Comment va-t-elle ?

Je me réveille, me lève et m'étire. Je sors de mon lit et ouvre les volets. Je pose mon regard sur l’œuf que j'ai reçu en cadeau. Pour Pâques, Amanil a organisé une loterie et j'ai eu le troisième lot: Un œuf. J'avais tellement hâte qu'il éclose ! Pachi me saute dessus, quel chenapan celui là ! Je m'en vais déjeuner et me préparer. Je repense à mon premier match d'arène, ma première défaite, il y a deux mois environ. Il serait tant de partir dans une ville pour aller combattre un autre champion puis revenir ici pour affronter de nouveau Maxime. Je sors de mon appartement. Mes pokémons sont tous à mes côtés et l’œuf se repose tranquillement dans mon sac. Je vais au Centre Pokémon. Je rentre et dis bonjour à l'infirmière chef. Elle me fait remarquer qu'une collègue, plus âgée que moi, n'est plus présente depuis un bon bout de temps. Elle me demande alors d'aller chez elle pour voir si elle va bien. J'accepte avec plaisir et me dirige vers l'appartement des Rinel. Je sonne à la porte, en attente d'une réponse.

Comment va-t-elle ?

Ft. Kirisa Mounto

Anaïs détestait pleurer. Devant du public, en tout cas. La plupart du temps, elle retenait ses larmes puis finissait par tout lâcher une fois qu'elle était toute seule, à l'abri des regards. Sinon, elle ne montrait tout simplement pas ce qu'elle ressentait. Quoique, si l'on était un peu attentif et qu'on la connaissait bien, on repérait bien les moments ou ça n'allait pas. C'était par exemple le cas de Théodore, pour qui sa sœur n'avait aucun secret. Et il savait en plus exactement pourquoi.

« Tu n'es pas obligée de retenir tes larmes » lui dit-il alors qu'ils étaient assis tous les deux dans le canapé du salon. « Tu sais, ça va te faire du bien »
« Ta gueule. »

Le grand blond soupira. Il détestait la voir comme ça. Il tenta de la serrer dans ses bras, mais l'adolescente le repoussa violemment, avant d'aller se rouler en boule sur un coin du canapé. Le jeune homme n'insista pas, mais ne bougea pas pour autant. Il n'en menait pas large non plus, à vrai dire. Lui, pleurait très peu. Pas qu'il se retenait, mais seulement que la tristesse avait d'autre effets sur lui. La colère principalement. Ce qui consistait la plupart du temps en cris de rages et en destruction d'objets, comme ça avait été le cas à peine une heure plus tôt.

Ils avaient eu quelques nouvelles de leur mère, à qui ont avait diagnostiquée depuis six mois maintenant un cancer du poumon. Et tout ce que l'on pouvait dire, c'est que ça ne s'arrangeait pas. Les médecins étaient de plus en plus inquiets. Malgré le fait qu'ils tentent de prendre une voix rassurante, les deux enfants Rinel sentaient bien qu'ils y croyaient de moins en moins. Et rien n'aurait pu les désespérer plus.

Ils se serraient les coudes, cependant. Ils savaient que, pour leur mère au moins, ils devaient rester forts. Sylvie Rinel était une femme extrêmement courageuse qui, malgré la maladie, malgré la fatigue, gardait toujours le sourire. A chaque fois qu'elle parlait à ses enfants, elle leur disait de ne pas s'inquiéter. Que tout irait bien. Qu'elle se sentait bien. Et qu'elle ne voulait surtout pas les voir tristes. Alors les deux enfants ne disait rien. Ils se contentaient, du mieux qu'il pouvait, de continuer leur vie, comme si rien de tout cela n'existait. Ils ne voilaient pas la face, car ils avaient conscience de la dure réalité des choses.  Ils essayaient juste de ne pas y penser.
La musique les aidaient tous les deux pour cela. Ils jouaient de plus en plus ensemble, se mettant même à composer des petites mélodies, joyeuses ou tristes, entraînantes ou non. La musique les délivraient, pendant ces moments de la journée où elle les aspiraient, telle des sables mouvants si confortables qu'on voudrait y rester pendant des années, sans que rien ne vienne nous perturber. Parfois, Théodore et Anaïs aimeraient que cela soit possible. Mais la vie n'est pas ainsi faite. Car l’injustice est malheureusement de ce monde. Et en ce moment, ils le voyaient bien.

Anaïs travaillait du mieux qu'elle pouvait. Ne serait-ce que pour rendre fière sa mère. Elle avait toujours été bonne élève, mais les événements récents l'avait perturbée. Son frère s'était mis à s'occuper d'elle de ce côté-là. Leur père, lui, n'avait plus vraiment le temps pour ses enfants. Il s'était remis à boire. Chose qu'il n'avait pas fait depuis la naissance d'Anaïs. Une grosse partie de son salaire passait désormais principalement dans l'achat d'alcool en tout genre. Et ça, les deux enfants ne pouvaient pas l'ignorer. Malgré tous leurs efforts, il était impossible de passer à côté de l'odeur que dégageait Hervé Rinel chaque soir. Et c'est précisément ce qui faisait pleurer Anaïs. Elle redoutait la fin de journée. Redoutait de savoir dans quel état elle allait retrouver son père. Et elle savait que son frère pensait à la même chose.

De longues minutes passèrent et ils restèrent tous deux ainsi, sans bouger, ressassant ces sombres pensées qui ne les quittaient pas. De longues minutes avant que la sonnette ne retentisse. Tous les deux surpris, les deux membres de la famille Rinel mirent un petit instant à réagir. C'est finalement la jeune fille qui décida de se lever et d'aller ouvrir, se demandant bien qui pouvait être là à cette heure… et le redoutant aussi.
La porte s'ouvrit sur une fille qu'Anaïs ne reconnu pas. Et elle avait l'esprit bien trop embrumé pour réfléchir. Affichant un grand sourire sur son visage pour ne pas montrer sa tristesse, elle prit la parole.

« Bonjour, vous avez besoin de quelque chose ? »

Comment va-t-elle ?

J'attendis quelques minutes quand une jeune fille m'ouvrit. Elle afficha un large sourire, un peu trop forcé mais je n'y fit pas attention. Elle dit gentiment:

« Bonjour, vous avez besoin de quelque chose ?
- Oui, bonjour, excusez moi de déranger.. Je travaille au Centre Pokémon d'Amanil et Sylvie ne vient plus depuis un moment alors je voulais prendre de ses nouvelles. Elle va bien ? »

On s'entend bien avec Sylvie, on a fais pas mal de service ensemble, je m'inquiète vraiment pour elle. J'espère de tout cœur que cela n'a aucun rapport avec le Régime ou la Résistance. Il n'y a pas si longtemps, j'ai appris qu'une fille s'est fait tiré dessus. Cette fille, c'est celle qui m'a ouvert les yeux. Une fille étrange, blonde mais qui aime les pokémons. Adélia.. J'ai soigné un Evoli qu'elle a sauvé des braconniers. Je n'en sais pas plus et je ne veux pas en savoir plus. Je ne veux pas me fourrer dans les affaires des autres, je dois principalement pensé à moi, à mes pokémons et à mon parcours. Je sentis soudain l’œuf bouger légèrement dans mon sac. Va-t-il éclore aujourd'hui ? J'avais tellement hâte mais il s'immobilisa aussitôt. Je souris à la jeune fille qui avait perdu son large sourire. Un sourire devenu plus petit.

Comment va-t-elle ?

Ft. Kirisa Mounto

Son sourire disparu aussi vite qu'il était arrivé quand la fille qui se présenta lui parla de sa mère. Une collègue... il ne manquait plus que ça ! Malgré tous ses efforts, Sylvie avait bien été obligé de quitter son travail au bout d'un moment, et cela faisait quelques mois qu'elle ne venait plus. Elle n'avait pas expliqué les raisons précises de cette soudaine absence, car elle ne souhaitait pas trop parler de sa maladie. Mais c'est vrai qu'on était en droit de se poser des questions, et Anaïs comprenait tout à fait la jeune fille qui s'était présentée à elle. Pour autant, elle n'avait pas vraiment besoin qu'on lui parle de cela, et n'avait pas tout à fait envie d'expliquer à tout le monde la raison pour laquelle sa mère avait disparu de la circulation.

« Bravo, vous avez remarqué qu'elle n'était pas là au bout de trois mois d'absence. Elle doit bien vous manquer. »

La jeune fille avait dit cela sur un ton sarcastique qui ne lui ressemblait pas. Mais après tout, elle se demandait bien pourquoi cette collègue ne s'était pas posée des questions avant. Quand même, trois mois ! Mais le ton grinçant et froid qu'elle avait utilisé n'était tout simplement pas son genre, et était révélateur de son état d'esprit actuel. A savoir, l'envie de ne parler à personne, et surtout pas de sa mère. D'autres sujets de conversation, pourquoi pas. Même si elle pensait constamment à sa génitrice, elle avait besoin de se changer les idées. Et la situation actuelle ne l'aidait pas.

Elle ne savait alors pas quoi faire là, sur le pas de la porte, à regarder cette fille qui n'avait rien fait de mal mais à qui pourtant elle balançait sa mauvaise humeur en pleine tronche. Elle se voyait mal lui claquer la porte au nez après lui avoir parlé sèchement, mais devoir se lancer dans des explications la motivait encore moins.
Ce fut finalement son frère qui vint à la rescousse, ayant entendu le début de la conversation et se disant qu'il était temps d'intervenir, même si lui-même n'avait pas envie d'aborder ce terrible sujet. Pourtant, il lui semblait juste de donner une réponse à cette collègue qui ne cesserait de s'inquiéter si on ne lui disait rien. Quoique, lui dire la vérité n'arrangerait non plus beaucoup les choses...

« Mademoiselle... Notre mère... a des soucis de santé en ce moment. Elle n'a pas donné de nouvelles car ne veux pas en parler »

C'était tout ce qu'il réussi à dire. Anaïs sentait bien que son frère était aussi bouleversé qu'elle, et que lui aussi cherchait ses mots. Ils restèrent silencieux quelques secondes. Ce silence était peut-être révélateur, mais la brune s'en fichait pas mal désormais. Sa mère ne reviendrait peut-être plus jamais travailler dans le centre Pokemon d'Amanil. Même si elle refusait d'y croire, cette pensée était toujours là, pesante. Et ne la quitterait pas de si tôt.

« Ne vous attendez pas à la revoir tout de suite. C'est long et dur à expliquer. Autre chose ? »

Comment va-t-elle ?

« Bravo, vous avez remarqué qu'elle n'était pas là au bout de trois mois d'absence. Elle doit bien vous manquer. »

Je me tu, sans vraiment le prendre mal mais en étant étonnée de la réaction de cette fille. Elle avait l'air énervée, triste.. Des émotions que je ne compris pas sur le coup. Le fille resta sans mots quand un jeune homme vient auprès d'elle me disant:

« Mademoiselle... Notre mère... a des soucis de santé en ce moment. Elle n'a pas donné de nouvelles car elle ne veut pas en parler »

Je m'inquiète pour elle et pour eux. Je comprends pour la fille à l'air agacée et pourquoi ce jeune homme, surement son frère, soit si peiné. Peut-être qu'elle a un problème de santé grave. Sur ce, je suis déçu de ne pas en savoir plus, c'était une bonne collègue. Après un deuxième silence, la fille reprit:

« Ne vous attendez pas à la revoir tout de suite. C'est long et dur à expliquer. Autre chose ?
- Oh, et bien.. J'ai repris quelques affaire à elle qu'elle avait laissé au Centre Pokémon.. »

Je sortis de mon sac sa blouse, une couverture et un sac où il y a une bouteille d'eau et quelques biscuits qu'elle mangeait à sa pause de l'après midi. Je lui tends, peinée de pense que je ne reverrais peut-être plus mon amie pendant un moment.

Comment va-t-elle ?

Ft. Kirisa Mounto

La demoiselle qui avait sonné n'avait pas l'air bien méchante, mais c'est juste qu'elle était mal tombée. Et la pauvre, qui n'avait rien demandé, se faisait à moitié agressée par Anaïs. On n'en voudra cependant pas à cette dernière qui n'était évidemment pas au meilleur de sa forme à cet instant.
La fille qui se trouvait là n'avait donc pas été mise au courant de la situation, et devait se trouver toute gênée face aux deux enfants de la famille Rinel, qui ne mâchait pas leurs mots pour faire comprendre qu'ils étaient de mauvaises humeur et qu'il ne fallait mieux pas les embêter. Anaïs en particulier, qui était sur les nerfs. Elle regarda celle qui lui faisait face sortir les affaires de sa mère sans rien dire, et resta immobile tandis qu'on les lui tendait. C'est son frère qui finalement, face au désarroi de sa sœur, pris le relais.

« Écoutez... Restez pas plantée là. Vous voulez boire quelque chose ? »

Anaïs roula des yeux vers son frère et afficha son mécontentement. Et puis quoi encore ! Elle n'avait pas besoin de ça, ce qu'elle voulait, c'est être tranquille ! Mais au fond, à tout bien y réfléchir, c'est vrai que ça ne faisait pas de lui claquer la porte au nez, à cette fille, surtout après lui avoir parlé sur ce ton. Soupirant toutefois, elle se décala pour laisser entrer la collègue de sa mère, prenant au passage ses affaires, en traînant des pieds vers le salon pour les déposer sur le canapé. Elle les remontrait dans la chambre plus tard. Elle proposa d'une voix qui était loin d'être enjouée à la jeune fille de s'asseoir.

« Vous voulez boire quoi ? Thé ? Café ? Chocolat ? Autre chose ? »

Elle respira un grand coup. Calme-toi, Anaïs, tu devrais être plus polie avec tes invités. C'est ce qu'aurait dit sa mère si elle avait vu la situation. Rien que pour elle, elle devait faire un effort. Après tout, il s'agissait là d'une collègue de Sylvie, peut-être même qu'elle étaient de bonnes amies. Alors elle se planta en face d'elle, offrant un sourire du mieux qu'elle pu, cachant, comme elle savait si bien le faire, ses sentiments, les enterrant au fond d'elle-même.

« Moi c'est Anaïs, mon frère c'est Théodore. Je crois pas qu'on se soit déjà vues »

Et, par politesse toujours, elle tandis une main pour serrer celle de son interlocutrice, attendant par la même occasion la réponse quant à ce qu'elle souhaitait boire.

Comment va-t-elle ?

Je fis un sourire légèrement crispé, je ne me sentais pas vraiment la bienvenue ici mais le jeune homme me proposa de rentrer. J'acquiesce en un petit hochement de tête et entre timidement chez eux. J'observe la pièce, la décoration est mignonne, je reconnais certaines touches venant probablement de Sylvie. La jeune fille me propose sans vraiment être enjouée de prendre quelque chose à boire. Je la vois afficher un sourire, l'air soudainement plus sereine. Elle se présente, la fille de ma collègue s'appelle donc Anaïs et son frère, Théodore. Je lui serre la main tout en prononçant ma réponse.

"Je ne me suis même pas présentée, moi c'est Kirisa. Enchantée. Et.. Un thé me suffira, merci."

Je me redresse et croise doucement mes jambes. Je me tourne vers son frère, Théodore tout en réfléchissant. Leur mère doit avoir un problème de santé plus grave que je ne le crains. Il se passe tellement de chose sur cette île, c'est à en perdre la tête ! Je n'ose pas poser trop de question sur son état de santé et pour changer de sujet, je me risque à leur demander s'ils sont sur l'île depuis longtemps.

"Vous êtes depuis longtemps sur l'île ?"