Trouver la foi
Évolution d'Arthur
Cela faisait déjà une semaine que Faust devait constamment se déplacer en béquilles ou en fauteuil roulant. Après avoir brisé son tibia lors de l'opération menée par la résistance au Bloc R, Faust avait dû se résoudre au fait que sa mobilité serait considérablement amoindrie pendant un ou deux mois, à son grand malheur. Grâce, ou à cause de son point de vue, aux soins d'Isaac et à la surveillance accrue de Dalhia, il ne pu pas faire tout et n'importe quoi, plus spécifiquement n'importe quoi. Il se retrouvait à être une sorte d'enfant blessé, et cela amenait de nombreux conflits entre Isaac et lui, qui se finissaient souvent par une soirée cinéma pour oublier tout ça. Pour tout dire, il était généralement le premier à chercher les problèmes, majoritairement parce qu'il avait la sale manie de devenir assez aigri et désagréable lorsque quelque chose le contrariait. Appelez-ça ce que vous voulez, mais en tout cas, il allait sans dire que l'immobilité rendait le conseiller exécrable. Certes, il avait toujours Fae pour le porter, mais l'Absol n'était pas assez endurante pour supporter son poids toute la journée et le châtain ne souhaitait pas lui faire payer le prix de ses erreurs.
Ainsi, il ne pouvait pas aller très loin, malgré toute la bonne volonté de Fae qui faisait tout pour que son maître puisse profiter de l'extérieur. Malgré cela, il devait rentrer avant que la nuit ne tombe, sachant qu'il ne pouvait pas courir et qu'en cas de danger, il serait de la nourriture sur pattes pour les pokémon agressifs et affamés. D'après les mots d'Isaac, « il vaut mieux un Faust grognon qu'un Faust mort. ». Ou un truc comme ça.
Alors que le châtain s'apprêtait à rentrer, un grognement résonna à ses oreilles et il poussa un long soupir. Arthur, le Caninos, ne souhaitait pas rentrer. Du tout.
« On doit rentrer, Arthur. Tu sais très bien qu'avec mes jambes, on n'arrivera pas à temps à la maison si on part plus tard. » dit-il d'une voix qui se voulait sévère, mais qui était pleine de fatigue.
A ces mots, le jeune chien de feu parut vouloir contester et il le fit, mais après avoir jeté un regard aux béquilles de son maître, il eut comme une révélation. Profitant de l’inattention de Faust et de son incapacité à lui pourrir après, Arthur attrapa le sac à dos du conseiller dans sa gueule et l'emmena au loin. Faust leva les yeux au ciel, agacé. Il ne chercha même pas à aller récupérer ses affaires.
« Très mature, le cabot. Maintenant, tu veux bien me le rendre avant q- »Un éclat de lumière vint l'arrêter. Il se retourna du mieux qu'il put et écarquilla les yeux.
Il avait trouvé la pierre feu qu'il gardait dans son sac depuis déjà trois ou quatre jours.
Bordel à métamorph.
Faust observa avec une sorte de fascination presque religieuse, incapable de détourner le regard du spectacle dont il était témoin. Après une dizaine de secondes à peine, un majestueux Arcanin se tenait à la place du Caninos. Le châtain ne put qu'observer, quelque peu déconcerté et incapable de produire ne serait-ce qu'un son. Arthur, lui, était très fier de lui. L'Arcanin s'approcha de son maître ; un arrogant sourire étirant ses lèvres et montrant ainsi ses crocs nouvellement acquis.
Se faire mordre ne serait plus jamais juste 'un peu' douloureux.
Lorsque le chien de feu lui signe de monter sur son dos en lui lançant un regard significatif, Faust poussa un long soupir. Effectivement, ainsi, il n'avait pas à s'inquiéter de ses jambes ou de la santé de Fae puisque la constitution d'Arthur lui permettait dorénavant sans soucis de le porter.
« Arrête. Ce n'est pas à toi de porter mes erreurs, je... »Un grognement rauque lui répondit. L'Arcanin, dorénavant plus grand que lui et le jaugeant de toute sa majesté. Les yeux d'Arthur, inflexibles, étaient fixés dans les siens, paraissant le défier d'oser terminer sa phrase.
Faust se sentit soudainement très, très stupide.
« Tu veux... Tu veux vraiment faire ça ? »Doucement, l'Arcanin avança son museau devant son maître dans un signe de respect. Faust le caressa, un sourire sur ses lèvres. Tout le pessimisme qu'il avait pu un jour avoir au sujet d'Arthur paraissait avoir soudainement disparu, remplacé par une affection douce et une tendre fraternité. Il se releva péniblement. Voyant qu'il n'y arrivait pas, l'Arcanin attrapa doucement les vêtements de son maître dans sa gueule pour le relever dans toutefois déchirer le tissus. Péniblement, il l'aida à se mettre sur son dos pour qu'il puisse le monter et ne pas tomber. Une fois que Faust fut correctement installé, il ne put que balbutier quelques mots.
« Merci, Arthur. Merci beaucoup. »Bon, ça allait juste devenir un peu compliqué pour vivre dans l'appartement, mais ils s'en sortiraient. Forcément.