Après la chaleur du volcan de Limar, me voilà aux Montagnes du Nord. J’ai attendu une journée de plus avant de partir. J’avais besoins de me ressourcer encore un peu. J’ai pu faire ample connaissance avec Malik, le nouveau venu, qui est ravi de faire partie de mes compagnons. Je le pensais rudement jeune, mais il s’est avéré que je le scanne avec mon pokedex et que celui-ci m’a affiché les attaques qu’il connaissait. Malik a un très bon niveau. Je pense que niveau expérience, il ne doit pas être loin de Bonnie. Je ne sais pas ce qui s’est passé avec Hendrix lorsque je l’ai attrapé. Un pokémon qui vient de naitre, même s’il possède une capacité à apprendre beaucoup supérieure que les autres, et qui est plus faible que lui, n’aurait pas dû être difficile pour lui. Bon, je l’ai attrapé juste après qu’il ait lancé ses crocs-feu sur mon pokémon, peut-être qu’il aurait mis KO Hendrix juste après. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que ce pokémon a fait exprès de venir me voir. C’est un pokémon mauvais de nature aux premiers abords, mais il peut être très doux et calme. Je pense qu’il doit être protecteur. Peut être un petit peu trop. Il a d’ailleurs souhaité m’accompagner de pattes fermes aux Montagnes. Il ne craint pas la neige, heureusement. Il serait prêt à me suivre dans l’eau.
-C’est bon de partir tôt le matin. Regarde le ciel.
On reste assis quelques instants dans la neige, la tête rivée vers le haut. Le soleil est levé depuis quatre heures et pourtant, il est autant magnifique qu’à son réveil. Les nuages sont orangés et les rayons qui surpassent le haut des montagnes donnent une vision paradisiaque à ce paysage. C’est magnifique. Je crois que même une plage le matin ne peut pas être aussi beau. Je suis faîtes pour la neige et l’eau, je le sais. C’est innée.
Malik, lui aussi, regarde le spectacle naturel avec des yeux ronds. Il se cale sur moi et se pose sur le dos. Il écarte ses pattes de son ventre et me regarde en souriant. Je caresse son torse doucement puis le câline tendrement. Chaque pokémon nouvellement attrapé ont eu des jours d’adaptation. Je fais ça pour tout le monde. Ces pauvres bêtes, on leur enlève la solitude de la liberté pour un univers collectif où chacun compte sur les autres. Je pense que c’est normal pour chacun d’entre eux d’avoir, de suite, une affection particulière. En tout cas, Malik en profite.
-On termine la pause et on s’y remet ! On a encore deux heures de route.On se relève tranquillement puis on continue notre chemin dans ces montagnes. J’essaye d’éviter les tunnels, j’ai peur de m’y perdre. Et puis, je préfère marcher dans la neige qu’être enfermée dans la terre. On est partie tôt le matin. Comme ça, je suis sûre d’avoir du temps dans la journée à Baguin. Même si j’ai prévu d’y rester une semaine, j’aimerai vraiment en profiter. C’est une grande ville avec des jardins et des musées. J’y passerai bien ma vie ! Je veux aussi pouvoir m’entrainer avant de me battre contre le champion d’arène. J’ai une stratégie que j’aimerai mettre en œuvre rapidement et Malik en fait partie. J’ai, d’ailleurs, une idée. Pourquoi pas s’entrainer en marchant ? Il viserait le ciel pour ne pas faire fondre toute la neige ou créer une avalanche, c’est simple. Je sourie à cette idée. J’aime bien avoir ce genre d’idée. Je suis presque fière de moi.
-Malik, tu va me montrer ce que tu sais faire. Compte ça comme un entrainement.Je lui fais un clin d’œil et il accepte ma proposition. Je pense qu’il veut aussi se dégourdir un peu plus. Je récupère mon pokedex dans lequel toutes ses capacités sont inscrites. C’est un bijoux cet engin. Non seulement il répertorie tous les pokémons existants mais en plus, il peut tout connaitre des pokémons enregistrés. Je lui choisis tout d’abord l’attaque lance-flamme. C’est une attaque assez puissante, c’est étonnant qu’un petit être comme lui puisse la connaitre. Il me grimpe dessus puis, lorsqu’il arrive à ma tête, saute et lance un jet de flamme dans les airs. Il retombe sur ses pattes puis se retourne pour voir ma réaction. On dirai les pokémons que les coordinateurs utilisent lors des concours. Avec une chorégraphie, tout ça. Il manquerait plus que la musique et le jeu de lumière et ce serait parfait. Je le félicite puis regarde les autres attaques. Pas mal sont physiques et ne serviraient à rien ici. Par contre d’autres peuvent très bien être utilisées.
-Essaye « Râle Mâle ».Je ne connais pas cette attaque, je ne l’ai jamais vu. Mon Hélionceau coure deux-trois mètres devant moi puis lance un rugissement dans le ciel. Le son est si fort que j’en aperçois des traces dans l’air. Je me bouche un peu les oreilles puis constate que mon pokémon n’est plus là. Je tourne autour de moi-même mais je ne vois que la neige qui m’éblouit à cause du soleil tapant dessus. Je marche jusqu’à l’endroit même où il a rugit mais n’aperçoit rien. Pourtant il devait être facile à observer, il a un pelage brun et a une crête rouge sur la tête. Si ça ne se voit pas sur du blanc c’est qu’il y a un problème. Je me mets à l’appeler. Je commence à la fois à m’énerver mais aussi à m’inquiéter. Non seulement j’ai peur que Bastien soit de retour, mais en plus il faut que mon nouveau compagnon de route disparaisse.
« -Tu devrais faire attention. »
Je me retourne soudainement puis aperçois Malik dans les bras de Coralie. Je lâche un cri de soulagement puis récupère mon pokémon.
-Qu’est-ce que tu fais là ? Je te croyais à Amanil le temps que tu te remette de la mission.La motarde reste quelques minutes là, sans bouger. Son visage étant toujours caché par son casque, je ne peux pas savoir si elle ressent quelconques sentiments. Je la remercie de m’avoir retrouvée mon Hélionceau puis continue à marcher. J’entends les pas de Coralie derrière moi, elle me suit. Je m’arrête donc puis décide de lui parler. C’est vrai quoi ! A quoi ça sert de devoir se côtoyer si on ne sait rien l’une de l’autre. Du moins, je ne sais rien d’elle alors qu’elle connait tout de moi. Mais elle refuse de me répondre. Elle veut simplement me protéger, c’est ce qu’elle dit. Encore une fois, c’est sa voix électronique qui parle, je ne peux pas l’entendre prononcer des mots d’elle-même.
-Ecoute Coralie, que tu me protège, ok mais que tu sois obligé de te cacher, je ne comprends pas. Dis moi qui tu es. Juste pour que je sache le pourquoi du comment. Elle place ses mains sur son casque. Je ressens mon cœur palpiter à mille à l’heure. Je vais enfin voir son visage. Est-ce que je la connais ? Elle enlève une sangle qui fait le tour de son coup puis commence à soulever le casque jaune. Je ne bouge plus et serre de toute mes forces Malik dans mes bras. Elle fait tomber le casque sur la neige. Je vois alors son visage. Du moins, quelque chose que je n’arrive pas à discerner. Je pousse alors un cri de surprise. Sa tête est flasque et rose bonbon, deux yeux bien rond me regardent fixement. Ce n’est pas un humain, c’est un pokémon. C’est…un Métamorphe. Je ne peux pas arrêter d’être choquée. Soudain, tout le corps devient rose. Les vêtements disparaissent pour laisser place au corps du pokémon en entier.
-Que tu es niaise !
Alors que je me remémore cette voix, j’aperçois, derrière le Métamorphe, apparaitre un Alakazam et un Carchakrok. Je me sens bouillir sur place. Sans même me retourner, je lâche Malik et donne un coud de coude derrière moi. Je touche la poitrine du Bastien puis lui donne un coup de poing dans sa mâchoire. Je m’éloigne un peu pour éviter de me faire attaquer en retour. Les pokémons restent là. Je suis peut être devenue courageuse mais je suis toujours aussi conne. Comment aurais-je pu croire que Coralie était un Métamorphe ? Sérieusement, Coralie est humain, ce serait impossible sinon. Pourquoi faut-il toujours que je ne réfléchisse qu’après coup ? Bastien se fout bien de moi, il explose de rire. Mes coups ne lui ont rien faits. Il ne montre aucune douleur.
-Je vais t’harceler jusqu’au bout, Aria. Tu me verra tous les jours. Tu te rappellera de ta mère à chaque fois. Tu va pleurer toutes les larmes de ton corps jusqu’à ce que tu de suicide. Je n’aurai même pas besoins de te tuer moi-même. Puis je vais récupérer ton corps et je le donnerai à ton Carchakrok comme je l’ai fait avec le corps de ta mère.Il fait rentrer ses pokémons dans des balls noires puis rigole encore une fois. Je ressens la haine au plus profond de moi. Je commence à m’énerver encore plus. Je bouillonne encore plus. Je me rue sur lui et lui saute dessus mais m’esquive à la dernière seconde. Je tombe donc à plat ventre sur la neige qui, sur le coup, me glace le visage. Je tourne ma tête vers Hélionceau. C’est comme ça à chaque fois. J’en suis sûr qu’aujourd’hui aussi ça va se passer comme les autres fois. Je suis en danger alors on m’aide. Je ne peux pas me débrouiller seule, alors on me protège. Et c’est comme ça à chaque fois. J’acquiesce le regard de Malik puis me bouche les oreilles. Il fait quelque pas en arrière puis prend une grande inspiration. L’attaque écho est une attaque assez puissante car, pour détruire les tympans, elle y arrive plutôt bien. Mon Hélionceau se met alors à rugir autant qu’il le peut. Encore plus fort que le râle mâle de tout à l’heure. Mais ça ne sert à rien. Bastien s’est téléporté directement avec l’aide de l’Alakazam qui est sortie, sans que je le sache comment, de sa pokéball. Malik s’arrête de rugir puis son corps s’illumine. J’admire ce moment même si j’en suis un peu déçue. Pourquoi faut-il toujours que je sois la victime dans l’histoire. Je sert à rien sérieux. Je pensais m’être remis de la mission rapidement, que je pourrai oublier ça pendant quelques mois. Mais non. Ce connard est toujours là. Il me guette quoi qu’il arrive. Malik marche vers moi. Ce n’est plus un Hélionceau, c’est un Némélios avec une crinière autour de sa tête.
-Merci…Je me relève puis me remet à marcher. Je ne dois pas perdre de temps. Je dois, à tout prix arriver à Baguin et trouver cette Amalia. Bastien veut me faire sentir conne et seule mais grâce à lui, mes pokémons deviennent forts. Je le ferai réduire en cendre. Je le tuerai. J’essuie mes larmes puis me donne une claque. Ce n’est pas en me sentant comme une assistée que je pourrais résister face à lui. Il le provoque tout ça, cette tristesse et ce manque de confiance en moi. Mais il n’y arrivera pas. Je le buterai avant qu’il puisse y faire quelque chose.