This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

Lorsque Natsume avait quitté le Japon, son père lui avait laissé une petite somme d'argent pour 'l'aider', bien que le lapin savait très bien qu'il ne s'agissait en réalité que d'un 'prends ça et ne reviens jamais', sur un compte ouvert à son nom. Faust étant devenu son responsable légal, c'était normalement lui qui était chargé de surveiller tout cela jusqu'au jour de ses dix-huit ans, et aussi de l'aider à apprendre à se démerder avec toutes les affreuses formalités administratives qui accompagnaient la gestion d'un compte bancaire. Il devait d'ailleurs prendre rendez-vous avec sa banquière aujourd'hui, mais pour cela, devait passer par l'horreur qu'étaient les guichets, et tout particulièrement par la file d'attente qu'il haïssait presque autant qu'il haïssait le poisson cru. Ce n'était pas peu dire, du tout.
Il avait repoussé ce moment comme il l'avait pu et le plus longtemps possible, mais il ne pouvait pas nier la vérité des faits plus longtemps : il fallait qu'il y aille, même si cette torture allait lui aspirer la moitié de son cerveau et un temps considérable, et vu que l'éleveur détestait en perdre, autant dire qu'il était assez peu impatient... Pour tout dire, cela ne l'aurait pas tant dérangé de ne jamais venir, au final, mais sachant que le jour de sa première paye arrivait bientôt, car mine de rien prendre un job à temps partiel ça ramenait un peu d'argent, il fallait bien qu'il aille la voir pour savoir comment... Bah comment ça allait se dérouler et comment il devrait faire, quoi. Mine de rien, c'est encore un adolescent un peu paumé et loin d'être adulte, alors tout ce qui tenait du domaine administratif et financier, il n'y connaissait strictement rien. C'était tout juste si il ne connaissait pas le code de sa carte de retrait, des fois, et encore.

En entrant dans la banque et en voyant la longueur des files d'attente, il manque donc presque d'aller chercher une corde sur l'instant. Rien, pour lui, ne pourrait équivaloir à l'ennui qu'il va ressentir et il fait les funérailles de son après-midi en avance par sa tête, en réfléchissant avec une certaine amertume à tout ce qu'il aurait pu faire au lieu de rester ici à attendre. Il finit par soupirer, car de toute façon, râler ne changerait strictement rien aux faits. C'était juste un mauvais moment à passer après tout, rien de plus. Une fois cela fait, il pourrait rentrer chez lui et serait en paix, alors il ravala sa frustration et se dirigea vers les files.
Sauf que voilà, en plus d'être un peu con, Natsume a le malheur d'être si maladroit que ce pourrait presque être comique, en toute honnêteté. En fait en le voyant de loin, ça l'est ; voir un adolescent de seize ans s'emmêler dans ses propres pieds, c'est assez ridicule, surtout que l'adolescent en question n'est pas une flèche et a tendance à faire de sacrés têtes quand il est surpris. Mais ce qui rend la situation un poil moins drôle, c'est le fait que le gamin en question, dans sa maladresse, percuta assez violemment une jeune femme un peu plus âgée que lui et que celle-ci tomba alors au sol.

L'éleveur grimaça, mal à l'aise, gêné et coupable. Il chercha dans son esprit une façon de s'excuser, mais vu la tête que faisait l'inconnue qu'il avait percuté, il y avait de très fortes chances pour qu'il n'ait pas le temps de les prononcer, ces excuses. Il eut raison, d’ailleurs, puisque la jeune femme se mit à le foudroyer du regard, à l'insulter et à lui hurler dessus. Ce petit mélange eut le don de faire oublier toute trace de culpabilité à Natsume, car elle avait réussi à l'énerver, ce qui n'était pas un exploit il fallait l'avouer.
Il est connu que Natsume a une patience en papier mâché, et qu'il ne lui faut pas longtemps pour s'agacer, et c'est probablement un de ses pires défauts. D'ailleurs, c'est souvent une source d'hilarité chez ses amis et proches puisque le lapin n'est pas exactement très impressionnant ou menaçant, quand il est énervé. Hormis une capacité au sarcasme très élevée, le japonais n'a en effet pas grand chose pour se défouler, si ce n'est sa voix qui peut atteindre un niveau de décibels très important.
Mais disons que les gens qui l'insultent et haussent le ton aussi brutalement contre lui, ça fait voler sa patience en l'air en moins de temps qu'il ne le faut pour dire 'lapin'. Ses épaules se contractent, ses sourcils se froncent, il serre les dents, et finalement, il se laisse aller à la colère qu'il sent bouillir dans sa poitrine.

« Nan mais ça va, aussi ! Je ne t'ai pas poignardé non plus, que je sache, pas besoin de te mettre à m'insulter, la malpolie ! Que tu sois aigrie c'est ton problème mais calme un peu tes nerfs ! »

… Dit celui qui s'est mis à beugler de la même façon. Oui oui, l'hypocrisie c'est mal, mais la narratrice doute que lui faire remarquer changerait quelque chose de toute façon.

This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

Natsume était déjà assez peu réjoui à l'idée de venir dans la file d'attente, alors en plus se coltiner une dispute avec une espèce d'hystérique, c'était bien loin de ses envies. Très loin, même, et alors qu'elle se met à faire d'innombrables reproches et beugle tellement que le lapin a l'impression d'avoir affaire à une tarée de service, il s'agace. Pendant qu'elle parle, il ne retient pas le rictus moqueur, arrogant et mesquin qui se dessine sur son visage. Il jubile d'avance tant les propos de la jeune femme lui paraissent faiblards et puérils ; il sait d'avance ce qu'il va répondre, et manquerait presque de ricaner. Natsume a un caractère de merde, mais généralement, les gens qui l'agacent rentrent dans la catégorie de ceux qu'il ignore purement et simplement, jugeant qu'il était inutile de perdre du temps avec eux car il n'avait pas à en donner à ceux qui ne le méritaient pas. Mais cette fille, elle a le don de lui donner envie de se montrer sous son visage le plus hideux, de lui cracher toute son agressivité à la figure et de lui faire comprendre qu'elle aurait dû cesser ses gamineries au lieu de se mettre à hurler comme une espèce de harpie insupportable.

À chacun de ses propos, il se contente de lever les yeux au ciel et le rictus qui s'est dessiné sur son visage se fait presque prétentieux et dédaigneux. Elle lui fait pitié, en fait, avec ses manières et ses paroles condescendantes ; oh bien sûr, elle l'énerve aussi, mais il préfère dire qu'elle est tout simplement méprisable plutôt qu'admettre qu'elle réussit à aiguiser ses nefs avec ses paroles. Ouaip, dites bonjour au retour en force de la fierté surdimensionnée qui n'a jamais été aussi présente qu'aujourd'hui. Le sourire insolent sur le visage de l'autre, si il l'agace encore plus, lui donne juste l'impression qu'il a affaire à une de ces adolescentes capricieuses, pourries gâtées et horriblement superficielles et le convainc qu'il n'a strictement rien à regretter de s'emporter contre elle. Ses mots, il s'en fout. Trop de gens l'ont déjà rabaissé par les mots pour qu'il y accorde une quelque importance maintenant, si ce n'est une envie pressante de répliquer et de lui faire ravaler sa fierté. Elle peut bien faire autant de pas qu'elle veut vers lui, à condition qu'elle reste loin de son espace personnel parce que là il risquerait de vraiment s'énerver. De toute façon, il n'est plus impressionné par beaucoup depuis longtemps, et elle peut bien le foudroyer du regard comme ça autant qu'elle le veut ; Natsume, lorsqu'il est persuadé d'avoir raison, ne regrette jamais aucun de ses propos, aussi rude qu'il soit. C'est probablement là l'un de ses pires défauts. Non parce qu'on ne va pas en choisir un, vu la longueur de la liste.

Qu'elle lui reproche sa 'stupidité' et sa coupe de cheveux, ça manque juste de le faire rire. En fait, ça le fait rire, mais c'est un rire teinté de moquerie et dégoulinant de mesquinerie. Une fois qu'il a fini, il la fixe avec mépris, goguenard.

« Parce que tu veux qu'on parle des bonnes manières, l'hystérique ? Tu compenses pour quelque chose, à beugler à ce point ? Non parce que le môme en question, il est aussi grand que toi et il t'emmerde, vois-tu, pauvre conne. Entre nous deux, je sais pas qui est le plus mature, mais vu que tu hurles autant, tu devrais prêtre aller t'acheter un hochet, ça te conviendrait bien plus. »

Il passa ses mains dans ses poches, sans perdre son rictus qui était à la limite de la méchanceté. Oui, même la joueuse l'admet, c'est un gros con désagréable quand il s'énerve, surtout quant la source de son courroux n'est pas quelqu'un qu'il apprécie. Avec ses proches et ses amis, voir même de simples connaissances, il se retient. Mais là, il n'a aucune raison de se censurer et compte bien ne pas le faire. Elle avait voulu jouer la maligne, alors elle allait assumer.

« Mais bon, je suppose qu'à insulter sur le physique, tu ne dois même pas avoir l'âge mental nécessaire pour jouer avec un hochet. Tu ne veux pas aller faire ta petite crise de gros bébé autre part, qu'on te passe un petit pansement sur ton 'bobo' ? Et d'ailleurs- »

Il n'a pas le temps de continuer dans sa tirade acerbe plus longtemps. Un type de la sécurité arrive alors, et son regard empli de reproches le fit se taire ; il se rappela alors qu'ils étaient bien dans un endroit public, et que même avec son caractère de merde, il n'aimait pas déranger les autres. Rien que regarder à côté lui prouve qu'il serait peut-être plus raisonnable de calmer le jeu, ou du moins de ne pas autant hurler. Il lève les yeux au ciel devant l'explication de son interlocutrice, et son rictus revient brefs quelques instants avant qu'il ne disparaisse ; autant ne pas se faire voir comme le responsable de l'affaire, ça aurait trop fait plaisir à l'autre imbécile qui aurait pu se faire plaindre. Natsume fit alors le plus beau sourire lumineux qu'il savait faire, puant l'innocence et la douceur alors qu'en réalité, il s'agissait plus d'une moquerie envers la jeune femme qu'autre chose.

« Pardonnez-moi, monsieur. Je veillerais à ne plus hausser le ton. »

Il sourit alors de la même manière à l'inconnue, mais ses lèvres se courbèrent légèrement en un rictus. C'était un signe assez clair ; il se moquait définitivement d'elle, et en plus de ça, il le faisait sans paroles. En jubilant intérieurement, même. Elle pouvait bien beugler comme elle le voulait, et il était très probable qu'à ce point, la voir s'énerver l'aurait surtout amusé. Et excusez la narratrice, mais elle a besoin de caser un 'bon sang mais quel con' dans ce post, alors elle le fera ici.

This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

Qu'elle ne cherche pas à le provoquer davantage et ne poursuive pas le conflit l'étonne, mais en même temps, le satisfait tout à fait. Il n'est pas du genre à désirer s'acharner lors d'une dispute, et que ce stupide accident ne s'étale pas davantage lui fait bien plaisir. Bon, d'accord, en même temps, il est assez content d'avoir eu le dernier mot et contient son rictus satisfait comme il le peut, parce que cela aurait été de la provocation pure et simple et Natsume n'était pas assez stupide, aussi con qu'il soit, pour vouloir plus énerver l'autre. Il ne connaît pas son nom, d'ailleurs, et s'en fiche assez, estimant qu'il n'avait pas à se préoccuper de ceux qui ne valaient pas qu'il prenne le temps de retenir un mot pour eux, car ça aurait été une perte précieuse de son temps. Oui oui, c'est un petit trouduc quand il est énervé, et même la joueuse est agacée par son comportement puéril, immature et particulièrement rude. Le garde s'éloigne, et le japonais expira un peu pour relâcher une partie de la pression qui lui contractait les épaules et ainsi se détendre.
Maintenant qu'il se calme et que ses idées se rafraîchissent, il se rend peu à peu compte qu'il a peut-être été un peu trop brusque et qu'il a aussi sûrement agi comme un petit con. Sa fierté ne lui permet pas de l'admettre, d'autant plus que sans excuses sincères il a la rancune tenace, alors il fait taire ces réflexions en se rappelant puérilement qu'elle était celle qui avait commencé à l'insulter. C'est un peu sa manière de ne pas avoir à reconsidérer ses fautes et pouvoir poser le blâme sur la jeune femme. Et oui c'est d'une bêtise sans nom, il faut l'avouer.

Le silence est revenu dans la file, et les regards venimeux des autres clients qui étaient posés sur eux se détournent peu à peu et tout ce beau monde retourne vaquer à ses occupations comme si la petite (et stupide) altercation qui vient d'arriver n'avait pas eu lieu. Natsume en est bien content ; une partie de lui-même avoue qu'ils avaient sûrement l'air ridicule, mais sa fierté démesurée reprend les rênes et réplique assez brusquement que non, il n'y en avait qu'une qui avait l'air stupide. Mais même sa bêtise à ses limites, et en se rendant compte qu'il accorde encore tant d'importance à cette affaire, il s'insulte mentalement de multiples fois. Il n'a pas que ça à faire dans sa vie, bordel ! Il pense alors à tout le blabla administratif qui l'attend une fois qu'il sera arrivé au bout de cette file, et grogne dans sa barbe inexistante.
Mais qu'il ne s'inquiète pas pour le blabla : il n'y aura pas le droit, aujourd'hui. Apparemment, ses plans allaient être un peu dérangés ; plusieurs bruits sourds résonnèrent et Natsume sursauta avant de se retourner et de froncer les sourcils, surpris. Ce qui voit bloque sa respiration dans sa gorge et le fait complètement s'immobiliser, ses yeux s'écarquillent et chacun de ses muscles se paralysent à cause de la peur qui le parcoure. Trois hommes encapuchonés viennent de pénétrer dans le bâtiment et ils condamnent rapidement les portes sans que personne ne vienne les arrêter. Un seul coup d’œil suffit à Natsume pour remarquer que ces individus sont armés, et un nœud d'angoisse et de terreur se forme dans sa gorge alors qu'il réalise lentement ce qui est en train d'arriver.
Tout cela lui paraît tout droit sorti d'un film. Ce n'est pas possible à ses yeux qu'il soit en train de vivre une situation pareille, et la joueuse croit bon de préciser que Natsume est un adolescent banal et qui n'a jamais vécu quelque chose d'aussi intense ; n'étant pas habitué à l'effusion de violence sur l'île, il a donc une réaction normale, c'est-à-dire celle d'être terrorisé. Il n'ose pas bouger d'un pouce, et les trois coups de feu qui résonnent alors ne le font même pas sursauter tant il est immobilisé par sa crainte. Il devrait bouger, il le sait, d'autant plus que le son qu'il entend juste au dessus de sa tête devrait le tirer de sa torpeur, mais il n'y parvient pas.

Heureusement pour sa survie, la jeune femme devant lui a plus de réflexes et de maîtrise et le saisit alors par le collet pour l'attirer vers elle, et ils tombent à la renverse, au même moment où un morceau du toit s'écrase lourdement là où il était il y a quelques instants. Alors qu'il reprend conscience de ce qui vient de se passer et jette un coup d’œil audit endroit, il réalise que si il était resté là, il serait mort. L'objet contondant serait tombé sur son crane, le bruit de craquement aurait résonné et il serait sûrement mort sur le coup. Ou alors il serait tombé sur sa nuque et son cou aurait été brisé, ou bien il aurait été particulièrement malchanceux et un bout tranchant l'aurait traversé et l'aurait fait agoniser lentement dans son propre sang. Tandis que ces scénarios morbides et affreux lui parcourent le cerveau et qu'il frissonne d'épouvante, il ne se rend pas tout de suite compte que son cœur bat dorénavant la chamade dans sa poitrine.
Il vient d'échapper à la mort, une nouvelle fois, et de très peu. Il a même du mal à comprendre qu'une seconde de plus aurait suffit à lui faire gagner un ticket pour un aller direct vers la mort, et il sent sa tension monter drastiquement alors qu'il s'en rend compte. Il ne parvient toujours pas à se sortir de son état paralytique et heureusement qu'ils sont à l'écart, car il n'aurait autrement pas pensé à se cacher de lui-même. Même si ils sont à l'abri des champs de vision des voleurs, il ne se réjouit même pas. Les paroles du chef, il les entend à peine, mais le mot 'descendre' lui fait l'effet d'une douche froide et le ramène assez brutalement à la réalité.

Natsume est très doué pour paniquer. C'est un nerveux lunatique, et il est tout à fait capable de se mettre à s'agiter brusquement d'une seconde à l'autre. Mais pourtant, là, si la terreur l'envahit, il ne se met pas à hyperventiler et ne sent même pas son asthme venir lui jouer des tours. Il se serait attendu à ce qu'une sensation lancinante dans ses poumons ne vienne empirer la situation, mais il va bien, et même si il a peur, il ne panique pas.
Une voix arrive alors à ses oreilles, et elle est si proche que l'éleveur sursauta, avant de la reconnaître et d'écarquiller légèrement les yeux en en reconnaissant la détentrice. Ce n'est que maintenant qu'il remarque la main contre sa poitrine, et aussi la proximité qu'il partage avec celle qu'il détestait de tout son cœur il y a tout juste quelques minutes, et qui lui avait pourtant sauvé la vie. Visiblement, ou du moins de ce que le cerveau ralenti par l'effroi de Natsume comprend, ils sont les seuls à avoir eu la chance de ne pas être repérés. Pour l'instant. Aussi naïf qu'il soit, le japonais sait tout de même utiliser son cerveau quand il le faut et il se doute qu'ils finiront par être vus, à un moment donné. C'est mathématique et inévitable.

Devant la question de la jeune femme quant à son état, il hésite, et se contente de hocher faiblement de la tête et de balbutier un 'merci', tremblant encore partiellement. Sonné, il a dû mal à réfléchir convenablement, et le cri de femme qui parvient à ses oreilles le fait se contracter brusquement. Un creux froid se forme dans sa poitrine et il aimerait bien se pincer et se réveiller pour ne constater que tout cela n'était qu'un affreux rêve, mais ça n'arrivera pas. Il ne va pas se réveiller en constatant qu'il s'était bêtement endormi sur son bureau en travaillant et que son imagination avait joué des siennes. La vérité est bien moins douce que ça, et se fiche complètement de ses envies.
Il se permet de jeter un coup d’œil hésitant vers la scène quand elle pose des questions quant aux pokémon potentiellement présents. Il ne regrette pas pour le coup d'avoir mis ses lentilles en prévision de la potentielle lecture de documents officiels, et compte alors les pokémon présents. Une fois cela fait et après avoir déglutit, il se retourne en tremblant toujours un peu vers la jeune femme et lui répondre d'une voix faible et hésitante.

« J-je... Un Maganon, un Rhinolove, un Electrode et des Gra-Grahyènas. Je c-crois qu'il y a un Magnézone aussi m-mais... »

Il se mordille les lèvres, incertain. Ses pensées sont confuses et entremêlées, et il lui faut quelques secondes pour se donner une bonne dizaine de gifles mentales et retrouver pleinement le contrôle de son corps qui a enfin cessé de trembler et de ses muscles qui ne paraissaient plus vouloir lui obéir. Il se force à retrouver une once de calme et ainsi pouvoir parler correctement, sans toutefois trahir leur position à cause d'une voix trop forte.

« J-je, euh... Qu'est-ce qu'on fait ? »

Question simple, mais pourtant lourde de sens ; se rendre, ou alors considérer l'alternative, qui paraissait pour l'éleveur aussi étrangement tentante que folle et digne de parfaits suicidaires ? Il tente de faire taire la petite voix dans sa tête qui le pousse instinctivement à passer sa main tout près de ses poké balls, mais il n'y a rien à faire ; c'est comme si, même en ayant posé cette question, il avait déjà fait son choix. En fait, dans son regard se trouve plus une question d'une autre nature. Il est tout simplement en train de lui demander silencieusement si elle est du même avis que lui sur la suite, et si elle accepte.
Nul doute que si c'est une partie un peu différente de Natsume qui le contrôle actuellement, l'autre est en train de beugler et de crier qu'ils devraient se livrer bien gentiment et prier pour ne pas se faire exploser la cervelle par des voleurs mis de mauvaise humeur ou qui voudraient faire des exemples, même si ils n'ont pas résisté plus que ça. Mais bizarrement, il n'a pas envie d'écouter sa logique, maintenant.

This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

La définition de 'courage' varie de personne à personne. Pour beaucoup, c'est la capacité à accomplir quelque chose sans peur et sans crainte. Pour Natsume, c'est celle d'être capable de mettre sa peur de côté et faire ce qui doit être fait, même si c'est immensément dur. Il ne s'est jamais considéré courageux, et ne se verra jamais ainsi. Si il est devenu spécialiste dans l'art d'ignorer ce qui le dérange en se noyant sous le travail et en prenant la fuite, il se rend toutefois compte qu'ici, il ne peut pas. Trois points, en effet, le forcent à se reprendre en main et à se gifler une bonne dizaine de fois mentalement pour retrouver le contrôle de son corps et de son esprit. Sans qu'il ne s'en soit même rendu compte, ses tremblements ont cessé et sa respiration est redevenue maîtrisée, calme et régulière. Si il est toujours livide et si son cœur paraît prêt à bondir de sa poitrine à tout instant, c'est avec un sang-froid presque inhabituel pour lui qu'il l'écoute. La peur est toujours présente, grinçante et froide au creux de sa poitrine, comme un rappel constant que le moindre mauvais geste... Pourrait le mener à la mort. Il le sait, et pourtant même si cela le terrorise, il ne panique pas. Ses poumons ne viennent pas le rappeler brutalement à la réalité, ses membres ne tremblent plus et ne lui paraissent plus instables, et il s'étonne même de parvenir un peu à réfléchir.

Car si il a posé la question, peu lui importe la réponse, de toute façon. Ce n'est pas comme si il doutait, puisque de toute façon, il n'avait pas le choix. Comme dit précédemment, trois facteurs poussent Natsume à faire ce qu'il fait : de un, c'est soit ça ou risquer que sa cervelle ne vole sur les murs, de deux, il n'y avait pas que lui, et de trois, il avait une dette envers la jeune femme. Cela pourrait sembler bizarre étant donné Natsume n'est pas quelqu'un qui accorde une importance quelconque à l'honneur, mais il sait toutefois être reconnaissant et la dette qu'il a envers elle n'est pas légère, loin de là ; une dette de vie, c'est quelque chose d'important. Ainsi, en plus de se promettre d'aider les otages si il y parvient (mais il en doute fortement, il n'est pas Superman après tout), il se jure de faire tout ce qui est en son possible pour l'aider à son tour si il en est capable. Il n'est pas stupide non plus ; entre eux deux, c'est bien elle qui a l'air moins apeurée et plus confiante, mais l'éleveur sait aussi à quel point une situation peut dégénérer rapidement. Si il l'avouerait ? Ouais nan, faut pas pousser non plus, y'a des limites.
Il hoche alors de la tête et retient ce qu'elle lui dit, non sans froncer les sourcils quand elle dit haïr le crime. La haine, ça ne va pas les aider ici, mais il se retient de parler, vu que ce serait une perte de temps inutile. Qu'elle ne veuille pas d'aide... Il s'en fiche ; il agira quand même, mais elle semble l'avoir compris. Les geignements paniqués des otages le font grimacer, et il prend une brève inspiration avant de parler.

« Écoute, j'suis pas Batman, j'ai pas la cape, le majordome ou l'argent qui va avec, mais on va faire comme si la situation n'était pas à la limite de désespérée et comme si il n'y avait pas plus de chances que les murs soient repeints avec nos cadavres avant qu'on ait pu faire quoi que ce soit. Je n'ai juste pas envie que quelqu'un meure, aujourd'hui. »

Il inspire une nouvelle fois avant de reposer ses yeux sur sa propre ceinture, et jeter un coup d’œil nerveux à côté d'eux, comme par crainte d'avoir été remarqués. De toute façon, ce n'est qu'une question de minutes avant que cela ne soit le cas, et il le sait.

« On a pas beaucoup de temps. J'ai de quoi paralyser, endormir et empoisonner ainsi que diffuser rapidement les spores, mais ce serait prendre le risque de toucher les otages si ce n'est pas assez précis. Mon Kadabra pourrait contrer les ondes de Rhinolove, et je lui ai appris Exploforce, mais il ne pourra pas résister à beaucoup de coups. Si il le faut, j'ai une Statitik qui sait se débrouiller avec ses toiles... J'ai aussi une Florizarre, qui peut prendre quelques coups et frapper fort, mais elle est assez lente et si Maganon lui tombe dessus... Elle est fichue. Et euh... J'ai aussi une Massko. Elle connaît Exploforce aussi. »

Il s'étonne lui-même de la longue liste qu'il vient de faire, et encore plus de son calme et de sa voix à la limite de la contemplation neutre. Il ne comprend pas d'où lui vient ce sang-froid soudain, mais il ne va pas se plaindre ; c'est bien mieux que d'être paralysé par la peur. Il faut croire que quelques mois passés sur cette île ont suffit à lui faire gagner en force, même si il estime encore que c'est largement insuffisant. Car son équipe a considérablement gagné en puissance, même si de son côté...

« Par contre, moi... J'sais pas me battre. Mais un coup de poing, de coude ou de pied, c'est pas sorcier, je crois. Je ferai avec. »

Il expire, avant de reposer son regard sur la jeune femme. Calme, déterminé, étrangement paisible, même.

« Mon nom, c'est Natsume. Natsume Shimomura. Si il m'arrive un truc et que tu t'en sors, j'aimerais juste que tu préviennes les autorités pour qu'ils avertissent... Enfin... Bref. Qui démarre la fiesta ? »

Humour certes, et de merde en plus, mais le sarcasme et les blagues pourries lui permettent au moins de ne pas trop penser à  la gravité de la situation, ni aux risques. C'était déjà ça.

This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

Lorsque Natsume est dans une situation difficile, sa tendance à faire de l'humour de merde et à faire exploser le sarcasmomètre montent en flèche. C'est en gros sa façon de parvenir à gérer la situation lorsqu'il est perdu, et aujourd'hui n'est sûrement pas une exception vu que c'en est même un exemple parfait. D'autant plus que son pessimisme le pousse tout naturellement à croire qu'il a de fortes chances d'y rester, c'est donc bien sa meilleure méthode pour supporter la panique et la peur. Il repousse comme il le peut sa crainte en se rappelant qu'à ce niveau, autant se battre, même si il reste en temps normal pacifiste, rien que pour arriver à aider les otages. L'héroïsme, très peu pour lui ; mais se laisser faire sans rien dire ou laisser ces raclures faire ce qu'ils voulaient et potentiellement blesser un innocent l'insupporterait au plus haut point. On pourrait argumenter que beaucoup de choses énervent Natsume, mais ce serait mentir que beaucoup de choses le poussent à frapper ou à véritablement agir et blesser. Alors en parlant de cadavres, il cherchait en quelque sorte à dédramatiser la situation. Certes, ce n'était pas exactement la meilleure des façons de réagir et on pouvait dire sans trop mentir qu'il avait un certain problème de délicatesse au niveau de ses propos, le lapin, mais l'heure n'était pas à ce genre de considérations futiles. Tout ça pour dire que quitte à faire un truc stupide, autant le faire jusqu'au bout ; c'est l'une des principales règles de l'éleveur.
Je n'en ai pas le droit, hein... ? J'dirais bien que j'ai jamais été particulièrement friand des ordres... Mais je crois que ce serait une mauvaise idée.

Il hésite à hocher de la tête lorsqu'elle annonce vouloir s'occuper des voleurs par elle-même ; qu'elle sache se battre, soit. Mais face à plusieurs personnes en même temps... N'allez pas mal comprendre, Natsume ne la sous-estime pas. Disons plutôt que c'est le risque qu'il surestime et son pessimisme ainsi que sa capacité naturelle à toujours attendre le pire le rendent incroyablement méfiant. Leur plan est bancal, en toute honnêteté, et risqué, mais c'est bien le seul dont ils disposent, et qui tient à peu près la route. 'Un peu près' vaut toujours bien plu que 'autant se tirer une balle, ça fera moins mal'. Le sourire léger qu'elle lui accorde lui ferait presque penser qu'ils sont en train de préparer quelque chose d'amusant et banal, comme deux ados un peu bêtes prêts à faire une farce, et il est incapable de retenir le léger rictus amusé qui s'étire très brièvement sur son visage. En un sens, c'est bien ce qu'ils sont en train de faire, et l'éleveur s'étonne lui-même de son comportement étrangement calme, comme si ça lui était tout naturel.
Plus loin, les voleurs présentent leurs sacs aux banquiers, et Natsume pourrait presque entendre le temps qui leur reste s'écouler lentement, les menant au terminus de leur préparation. Il ne sait pas ce qui est préférable entre attendre ou agir, mais l'angoisse qui lui noue douloureusement le ventre lui rappelle que peut-être faire quelque chose occuperait au moins ses pensées.

Une tempête de sable. Une idée sympathique et convenable, donc. Il hocha de la tête silencieusement, et lorsqu'elle eut finit de s'expliquer, l'éleveur gloussa devant le sourire excité qu'il vit sur le visage de la jeune championne. Il prit alors dans ses mains la ball de Kaito et en libéra le Kadabra, qui immédiatement, fixa son dresseur d'un regard inquiet en remarquant l'inquiétude et la nervosité qui émanait de lui. Natsume le laissa fouiller dans son esprit sans protester, et le pokémon psychique, vu sa tête, n'avait pas l'air d'énormément apprécier leur plan, et paraissait même d'avis qu'ils fuient maintenant, rien que pour mettre le lapin en sécurité, ou bien qu'ils aillent chercher quelqu'un venant de l'extérieur. Bien évidemment, celui-ci n'était pas du même avis ; d'une part parce qu'il refusait de fuir et d'autre part parce que impliquer quelqu'un d'autre dans cette histoire était hors de question à ses yeux.
N'y pense même pas.
Kaito continue de le regarder avec ce même air sévère, mais il n'impressionne nullement le japonais et le Kadabra finit par capituler en se rappelant de la conversation qu'ils avaient eu, la dernière fois. Soit. Lui faisant donc confiance, il se tourna vers Charlotte et s'inclina respectueusement, signe qu'il obéirait au moindre de ses ordres.

« J'en pense que ça me ferait chier de me faire botter le cul par des gosses. J'les plaindrais presque. »

Réplique presque arrogante qu'il a prononcé avec un rictus sardonique, qui lui permet de dissimuler comme il le peut le fait qu'il est loin d'être aussi sûr de lui qu'il aimerait le faire croire. Mais au moins, avec cette façade, il arrive à garder son calme. Il expira alors légèrement, et son expression se refit plus neutre.

« Je ne sais pas quelles sont ses limites... Mais je te le confie, pas de soucis. Par contre, avant de penser à téléporter... Il faudra peut-être que je m'occupe du Rhinolove, pour qu'il n'interfère pas. Pour ton Hippodocus, c'est comme tu veux, mais ça me permettrait d'envoyer les éléments les plus brutaux directement au combat. Et bonne idée pour les Grahyènas. »

Un sourire joueur vint finalement s'installer sur son visage, et il prit dans ses main une ball qu'il fit rouler dans sa paume, jouant avec machinalement.

« On la lance, cette tempête de sable ? Et si j'ai pas le droit de crever, ça s'applique aussi à toi. En attendant, foutons-leur une raclée. »

Se montrer aussi assuré lui vient tout naturellement, ce qui le surprend lui-même. Durant quelques instants, il se demande si la gemme qu'il avait donné à Tsubaki il y a un ou deux jours pourrait lui servir, tiens... Et si les murs des banques pourraient potentiellement résister à une attaque Lance-Soleil boostée. Mais ça, il en doutait ; il y avait toutefois déjà plusieurs idées qui se forgeaient petit à petit dans sa tête, à une vitesse assez impressionnante, ce qui le rassurait un peu, en quelque sorte. Il savait peut-être utiliser son cerveau quand il le fallait, mine de rien. Le mot-clé étant 'peut-être', bien sûr.

This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

Très sincèrement, Natsume ne sait plus ce qui se passe. Ou du moins, il ne sait plus trop ce qu'il fait ou qu'il est censé faire, et ses pensées filent dans tous les sens sans qu'il ne parvienne à les arrêter dans leur course pour prendre quelques instants salvateurs de réflexion. L'action, ce n'est pas son truc, mais improviser, il en est tout à fait capable, et à défaut d'être entraîné à se défendre et à contre-attaquer, il fera de son mieux pour se débrouiller sans préparation antérieure. Même si il n'est vraiment pas sûr de lui et qu'il est persuadé au fond de lui-même que toute cette histoire risque de très mal se terminer, il prend une grande inspiration et tente de se calmer. Toute cette histoire lui paraissait presque surréaliste, et il ne parvenait pas à se convaincre qu'il était véritablement en train de vivre quelque chose comme cela ; d'ordinaire, ce sont dans les films d'action plus ou moins bons que l'on voit ce genre de scènes, pas dans la vraie vie. D'ailleurs, quand Natsume en regardait, des films d'actions où l'on voyait des criminels prendre des gens en otage, il pestait toujours contre ceux qui voulaient jouer aux héros et se faisaient lamentablement descendre, en se disant d'une façon presque arrogante que si lui avait été dans ce cas-là, il n'aurait pas été aussi bête et se serait tenu tranquille pour éviter de crever d'une façon tout à fait stupide. Et là... Eh bien disons que c'était lui, là, qui risquait sa vie de façon stupide. Et le pire, dans tout ça, c'est qu'il ne regrettait pas grand chose, et que hormis le fait qu'il allait se prendre le savon de sa vie si il s'en sortait, il n'avait pas tant de craintes que ça.
La peur de la douleur et de la mort, bien sûr qu'elle est présente ; ce serait une folie que d'être assez idiot pour agir sans y penser, et même en quelque sorte un désavantage certain. Mais pourtant, il n'a pas peur du décompte, ni de ce qu'il signifie. Même saisir la ball de Tsubaki en la serrant comme si elle allait le rassurer lui paraît si facile, peut-être même un peu trop. Mais il n'a pas de temps à perdre en considération stupides ; déjà le décompte arrive à sa fin, et la ball d'Hippodocus tombe au sol, libérant le pokémon des sables.

Fini de se cacher, maintenant, et il n'y a définitivement plus aucun retour en arrière possible. L'aurait-il vraiment souhaité si cela avait été possible, de toute façon ? Il n'a pas la réponse à cette question, et ne s'y attardera pas puisqu'il y a à l'heure actuelle des problèmes autrement plus importants que ce qu'il suppose. Quelques otages crient, mais ces cris se perdent dans la tempête de sable qui se soulève. Il sent alors quelque chose être placé dans sa paume et ses doigts se resserrent autour des lunettes que la jeune femme vient de lui emprunter, et il fronce les sourcils, confus, avant d'envoyer sa conscience voler et de les mettre. Au loin, arrive à entrapercevoir Kaito qui se démène avec le Rhinolove, bien qu'il ait l'air d'être assez désavantagé. Les entailles rosées qui percutent la chauve-souris, aussi violentes qu'elles soient, ne suffisent toutefois pas à le vaincre et lui dispose toutefois de capacités de type vol qui sont bien plus efficaces face au Kadabra que celles de leur type commun.
Sa contemplation manque de lui faire oublier les autres pokémon ; il esquive un Grahyèna de justesse en se laissant tomber au sol, et la ball de Tsubaki qui se trouvait dans ses mains glisse pour finalement libérer la Florizarre qui poussa un rugissement mécontent en remarquant les pokémon qui commençaient à se ressembler près de son dresseur, et visiblement pour un but autre que prendre le thé.
L'adolescent se dépêche ensuite de monter sur le dos de l'Hippodocus tandis que la Florizarre fait reculer ses opposants en battant ses lianes. Puis, avec un calme presque olympien, Natsume se dépêcha de libérer cinq autres pokémon, non sans prier pour qu'il ne leur arrive rien durant ce laps de temps où il faisait appel à eux. Au moment où furent libérés Statitik, Massko, Balignon et Aéromite, un cri arriva aux oreilles du japonais qui poussa un hoquet d'horreur, avant de se tourner vers la source, sans toutefois parvenir à localiser exactement de l'autre. La peur de ce qui pourrait lui être arrivé menace de s'installer, mais quelques instants plus tard, c'est un cri d'homme qui surgit cette fois dans l'étrange silence horrifié qui s'était installé, et Natsume expire de soulagement. Les cris de douleur, que ce soit ceux de ses ennemis ou de ses proches, il en a horreur, mais il n'a jamais été aussi content d'en entendre un ; au moins, elle devait aller bien, si elle était capable de faire crier de douleur quelqu'un.

Tandis que Tsubaki tenait à distance les Grahyènas avec ses lianes et l'aide de Kaede, qui de par l'utilisation d'Exploforce et de Lame-Feuille arrivait à supporter le coup, les deux femelles jetèrent un regard équivoque à leur dresseur qui hocha de la tête. Déjà, Akane s'était posée sur tête et seuls restaient Takashi et Toruru qui attendaient encore avant de bouger.

« Vous deux, occupez vous de les affaiblir ; je vous veux en soutien avant tout. Restez en arrière, si possible. Se mettre au dessus de Tsubaki ne serait pas une mauvaise idée. »

L'Aéromite et la Balignon hochèrent de la tête, avant de faire comme dit. Le papillon fit battre ses ailes pour créer des bourrasques et ainsi déconcentrer les Grahyènas en leur faisant subir un charmant cocktail mêlant vent, sable et spore, tandis que la Balignon se chargeait de libérer une Vampigraine qui vint leur aspirer un peu plus de force.

« Akane, reste sur ma main. Tu te sens capable de tirer des toiles électrifiées à la demande ? »

La Statitik ne posa pas de questions, et alla se poser sur la main gauche de son dresseur avant de s'y accrocher fermement. Avant qu'il n'ait pu donner le moindre signal toutefois, une boule de feu se rapprocha d'eux à une vitesse si alarmante qu'ils n'auraient pas le temps de l'esquiver, et Natsume écarquilla les yeux, paralysé. Toutefois, après que l'éleveur ait fermé les yeux, il ne sentit rien. Pas de douleur ou de brûlure insupportable. En osant ouvrir les yeux, il constata qu'un Alakazam encore brillant de lumière s'était interposé entre son dresseur et l'attaque, et renvoya, avec difficulté certes, l'attaque vers son envoyeur. Le Maganon responsable de cela, quelques mètres plus loin, poussa un grognement colérique, mécontent.
Natsume en conclut deux choses : d'un, il ne pourrait définitivement pas continuer comme ça, surtout qu'il devait s'arranger pour que Kaito s'occupe des otages. Et deux, il ne voyait toujours pas les Electrodes et le Magnézone, ce qui signifiait qu'il était encore assez largement désavantagé.
Aussi plaisante que ce soit de voir que Kaito avait évolué, et il remarqua alors que le Rhinolove était tombé au sol, visiblement inconscient, tandis que l'Alakazam récupérait ses forces grâce à Soin. Ça s'était probablement joué de très peu, mais au moins, le gêneur était à terre.
Il devait réagir vite si il voulait espérer s'en sortir. Sans plus attendre, il se tourna vers Tsubaki, mais fut arrêté par le regard impérieux de l'Alakazam. Il se tourna alors vers lui pour le rassurer avec un léger sourire et une voix presque douce.

« Fais-moi confiance. Va t'occuper des otages, et vite. Tu as déjà assez traîné ici. »

Kaito expira, avant de disparaître dans le sable en se téléportant. Natsume, quant à lui, se retourna vers les pokémon qui approchaient, et remarqua (enfin) l'Electrode et le Maganon. Toujours pas de Magnézone en vue toutefois, et il grinça des dents en se demandant si celui-ci n'attendait pas le moment opportun pour frapper. Akane et ses toiles, qui, si elles faisaient grogner de douleur les Grahyènas, ne seraient d'aucune utilité face aux deux pokémon électrique, et il doutait que ses compagnons soient capables de gérer autant d'ennemis aussi brutalement puissants... Même si Hippodocus serait d'une aide précieuse, ce ne serait pas suffisant.
Alors, ne voyant plus qu'une seule alternative, il décida que quitte à tenter le tout, autant le faire jusqu'au bout.

« Tsubaki, on tente ! Autant voir si cette gemme en vaut le coup ! »

Ils n'ont jamais testé cette gemme que le japonais gardait pourtant avec lui comme un trésor depuis qu'il l'avait récupéré des mains d'un éleveur il y a de cela quelques jours., en échange d'une jolie petite somme d'argent. Il sait que la méga-évolution est un événement aussi rare qu’impressionnant, mais hormis en surprenant Faust lors de ses entraînements, il n'en avait jamais vu. Et voilà qu'il allait tester, lui, le pacifiste par excellence qui voyait les combats comme des pertes de temps phénoménales. L'ironie était belle, mais il n'y avait pas de temps pour la contempler.
Il est presque sûr que le grondement qui s'échappa de la Florizarre alors que la transformation s'achevait avait quelque chose de presque magnifique. En tous cas, tandis qu'il considérait les choix qu'il avait, un seul lui parut comme étant le bon.

« Les autres, protégez-la. Tsubaki, Croissance puis Lance-Soleil. »

Il a dit cela d'un ton calme et maîtrisé, et pourtant il ne peut pas s'empêcher de sourire narquoisement, comme un enfant excité et fier de son coup. Il espérait juste que le mur d'en face tiendrait le coup, et que Charlotte était toujours bien. Cette pensée suffit à lui faire avoir un moment de clarté, durant lequel il se dit que bordel, pour deux gamins, ils se débrouillaient bien.

This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

Agir avant de réfléchir, autant dire que ce n'est pas lui. Il est plus du genre à préparer méticuleusement tout ce qu'il fait, mais en combat, ça ne se joue pas comme ça. L'instinct, les réflexes et la capacité d'adaptation sont ce qui priment, et hormis les réflexes, ce ne sont pas ses points les plus forts. De plus, l'esprit de Natsume se base sur les certitudes, pas sur les impressions. Pourtant, c'est sans crainte qu''il a donné ses ordres, bien qu'en temps normal les actions subites et irréfléchies, illogiques à ses yeux, le déconcertent et le font buguer tel un ordinateur victime du BsoD. Ses pokémons sont néanmoins plus réactifs que lui et obéissent sans discuter, certains prenant toutefois des pauses de quelques secondes pour réguler leurs respirations irrégulières. Akane est toujours postée sur sa main, solidement accrochée et légèrement tremblante, tandis que Takashi, Toruru et Kaede tenaient les Grahyènas à distance. De ce que Natsume voyait, les trois quarts des Grahyènas étaient déjà sévèrement assommés. Ne restaient plus que deux qui ne tenaient que difficilement sur leurs pattes, mais la Massko fit naître dans ses mains une orbe brune, qui était comme ornée de craquelures blanches, et l'envoya sans la moindre hésitation vers les loups qui tombèrent à terre, définitivement mis à mal. Au moins, ils n'embêteraient plus. Mais cette folle n'en avait pas fini là.

« KAEDE ! »

La Massko, pour faire gagne un peu de temps à la Florizarre qui exécutait toujours son attaque Croissance, s'interposa entre le Lance-Flammes qui arrivait vers elle avec Exploforce, en tentant de repousser les flammes comme elle le pouvait, et ce malgré le désavantage de type évident et la différence de puissance. La femelle serra les dents, faisant de son mieux pour tenir et gagner du temps. Les yeux de Natsume s'écarquillent et la peur s'installe, lui faisant complètement oublier ce calme et ce sang-froid dont il faisait preuve il y a quelques instants. Il panique, et ses membres se mettent à trembler alors qu'il se rend peu à peu compte de la difficulté de la situation et du pétrin dans lequel il s'est enlisé. La nausée s'empare de lui alors qu'il essaye de penser à ce qu'il peut faire, mais il ne trouve rien dans son esprit qui puisse l'aider. Il a beau tout faire pour trouver une stratégie convenable et acceptable, mais rien ne lui vient à l'esprit et il sent ses pensées et ses émotions se bousculer. Mais même en cherchant à tout prix à réussir à se remettre sur ses pattes, il ne peut qu'observer avec horreur le Lance-Flammes se mettre à engloutir l'Exploforce. Mais elle tient bon. Kae grogne, et supporte la chaleur, même si chacun de ses muscles hurlent qu'elle doit reculer, même si la douleur commence à la faire grimacer. La terreur s'installe, et il se sent faire un pas vers elle pour la rejoindre, souhaitant à tout prix la défendre même si cela devait lui coûter tout. Toutefois, Akane l'arrêta en lui pinçant la main et en lui jetant un regard sévère. En se mordant les lèvres, il regarde son alliée. Si l'attaque touchait, Arceus seul savait quelles conséquences cela aurait sur la santé de Kaede et sa survie en général... L'horreur de la situation s'impose à lui et il serre les dents rageusement ; il ne peut absolument rien faire et il le sait. Sa propre impuissance le dégoûte au plus haut point.
Alors qu'il croyait pourtant que c'était presque fini, le son d'une explosion parvint à ses oreilles. Son regard se porta sur le rayon vert massif, éclatant et débordant de puissance que Tsubaki avait libéré ; dans toute sa beauté, l'attaque Lance-Soleil renforcée par la méga-évolution et l'attaque Croissance domine le Lance-Flammes malgré l'avantage de type, et en profitant d'une ouverture, le coup est porté directement au Maganon qui est envoyé en arrière, grimaçant et sonné. L'occasion est belle, et il le sait, mais encore faut-il en profiter. Il descend alors du dos de l'Hippodocus en le remerciant, préférant rester debout pour ce qui va suivre.

« Takashi, vas-y ! Endors-le, Kaede et Tsubaki se chargeront de l'assommer. »

L'Aéromite s'exécute, et va libérer ses poudres soporifiques juste au dessus du Maganon le plongeant ainsi dans un sommeil qui permet à la Masko et à la Florizarre de porter quelques coups afin de mettre KO le mastodonte. Au loin, les cris de bataille et de pokémon enragés qui résonnent parviennent à ses oreilles et l'adolescent grimaça, soudainement inquiet. De son côté, il était tranquille pour l'instant, alors il pouvait bien se permettre une petite folie, à la limite... Natsume esquissa un sourire en direction de l'Hippodocus, afin de lui indiquer que retourner vers sa dresseuse serait peut-être une meilleure décision. Lui, il avait les siens, de compagnons, alors il saurait se débrouiller. Pensée arrogante mais dont il était persuadé à ce moment.
Il aurait peut-être dû réfléchir davantage, avant de faire cela. Tandis que le pokémon des sables part, Natsume jette un coup d’œil à ceux qui l'accompagnent. Kaede est épuisée, Tsubaki a encore de l'énergie mais utiliser une pareille attaque Lance-Soleil l'a quelque peu fatigué, et elle halète. Akane est dans le même état que la Florizarre, et seule Toruru dispose encore de la plus grande partie de ses forces. Il grimace.
Mais réfléchir trop, encore une fois, et l'une des plus grandes faiblesses du lapin. Ces quelques instants de pause suffisent à des éclairs pour frapper Kaede, Tsubaki et Takashi. Le bruit tonitruant de Tonnerre le fit hoqueter et faire un pas en arrière, tandis que ses pokémon poussaient en symbiose des cris de douleur affreux. Ses yeux s'écarquillent, et il a à peine le temps de comprendre quoi que ce soit qu'un coup de poing lui arrive au ventre, l'envoyant à terre. Son cri se perd dans un hoquet muet ; sa voix s'est bloquée dans sa gorge, mais il manquerait presque de recracher ses tripes tant le coup est brutal et horriblement douloureux. Il grimaça et se releva comme il le put, tout ça pour voir Toruru être envoyée plus loin par un coup d'un Electrode.

Kaede et Takashi étaient définitivement inconscients, tandis que Tsubaki peinait même à garder les yeux ouverts et à bouger une seule de ses pattes. Vu les étincelles qui la parcouraient, elle était visiblement paralysée, et la fatigue aidant, bouger lui était très, très difficile. Natsume ne savait même pas si elle aurait été capable d'attaquer, vu qu'à chaque fois qu'elle tentait d'utiliser ses lianes, un courant électrique la paralysait et l'immobilisait complètement, et ce bien sûr avec la douleur qui l'accompagne. Il releva la tête et grimaça en constatant qu'il était seul devant l'Electrode. Il fit un pas en arrière, apeuré, mais une main le saisit à la gorge et le poussa contre le mur et l'y maintint.
Devant son visage épouvanté, un des voleurs l'observe avec un sourire mauvais. Tous les muscles du japonais se contractent alors qu'il se rend compte qu'il est vraiment dans la merde. Ce n'est pas la première fois qu'il se retrouve acculé ou dans une situation très compliquée, mais là, avec la main d'un homme deux fois plus âgé et fort que lui sur sa gorge, il doit dire qu'il sent que c'est quelque peu différent des bagarres débiles qu'il avait eu durant sa vie.

« Vous deux, vous êtes de vraies petites pestes... Je vous jure que je vais vous faire la peau, et vous allez le sentir passer. Mais t'as intérêt à me dire où est la garce qui t'accompagne, ou sinon... »

Il accompagne sa menace d'un léger resserrement sur la gorge de l'éleveur qui se débat comme il le peut, mais ne peut rien faire vu l'écart évident de force. Akane descend de sa main pour mordre l'homme, mais celui-ci poussa un hurlement rageur et avec sa main libre, il jette violemment l'araignée au sol, qui est assaillie par les Sonicbooms de l'Electrode et elle aussi mise KO. L'éleveur tente d'appeler la Statitik, mais tout ce qui sort de sa gorge est un mélange de geignement étranglé et de grognement plaintif de douleur. Natsume peine à respirer, et il n'y arrive que par de brefs moments de répit, avant que la prise sur sa gorge ne se referme et ne le prive d'air pendant quelques secondes, puis qu'il ne le relâche, et ainsi de suite.

« Alors …? »

Il ne tiendra pas longtemps, il le sait. Sa respiration est irrégulière, et il peine de plus en plus à emmagasiner de l'air, en plus du fait que ses poumons ont commencé à se contracter douloureusement, signe qu'il est tout prêt d'une crise d'asthme assez forte. Il prend quelques secondes pour respirer, mais cela ne plaît pas à son agresseur qui pour lui rappeler la situation, resserre ses doigts brièvement avant de les desserrer, juste assez pour lui permettre de parler.

« Je... El-elle, ah, urgh... Elle est...
- Où est-ce qu'elle est, bordel ?! »

Pause. Toujours en respirant difficilement, il pose ses yeux sur l'homme, un rictus moqueur et désabusé aux lèvres. Il prend deux secondes avant de répondre, content de son effet.

« Dans ton cul. »

Il n'aurait sûrement pas dû dire ça, et c'est à coup sûr l'une des choses les plus stupides qu'il ait dit ou fait, mais il est très content de lui, comme en témoignent son sourire condescendant et son début de rire. Toutefois, il a vite fait de déchanter, puisque après qu'une expression de fureur pure ne se soit installée sur le visage du voleur, la prise sur sa gorge se fait alors complète et bien plus puissante que tout à l'heure. Ses pieds ne touchaient déjà plus le sol, mais maintenant, il se sent clairement être soulevé. Il tente désespérément de s'échappe et se débat comme il le peut. L'air disparaît peu à peu de ses poumons, et la douleur se propage dans toute sa cage thoracique ; brûlante, lancinante, insupportable. Sa vision commence à se troubler, et il sent ses forces commencer à le quitter. D'une minute à l'autre, il va s'évanouir, puis mourir. C'est comme ça, il l'a compris.
Mais il ne veut pas. Oh, bien sûr, ça n'a rien de surprenant ; il n'est pas le premier à ne pas vouloir se retrouver six pieds sous terre. Ce plan était stupide, il en a conscience et il en avait conscience au moment de l'accepter, et il avait même pris en compte qu'il y avait des risques non négligeables, mais il l'avait tout de même exécuté. Au moins, des gens auront été mis à l'abri, c'est ce qui est le plus important. Il se serait presque satisfait de ça si il n'avait pas eu une pensée douloureuse envers ses proches et la nouvelle qu'ils apprendraient bientôt. Alors il ferme les yeux, ne souhaitant pas garder comme dernière image celle de son agresseur enragé, mais plutôt les souvenirs que lui avaient amené son séjour sur l'île. Il entend Tsubaki geindre plaintivement et tenter de s'approcher, mais elle ne peut rien faire hormis regarder et témoigner. Il prie juste pour que Kaede et les autres n'aient pas à le voir et ne se sentent pas coupables.
Et alors qu'il commençait à sentir son corps s'engourdir, un bruit de coup sonore et puissant retentit. Sa gorge fut libérée et il tomba au sol, au même moment où des craquements sinistres résonnaient près de ses oreilles. Ne tenant plus que sur ses mains et ses genoux, la respiration haletante, livide et tremblant de tout son corps, il parvient tout de même à relever les yeux pour voir qui lui avait sauvé la vie. Ce qu'il voit manque de lui couper encore un peu plus le souffle, si c'est possible toutefois. Au sol, le voleur se tient les côtés en gémissant et en geignant de douleur. Devant le japonais, sa sauveuse se tient, et ce n'est autre qu'une Chapignon à l'air farouche et malicieuse, dont le visage est marqué par un rictus fier et presque mesquin. Le poing de la créature est encore légèrement brillant, et Natsume, bien qu'il soit dans un état déplorable, a vite fait de comprendre.
Match Punch. Avec la rapidité de l'attaque, elle a pu... Il ne se relèvera pas, il a au moins quelques côtes cassées. Mais alors, l'Electrode... ?

Ledit Electrode se trouve à quelques mètres, endormi. Alors que Toruru l'aide à se relever en gardant sur lui un regard inquiet, il grimace et saisit, en tremblant et en faisant de son mieux pour garder une prise ferme, son inhalateur qu'il porte immédiatement à ses lèvres avant d'en prendre deux grandes bouffées. La Chapignon l'assiste dans cette tâche, ayant déjà vu d'autres membres de l'équipe le faire, et dès qu'il sent ses poumons se dilater, il fait signe à Toruru, avec un sourire pour la remercier, d'aller s'occuper de l'Electrode tant qu'il était endormi, ce qu'elle s'empressa d'aller faire. Tandis qu'il récupère le contrôle de son corps et calme ses tremblements, il porte une main hésitante à son cou et grimace. Il y a fort à parier que cela laisserait une trace pour quelques jours au moins... Mais là n'était pas la préoccupation principale d'aujourd'hui.
Malgré son évolution récente, Natsume doit avouer que la Chapignon se débrouille divinement bien, et elle assaille l'Electrode de coups. Juste avant que le pokémon bicolore ne se décide à exploser pour leur faire la vie dure, Toruru lui offre un arrière-goût de son Stratopercut et l'envoie se faire exploser en l'air. Bien que l'attaque n'ait jamais été utilisée avant, elle a agi par instinct et les résultats sont tout à fait remarquables. Il rappela Kaede, Takashi, Akane et Tsubaki dans leurs balls, étant donnés qu'ils étaient incapables de combattre.
Il reprend ses forces durant une petite minute, jusqu'à ce qu'il ait cessé de tanguer et de trembler complètement. Puis soudainement, il entendit des cris qui lui firent écarquiller les yeux quand il réalisa à qui ils appartenait, et l'épouvante s'empare de lui. Oh par Arceus, si il ne se dépêchait pas de la rejoindre... Il alla récupérer le flingue du voleur qui était tombé après qu'il ait reçu sa raclée, et avec dégoût, le garda sur lui, juste pour éviter qu'il ne tombe entre de mauvaises mains. Il pressa alors Toruru de le suivre, ce qu'elle fit sans objection, quoique elle gardait un œil sur son dresseur qui, bien qu'il ne tremblait ni ne boitait ou ne tangait plus, n'avait pas exactement bonne mine. Mais il y avait, il était vrai, des préoccupations plus importantes à l'instant. De plus, il ne savait pas ce qui était arrivé au Magnézone et aux deux autres voleurs, alors autant rester prudents.

This bank is our bank !

Feat Charlotte S. Laurens

Natsume déteste les crises d'asthme. Bon, d'accord, dans la catégorie 'phrases qui expriment ce qui est totalement évident', celle-là est assez haute dans la liste. Mais disons que la sensation désagréable de perdre ses moyens après une de ces crises, surtout quand elle est aussi puissante que celle-là (mais très rares sont celles qui pourraient le mettre à terre de cette façon, il s'agit ici d'un cas exceptionnel comme il y en a au maximum deux fois par an, et encore), lui hérisse le poil dans le mauvais sens. Même après avoir pris son médicament, et il sent encore ses mains trembler et son visage est toujours aussi pâle, il le sent, tandis qu'il y a toujours ce creux froid dans sa poitrine. Il ne tangue plus toutefois, ce qui est déjà bien, mais on peut dire qu'il est salement amoché et dans un état à la limite de celui d'un zombie. Néanmoins, il refuse catégoriquement de rester ici en attendant bêtement ; ce n'est pas son genre, et il estimait qu'il avait assez de forces (à tort) pour tenir le coup. Même Toruru lui jetait des coups d’œil alarmés, lui proposant à de nombreuses reprises de s’asseoir et de se reposer, mais l'éleveur lui lança un regard sévère qui lui indiqua qu'il refusait de poser son derrière et attendre que les choses se passent ; il n'était pas encore sûr de l'état des choses avec Charlotte, alors il devait rester à la fois prudent et prêt à agir au moindre signe, bien qu'en était tout à fait honnête envers lui-même (ce qu'il n'était pas), il devrait avouer qu'il serait bien incapable de faire quoi que ce soit dans cet état.  

Alors il marche au côté de la Chapignon, en grognant un peu contre le fait que sa gorge est bien trop sèche, qu'elle le brûle encore et qu'une foutue marque bleue va rester au moins quelques jours, le forçant sûrement à mettre une écharpe ou un foulard pour n'inquiéter personne. Une de ses mains s'est posé sur son cou meurtri et il grimace, juste avant que la tempête de sable ne commence à perdre de sa puissance, ce qui n'était vraiment pas pour lui déplaire. Enfin, cela voulait dire deux choses, après réflexion ; soit l'Hippodocus avait lui-même provoqué la fin de la tempête, soit... Soit il avait été mis KO, et cela aurait été très mauvais signe. Alerte, il se tient prêt à réagir au moindre signe de danger, bien que son ventre le fait encore grimacer à cause du coup de tout à l'heure. Toruru s'est rapprochée de lui, et jette des regards mauvais aux alentours, comme pour intimider des adversaires qu'elle ne voit pourtant pas. Mais une fois la tempête disparue, l'éleveur retire les lunettes de protection qu'il porte pour qu'elles se tiennent sur son front, et il observa les environs.

Tous les otages étaient sortis, et ne restaient plus dans la banque que les pokémon assommés des voleurs, et les voleurs en question, qui avaient en toute somme l'air assez mal en point. Pas un seul mouvement sur son visage toutefois, pas même de la satisfaction. La violence, il n'aime pas ça et ça ne changera jamais, et ce n'est sûrement pas de voir une dizaine d'êtres vivants dans un pareil état qui va le réjouir. Pourtant, il n'est pas attristé pour les voleurs ; disons plutôt neutre et dénué d'empathie. Les seuls pour qui il a vraiment de la pitié sont les pokémon, puisque ceux-là n'avaient fait qu’obéir à leurs dresseurs respectifs et étaient au final, eux aussi des victimes. Mais il avait fallu faire ce qui était nécessaire, aussi difficile et pénible que soit cette admission à faire pour lui qui aimerait prétendre qu'il existait une autre situation, mais non, ce n'est pas le cas. Il n'y avait pas d'autres choix, et il grince intérieurement des dents. Il faut croire que la réalité du monde le rendra toujours amer, même avec le temps ; surtout avec le temps, après réflexion.

Les seuls debout, hormis lui et Toruru, sont au final Charlotte, un Lucario, un Galvaran et un Carmache qui doivent sûrement être ses compagnons. Un léger sourire, très mince toutefois, s'étire néanmoins sur son visage lorsqu'il les voit revenir en bon état. Oh bien sûr, ils ont tous l'air assez abîmés par la bataille qu'ils viennent de vivre, mais au moins, le résultat est là. Natsume observe bêtement la jeune femme, hagard. Il ne sait pas trop ce qu'il est supposé dire dans un moment pareil, et ses pensées vont dans tous les sens. Ce n'est que lorsqu'elle se met à parler qu'il reprend finalement toute sa conscience, et il accorde une caresse tendre sur la tête à Toruru, ainsi qu'un mince et frêle sourire encore un peu tremblant de par sa fatigue.
Oui, ils ont gagné. La nouvelle a encore du mal à arriver au cerveau du lapin qui peine à croire que leur plan de tarés imaginé sur le coup et avec des chances d'échec assez hautes avait véritablement fonctionné. C'était un peu comme un miracle, et même si Natsume ne croyait pas à ces sottises, pessimisme oblige, il n'y avait rien à nier ici maintenant que la vérité s'imposait d'une telle façon à leurs yeux. L'euphorie ramena la chaleur qui avait disparu de sa poitrine, et un sourire stupide, arrogant même, se montra sur le visage fatigué du lapin alors qu'il lui rendait les lunettes de protection qu'elle lui avait gracieusement prêté.

« Bien sûr, qu'on a gagné. Il n'y a jamais eu de doute sur le fait que ça arriverait. »

Oh si, il y en a eu. Natsume lui-même n'y croyait pas, en se jetant dans la bataille, mais il se garde bien de le dire. Il ment à la fois pour remettre un peu de bonne humeur dans toute cette affaire, mais aussi pour se mentir à soi-même et faire disparaître les restants de la crainte qui était née à causes des risques. Ils ont tous deux pris des risques considérables, et s'en sont sortis de peu, de très peu même. Nul doute que lorsqu'il aura à parler de cette affaire, il passera sous silence quelques détails ; le fait qu'il ait manqué de mourir étranglé ou brûlé vif, ça, il l'avouerait uniquement aux autorités, puisqu'il faudrait à coup sûr aller faire des dépositions et expliquer ce qui s'était passé.
Ce qui lui faisait penser que maintenant qu'il faisait à peu près attention, il pouvait voir au travers d'une fenêtre les lumières colorées nées des phares des voitures de police. Il cligna des yeux, et se rappela alors que Kaito n'était toujours pas revenu, ce qui ne manquait pas de l'étonner.
Ils ont dû bloquer toute téléportation possible avec des pokémon psychiques pour éviter que les voleurs ne s'enfuient... Malin. Mais ça nous bloque aussi. Ils ont dû penser qu'on était également partis. Il va falloir sortir en douceur, donc.
Il se tourna vers Charlotte, un sourire bancal sur les lèvres.

« Je crois qu'on va devoir sortir... Les mains en l'air, de préférence. Surtout vu que j'ai un flingue à ma ceinture ; je l'avais récupéré pour éviter qu'un de ces connards ne fasse plus de mal que ça. »

Il prit quelque secondes, durant lesquelles son sourire bancal devint franc et amical.

« Ah au fait... Désolé d'avoir agi comme un con tout à l'heure. J'suis quand même content qu'on soit pas morts. »

Oui, questions phrases stupides, il s'y connaissait. Il jeta un coup d'oeil à l'extérieur, et constata que la police entourait le bâtiment, et que des curieux (et inquiets) s'étaient rassemblés derrière un périmètre de sécurité. Arceus, pour la discrétion, ils repasseraient. Il laissa Toruru se blottir un peu contre lui, et lui caressa une nouvelle la tête. La Chapignon lui répondit par un petit cri de joie, ce qui acheva de lui faire se dire qu'ils avaient bien fait. Pour une fois, Natsume était fier de lui-même.