There and Back Again |Faust|

There and back again

feat. Faust Donovan

Alors que le manoir se dessinait, sombre édifice contre le flanc boisé de la colline, la nervosité m’envahissait de nouveau. Je me campais contre la banquette du taxi sans savoir à quoi m’attendre. Ruby reposait contre mes genoux, attentive à la route. La jeune Absol veillait toujours sur moi et je l’avais choisi pour m’accompagner lors de mon retour à la maison dans l’objectif peut-être d’y prévenir un désastre, que ma compagnie saurait détecter. Pourtant elle scrutait les alentours d’un calme olympien qui ne suffisait pas à me rassurer. J’appréhendais énormément de retrouver ma vieille demeure, celle où j’avais vécu énormément d’expériences pour la plupart assez difficiles ces dernières années. Je craignais de replonger, certainement, au-delà de me confronter à mes souvenirs. J’étais remis désormais de ma rupture, autant qu’on peut s’en remettre évidemment. J’avais évité l’endroit si longtemps qu’à présent je craignais vraiment de renouer avec mon vieux manoir. Néanmoins quelque chose de profond et d’incommensurable me poussait à retracer mes pas, à revenir aux sources. Malgré mon anxiété palpable, je me sentais prêt. Il faudrait simplement serrer les dents quelque peu et combattre l’émotivité. Je caressais la tête de Ruby dans cette optique et elle ronronnait autant pour signifier son appréciation des caresses que pour me réconforter. Je lui souriais, heureux de sa présence. Elle rendait la chose bien plus aisée.

Elle se redressait d’un mouvement pourtant et mon regard suivi le sien vers l’entrée principale de la demeure. Il s’y était rassemblé un groupe important de journalistes armés de leurs blocs-notes et de leurs appareils photo. J’ignorais comment ils avaient su pour mon arrivée… Probablement qu’un employé de la maison avait chanté à ces rapaces qui sitôt le taxi en vue le bombardaient déjà de clichés. Je frissonnais, trouvant dans mon sac une paire de lunettes fumée afin qu’ils ne voient pas, dans mes yeux, la peur que je ressentais face à mon retour dans ce monde. J’attachai aussi ma chevelure argentée, maintenant à mes épaules et tachais de conserver mon calme. Mais je me sentais envahi. D’affronter les paparazzis faisait partie de ma description de tâches en tant que Maître Coordinateur pourtant cette fois je ne m’en sentais pas capable. La voiture s’arrêta et j’émergeai alors qu’un employé ouvrait la portière et me débarrassait de mes sacs. Sans un sourire, je m’approchais de la foule assemblée. Je remarquais enfin les fans, dont certains crièrent mon nom et saluèrent mon arrivée par des applaudissements chaleureux. Eux aussi, j’aurais préféré ne pas les voir. J’appréciais grandement leur dévotion mais je préférais largement la solitude dans un instant semblable où je retenais faiblement contre ma poitrine les derniers éclats de ma vulnérabilité. Sous les encouragements de la foule et les questions fourmillantes des journalistes, je tâchais de me maîtriser.

Ruby, à mes pieds, ne grognait pas mais ses iris rougeâtres trahissaient son animosité. Les questions fusaient à une telle vitesse que je ne pouvais saisir le sens d’aucune. De derrière mes lunettes fumées, ils ne pouvaient pas voir que mon regard s’était porté vers l’entrée de la demeure, bien au-delà de leurs présences bourdonnantes. Il me démangeait sérieusement de les planter là et de rejoindre l’intérieur où je pourrais retourner à mon ermitage habituel. Dans le brouhaha, une question émergea d’entre toutes, scandée par un jeune homme particulièrement agressif qui brandissait un microphone devant ma bouche. Les autres se turent aussitôt, pour en écouter la réponse.

«Monsieur Young, après votre maladie, votre rupture et une année décevante sans le moindre concurrent, qu’est-ce qui se prépare pour vous?»

Le silence. Je titubais presque devant la question, et «et quoi maintenant» perpétuel qui hantait nos existences. Je ne pouvais lui répondre. Je me sentais déjà las, fatigué, émotif. Je ne trouvais pas la moindre issue à ce questionnement, devant ce jeune journaliste ou devant moi-même. Si je prenais le chemin du retour, c’était plutôt par dépit, et non par conviction quelconque d’un tout nouveau projet sachant m’animer. Ainsi je restais silencieux, triste et perdu, à remercier le ciel pour ces verres fumés qui couvraient mes traits et ainsi ma détresse. Lorsque le garçon répéta sa question, je sus que je pourrais y échapper.

«Sans commentaires. S’il vous plaît, laissez-moi passer.»

Malheureusement, la foule se referma sur moi. J’étais prisonnier.

(c)Golden

Sujet: Re: There and Back Again |Faust| Dim 15 Jan 2017 - 22:22

There and Back Again

Feat Maxwell R. Young

« Tu veux bien me dire ce qui te prend ? Hé, Fae, j'te cause ! »

Inutile d'attendre une réponse, toutefois, et il était bien au courant que sa vieille amie ne lui ferait aucun cadeau. Elle ne le regardait pas, fixant un point dans l'horizon alors qu'il terminait de nouer ses chaussures avec rapidité. Il était à peine rentré chez lui après avoir emmené Alice à son atelier de guitare que l'Absol l'avait à moitié agressée, l'incitant à l'emmener quelque part où il n'aurait pas cru aller aujourd'hui. Un peu agacé par le mutisme de sa partenaire, Faust s'était toutefois exécuté. Ce n'était pas la première fois que la femelle chromatique l'emmenait quelque part sans le prévenir de quoi que ce soit, et encore, au moins cette fois, il était au courant de sa destination. Si cela avait été quelqu'un d'autre, hormis Dalhia, il aurait probablement pris son temps, mais les demandes de Fae étaient différentes. Les pressentiments de son espèce étaient après tout bien connus, et pas seulement une légende, de telle sorte que le hérisson avait fini par cesser de protester. Maintenant, il se contentait de grogner un peu, aussi inutile que ce soit.

Pourtant, ces temps-ci, il ne pouvait pas se plaindre que sa vie soit troublée. La grande majeure partie de ses proches étaient en paix, Clive recommençait enfin à s'ouvrir petit à petit et à quitter sa chambre (miracle) et pour tout dire, rien de mauvais n'était encore arrivé. Au vu du début d'année catastrophique qu'il avait vécu, il n'allait pas se plaindre de ce changement de situation. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter au moins un peu quant à la raison de l'agitation de l'Absol, cherchant dans sa tête le moindre indice qui aurait pu l'aider à comprendre pourquoi elle paraissait si troublée.
Il n'eut pas de réponse directe à sa question, toutefois. Même lorsque Daryl les téléporta sans plus d'attente vers leur destination, à une centaine de mètres à peu près du lieu d'arrivée. S'époussetant en rappelant son Natu, il ne retint pas un vague grognement blasé envers Fae. Celle-ci l'ignora copieusement, puisqu'elle était déjà en train de s'avancer. De là où ils étaient, ils pouvaient apercevoir la demeure de Maxwell, que Faust n'avait pas vraiment l'habitude de visiter, pour tout dire. Aussi sans-gêne qu'il soit, il n'avait pas tendance à s'inviter chez les autres comme ça, encore plus quand il n'était pas un ami. Mais bon, si Fae insistait...

Il fut toutefois surpris d’apercevoir une masse de personnes attroupées devant la maison, et une grimace de dégoût se dessina sur son visage en remarquant des caméras, des micros et des perches tendues vers un seul point. Un seul point écrasé, et l'air pas franchement à l'aise, si bien que Ruby elle-même était tendue. En dépit du fait que sa propre Absol voulait agir, Faust n'était pas sûr qu'il s'agissait d'une bonne idée. Si il intervenait maintenant, en plus avec Fae, nulle doute qu'il serait reconnu immédiatement. Il recula donc un peu et libéra sa Zoroark qui poussa un petit rugissement agacé, dérangée d'être embêtée pour si peu. Une fois l'Absol rappelée, il jeta un regard presque suppliant vers la femelle.

« Allez, sois sympa, t'auras des friandises en plus ! »

Une lueur un peu méprisante dans son regard, Myra finit par accepter en grognant. L'illusion ne mit que quelques secondes à s'installer. Lorsqu'il découvrir l'apparence dont sa Zoroark l'avait doté, il cligna des yeux avant de fixer la renarde d'un air à la fois ébahi et un peu indigné.

« C'était obligé, les collants criards ? Tu le sais que le monde n'est pas prêt à découvrir ma pilosité jambière, hein, pourtant ? »

Inutile. La Zoroark paraissait très fière de son coup, et semblait ravie d'avoir changé l'image de son dresseur en celle d'une jeune femme tout ce qu'il y a de plus normal... Hormis pour les vêtements, évidemment. Entre le débardeur Hello Kitty pailleté couvert de strass, le mini-short moulant, les collants qui laissaient voir le fait qu'il n'avait pas pensé au rasoir depuis deux bons mois et, pour couronner le tour, le poil au menton. Faust leva les yeux au ciel, plutôt blasé par la revanche puérile de sa Zoroark. Il avait autre chose à faire, toutefois.
Il s'approcha donc sans plus attendre, et se fraya un chemin entre les caméras et les sangsues vivantes, tandis que la renarde poussait quelques grognements mauvais pour pousser les plus téméraires à s'écarter. Maintenant qu'il se trouvait à côté de Maxwell, qui avait visiblement connu de meilleurs jours, il le tint par l'épaule pour qu'il s'éloignent progressivement de l'endroit où ils se trouvaient. Voyant leur persistance, le Donovan fronça les sourcils et prit la voix la plus aigue qu'il pouvait imiter, en dépit du ridicule. Argh. Pour le coup, il regrettait presque l'époque de ses 14 ans, pour une fois.

« Dites, d'où est-ce que vous l'embêtez, le pauvre monsieur ? Rolala, faut vraiment tout vous apprendre... Allez, ouste ! »

Son petit numéro attirait quelques regards interloqués, mais peu importe. Le but était qu'ils s'éloignent, et ils furent bien forcés, quand la Zoroark montra les crocs. Pressant un peu le pas à l'Absol et à son dresseur, il fit quelques mètres avec eux. Ce fut à ce moment que la Zoroark leva une partie de son illusion, plus particulièrement celle qui concernait son visage, pour que le plus vieux ne croit pas qu'il était en train d'etre kidnappé par une folle. Au moins, de dos, les journalistes ne se rendraient compte de rien.

« Aucune manière, sérieusement, ces mouches à crottin... »

Et c'était lui qui parlait. Une fois que Maxwell eut ouvert la porte, Faust s'assura qu'elle soit bien refermée. Ce ne fut qu'à ce moment que la Zoroark mit enfin fin à son illusion grotesque, et le conseiller grogna quelque peu en soupirant de soulagement. Il adressa alors un regard mécontent à la renarde, qui se contenta d'un gigantesque sourire satisfait.

« Bon sang, Myra, j'ai vu mieux, comme idée ! »

Elle tira la langue sans aucune maturité, avant de jeter des coups d’œil curieux vers la demeure, sans doute plus intéressée par ce qu'elle voyait que par son dresseur et ses reproches. Néanmoins, maintenant qu'elle le snobait, il se rappela soudainement qu'il n'était pas venu les mains vides. Enfin, disons qu'il tenait encore Maxwell, et qu'il s'inquiétait quelque peu de son état actuel. L'air un peu gêné, Faust se força à un sourire désolé.

« Ah. Euhm. Yo. Désolé de t'avoir un peu malmené, mais pas le choix. »

Ou disons plutôt qu'à chaque fois que je veux faire simple, ça devient n'importe quoi.
Après s'être raclé la gorge, il observa le plus âgé, quelque peu inquiet. Il n'était pas sans savoir que son état de santé avait subi quelques déconvenues récemment, alors il avait quelques raisons d'être préoccupé. Mine de rien, il n'avait pas dû être une grande aide, quand il avait dû faire son numéro.

« Donc, euh... Tout va bien ? J'ai pas encore besoin d'appeler un hôpital, dis-moi ? Enfin au pire, tu peux me dire où est le canapé, que je t'y pose ? »

Un peu maladroit sur les bords, il ne savait pas vraiment quoi dire, au vu de son arrivée grotesque. Il aurait bien voulu saluer proprement Ruby et admirer à quel point elle avait grandi, mais il y avait d'autres priorités, pour l'instant.

Sujet: Re: There and Back Again |Faust| Mar 17 Jan 2017 - 0:14

There and back again

feat. Faust Donovan

Il ne se dessinait alors pour moi aucune issue que celle de lasser les journalistes de réponses évasives. Par expérience je savais pertinemment que les fatiguer pourrait prendre un bon moment, d’autant plus que je venais de passer un long moment hors de la vie médiatique et que de nombreuses questions, rumeurs et spéculations couraient à mon sujet. Je jouais toujours de l’aspect médiatique de mon travail à mon avantage mais parfois, le piège se refermait sur moi. Ruby avait beau protester de grognements antipathiques, ses tentatives de les éloigner ne fournissaient aucun résultat concret. Je soupirais, un peu nauséeux de me trouver ainsi bombardé, heureux que mes lunettes fumées couvrent la moitié de mon visage et ainsi la majorité de ma détresse. Je ne percevais plus qu’une multitude de voix avides de couvrir mes silences, avides de me décortiquer tel un spécimen rare. Malgré ma confusion, je remarquai l’approche d’une jeune femme particulière, qui me sembla un peu pileuse pour son genre. Elle traversa la foule de journalistes avant de me saisir avec une force insoupçonnée. Je n’osai bouger, un peu déboussolé par son apparition je devais bien l’avouer. Celle-ci s’accompagnait d’un Zoroark qui accompagna ma Absol dans un effort pour repousser les journalistes. Elle me venait en aide! S’agissait-il d’une fan au grand cœur? Je ne me souciais plus vraiment de qui elle était, je profitais simplement de cette accalmie alors que nous pouvions tourner le dos à mes assaillants. Puis il se produisit quelque chose de profondément troublant. Sous mes yeux ébahis, le visage quelque peu étrange de la dame devint… celle de mon collègue Méphisto, Conseiller de type Ténèbres.

J’hoquetai de surprise (et d’une part de dégoût quand même, non pas que Faust me soit dégoûtant, mais comprenez que l’image était quelque peu déroutante). Je fus soulagé de me retrouver dans la maison, la porte fermée sur cette mésaventure. Le jeune homme avait repris son allure normal et j’en remerciais tous les dieux que je connaissais, et je pouvais enfin jouir de la quiétude de ma demeure. Moi qui appréhendais mon retour, voilà que je ne ressentais plus qu’un immense apaisement. Un peu plus loin, les employés de la maison attendaient, les yeux ronds devant notre invité inattendu. Je leur adressais un regard pour les rassurer. J’aurais quelques ordres à leur transmettre, mais pour le moment j’avais à m’entretenir avec mon sauveur. Le trouble passé de sa précédente apparence, je ne pouvais que ressentir pour lui une profonde gratitude de m’avoir sorti de ce mauvais pas. Comme quoi je pouvais compter sur mon collègue Élite. Nous n’étions pas exactement amis, ou proches à vrai dire. Mais à ce moment là il était parfaitement le bienvenue chez moi. Je lui souris, un peu épuisé par tout ceci.

«Monsieur Donovan a raison, Myra, l’illusion était ma foi… quelque peu troublante.»

Je frissonnai à y repenser, reprenant mon souffle. Faust semblait désolé de la façon dont il m’avait mené ici, et s’en excusa d’ailleurs presque aussitôt, ce qui me fit sourire, attendri. Il s’inquiétait aussi pour moi ce qui causa un bref rire. Sous ces airs puérils se cachait décidément un cœur généreux. Je le jugeais parfois trop rapidement, mais nous étions si différent qu’il était difficile de nous rapprocher. L’idée qu’il tente de me porter jusqu’au sofa le plus proche m’amusait un peu vu la différence de taille, mais je me contentai de lui adresser un geste pour le rassurer.

«Non. Je vais bien, ne vous inquiétez pas. Merci beaucoup pour votre aide… je paniquais un peu devant… eh bien tout ceci. Déjà que de rentrer ici, aujourd’hui est…»

Je m’interrompis avant de me retourner vers Faust. Ruby lui tournait autour, calme mais insistante à sa façon. Elle désirait voir sa mère, bien entendu, et transperçait le Conseiller d’un regard presque suppliant.

«Hum… d’ailleurs, que faites-vous ici, exactement?»

(c)Golden

Sujet: Re: There and Back Again |Faust| Lun 30 Jan 2017 - 23:30

There and Back Again

Feat Maxwell R. Young

Toujours un peu perdu, il s'essaya à un sourire maladroit, quelque peu gêné. Il n'avait pas vraiment prévu de finir ici, à la base, et il devait avouer être au moins quelque peu mal à l'aise. Si sa Zoroark paraissait plutôt fière de son coup, et que visiblement Maxwell lui était reconnaissant pour son aide, le Donovan n'était pas encore tout à fait sûr qu'il faisait bien de rester par ici. Il aurait compris si le plus vieux désirait qu'il quitte les lieux, puisqu'il s'était introduit d'une manière plus ou moins particulière, mais cela ne semblait pas être le cas. Au moins, il n'allait pas s'écrouler au sol et vomir toutes ses tripes dans les cinq prochaines secondes, ce qui rassura en partie le hérisson. Tant qu'il ne faisait pas de crise de panique dans les quinze prochaines secondes, Faust pouvait bien supporter les regards interloqués des domestiques. Pas comme si c'était la première fois que l'on le regardait bizarrement, vraiment.
En haussant un sourcil face à la phrase non terminée du coordinateur, la présence de Ruby lui fut alors rappelée. Son air quémandeur ne passa pas inaperçu aux yeux du conseiller, qui fit une moue amusée. Eh. Tel père, telle fille, quelque part. Il ne fit rien remarquer sur le coup, et se contenta d'un sourire un peu niais face à la question de Maxwell. En gloussant bêtement, il se massa la nuque.

« Ah, bah bonne question, en fait... Moi-même, j'en sais rien. Enfin, pas vraiment, mais... Rah ! »

Constatant qu'il n'était pas capable de faire une phrase correcte, il entreprit de décrocher la ball de Fae, dont l'Absol chromatique se libéra immédiatemment. Elle poussa un petit rugissement rapide, mécontente d'avoir été enfermée jusqu'à leur entrée dans la demeure, et même si elle fixait son dresseur d'un air mécontent, son attention ne resta pas portée sur lui bien longtemps. Dès lors que son regard émeraude eut prit connaissance de la présence de sa seconde fille, une lueur plus tendre se dessina dans ses prunelles. Avec lenteur et délicatesse, la femelle posa doucement sa tête contre celle de sa progéniture, la gâtant ainsi de caresses sans toutefois manquer d'une certaine forme de retenue. Faust soupira d'un air désinvolte.

« Fae était... Je sais pas, elle avait l'air troublée, et elle m'a fait venir ici. Je suppose qu'elle voulait voir Ruby... ? En tous cas, elle est magnifique, c'est fou à quel point elle a grandi ! »

Si il se retenait de sauter sur la fille de son amie pour la couvrir de câlins et d'affection, c'était avant tout car il possédait tout de même un miniscule gramme de self control, au fond de lui. Et au fond, Fae l'aurait sûrement découpé en sashimis si il avait osé briser leurs retrouvailles, donc il s'était retenu. Néanmoins, depuis tout à l'heure, quelque chose continuait de remuer ses tripes, et Faust n'était pas du genre à ignorer son instinct quand il se manifestait à sa porte.

« Enfin, euh, c'est sûrement pas à moi de m'imiscer là-dedans et dites-moi si ce n'est pas ma place mais... Tout va bien ? Z'avez l'air un peu palôt, en toute honnêteté. »

Il y avait d'autres moyens de dire ça, sûrement. Certains l'auraient fait avec subtilité, délicatesse, peut-être même sans poser les pieds dans le plat aussi abruptement. Mais bon, Faust n'était pas du genre à tourner autour du pot quand les choses étaient pourtant aussi simples. Il avait peut-être tort, mais quelques coups d’œil rapides et les connaissances qu'il avait déjà auparavant lui mettaient la puce à l'oreille. Et puis bon, Faust ne serait pas lui-même si il n'avait pas la sale habitude de s'impliquer un peu trop plus ou moins partout.

There and back again

feat. Faust Donovan

Je ne pouvais comprendre le sentiment qui animait Ruby, ni la tendresse de sa mère une fois libérée par son dresseur. J’avais nommé la petite Absol en l’honneur de ma propre génitrice, décédée il y avait de nombreuses années déjà. Ma mère, elle était… Eh bien elle faisait de son mieux. Pour survivre, chaque jour plus difficile que le précédent, elle souffrait de bien des maux, victime collatérale de nombreux méfaits, de l’aveuglement sociétal surtout. Ruby n’avait rien de méchante, mais nous n’avions jamais entretenu des rapports classiques de père à sa mère. J’étais une erreur, une bouche de plus à nourrir, et je devais fournir ma part, point à la ligne. Elle ne m’offrait que peu de tendresse, il s’agissait de son personnage plutôt que d’une réelle envie belliqueuse. Je souriais de voir mon alliée réunie avec l’Absol du Conseiller. Cette vision attendrissante me réchauffait quelque peu après cet envahissement de la part des journalistes. Je regrettais moins la présence de monsieur Donovan, qui balbutiait quelque peu en tâchant de trouver une explication à sa présence. J’en venais à douter qu’il ne se trouvait ici que par curiosité. Néanmoins, même si je le connaissais peu, j’en savais assez pour réfuter cette hypothèse. Il devait être ici pour une simple visite de Fae à sa fille, ce qu’il confirma en quelque sorte par ses explications. Peut-être la mère avait-elle eu un mauvais pressentiment et s’était précipitée pour nous sauver de l’amalgame malsain de journalistes afférés à l’entrée de ma demeure?

Dans tous les cas je remerciais mon vis-à-vis d’un sourire franc, avant de caresser le pelage épais de la jeune Absol. Elle n’était pas celle qui se nourrissait de compliments, ainsi elle se contenta d’hocher la tête, un peu gênée. Je la savais touchée tout de même, mais surtout satisfaite de voir la même fierté chez sa mère. Faust s’enquit ensuite prudemment de mon état, ce qui me fit soupirer. J’avais espéré le dissuader d’agir ainsi en le rassurant une première fois, mais je me voyais interrogé à nouveau. Soit. Je ne pouvais pas exactement nier que j’avais vécu de meilleurs jours, mais je décidai tout de même de forcer un sourire plutôt convainquant pour le convaincre qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter.

«Je vais bien. Disons que ma santé n’est plus ce qu’elle était depuis ma maladie, mais c’est surtout l’aspect psychologique qui est un peu troublé. Vous voyez, il fait un moment que je… n’ai pas mis les pieds dans ma demeure. Pour… des raisons ou d’autres.»

Je réalisai avoir ouvert une porte aux confidences. Je n’avais que peu parlé de ma rupture à d’autres dans un geste d’auto-préservation naturel et intuitif chez moi. Je ne connaissais pas assez le Conseiller pour le faire, ainsi je souris à nouveau avant de faire signe à un de mes employés qui s’approcha en nous observant avec curiosité. Il n’avait pas l’habitude des visiteurs, tout comme moi d’ailleurs.

«Peut-être servir quelque chose à notre invité? Quelques bouchées et un peu de limonade?»

«Très bien monsieur.»

Il faisait beau aujourd’hui, malgré la saison des pluies. Un ciel couvert, percé de rayons dorés. Nous serions bien dans le jardin.

«Maintenant que vous êtes ici, aussi bien profiter un peu, n’est-ce pas? Suivez-moi je vous en prie.»

Je le menai jusqu’à l’autre extrémité du manoir, une véranda que j’appréciais particulièrement. Plusieurs de mes alliés se trouvaient dans les jardins et la cour et me saluèrent cordialement avant de vaquer à leurs occupations habituelles.

«Vous pouvez libérer vos Pokémon, si vous le souhaitez, mes amis apprécient toujours un peu de compagnie.»

Tout comme moi, à l’instant. Je n’étais pas prêt, pas prêt à me retrouver seul encore parmi cette grande demeure.

(c)Golden

Sujet: Re: There and Back Again |Faust| Mer 15 Mar 2017 - 20:20

There and Back Again

Feat Maxwell R. Young

Mouais. Il commençait à douter de son choix de suivre Fae, à vrai dire ; aussi bonne que soient les intuitions de son ami les trois quarts du temps, il avait toutefois la forte impression de s'être fait passer pour un pigeon. Mais bon. Pas comme si il pouvait dire quoi que ce soit, à vrai dire. Alors il se contenta de ravaler son mécontentement car celui-ci ne le sauverait pas du malaise qu'il ressentait depuis qu'il était entré ici. Le calme de cette grande demeure, comparé au bordel ambiant de la sienne, était assez déconcertant. Il n'aurait pas pu faire avec, personnellement, et même si ses raisons n'étaient pas les mêmes, il comprenait bien la difficulté qu'avait le coordinateur à revenir ici. Sans Alice, Isaac, Natsume ou même son squatteur de frangin adoptif, son chez soi lui aurait paru très vide, et il aurait déjà opté pour un logement plus petit. Il ne comptait pas poser de questions supplémentaires quand à la situation de l'aîné, assez respectueux des jardins secrets des autres en temps normal. Fouiller sur les questions sensibles, après tout, n'était pas de son genre. Et puis, si il savait bien ce qu'il voulait dire par état de santé, il n'était toutefois pas suffisamment indiscret pour poser plus de questions.

« Ah. J'vois. Ça craint. »

Il n'avait pas plus d'éloquence que ça, oui, aussi désolant que ce soit à remarquer. Si il avait des ennuis ou des soucis, il n'était peut-être pas encore temps pour lui d'en discuter avec quelqu'un, encore moins à une connaissance lointaine. Toutefois, et heureusement pour son malaise, il interrompit le flot de la conversation pour demander à un des domestiques de leur amener de quoi grignoter. Si il n'avait pas spécialement faim, il n'était jamais contre le fait de se mettre quelque chose dans le ventre, alors il suivit sans opposition Maxwell jusqu'à sa véranda. Il en profita d'ailleurs pour jeter quelques coups d’œil, curieux, sans pour autant mettre le nez dans ce qui ne le regardait pas.
Une fois arrivé, il cligna des yeux devant la possibilité de libérer ses pokémons, et il hocha bêtement de la tête. Laissant à Dalhia, Hadès, Izumi, Arthur et Myra le droit d'aller se dégourdire les jambes. Il espérait par ailleurs que l'Arcanin en profite pour aller voir sa seconde fille, ce qui n'aurait normalement pas su tarder. Il observa sans rien dire en premier lieu les créatures déambuler, l'air assez mal à l'aise, avant de reprendre la parole.

« Mais dites, euh. Si vous êtes tout seul dans une aussi grande baraque, sans rien faire de la journée, ç'pas tellement étonnant que ça en devienne oppressant... J'me ferais bien chier, enfin, euh, j'veux dire que je m'ennuierais pas mal »

Il se força à garder un langage à peu près correct, ne sachant pas jusqu'où il pouvait aller à ce niveau avec une vague connaissance. Mais vrai que sa condition actuelle lui faisait lever les sourcils ; il devait bien y avoir quelque chose qui aurait pu le détendre ou lui faire oublier, même momentanément, ses soucis, non ?

« J'veux dire... Vous n'avez même pas de quoi jouer un peu ? Vous savez, les consoles, c'est bien, aussi. Et moi quand j'me sens pas bien, j'regarde des vieux épisodes des Tortues Ninjas ou de Batman, ça fait un bien fou au moral. Vous avez vu Batman au moins ? Non parce que c'est magique, j'vous jure. »

Il ne savait pas trop pourquoi il parlait de ça, à vrai dire. Il laissait les mots sortir tels qu'ils étaient, sans se poser la moindre question sur le fait que son interlocuteur aurait eu toute les raisons du monde de se foutre complètement de ce qu'il racontait. D'un côté, cette supposition aurait pu être adaptée à toutes les personnes qu'il croisait, vu le moulin à paroles qu'il pouvait être par moment. Il se gratta la nuque, avant de sourire un peu bêtement.

« Dites, d'ailleurs, j'ai regardé une d'vos prestations y'a peu, c'était sympa. Je saurais jamais m'en sortir à votre place, j'suis bien trop une brute pour ça ! Ça doit être super dur, d'attaquer et de faire attention à la forme en même temps. »

Il gloussa légèrement en repensant à ses tentatives catastrophiques d'il y a quelques années. Quand, vexé et encore arrogant, il avait déclaré à Winter que la coordination ne devait pas être si difficile. Bon, il se pardonnait à lui-même sa bêtise lorsqu'il n'avait même pas vingt ans, mais la raclée qu'il avait pris avait suffi à lui faire comprendre que non. Il n'avait pas essayé depuis le temps, ne souhaitant pas se ridiculiser davantage, et au fond pas assez curieux pour tenter le coup. Un peu flemmard sur les bords, aussi ; il avait déjà assez de travail comme ça, à ses yeux. Mais pour Faust, il y en aurait toujours assez, de toute manière. Puis, réalisant quelque chose, il grimaça un peu.

« Ah, désolé. J'parle trop, ça doit être un peu étouffant. Mauvaise habitude. »

C'était peu dire, vraiment. Le hérisson espéra qu'il ne lui en tiendrait pas trop rigueur puisque, quelques secondes après, et avoir posé un regard global sur le bâtiment, il ne put s'empêcher de poser une question qui lui brûlait les lèvres, à vrai dire.

« Mais si vous n'aimez plus cette maison, n'empêche, pourquoi est-ce que vous y restez ? J'veux dire, vous ne manquez pas de moyens pour en trouver une autre, alors... »

C'était sûrement un peu indiscret, mais la question était sincère. Il n'y avait aucune curiosité mal placée dans sa voix ; uniquement une sincérité toute naturelle. La question se posait, quelque part, et Faust avait toujours mis les pieds dans le plat sans s'en rendre compte.

Sujet: Re: There and Back Again |Faust| Dim 19 Mar 2017 - 23:19

There and back again

feat. Faust Donovan

De nombreux éléments m’opposaient à mon collègue Élite et je pouvais constater cette disparité dans nos échanges. Il ne s’agissait pas d’une situation particulièrement dérangeante, mais il en demeurait aisé de dénicher entre nous de profondes différences qui sans faire de nous des ennemis, venaient tout de même rendre plus difficile nos échanges. Je me décrivais par le calme, la tranquillité et l’extrême politesse, m’adressant toujours à autrui derrière les barrières de la civilité. Échanger avec autrui ne correspondait pas réellement à mes forces, si bien que je préférais me cacher derrière l’audace de Monsieur Image lors de mes performances devant public. Pour sa part, Méphisto était énergique, amical et familier. Il ne semblait pas impressionné par moi ou par quiconque et offrait toujours aux autres chaleur et amitié. Quoi que peut-être un peu trop rustre à mon goût, je l’appréciais tout de même, même si tant de choses nous tenait éloignés. Même maintenant, je constatais que nos échanges n’avaient rien de vraiment naturel. Il me faisait énormément penser à Victoria, et je n’avais été guère surpris d’apprendre qu’ils étaient amis. J’avais toujours eu du mal à me rapprocher de ce genre de personnes même si je n’avais absolument rien contre eux. Je préférais le calme, tout simplement. Faust ne pouvait pas comprendre réellement ce qui me poussait à toujours revenir vers cette maison même si j’y ressentais parfois de la solitude ou de l’inconfort. J’en avais fait ma paroi contre le monde, un lieu où je me sentais bien et en sécurité.

Soupçonnant fortement que viendrait d’autres paroles, je me contentai un bref sourire énigmatique, dans l’intention de raffiner ma pensée par la suite. Je comptais m’expliquer tout de même. Je me plaisais dans la solitude, mais je me demandais s’il pouvait comprendre ce point de vue. Certaines personnes préféraient s’entourer et je les admirais. Ils me semblaient plus heureux, plus soutenus, et Méphisto en faisait partie. Comme s’ils s’épanouissaient par le contact avec leurs proches. De sa perspective, mon existence devait sembler bien triste, et voilà qu’il cherchait déjà à combler les vides par un peu d’aventure. Je souris, amusé et un peu confus. Consoles, Tortues Ninjas (il devait inventer pour celui-ci d’ailleurs) et Batman? Je ne reconnaissais que le dernier mot, un superhéros de la nuit, un personnage louable bien qu’un peu violent. «Console»… il devait faire référence aux jeux vidéos.

«N-non, je n’ai rien de tout ceci, enfin… j’en doute fortement. Vous avez dit les quoi ninja?»

Il enchaîna rapidement sur le sujet de mes prestations et là, je repris un peu plus mes marques. Je soupirai de soulagement et rigolai doucement en imaginant mon collègue tenter les Concours. Malgré ses dires, je reconnaissais chez lui les qualités d’un excellent Coordinateur, à savoir qu’il était futé. Il réfléchissait bien sur un terrain et n’hésitait pas à piéger ses adversaires. Le côté brute s’adaptait, mais je n’osai le contredire. Il y devait avoir un événement particulier derrière ses réticences. Je n’eus pas le temps de répondre qu’il parla à nouveau pour s’excuser de sa volubilité avant de me poser une question qui me désarçonna quelque peu. Je restai silencieux un instant, mais par crainte de le voir parler de nouveau, j’obtempérai à répondre. Quelque chose me disait qu’il était mal à l’aise avec les silences.

«Cette maison est mon havre de paix depuis quelques années. Avec ce qui se passe sur l’île… Je me sens bien ici, isolé, en sécurité. Mon mode de vie doit sembler triste, et en ce moment cette demeure me rappelle effectivement des souvenirs douloureux de ma séparation et de ma maladie, mais d’y retourner fait partie de mon processus de guérison. Puis n’oubliez pas que je ne suis jamais seul, mes Pokémon m’accompagnent partout où je vais et leur présence me suffit amplement… Bien que j’aimerais bien de plus nombreuses visites de ma sœur. Mais vous connaissez les jeunes filles… Elle préfère vivre sa jeunesse que de s’adresser à son vieux frère.»

Oui, je me sentais seul. La Coordination et ma peine comblaient ma vie depuis tellement longtemps. Emilio avait réparé ce cœur brisé, et maintenant que je surmontais la douleur de notre séparation, ce cœur me semblait bien vide, grand et solitaire.

«J’occupe la majorité de mon temps au travail. Enfin, la Coordination n’est pas un fardeau pour moi, ou une besogne. Si j’ai atteint ce niveau aujourd’hui, c’est parce que je pratique souvent douze heures par jour. Ou du moins je le faisais. Je suis un peu fatigué maintenant. Hum… Sinon comment passez-vous vos passe-temps? Vous parvenez vraiment à rester assis assez longtemps pour regarder une série ou un jeu vidéo?»

Je souriais, malicieux. Oh oui, je me moquais un peu de lui, mais gentiment.

(c)Golden

There and Back Again

Feat Maxwell R. Young

Il parlait trop, comme d'habitude. Rien d'inhabituel, de toute façon, c'était un de ses vieux défauts qu'il n'avait pas tellement à cœur de corriger. Peut-être que cela allait mettre son interlocuteur mal à l'aise ; c'était un risque à prendre. Il ne s'en préoccupait pas tellement que ça, plus surpris et presque indigné d'entendre que Maxwell n'avait visiblement aucune connaissance des tortues ninjas. Il fit une moue indignée et boudeuse, hésitant presque à lui demander si il était sorti ne serait-ce qu'une fois dans sa vie. Mais bon, ce genre de propos aurait pu être pris comme une insulte, et ce n'était nullement l'objectif. Ce qu'il dit quant à sa sœur lui fit d'ailleurs immédiatement oublier ces propos blasphématoires, et il gloussa doucement en se rappelant qu'Alice commençait déjà à réclamer qu'il ne vienne plus la chercher juste devant la sortie de son école. Faust n'était pas encore vieux, loin de là, mais il avait parfois l'impression de l'être, quand il voyait grandir certains de ses proches. Et même si le moindre cheveu blanc lui provoquait une crise d'urticaire, il en riait malgré lui. Un sourire amusé s'étira sur son visage.

« Je connais ça, ouais. 'Sont vraiment ingrats, ces jeunes. »

Que dire de Natsume ou même de Samaël sur ce point, d'ailleurs. Mais bon. Cette fausse complainte était plus affectueuse qu'autre chose, et il continua d'écouter son interlocuteur en silence, attentif. Il jouait pourtant nerveusement avec les nœuds de sa veste, tout en laissant son regard bleu se perdre sur les silhouettes de ses pokémon qui découvraient les lieux avec curiosité. De ce qu'il entendait, le coordinateur lui paraissait être un peu dans le vague, ou du moins perdu dans ses pensées. Faust ne souhaitait pas trop le perturber, ne jaugeant pas qu'il était de son ressort d'intervenir dans des pensées personnelles que son voisin voulait peut-être gardé secrètes. Il trouva toutefois important de répondre à ce que venait de dire l'homme aux cheveux argentés. Paresseusement, il étira ses muscles et bailla longuement avant de sourire tranquillement. Un air niais sur le visage, il pianota des doigts sur la première surface qu'il trouva.

« Ah nan, j'dis pas que vous devez être triste. Moi aussi, j'aime bien être seul, de temps à autre. Mais ça n'a pas l'air d'être la fête non plus, alors... »

Il haussa les épaules, voulant se donner l'air assez détaché pour ne pas presser le plus âgé. Il pouvait parfaitement comprendre son désir de solitude, après tout, même si beaucoup devaient douter de cette affirmation. Le conseiller ne chercha néanmoins pas à en parler davantage, assez discret sur sa vie personnelle et ce genre de détail. Il changea d'ailleurs assez vite de sujet, reprenant alors un ton plus enjoué et gai, toutes dents découvertes alors qu'il souriait bêtement. Les mains derrière la nuque, il ricana.

« Hé, quand même ! Mais bon, entre ma fille, les entraînements et tout un tas d'autres choses, je n'en ai pas tant que ça, du temps... »

Il n'allait pas avoir un discours de type de trente ans passant sa vie à se plaindre de son emploi du temps, mais disons que le sien se faisait de plus en plus serré au fur et à mesure que le temps passait. Il n'était pas tant dérangé que ça, bien que ses années plus libres lui manquaient un peu. Ces soirées où il pouvait profiter de ses heures de liberté avec sa famille étaient d'ailleurs une excellente récompense. Mais il ne s'attendait pas à voir Maxwell s'essayer à une demie-blague sur le sujet, en tous cas, et il aurait presque applaudi l'effort si il avait pu. Ou si il avait eu la foi, ou la certitude qu'il n'aurait pas été vexé par une telle action. Il se contenta donc de prendre un ton faussement moqueur, comme pour l'encourager, une moue prétentieuse et over-dramatique sur son visage.

« Pour vot' gouverne, j'suis même imbattable à Street Figther. Enfin, si vous savez ce que c'est. Pas qu'il y ait une honte à pas comprendre, hein, j'dis pas ça. »

Mouais, évidemment, hormis s'embrouiller tout seul, il n'était pas capable de grand chose. Cela ne l'empêcha pas de poser sa main sur son front comme une grande diva, un rictus narquois sur les lèvres, espérant qu'il était assez ridicule comme ça pour que le plus vieux comprenne qu'il ne faisait que rigoler. Toutefois, au delà de son ton, peut-être que certains de ses mots eux-mêmes ne seraient pas saisis par le maître coordinateur. Perplexe quant à cette possibilité, il plissa les sourcils.

« Mais du coup, vous avez jamais... »

Il ne termina pas sa phrase, et hésita d'ailleurs quelques longues secondes. Bon, il n'y aurait qu'un moyen de le savoir, de toute façon...

« Hm. Bougez pas. »

Il décrocha la pokéball de son Natu et disparut dans un téléport dès lors que l'oiseau fut libéré. Quelques minutes passèrent, et il réapparut ensuite comme si de rien n'était. Perché sur sa tête, Daryl gazouillait tranquillement, l'air un peu fatigué. Le Donovan, lui tenait un sac de camping particulièrement lourd, plein à craquer de coffrets et d'appareils électroniques en tous genres. Péniblement, et dans un grognement face à la lourdeur de ce qu'il portait, il finit par lâcher sa cargaison par terre en expirant lourdement. Un air satisfait, il croisa les bras.

« Fiou ! Voilà ! Si vous vous embêtez, j'ai de quoi faire. Bon, alors... Une partie de Mario Kart, ça vous tente ? Si vous connaissez pas, hein. Pis j'ai pris des films. Si les jeux vous ennuient... »

D'accord, d'accord, c'était peut-être un poil excessif. Mais croire que Faust ne pouvait pas l'être, surtout quand cela concernait ses passions d'éternel gamin, c'était être très, très naïf.

There and back again

feat. Faust Donovan

Je n’aurais pas utilisé le terme d’«ingrate» pour qualifier ma sœur. Il me semblait davantage qu’elle poursuivait sa propre voie. Qu’à mes heures, je devais lui rappeler la lourde réalité de notre enfance. Au-delà même, nous possédions tous deux des personnalités opposées. Là où je témoignais plutôt d’un caractère inhibé, renfermé et posé, elle représentait plutôt la flamme de la jeunesse par son dynamisme, son énergie et son amabilité. Non pas que je fus bien vieux, au contraire. Mais bien des obstacles dans ma vie me le faisait ressentir, et parfois, comme je venais de le nommer à mon compatriote Élite, je me sentais fatigué. La maladie, puis cette rupture, en plus des tourments incessants apportés par le Régime et leurs nébuleux schémas… Il me tardait de retrouver la paix, si peu celle-ci soit possible. Auprès de ma sœur, je retrouvais une certaine assurance. Ou du moins une sensation de familiarité. Elle me poussait à contrer mes réflexes, à m’ouvrir au monde pour peu qu’elle y parvienne. Je reconnaissais quelques-unes de ses qualités chez mon interlocuteur quoi qu’il fût plus âgé. Je me trouvais bête à présent de ne pas l’avoir remarqué plus tôt, et surtout d’avoir cherché, parfois, à éviter sa présence. La vérité était que malgré mon léger malaise à me trouver auprès d’une personnalité aussi différente de la mienne, j’appréciais réellement les efforts qu’il mettait pour à la fois me mettre à l’aise et pour prendre contact avec moi.

Je sentais sans l’ombre d’un doute qu’une vie solitaire telle que la mienne le mettait en état de déséquilibre. J’avais compris que plusieurs personnes habitaient sous son toit, dont le nouveau Maître d’Enola, de sa fille et de quelques autres. Il était vrai que cette idée me séduisait, surtout maintenant. Avoir un enfant à moi, une famille. La chose me paraissait profondément inaccessible, et son commentaire me plongea dans une perplexité quelque peu lourde. Effectivement, si la présence de mes Pokémon m’apportait mon lot d’affection et de soutien, il me tardait de fonder une famille, si seulement la chose m’était accessible. Il m’arrivait, à mes heures, de réaliser à quel point je m’ancrais dans mes habitudes, au détriment de l’exploration que j’avais prôné lors de mon départ d’Amanil, plus de quinze ans auparavant. Depuis, j’avais changé. Et cette idée m’attristait. Le temps filait si rapidement… Faust le nommait à l’instant. Entre les entraînements, la vie de façon générale, on se retrouvait aisément embarqué dans un engrenage qui nous précipitait quelque peu. Je me demandais bien où étaient passées les dernières années. Pourtant, maintenant que j’avais enfin la chance de m’arrêter pour contempler l’avenir, je me trouvais quelque peu dépourvu face au temps qui…

«Strat Ficher?»

Effectivement, je n’en connaissais rien, ce qui se trahit alors à la fois par ma prononciation terrible de ce titre anglais, mais aussi par l’ahurissement total de mes prunelles. Alors qu’il me demandait si je n’avais jamais joué, je ne pus que confirmer ses doutes. Dans les bidonvilles, les jeux vidéos représentaient un luxe si lointain que je ne l’avais jamais envisagé. Oh, je devais bien avoir joué une fois ou deux en compagnie de mon meilleur ami, mais je n’en conservais guère de souvenirs. Cette époque me paraissait si lointaine… À présent, je ne trouvais pas beaucoup d’intérêt à me prêter au jeu ou à regarder un film. Je préférais largement la musique et la lecture. Je relevai la tête, perdu dans mes pensées, juste à temps pour observer le Conseiller disparaître dans un claquement familier.

«M-mais attendez! C’est quoi Strite Fegère?»

Sans réponse, je me rassis, un peu surpris de voir que le Conseiller avait laissé ses Pokémon dans ma cour… Peut-être avais-je loupé un mot ou deux en me plongeant parmi mes souvenirs. Il devait avoir dit quelque chose avant de partir. Je décidai de l’attendre donc, en buvant un verre de limonade fraîche apportée par un employé de la maison. Le liquide froid me rafraîchit. Il me faisait bon de retrouver mon balcon et mes jardins. Mes Pokémon m’avaient manqué aussi. Certains me saluaient avant d’entraîner les alliés de mon collègue dans de trépidantes aventures. Et parlant de trépidantes aventures, voilà que Faust revenait, un sac à la main.

«Vous… avez amené votre… comment on appelle ça? Bidule? Appareil…? Pour jouer?»

Je l’observais, surpris, mon mouvement pour boire ma limonade stoppé net. Je dus boire une nouvelle gorgée avant de poursuivre nerveusement :

«Je… c’est que je n’ai jamais vraiment… Je ne serai pas vraiment doué vous savez, et je ne dis pas ceci par fausse modestie. J’ai du mal même à prononcer le nom de vos jeux. M-mais je veux bien essayer, pourquoi pas après tout.»

Je sentis l’approche d’un de mes alliés. Turbo, mon Mustéflott, s’approchait, intéressé. Nos rapports avaient été quelque peu difficiles pendant mes mois passés loin de la maison et je sentais qu’il s’était senti abandonné. Je n’avais pas l’intention de laisser filer cette occasion de me racheter.

«Il y a une salle possédant un cinéma maison dans le manoir, c’est un des endroits préférés de Turbo. Nous ouvrirais-tu la marche, Turbo?»

La loutre hocha la tête avant de s’engouffrer dans la demeure. J’attrapai mon verre et le suivis, tout en invitant le châtain à en faire de même d’un geste de la main. La salle en question se trouvait à l’arrière du manoir, dans une pièce sans fenêtre, propice à la diffusion de films. Je n’y mettais presque jamais les pieds. On y retrouvait deux séries de sofas confortables et dans un coin, une machine à popcorn que je n’avais même pas le souvenir de posséder.

«Je vous laisse installer votre… truc… et je prépare un peu de popcorn?»

(c)Golden

There and Back Again

Feat Maxwell R. Young

Visiblement, son interlocuteur n'y connaissait vraiment, mais vraiment rien. Ce ne serait pas la première fois qu'il aurait affaire à un pareil cas, vu qu'il avait bien éduqué son cousin à ce propos, mais il devait avouer être quelque peu perdu quant à la marche à suivre. Peut-être était-il trop brutal dans sa manière de faire, mais c'était tout naturel chez lui. Son trop-plein d'enthousiasme débordait toujours sans aucune espèce de contrôle, laissant la plupart des gens qui le côtoyaient perplexes. Il essaya donc de se calmer un peu, ne désirant pas que son tempérament effraie le maître coordinateur d'une quelconque manière. Quand il confirma effectivement ne rien y connaître, Faust se permit un petit gloussement amusé. Au moins, il pourrait se dire qu'il s'était rendu utile, ne serait ce que pour le bien de l'humanité !
Il hocha vivement de la tête quand Maxwell proposa d'aller dans la salle de cinéma du manoir, en se demandant d'ailleurs pourquoi il s'embêtait alors qu'un salon aurait parfaitement suffi. Mais bon, tout le monde n'avait pas son goût pour le bordel constant, et il était au courant. Il jeta d'ailleurs un regard curieux au Mustéflott qui les accompagnait, n'en ayant que rarement vu, puisque celle de son jumeau avait tendance à rester dans son coin. La proposition de l'homme aux cheveux argentés le fit sourire comme un imbécile, et alors même qu'il peinait à porter toutes les consoles et autres jeux qu'il avait apporté, il prit la parole d'un ton enjoué.

« Okidoki ! C'est parfait, tout ça. Z'allez voir, ç'un peu dur au début mais on s'y fait vite ! Même ma fille me bat, des fois... »

Ouais, ça... En utilisant quarante fois le même coup et en martelant ses touches, mais tout de même. Bah, il le fera peut-être aussi, mais ce serait déjà bien si il arrive à utiliser les manettes.
Bon, d'accord, c'était un peu vache, mais avouez que si vous avez déjà joué à quoi que ce soit avec un débutant, vous savez que c'est souvent ce à quoi il fallait s'attendre. Faust s'en contenterait, plus qu'heureux de partager un de ses hobbies favoris. Il entreprit donc de se mettre à démêler les fils contenus dans le bazar sans précédent qu'il avait emmené avec lui, étouffant plusieurs jurons ma foi très vulgaires devant la complexité de la tâche. Il manqua même une ou deux fois de se blesser, par un miracle que nous ne parviendrions par à comprendre même en essayant.
Quand Maxwell fut revenu, il s'empressa de lui faire une place bien confortable sur le canapé, plein de coussins, et alluma la console avec toute l'impatience d'un enfant de cinq ans. Sautillant presque place, un grand sourire d'imbécile sur son visage, il parla très vite en mettant une manette dans les mains du plus âgé.

« Bon, alors en gros, on appuie là pour accélérer, là pour reculer, on bouge avec le stick, et là c'est pour faire des dérapages. Pis bon, y'a aussi ce bouton pour les objets mais on va aller doucement, hein. On va faire une course d'entraînement ! »

Lui parler de la route arc-en-ciel tout de suite, ce n'était peut-être pas un plan idéal, hein, juste comme ça. Il laissa à Maxwell le temps de s'adapter aux contrôles, faisant avancer son personnage à une vitesse relativement modérée, en déposant malgré tout quelques peaux de banane derrière lui ; il fallait bien qu'il apprenne, héhé !
Une fois que ce fut fait et qu'il l'eut dépassé, un rictus mauvais se dessina sur le visage du conseiller. Il attendit patiemment, reconnaissant le chemin qu'ils prenaient et, quand le moment fut opportun, fit tomber le personnage du coordinateur en le poussant par dessus la route. Une exclamation d'hilarité lui échappa, et son ton devint joueur.

« … Par contre, tous les coups sont permis. C'est pas drôle, sinon. Puis on apprend plus vite, comme ça ! »

Et c'est plus rigolo, surtout.

There and back again

feat. Faust Donovan

De par mon enfance ma foi peu orthodoxe, j’étais passé à côté de certaines expériences, me forgeant la mienne à contre-courant. La survie occupait alors toutes mes préoccupations en ne laissant que peu d’occasions de développer l’étincelle de l’enfance, la notion de jeu ou même d’imagination. La Coordination me permettait tous les jours de vivre cette jeunesse volée par la pauvreté et la faim. J’avais du découvrir bien des éléments bien plus tard, comme de lire ou écrire. Même regarder un film me paraissait peu naturel, alors que dire d’un jeu vidéo? J’avais dû participer quelques fois à ce genre de jeux auprès de mon ami d’enfance, mais j’avais alors préféré les jeux de stratégie sur console portative. Plus intuitif, moins coloré et rapide. Un peu de lecture et il suffisait à comprendre les règles relatives du titre concerné. Néanmoins je m’y connaissais encore moins dans les appareils fixes (déjà qu’il me faisait absolument horreur d’utiliser un ordinateur…) et alors que je revenais auprès de mon invité-surprise, les mains occupées par deux gros sacs de popcorn agrémenté de beurre, je fis la grimace. Les directives du Conseiller m’apparaissaient plutôt simples et pourtant mon instinct me laissait croire qu’il y aurait plus que quelques commandes à comprendre dans ce jeu. Mario Kart… Une course. Je parvenais à saisir l’objectif au moins, soit d’arriver premier à la ligne d’arrivée. Le design simpliste des personnages me rassura un peu. De toute évidence, ce jeu s’adressait à un public plutôt jeune. Ce ne devait pas être bien compliqué dans ce cas, non?

Je m’installai donc auprès du jeune homme, prenant un instant pour me familiariser avec la manette. Je repérai aussitôt les boutons indiqués par mon partenaire Élite. Un nouveau coup d’œil vers l’écran-cinéma que je sursautai. Nous étions déjà prêts à choisir nos personnages. Je choisis la tortue nommée Koopa ainsi que l’énergumène en salopette verte, Luigi. Ennuyé par la sélection, je me contentai de la voiturette par défaut, puis nous étions enfin prêts à nous affronter sur la route. Je fis un faux départ puis tentai de rattraper mon adversaire. Faust avait eu raison : les commandes s’avéraient intuitives et naturelles, et je parvins à rejoindre le Conseiller (non sans foncer dans quelques murs auparavant). J’y mis toute ma concentration, le suivant de près afin de préparer ma chance pour le dépasser quand je me trouvai dans un trou, poussé par l’autre kart. Je me retournai vers le Conseiller, interdit. N’était-ce pas tricher? Et que dire des pelures de banane qu’il laissait à mon intention depuis le début? À ma surprise, je fus remis en jeu. Je mis quelques secondes avant de réaliser la chose… Trop tard, Faust avait filé. Je ne protestai même pas alors que s’affichait le résultat de la course. Je devais m’y attendre après tout.

«Une belle course. Je crois être prêt pour la prochaine, cette fois avec d’autres voiturettes.»

Et ainsi je préparais ma vengeance. Je comprenais peu à peu que les blocs animés de point d’interrogation offraient certains pouvoirs ou armes spécifiques, telles que les bananes. J’allais devoir apprendre à m’en servir afin de ralentir mon adversaire qui, visiblement, avait bien de la pratique devant lui. Le jeu m’absorbait et j’en oubliais mon malaise de revenir parmi ma demeure après les événements de la dernière année. J’ignorais alors si l’objectif du Conseiller avait été de me procurer ce sentiment de bien-être et de chaleur depuis le départ, mais ce jeu remplissait sa fonction, soit de rendre cette maison un peu plus vivante. La deuxième course débutée, je dus m’habituer à la présence d’autres joueurs. Ils me servaient de pratique pour ma véritable cible : Faust. Je mis du temps à le rattraper, mais une fois dans ma mire, je projetai une carapace contre lui et boum! Dans le mile. J’éclatai de rire avant de prendre la première place en me doutant fortement que ça ne durerait pas.

«Vous aviez raison, ce n’est pas si difficile!»

Je souriais tel un enfant.

(c)Golden

There and Back Again

Feat Maxwell R. Young

Il ne pensait pas réellement faire ce genre de choses en venant ici. Enfin, pas comme si de base il avait vraiment un quelconque plan, mais les événements s'étaient emballés et il se retrouvait maintenant à jouer à Mario Kart avec le Maître Coordinateur. Barf, pas comme il se plaignait, hein, parce que Faust n'était jamais totalement contre le fait de sympathiser avec quiconque, au fond. Mais l'autre lui avait toujours semblé si austère et rigide qu'il n'était pas sûr de pouvoir passer au delà de son air un peu renfermé. Quoique au vu de certains membres de sa famille, on pourrait débattre qu'il avait largement assez d'expérience en la matière, et qu'il aurait presque pu donner des cours. C'était presque à considérer, maintenant qu'il y réfléchissait, mais il n'était pas sûr de pouvoir assurer la qualité du résultat.
Enfin, en tous cas, on pouvait dire qu'il y avait de l'avancement. Au moins, ce n'était pas comme Clive, qui sabordait volontairement les parties en faisant exprès de perdre pour faire croire à son jumeau qu'il était une cause perdue, alors que le hérisson noir était même bien plus doué que lui. Ou encore comme Natsume, qui, de temps à autre, se révélait assez mauvais perdant. Il en oubliait presque son désir d'apprendre l'art du divertissement vidéoludique à son hôte, ne serait ce que pour le fait qu'il se débrouillait plutôt pas mal, pour un débutant. Mais il le sous-estimait plus qu'un peu, et fut donc pris de court quand une des carapaces envoyées par Maxwell heurta son personnage. Surpris, il fut déconcerté pendant quelques secondes, suffisantes pour qu'il soit dépassé par d'autres personnages, et fixa son adversaire avec les sourcils haussés.
Eh beh, ça y est, j'ai réussi à lui tirer un air content !
Plutôt fier de lui quant à ce miracle, il esquissa un sourire et ricana sans retenue. Il prit la parole d'un ton péteux, volontairement over dramatique et ridicule.

« Prenez pas trop la grosse tête, parce que c'est maintenant que le vrai jeu commence ! »

Et, en disant ceci, il leva un pied pour le mettre devant le visage de Maxwell, lui obscurcissant ainsi la vue pour le déconcentrer. Pour agrémenter un peu la vision, il remua des doigts de pied avec un immense sourire de trou de cul sur son visage de petit con fier de lui. Puis, pour être encore plus ennuyant, il prit la peine de s'étaler tranquillement, les jambes sur le cordon de la manette du coordinateur. Enfin, il bailla de manière très forcée en étendant au maximum ses membres, avec un air arrogant et très fier.

« Bah alors, on a du mal à se concentrer ? »

Oui, c'était très stupide et puéril, et il n'était pas entièrement sûr que l'homme aux cheveux gris rentrerait dans le jeu, mais il n'avait pas pu s'empêcher de tenter le coup. Bah, au pire il saurait à quoi s'en tenir.

« Dis, une raison à laquelle tu n'y as pas touché ? T'avais pas des potes pour ça ? »

Peut-être qu'il avait des parents stricts, ou alors qu'ils n'avaient juste pas assez d'argent, ce qui était tout à fait possible. Il n'aurait peut être d'ailleurs pas dû poser la question, comme cela aurait pu être considéré comme de l'indiscrétion, mais c'était trop tard pour revenir en arrière.

There and back again

feat. Faust Donovan

Je n’aurais jamais même imaginé jouer à un jeu vidéo, et encore moins y prendre goût autant. À cet instant de difficiles réflexions et de confusion générale, j’appréciais énormément la simplicité des commandes et du système de jeu. Suivre la voie, balancer quelques carapaces de tortues et esquiver les attaques. Un plan de match cartésien qu’il me suffisait de suivre sans véritablement réfléchir. Au fil de l’exercice, le jeu devenait une extension de moi-même et je laissais mes réflexes guider mon avancée parmi les courses. Le jeu devenait une habitude et je comprenais mieux tout l’engouement autour de ces articles. Je m’étais figuré les jeux vidéos telles des abominations violentes et sans le moindre objectif. Je constatais alors mon idée faussée par la méconnaissance. S’il devait exister certainement des jeux correspondant à ces critères, je voyais plutôt celui-ci, Mario Kart, telle une occasion de socialiser en compagnie d’amis dans une compétition parfaitement innocente et puérile. Parlant de puérile, voilà que le Conseiller de type Ténèbres me réservait une de ses basses stratégies à laquelle je répondis par un gémissement outré. Je tâchai de rester concentré dans la partie, mais chacun de ses assauts venait à bout de mes tentatives. Je perdis bêtement, pas même dans les premiers. Bourdeur, je lui adressais une moue mécontente, sans souligner sa tricherie. Il savait très bien de toute façon, alors à quoi bon?

J’appréciais aussi d’en découvrir un peu plus chez le Conseiller. Nous avions toujours eu un peu de mal à nous rejoindre de par nos personnalités opposées. Je ne comprenais pas exactement ce qui rassemblait autour de lui autant de gens. Peut-être le jalousais-je un peu par le passé. Aujourd’hui, j’entrevoyais la part généreuse et attentionnée de Faust. Dissimulée derrière un charme enfantin, je comprenais qu’il m’avait proposé ce jeu afin de me rendre le moral en quelque sorte, surtout après m’avoir vu troublé ainsi à mon arrivée. Il n’était que bonnes intentions, et sous ces sourires niais, un cœur d’or. Je me décevais de ne pas avoir entrevu ces qualités auparavant, d’autant plus que j’en avais eu l’occasion. Impressionné par son côté flamboyant, j’avais un peu rapidement écarté le jeune homme. Au final, il était plutôt gentil. Surtout, il parvenait à me faire sentir chez moi dans ma propre demeure. Je souris en pensant que cela expliquait probablement pourquoi sa maison accueillait autant de gens. Je savais désormais vers qui me tourner pour retrouver un sentiment de familiarité. Sa question, néanmoins me prit un peu au dépourvu. Je posai ma manette en soupirant. Le jeu ne me tentait plus de toute façon. Je fatiguais un peu désormais.

«Voilà tout un récit que je vous épargnerez, monsieur Donovan… J’ai vécu très pauvrement étant enfant, je n’ai jamais eu le loisir de me prêter à ce genre de jeu, pas quand l’enjeu était de nourrir ma famille.»

Je souris en me frottant les yeux. Quelle journée imprévisible. Un peu comme mon ami à l’étrange chevelure. Je parcourais la pièce des yeux, comme en réalisant sa grandeur pour la première fois depuis un moment. À force de côtoyer l’immensité du manoir, j’en avais oublié à quel point j’étais parti de loin. Mon séjour chez Soltan m’avait ramené sur terre.

«Puis je suppose que je me suis cru au-dessus de telles distractions. J’ai bien apprécié, merci de m’avoir fait connaître ce jeu, Faust. Si vous le désirez, vous et votre fille pouvez visiter quand vous le souhaitez pour jouer dans le jardin ou emprunter la salle de cinéma. Je ne promets pas parvenir à vous battre à nouveau par contre!»

Je rigolai en lui adressant un sourire sincère. De coin de la pièce, je surpris une œillade teintée de joie de la part de mon Mustéflott. Oui, j’étais de retour. Pour de bon cette fois.

(c)Golden

Sujet: Re: There and Back Again |Faust| Mar 5 Sep 2017 - 20:17

There and Back Again

Feat Maxwell R. Young

La curiosité est un de ses sales défauts. Généralement, il n'est pas invasif, mais Faust a tendance à parler sans réfléchir, et cela transparaît donc sans qu'il n'y fasse trop attention. Bien évidemment, il n'insisterait pas si il n'obtenait pas de réponse. En le voyant poser sa manette dans un soupir fatigué, le conseiller plissa les yeux, conscient que l'atmosphère venait de changer, ou au moins de s’appesantir. Il avait des doutes, et ceux-ci se révélaient vrais. Le hérisson ne choisit toutefois pas de faire de commentaire sur ce point, n'en voyant ni l'utilité, ni le bénéfice. S'excuser ou même s'apitoyer n'était pas son genre, et il se contenta d'un hochement de tête compréhensif ; pas comme si il ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas prétendre avoir vécu une enfance pauvre, car même si ses parents n'étaient pas riches, les assiettes étaient toujours généreusement garnies et il gardait de bons souvenirs de sorties auxquelles il n'aurait pas eu accès autrement. Toutefois, après l'arrivée du régime et plus particulièrement lorsqu'il s'était retrouvé dehors, c'était une toute autre histoire. Il savait bien, en conséquence, qu'il n'y avait rien de plus horripilant que ceux qui tentaient de se prétendre à votre place ou de vous doter d'une belle crise de larmes en guise de 'compassion'.
Silencieusement, il écouta son interlocuteur et esquissa un sourire sincère devant les propositions amicales qui lui étaient faites. Il ne put toutefois s'empêcher de glousser devant un détail en particulier, l'image mentale suscitant chez lui un éclat de rire à peine dissimulé.

« Hehe. Z'avez aucune idée de ce dont vous risquez à laisser Alice faire le tour ! Ça donnera de l'agitation, au moins. »

Il ne savait pas trop si le coordinateur serait du genre à supporter le bruit qui accompagnait l'arrivée d'une gamine hyperactive et pleine d'imagination, mais ce serait une expérience à tenter. Enfin, tant que c'était proposé gentiment... Et puis cela changerait sûrement la petite de la maison, elle qui se satisfaisait d'un rien tant que ce n'était pas une routine ennuyeuse. En outre, il n'était pas mécontent de sa petite sortie, même si Fae l'avait traîné dehors sans que ce soit vraiment de son plein gré. Le plus vieux lui avait toujours paru un peu austère, distant et peut-être un peu snob sur les bords, alors il n'avait jamais trop cherché à se rapprocher, mais vu les liens qu'il entretenait avec plusieurs de ses connaissances, il ne pouvait pas se dire qu'il était foncièrement mauvais. Et visiblement, c'était vrai : plus sympathique qu'il aurait pu le penser, Faust était persuadé que Maxwell avait juste besoin qu'on lui montre certaines choses pour les assimiler, ce qui n'était pas sans lui rappeler quelques uns de ses proches, à vrai dire. Si il avait pu apprendre à Clive à faire du sport en groupe et à Natsume à apprécier les soirées film-pizzas, tout était possible. Même si il ne forcerait jamais le gris à le supporter si vraiment il n'en avait pas le cœur, il était curieux de voir à quel point sa curiosité le pousserait à s'ouvrir à de nouveaux passe-temps. Un peu provocateur sur les bords, il esquissa un rictus simplet.

« J'attends de voir ça. Hors de question qu'un de mes élèves ne parvienne pas à progresser, il en va de mon honneur ! »

Mais ce n'était pas vraiment ce qu'il pensait, et il ne jugeait pas avoir besoin de le préciser. Ce n'était pas juste pour une question d'ego qu'il reviendrait, mais aussi parce qu'il pensait avoir trouvé un moyen de s'ennuyer un peu moins, ces temps-ci.

» Back in Black [PV Faust]
» I'll come back for you.. [OS]
» Going Back and Forth [OS]
» Back in the Days [OS]
» Get up on the hydra's back [Capture]

There and Back Again |Faust|

There and Back Again |Faust|

Sujets similaires

Sujets similaires