Je n'avais rien à faire des mes journées, comme d'habitude, à part dessiner, observer, réfléchir et me perdre dans mes pensées. Ce que je faisais le plus souvent, c'était regarder la télévision et critiquer les émissions comme la télé-réalité, ou bien lire des livres pour me cultiver un minimum, puisque je ne sortais pas souvent, à part pour acheter quelques aliments à manger -parce qu'il faut bien se nourrir quand bien même; j'ai appris en cours d'SVT, au collège, que si on ne se nourrissait pas pendant un certain temps, on avait des risques de mourir-. Ce n'était pas comme si je respirais la joie de vivre, bien sûr que non.

Aujourd'hui, comme tous les autres jours, je me rendis à l'atelier de peinture, et fis des crayonnés caractérisant ainsi mon humeur du jour. Sauf que je ne savais pas spécialement de quelle humeur j'étais, aujourd'hui, ce qui expliquait donc les dessins abstraits que je créais.

«♫ I don't mind spending every day, out on your corn-...  ♪»

Une sonnerie de téléphone avait dérangé mon travail. Bravo à celui qui avait eu l'idée de m'appeler. Il avait chassé en seulement une pression sur un bouton toute envie de passer une journée tranquille, rien qu'en dessinant.

-Allô? Oui? ... Oh, Nahil. Ça faisait un bail. ... oui. ... bien sûr. ... non, il est mort. ... je vois. ... vraiment?! super! ... oui, elle est avec moi. ... franchement, elle arrive très bien à m'énerver seule. Elle n'a pas besoin de compagnon. ... ça ne me tente pas. ... vraiment, non. ... je te rappelerai. Enfin, si j'y pense. Oui, à plus.

Nahil, un ami d'enfance avec qui je gardais encore le contact -ce qui était normal puisque c'était lui qui payait à peu près tout ce dont j'avais besoin- venait de me rappeler. Ce qu'il me voulait? Il m'avait expliqué qu'il avait trouvé un fossile, je ne lui ai pas demandé beaucoup de détails dessus, et qu'il était en route vers un laboratoire afin de le transformer le Pokémon. Puis il avait rajouté qu'il voulait me le donner, histoire que je ne me sente pas trop seule. Mais ça n'avait aucun risque; la solitude me plaisait bien. Et puis j'avais Grima avec moi, et elle me suffisait largement, et m'embêtait suffisament. Si elle avait un complice, ma vie risquait de devenir un calvaire. Évidemment, j'exagérais peut-être un peu en disant que ça pourrait être infernal, mais un Feuforêve me suffisait largement. J'étais par contre assez contente d'avoir pu parler à Nahil. C'était mon seul ami, et je tenais un peu à lui, quand même.

Je me remis au dessin. Mon téléphone sonna une deuxième fois, une heure plus tard..

-Oui? ... Encore toi? ... je t'ai dis que je n'en voulait pas, désolée. ... je n'aurais pas pitié. ... un cadeau tu dis? ... ce n'est pas ce qui me manque. ... je ne veux pas de ce fossile. ... je vois. ... mon anniversaire? c'était il y a longtemps pourtant.. ... je n'ai pas vraiment besoin de cadeau, tu m'as donné Grima quand j'étais plus jeune, elle me suffit largement. ... n'insiste pas, je vais devoir accepter, enfin, par principe. ... bon, d'accord. ... très bien, j'irai.

Je raccrochais une fois de plus, Il avait réussit à me convaincre. J'imagine qe ça devait faire partie de son métier, de négocier. Il était le chef d'une grande entreprise aux États-Unis, mais encore une fois, je n'avais pas demandé plus de détails.
Nahil m'avait dit qu'il avait fait un tour à Enola dans le but de me rendre visite, mais il avait trouvé le fossile et avait absolument voulu l'expertiser. Finalement, il a dû repartir à cause de son travail qui lui prenait trop de temps, et avait chargé quelqu'un de livrer le fossile à la grande place d'Amanil le lendemain. J'ai finalement accepté d'y aller. Il a dû payer l'expertiseur, ça a dû coûter cher, puis avait fait venir des États-Unis un homme à Enola dans l'unique but de me le livrer. Il me prêtait beaucoup d'attention et me donnait son argent, c'était vraiment généreux de sa part. Ça devait être une des seules personnes qui soit aussi affectueuse avec moi, et un jour, je m'étais dit que je devais le remercier pour tout ce qu'il avait fait pour moi.

-Feufooo?

-Tu vas avoir un nouveau compagnon. J'espère qu'il ne sera pas comme toi.

-Feufo! Feufo feufo! Rêêêêêêve!

-Très bien, Grima. Je m'excuse si je t'ai vexée alors.

-Feuforêveee!

Elle avait une fois de plus commencé à bouder. Fallait dire que j'avais un peu pris l'habitude. Je continuai de dessiner, sans vraiment prêter attention aux feuilles qu'elle faisait voler. Je la conaissait assez bien pour savoir qu'elle mettait le bazar pour que je m'occupe d'elle, et ce comportement m'exaspérait.

~~~~~~

Le lendemain, je me rendis comme prévu pendant la matiné à la grande place d'Amanil. Il y avait un marché, et beaucoup de monde circulait en me bousculant. Je cherchais des yeux l'homme que Nahil avait envoyé à Enola pour me donner le Pokémon. Comme je n'avais demandé aucun détail sur lui, je ne le retrouvai pas facilement. Je préférais écouter les détails quand c'était quelque chose qui me tenait à coeur, sinon, je classais le reste comme sujet «Pas Intéressant», comme disait Nahil à chaque fois que je m'égarais dans mes réflexions.

Sur la grande place, un homme en costume-cravate portant lunettes noires aux verres teintés se démarquait de la foule. On aurait dit qu'il faisait partie du FBI. Je supposai que ce devait être l'homme dont me parlait Nahil, et que son entreprise devait être vraiment importante pour être habillé de la sorte, et garder un air si sérieux, patient et calme. L'homme ne bougeait pas d'un pouce et se tenait droit comme un poteau, je ne pouvais pas non plus voir ce qu'il regardait à cause de ses lunettes. Je m'approchais lentement de lui, et quand me me tint devant, il s'inclina, comme si il me respectait; étrange façon de dire bonjour en tout cas. Il ne parla pas, et me montra quelque chose à terre. C'était un coquillage...  avec des yeux qui me fixaient. Je mis du temps à reconnaître un Kabuto. Était-ce le fossile qu'on avait expertisé? D'après mes conaissances, les Kabuto étaient fossilisés,à l'origine. En me voyant, la créature recula un peu, comme par peur. Je jetai un regard interrogateur à «l'agent».

-Fossile Dôme, avait-il répondu avec un accent légèrement japonais, ce qui pouvait expliquer sa courbette qui était sûrement une tradition au Japon.

Le Kabuto était à l'origine un Fossile Dôme, Cela confirmait que le Kabuto était à moi. L'homme s'inclina une deuxième fois et partit, me laissant seule avec le Kabuto. Je le pris dans le bras et le ramenait à l'atelier, en faisant attention à ce que Grima ne l'embête pas trop, puis le posait sur la grande table qui se trouvait en plein milieu de la pièce. Le Kabuto essaya de s'enfuir, mais il n'était pas très rapide, et Grima le rattrapa avant qu'il ne puisse aller autre part. Il était à moi, maintenant, même si ce n'était pas ce que je souhaitai le plus.

-Tu m'appartiens Kabuto, mais si tu ne veux pas rester avec moi, je ne t'oblige pas à rester. Au contraire, tu peux partir quand tu veux. Mais dis-toi bien qu'on est en plein hiver, alors si tu veux crever de froid, ça ne sera pas mon problème. Fais ce que tu veux de ta vie, c'est la tienne, après tout.

Je sortis un petit rire en voyant la tête affolée qu'il faisait, puis s'éloigna de moi encore plus. Je ne savais pas vraiment quoi faire, alors je me remis à dessiner. Le Kabuto fut intrigué par le ce que je faisais, alors il s'approcha. Ce n'était pas extraordinaire, ce que je dessiné. C'était juste l'encrage d'un personnage de jeu vidéo que j'aimais bien, qui s'appelait Owain.

Une fois l'encrage finit, je le laissais sur la table sécher, puis partit chercher de l'eau. Quand je revins, Grima avait l'air de se fâcher avec le Kabuto qui semblait, lui, affolé. Je regardais le dessin sur la table. L'encre n'était  pas sèche. Et le dessin, plus visible. Je compris tout de suite; le Kabuto avait renversé l'encre sur le dessin, puis marché dessus juste après, ce qui expliquait les tâches d'encres partout sur la table et sur les deux croquis que j'avais fait la veille et laissés sur la table. Mes dessins étaient fichus. Je poussai un petit cri et foudroyai Kabuto du regard.

-Je ne te ferais rien pour le moment, soit heureux. Mais si tu t'avise de recommencer...

Je ne savais pas moi-même ce que je pouvais lui faire. J'aimais trop les Pokémons pour pouvoir leur faire du mal, sauf si c'étaient des Toudoudous, ou d'autres Pokémons mignons, roses, petits, ronds et en forme de chewing-gum.

Je regardai avec regret le dessin d'Owain que je venais de finir, puis le Kabuto.

-Je sais comment je vais t'appeler, le Kabuto.

-Ka... b-bu?

-Je t'appelerais Owain. Ça sera en souvenir du dessin que tu viens de gâcher. Comme ça, tu auras la "mort" de cette feuille sur la conscience, à chaque fois que je t'appellerai de ton nom.

Et je ponctuai ma phrase d'un léger sourire.