Badge n°3

VS Gloria Davidson

Lorsque Karl était venu ici, il ne l'avait pas fait dans l'espoir de continuer la compétition ou même de parvenir jusqu'à la ligue ; loin de lui cette idée. Son affection pour la musique était bien supérieure à ce type d'ambitions, et il ne se serait jamais prétendu un grand amoureux des combats. Sur le moment, d'ailleurs, Clive n'avait pas vraiment compris pourquoi il tenait à ce point à l’emmener, lui et Faust, le voir mener un match dans l'arène de sa ville natale. Il avait même exprimé un peu d'ennui, comparé à son frère qui lui avait explosé les tympans au moins six ou sept fois, au minimum. Enfin, il n'était pas très vieux, ce qui expliquait cela. Pendant longtemps, il s'était contenté de penser que son géniteur voulait simplement faire le malin devant eux et les impressionner. Il ne comprend pas forcément mieux maintenant, mais il a l'étrange impression que ce n'était pas pour ça. Peut-être voulait-il également imprimer des souvenirs dans leurs esprits. Malheureusement, il n'aurait jamais de véritable réponse, et ne pouvait que se contenter de s'interroger en silence.
Sa place est différente, maintenant. Pour la deuxième fois, il se tient en tant que challenger tandis que son Galopa se précipite vers son adversaire. L'angoisse ne lui ronge plus l'estomac, mais il ne sent pas plus excité que ça pour autant. Tout au plus, tout cela est pour lui une tâche à accomplir comme les autres. Il doit, cette fois, et n'a plus vraiment le choix, alors sa concentration est plus vive. Son envie de gagner, aussi, alors qu'il rechigne d'ordinaire à s'impliquer dans quoi que ce soit qui pourrait se révéler être une déception au final. Mais il s'étonne lui-même de l'attention qu'il porte à l'étalon alors que celui-ci, plus rapide que jamais, administre son offensive à son adversaire. Boutefeu lui vole une bonne partie de son énergie, mais le coup est si efficace qu'il met à terre le Feuilloutan à lui tout seul.

Tandis que le Galopa trébuche un peu, les jambes flagellantes et les sabots instables, l'arbitre déclare la fin du match sans plus attendre. Le cheval respire irrégulièrement, fatigué par toutes ces attaques et l'adrénaline qui parcourait son corps. Raiden accoure déjà vers lui pour le féliciter tandis que son dresseur s'approche à pas lents, plus mesuré. Délicatement, il s'agenouille pour caresser la croupe d'Ephraim sans un mot, se contentant de quelques remerciements muets. Il saurait lire entre les lignes, de toute façon.
Le cœur battant toujours un peu plus vite, il s'incline respectueusement devant la championne et récupère son badge. Toujours un peu surpris lorsqu'il en gagne un, il le fixe pendant quelques secondes, encore incapable de se dire que cette petite chose pourrait lui permettre d'atteindre son but. Mais il n'en manque plus qu'un, et le moment approche.