Je suis assise sur une chaise, placée devant une table. Mon pouls est anormalement élevé et mes mains semblent trembler de panique. Je ne sais pas ce qui se passe. Ce que je sais, par contre, c’est que je me sens mieux. Le mal de crâne est parti et ma vision floue s’est, elle aussi, en allée. La pièce est assez mal éclairé. La table ronde qui se présente devant moi est étrangement propre au point de voir mon propre reflet à l’intérieur. Mes cheveux sont détachés et lisses - je ne me rappelle pas m’être lissée les cheveux ces derniers temps - et je suis habillée d’une robe blanche que je trouve magnifique. Cependant, je ne l’ai jamais vu. Je n’arrête pas de me regarder avec insistance. Est-ce que c’est vraiment moi ? Mes mains se frottent machinalement comme lorsque je stresse. Malgré ça, je me sens bien. J’ai l’impression de n’avoir qu’un soucis. Mais lequel ? J’essaie de repenser à ce qui s’est passé dans la forêt avant que mon Némélios ne m’emporte mais n’y arrive pas. C’est bizarre. Je lève ma tête pour voir ce qui m’entoure. Rien. Juste la table. Je me rends aussi compte que je ne suis pas seule dans cette pièce. D’autres le sont. Je ne vois pas clairement leur visage mais je sais qu’ils sont là.
« Bonjour à tous et à toutes »
Une porte apparait sur mon côté droit ainsi qu’une personne portant un masque rouge sur le visage. C’est une femme, la combinaison noire fait apparaitre ses formes. Elle tient dans sa main une mallette. Elle le place au centre de la table et l’ouvre. J’observe alors les autres assis autour. A ma surprise, Coralie et Amalia sont parmi eux. Leur regard est vide. Une autre femme et un autre homme sont présents mais je ne me rappelle pas de les avoir vus.
« La Roulette Russe »
Mince, je n’écoutais plus la femme au masque. Elle tient dans sa main un revolver dans lequel elle place une balle dans le barillet. Elle le fait tourner rapidement puis passe le flingue à l’inconnu qui se trouve à ma gauche. Lui aussi à le regard blanc, comme s’il était déjà mort. Je tremble. Il porte le canon sur sa tempe puis appuie sur la détente. Rien ne se passe. Le Barillet tourne d’un cran. Je n’arrive pas à voir le nombre de cran présents mais je sais qu’il y en a peu. Je commence à avoir peur. Je suis la prochaine. L’homme enlève le flingue et le tend à sa gauche. Amalia le prend d’un seul coup et tire sans que rien ne se passe. Un soulagement se fait sentir en moi. Elle a eu du cran. Comment oser faire ça alors qu’on risque tous de mourir ? Je regarde la masquée qui n’a pas bougé d’un poil depuis tout à l’heure. Elle reste droite et attend quelque chose. La résistante qui a aidé ma mère donne ensuite le pistolet à l’inconnue qui décidé, quant à elle, de placer le canon dans sa bouche. Ses cheveux bruns tombent jusqu’à sa poitrine et elle porte elle aussi la robe blanche. Je ne vois aucune peur dans ses yeux, rien. Je ne sais même pas si elle est aveugle ou non. Dans tous les cas, toutes les personnes réunies à cette table à part moi doivent être droguées. Ce n’est pas possible sinon. La détente se presse. Je trouve que quelque chose à changer. Nous ne sommes plus cinq. Ma place a été décalée d’un rang. La brune a disparut. Du sang parcourt la table sur tout sa surface et déborde même sur ma robe blanche. Je regarde mes mains. Elles sont tellement rouge ! La masquée recharge l’arme. C’est au tour de Coralie de jouer. Elle porte encore son casque. C’est con ça, elle n’aura rien c’est sûr. La ball va ricocher. J’ai peut être une chance de survivre à tout ça. Car si Coralie tire et que la balle se loge dans le casque, tout ira bien. A la fois pour elle et pour moi. Mais quand la brune est morte, l’autre a remis une ball dans le revolver. Qu’est-ce qu’elle veut faire ? Un « il n’en restera qu’un » ? Soudain, l’inconnu et Amalia disparaisse. Je suis debout, en face de Coralie qui se tient sur ses deux talons. Elle point l’arme sur moi. Mais je ne ressens rien. Il ne se passe rien. Je n’ai plus d’émotions. Comme si tout cela était normal. Elle presse la détente et je sens la balle transpercer ma poitrine. Je n’ai aucune douleur. Cependant, je sens que je meurs. Mes genoux fléchissent et je tombe au sol. Ma vision se trouble puis plus rien. C’est noir. Complètement noir. Ce n’est pas comme l’obscurité ou les ténèbres. C’est pire. Affreusement pire.
***
J’ouvre mes yeux d’instincts dès que je peux. Mon angoisse revient ainsi que toutes les émotions que j’avais perdu. Je tourne ma tête de droite à gauche. Némélios et Hendrix sont toujours là. Ma respiration va trop vite. J’en suffoque presque. J’ai besoins de respirer sans savoir comment. Pas comme d’habitude, c’est comme si on m’avait privé d’air pendant des jours et qu’enfin je pouvais à nouveau. Les effets de tout à l’heure sont partis. Je ne ressens rien. A part de la tristesse et de la peur. Je me relève mais une main me plaque au sol.
-Non, tu es trop fatiguée.Je reconnais facilement la vois d’Amalia. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Je regarde mes pokémons et remarque quelque chose de différents. Mon Zébibron est plus grand que d’habitude. Il a l’air plus mûr et plus robuste. Enfaite, ce n’est plus un Zébibron.
-Je t’expliquerai tout en détail ok ? Mais d’abord, dis moi comment tu te sens ?J’essaye de le savoir mais rien ne se fait. Je ne comprends absolument rien de ce qui est en train de se passer. Je revois ensuite plusieurs flashs. D’abord de Béatrice sur une table agonisant, de Coralie tombant dans de la lave, Amalia se noyant et de ma silhouette tombant au sol après la roulette russe. Tout se repasse en boucle sans que je comprenne quoi que ce soit. Je tourne ma tête vers celle qui m’a sans doute sauvé et lui fait un signe de tête pour lui dire que ça va.
-Je t’ai retrouvé sur ton Némélios. Tu étais bouillante et ton cœur battait de moins en moins vite. J’ai même cru qu’il allait s’arrêter. J’ai demandé à ton Zébibron de te lancer une légère décharge électrique puis il s’est mis à évoluer.Je sourie à Hendrix en lui faisant un clin d’œil. Il a toujours fait les choses plus vite que les autres. En plus d’être un pokémon assez résistant, pour ce que j’ai vu pour l’instant, il arrive toujours à dépasser ses compagnons de routes. Voilà qu’après plusieurs semaines depuis son éclosion, il change de forme. Je fais alors le point de mon état. J’ai quelques courbatures mais sinon tout va bien. Je suis beaucoup trop fatiguée. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé et je trouve d’ailleurs louche qu’Amalia m’ai trouvé comme ça dans la jungle d’Anula alors qu’elle vit à Baguin. Elle est pour quelque chose, je le sais. Comme mon corps n’est pas au meilleur de sa forme, je décide de lui faire confiance pour l’instant. Après tout, cette femme ne m’a rien prouvé. Nous restons donc là, pendant plusieurs dizaines de minutes. Cette journée est particulièrement merdique et j’ai hâte de rentrer à l’hôtel. Juste pour me reposer un peu même si j’ai peur que les songes reviennent. Je ferai ce que j’aurai à faire. Le tout pour l’instant c’est de le faire au moment voulue. De toute façon, je ne suis pas encore sortie de cette forêt. Je risque d’attendre longtemps.