J’aime quand mon adversaire ne se décourage pas face à une adversité qui peut le démonter d’un seul coup. Après tout, rien n’est jamais joué, j’ai pu l’apprendre. Si la surprise ou le hasard n’étaient pas de ce monde, la vie ne vaudrait pas autant la peine d’être vécue. Je sourie en coin. Oh, je ne crie pas victoire. J’ai simplement foi en ce combat et foi en mon allié le Maganon. Et foi en la victoire. Ma volonté est inébranlable et tant que je possède cette dernière en moi, rien n’est impossible. Donc, oui, je pressens déjà la victoire, peut-être bien. Finn allait déjà lancer une gerbe de feu en direction de son adversaire, mais une fois de plus, la Scarhino s’avère pleine de ressources surprenantes. Elle est soudain devenue plus rapide et s’est élancée au dessus de Throfinn pour lui porter une attaque surprise. Mon allié de feu étant concentré sur la préparation de son attaque encaisse le coup en grognant, et en profite pour s’élancer vers l’arrière, et se trouve ainsi dans un angle bien plus avantageux que le premier et ne prends qu’une fraction de seconde pour viser son adversaire. Une gerbe de feu magnifique s’élève et enveloppe le joli scarabée bleuté, je ne peux qu’être fier de Finn qui vient d’exécuter ce superbe Lance-Flamme, dans un timing des plus parfaits. Un sourire victorieux se peint sur mes lèvres quand le K.O est déclaré haut et fort par l’arbitre. Je ne regarde pas encore mon adversaire, me concentrant sur Thorfinn qui bombe son torse et fait des signes au public, radieux. Je pose une main sur un de ses bras-canons encore chauds et le contamine de mon sourire.

« Tu es le meilleur Finn, je n’en ait jamais douté! Toi comme Stein êtes de dignes guerriers de mon armée. »

Puis, après avoir vérifié que je n’allais pas interrompre mon adversaire qui devait être en train de s’occuper de sa Scarhino, je m’avance vers ce dernier, et lui tend une main, perdant mes manières de travelo efféminé. Ce petit jeu ne m’amuse plus. J’en ai marre des manières, c’est établi : je ne peux être quelqu’un d’autre que moi. Et je suis rassuré : Irina ne réussira pas à me posséder de nouveau ni à me freiner. Après ce combat, je pense qu’il est temps de laisser tomber le masque, et Phantom n’est pas pour rien dans cette décision. Enfin, je n’allais pas lui raconter ma vie et le pourquoi du comment, non plus. M’apprêtant à lui serrer la main, je tiens quand même à le remercier. Comme j’ai déjà remercié Charlotte d’avoir été une adversaire exceptionnelle. Une étincelle enfantine gagne mon regard, contrastant avec mon comportement pendant le match.

« Je me suis bien marré! Merci à toi, Phantom, et aussi à Rodley et Stella, vous êtes forts! Tu ne verras pas sous ma jupe, mais je vais pas tarder à remettre des choses qui me rendront ma virilité à 100%, ahah! »

Pas la peine de lancer des regards en coin pour vérifier que les journalistes présents dans le coin sont bien en train de recueillir mes propos. Évidemment qu’ils sont intéressés… Ils ont des infos officielles sur le sexe de Irina. Diantre!

« Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour rendre hommage a des morts, des fois! Quelle belle connerie. Enfin. J’espère pouvoir me battre à nouveau contre toi à l’occasion! Tu n’as pas intérêt à faiblir en attendant. »

Et je pense mes propos. Mon attitude contraste certainement avec celle que j’avais durant le match. Il est vrai que je deviens plus solennel quand je suis concentré. Et mes délires d’Irina me valaient aussi d’être plus cérémonieux. Bref, tout cela et presque fini, et mes aveux risquent d’en faire réagir certains dans un lointain pays de l’occident. J’ai hâte qu’il soit de nouveau déçu d’une nouvelle victoire de ma part, tiens. Pur le moment, j’attends sagement de recevoir mon dû : le Badge Courage. Pas que j’en manque spécialement, mais pour faire ce que je fais depuis plusieurs mois et qui m’a déjà plongé dans des états de stress intense, je ne crache pas de recevoir ce petit symbole métallisé aux couleurs verdoyantes, qui matérialise ma progression. Voici une preuve du courage dont j’ai fait preuve pour affronter mon paternel, pour franchir d’autres pas me séparant de la mort de ma jumelle qu’il me faut laisser derrière moi, il m’en faudra certainement toujours, au fond de moi, je le sais. Et une fois de plus.. Je ne vais pas m’arrêter ici. Il ne me restera plus qu’un badge après celui-là, et ce sera la ligue, les Conseillers et… Sunny. Ma chère Sunny. Contre toi aussi, j’aurais ma revanche, en t’affrontant avec tes propres armes. Ne cessant de sourire, presque dérangeant à toutes ces pensées, je finis par adresser un signe de tête à mon Maganon qui ne m’a pas quitté, et après un dernier regard entendu à l’adresse du champion blond, qui n’a plus rien à voir avec l’espèce d’œillade enjôleuse qu’Irina envoyait à ses adversaires, puis je lui tourne le dos pour retourner aux coulisses. Je ne sortirais pas d’ici avec les habits d’Irina. Elle sera toujours avec moi, mais pour combattre pour ma vie, cette fois, je l’ai laissé derrière. Ce combat est le mien, il a toujours été le mien.