« Tu ressembles vraiment à de la merde. » Léo leva lentement les yeux vers le miroir, dans lequel il aperçut une silhouette vêtu de blanc, masquée. Un costume imaculé qu’il ne connaît que trop bien, car c’est lui qui l’a conçu. Si il avait su que la voix de ce dernier le mettrait à l’insulter gratuitement, peut-être aurait-il réfléchi à deux fois. Qu’importe, le Dragon ne pouvait pas lui nuire, tant qu’il ne porte pas ce fichu costume, et donc, Léo se contenta donc de l’ignorer d’enfiler sa chemise à carreaux de parfait geek par-dessus son T-Shirt, qu’il avait mis des heures à choisir parmi tous ses hauts à l’effigie de héros et super-héros en tout genre… Mais après tout, c’est la soirée Avengers! Pour changer, et parce que Reiko l’avait déjà vu avec Capitaine America sur le dos (enfin, sur le torse, techniquement, mais dit comme ça, c’est un peu équivoque… non?), le soir ou Adélia s’était faite agresser, et tant qu’à faire, il ne tenait pas à remémorer cette soirée à son amie, ce soir, ce sera donc Hawkeye à l’honneur. Parce qu’il avait entendu dire que l’archer des Avengers était plus mis en valeur dans le prochain volet de la saga, alors, pourquoi pas? C’était une soirée Pyjama, néanmoins, Léo pense que Reiko ne lui en voudra pas de ne pas se ramener en caleçon Power Rangers chez elle, et d’avoir la décence de mettre pantalon par-dessus (qui tienne, cette fois). Tout cela avait l’air de bien faire rire un certain type en blanc qui n’existe même pas.  « Tocard, sérieux, tu crois vraiment que c’est en mettant des T-Shirt cartoon qu’on serre des meufs? ». Oh non, le voila qui revenait à la charge. Léopold soupira de façon fort sonore, comme si sa propre imagination pouvait l’entendre. Il était quelque peu lassé des insinuations de White Dragon, à force. Même Mikaël avait la décence d'être un peu moins rentre-dedans et humiliant. Il lui sembla que dans le reflet, la silhouette blanche s’était rapprochée, inexpressive, bien entendu, à cause du match. Ma sa voix elle… Semblait comme d’habitude toute droit sortie d’un nanar mal doublé avec des voix de brutes épaisses. « Arrêtes un peu ton char, brunette. Qu’est-ce que tu crois qu’elle attend en t’invitant chez elle de la sorte, hein? Elles veulent toutes la même ch- »

« Fermes-là un peu! Reiko n’est pas comme ça. »

Ah, bravo, il parle tout seul, maintenant. Mais ce genre de propos qu’il sait complètement faux et stupides ne le turlupineront pas. Du moins, il est de trop bonne humeur pour s’en soucier. Bien qu’il se demande quand même d’où tout ça peut bien sortir. Peut-être devrait-il consulter, à force d’entendre des voix, et de répondre. Mais comme d’habitude, quand il se montrait un minimum réactif et qu’il ne se laissait pas faire, la silhouette costumait disparaissait pour le laisser tranquille. Il avait au moins un minimum d’influence sur lui… De plus, le Dragounet ne se manifestait que entre les murs du manoir, ou quand Léo passait son costume de justicier. Maintenant qu’il était en "tenue" pour la soirée pyjama spécial Avengers, Léopold regarda sa montre, et vérifia si il avait bien tout chécké avant de partir. Richard était endormi et n’était pas prêt de se réveiller avant le matin, et au cas où, Médée et Emil restaient veiller au grain. Luis était prêt pour assurer la téléportation et… Les DVDs! Il ne pouvait décemment pas oublier ces pièces si précieuses de sa collection, ce soir! Il couru avec un enthousiasme qu’il s’était rarement à son grenier aménagé pour quérir ses quelques boites et descendit au rez-de-chaussée ou l’attendait son Gallame. Il avait aussi préparé un gâteau salé pour l’occasion, histoire de ne pas arriver les mains vides, en garçon bien poli.

« On peut y aller, Luis. »

Fit-il, sans cacher un début de sourire, chose rare chez lui qui trahissait sa hâte d’être à Nuva Eja et de voir son amie pour leur fameuse soirée. A vrai dire, c’est peut-être la première fois qu’il attendait autant une soirée entre amis. Parce que Léo n’as pas beaucoup d’amis, en donc pas beaucoup de soirées entre amis. Logique. Mais bref. Minn se précipita aux pieds de son maitre, pour l’accompagner sans vraiment lui demander son avis… Mais il semblerait que le Colimucus apprécie la jeune femme depuis qu’il l’avait vue la première fois. Il ne lui fallut pas cinq minutes pour arriver devant la porte de l’appartement de Reiko et appuyer sur la sonnette. Luis disparut sagement dans sa Pokéball, pour laisser son maitre profiter de sa petite fête. Un pas pressé se fit entendre de l’autre côté de la porte, et le battant bascula vite et s’ouvrit sur une Reiko au sourire rayonnant. Avant qu’il ne puisse dire quoique ce soit, la brunette, elle, se fit entendre de façon fort sonore, manifestant son enthousiasme. Léopold n’a pas vraiment ce talent de sautiller comme ça partout en pétant des arc-en-ciel, mais il peut assurer en toute bonne foi qu’il le faisait mentalement, même si on attitude extérieur, laissant tout de même paraître un sourire amusé sincère, pouvait faire croire l’inverse. Il se laissa entrainer dans l’appartement, se baissant un peu du fait de sa différence de taille avec son amie. Il se retrouva assis sur un canapé (enfin a ce rythme c'est plus une montagne de coussins) et il eut un court rire en voyant les DVDs éparpillés dans l’ordre face à lui. Il posa les siens soigneusement aux endroits vides qu’on pourrait leur croire réservés.

« En gros, tu me séquestres, c’est ça? Au moins, je risque pas de m’ennuyer. Ton "cachot" est plutôt sympa, au passage, pour un marathon! »

Il envoya un sourire un peu joueur à son hôtesse, et lui tendit le cake salé qu’il avait préparé, après avoir gagaté quelques instants sur la collection complète de DVDs bien alignés, surveillant du coin de l’œil que Minn ne mette pas le souc chez Reiko.

« Euhm.. J’ai fait ça au passage, histoire de pas venir les mains vides… Mais, euh, si tu n’aimes pas ça, c’est pas grave. Mais on peut pas partir dans notre fête le ventre vide et... En-enfin. Ça va, sinon?»

Son regard explora l’appartement plus en détail cette fois-ci, car il n’en avait pas vraiment eu le temps la dernière fois… Avec le contexte de la fois précédente, il avait eu un filtre un peu glauque devant les yeux, complètement dissipé désormais. Il se sentait plutôt bien, ici. Oui, c’est un bon lieu pour cette soirée Avengers!

S’il sait se servir d’un four? Léo arqua un sourcil devant la réaction de son amie. Insinue-t-elle que c’est étonnant qu'à son âge, il sache cuisiner? Il ne peut pas vraiment lui en vouloir, quelque part, il parle tellement peu de lui que ce n’est pas si étonnant qu’elle n’en sache rien. Enfin, quand même, c’est une des choses les moins difficiles qu’il ait pu apprendre, se servir d’un four… Il faudrait être un peu attardé pour ne pas comprendre  comment tourner un bouton et appuyer sur un autre. Bon, après, oui, ça arrive à tout le monde d’oublier et même si ce n’est pas son cas, c’est vite fait de zapper qu’on a mis un gâteau dans à cuire quand on part faire autre chose. Il ricana nerveusement avec un sourire forcé à l’affirmation suivante de Reiko, quelque peu gêné. Ce n’est pas car on sait se servir d’un four qu’on est bon à marier…  Surtout dans son cas. Qui pourrait être assez fêlé du bocal pour avoir envie de l’épouser! Ou alors, il faut que la personne aime énormément les silences gênés et les sautes d’humeurs imprévues et bizarres, et doit aussi accepter de ne jamais avoir ses réponses a certaines questions. Puis, il faut le supporter, lui, quoi. Donc, non, il n’est pas vraiment bon à marier. Il doit encore s’occuper de son père, et après il pensera peut-être à l’éventualité. Quoique, il n’a jamais songé à se marier. Son futur, il l’a toujours envisagé seul. C’est un peu triste, tout ça mais l’humeur de Léo ne s’en vit même pas changée. A vrai dire, ce genre de pensées était devenu ordinaire pour lui, il pense tout cela sincèrement et ne s’en formalise même plus.

« Oui enfin… C’est juste un cake salé, hein. »

Rabat-joie est dans la place mesdames et messieurs! Reiko ne sembla pas s’appesantir là-dessus toutefois et s’empara du gâteau pour l’apporter dans le salon. Au contraire de la jeune femme, ses Pokémon se semblent pas très attirés par ce que le brun avait préparé. Léopold fit la moue en voyant que même son Colimucus s’y mettait et imitait le Ptyranidur et la Nidoran dans leur grimaces peu ragoutées. Quel clown, celui-là. Mais il semblait bien s’entendre avec les alliés de la conseillère. Reiko les réprimanda un peu, ce qui fit sourire en coin son ami le géant brun… Les croquettes pour Pokémon, hein? Peut-être bien est-il le seul à cuisiner des petits plats pour ses compagnons, après tout. Ne sortant que très peu, il a beaucoup de temps pour ça et passe parfois beaucoup d'heures aux fourneaux. Et puis, certains de ses alliés comme Médée, Bellerophon ou encore Emil sont désormais assez forts pour aller chasser seuls. Il sont issus d’espèce des prédateurs, après tout, et Léo n’aime pas aller contre leur nature.

S’assurer que son amie allait bien le fit sourire à nouveau, et il alla enfin s’asseoir. C’est fou ce qu’il souriait facilement lui qui ne sourit que si rarement en temps normal. Mais une soirée Avengers ce n’est pas souvent que ça lui arrive. Pas tout seul, du moins! Il allait redécouvrir ses films fétiches avec grand plaisir s’il est en compagnie d’une de ses rares amies. Il se serait attendu à manger certainement chips et bonbons et bien entendu du cake salé pour ce plateau-télé, mais Reiko proposa un menu bien plus sophistiqué et… Hm, Léo n’avait jamais mangé de gastronomie chinoise, a vrai dire. C’est une des choses que Richard a en horreur depuis qu’il avait lu dans le journal que le restaurant chinois miteux situé en Islande élevait des cochons d’inde pour les cuisiner. Léo ne s’y était donc jamais intéressé spontanément, mais il ne pouvait pas en rester éternellement à l’avis de son paternel sur la chose!

« Les deux me vont, mais à condition que je participe dans tous les cas. Je ne te laisserais pas tout faire ou tout payer seule. Et… hm… Je crois que je n’ai jamais mangé de nourriture chinoise. »

Au fond, il n’a pas de préférence, il se rangerait au choix de Reiko : c’est elle l’hôte, c’est à elle de décider. tout docile et gentil garçon qu’il est. Finalement, ce n’est pas que le marathon qui importe, mais surtout la personne avec qui on partage le moment. Puis, bon, ils ne sont pas nom plus en train de joueur à Un Diner presque Parfait, donc nourriture commandée ou faite à la va-vite, est-ce vraiment important.

« Si tu vas en cuisine, on verra bien si tu est aussi bonne à marier que moi! Euh… Oui, non euh… Enfin, tu es peut-être un peu jeune pour le mariage quand même. En-enfin, je ne dis pas que je suis meilleur en cuisine que toi, j’insinue rien, hein… Je ne suis pas vraiment bon moi-même! ...B-bref, tu préfères quoi, toi? On mangera devant les films, de toute façon, hein? »

Et hop retour de la diarrhée verbale. Dans le fond, il ne fait vraiment pas avancer grand-chose…

Reiko vota finalement pour le curry. Bah, le chinois sera pour une autre fois. Puis si il en voulait à ce point, il n’avait qu’à s’impliquer un peu plus et insister. Mais il ne l’aurait jamais fait car de toute façon, il n’en est pas capable. Donc, ce n’est vraiment pas grave. Il se contenta d’une moue a peine perceptible et d’un haussement d’épaules, pendant que Reiko lui montrait le chemin vers la cuisine. Manger devant un film, il l’avait bien proposé alors ça ne le gênait nullement. Après tout, cela lui arrive plus souvent qu’on pourrait le croire. La vie de fils à papa a ses avantages, après tout! Diantre, il ne pensait pas dire ça un jour… Bref. Maintenant, il était aux fourneaux de nouveau avec un tablier donné par son amie. Sa tâche était donc… De faire cuire le riz. Hmph. Reiko l’avait bien eu, pour le coup, elle se laissait la plus grande partie du travail, maintenant. Il se retrouva donc avec un paquet de riz et une casserole dans la main, quelque peu derpy. Il ricana même un peu à l’affirmation de Reiko.

« Vraiment? Le test c’est que je fasse cuire du riz… eh bien, ça va être difficile! Tu ne me sous-estimerais pas un peu, Sawamura-san? »

Bah, oui, qu’elle ne commence pas à choisir les bons maris par rapport à leur talent de cuisson de riz. Ce n’est pas car elle a des origines japonaise que ce doit être un test primordial! Oui, bon, certes, les clichés vont bon train, mais Léo, lui se retint de faire cette remarque. Sans plus discuter, il s’exécuta, cependant, en commençant par faire chauffer l’eau sur le feu… et se mit à attendre dans l’espoir de pouvoir faire autre chose en se tortillant sur place. Mais il semblerait que Reiko fut plus rapide. L’attente se meubla de quelques conversations sur la pluie et le beau temps, et surtout de quelques moments de fanatisme sur leurs héros favoris. A ce rythme, l’eau se mit à bouillir plus vite que prévu et Léo y ajouta le riz tout en mélangea d’un air un peu absent, car absorbé par la conversation, mais ainsi, les grains ne colleraient pas. Quand ce fut faire, Reiko y ajouta les derniers ingrédients, et prépara la sauce à partir de restes. Ils avaient bien fait de choisir le curry, Léopold était ainsi rassuré sur le fait que Reiko n’avait vraiment pas dépensé grand-chose, de cette façon. A près quelques autres minutes de préparation, le curry était prêt et commençait à refroidir dans les assiettes. Alors que Léo prenait l’initiative de se diriger vers le salon, Reiko donnait les plats à lécher aux Pokémon. Ce qui arracha une moue déçue au Colimicus de Léopold… Qui se précipita dans les jambes de son dresseur pour réclamer de la "vraie" nourriture, habitué aux plats un peu plus sophistiqués cuisinés par le grand brun. Et donc, ce qui devait arriver arriva.

« Mînn, non! Attends au moins que je… AAAAAAAAH! »

Le jeune homme se mit à crier en tombant vers le sol, et eut l’impression que sa vie défilait devant lui alors que la table basse du salon se rapprochait assez dangereusement de son visage. Vous avez remarqué que dans ce genre de situation on pense plus souvent à sauver ce qu’on à dans les mains que notre propre santé? Eh bien c’est exactement ce que Léo fit. Les assiettes de curry dans les mains, ces dernières ne bougèrent pas d’un poil, au point que ça en devint cartoonesque. Léo, lui par contre, grimaça en sentant sa tempe s’érafler légèrement en passant sur le coin de la table pendant sa chute. Au moins, maintenant il ne pouvait plus tomber plus bas, et n’était pas couvert de curry. Le menu du soir était sauvé! Et son cerveau semblait intact et ne pas déborder de son crâne. Formidable. Le Colimucus, quant à lui, était parti se cacher sous le canapé, quelque peu honteux d’être passé à quelques centimètres de l’ouverture du crâne de son dresseur bien aimé. Léo se releva, encore un peu étourdi, après avoir posé les assiettes sur la table.

« Tout va bieeeen… Le curry est intact, ta moquette aussi, Reiko! Mïnn restes sous ce canapé, si je t’attrape je te tire les antennes très fort! »

Fit-il d’une voix quelque peu absente en admirant les 36 chandelles en train de danser. En revanche, ce qu’il remarqua ensuite en portant une main à son visage un peu endolori, c’est que même d’une toute petite plaie comme il avait désormais sur la tempe, il pouvait s’écouler beaucoup de sang, et cela pouvait devenir quelque peu impressionnant pour bien peu de chose. Il plaqua un mouchoir sorti de sa poche pour essuyer tout ça le plus vite possible, de peur que Reiko ne panique.

« Ah euh, par contre… Désolé de te demander ça… mais, hm,  tu as des pansements? »

Il envoya un regard noir à son Colimucus… Encore un contre-temps avant leur marathon Avengers!

Léo n’est pas doué. Parfois, il a vraiment deux mains gauches, comme on dit. Mais cette fois, c’était pas que sa faute. C’était son Colimucus qui avait… Bah, qui avait fait l’imbécile. Heureusement, les assiettes et leur contenu étaient intacts! Pour le moment, car pendant que Reiko accourait à ses côtés  et que le brun voyait encore 36 chandelles, les Pokémon, eux, s’étaient hâtés de s’approcher, bien décidés à finit le curry. Leur maitresse était de toute façon occupée à autre chose, et Léopold encore à reprendre ses esprits en se redressant, tout en plaquant une main sur sa blessure. Il entendit des bruits venant de la salle de bain, et compris que son amie était peut-être complètement paniquée et devait dévaliser les placards de sa salle de bain. C’était pas prévu, ça… Si ça se trouve, Reiko avait peur du sang et elle risquait de tourner de l’œil! Oh, non, ce serait horrible pour elle! Léo se sentirait mal d’avoir ainsi gâché la soirée. Heureusement, ce n’était pas le cas. La conseillère revint à toute vitesse avec des bandage et du désinfectant, et aussi efficace que l’éclair, elle commença à soigner la blessure. Le jeune médecin aurait très bien pu faire tout cela lui-même, après tout, mais il ne retint pas la jeune femme aux cheveux de geais qui avait l’air de tenir à s’en charger. Il ne dit rien, car il se sentait un peu piteux, et se laissa faire sans broncher. Il aida néanmoins Reiko quand cette dernière commença a enrouler une bande autour de son front. Ce n’était pas forcément facile a faire par soi-même. Un bandage n’était peut-être pas nécessaire pour une si petite blessure. D’autant plus que maintenant, il devait ressembler à un balais à chiottes, avec cet espèce ce bande qui relevait une partie de ses cheveux et dégageait quelques mèches de devant ses yeux, rendant ces derniers plus visibles que d’habitude.

« Merci, Reiko… Mais ne t’en fais pas comme ça, c’est juste une éraflure, tu sais. »

Fit-il en forçant un sourire rassurant. Pas parce qu’en réalité la blessure était grave, bien au contraire. Mais, pour le sourire, il n’a pas vraiment l’habitude de faire ça sur commande. Ce qui arriva par la suite en revanche… Était complètement inattendu et sortait de nulle part. Le cri de désespoir de Reiko aurait presque pu paraître inquiet, et Léo la regarda, d’un air préoccupé… Néanmoins, quand il constata de  quoi il s’agissait… Pauvre Reiko. Le brun dû se morde très fort la lèvre et poster une main devant sa bouche pour ne pas rire avec les Pokémon et enfoncer encore plus son amie. Il ne put se retenir de pouffer, toutefois. La scène était fort ridicule, et donc, irrésistiblement drôle. Bon, bien sûr, c’est pas chouette pour Reiko ni pour les curry, ça, oui, c’est triste… Mains quand même. Ce qui était le plus drôle en fait, c'est l'overdramatisme de la situation du point de vue de la jeune femme, et de voir Reiko se décomposer de la sorte et rester plantée là comme une empotée au lieu d’aller immédiatement se changer.

« Oui, bon, tu vas pas rester avec les fesses couvertes de curry toute la soirée, quand même! »

Fit-il sur un ton taquin, remettant une tartine supplémentaire sans vraiment s’en rendre compte. Aucun tact, ce jeune homme. Il pouffa de nouveau derrière sa main. Oui, non c’est pas gentil, surtout qu’il s’étaient donné du mal pour préparer ce dîner. Mais quand même. C’est drôle.

« Mais… c’est pas grave, hein, pas la peine de paniquer comme ça. T’inquiètes, tu n’as qu’à aller te changer et j’appelle pour commander. Je nettoierais les assiettes aussi. »

Il tenta de cesser de glousser en disant ces mots et d’avoir l’air un peu moins moquer cette fois-ci. Puis, quelque part, tout ça était un peu sa faute, la moindre des choses était qu’il aille fasse la vaisselle des assiettes et qu’il paye le dîner. Ce ne serait pas arrivé si il n’était pas tombé et Reiko en avait déjà assez fait. Tout ce qu’ils demandent, de toute façon, c’est pouvoir enfin regarder leurs quelques films en paix. Léo s’exécuta tout de suite et porta les assiettes dans la cuisine. Il trouva sans mal la carte du traiteur chinois sans fouiller d’avantage et sortit son téléphone. Par contre, il fallait savoir quoi manger avant d’appeler. Il interpella donc son amie certainement partie se changer, depuis la cuisine ou il se trouvait.

« Reiko? Je commande quoi pour le chinois? »

Lui il n’y connaît rien alors il prendra la même chose qu’elle.

A vrai dire, si Léo avait su que son rire aurait été interprété de la sorte par son amie eh bien… Il ne sait pas trop s’il se serait retenu, à vrai dire. Probablement pas, mais comment pouvait-il savoir que ça aurait pu vexer Reiko, lui qui est si mauvais dans ce genre de contexte?  Il se mordit la lèvre en voyant Reiko foncer dans sa chambre avec le regard bas et la mine sombre. Hmm… c’est ce que font les filles quand elles sont vexées? Comme dans les films, donc? Est-ce qu’il devrait frapper à la porte, entrer, et la consoler ? De toute évidence, la conseillère préférait être seule. Bien entendu ,ce genre de scène n’est pas agréable à vivre pour personne… C’est comme péter un peu fort en public, il vaut mieux en rire, non? Enfin, disons que avec certaines vieilles personnes disons… hm… incontinentes, qu’il croisait au travail pendant ses stages, eh bien, il n’allait pas être gêné par le fait que Reiko ait un peu sali son pantalon en s’asseyant dans du curry! La comparaison n’est pas franchement brillante, en effet. Enfin. Léopold s’occupa de nettoyer tout ça et d’aller faire un peu de vaisselle, puis reçu les conseils de Reiko qui revint dans le salon une fois changée. Il lui lança un sourire d’excuse et aussi d’encouragement, et hocha la tête. SI il faut vraiment goûter la nourriture chinoise, il ne faut pas y gouter qu’à moitié. Le choix de Léo se porta donc sur le poulet à l’ananas. Non rebuté sur le sucré-salé, et très peu difficile en gastronomie de manière générale, il n’allait pas cracher sur un tel menu.

« Deux poulets à l’ananas, donc? »

Nouveau petit sourire, puis il termina la commence en donnant l’adresse qu’il avait lui-même retenu par cœur en venant ici. Il raccrocha son portable et s’en retourna sur le canapé, en réinstallant les coussins et les couvertures. Autant penser à autre chose, son amie semblait vouloir sortir de sa tête la scène du curry-pantalon.  

« Bon, c’est pas tout ça, mais si on commençait enfin notre marathon? Je pense qu’on a suffisamment attendu… non? Je te propose de nous faire ce marathon héros par héros pour finir par le film Avenger?  »

Ne sachant pas trop quelle est la meilleure idée, il se dit que cela était le plus logique… L’ordre chronologique pourrait être bon aussi au pire, ils pourraient en changer. Il prit une boite dans chacque main et les présenta à Reiko.

« Alors ? Iron Man, Thor ou Captain America? En ce qui me concerne… Tu sais déjà vers lequel vont mes gouts.. Ahah. »

Fit-il en adressant un rire un peu bête en repensant au petit délire qu’il avaient eu lors de la visite du musée de cire.

Cela va forcément paraître étrange sorti de son contexte, mais voir les pectoraux de Steve Rogers fit descendre l’anxiété de Léopold en quelques instants. Non, non, ce n’est pas car il se rinçait l’œil comme semblait le faire Reiko, mais juste car avec ce genre de proportions devant les yeux, il sentait bien qu’il pouvait retourner dans son univers de comics bourré de super héros en collants. Dans tous les cas, les deux jeunes gens s’étaient tus et il n’y avait plus rien que eux, le film, et leurs protagonistes favoris sur l’écran. L’un comme l’autre faisaient parfois des commentaires plus ou moins (surtout moins, en fait, du côté de Léo), pour signaler ses passages favoris quand ces derniers se manifestaient. Léo ajouta d’ailleurs qu’il avait toujours trouvé ça assez ridicule, de mettre en méchants des nazis avec des armes du futur, et que depuis plusieurs décennies, la mode devrait être un peu passée… Enfin, quelque part, le ridicule du concept rendait la chose drôle. Et puis.. bah, c’est un film de Super Héros, quoi. L’ambiance redevenait bon enfant et les tensions de tout à l’heure et des mésaventures de Reiko semblaient être plus ou moins passées. Alors que le jeune homme souriait et ricanait sans se rendre compte devant une scène humoristique, le son de la sonnette le fit sursauter. Cette fois-ci, son amie fut plus rapide que lui pour aller chercher les menus qu’ils avaient commandés. Une fois posé devant lui sur la table, le poulet à l’ananas lui fit monter l’eau à la bouche. Ces odeurs à la fois sucrées et salées promettaient un vrai festin, et les parts étaient plutôt copieuses.  Et, sinon… Fourchette ou baguettes? Rime riche? Euh, non, mais… N’est-ce pas très respectueux dans cette culture de manger avec des couverts occidentaux. Le film continuait et Léopold hésita tant bien que mal à faire son choix. « Alleeeeeeez, Léochou, prends les baguettes et fais pas ta tapette! Montres à cette nana qui c’est le roi des baguettes! »

« T’es encore là, toi… »

Fit-il en marmonnant dans sa barbe, agacé du retour de white dragon dans son esprit. « Quoi, j’me fais chier comme un rat mort, moi! Allez, tentes un truc, là, que je me distraie un peu! » Les mains de Léopold s’étaient mis à frémir sous le coup de la colère qu’il portait à l’égard de… De cette double personnalité dégoutante et lubrique. Comment peut-il oser imaginer des choses pareilles à l’égard de Reiko qu’il considère comme une de ses plus chères amies?! A part cela, il avait l’air un peu con, la main tendue, à fixer Reiko dans les yeux, sans encore avoir fait son choix sur son « arme ». Et sans trop se rendre compte de leur proximité un peu… Un peu trop proche?

« Ah, euh, oui alors… La fourchette, je vais prendre la fourchette. »

Et tiens, qu’est-ce que tu penses de ça, foutu Dragon?! « Pfff… va te faire foutre… » Et on dirait que Dragounet avait repris congé. C’est étrange, normalement ce dernier ne se manifeste pas quand Léo n’est pas chez lui. « Hé, tu vas l’emballer, là, ou je rêve? » Le retour quasi immédiat de l’autre abruti fit sursauter Léo, et il se rendit compte de sa proximité étrange avec la jeune femme… Ah, non, hein, si en plus l’autre décide de prendre possession de son corps dans un moment pareil (car… oui, il l’a déjà fait, mais encore une fois, il ne fait d’habitude cela que quand Léo passe son costume de Justicier)!

« Mais, ça va pas, non, je t’interdis de faire ça espèce de… !! »

Fit-il, en colère contre le dragon qui s’était désormais mis à ricaner dans son esprit, et son rire raisonnait comme dans une cathédrale (a croire que la tête de Léo était vide). Le jeune homme s’éloigna vivement, avec sa fourchette dans la main, qu’il planta rageusement dans son  poulet à l’ananas… Et zut. Reiko ne pouvait pas deviner qu’il ne s’adressait pas à elle. Aussi, alors que d’autres nazis se faisaient péter la tronche, il se tourna vers elle, peiné de sa propre attitude.

« Euh… je… je t’en prie, crois-moi, Reiko, je ne m’adressais pas à toi. Je ne suis pas en colère contre toi, c’est… c’est… »

« Léochou, arrêtes de me sortir les violooooooons! » Léopold se remit à marmonner seul, tout en découpant son poulet. Bordel de merde, Dragon, ta gueule.

« Tu vas me croire fou, à force. Ou débile. »

« Mais c’est ptet c’que t’es, hein. J’dis ça, j’dis rien. » Et pour une fois, le Dragon n’avait pas entièrement tord ; seulement, Léo n'avais jamais osé se le confesser réellement.

Il avait simplement envie de se jeter tout entier dans une abîme sans fond et de ne plus jamais revoir la surface. Quel est l’espoir que Reiko ne le regarde pas avec pitié ou comme le pire des débiles, maintenant? Son amie n’est pas exactement le genre de fille qui juge facilement, du moins, autant qu’il la connaît. Enfin, il y a beau avoir des gens qui disent être ouverts, cela ne les empêche parfois aucunement de se défiler comme des lâches devant la différence. Léo ne s’est jamais vraiment figuré comme « différent »… En fait, il n’a même pas assez d’opinion de lui-même pour se considérer ainsi. Oui, en effet, c’est pas mal pathétique. Il s’était éloigné de son interlocutrice de la soirée pour aller se maudire lui-même à l’autre bout du canapé. Reiko ne réagit pas mal, pourtant. La surprise disparue sur son visage, elle sembla se ressaisir puis baissa les yeux, visiblement attristée de l’état de son ami. Enfin… Non, ça, ça devait juste être Léopold qui s’imagine des choses. Personne ne s’est jamais inquiété de son sort… pas vrai? En tout cas, ce ne sont pas les membres de sa famille qui ont eu l’air de se préoccuper de son sort quand il s’est retrouvé seul avec son père fou à lier et complètement incapable de la moindre indépendance. Le jeune homme lâcha un soupir résigné. Vraiment? Reiko pense-t-elle vraiment comprendre? Pourquoi serait-elle mal placée pour lui reprocher ses sautes d’humeurs? Elle semble pourtant tout ce qu’il y a de plus sain sur terre. Enfin à côté de la loque que fréquente chaque jour Léo, tout parait si pur et si innocent… Peut-être que rencontrer des gens aussi compréhensifs que Reiko ou Adée plus tôt aurait pu changer sa vie.

« C’est gentil, Reiko, de t’en soucier, mais je préfère qu’on profite des pectoraux de Steve plutôt que se lamenter sur mon sort. »

Fit-il, avec un sourire faible et visiblement forcé. Mais c’est mieux ça que tomber dans le pathos avec les violons derrière. D’un geste plutôt naturel, Léopold passa une main réconfortante dans les cheveux de son amie.

« Appelle ça de la fierté masculine si tu veux, mais je préfère résoudre mes soucis par moi-même. Et puis… Je suis un grand garçon! »

Ses mots allaient vraiment finir par le convaincre. Car a force de passe des années à pousser et à se faire croire que tout va bien… Bah, on finit par déprimer, déjà, mais on finit aussi par croire qu’on s’en sortira quand même. Puis l’idée d’envahir quiconque avec ses soucis ne le tente pas. A ce rythme, autant terminer la soirée comme elle a commencé. Peut-être trouvera-t-il un autre moment pour

« Ah, en plus… le film est terminé, désolé, on a pas bien profité de la fin à cause de moi.. Euh, on en met un autre? Et euh… magnifique, le poulet à l’ananas, au fait! Tu peux me donner un gage pour le reste de la soirée pour me faire pardonner d’avoir ruiné l’ambiance, ahah! Par exemple… Je ferais le ménage ou.. Bref. Je ferais une corvée que tu ne veux pas faire, s’il faut! »

… Hm… Léochou, tu sais pas quel genre de gage elle pourrait te donner, cette meuf… Si ça se trouve, elle est dangereuse veut te séquestrer, et tout son cinéma aura été pour te conduire dans sa cave et t’attacher par les pieds, héhéhéhéhé! T’es vraiment un mec, bizarre, quand même… Faire des corvées pour se faire pardonner, on aura tout vu. Tu veux pas devenir technicien de surface, aussi?