J'étais allongé dans l'herbe. Je ne savais plus quoi dire, que faire. Je repensais aux mots d'Alex, cette nuit. Il y a peu, il y a longtemps. Je ne me souvenais plus. Mais ses mots ... " n'apparais plus devant moi. " Je serrais les dents, et cognais le sol de mes poings. Merde ! Quel con ! J'avais fait exprès de le protéger, d'une certaine façon, et c'était comme ça qu'il me remerciais ? En me larguant comme une merde ? Je me calmais aussitôt ; non, il ne m'avait pas largué. On n'était même pas ensemble. On avait juste tranché notre lien. Un truc ténu, pas important. Merde.

Je sentis une fourrure douce contre moi, et yeux fermés, clos, humides, je me serrais contre Férosinge. Mon plus vieil ami. Comprenait-il ce que je ressentais ? J'avais perdu un être que j'aimais, par ma faute, et encore une fois, je crois que j'avais perdu, encore une fois parce que j'avais fauté. Mais je ne pouvais pas laisser tomber mes idéaux. C'est ce qui faisais que j'étais moi. J'étais perdu. L'odeur de férosinge m'apaisait, cependant, et je me laissais aller contre lui. Je versais des larmes amères, sur mon passé, sur mon présent, sur mon avenir.

Ne réapparais plus devant moi.

Qu'il aille se faire foutre ! J'avais failli être blessé, durant cette mission. J'avais failli mourir. J'aurais mieux fait de le tuer. Mais je ne pouvais pas, j'en étais incapable.

Car, au fond ...

Je l'aimais.

J'aimais Alex, sa tchache, son accent allemand, ses cheveux blonds, ses petites lunettes, son air égocentrique et agacé, ses moues débiles, ses manières, sa façon de parler. Sa façon de me toucher. Je n'avais rien demandé, et ça m'était tombé dessus. Je grognais, et soudain, férosine s'écarta.

« Féro ! Férosinge ! Féroooo ! Féroooooo ! »  se mit-il à crier, en trépignant sur ses pieds, les poings brandis. Il hurla, cria, tempête. Puis se mit à luire, doucement, comme si il avait allumé la lumière. « Féro ! Férosinge ! Féroooo ! Féroooooo ! COLOOOOO ! COLOOOOOOSSSINGE ! »  

Un énorme cri. Puissant. Aussi puissant que les muscles du singe qui se tenait devant moi. Il ouvrit les yeux, aussi surpris que moi. Je sentis ma bouche s'ouvrir, sourire. Il me lança un regard, et se jeta dans mes bras, lourd, musclé. Un colossinge.

Notre rêve.

Je le serrais contre moi, alors qu'il continuais de grogner, et je lui promis, le visage collé contre sa fourrure. Oui, je promettais de ne plus être triste. De ne plus me faire de mal inutilement. J'allais me concentrer sur ce qui me plaisais et me faisais du bien.

J'allais nous entraîner.

Et nous allions tout défoncer !