pas le cas. »

Il détacha une des balls de sa ceinture pour  en faire sortir son Alakazam. Kairo lança un regard paresseux à son dresseur, se demandant ce qu'il pouvait bien lui vouloir, et comprit assez vite lorsqu'il le vit sourire d'un air un peu stupide. En soupirant, le pokémon psychique se releva et fit signe aux deux énergumènes de se rapprocher, et ils disparurent en quelques secondes, emmenés directement à l'entrée de la maison.
De ce qu'il entendait, Alice devait jouer à l'extérieur avec Déméter dont il apercevait le dos, donc sûrement Debrah aussi. Faust était sûrement sorti pour ses entraînements quotidiens, alors il ne devait y avoir qu'Isaac. Ou qui que ce soit d'autre chargé de s'occuper de la petite, et peu importe. Il veillerait juste à être discret pour ne pas être repéré et stalké par une petite chouette en manque d'attention ; il plaindrait sincèrement Mell si jamais Alice finissait par le repérer. Personne n'était épargné par l'affection débordante de la fillette, après tout.
Il offrit un sourire un peu gêné à l'autre.

« Pardon, c'est généralement toujours le bordel... Si tu entends un truc bizarre, baisse la tête par sécurité. »

Il parlait un peu trop d'expérience, malheureusement. Et il ne savait pas si bien dire, car dès lors qu'ils passèrent la porte, un cri masculin arriva à leurs oreilles.

« Dans ta face, Peterson ! »

Natsume réagit immédiatement en voyant une balll de baseball se précipiter vers leurs visages et attrapa Mell par le cou pour lui forcer à baisser sa tête. L'objet, aussi rapidement qu'un boulet de canon, vint frapper la porte dans un 'toc' sonore et bruyant, alors que l'éleveur reprenait sa respiration avec difficulté. Une fois qu'il eut vu la tête un peu gênée d'Isaac qui, un gant dans la main, les observait d'un air mal à l'aise, il comprit vite ce qui s'était passé. Il n'eut même pas le besoin de voir Faust pour comprendre, par expérience, qu'ils étaient en train de faire une partie de baseball. Dans la maison, oui.

« Bande de tocards, faites attention ! »

Le conseiller leva les yeux au ciel tandis que le psychologue souriait d'un air désolé.

« Roh râle pas, dis bonjour déjà ! Ah et salut toi. Content de voir qu'il arrive encore à se faire des potes, celui-là. Vu à quel point c'est un rabat-joie...
- Qui a remarqué que tu avais cassé le vase de Katya.
- MERDE ! »

Aussitôt qu'il eut dit ça, le plus âgé des hérissons se précipita vers l'objet brisé, accompagné par son meilleur ami qui n'était pas plus heureux d'imaginer ce que la borgne leur ferait quand elle apprendrait qu'ils avaient brisé son cadeau. Natsume en profita pour faire signe à Mell de se dépêcher et ainsi monter les étages avant que les deux autres ne les arrêtent. Heureusement pour lui, pas d'Alice pour les arrêter, pas de copain envahissant, pas de suédoise pour le casser et l'humilier : la voie était libre pour la paix.

Il fit comme si il ne voyait pas les pokémon, le bordel complet dans lequel avaient été mis le salon et le couloir, pour monter le plus vite possible au troisième étage, dans les combles qui avaient transformé en sa chambre. Depuis son arrivée, elle avait été agrandie. Si les combles de la maison étaient très grandes (vu la taille de la baraque en même temps, vous me direz), elles n'avaient au départ été aménagées qu'à moitié, ce qui était déjà pas mal. Mais avec le squattage de plus en plus régulier de Samaël par ici et le fait que ses expériences devenaient de plus en plus gourmandes en espace, il avait bien fallu se résoudre à quelques travaux, qu'il avait réalisé avec l'aide de Faust. Bien plus à l'aise que lui en matière de construction, le conseiller l'avait guidé et accompagné, sans jamais se moquer de son évidence inexpérience. Maintenant, la pièce annexe à sa chambre, presque aussi grande que celle-ci d'ailleurs, avait de plus en plus l'apparence d'un vrai laboratoire. Bon, la décoration manquait clairement, mais au moins il était fonctionnel. Et il n'avait plus besoin de mélanger ses expériences et sa chambre, même si tous ses produits étaient soigneusement entreposés dans son débarras.

« Bon bah  euh... Voilà ! Tu peux faire le tour si tu veux, juste, fais gaffe avec les produits, enfin tu sais comment ça marche. »

Nerdism intensifies

Feat Mell Straum

Généralement, les gens qui voient Natsume pour la première fois se font un avis extrêmement différent de la réalité. Ce n'est pas vraiment de leur faute, en réalité, puisque l'expression majoritairement blasée et nonchalante qu'il porte sur son visage 80% du temps, quand elle n'est pas remplacée par des moues narquoises, ne porte pas à croire à une quelconque envie de sympathiser. Selon Faust, d'ailleurs, il avait la tête d'un « inspecteur des impôts avec cinq enfants et dont la femme l'a quitté le jour d'avant votre inspection » ; pas très propice aux impressions positives, donc. Et ce n'était pas comme si Natsume faisait le moindre effort pour stopper cela. De lui-même, il avait avoué que si cela empêchait les « emmerdeurs de venir lui parler de la couleur de leur slip ou de ce qu'ils ont mangé à midi » pendant qu'il était occupé à autre chose, alors il était très heureux de la situation.
Si il montrait cette facette-là plus souvent toutefois, il n'y aurait même pas besoin de se demander si il aurait l'air plus abordable ou non. Un grand sourire débile sur son visage, prouvant que le gêne de la connerie devait bien être partagé entre Donovan et Shimomura, il gloussait un peu bêtement devant l'air émerveillé de son pote. Il était vrai qu'il n'avait pas été mieux, lorsqu'il avait enfin fini les aménagements de la pièce et qu'il avait passé trois jours entiers à radoter sur le fait que 'zavévu zavévu c'est trop beaaaaaau'. En fait, même maintenant, à chaque fois qu'il enfilait sa blouse et ses protections, il ne pouvait pas empêcher ses yeux de s'illuminer d'une lueur surexcitée et joviale, et d'être étrangement bien plus énergique. Ses recherches lui demandaient énormément d'énergie et d'efforts, mais il n'avait que très rarement considéré que c'était du temps perdu, sauf lorsqu'il commettait des erreurs dans ses calculs et perdait effectivement son temps.

Et autant qu'il aimerait bien faire croire qu'il est du style à pouvoir tout faire tout seul (impossible de savoir si c'est lié à l'ego ou à la fierté, néanmoins), autant ne peut-il pas s'empêcher de se sentir joyeux lorsque quelqu'un au même intérêt que lui participe à ses séances d'apprenti scientifique. Car oui, si Natsume a conscience qu'il est loin d'être en retard, il n'a toutefois ni le cran ni l'arrogance de se croire au niveau d'Esther, par exemple. Les millénaires qui le séparent du niveau des véritables chercheurs ne sont pas un secret pour lui, mais ils le motivent plus qu'ils ne le frustrent, justement. Il devait avouer que la dernière fois qu'il avait vu la femme aux cheveux violets regarder un de ses travaux avec des yeux impressionnés, il avait passé cinq jours à sourire comme un débile et répéter que 'elle a dit que c'était cool'.
Bien sûr, avec un pote, c'est une toute autre ambiance. Disons que c'était l'enthousiasme de partager des découvertes et des expériences foireuses ou non qui le mettait de bonne humeur, en plus de sa curiosité grandissante quand à ce qu'ils allaient réaliser. Il hocha de la tête rapidement devant les propos du plus âgé, retenant comme il le pouvait l'envie de sautiller sur place. Il ricana un peu en répliquant aux premiers propos du Straum.

« Pourquoi tu crois que mes cheveux sont toujours dans cet état ? »

Oui c'est facile et ça manque franchement d'originalité, mais Natsume est plus doué en répartie qu'en humour. Il alla s'activer à sortir différents flacons et conteneurs d'une armoire solidement fermée, ainsi qu'assez de matériel pour deux. Il aurait vraiment dû cesser ses enfantillages, mais l'amûr de la science a ses raisons que la sienne ignore pas mal. La proposition de son collègue le fit cligne des yeux et un sourire ravi s'imposa alors sur son visage avant qu'il ne réponde d'un ton enjoué.

« Ouais, faut essayer ! Attends juste un peu, j'vais chercher un truc... »

Il quitta le laboratoire quelques secondes pour aller ouvrir un placard et y chercher une solution, et revint tout juste quelques secondes après. Si il ricana devant la résultat obtenu par le brun (ohohoh ça change de couleur, voyez-vous), son rire quitta toutefois son visage lorsqu'il vit que les spores cotons que l'autre avait fait réagir continuaient de grossir, encore et encore.

« Euh... Mell ? Ça pue, là. »

Littéralement aussi d'ailleurs, car il avait commencé à émaner des... Créations de son ami une odeur bien nauséabonde qui agressa les narines du lapin comme une chanson de maître Gims viole les oreilles.
N'écoutant que son cerveau (la bonne blague), il entreprit de faire cesser la catastrophe naissante en saisissant une fiole dont il pensait connaître le contenu pour le jeter sur les sources de soucis. Sauf qu'il n'avait pas mis ses lunettes, ce con, et qu'il avait malencontreusement pris le mauvais produit... Celui qui allait faire empirer la situation en rendant les spores encore plus collantes et malodorantes. En plus de cela, sachant qu'il avait une visée désastreuse, personne ne serait surpris d'apprendre qu'il en avait malencontreusement renversé sur son pote. Et que vu de sa maladresse, il avait réussi à trébucher sur ses propres pieds, pour tomber la tête sur le bas de la blouse de son ami, sur laquelle il s'appuya, les emmenant donc tous deux tomber dans les spores.

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Feat Mell Straum

Les accidents durant les expériences, Natsume pouvait en compter énormément. Tellement d’ailleurs qu'il aurait sûrement été de bon goût de lui retirer tout son matériel, vu le nombre de catastrophes qu'il était capable d'accumuler en seulement quelques minutes et le fait qu'il devait sûrement posséder un record ou deux. De ce fait, personne n'était vraiment surpris d'entendre des cris en provenance de son labo, même si Alice avait plusieurs fois hésité à appeler les urgences quand il lâchait une demie douzaine d'injures à la suite, avec en plus des grognements de douleur. Et puis, stupidement, Natsume avait fini par s'habituer à ces petits imprévus et ces accidents de parcours. Il n'en était pas vraiment fier, mais il n'allait pas faire l'innocent et prétendre qu'il était un scientifique illustre non plus. C'était tout juste si il n'y avait pas juste une accumulation de catastrophes, certains jours. Même Faust, qui d'ordinaire laissait plus ou moins tout se faire sous son toit, avait fini par poser des limites : pas d'acide, pas d'explosifs, rien qui ne puisse provoquer des réactions qui auraient pu faire voler la maison. Vu que Natsume ne payait pas le loyer, il avait accepté, en grognant dans sa barbe certes mais tout de même. Toutefois, cela ne voulait pas dire que tout ce qu'il y avait dans son laboratoire était inoffensif... De toute façon, tout pouvait réagir avec n'importe quoi, alors vous vous imaginez bien qu'il n'avait pas spécifiquement vérifié, ou même qu'il allait s'inquiéter du moindre petit risque. Bien sûr, il ne l'aurait pas avoué à un de ses proches, de peur que ceux-ci l'enquiquinent dans ses petites affaires. Irresponsabilité, vous dites ? Ah, mais certainement.

Leur situation devenait catastrophique, toutefois. Entre les hurlements de Mell qui devenaient presque comiques (enfin, dans sa position il n'arrivait pas vraiment à en rire, voyez-vous) et les spores qui continuaient de grossir, encore et encore... Hé bien disons que Natsume a un instinct de survie très développé, et que ledit instinct était en train de tirer les sonnettes d'alarme. En pestant et beuglant, il tentait de se relever sans succès, en accumulant les chutes. Il ne comptait plus le nombre de fois où sa tête s'écrasait sur le sol, au bout d'un moment. Et bien qu'il tentait désespérément d'accéder à la porte pour l'ouvrir et se libérer de leur prison, ses efforts restaient encore et toujours vains.
Puis, brutalement, cette porte qu'il voulait tellement ouvrir le fut par un Faust à l'air paniqué et ébahi. Si le Donovan avait par un miracle divin réussit à tirer la clenche pour les extirper de leur dangereuse prison, il ne fut toutefois pas épargné par le vague de spores qui le fit tomber également en poussant un cri particulièrement aigu.

« MAMAN ! »

Le reste des horreurs qu'ils avaient créé finirent par se déverser dans l'autre pièce, tandis que Natsume étouffait un juron de douleur alors que son cousin l'écrasait de tout son poids.

« PUTAIN MAIS T'AS VRAIMENT UN GROS CUL, FAUST ! »

Ce qui, en toute honnêteté, était souvent entrecoupé par des « blgrnbgbhr » puisque sa bouche était à moitié écrasée au sol. Une fois que le reste des spores furent relâchées dans la chambre de Natsume, Faust se releva et essaya d'aider le lapin cassé en deux à lever ses pieds. Un peu sonné et assommé, l'adolescent grommela des mots incompréhensibles tandis que le conseiller, partiellement dégoûté, grimaçait en voyant que les deux étaient couverts de saleté.

« Bon, euh... Une explication ?
- Un mélange de-
- Ça va, j'ai compris. Rappelle-moi pourquoi je te laisse faire ça dans ma baraque, déjà ?
- T'as la flemme de m'en empêcher.
- Ah oui. »

En soupirant, Natsume essaya de reprendre une contenance à peu près correcte. Bon, pour le coup, ils avaient peut-être réalisé ce qu'il aurait appelé un « fail magistral », si il était honnête avec lui-même, mais non. Il continuait de se dire que c'était une simple erreur de parcours et rien de plus ; sûrement pas une faute d'attention ou d'intelligence, tiens ! Du coup, Faust leur fit signe de descendre jusqu'au salon, où ils pourraient avoir des serviettes pour faire disparaître ce qui les recouvrait.
Toutefois, dès qu'il eut fait un seul pas dans le salon, Natsume fut accueilli par... Un œuf. Qui s'écrasa plus ou moins violemment sur son visage et se mit à dégouliner sur ses cheveux. L'éleveur, indigné, jeta un regard offensé au responsable qui sourit bêtement, d'un air un peu gêné. Isaac, en effet, n'avait pas l'air tellement fier de lui-même.

« C'est les cheveux, j'vous ai confondu ! 
- Tocard ! »

L'adolescent ne dit rien, en premier lieu, comme si il était vexé. Son air agacé et son regard meurtrier aidaient à faire croire cela, et puisqu'il était parti dans la cuisine, on aurait pu supposer qu'il était tout simplement parti bouder.

« Nan mais sérieux 'zac, tu sais plus viser ?
- Bah c'est pas ma faute si- »

Sprotch. C'est le bruit que firent deux œufs et un paquet de farine lorsque ceux-ci rentrèrent en collision avec le suédois, qui tomba au sol à cause de la surprise. Devant la porte de la cuisine, un nippon au grand sourire machiavélique regardait sa victime avec un air tout particulièrement satisfait de lui-même. Lorsque Faust rigola, ce fut à son tour de se prendre un sac de farine dans la tête.

« … Oh tu cherches la merde toi. »

Vu l'air malicieux sur le visage du japonais et le fait qu'il tenait dans ses bras une boîte d’œufs bien ouverte et remplie, ce ne fut pas une surprise quand celui-ci se mit à en jeter d'autres.

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Feat Mell Straum

Les accidents sont réguliers, dans cette baraque. C'en est arrivé à une telle extrémité que quiconque se rendait compte d'un silence un peu trop long commençait à s'inquiéter qu'il ne soit arrivé un malheur. Au final, même Natsume, qui serait pourtant capable de massacrer des chatons pour un peu de paix, avait intégré cette notion. Rester calme dans cette maison relevait du vrai rêve d'enfant que l'adolescent avait commencé à comprendre comme n'étant qu'une chimère. Oh, il pouvait courir après, mais il savait pertinemment qu'au bout du compte, tout redeviendrait étrange et vaguement dérangeant. Voir tellement bizarre qu'il passerait son chemin pour ne pas se poser de questions.
Aujourd'hui n'était pas une exception, et si les choses étaient parties pour être loufoques, alors qui était-il pour aller à contre-courant des choses ? Certes, lancer une bataille de nourriture n'était pas l'action la plus intelligente qu'il ait jamais réalisé dans sa vie, mais Arceus que c'était satisfaisant de voir la tête déconfite d'Isaac pendant qu'un jaune d’œuf bien gluant lui dégoulinait de la face. Un grand, graaaaand rictus mesquin sur son visage de jeune bientôt adulte (quoique la joueuse refuse encore de l'admettre), il n'avait pas pu s'empêcher de profiter du moment et donc de ne pas faire attention au reste, ce qui lui avait valu de se prendre une pléthore d'aliments dans la face. Peu importe : il avait répliqué presque aussitôt.

Malheureusement pour lui, il avait fini par être à un moment donné la cible commune des deux imbéciles qui lui servaient de colocataires et il était tombé au sol, écrasant son derrière sur les œufs qu'il avait ramené, dans un craquement bien sonore. Un peu dégoûté mais toujours d'humeur à se venger, il saisit le paquet et l'envoya sans remords vers les deux coupables avec un cri de guerre tout à fait ridicule. Toutefois, ce qui brisa vraiment le chaos complet qui s'était installé, ce fut la pomme que Mell envoya sans trop le vouloir sur une étagère dont le contenu se déversa comme l'eau d'une fontaine au sol. Rien de bien grave encore, car Faust et Isaac étaient déjà en train de rire à grands éclats tandis que Natsume ricanait, amusé. Mais visiblement, l'invité du jour croyait avoir commis une erreur semblable au démembrement d'un petit chaton, car il était déjà en train de se cacher et de fuir plus vite, s'endommageant d'ailleurs encore un peu plus.
L'éleveur, pas franchement du genre compatissant et empathique dans ce genre de cas, ricana sans honte de la gêne et des gaffes continues de son pote, sans méchanceté toutefois, avant de prendre la parole.

« Hé, relax, t'as tué personne ! C'est dommage d'ailleurs...
- Fais gaffe à ce que tu dis, toi ! »

Le jeune scientifique leva les yeux au ciel. Couvert de farine, d’œufs et d'autres trucs plus ou moins méconnaissables, il commençait lentement à réaliser qu'une petite douche s'imposait peut-être. Mais bon, quitte à faire des activités un peu inutiles...

« Bon, Mario Kart ? Parce que là on peut pas trop faire autre chose. »

Il laissa son regard passer sur la pièce qui, dans un état désastreux, ne pouvait pas vraiment être empruntée sans marcher sur quoi que ce soit qui ne soit pas visqueux, collant ou juste salissant. Seul  le canapé, par un miracle inespéré, paraissait avoir été épargné par cette avalanche de saleté.

« Gros crados, allez vous doucher ! … Ou passez dans la piscine si vous êtes des gros, gros crados. Mais ouais, faut que je vous éclate en versus tout à l'heure. »

Natsume pesta. Dirigeant son attention vers Mell, il se permit un sourire un peu bancal, l'air désolé que tout cela soit devenu aussi chaotique et bordélique.

« Bah, euh... En dehors des conneries d'aujourd'hui, mon offre tient toujours, hein, tu viens quand tu veux. Fais juste gaffe, c'est... Actif. »

Euphémisme du siècle.