Pink & Blue |Aria|

♦ PINK & BLUE ♦feat. Aria Cordélia

Je peine toujours à croire en l’impossible, un impossible s’étant pourtant produit il y a quelque semaine et qui a tout changé. Un impossible devenu une possibilité vers laquelle convergent toutes les craintes les plus sourdes, les plus profondes. M’engager de façon personnelle, même en amitié, ne s’est jamais révélé très aisé pour moi depuis le divorce de mes parents, mais encore plus depuis l’épisode de ma vie concernant Jonas. Alors m’ouvrir assez pour me jeter tête première dans une nouvelle relation où je serai entièrement dédiée à un seul homme, même d’avantage, ne me plaît pas particulièrement. J’en ai longtemps discuté avec ma psychologue, que je surnomme affectueusement Miller. La jeune femme a beau posséder peu d’expérience, elle sait s’y prendre avec moi, à m’emmener à des réflexions que je n’aurais jamais osé même imaginer. Ce qui m’effraie particulièrement dans l’idée du mariage est cette perspective d’enfermement. Celle où je me trouverai, une fois de plus, la victime de quelqu’un qui me voudra du mal. C’est à ce moment-là de la thérapie que j’ai réalisé que je ne pourrai pas épouser Weston. Du moins, pas maintenant. J’ai encore trop peur, trop de peur de mes propres émotions et de l’engagement que cela représente pour moi, encore trop effrayée par cette demande en mariage qui m’a prise de court. Et si cette décision est prise de façon hésitante, je n’ose pas la transmettre à mon amoureux. Car autant que je puis craindre de sceller notre amour dans une relation à long terme, la perspective de le perdre est encore plus douloureuse.

Prise dans ce paradoxe sentimental qui emmène nécessairement à un dilemme, je me tais au sujet de mes intentions. Je me tais à ma cousine, qui ferait tout en son pouvoir me convaincre du contraire. Je me tais à mes plus proches amies, à Solène à qui j’ai brièvement parlé de la demande de Weston comme s’il s’agissait d’un truc bénin. Je me tais à Weston lui-même, prétextant réfléchir encore. Je ne peux pas. Je n’y arriverai jamais. Il ne le comprendra probablement pas. Après tout, il a vaincu son addiction à la drogue pour moi mais… changer dans mon cas est trop difficile. Bien sûr, ma thérapeute n’est pas d’accord et me pousse à réfléchir à ce que je désire véritablement et non à ce qui m’effraie. Elle a probablement raison, mais pour le moment, cette pensée magique m’est inaccessible. Je tâche donc de m’occuper le plus possible afin d’éviter d’y penser. J’ai invité ce soir ma bonne amie Aria, une jeune femme que j’ai rencontré il y a quelques mois sur les plages de Zazambes. Je lui ai demandé au hasard si elle voulait se joindre à moi pour une partie de volleyball de plage. Notre duo a remporté toutes les manches, une vraie équipe d’enfer! Par la suite, nous avons gardé le contact. Aria n’est pas exactement facile d’approche, mais je l’apprécie beaucoup et je crois que son calme tranquille me fera du bien pour m’éviter de stresser encore sur la question du mariage.

Ce soir, Weston est absent, parti pour une soirée quelconque entre Élites. Nous aurons donc le loisir de passer une soirée entre filles, Aria et moi. J’ai préparé un repas simple mais surtout… des cocktails. La piscine est tout prête et Wanda ma Carapuce s’y prélasse déjà en émettant des sons absolument adorables. J’ai invité mon amie à emporter son costume de bain. Il fait une chaleur cuisante aujourd’hui et je m’étends au soleil dans le but de bronzer un peu. Mes Pokémon sont dispersés un peu partout sur le terrain, profitant du beau temps eu aussi. Seule Peach ma Fouinar est restée à mes côtés, étendue près de moi sur ma chaise longue dans une position en tous points identiques à la mienne. J’ai envoyé Golden ma Alakazam pour aller récupérer mon amie de façon à ce qu’elle ne se déplace pas de Zazambes jusqu’à ici. Je crois justement entendre le «pouf» habituel de la téléportation. Je me redresse et attend que Golden mène notre invitée jusqu’à nous, près de la piscine où nous pourrons passer du bon temps. Une fois qu’ils surgissent de la porte arrière de la maison, je me précipite vers la jeune femme à la chevelure bleue pour l’accueillir comme il se doit.

«Héééé Aria! Bienvenue chez moi!»

Je lui fais la bise.

«Tu veux quelque chose à boire?»

C’est le début d’une excellente soirée.

(c)Golden

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RP - Mercedes L. Blanchett

Je mettais les courses dans la cuisine. J’essayais d’enterrer mon long ennui qui était survenu depuis la naissance de Blanche. Elle était tellement mignonne après tout. Mes autres pokémons s’en occupaient comme leur propre enfant et faisaient en sorte qu’elle se sente bien. Elle riait souvent, se surprenait elle-même à apprendre des choses. Elle vivait en profitant de chaque instant de la vie. Qu’elle est naïve. Elle ne sait rien encore de la vie. Elle apprendra à ses dépends, hélas, mais c’est comme ça pour tout le monde même pour des petits bouts-de-chou. Ah que j’aimerais retourner dans le passé et être aussi niaise qu’avant. Apprendre à parler, à marcher, à écrire. Aimer ses parents et apprendre les choses naturelles de la vie. Je me répète mille fois que si mon père n’avait pas tué ma mère je n’en serais pas là. A avoir le cœur déchiré en mille morceaux par la mort de ma meilleure amie, Léviator et de ne pas connaître le sort de celle qui m’a élevée actuellement emprisonnée dans les cachots du régime.

-Pija !

Dièse me réveilla de ma rêverie en portant le petit post-it que j’avais écris ce matin « RDV chez Victoria vers 20h. Téléportation par Golden ». J’avais complètement oublié. Pas par flemme d’y aller mais par manque de temps depuis que le nombre de mes compagnons s’était agrandie. Je dois faire les courses pour six maintenant. Ces petits êtres sont de gros gloutons, je dois acheter une dizaine de boite par semaine. Je rangeai les fruits dans un plat et mis le lait et le jus d’orange dans le frigo. Il était loin le temps où j’aidais ma mère adoptive. Je me revois encore à soupirer quelques fois car j’avais "autre chose à faire" ou encore à mettre les déchets dans la mauvaise poubelle. Depuis cette soirée là, je vie comme si j’étais à sa place. En tant que mère qui protège ses enfants. Tout ce que je trouvais bête à faire, je le fais sans problème. Je soupire car j’ai vraiment autre chose à faire et je ne me trompe plus de poubelle. La vie à bien changée, je me surprends encore à me dire que j’ai grandie et que maintenant je suis une femme.

-Magi

Je regardai l’aquarium pour voir Océan me dévisager. Je pleurais. Encore. J’aurais tellement aimé pouvoir avoir quelqu’un à qui parler ou me défouler. Lui parler de mon manque, de cette envie impossible de tuer tout le régime et de cette voix que j’entends dans le microphone et qui refuse de me dire qui elle est.

-Pijako-Ja

Dièse voleta autour de moi avec son post-it sur la patte gauche. Qu’il me fait rire celui-là. Il est tellement drôle. Il avait raison. Il fallait que je me dépêche avant que Golden, l’Alakazam de Victoria Hills, ne vienne me récupérer. Cette soirée allait me faire du bien. Victoria est une grande amie rencontrée sur la plage juste avant que je ne me mette dans la compétition. Je ne sais pas grand-chose d’elle, même si j’en suis sûr que c’est quelqu’un sur qui je peux compter.

J’allai dans ma chambre pour me changer. Je me déshabillai puis regardai dans mon armoire ce que je pouvais mettre. Déjà, le maillot de bain rose en référence aux cheveux de Victoria et un paréo bleu clair représentant la mer. C’était, pour moi, l’essentiel. Surtout qu’il fait chaud en ce moment.

-Piko-Ja

On toqua à la porte plusieurs fois. C’étais Golden qui venait d’arriver. Je me dépêchai d’ouvrir la porte pour le laisser entrer.

-Océan, Trésor et Rêve amener moi Blanche s’il vous plaît.

Pijako sur mon épaule, je mis dans leurs pokéballs mes quatre autres compagnons pour enfin passer une soirée de dingue. Je fis un dernier passage devant le miroir. J’avais les yeux rouges.

-Tant que Victoria ne le voit pas !

J’informai le pokémon que j’étai prête et il me téléporta devant une grande maison. Il ouvrit la porte et, à peine entrée, Victoria me sauta dessus.

-Héééé Aria! Bienvenue chez moi!

Elle me fit la bise. Qu’elle était souriante. La chance.

-Tu veux quelque chose à boire?

Je la regardai d’un air amusée.

-Quelque chose de léger d’abord s’il te plaît.

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Je n’ai plus énormément l’occasion de partager des moments entre filles. Je passe la majorité de mon temps désormais entourée de garçons. Afin d’éloigner les soupçons du Régime quant à mes occupations et mes raisons de rester sur l’île après une victoire dans la Compétition, j’ai décidé d’assurer mes arrières en me cherchant de l’emploi. Bien sûr, Antonio s’est aussitôt proposé pour m’appuyer dans cette démarche, de bon cœur dira-t-on. Le manager de mon bon ami Maxwell m’a déniché contrat par-dessus contrat. Interviews, spéciaux télé, séances de photographies… Et partout où je passe, des hommes. Les photographes le sont en majeur partie, les employés sur les plateaux de télévision c’est pareil. Puis à la maison je côtoie l’homme par excellence, mon cher Weston qui a changé mon petit havre de paix en sa demeure à lui aussi, y clamant haut et fort cette masculinité presque mal placée chez lui. Puis il faut dire que je n’ai plus vraiment eu l’occasion de côtoyer des jeunes femmes ces derniers temps. Ma cousine Adélia s’est remise au boulot avec sa ferveur habituelle, une activité qui lui prend tout son temps. Solène aussi est occupée, entre sa petite famille, ses occupations habituelles puis sa préparation pour l’époque la plus occupée de l’année, il y a assez peu de place pour moi. Je suis toute excitée de passer du temps avec une amie et ne réprime pas un seul instant mon enthousiasme. À quoi bon effacer ce sourire hein? Ma joie contamine aussi mes Pokémon et plusieurs viennent saluer Aria, dont Jeda ma Steelix et Shadaya ma Luxray.

«Doucement les filles hein?» j’adresse aux deux femelles alors qu’elles viennent renifler la nouvelle venue avec entrain.

Les deux se reculent, un peu embarrassées de par leur enthousiasme qui égale le mien, et leurs mines déconfites me tirent une moue amusée. Ainsi, ma comparse désire boire quelque chose de léger pour débuter la soirée. Je rigole pour moi-même. Allons, personne ne conduit ici, quelle raison y a-t-il de se limiter? En présence de Weston je rationne toujours ma consommation d’alcool. Mon amoureux est passé au-travers de dures épreuves avec ses différentes addictions et désormais, je tâche de l’encourager en buvant le moins possible moi-même, du moins quand il est là. J’hausse donc les épaules devant Aria en me retenant d’émettre un commentaire pour la décoincer, allant vers la cuisine où je l’invite à me suivre. Je nous sers à toutes les deux un verre de sangria rouge servie avec des fruits qui ajoutent beaucoup de saveur à la boisson, avant de le remettre à mon invitée. Je lui souris de façon sincère, heureuse de la voir, d’autant plus que je n’ai pas manqué de remarquer qu’elle ne semble pas exactement dans son assiette. Je n’ose pas l’interroger à ce sujet tout de suite, après tout je compte lui délier la langue avec un peu d’alcool avant, mais surtout passer une bonne soirée avec elle en espérant influencer son humeur. Je trinque donc avec elle, tout sourire.

«Bienvenue chez moi miss Cordélia, c’est un plaisir de te recevoir. Puis tu as mis ton maillot rose, comme mes cheveux!»

J’ouvre mon par-dessus d’un blanc immaculé, lui montrant le bikini en dessous. Bleu, comme les siens. Nous avons donc eu la même idée, ce qui m’amuse. Pendant notre échange, plusieurs Pokémon vont et viennent du jardin à l’intérieur de la maison, je les sens impatients de me voir sortir à nouveau ainsi j’invite mon amie à m’y rejoindre.

«Alors quoi de neuf, miss? Comment va ton entraînement pour la Compét, tu te débrouilles?»

Comme pour faire le fier, Kinu mon Aligatueur surgit des entrailles de la piscine en grondant à faire trembler les murs. Lui aimerait bien que nous nous mettions à la quête des badges à nouveau, mais il ne s’agit nullement de mon intérêt. Je suis occupée avec le journal de la Résistance plus que jamais.

«Hé oh, doucement toi gros tas d’écailles, on reste poli! Si tu veux, Océan peut nager dans la piscine, promis, Kinu ne le mangera pas. Pas vrai, Kinu?»

Bien sûr, l’Aligatueur sourit de façon menaçante. Il a beau jouer les durs, mon ami est en fait un gros nounours attachant… à condition de ne pas me faire de mal.

(c)Golden

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-Bienvenue chez moi miss Cordélia, c’est un plaisir de te recevoir. Puis tu as mis ton maillot rose, comme mes cheveux !

Je rigole un instant en voyant qu’elle aussi a pensé à la même chose que moi. Elle porte un maillot de la couleur de mes cheveux. On serait presque complémentaire si on se connaissait beaucoup plus.

-Alors quoi de neuf, miss ? Comment va ton entraînement pour la Compét, tu te débrouilles ?

Je lâche un petit rire qui me fait grandement sourire. Comment lui dire que c’est un peu compliqué en ce moment ? Comment lui dire que je ne suis pas encore partie de Zazambes parque je vais peut être avoir des indices sur ma mère résistante ? Comment lui avouer que moi aussi j’en fais partie mais qu’à cause d’Océan je dois devenir plus forte ? Oh Arceus, pourquoi avoir causé autant de problème ?

-Disons que c’est un peu difficile en ce moment. J’ai attrapé deux pokémons et l’œuf donné par la compétition a éclot. Mais je n’ose pratiquement pas de sortir de chez moi.

Soudain, j’entends un grondement qui me fait sursauter. A sacré Alligatueur ! Il me fera toujours peur. Il sort de la piscine en montrant toutes ses dents. Je le regarde un instant. Ce pokémon est fort. Si seulement Océan pouvait avoir la même force que lui.

-Hé oh, doucement toi gros tas d’écailles, on reste poli ! Si tu veux, Océan peut nager dans la piscine, promis, Kinu ne le mangera pas. Pas vrai Kinu ?

L’alligatueur me fait encore plus peur qu’avant. Comment cette espèce de pokémon peut-il être attachant ? Je n’en sais rien. Mais lui au moins a une force quadruplé à celui d’Océan. Saleté de poisson. Si seulement Léviator aurait fait un autre gosse. Je serai ravie.

-Peut être qu’Océan se bougera comme ça. Depuis que je me suis inscrite, il ne veut rien faire du tout. Ni se battre, ni sortir de son aquarium. Pourtant je sens qu’il peut avoir de grand potentiel, comme sa mère.

Je me tais une seconde. Bien sûr, je suis bête. Elle ne connait pas mon passé. Et je ne peux tout simplement pas lui dire. Peut être fait-elle partie du régime ? C’est peut être elle, celle qui tue des centaines de personnes ? Comment puis-je douter de sa sincérité ? Elle est tellement gentille avec moi. Et ce n’est pas de la pitié pour une fois. Je lance la pokéball d’Océan qui atterrit dans l’eau à côté du gros tas de muscle. Je fais aussi sortir Trésor, Rêve, Blanche et Dièse. Tandis que le premier rejoins Océan dans l’eau, la deuxième s’occupe du troisième au bord de l’eau et le dernier reste sur mon épaule.

-Je te présente mes nouveaux compagnons, Trésor l’Obalie, Rêve la Munna, Dièse le Pijako et enfin Blanche, la petite dernière. Elle est née il n’y a pas longtemps.

Je regarde enfin Victoria et lui sourie. Il ne faut pas qu’elle voit ma tristesse, j’ai pas envie de tout lui raconter et qu’elle ai pitié de moi. J’en ais assez eu de la pitié, ça ne m’a pas ramené Léviator et maman.

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Cette époque de ma vie était heureuse, malgré tout. Je me souviens de chaque match, de la tension qui la précédait et le goût de la victoire. Je me souviens aussi du grand stress, de tous les moments où j’ai cru ce défi impossible. À présent, je sais. Je sais que je suis une dresseuse même s’il ne s’agit pas là de ma véritable voie. Et même si ma passion réside ailleurs, cela ne m’empêche nullement d’apprécier chaque combat et surtout, de m’intéresser de près aux nouveaux challengers de cette grande aventure. Aria en fait partie, ou du moins elle en fera partie l’année prochaine alors qu’une nouvelle année verra la Compétition fleurir à nouveau. En ce moment les premiers matchs à Nuva Eja sont sur le point de commencer et je ne manquerai pas de les regarder pour offrir un soutien moral à mes amis Élites, Faust alias Méphisto, Maxwell le Monsieur Image et bien sûr Solène, sous ses traits de Sunny. Aussi, on peut y considérer la jeune Reiko Sawamura, très bonne amie de ma cousine, qui y effectuera ses débuts. De savoir qu’Aria vivra tout ceci l’an prochain me rend un peu envieuse même si, de mon côté, l’idée de me relancer me paraît quelque peu impossible et même indésirable. Mes actions au sein de la Résistance me prennent beaucoup trop de mon temps. J’ai des ambitions différentes à présent.

Sa réponse me laisse mitigée. Et profondément inquiète. Qu’elle éprouve quelques difficultés au début de son voyage ne m’apparaît pas tellement surprenant en fait. Nous avons tous vécu ce genre de problème à nos tous débuts. Non, ce qui m’angoisse est plutôt ce qu’elle vient de me confier. Qu’elle ne sorte presque plus de chez elle. Je fronce les sourcils, la langue brûlante de questions qui n’osent pas quitter le confort de mon esprit. Après tout, nous nous connaissons encore peu Aria et moi et je crains que ma curiosité souvent déplacée ne l’effraie. J’ai devant moi une jeune fille plutôt réservée, il vaut mieux éviter de la harceler de questionnements privés au sujet de sa situation actuelle. Je me contente donc de jouer la carte de la détente, haussant les épaules simplement à sa phrase, mais retenant tout de même ce détail dans un coin de ma tête.

«Il ne faut pas rester enfermé, hé, c’est en voyageant que ta relation avec tes Pokémon évoluera, tu verras. Pour ce qui est d’Océan, laisse Kinu le motiver.»

Sur ce, l’Aligatueur accueille son compatriote dans la piscine de belle façon. Une grande colonne d’eau se forme au centre de la piscine, tournoyant et éclaboussant légèrement les alentours. La spirale prend en puissance, aspirant de plus en plus d’eau au cœur de la piscine pour la faire tournoyer à sa surface. Kinu s’approche de cette tornade d’eau grouillante, s’y hisse en nageant vers son sommet. Il profite de l’accélération de la colonne d’eau pour prendre en vitesse, projeté dans les airs avec une aisance surprenante pour un colosse de cette taille. Il retombe, ses pattes avant venant déchirer la colonne aquatique. La piscine ondule maintenant de vagues alors qu’il est retombé dedans avec un grand fracas. Fier de sa démonstration, il sourit et rigole pour lui-même en observant le jeune poisson.

«Cascade. L’attaque la plus puissante de Kinu. Un jour, quand tu seras un Léviator, toi aussi tu pourras l’apprendre, Océan.»

Je souris en observant les autres alliés d’Aria. Ils sont nombreux et variés, elle a même un Munna… chromatique! Impressionnant, elle qui raconte que son entraînement ne se passe pas si bien!

«Tu as une très belle équipe Aria, félicitations. J’ignore pourquoi tu dis que c’est difficile, tu te débrouilles très bien. N’hésite pas si tu as besoin de conseils en tout cas. Pour le moment, tu aimerais te baigner? Promis, je demanderai à Kinu d’être plus tranquille!»

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-Il ne faut pas rester enfermé, hé, c’est en voyageant que ta relation avec tes Pokémon évoluera, tu verras. Pour ce qui est d’Océan, laisse Kinu le motiver.

J’aimerais bien. Mais je peux pas. Je sais que le voyage forgera mon amitié avec ces petites boules de poils mais je ne peux pas. Cette voix dans ce microphone qui connait ma mère et qui sait sûrement si elle va bien ou non. Je ne peux pas l’abandonner alors qu’elle a des réponses à mes questions. J’aimerais tellement me confier à Victoria. Mais le simple fait de parler de la résistance me fera avouer mon identité au sein de la résistance. Je regarde dans la piscine et vois l’Alligatueur en train de s’amuser dans l’eau. Je recule en voyant une énorme spirale d’eau sur laquelle le pokémon aquatique monte au sommet pour sauter et briser ce qu’il venait de faire.

-Cascade. L’attaque la plus puissante de Kinu. Un jour, quand tu seras un Léviator, toi aussi tu pourras l’apprendre, Océan.

Si seulement il voulait se battre déjà, ça serait un grand début. Aussi flemmard que lui, je ne connais pas. Je ne sais pas ce que je lui ais fais mais il m’en veut. Il refuse catégoriquement de se défendre et préfère être dans une boite d’eau. Je te jure, si il continue comme ça je viderai son aquarium.

-Tu as une très belle équipe Aria, félicitations. J’ignore pourquoi tu dis que c’est difficile, tu te débrouilles très bien. N’hésite pas si tu as besoin de conseils en tout cas. Pour le moment, tu aimerais te baigner? Promis, je demanderai à Kinu d’être plus tranquille!

Ni une ni deux, j’enlève mon paréo, le pose près de la piscine et plonge dans l’eau. Ah que j’adore cet élément, c’est ma vie. Jamais je ne vivrais sans eau. Si seulement je pourrais respirer dedans, ça serait le paradis.

-J’adore me baigner ! Merci beaucoup !

Je profite autant que je peux de ce moment. D’accord, rien ne vaut une balade en mer où rien n’est confiné, où tu es libre de faire ce qu’il te plaît et observer les pokémons aquatiques dans leur milieux naturel. J’en ais vu pleins : des magicarpes, des barpau, des Lovdisc, des Ecayons pleins pleins pleins ‼ Pour moi c’est le paradis. Je sors ma tête de l’eau et observe un pokémon près de la piscine. Un carapuce. Un vrai !

-Ne me dit pas que tu as un Carapuce ? Mais tu c’est que c’est extrêmement rare ! Tu as de la chance. Ils sont trop mignons.

Je m’approche du pokémon pour le caresser un peu. Les pokémons aquatiques, c’est ma vie. Mais alors ceux qui sont presque introuvable dans la nature c’est encore mieux ! Avec leur petite carapace et leur tête toute mimi. Après cette espèce évolue en Carabaffe puis en Tortank. Un allier de choix en combat.

-Comment tu l’a eu ? Tu l’a attrapé toi-même ? Où ?

Sans la laisser répondre je lui pose trois questions tellement mon excitation est grande. Je rêve d’avoir tous les pokémons aquatiques qui existent. Bien sûr c’est impossible mais ce genre de pokémon. Ah je les adore !

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Aria ne se fait pas prier pour accepter mon invitation à passer à la piscine. Sans même dire un mot, elle se débarrasse de son par-dessus avant de sauter dans le bassin en compagnie de nos Pokémon. L’enthousiasme soudain de ma compagne attire l’attention de la Luxray à mes côtés, qui s’avance vers la piscine pour s’assurer que tout aille bien. Or, c’est le cas. Rien à craindre d’un simple plongeon quoi. Kinu rigole devant la mine déconfite de Shadaya qui sait très bien qu’elle n’a pas le droit d’aller dans la piscine quand d’autres s’y trouvent. Par mesure de sécurité quoi. Nous ne voudrions pas nous faire zapper par ses éclairs imprudents après tout. La lionne fait donc demi-tour pour se diriger dans l’herbe où elle se reposera probablement en nous observant faire. Pour ma part, j’imite rapidement ma consoeur et la suit dans la piscine, tout sourire. Décidément, cette idée de l’inviter chez moi en était une excellente, surtout si elle sort aussi peu comme elle le prétend. Peut-être que ça lui permettra de se détendre de peu importe ce qui la tracasse en ce moment. Je me glisse donc avec joie dans l’eau de la piscine, frissonnant alors que ma peau bouillante entre en contact avec le liquide tiède. Ma présence attire nécessairement celle de Wanda, ma Carapuce, qui se niche près de la piscine, prête à y sauter.

La présence de la Carapuce semble aussi attirer l’attention de mon amie à la chevelure bleue. Son enthousiasme concernant la tortue me fait sursauter. Je ne m’attendais pas tellement à ce genre de réaction. J’ai l’habitude de côtoyer toutes sortes de monstres après tout, alors la rareté d’un Pokémon ne m’affecte plus tellement. Je n’ai qu’à penser au Tryoxhydre de Solène pour remettre tout en perspective. Mais Aria est une dresseuse débutante pour le moment, alors j’imagine que je peux lui pardonner cet éclat soudain. D’autant plus qu’elle est vraiment mignonne à voir. Bien sûr, Wanda adore l’attention et saute dans l’eau pour rencontre mon amie, laissant derrière elle une traînée de bulles. La bleue me bombarde de questions ce qui provoque nécessairement mon amusement. D’habitude c’est moi la curieuse!

«C’est vrai que j’ai eu de la chance, et pas que pour elle. Après tout j’ai capturé moi-même Draby, Gruikui et Pyronille. C’est du hasard.»

J’hausse les épaules. Je ne me soucie que peu de leur rareté après tout. Ce sont mes amis, tout simplement, et je les aime peu importe leur espèce. Je caresse la tête de la petite Wanda qui se suspend à mon bras pour nous amuser toutes les deux.

«J’ai capturé Wanda moi-même, près de chez toi en fait, sur les plages de Zazambes. C’était il y a un an, alors que je cherchais plutôt un Hypotrempe pour m’aider dans mes matchs de fin d’année, notamment contre DragonSlayer, Kirito. Finalement, je suis tombée sur cette petite boule d’énergie et je suis tombée sous le charme. Shadaya est celle qui a combattu et grâce à un bon coup de Cage-Éclair, quelques dommages et une Rapide Ball, le tout était joué! Depuis Wanda vit avec nous.»

La tortue semble bien heureuse de notre histoire. Pour ma part, je pose mon verre de sangria sur le bord de la piscine et me retourne vers Aria, un peu plus sérieuse. Je crois que c’est le bon moment pour lui poser quelques questions, mais pour ne pas l’affoler je m’y prends d’une voix douce, avec un sourire rassurant.

«Dis-moi Aria, tu n’es obligée de répondre si tu n’es pas à l’aise mais… Tu n’as pas vraiment l’air dans ton assiette.»

Je barbote dans l’eau, attentive à sa réaction et bien décidée à la laisser tranquille si mes questions l’indisposent.

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-C’est vrai que j’ai eu de la chance, et pas que pour elle. Après tout j’ai capturé moi-même Draby, Gruikui et Pyronille. C’est du hasard.

Sauf qu’eux ne sont pas du type eau. Et le type eau, c’est vraiment mieux. Surtout un Carapuce aussi mignon. Ah que j’adore ce que j’adore ! C’est une vie ces bêbêtes là, sans eux je ne serais pas si joyeuse de vivre dans ce monde.

-J’ai capturé Wanda moi-même, près de chez toi en fait, sur les plages de Zazambes. C’était il y a un an, alors que je cherchais plutôt un Hypotrempe pour m’aider dans mes matchs de fin d’année, notamment contre DragonSlayer, Kirito. Finalement, je suis tombée sur cette petite boule d’énergie et je suis tombée sous le charme. Shadaya est celle qui a combattu et grâce à un bon coup de Cage-Éclair, quelques dommages et une Rapide Ball, le tout était joué! Depuis Wanda vit avec nous.

Je trouve ça dommage de devoir attaquer les pokémons pour les attraper. Ils devraient nous suivre que par volonté. Même si ils se font très vite à leur nouvelle vie, ils ont été blessé. Les pauvres, comme je n’aimerai pas être un pokémon. Enfin, juste pour pouvoir respirer sous l’eau. Je repense alors à mes promenades avec Léviator qui devait revenir à la surface chaque minute pour que je puisse reprendre mon souffle. Je me rappelle alors de ces écailles que j’aimais toucher. J’adorais Léviator. Et dire que je ne la reverrai plus jamais.

-Dis-moi Aria, tu n’es obligée de répondre si tu n’es pas à l’aise mais… Tu n’as pas vraiment l’air dans ton assiette.

Je regarde Victoria nageant dans l’eau prêt de Wanda, sa Carapuce. Mince, elle a remarqué. Que faire ? Je ne sais pas si je peux tout lui dire. De mon adoption, du rôle de ma mère dans la résistance, de son arrestation, de la mort de Léviator, de cette femme qui m’appelle sur l’ordi de ma mère ou encore de mon inscription à la résistance. Je ne connais presque rien de cette femme et même si elle m’inspire confiance, je sens qu’elle aussi peut me mentir sur quelques points. Peut-être me ment-elle déjà ?

-Je ne sais pas si j’ai le droit de t’en parler…

Je regarde alors autour de moi. On sait jamais. Elle fait peut être partie du régime et m’a invité juste pour me faire parler. Oh non, mais qu’est-ce que je dois faire ? Je m’approche d’elle en examinant quand même la pièce. Aucune caméra de visible. Tant pis.

-Je…enfaîte c’est un peu long à expliquer…je ne sais pas si je dois raconter depuis le début…mais…on est amie donc…ce serait logique…que tu en sache plus sur…moi.

« Moi ». Mais c’est ça le problème, je ne sais même pas qui je suis moi-même. Aria Cordélia ou Ania Solidev. Je ne me reconnais plus en aucuns de ces noms. Suis-je une petite fille russe dont le père a tué sa mère et est en prison ou cette jeune femme qui apprends à vivre sans sa mère adoptive. Comment pourrais raconter ça sans trop en dévoiler ? Allez, on y va !

-Je…suis originaire de Russie. Je vivais avec mes parents près de Moscou mais je ne m’en souviens pas très bien. Enfaite, tout ce que j’ai gardé de ce pays c’est sa langue. Et…mon père…un soir. A tué…ma…mère.

Je me rappelle encore de cette peur qui paralyse tout mon être et du visage de cette femme ensanglantée qui semble souffrir. Je ne la reconnais même pas. C’est, si loin pour moi. C’était il y a longtemps.

-Du coup, j’ai été adoptée. Par une femme vivant a Zazambes. Elle s’appelait Béatrice et…m’a donné son nom. Et enfaite j’ai appris très tard que…

Est-ce que je suis en train de faire une connerie ou pas ? Comment savoir ? Ah, je déteste ce monde ! Pourquoi ce régime a-t’il dû naitre dans cette île et non dans une autre ? Je devrais avoir confiance en cette femme, c’est mon amie. L’une des seules d’ailleurs. Je dois tout lui dire. Il faut que je le fasse. Tant pis. Au pire, le régime me capturera et je pourrai revoir ma mère. C’est tout ce qui compte maintenant.

-Elle fait partie de la résistance. Et elle s’est faite attrapée. Et..ils ont aussi…tué mon Léviator. C’est la mère d’Océan…

Je me met à pleurer sans pouvoir finir ce que je voulais dire. Saleté de tristesse, saleté de paralysie qui me tient quand j’ai peur. J’aurais pu les sauver. Je veux les revoir. Je veux les prendre dans mes bras une dernière fois. S’il te plaît Arceus, juste une fois.

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Sitôt la question quitte mes lèvres que je sens Aria se raidir quelque peu. Une sorte de panique inquiète a alourdit son regard, comme si elle débattait le fait de me faire confiance dans l’intimité de ses pensées. Je lui laisse son temps personnel, son espace, son temps pour s’interroger à mon sujet. À près tout, tous ou presque possèdent un secret bien gardé sur cette île et je ne serai certainement pas de celles qui s’insurgera qu’elle garde certaines choses pour elle. Même que dans la majorité des cas, il vaut mieux se taire sur nos véritables intentions. Moi-même je n’irais jamais lui raconter que je suis Résistante, la fameuse Azmitia qui, de par ses articles, a causé beaucoup de tort au gouvernement absolu qui règne sur cette île. Je commence même à me demander si ce qui la tracasse n’a pas directement rapport avec le contexte de guerre de l’île, si la raison qui la pousse à rester cloîtrée chez elle ne serait pas justement ce Régime qu’elle aurait pu apprendre à craindre. Alors qu’elle débute son discours, je deviens de plus en plus nerveuse, je fais signe à Shadaya la Luxray et Sirius le Majaspic de patrouiller autour du terrain afin de s’assurer que nous ne serons pas entendues par des oreilles indiscrètes. Je sais que nous n’avons rien à craindre ici, ma maison était à bonne distance de la ville, isolée dans la jungle. Mais on n’est jamais trop prudents.

Alors Aria parle, choisissant au final de me faire confiance, ce que je décide de ne pas relever, me contentant d’écouter et d’analyser chacun de ses mots. Il semblerait que la jeune femme soit disposée à me raconter son histoire, toute son histoire, et me déballe même toute son origine. Comme moi, elle a été adoptée, mais nous différons dans le sens où je suis née ici avant qu’on m’emporte dans un pays nordique, alors qu’elle a quitté la Russie pour venir vivre ici. Son histoire est tragique et, je le devine, les traumatismes nombreux. Je tends la main vers elle dans l’eau pour caresser ses doigts, lui insuffler un peu de force pour parvenir à la toute fin de ce discours qui ne doit pas être très facile à revivre. Je suis plutôt soulagée qu’elle aille trouvée une famille à Zazambes plutôt de rester en Russie là où elle aurait probablement été confrontée longtemps à son passé. Mais là ne s’arrête pas la jeune femme. Elle me parle de sa mère biologique, une Résistante kidnappée par ce cher Régime. Ce Régime qui tua son Léviator, le parent du Magicarpe qui l’accompagne désormais. Mon regard glisse jusqu’à Kinu et les autres. Si l’un d’eux devait perdre la vie, je ne m’en remettrais jamais. Jamais.

Mieux que quiconque, je peux comprendre la détresse d’Aria, qui s’est mise à pleurer. Sous ses traits ravagés, je sens la peur de la jeune dresseuse, aussi bien que si elle avait été matérielle, dansant sous mes yeux. Je comprends, je comprends tellement. J’ai eu peur moi aussi, j’ai été terrorisée même. Après mon passage en prison, j’ai cru que je ne sortirais plus. Plus jamais de chez moi, pour affronter le monde. Je laisse Aria pleurer en silence, serrant simplement sa main dans la mienne pour lui offrir du courage. Mais Wanda, à mes côtés, n’aime pas du tout voir mon amie ainsi et s’approche d’elle pour la serrer de ses petits bras. Une fois que c’est fait, son corps se met à briller brutalement, et une grande chaleur envahit la piscine alors que, sous nos yeux, la Carapuce se change en Carabaffe. Sa transformation achevée, j’offre à mon alliée un regard ému. Le geste qu’elle vient de poser est d’une gentillesse et d’une pureté inestimable.

«Carabaffe, le Pokémon qui illustre la longévité. Je crois que Wanda tentait de te passer un message ici. Un message de courage.»

Je lui souris.

«Écoute, tu peux avoir confiance en moi. Mais je te conseille de tenir cette histoire qu’en les gens en qui tu as entièrement confiance. Je te rassure ici, nous nous trouvons du même côté. J’ai été emprisonnée lors de la rafle du premier janvier 2014, je sais parfaitement comment on se sent quand on a peur et que le monde nous semble plein de dangers et d’ombres et à ce sujet, sincèrement, il n’existe qu’une seule solution.»

Je laisse ma phrase en suspens, soupire un instant.

«Se relever, devenir plus forte, se battre. Tu es jeune, Aria, et rien ne remplacera ta Léviator, mais il faut avancer, en son honneur. Pour ce qui est de ta mère… Eh bien garde espoir. N’abandonne jamais. J’ai vu un jeune homme rentrer au bercail après cinq années dans les prisons du Régime.»

J’offre un nouveau sourire à Aria avant de lui désigner les chaises et la table extérieures.

«Ça te dirait qu’on aille s’asseoir? Je crois qu’on a beaucoup à discuter.»

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Tout est sortie de ma bouche comme une délivrance. Je sens que mon corps se vide peu à peu et prends un peu plus d’assurance. Lui parler va me faire du bien. Même si j’ai peur qu’elle fasse partie de régime. Pendant que je parle, je la voie faire un signe à deux de ses pokémons. Elle se méfie. C’est vrai que je ne suis pas très intelligente sur ce coup là. Je pourrais quand même faire plus attention. Je sens alors deux petites pattes me serrer pour me réconforter. Je regarde alors le Carapuce me soutenir. Avant même de le remercier, une lumière aveuglante vient le recouvrir de tout son corps et je le voie grandir peu à peu. Il vient d’évoluer en Carabaffe. Pour moi ?

-Carabaffe, le Pokémon qui illustre la longévité. Je crois que Wanda tentait de te passer un message ici. Un message de courage.

Je ne peux plus enlever mes yeux de la beauté de ce pokémon et surtout, de l’acte de gentillesse qu’il vient de me faire part. La vie peut être magnifique parfois quand on ne s’y attend pas.

-Écoute, tu peux avoir confiance en moi. Mais je te conseille de tenir cette histoire qu’en les gens en qui tu as entièrement confiance. Je te rassure ici, nous nous trouvons du même côté. J’ai été emprisonnée lors de la rafle du premier janvier 2014, je sais parfaitement comment on se sent quand on a peur et que le monde nous semble plein de dangers et d’ombres et à ce sujet, sincèrement, il n’existe qu’une seule solution.

Elle a été attrapé ? Mais…peut être a-t’elle vue ma mère ! Alors elle est comme moi. Décidemment je choisie très bien mes amis. Même si j’en ai très peu, je sais que je peux leur faire confiance.

-Se relever, devenir plus forte, se battre. Tu es jeune, Aria, et rien ne remplacera ta Léviator, mais il faut avancer, en son honneur. Pour ce qui est de ta mère… Eh bien garde espoir. N’abandonne jamais. J’ai vu un jeune homme rentrer au bercail après cinq années dans les prisons du Régime.

Se relever ? Devenir plus forte ? Se battre ? Comment pourrais-je faire tout cela ? C’est impossible pour moi. Je ne suis qu’une jeune lâche qui se paralyse lorsqu’elle a peur. Rien que le fait de me relever est dur alors les autres n’en parlons pas. Et puis, ce jeune homme dont elle parle, c’est impossible. Cinq ans ! Je n’y survivrais même pas une heure.

-Ça te dirait qu’on aille s’asseoir? Je crois qu’on a beaucoup à discuter.

Elle me montre les chaises extérieures. Pourquoi pas. Je serre le Carabaffe dans mes bras puis sort de la piscine. Je m’assois puis me ronge les ongles. Qu’est-ce que je dois faire ? Je me pose trop de questions.

-Le problème c’est que même à Zazambes j’ai peur. N’importe où je sois.

Les regards des passants qui se souviennent de ma mère et qui ont pitié ; certains soldats qui patrouillent en me regardant de travers et ces pokémons qui apparaissent trop souvent à mon goût. J’ai été seule pendant trop longtemps et même quand je suis accompagnée je cherche souvent à m’échapper.

-Je ne sais pas si il faut que je parte à l’aventure ou si il faut que je reste pour…

Je marque un blanc. Je ne lui ais pas raconté les écoutes radio dans le bureau de ma mère. De cette femme qui dit la connaitre et des ces hommes qui, soit disant, m’espionnent. Je regarde Victoria un instant sans trop savoir pourquoi. Je peux lui faire confiance. Mais bon, si révèle trop de choses c’est dangereux pour moi. J’observe alors autour de moi. Je ne sais même pas où je suis. Elle m’a dit qu’elle habitait à Anula mais je ne vois aucune maison.

-Nous sommes bien à Anula ?

Soudain la panique me prend. Pourquoi me mentirait-elle sur l’endroit où elle habite ? Elle m’a dit à l’instant qu’elle était de mon côté. Et si c’était…faux ? Non.

-D’habitude il y a plus de maison que ça.

Je me calme un peu pour mieux réfléchir. Je suis allée à Anula qu’une seule fois dans ma vie. Je me trompe peut-être. Du moins…je l’espère.

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La peur, je l’ai connue. Elle continue de me poursuivre, à ces heures solitaires où je tâche de remettre en perspective. Lorsque je m’attarde pour penser aux risques que je cours, à ce qui pourrait se produire si jamais je me faisais prendre. À tout le mal que pourraient subir mes proches, mes Pokémon qui n’ont jamais rechigné pourtant contre mes entreprises nocturnes. Sincèrement, pendant plusieurs semaines, j’ai cru que cette île avait eu le dessus sur moi, que je ne survivrais pas aux événements du premier janvier et à mon passage de prison. À ce moment-là, il n’existait plus aucune option que celle de fuir. C’est ce que j’avais toujours connu jusqu’à présent, mais c’était sans compter que cet événement m’a profondément changé. J’en parle maintenant sans réticences, même si je préfère taire ces détails au commun des mortels, simplement pour protéger mon intimité. Je n’ai nommé ce passé que pour mettre mon amie à la chevelure bleutée en confiance, pour lui assurer que ses confessions sont en sécurité avec moi. Je n’aime pas nommer cet instant de ma vie mais j’en parle de façon presque détachée à présent même si j’en garderai toujours les cicatrices, physiques et morales. C’est ainsi. Je ne peux pas changer ce qui s’est passé, mais peut-être que mon discours rendra le courage à mon amie qui, je le sens bien, est terrorisée.

Et je comprends tellement. La peur, comme une ombre dont on ne peut s’échappe, qui nous attend à chaque détour avec ses illusions et ses mensonges soufflés au creux de l’oreille. Je me souviens très bien de cette époque de ma vie et je n’y retournerais pour rien au monde, même si je suis convaincue qu’il s’agissait d’une sorte de rite de passage. J’ai réussi à sortir de cette expérience traumatisante une force que je ne soupçonnais même pas au départ. J’aimerais transmettre une part de cette force à Aria, mais en toute sincérité, elle est la seule qui puisse véritablement faire ce chemin en elle. Je l’écoute alors qu’elle semble en proie de pensées plutôt confuses. J’aimerais deviner ce qui se cache sous son front, la questionner au sujet du fond de sa pensée, mais je m’arme de patience et n’ose même pas intervenir, au cas où elle profiterait de ce moment pour se confier d’avantage. Pour le moment, Wanda reste sagement auprès d’elle, attentive au moindre de ses changements d’humeur. D’ailleurs, un d’entre eux ne tarde pas à se manifester alors qu’Aria se met à poser des questions, presque affolée. Ses interrogations suspicieuses me tirent un soupir autant qu’un sourire amusé, je ne sais pas si je dois être irritée ou compatissante envers cette soudaine paranoïa à mon endroit.

«Calme-toi Aria. Je te l’ai dit déjà, tu n’as rien à craindre de moi. Je ne suis pas bien dangereuse tu sais? Pacifiste endurcie quoi, je ne toucherais pas à une mouche et encore moins à toi. Tu es bien à Anula, ou du moins tout près. Ma maison se trouve à quelques minutes de la ville, dans la jungle d’Anula. Normal que tu ne vois pas de maison, les voisins se trouvent à bonne distance et la forêt est tellement épaisse qu’on ne peut même pas les voir. J’ai choisi cette maison pour cette raison d’ailleurs, pour avoir la paix.»

Je soupire doucement avant de lui adresser un sourire rassurant.

«Je te l’ai dit, Aria, nous sommes du même côté. Je comprends que tu ailles peur, bien trop bien, j’imagine que tu ne sais plus où tes vrais amis sont, en qui tu peux avoir confiance. Tu n’es pas obligée d’avoir confiance en moi, mais n’aies pas peur. Ce que j’essaie de te faire comprendre Aria c’est que… les dangers seront toujours présents ici, sur l’île d’Enola. On ne peut rien y faire, du moins pas vraiment. La seule façon de vaincre est de vivre. Comprends-tu ce que je veux dire?»

Je l’observe sans la presser, parlant doucement en sirotant ma boisson. Nous avons toute la nuit s’il le faut.

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Sujet: Re: Pink & Blue |Aria| Ven 4 Sep 2015 - 16:49

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-Calme-toi Aria. Je te l’ai dit déjà, tu n’as rien à craindre de moi. Je ne suis pas bien dangereuse tu sais? Pacifiste endurcie quoi, je ne toucherais pas à une mouche et encore moins à toi. Tu es bien à Anula, ou du moins tout près. Ma maison se trouve à quelques minutes de la ville, dans la jungle d’Anula. Normal que tu ne vois pas de maison, les voisins se trouvent à bonne distance et la forêt est tellement épaisse qu’on ne peut même pas les voir. J’ai choisi cette maison pour cette raison d’ailleurs, pour avoir la paix.

Mon corps ne tremble plus. Je sens mon cœur s’alléger d’un seul coup. Elle a tout à fait raison. C’est une bonne idée de vivre loin des autres et de se ressourcer. Je n’avais même pas pensé à la Jungle d’Anula. C’est vrai qu’elle semble moins terrible de ce que je pensais. Que je suis bête. J’ai trop peur pour rien maintenant. Je suis encore plus faiblarde que d’habitude. Je ne sers qu’à pleurnicher. C’est terrible quand même. Comment puis-je vouloir me battre contre les champions d’arènes dans le but de devenir forte si je ne fais que pleurer ? Je dois me ressaisir.

-Je te l’ai dit, Aria, nous sommes du même côté. Je comprends que tu ailles peur, bien trop bien, j’imagine que tu ne sais plus où tes vrais amis sont, en qui tu peux avoir confiance. Tu n’es pas obligée d’avoir confiance en moi, mais n’aies pas peur. Ce que j’essaie de te faire comprendre Aria c’est que… les dangers seront toujours présents ici, sur l’île d’Enola. On ne peut rien y faire, du moins pas vraiment. La seule façon de vaincre est de vivre. Comprends-tu ce que je veux dire?

Les mots s’enchainent et je les bois totalement. Elle a parfaitement raison. Quoi qu’il arrive, le régime sera toujours là. Quoi que je fasse, ils me surveilleront d’un œil. Où que je sois, ils seront là derrière moi. Si je continue ce que je suis en train de faire, je vais sûrement me couper les veines ou me tirer une balle dans la tête. Ce n’est pas mon but. Je ne dois pas mourir avant d’avoir toutes les réponses à mes questions, je ne dois pas mourir avant d’avoir revue ma mère.

-Oui.

J’essuie les petites larmes qui sont apparus lors de ma panique puis regarde Victoria dans les yeux. Je ne peux pas tout lui révéler. Peut être qu’on la torturera pour lui soutirer des informations. Je dois rester forte et avoir la même volonté que j’avais en m’inscrivant à la compétition. Et puis, de toute façon je ne suis plus seule. J’ai cinq petits qui me protègent et surtout, il y a Victoria pour me remonter le morale.

-Merci Victoria. Je sens la flamme, qui me faisait avancer, renaitre en moi. Et c’est grâce à toi ! Il faut que je devienne plus forte. Même si ça prends du temps. Je dois retrouver ma mère coûte que coûte. Encore merci, tu es une belle amie.

Je bois mon verre tranquillement en pensant à tout ce qui va se passer. Ca va être dure, je vais avoir des moments difficiles mais tant pis. La Brooke qui combattra contre les champions doit naitre. Elle doit surgir de moi. Il faut que je devienne quelqu’un d’autre. Celui qui me fera avancer.

-Assez parlé de moi. Parlons de toi. Quoi de neuf ?

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Sujet: Re: Pink & Blue |Aria| Dim 6 Sep 2015 - 1:57

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Je comprendrais parfaitement qu’Aria refuse mes paroles apaisantes, qu’elle quitte même en cherchant à me fuir. Ce dont elle tente de s’échapper exactement, je l’ignore. Car dans un monde qui transpire la peur, la moindre présence peut devenir une menace planante de laquelle on ne parvient plus à détacher nos pensées. J’arbore une attitude calme, presque détachée mais aussi rassurante. Après tout, je suis passée par un épisode semblable, j’ai connu l’horreur des prisons et la peur horripilante qui s’en suit, une crainte qui m’a poursuivie jour et nuit, qui s’est insinuée en moi, une terreur telle que j’ai cru pendant longtemps qu’elle me changerait à jamais avant de remporter pour moi-même de nombreuses batailles m’ayant mené, lentement mais sûrement, vers une victoire vivifiante. Mais en moi, je crains pour elle. Je ne peux que lui tendre la main, mais la tentation de fuir est parfois trop forte et loin de moi l’idée de la retenir, pas maintenant qu’elle juge le monde de cet œil aussi terrifié. Je n’ai plus qu’à attendre. Je comprendrais oui, qu’elle se braque et ne veuille partir, je préférais presque que ce soit le cas. Alors je saurais qu’elle n’irait pas croire le premier venu, aussi sincère soit-il. Si cette fois elle se trouve devant une personne du même côté qu’elle, quelqu’un de susceptible de la protéger plutôt que de lui faire du mal, je ne peux en affirmer autant de toutes les âmes au-dehors, celles qui attendent parfois leur chance pour écraser l’autre. Aria devra apprendre à faire la différence, à commencer par moi peut-être.

Mes mots, choisis par l’ardeur du cœur, semblent toutefois l’atteindre, la pousser à une réflexion qui ne s’achèvera probablement pas aujourd’hui mais bien plus tard, alors que la panique se sera résorbée d’elle-même sous les fluctuations apaisantes de l’esprit raisonné. Pour l’instant, mes paroles ont causé chez elle un changement palpable, qui attire l’attention de Wanda qui a posé son menton contre sa cuisse pour lui apporter du support, elle n’a pas changé d’attitude malgré la peur de notre invitée. Son grand calme m’impressionne, la Carabaffe plutôt reconnue dans mon équipe pour sa réactivité. Comme quoi son évolution lui forge déjà le caractère vers une certaine sagesse ce qui n’est pas de refus, car la présence de la tortue sera probablement bien appréciée par la jeune femme dont la coupe semble bien pleine. Heureusement, la majorité de ses déboires pour ce soir semble dépassés, et même résolus, ne serait-ce que pour quelques heures. Si vraiment je peux lui servir de répit pour ces quelques instants de repos, alors je me félicite d’autant plus de cette invitation. On dirait qu’Aria en avait vraiment besoin.

«Sincèrement, tu as toute cette force en toi, Aria, je ne suis responsable de rien. Tout ce que j’ai fait c’est de t’apprendre que… il n’y a pas que la peur. Le danger sera toujours présent mais il faut aussi vivre, car sinon ce n’est plus le danger qui nous brime mais bien la crainte en elle-même. Pour ce qui est de ta mère, je vais garder l’œil ouvert pour toi aussi, sait-on jamais.»

Je suis plutôt surprise de voir la conversation changer abruptement en ma direction après les remerciements de la bleue. Je n’avais pas vraiment prévu qu’on m’interroge sur ma propre vie, qui au final s’avère plutôt paisible hormis le gros détail qu’est la demande en mariage de mon copain. Mais si j’ai confiance en mon amie dresseuse, il n’en reste pas moins que je garde ce secret pour moi, tout simplement car je n’ai pas envie d’y faire face. Je propose plutôt une nouvelle tournée de boisson avant de papoter doucement de mes aventures de mannequinat. Afin de dissimuler ma véritable identité, je travaille comme mannequin, dénichant plusieurs contrats en cette saison estivale. Je ne prends pas un plaisir énorme à cette activité et j’ai presque l’impression de mentir à la bleue alors qu’elle vient de se confier à moi. Un jour peut-être. Mais certains secrets seront toujours bien trop lourds pour divulguer. Ainsi va la vie à Enola.

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