Un nom pour deux
Évolution de Clive, partie 2
Parfois, Faust avait besoin d'air frais. De temps en temps, il avait besoin d'un peu de temps libre pour pouvoir oublier un peu ses soucis et se reposer. Ayant vécu durant la majorité de sa vie à Vanawi, et malgré l'activité constante de la ville, il avait toujours trouvé que la plage avait quelque chose de reposant. Le bruit de la houle qui lèche le sable, le remous des vagues contre les rochers, les croassements réguliers des Békipans et des Goélises brisant le silence presque religieux qu'y s'y trouve. L'effet apaisant de ce calme était sans appel. Ainsi, il n'était pas rare qu'il décide du jour au lendemain de s'isoler dans un coin pendant une journée entière pour pouvoir respirer un grand coup. Avec les derniers événements, il avait grandement besoin d'un grand bol d'air frais. Ou de deux, tiens.
Faust expira profondément. L'air marin lui sauta aux narines et il le sentit emplir ses poumons. La brise légère venait faire bouger ses mèches indomptables au gré du vent. Il pensait, seul sur la plage. Il était rare que la plage de Nuva Eja soit quasiment vide de monde, mais aujourd'hui paraissait être une occasion particulière. Faust ne s'en plaignait pas : cela lui laissait le temps de penser.
A côté de lui, son Couverdure appréciait l'air frais. Il s'amusait avec des feuilles de palmier et les reliait entre eux grâce à ses fils de secrétion. En voyant l'insecte ainsi, un sourire mélancolique, presque nostalgique, étira les lèvres du conseiller.
« Tu lui ressembles, tu sais ? Tu es devenu fort, tout comme lui. Et puis... » murmura-t-il, plus pour lui-même qu'autre chose.
Il s'arrête en pleine phrase, osant à peine continuer à parler tant la force des souvenirs qui l’assaillent est conséquente. Clive lui manque. Il ne sait pas où il est, ce qu'il fait, ce qu'il accomplit, ce qu'il pense. Il se sent seul, malgré la présence d'Isaac et l'affection de ses pokémon. Il se sent stupide, à réfléchir ainsi seul et à se morfondre dans un coin alors qu'il pourrait faire quelque chose de constructif. Le Couverdure l'observe, ne comprenant pas d'où vient la soudaine tristesse qu'il sent et peut voir s'afficher sur le visage normalement vide de toute détresse de son dresseur. Il s'installa sur ses genoux et frotte sa tête contre son maître, tentant de lui offrir un peu de réconfort. Un maigre sourire remplaça celui qui en était presque une parodie.
« Merci, Clive. »Et ces mots, il ne sait pas pour qui ils sont.
Une lumière brillante le force à ouvrir les yeux. Devant lui, le Couverdure était en train d'évoluer. La transformation était impressionnante et Faust, bien qu'il commençait à y être habitué, ne pouvait pas dissimuler toute la surprise qu'il ressentait. Très vite, un Manternel fier et droit se tenait devant lui, paraissant tout aussi fasciné par sa transformation que son maître. Un sourire radieux étira les lèvres de Faust.
Il ne dit rien.
Il dû se frotter les yeux pour ne pas laisser couler quelques larmes. En attendant, il ne pouvait qu'être fier, et se dire que quelque part, cela devrait être un signe.
Forcément.