Bienvenue au Paradis~ ♥ [Pour ceux attrapés par le Régime, après l'Event #2]

Des réveils entrecoupés, partiel, des zones d'ombres, la vue brouillée, des nausées. Le garçon se sentait mal, dans une position particulièrement inconfortable. Il voulut bouger, mais quelque chose se trouvait sur lui, assis, ou jeté sur son corps comme un sac à patate. Impossible d'esquisser un mouvement.
L'odeur n'était pas agréable, ça sentait le fer, le sang, la crasse humaine, la chaleur condensé avec la sueur, froide.
Il pouvait ressentir des cahots, des virages, il ne se trouvait pas à terre, mais dans une voiture, ou plutôt un camion vu la place et la position de son corps. Il avait mal, et avait encore le gout de l'acide dans la gorge qui lui rappait l’œsophage. Il déglutit une salive amer et peu abondante, tout simplement répugnant.
Il ne put discerner grand chose, il faisait sombre, et ses oreilles indiquait juste le bruit d'un moteur et du bruit des roues sur l'asphalte de la route. Rien de bien significatif.

Quand le chargement s'arrêta, il n'aurait su deviner combien de temps ils avaient mis, tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait la paupière d'un œil scellé à cause du sang qui à coagulé puis séché, certainement une coupure à l'arcade.
Qu'est-ce qu'il faisait là déjà ? Et pourquoi il était ici ? Il c'est passé quoi avant ? Qui il était ? Ah ! Ah ! C'était bête d'avoir une absence de genre.
Tien ? Il marche ? Il ne se souvenait pas s'être levé. Ses bras endoloris le gêne, comme s'il ne pouvait pas les bouger comme il le voulait. Ah ! Oui, c'est vrai, il à dû être ligoté, c'est bête comme chou. Il se mit à sourire un instant, pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt.
Alors que sa bouche s'était fendue d'une marque de joie, elle arborée à présent une grimace, ou plutôt, une moue, triste, silencieuse, apeurée, fade. Pourquoi avait-il été heureux d'avoir vu juste sur le fait d'être les poignets liés. La frayeur vint, le stress, la douleur physique se fit plus perçante, comme des centaines de lames de rasoirs qui s'enfonçaient lentement dans sa peau à chaque zone ou il avait subis un coup un peu trop fort ou un choc violent.
Des fourmis parcoururent son corps, dévorant sa peau, comme s'il était recouvert de miel, cette sensation si désagréable d'être parcourues de petites bêtes qui circule partout sur votre corps.

Il se mordit la lèvre jusqu'au pour éviter de pleurer. Il se sentait affolé, effrayé, pourquoi était-il ici ? Qu'avait-il fait ? Il n'avait tué personne au dernières nouvelles ! Il était puceau, donc aucune histoire de viol ne pouvait le concerner ! Il n'avait pas tabassé quelqu'un depuis un moment, et puis jamais pour le blesser grave.
Peut être cherchait-il à garder sa fierté, le peu d'honneur qui lui restait dans le piètre état ou il se trouvait. Pour faire bonne figure. Tsk ! Comme s'il avait toujours eu une belle image de lui-même, et encore plus envers les autres.
Fuir ? Impossible ce n'était pas dans son optique de partir en tournant le dos.
Se rebeller ? Il pouvait le faire, mais dans son état, et vu l'accueil qu'on lui réservait, autant ne pas penser une seconde à cela.
Coopérer ? Certainement pas ! Il mordrait s'il le faut !
Et puis qu'est-ce qu'il lui veut au final ?

Arrivé dans une pseudo cours intérieur, on les fit s'aligner. Un type passa devant eux, beuglant à chaque fois un chiffre différent, ou parfois similaire, et recommençait son manège à chaque fois qu'il arrivait devant un autre insurgé.
Quand il arriva devant lui, il hurla aussi un chiffre auquel il ne fit pas spécialement attention. C'était quoi ça ?
Il le saurait bientôt, un type le pris par l'épaule et le poussa en avant. Il manqua trébucher et fut pousser pour être guidé à l'intérieur d'un bâtiment. Enfin, peut-être, il n'en étais pas sûr, avec un œil et des absences de conscience, ce n'était pas facile de savoir ce qui était réel, ou ce qui ne l'était pas.
Après un petit moment de marche, une porte s'ouvrit et il fut jeté à l'intérieur, se ramassant face contre terre.

On peut renommer ça "Vie de merde" ?

Feat Kimyann Junko

En un sens, il aurait pu être surpris d'avoir été ainsi délivré de ses liens. C'est vrai, quoi. Tous les tortionnaires n'étaient pas 'si' 'gentils', mais il savait très bien que de toute façon, cela ne changeait rien. Ce n'était pas comme si il pouvait attaquer Toxik non plus. Ses pokémon veillaient au grain, et les lèvres du suédois s'étirèrent d'un millimètre lorsqu'il vit le regard menaçant du Seviper. Bah. Comme si il allait être terrorisé par un serpent. Il vivait avec un type et une jeune femme qui dressaient des pokémon tout aussi terrifiant. Vous avez déjà lavé les dents d'une Tyranocif ou fixé un Psystigri ? Maintenant que vous avez l'image en tête, dites-vous que c'était sa vie quotidienne. Il était peut-être un peu suicidaire sur les bords et aurait sûrement dû être plus impressionné que cela, sachant que les morsures de Sevipers étaient horriblement douloureuses, mais... Est-ce qu'il était à ça près, vraiment ? De toute façon, il y avait fort à parier qu'il allait mourir dans la semaine. En tout cas, il ne le saurait jamais, ça. Le temps devenait très relatif lorsque l'on était enfermé et coupé du monde. Qui sait, il aurait pu se passer cinq ans sans que cela change quelque chose à sa façon de voir les choses. Mais pour lui, pas de délivrance héroïque, non. Il allait probablement crever comme un chien qu'on tuait d'une piqûre. Si c'était pas beau, tout ce joli spectacle pathétique.
Elle se mit à parler de sa spécialité concernant le type psy, et Isaac chassa la curiosité qui naquit quant à comment elle avait pu apprendre cela. C'était sans importance, de toute façon. Un petit sourire ironique juste après qu'elle ait planté la seringue dans son bras. Il tiqua à peine. Heureusement qu'il n'avait jamais eu peur des piqûres, hein, ça aurait été un comble. Ça y est, le compte à rebours avait commencé. Plus qu'à atteindre et compter les secondes qui lui restaient avant que sa santé mentale ne se fasse la malle.
Se faire dominer par le poison, hein ? Ah, la bonne blague. Le poison, ça ne dominait jamais. Ça se soumettait pour pouvoir faire des coups en traître par derrière et gagner en trichant, sans se salir les mains. Mauvaise foi ? Pas qu'un peu. Il s'était toujours méfié des spécialistes du type poison, et encore plus depuis qu'il aidait les résistants et interrogeait des tortionnaires. Le seul truc ironique ici, c'était que d'habitude, c'était lui qui posait les questions. Ça, par contre, il le garderait pour lui. Il savait très bien que cracher qu'il faisait partie de la résistance ne le mènerait qu'à plus de souffrance. Et ça... Ça, il allait être servi. Dans les minutes qui allaient suivre.

« J'sais pas. Je suppose que j'ai passé l'étape dans mon adolescence qui me permet de pas complexer sur un truc pareil. Faudrait vraiment être puéril, hein ? »

Je suis un abruti, mais j'le vis bien. Pour l'instant, et on peut argumenter sur le 'vivre', parce que ça sera bientôt un 'vivait'.
D'accord, cela n'était pas une insulte. Enfin, pas directe. Tant pis s'il se faisait mordre par un Seviper enragé, de toute façon, dans tous les cas, il finirait par mourir, alors hein... Lorsque sa question sur la résistance arriva, Isaac se retint de froncer les sourcils, mais montra tout de même quelques traces de surprise. De surprise ingénue. De la fausse surprise, évidemment. Le genre d'expression que vous fabriquez. Ça, il savait faire. Il ne fallait pas qu'il se montre trop calme et réfléchi non plus, quand même.

« Hormis ce que les journaux savent, je ne sais rien sur la résistance. J'aurai déjà tout craché sinon, pas envie de mourir même si c'est ce qui va arriver, de toute façon. » répondit-il en haussant légèrement les épaules pour l'effet.

Fabriquer un mensonge de toute pièce en quelques secondes, c'était presque un art. Manipuler son propre corps et sa propre voix pour ne pas cracher la vérité grâce au langage corporel, ça tenait surtout de la pratique, et pas du talent comme nombreux étaient ceux qui le clamaient. Le temps semblait passer au ralenti. L'attente allait probablement le rendre fou, si le poison ne le faisait pas avant. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration, prenant son mal en patience.
Sérieusement, au final, il était tout aussi curieux que la créatrice dudit poison quant à ses effets. Autant avoir une idée du 'talent' de sa tortionnaire, vu qu'ils allaient passer un certain bout de temps ensemble. Ouais. Bon. C'était discutable, parce qu'un accident était vite arrivé et qu'il suffisait qu'un poison ait le petit effet secondaire de lui faire bouffer les pissenlits par la racine et c'était fini. Au moins, pendant qu'il soufrerait, quelqu'un d'autre gagnerait quelques heures de plus. C'était la seule pensée réconfortante qu'il pouvait avoir, maintenant.
Décidant qu'il ne tiendrait pas longtemps s'il continuait à penser ainsi, il fit un rapide résumé de sa vie. Ce genre de trucs qu'on fait pour ne pas oublier le plus important quand on sait qu'on va traverser un moment difficile. « Moment difficile » étant bien évidemment un euphémisme ici.

Je m'appelle Isaac Nils Peterson. J'ai vingt-cinq ans et je suis né le 6 décembre 1989, par césarienne. Mes parents se nomment Elin et Lukas Peterson, j'ai deux sœurs, un cousin et deux cousines. Je suis né à Göterborg, et je vis sur l'île depuis que j'ai quatre ans. Félicia, Aksel, Lucy, papy Nils, mamy Hanna et tante Wilma sont morts. Faut pas que je laisse ma tête craquer et me dire le contraire. Je vis avec Faust, mon ami d'enfance, et ma cousine, Katya. J'ai pas énormément de potes, mais j'ai une vie correcte, si on ne compte pas mon side-job de résistant qui consiste à triturer l'esprit des gens pour qu'ils avouent ce qu'ils savent. J'suis pas un tortionnaire, mais je suis probablement pas le gars le plus gentil au monde. J'ai... J'avais une fiancée, Lucy. Probablement pas le genre de nana idéale, avec son caractère de cochon, mais c'était mon rayon d'espoir à moi. Et ils me l'ont volé. Tout comme ils me voleraient Katya et Faust si ils en avaient l'occasion. C'est pour ça que je peux pas craquer. J'peux pas juste penser à moi maintenant. Non. Promis.

I was alone, failling free,
(J'étais seul, en chute libre,)
Trying my best not to forget,
(Faisant de mon mieux pour ne pas oublier)
What happened to us, what happened to me,
(Ce qui nous est arrivé, ce qui m'est arrivé,)
What happened as i let it slip
(Ce qui est arrivé alors que j'ai laissé tomber)

Puis il ne sentit plus que cette horrible brûlure.
C'était horrible, vraiment. Au départ, ce ne fut qu'une sensation comme une autre, comme celle que l'on ressent quand on règle la température de l'eau et qu'on se brûle en le faisant. Rien de douloureux, en somme ; c'était juste désagréable. Sauf que là, c'était comme si on continuait de monter la température et que vous étiez incapable de vous en sortir. Il pouvait presque senti chaque pulsation son corps qui tentait de combattre l'insidieux intrus. Mais c'était trop tard.
Son corps n'avait jamais eu aucune chance.

Il se sentait mourir à chaque instant. Chaque seconde était plus longue que la dernière, et il commençait à se demander si il n'allait pas crever plus rapidement que prévu, mais il savait que ce supplice ne s'arrêterait pas maintenant. Il pouvait sentir chaque centimètre de sa peau s'enflammer, chaque millimètre de son cœur s'embraser d'un feu qu'il ne pouvait éteindre. Son esprit vola en cendres et sa conscience ne fut plus que poussière.
Il suffoquait.
Ce qui était le pire, c'était d'attendre. Attendre et savoir qu'il finirait par être libéré de cette torture, que ce soit par la mort ou par la défaite du poison face à son organisme relativement combatif, mais ne pas avoir la moindre idée du moment où se produirait cette libération. Il serra les poings jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanches et se mit à penser. Penser parce que c'était la seule chose qui lui permettait de ne pas hurler, de ne pas se frapper brutalement le crâne contre le mur pour pouvoir en finir et de ne pas laisser son corps céder, emportant son esprit dans sa chute.
Alors avec difficulté, il tenta de calmer sa respiration, mais c'était affreusement difficile. Bordel, ça faisait mal. Tellement mal. Tous ses nerfs étaient en feu et il pouvait presque sentir son cœur battre la chamade. La chaleur était telle qu'il avait l'impression de brûler vivant ; il pouvait se sentir transpirer, et si la douleur ne prenait pas tant de place, il aurait probablement mieux senti les affreux picotements qui parcouraient son corps et paraissaient tracer un long trait sur ses membres en se déplaçant ainsi. Elle était talentueuse dans son domaine, au moins, il pouvait lui avouer ça, mais Arceus qu'il avait envie de lui mettre le visage dans la tête de la Tyranocif de Faust à l'instant. Il savait que cela allait se finir comme ça, mais c'était si douloureux que la préparation mentale qu'il s'était infligé suffisait à peine à l'empêcher de crier. C'était comme si son corps ne lui appartenait plus.

Ce corps qui était supposé être son allié se retournait dorénavant contre lui, ce traître. Bordel, il aurait bien voulu hurler là. Il aurait bien voulu cracher à la gueule de cette garce, mais cela aurait été un gaspillage de salive.
Qui était le plus pathétique, ici ? Ah, cette bonne blague. Il aurait bien voulu dire que c'était la femme en face de lui, mais il n'était pas assez arrogant pour penser cela en toute honnêteté. Après tout, sans les autres, qu'était-il ? Il avait laissé sa minuscule famille aux soins d'un destin cruel et fou. Il aurait pu rire. Aurait pu rire comme si c'était la seule chose qu'il savait encore fort, mais il ne pu qu'observer le plafond. Haletant, accueillant la moindre inspiration comme un putain de trésor et Arceus ce qu'il aurait donné pour être libre. Mais pas eux. Jamais. Jamais. JAMAIS.

Il savait que des grognements rauques et des geignements étranglés s'échappaient de sa gorge parce qu'il ne pouvait pas les retenir et qu'ils sonnaient à ces oreilles comme le tic-tac de l'horloge du destin, mais ça, c'était parce qu'il se mordait les lèvres jusqu'au sang pour ne pas hurler. Arceus que ça faisait mal. Si, si mal... Il ne voulait pas offrir à sa tortionnaire le plaisir de l'entendre crier, bien qu'il se doutait que celle-ci se fichait complètement de l'entendre hurler. Vu son comportement et ce qu'elle avait dit... Il y avait de grandes chances pour qu'elle soit ce genre de tarée. Vous savez, le genre de tarée qui s'intéressait plus à la science qu'aux conséquences de ses actions ? Ce type-là. Isaac en avait vu passer, lors de ses propres interrogatoires. Ceux-ci étaient complètement perdus dans leur petit monde, oubliant tout ce qui les entourait pour se concentrait sur leur centre d'intérêt. Il avait tant de fois essayé de les comprendre, pour au final abandonner, parce que c'était toujours la même histoire. Les mêmes traumatismes, les mêmes défauts, un enchevêtrement de mensonges et de déni qui amenaient à une fin inévitable. Par Arceus, il se souvenait d'un type qui, pour assoiffer sa soif, s'était empoisonné lui-même pour vérifier les effets de sa dernière concoction. Le corps avait été retrouvé dans un état déplorable, et le souvenir de ces marques de griffures sur ce visage ensanglantées firent se demander à Isaac s'il allait finir par se faire la même chose avec l'aide de la folie.

Réfléchir l'aidait à éloigner son esprit de la douleur qui lui dévorait le corps et le brûlait lentement, mais ce n'était qu'un essai futile. Chaque pensée paraissait contredire l'autre, et ces maigres bouts de normalité, enfin presque, l'aider à se raccrocher au fil fragile de sa santé mentale. La douleur les surplombait toutes, et Isaac pouvait presque entendre le rire de la faucheuse dans un coin de son esprit, l'attendant avec patience. Quelle garce, celle-là. Si elle avait pu se dépêcher... Il aurait accueilli sa faux avec gratitude, mais il était trop arrogant pour le dire, ça. Jamais. Les noms s'embrouillaient dans son esprit. Faust. Katya. Felicia. Lucy.

I was confused by the powers that be,
(J'étais troublé par le pouvoir en place,)
Forgetting names and faces,
(Oubliant noms et visages,)
Passers by, were looking at me
(Les passants me regardaient,)
As if they could erase it.
(Comme s'ils pouvaient l'effacer.)

J'suis désolé... Faust, Katya... J'serai pas là pour vous voir. Je sais que je t'ai promis de rester, Kat', mais je reviendrai pas. Prends soin de Faust pour moi, d'accord ? Il est pas aussi fort qu'il aimerait le croire. Je sais qu'il pense qu'il est celui qui doit s'occuper de toi, mais ce crétin peut pas voir la vérité en face. Surtout, vas t'en. Retournez en Suède avec papa et maman. Emmenez Klara aussi. Je sais qu'elle est têtue comme une mule, mais... Enfin. Sois forte, Kat'. J'suis désolé. J'espère que tu arriveras à me pardonner, p'tite sœur. Faust... Ne change pas, s'il te plaît. Je t'en supplie, ne les laisse pas prendre ce qu'il y a de bon en toi. Fais ça pour moi.

Si il ne pouvait plus leur parler, alors il leur ferait son adieu dans son propre esprit. Tant pis si cela ne faisait que le tuer plus rapidement. Il laissa sa tête s'appuyer contre le mur, fixant le plafond, comme pour y chercher une réponse. Il pouvait entendre sa respiration haletante et ses grognements de douleur s’entremêler.

Attendez-moi. Felicia, Lucy. J'serai bientôt là.

I was alone, staring over the edge,
(J'étais seul, à fixer au dessus du vide)
Trying my best not to forget,
(Faisant de mon mieux pour ne pas oublier,)
all manner of joy, all manner of glee,
(Toutes sortes de joie, toutes sortes d'allégresse,)
and our one heroic pledge.
(Et notre unique promesse héroïque)

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« Bienvenue au paradis »
Suite Event n°2

J’ai beau chercher, je me dis que finalement, je suis bel et bien perdu. Tout ça, je ne l’ai jamais demandé, comme tous ceux avec moi. Nous nous attendions tous à poursuivre notre chemin de la façon qu’on le souhaitait. Puisque l’on pensait que l’on pouvait toujours contrôler notre destin avec nos choix… Enfin, ça… Bien sur que c’est ce que l’on croyait. Ce régime qui vient le jour d’une fête censée être joueuse. Enfin, il faut vraiment que j’arrête de m’appitoyer, je sais que cela ne servira à rien et cela ne m’aidera pas à sortir. Non absolument pas. Comme disait mon frère : Tant que ton cœur va bien, ton corps suivra. Des fois, c’est vrai que je me demande comment il fait pour être aussi philosophe alors qu’il ne ramenait que des mauvaises notes. Sorte d’intelligence qu’il dit, je suis sure qu’il faisait exprès pour que je puisse être fière d’avoir de meilleures notes que lui. Mais pourquoi faut il que je ne m’en souvienne que maintenant ? Dans une cellule humide, sombre et effrayante ? Peut être que mon cerveau comprend plus de choses sous la peur. Enfin, jusque là, je crois que je n’avais jamais autant réfléchi. Quel bel exploit dis donc… Si je sors d’ici vivante, je me promets de faire toutes les choses qui m’étaient passées par la tête et que je n’avais jamais aussi faire. Je me le promets. C’est maintenant que je me rends vraiment compte de l’importance de mes proches, de tous ceux qui m’ont soutenu et qui ont été là pour moi alors qu’ils ne me connaissaient pas. Je parle de toi, le blond qui m’a soutenu depuis que nous avons quitté ce camion. Même si je ne comprends pas pourquoi tu as fait tout ça, en tout cas je ne te remercierai jamais assez. Après tout, tu me donnes l’envie de me battre. Même si on ne le voit pas au premier abord, oui, j’ai envie de me battre pour pouvoir aider ceux que j’aime.

Peut être bien que je ne suis pas la seule ici. Enfin, je veux dire… John ? Dis-moi que tu as pu-t’enfuir et qu’un jour on se retrouva encore une fois. Victoria, dis moi que tout va bien et qu’on pourra de nouveau papoter de tout et de rien. Alex’… Que dire pour toi ? Même si tu m’as emmené dans cette cellule qui me mènera à la mort avec Catherine, je n’arrive pas à t’en vouloir. Après tout, nos bons moments me restent toujours ancrés dans le crâne. Tu es toujours mon ami idiot. Enfin pas si idiot que ça, il faut croire… Et toi Maxwell, tu seras toujours en état de me faire profiter de tes magnifiques prestations qui me font voyager à travers l’espace-temps ? Faust… Dis moi que toi aussi tu vas bien. Qu’on se reverra, et que tu me taquineras, que tout sera comme avant. Et toi Kirito… Vit. Je t’en pris pour moi. On se reverra, j’en suis sure. On y arrivera. On se retrouve toujours. Je t’aime grand frère pour toujours et à jamais. Oui pour vous tous, et toi, le blond dont je ne connais pas le nom, je me battrais pour tous vous revoir. Vous êtes entré dans ma vie, et je ne vous laisserais pas en sortir si facilement, c’est hors de question. Je ne peux pas. Vous aurez encore à me supporter longtemps. Très longtemps encore.

Des mains sur mes épaules me tirèrent de mes réflexions. Me regard se fixa sur le visage en face de moi. Le blond. Il avait un petit sourire qui me donnait envie de sourire aussi. Ce que je fis bien entendu. Je fus étonnée de voir qu’il se souvenait de ma performance avec mon nouveau camarade le balbuton. Puisque je l’avais choisis pour faire plus ample connaissance avec lui plutôt qu’autre chose. Il est vrai que j’avais beaucoup aimé passer avec lui, et je pense que lui aussi. Je ne pensais pas que je pouvais m’entendre aussi vite avec un pokémon surtout grâce à un concours de performance. Mais bon, s’il se souvenait, c’est que… Attendez ! Mais il était dans le jury, non ? Je me souviens leur avoir souris et les avoir regardé en détails lors de la pause entre les prestations. Je n’avais pas capté avant ! Et lorsqu’il se présenta, je crus faire une syncope… Un champion coordinateur venait de prendre une balle dans le genou pour moi et m’avais remarqué avec mon pokémon. WOAH !!! Finalement, il peut toujours y avoir de bonnes nouvelles dans cet endroit. Qui l’aurais cru !

« - C’est gentil de me dire tout ça. L’espace d’un instant j’en oublierais presque qu’on va se faire torturer ! Je suis contente de t’avoir rencontrée. Et toi aussi Ange. »

Alors que le champion m’attira vers lui, sans aucunes gênes, je me blottissais contre lui. J’aurais bien aimé le connaître avant. J’aurais peut être pu profiter de sa présence plus longtemps. Oh ? Je ne pleure pas. Finalement, il a réussi sa mission. Avec toutes ces gentilles paroles, je n’ai plus l’envie de pleurer. Je me dis que bon, ça viendra tout à l’heure alors… Je savais pertinemment qu’il tentait de me réconforter, de me dire que ça allait bien se passer. Que je n’étais pas une personne prenant par au conflit. Mais c’est là que je me dis que Catherine se fiche bien que j’en fasse parti ou non. Après tout, elle a du mal digérer le fait de perdre. Pourtant, j’en ai perdu plein moi des combats coordinateurs, et pourtant, je n’en suis jamais arrivé à ce point là… En revanche, seule sa dernière phrase me donne vraiment de l’espoir. Je me sens soutenu dans l’instant et je sais que cela veut dire qu’il sera la pour moi. Donc, par extension qu’il survivra à ce qu’on pourra lui infliger. Et ça, ça vaut tout l’or du monde. Etrangement, j’aimais bien la façon dont il laissait ses mains balader dans ma chevelure. C’est très apaisant. Je me souviens quand Kirito faisait ça le soir devant la télé pour que je m’endorme sur lui. Ce qui marchait toujours d’ailleurs. Aloïs chercha quelque chose dans ses poches avant de m’offrir du chocolat… CHOCOLAT ! J’en attrapais un bout avant de lire dessus : Judith. Je lançais un regard au blond qui me dit de ne pas faire attention. Je ne sais pas qui c’est, mais elle doit être très chère à ses yeux. Je ne suis pas la seule à avoir perdue quelqu’un aujourd’hui.

« - Je ne sais pas qui c’est mais… Je suis sûre qu’elle doit être très importante pour toi, et je souhaite vraiment que tu l’as retrouve quand on sortira d’ici. Je t’aiderai. C’est promis. »

Je chuchotais mais assez fort pour qu’il l’entende. Comme pour sceller ma promesse, je présentais mon petit doigt et le serra contre celui d’Aloïs. Ensuite, je mangeais le petit bout de chocolat. Miam ! C’est tellement bon. Je tentais de garder cette saveur en bouche le plus longtemps possible avant que la grille de la cellule ne s’ouvre. Je jetais un regard effrayé à celle-ci ayant peur de comprendre ce qui devait arriver. Aloïs fut emmené et je n’avais rien dit. S’il l’emmenait c’est que… Comme pour confirmer mes pensées, je me retrouvais avec Catherine en face de moi. Je commençais à trembler. Sa présence me faisait toujours aussi peur pour une raison inconnue. Je baissais la tête pour fixer le sol et oublier qu’elle était en face de moi. Tout va bien, je vais me réveiller. Une main me releva la tête, et je croisais de nouveau le regard de la championne qui cette fois ouvrit la bouche. Tout était vrai. Je devrais faire avec. D’un coup, je sentis mon corps se figer et se faire emmener sur la couchette de bois. Je ne pouvais plus bouger du tout. Oui, là, je commençais VRAIMENT à paniquer. Je fus attachée par la championne et mon corps enfin accepta de m’obéir. C’était son satané Ectoplasma qui m’empêchait de bouger. Maintenant, je tentais de me débattre, mais je ne pouvais pas me libérer. Juste me lacérer les poignets toute seule. Merdum. Je n’aimais absolument pas sa façon de parler, elle me fait juste flipper. Pitié de l’aide… Et là, avant que je comprenne une araignée se promenait sur moi. Une grosse. Trèèèès grosse. Un pokémon. Je crois que je vais faire de l’hyper ventilation. Je ne peux pas m’empêcher d’accélérer mon rythme cardiaque. Mon cœur va lâcher si ça continue. Je retins un gémissement de peur de justesse alors que Catherine me fit peur de nouveau rien qu’en ouvrant la bouche.

« - Mais pourquoi tu fais ça ! Je t’ai rien fait ! Pourquoi tu ne supportes pas de perdre ?! »

Bombe. Merde. Je suis foutue. Elle va me tuer. Mais avant elle va jouer avec mes os. Elle va me crever les yeux. Elle va me couper en morceaux. Elle va prendre ma peau pour s’en faire une robe. Pourquoi je suis tellement idiote ! C’est vraiment pas le moment là !

« Désoléeeeee ! C’est pas du tout ce que je voulais dire ! Désolée, désolée, désolée !! »

Bienvenue au paradis.

Kimyann n'avait pas toujours été de ces tarés qui ne s'intéressent qu'à leur science. Dans un passé lui semblant déjà si lointain, elle avait été une jeune femme des plus respectables, passionnées de biochimie pokémon & extrêmement inventive certes, mais personne n'aurait pu la traiter de folle en ayant raison. Profondément humaine & très famille, elle avait tout lâché, tout, jusqu'à ses rêves & ses ambitions honorables, plaquant d'un même coup ses études de médecin & la Compétition qui aurait dû lui permettre d'être un jour Professeurs Pokémon, dans le seul but de venir en aide à Takeshi à la mort de leurs parents -enfin, leur père & la mère de Take-. Démocrate, prônant liberté & égalité pour tous, elle avait désapprouvé le Régime de tout son être, soutenu la Résistance en silence car l'état de santé de son petit frère l'empêchait de s'engager. Mais voilà. Le temps avait passé, & sa vie s'était effondrée. Le cœur malade de son cadet demandait des soins de plus en plus chers, & le maigre salaire qu'elle pouvait obtenir par son seul diplôme d'infirmière ne suffisait à le soigner, & pas moyen d'obtenir mieux. Oubliée sa sympathie, oublié son professionnalisme, oublié son génie qui aurait pu faire d'elle une grande chercheuse. Elle n'était qu'une jeune femme avec peu d'expérience, des diplômes faibles, méprisée par ses supérieurs, un gosse malade à charge, méprisée par la société, sans le sou, méprisée par ceux qui ont tout, sans avenir ni espoir, méprisée de tous. & là elle avait compris que, Régime ou pas, l'espèce humaine n'avait rien de juste. Ah, elles étaient belles les valeurs de l'Enola d'antan! Liberté, égalité! Ah, elle était belle la fraternité sacrée des enolians! Seulement quand ça les arrangeait oui! Qu'avaient-ils fait pour elle & son frère hein? S'ils avaient pu, ils les aurait laissés crever tous les deux dans une ruelle délabrée, sans leur porter le moindre regard.

Elle leur avait tourné le dos sans remords en voyant Takeshi souffrir plus chaque jour, manger de moins en moins souvent à sa faim. Toutes ces valeurs qu'elle avait supportées sans hésiter, fièrement, pendant plus de vingt ans. Ces valeurs qui s'étaient avérées amèrement fausses. Peu à peu, cette société se disant défenseuse de la veuve & de l'orphelin, pro-égalité, pro-liberté & tout le toutim, cette belle société brillante, avait fait de la respectueuse & gentille petite Kimyann une femme distante & désabusée par l'espèce humaine, y préférant souvent les pokémons qui sont bien plus fiables, une femme recluse vers sa passion pour la biochimie que la belle société bienséante voulait lui renier le droit d'exercer. Si elle devait être nommée folle, la société en était seule fautive, car si on avait porté un tant soi peu d'aide à son frère ou de reconnaissance à la jeune femme normale qu'elle était, elle n'aurait pas dû fabriquer des poisons pour survivre, elle ne se serait pas repliée sur son talent rare pour la création de ces drogues. L'ironie étant qu'entre tous, ce n'étaient pas les défenseurs de l'égalité qui l'avaient sauvée, mais bien ceux qui avaient anéanti la démocratie sur Enola. Le Régime l'avait recrutée, reconnue à sa juste valeur, on lui avait offert un bon salaire, un labo, une infirmerie, un lieu de vie salubre & surtout des soins adaptés pour son frère. Ceux qu'on disaient opposés à la liberté de tous avaient finalement été ses sauveurs, à elle qui avait si longtemps espéré de voir venir la justice de l'équité pour son frère & elle-même. Elle avait déjà tant changé à l'époque, ne vivait déjà plus que pour son frère & pour ses poisons ; la jeune fille insouciante & pleine de confiance envers la justice & l'humanité était déjà morte depuis longtemps.

Sans la société injuste de ces hommes qui renient les faibles sans même chercher à comprendre, elle ne serait pas devenue cette froide & calculatrice scientifique, elle ne serait pas devenue une folle qui teste ses créations sur d'autres humains en n'épargnant que les gamins, les malades ou les vieux. Elle ne serait pas devenue le stéréotype du scientifique fou qui n'a rien à carrer des conséquences de ses expériences ; & surtout, surtout, la Kimyann qu'elle avait été avant que la société ne la démolisse n'aurait jamais été engagée comme tortionnaire par qui que ce soit, n'aurait jamais accepté un tel emploi -& encore moins avec joie-. On ne l'aurait pas vue s'assoir confortablement contre le mur face à celui où s'appuyait sa victime, tirant nonchalamment un bloc-notes de sa poche pour noter ses observations comme si la situation était naturelle, comme si son cobaye était consentant. Elle n'aurait pas arrêté son Seviper énervé par l'insolence dudit cobaye pour avoir le temps de voir les effets de sa création, mais juste par ce qu'il était "mal" de s'attaquer ainsi à un autre être vivant. Non, Kim n'avait plus une once de respect envers la plupart de ses semblables qu'elle méprisait désormais. Sauf les enfants & les malades, & aussi un peu les vieux trop fatigués, & quelques rares autres exceptions. Admettons tout de même que la combattivité & les sarcasmes de Peterson continuaient de l'impressionner en un sens, & qu'en ce même sens il avait réussi à s'attirer un semblant de respect de sa part ; suffisant pour qu'elle ne le traite pas en flaque de boue, mais pas assez non plus pour qu'elle le prenne en pitié & l'épargne. Au final, peu lui importait qu'il dise ne rien savoir de la Résistance ; au moins elle pourrait noter dans son rapport "a nié pour l'instant, question à approfondir au cas où".

- Ouais, j'm'en doutais un peu. Généralement hein, personne n'avoue tout de suite qu'il est l'ennemi quand il se trouve en prison. Mais permets-moi de douter de ton absence de tendances suicidaires. J'apprécie la répartie certes, mais quel prisonnier sain d'esprit irait ainsi provoquer son tortionnaire, hein?

Le poison commençait à faire effet, après de longues secondes d'inaction totale. Elle le vit car les traits de son sujets se tendirent, & peu à peu la douleur se dessina sur ce visage, & la sueur commença à recouvrir le corps tendu du prisonnier. Il gémissait piteusement, couinait comme s'il tentait de retenir des cris dont elle n'avait de toute manière rien à cirer. Comme s'il suffoquait.. Ou brûlait de l'intérieur.. Ou peut-être même les deux à la fois ; en tous les cas il semblait souffrir le martyre, bien qu'il tente encore de le montrer le moins possible. Intéressant. Très intéressant même. Elle avait donc devant elle probablement le plus douloureux de ses poisons ; car sans nul doute, Peterson se serait mis à hurler & se tordre de douleur s'il n'avait pas choisi de se murer dans un quasi-silence borné. Enfin dans tous les cas le test était des plus concluants, sa page remplie de pattes de mouches décrivant exactement les effets de cette création ; & elle commençait sérieusement à se dire qu'elle devrait jouer les tortionnaires plus souvent, c'était réellement plus efficace et bien plus intéressant de découvrir par elle-même les effets de ses dernières inventions. Beaucoup plus efficace & intéressant en tout cas que de confier les tests à des petits soldats stupides ne comprenant rien à l'art subtil qu'elle pratiquait, & qui se contentaient de lâcher de grands rires machiavéliques en voyant que la victime souffrait sans jamais penser à lui faire un compte-rendu valable des dites souffrances.. Non sérieusement, les "il a pissé dans son froc en pleurant maman", elle en avait soupé, & un peu ras-le-bol aussi.

Un léger coup de tête sur son épaule de la part d'Hermione, & le regard expressif de son alliée qui lui indiquait quoi chercher, lui fit remarquer ce qu'elle n'avait pas encore réalisé. Était-ce elle, ou la douleur de son cobaye continuait d'augmenter graduellement jusqu'à devenir presque paralysante tant elle était puissante? Sans rien dire, elle nota quelques mots de plus sur son papier, avant de relire le compte rendu des effets de son poison. C'est là qu'elle réalisa qu'à l'instar du Doloris qui reproduisait les effets du maléfice utilisé par Voldemort, ce poison agissait exactement comme un sort de souffrance utilisé par une magicienne héroïne d'un autre roman moins connu. Comment s'appelait-il déjà?.. Ah, le Laboris. Voilà qui ferait un nom des plus appréciables pour sa dernière merveille. Toujours silencieuse, elle nota ce mot en guise de titre en haut de la page, en lettres capitales avant de l'encadrer, & de présenter cela à sa Lianaja qui approuva aussitôt avec un mince sourire. Adjugé alors, ce poison serait le Laboris. Cette fois ce fut un sifflement qui attira son attention, provenant du coin sombre de la pièce où se trouvait son Abo. Celui-ci lui indiqua Peterson, qu'elle avait pour écrire soigneusement ce titre dû quitter quelques secondes des yeux. Il lui sembla que la douleur refluait chez l'homme ; ou du moins était-ce l'impression qu'elle avait. Alors elle se leva, sans chercher plus longtemps à comprendre, pour se diriger vers la mallette de poisons. Laissant le prisonnier sous la surveillance de ses pokémons, pour sélectionner une nouvelle fiole & une nouvelle seringue qu'elle emplit du contenu jaunâtre de ladite fiole. Puis elle se retourna vers le cobaye, souriante, ajustant le niveau du produit en pressant légèrement sur le piston de sa seringue. Venin de Dardargnan & de Coatox, cela promettait d'être intéressant, hein?

- Tout va bien, tu tiens le coup?

Spèce de fausse innocente va, plus personne y croit à ton ton compatissant. Comme si elle avait pas son miraculeux antidote pour chasser les effets de tout poison au besoin, hein. Pis, comme si elle s'inquiétait du bien-être de ce parfait inconnu, même s'il était parvenu à gagner un peu de son respect, hein. & c'est pas non plus comme si elle était pas en train de jouer innocemment avec la seringue qu'elle va lui injecter d'ici deux ou trois secondes sans doute, sans lui laisser de vrai répit, hein. N'est-ce pas, hein.

- Parce que bon, ça serait dommage de pas pouvoir continuer, n'est-ce pas..

& sur ces mots, la seconde seringue qui se retrouve dans le bras du prisonnier.. Bon, & bien.. Ok, j'ai rien dit, elle est pas redevenue humaine devant la souffrance flagrante de son sujet qui se remet à peine de longues minutes à subir le Laboris.

Invité

En entendant Yumi lui demander les raisons d’une telle persécution, l’Irlandaise se redressa, étonnée.

« Huh ? Perdre ? »

Catherine partit alors dans un fou rire dément qui résonna dans toute la cellule. Il lui fallut presque deux minutes avant de pouvoir enfin s’en départir. Son éclat avait été si fort que des larmes avaient coulé de ses yeux, emportant avec elles des traces de son maquillage sur ses joues.

« Oh, Arceus ! Tu penses que c’est parce que j’ai perdu face à toi que je t’en veux ? Come on, girl ! Je pensais que tu étais plus maligne que ça. Tu m’as vaincue, so what ? Tu n’es pas la première à avoir voulu m’affronter, et certainement pas la dernière, vu que la Compétition se poursuit. »

A Mulher-Cobra saisit alors son menton de sa main gantée, la forçant à croiser son regard acerbe et sans fond.

« Tu veux savoir savoir pourquoi je t’en veux ? Susurra-t-elle d’une voix doucereuse. Well, tu n’auras qu’à demander à ton cher ami, avec qui tu étais il y a quelques minutes. »

Elle relâcha brutalement sa prise, se redressant subitement, avant de laisser son regard suivre un instant les mouvements de son araignée à la taille impressionnante.

« Tss, you’re not funny at all, prononça la Championne Coordinatrice en levant les yeux au ciel. Tu pourrais faire un petit effort, tout de même. »

L’Irlandaise adressa alors un léger hochement de tête à sa créature aux multiples pattes. Cette dernière, abandonnant son nouveau terrain de jeu, obéit aussitôt en reprenant sa place entre les omoplates de la femme squelettique. La légende urbaine brésilienne s’étira le dos et les bras, avant de reporter son attention sur son jouet.

« A force de voir toujours la même chose, ça devient lassant. On va essayer autre chose, all right ? »

Sa robe de fumée quitta une nouvelle fois son corps à la pâleur de mort, s’élevant un instant dans la cellule. La masse impalpable s’approcha alors du visage de Yumi, restant suspendue à quelques centimètres seulement de sa peau. Le tissu d’ombre se déchira alors, pour recréer la bouche donnant sur l’Enfer et les yeux de Lucifer.
Le regard infernal se planta dans les prunelles de la jeune fille, s’immisçant dans son esprit par ces miroirs de l’âme, visualisant ses souvenirs, ses pensées, ses craintes… Et finalement, Mo Féin Eile trouva ce qu’elle cherchait au milieu de ce pillage mental.

Un éclat sinistre brilla dans les iris embrasés du spectre, communiquant cette étincelle à sa victime, dont le regard se voila. L’esprit de Yumi apparut dans la salle spirituelle que l’Ectoplasma venait de créer.
Mo Féin Eile se concrétisa à son tour dans la prison irréelle, prenant adoptant d’abord la forme d’une silhouette sombre. Mais, petit à petit, l’ombre se détaillait, jusqu’à devenir en tout point identique à ce que le fantôme avait vu dans le souvenir que la jeune fille avait enfoui au plus profond d’elle, certainement pour ne plus jamais avoir à trembler face à cette pensée.

Dans la véritable cellule, Catherine se préparait à son tour pour ce qui allait suivre. Sa moitié spectrale lui montrait en effet en temps réel tous ses agissements mentaux, et elle ne comptait pas rester inactive. De son sac, elle sortit une fiole contenant un liquide transparent et légèrement orangé, ainsi qu’une pipette.
Maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre que le jeu commence !

[Si tu as des questions, n’hésite pas à me MP, je sais pas si c’est bien clair… ^^’ ]

Lucy in the sky with diamonds

Feat Kimyann Junko

Poison injecté. L'aiguille qui s'enfonce dans sa peau, le liquide jaunâtre qui se déverse et paraît promettre mille et unes souffrances, la brûlure encore légère des restes du dernier poison ; il sait que cela va devenir son quotidien. Il arrivait à peine à reprendre sa respiration, considérablement fatigué par les effets du Laboris et se mordant les lèvres jusqu'au sang pour ne pas geignir. Lorsque la douleur s'était mise à refluer, il avait pris ça pour un passage, mais apparemment, ce n'était pas le cas. Et immédiatement, la tortionnaire avait cru bon d'en injecter un second, qu'Isaac espérait moins virulent et agressif que le premier, pour sa santé mentale. D'un côté, il n'était pas assez naïf pour croire qu'il pourrait avoir une telle chance. Il n'avait jamais été aussi naïf, et il refusait de mourir en s'accrochant désespérément à une ancre d’espoir qui n'avait jamais été autre chose qu'un mirage. Était-ce ça, que d'attendre la mort ? Est-ce que le rire strident qu'il entendait dans son esprit était le sien ou celui de la faucheuse ?
Il entendait les cris et les hurlements des prisonniers aux alentours et tenta de faire comme s'il n'entendait rien. Ne pas y penser, ne pas y penser, ne pas y penser...

Un petit rictus caustique vint étirer ses lèvres rendues rouges par ses morsures répétées, et il pouvait sentir le goût du sang dans sa bouche. Il planta ses yeux dans ceux de la jeune femme, se répétant dans son esprit que laisser sa colère parler ne servirait à rien. Non pas qu'il ait peur des représailles, loin de là, il allait finir par mourir de toute façon et à ce niveau, il n'était plus à ça près. Il fit taire la rage qui voulait planter son drapeau dans son esprit pour englober la résistance qui le faisait encore tenir. Son regard se teinta d'amusement, mêlé à une certaine pitié. Parce qu'au final, qui était celui qui attendait la mort, hein ? Il les connaissait, les tortionnaires, oh que oui. Ils finissaient tous par virer fous, et leur destin après cela était une mort inévitable. Qu'elle vienne d'eux-mêmes ou de ceux qui les entouraient, c'était toujours un peu près la même chose ; quelqu'un se soûle au pouvoir, et la cuite au lendemain, c'est le cadavre en morceaux, littéralement. Alors au final, même s'il savait qu'il allait mourir, il se satisfaisait en pensant que celle qui venait de lui planter une aiguille dans le bras finirait forcément par la suivre. Amertume ? Totalement. En même temps... Isaac aurait donné peu cher de la vie de Toxik si Faust venait un jour à apprendre ce qui lui était arrivé.
Parce qu'il le connaissait presque autant que Clive, et qu'il savait que Faust était loin d'être un ange innocent. Il l'avait vu sous toutes ses formes, et Arceus seul savait qu'il valait mieux ne pas devenir sa cible. Déméter, la Tyranocif, n'usait pas de sa mâchoire sur les humains, mais elle savait faire des exceptions.
Décidant qu'il avait quand même besoin de jouer encore un peu, parce que bon sang que ce poison mettait du temps à agir, il parla finalement. Sa respiration était pour l'instant un peu près normale, ou en tout cas relativement normale pour quelqu'un qui vient de souffrir le martyre il y a tout juste quelques minutes. Et encore. Est-ce que des minutes entières avaient passé ? Il n'en savait plus rien. Il ne savait plus grand chose, en fait, hormis qu'il allait probablement crever comme en chien dans peu de temps, et même le temps en question lui était inconnu.

« C'est ça le truc, j'suis un peu taré. Det är en skam, eller hur ? » dit-il, sans vraiment se retenir.

Il fronça les sourcils. Ah. Il avait parlé en suédois. Un vieux réflexe qui remontait toujours à la surface dans des situations de stress. Et ça, pour être une situation de stress, ah... 'Euphémisme' ne suffisait même plus.

« Ah. Ça doit être mon cerveau qui oublie de switcher. Toutes mes excuses. » expliqua-t-il en haussant les sourcils, sans vraiment porter attention à sa voix.

Parce que oui, le 'toutes mes excuses' était sarcastique. Il l'avait dit par habitude, on va dire, parce que sa mère lui avait toujours dit de rester poli avec tout le monde s'il le pouvait.
… Ah. Sa mère. Encore un enfant qu'elle perdrait. Après Felicia, et après son frère, la voilà qui perdait son fils. Il espérait sincèrement que Faust serait là, le jour de son enterrement, pour l'aider à ne pas s'écrouler au sol. Toutefois, il savait très bien que le conseiller ne serait pas dans un meilleur état. Le connaissant, il ne se permettrait pas de venir sur sa tombe avant d'avoir tué les responsables. Isaac priait pour que sa rancune ne l'amène pas à mettre un pied dans le tombe aussi. Un mort, c'était déjà suffisant. Il y en aurait d'autres, mais Isaac était égoïste : non, Faust n'avait pas le droit de mourir. Kat'... Kat' survivrait. Elle était plus forte. Elle pleurerait, sangloterait, hurlerait, mais elle tiendrait le coup. Elle avancerait, elle. Pas comme lui.

« Ce serait dommage, en effet. Faudrait pas casser tous vos jouets tout de suite... » fit-il noter d'un ton sarcastique.

Il arrivait, l'effet de ce poison ? L'attente devenait bien trop important. Il pouvait sentir son corps se chauffer, comme s'il avait la fièvre, et sa respiration se faire plus lente, mais rien de semblable à ce qu'il avait éprouvé avant. Avait-il eu le droit à un poison plus... Plus doux ? Non, il devait y avoir erreur. Il fronça les sourcils, soudainement perdu dans son petit monde, attendant presque que le feu vienne le saisir à nouveau, mais rien de pareil ne vint. Oh, c'était désagréable. Aussi désagréable que d'avoir mal au ventre, c'est-à-dire comme être malade. Même si ses nerfs étaient en feu après ce qu'il venait de vivre et que cela devait aider le poison à être plus ravageur, il arrivait au moins à garder ses esprits. Il avait chaud, si chaud, mais au moins, il ne brûlait pas de l'intérieur. C'était un peu comme s'entailler profondément le bras après s'être fait poignarder. C'était loin d'être agréable, mais Arceus que c'était moins douloureux qu'avant. Une grimace étirait ses traits, mais rien de bien violent en somme.
C'était peut-être arrogant de sa part, mais il se pensait presque chanceux pour une fois. Parce que que pouvait-il bien se passer, hein ?
Mais une silhouette se dessine devant ses yeux. Non, ce n'est plus Toxik qu'il fixe, c'est l'autre mur au bout de la pièce. Des cheveux noirs, des grands yeux bleus, un visage fin et encore jeune. Un petit corps tremblant, des épaules relâchées et un regard si puissant qu'il paralyse Isaac dans l'immédiat, l'empêchant de détourner les yeux et de porter son attention ailleurs.

« Fe... Felicia ? Lillasister ? Vad... »

Picture yourself in a boat on a river
(Imagine-toi dans un bateau sur une rivière, )
With tangerine trees and marmalade skies
(Avec des mandariniers et des cieux de marmelade. )
Somebody calls you, you answer quite slowly
(Quelqu'un t'appelle, tu réponds plutôt lentement,)
A girl with kaleidoscope eyes
(Une fille aux yeux kaléidoscopes)

Mais elle n'est pas vraiment là, hein ? Même si ses yeux se plantent dans les siens, que ses cheveux semblent bouger à chacun de ses petits pas, que son sourire s'élargit, qu'elle rit, qu'elle lui tend la main, il sait qu'elle n'est pas là. Il n'y a pas cette étincelle dans ses prunelles, ce rire n'est pas assez clair, et par dessus tout, Felicia est morte il y a quatorze ans, emportée dans un accident de voiture. Un caprice du destin horrible et cruel qui l'avait laissé silencieux et tremblant de peine pendant des semaines et des semaine entières. Un vide qui n'avait jamais vraiment disparu, une douleur qui le mordait tous les 16 février de cette vie de merde, et un foutu manque qu'il avait essayé de combler par toutes les conneries au monde, jusqu'à ce qu'il se rende compte que rien ne la ramènerait. Rien.
Toutes ses prières n'avaient rien donné. Ses hurlements déchirés qui avaient résonné longtemps dans les oreilles de ses parents lorsque le tombeau était descendu sous terre n'avaient rien fait, alors pourquoi est-ce que ce songe serait réel, hein ?
Il meurt d'envie de saisir cette main traîtresse, mais il est terrifié par le fait qu'il sait qu'elle traversera l'air. Que s'il tentait d'enlacer cette sœur qui n'a jamais eu le temps de grandir, il ne ferait que constater qu'il était bel et bien seul. Felicia avait toujours été la plus grande hantise de son existence, mais il avait appris à ne plus la pleurer. Ou en tout cas il ne se permettrait de pleurer maintenant. Pas devant Toxik. Jamais.
Parce que même s'il sent son cœur se serrer, même si la voir est plus douloureux que tout, même s'il sent sa poitrine se contracter et qu'un nœud affreux se forme dans son ventre, qu'elle est à quelques centimètres de lui et qu'elle l'observe ainsi, il ne pleure pas. Il la regarde, les yeux un peu brillants, mais aucune larme ne coule. Aucun sanglot ne sort de sa gorge. Il aurait sûrement dû fermer les yeux et tenter d'oublier, de se convaincre qu'il ne voit rien, que tout ça, cela ne valait rien, mais le souvenir de Felicia dans son esprit est si puissant qu'il ne peut que l'observer. Il aurait tant voulu la voir grandir, la voir sourire un peu plus, la voir échouer et réussir, la voir vivre, rien que ça. Mais non. Non, parce que putain, il n'avait jamais rien ET POURQUOI... Et... Et rien. Il déglutit et inspire profondément. Nej. On ne pleure pas.
Ça... Il ne l'aurait jamais. Il poussa un long soupir alors que la silhouette de sa petite sœur disparaissait petit à petit. Isaac ne pu que sourire tristement.

J'serai bientôt là, Felicia. Je ne sais pas exactement quand mais... Attends-moi encore un peu, petite sœur. Tu ne seras plus seule longtemps. Je te le promets.

Look for the girl with the sun in her eyes
(Cherche la fille avec le soleil dans ses yeux,)
And she's gone
(Et elle a disparu)

Lucy. Il en a connu, des femmes et des hommes ; plus jeune, il avait toujours préféré les joies du célibat aux tourments des couples. Elle n'était pas la première personne dont il tombait amoureux, loin de là, mais elle avait été la première qui n'était pas... En fait, il ne savait pas vraiment quoi dire pour la définir, parce qu'il était tombé fou amoureux d'elle. De son sourire, de son rire, de ses petites mimiques, de ses défauts, de ses qualités, de ses rictus, de ses yeux, de ses lèvres, de sa voix, de sa compassion, de la force de son esprit, de ce courage dont elle avait fait preuve et qui l'avait inspiré à faire tant de choses. Lucy était un rayon d'espoir, une force de la nature incontrôlable qui renversait tout sur son passage et qui contrôlait chacun de ses pas. Il avait dû aller contre vents et marées pour qu'elle avoue que son affection était partagée, et c'était grâce à l'aide de Faust s'ils avaient réussi à se fiancer.
Puis elle elle était morte. Brutalement.
Cinq coups de couteau. Du sang partout ; sur ses vêtements, sur ses mains, sur son visage, sur ses joues, sur ses lèvres. Les soldats du régime qu'il avait lui-même descendu ne pourraient plus jamais faire de mal à personne. Isaac se souvenait encore de la froideur de son corps et de la chaleur de son sang sur ses doigts, de son sourire amer et triste pour lui alors qu'elle arrivait à peine à respirer tant la douleur était grande. Sa paume contre la sienne, ses yeux noirs brillants de larmes, sa peau blanche tâchée de rouge. Isaac se souvient avoir hurlé, avoir envoyé tout voler dans sa rage, avoir tué dans un élan de rage de colère, avoir déversé toute sa haine. Il se souvient du canon de l'arme de Faust devant son front, des cris et des disputes, de la douleur.
Mais elle est là, maintenant.

« Lu-Lucy ? »

Rien. Rien RieN RIEN RIEN. Il n'y avait rien ; il n'y aurait jamais rien. Lucy n'était pas là. Lucy était morte, il l'avait vu de ses propres yeux. Lucy n'est pas en train de s'asseoir devant lui, Lucy n'est pas en train de sourire avec ces mêmes lèvres qui étaient tâchées de sang la dernière fois qu'il les avait vu, Lucy n'est pas en train de s'approcher et de le toucher. Isaac ne sent que de l'air, et il ferme les yeux pour tenter de chasser cette maudite et douloureuse hallucination, mais rien. Parce qu'il ne peut pas se permettre de laisser son image lui échapper, parce qu'elle est tout ce qui lui reste. Une illusion. Elle s'assied à ses côtés, froide et distante. Trop loin de son cœur. Morte. Loin, loin d'ici. Plus jamais à ses côtés, oh non.

Elle n'était pas là, pas là, pas là, pas là...

Picture yourself on a train in a station
(Imagine-toi dans un train dans une gare,)
With plasticine porters with looking glass ties
(Avec des porteurs en pâte à modeler avec des cravates qui ressemblent à du verre.)
Suddenly someone is there at the turnstyle
(Soudain quelqu'un est là au tournant,)
The girl with the kaleidoscope eyes
(La fille avec les yeux en kaléidoscopes.)

Bienvenue au Paradis

Je sais pourquoi je me bats

Ikaël & Samaël Enodril

Etre un héros pour quelqu'un,
Ça change toute une vie, tous les repères,
Parce que c’est lui
Même ce flambeau, qu’on détient,
Le jour viendra de s’en défaire, pour lui aussi

De la répartie... Ikaël devait bien avouer que son fils avait le don de le surprendre. Son fils n'avait jamais été une brute, et détestait la violence, surtout si elle pouvait être évitée. Sam avait vraiment grandi, en trois ans, il fallait l'admettre. Il était plus mâture, plus grand en taille, mais aussi plus résistant. Sa peur se lisait clairement dans son regard, mais il avait fixé le tortionnaire sans ciller et avait parlé d'une voix distincte, comme pour le provoquer. Ikaël n'était pas stupide; depuis le temps qu'il connaissait Dio, il savait très bien comment ce dernier allait prendre l'insolence de son fils : assez mal. Pour lui, il devait tout commander. Être le chef, se sentir puissant. Alors un gosse qui osait le défier ?... Nul doute qu'il n'allait pas laisser passer ça, et qu'il allait même en rajouter. Mais dans ce cas-là... allait-il changer de cible, désireux de faire payer les phrases de l'adolescent ? Car si le père de famille n'était plus vraiment surpris par les tortures, pour Sam, cela devait être... "nouveau"; et si le mal qu'on lui infligeait le faisait toujours autant souffrir, il ne supporterait pas le fait qu'on ose s'attaquer à son garçon de la même manière. Voir la personne qui comptait le plus pour lui se faire torturer ainsi le déchirerait complètement.

C'est donc avec un gémissement de douleur, un grincement de dents, les yeux fermés, mais un soulagement sans borne, qu'il reçut le coup brusque du couteau qui s'enfonçait de plus en plus profondément. Sam, quant à lui, sachant pertinemment qu'il n'allait pas rester sans danger après ce qu'il avait osé dire, ne put retenir un hoquet de surprise. Son visage se décomposa et ses tremblement redoublèrent lorsqu'il vit le sang de son père glisser sur la lame et dépasser sur les doigts du tortionnaire.
Ce dernier jeta un regard mauvais à Samaël et ses paroles cinglantes fit perdre au jeune garçon toute trace d'insolence pour laisser la peur prendre le dessus. Il s'était douté que les prisons, et notamment les tortures, pouvaient être horribles. Mais jamais il ne s'était imaginé ça. Et encore, sa présence devait encore plus torturer l'esprit de son père, qui pouvait à tout instant s'inquiéter pour son fils et le voir souffrir sous ses yeux, impuissant.
Mais Dio ne semblait pas vouloir blesser Sam. Il venait d'arriver; il voulait sans doute juste le faire parler. Et pour ça, quoi de mieux que de planter un couteau dans l'épaule de son géniteur ? Celui-ci ne put s'empêcher de sortir de minces petits cris lorsque le sadique aux lunettes remua le poignard dans la blessure du prisonnier le plus âgé, faisant sortir de plus en plus de ce liquide pourpre qui était semblables dans les veines des deux Enodrils.

- P'pa !

Sous les appels de son fiston, le concerné ne put que sourire, tentant de le rassurer. Mais déjà qu'il n'était déjà pas beau à voir, alors que ce n'était que le début... Si Sam sortait un jour d'ici, ce que le blondinet aux yeux dorés espérait de tout son cœur, il aurait malheureusement des cauchemars par sa faute.
L'adolescent essaya de dégager ses mains de ses menottes. Mais elles étaient bien trop serrées, et le tortionnaire lui-même les avaient vérifiés. Il entendit néanmoins un petit bruit de cliquetis, mais il ne pouvait même pas libérer un de ses bras.
A la vue de cette arme, toujours logé dans l'épaule de son père, Sam ferma les yeux, supportant plus cette vision. Mais il les rouvrit instantanément quand il entendit les pas de l'Officier se rapprocher de lui. Il voulut reculer loin, très loin, mais le mur le bloquait et ses paupières ne voulaient plus s'abaisser, comme si c'était sa propre mort qu'il voyait avancer dans sa direction. Son ventre se tordit devant l'angoisse et la panique qui s'empara de lui alors que la lame était toujours planté dans la blessure qui s'était agrandie. Il eut l'impression de toucher la Faucheuse elle-même quand la main froide et rouge de Silvery lui couvrit le visage, laissant sur la peau de Sam le sang de son père.

Puis, la voix glacée de Dio sembla jeter des lianes invisibles sur son cœur pour l'étreindre et le serrer violemment. Malgré lui, malgré sa réticence et son désir de rester fort, Sam perdit le contrôle de lui-même et des larmes commencèrent à couler, se mêlant aux globules rouges qui parsemaient déjà ses joues. Il avait céder aux pleurs, la peur s'étant fait trop saisissante; comme si les paroles de Dio avaient "achever" son courage et le reste de force qui lui restait. Ce n'était plus qu'un gamin soumis et sans défense, contre un homme armé et son Scalpion.
Ses yeux couleur or s'étaient écarquillés. Il ne voulait pas que son père meurt par sa faute. C'est vrai, il avait toujours rêvé de lui ressembler, d'être comme lui, mais la menace de Dio lui fit secouer lentement la tête. Il renoncerait à devenir comme lui. Il renoncerait à tout, si seulement son père était en vie. Il s'était battu jusqu'ici pour le libérer un jour, et avait même participer à la Compétition, quitte à se faire gravement blessé par des Pokémons sauvages et dangereux. Mais le plus grand danger, sur Enola, c'était le Régime. Les Léviators ? Les Ursarings ? Les Empiflors ? C'était juste des Insolourdos, comparé à eux. Peu importe les dangers de la forêt, des montagnes ou de la mer; car les êtres les plus vils et cruels, c'était bien les humains qui se trouvaient au Bloc.
Si Sam s'était rendu compte bien plus tôt de toute la méchanceté dont pouvaient faire preuves les Hommes, il aurait tout donner pour progresser plus vite et ainsi sortir son père le plus rapidement possible de cet enfer. Cet enfer, dont le diable se trouvait bien ici, dans la cellule n°15. Oh, quelqu'un se plaignait des deux empoisonneuses ? C'était qu'il n'avait jamais été dans la ligne de mire de Dio Silvery. Plutôt avoir des hallucinations morbides que de passer du temps en compagnie de ce taré.

Samaël essaya de bouger lorsque le tortionnaire se déplaça une nouvelle fois vers son père mais le Pokémon aux bras tranchants l'en empêchait. Il voulait crier, hurler son nom, mais seuls des sons larmoyants s'échappaient de lui. Il espérait que ce massacre se terminerait bientôt, mais il ne devait pas se faire de faux espoirs : le blond fou n'avait apparemment pas fini de s'amuser avec eux.
Il retira brutalement le couteau de son "Chouchou" pour plaquer sa face contre le mur et ainsi essuyer au passage les traces de sang sur la lame, provoquant des coupures, qui venaient se rajouter aux quelques petites cicatrices, souvenirs de d'autres séances de torture, bien moins douloureuses cependant que celle-ci.

Le regard inquiet d'Ikaël scruta le tortionnaire qui se rapprochait de son fils, couteau en main, déclenchant chez lui une crise d'angoisse qui manqua de le rendre incontrôlable.
Sam remua dans son coin, tremblotant plus fortement, lorsqu'il aperçut l'arme de Dio sur lui, combiné au sourire malsain qu'il lançait. L'adolescent détourna le regard pour ne pas croiser le sien, mais le jeune homme leva son menton vers lui, faisant plonger les iris d'or de l'Enodril dans ceux bleu clair du tortionnaire.
Sa voix était redevenu douce, mais ses mots étaient aussi tranchants que la lame qu'il glissait sous le nez de sa victime. Sam serra fort les dents pour ne pas obéir, et referma les yeux, ne pouvant supporter plus longtemps cette vision d'horreur, terrorisé de ce que le blond pouvait lui faire.
Mais il n'eut guère le choix, cependant. Malgré toute la volonté qu'il avait encore en lui, la poigne de Dio était si forte et si pressante que sa mâchoire s'ouvrit contre son gré et Silvery en profita pour introduire la lame à l'intérieur, sa langue touchant à même le métal.
*Non... non...*
Il essayait de ne pas se laisser faire. Il ne voulait pas obéir à ce type et goûter au propre sang de son paternel. Mais il eut un frisson de dégoût lorsque les gouttes tombèrent malgré lui dans sa bouche et glissèrent le long de son œsophage. Ce goût de métal l'écœurait au plus profond de son être, et il se rendit compte après que son aveuglement volontaire accentuait son sens lié au goût.

Tous les héros ne sont que des hommes
Je le resterai pour toi
Les héros ne sont que des hommes
A côté de toi

Une chance. Une chance ?... Il lui donnait une chance d'écourter sa punition ?... "S'excuser à genoux"... Cette idée répugna Sam. S'excuser devant cet être immonde qui prenait du plaisir à les voir souffrir tour à tour ?... Devait-il vraiment s'abaisser à un tel niveau, alors que cela lui semblait, en temps normal, au-dessus de ses forces ? "En temps normal", oui. Car ce qui leur arrivait était tout sauf normal. Alors oui. S'il pouvait arrêter ce supplice, il le ferait. S'il devait bel et bien agiter sa main et se mettre à genoux devant Dio, il le ferait. Il n'est pas habitué à tout ça. Cette prison l'a totalement pris au dépourvu, tant et si bien qu'il perdait ses propres principes, influencé un peu par Ikaël, qui lui avait toujours dit qu'il valait mieux mourir debout que de vivre à genoux ? Est-ce que son père serait-il lui aussi épargné, au moins, pour qu'il fasse un tel geste humiliant qui porterait atteinte à l'honneur de sa famille ?...

Samaël, qui s'était soudainement crispé, se relâcha et baissa la tête. Il n'avait pas tellement le choix, dans la situation actuelle. Il devait capituler devant ce monstre qui jubilerait de sa victoire et leur pourrirait davantage leur séjour en cellule en profitant du lien qui unissait Ikaël à son fils. Il s'était promis de ne jamais abandonner, quoiqu'il arrive. Car l'espoir, c'est bien tout ce qu'il possédait.
Lentement, il se concentra sur ses mouvements pour bouger la main gauche, comme on le lui ordonnait, mais l'intervention soudaine de Ikaël l'interrompit dans sa lancée et il rouvrit les yeux vers lui.

- NON, SAM ! Tu dois résister ! Peu importe ce qui arrive, tu DOIS résister ! Les Résistants se battent pour libérer Enola du Régime qui nous oppresse ! Ne donne pas une occasion à ces enfoirés de répandre plus de souffrance sur l'île !

Sam soutenu le regard doré de son père, ses mots se bousculant dans sa tête. Oui, il le voulait. Il voulait résister, plus que tout, il voulait résister ! Mais comment pourrait-il alors que la vie de son père était en jeu ?...
Jamais. Jamais il ne trahirait qui que ce soit. Il ne savait rien, ou presque, mais le peu de choses qu'il savait, il voulait le garder. Pourquoi lui, précisément ? Pourquoi torturer un autre prisonnier, qui en saurait sûrement plus que lui ? Il n'était pas un Résistant, il était juste un dresseur qui avait juste voulu sauver un membre de sa famille. Alors pourquoi lui. Pourquoi lui ?! Et puis au fond, que savait-il exactement ?! RIEN ! Rien, mise à part...
*Faust...*
Faust. Noctis. Non. Jamais. Jamais il ne trahirait Faust. Jamais il ne trahirait qui que ce soit, et surtout pas Faust. Son messager, son sauveur, son soigneur, son... frère de cœur...
La première fois qu'il l'avait rencontré, il n'avait trouvé devant lui qu'un mystérieux inconnu, qui se dissimulait sous un casque et cachait sa véritable identité. Il avait intrigué Sam; lui avait fait un peu peur, aussi. Mais lorsqu'il lui a parlé de son père, il avait eu l'air tourmenté... Sam avait cru au début qu'il ne le reverrait probablement jamais, qu'il allait juste lui rapporter les faits de l'Opération du Bloc R. Mais après... Après ? Il y a eu l'Oeuf et l'Empiflor. Faust l'avait sauvé, comme Solène, Kirito et John. Mais c'était différent, ils ne lui avaient confié aucun secret. Mais en plus de cela, il l'avait ramené chez lui pour le soigner, lui avait offert son hospitalité, et lui avait même révéler son identité. Il avait eu mal, ce jour-là, quand le châtain le soignait. Mais cela avait été une douce "douleur". Une douleur qu'il savait qu'elle guérirait. Son corps avait été meurtri, ce jour-là, mais son cœur, au contraire, avait reçu comme un baume sur la peine qu'il conservait depuis l'enlèvement de son père. La gentillesse du hérisson l'avait marqué à vie, et il n'oublierait jamais sa voix douce, très différente de celle de Dio, et la tendresse dont il avait fait preuve lorsqu'il l'avait enlacé. La veille au soir, avec son colocataire, ils s'étaient disputés à cause de lui. En tant que Noctis, Faust était un Résistant assez actif. Divulguer son identité n'était donc pas si simple. Mais malgré tout, ses identités, il les avait confié à Sam. Il lui avait fait confiance. Et désormais il avait une place bien spécial dans son cœur. Alors comment... Comment pourrait-il un jour révéler à quelqu'un son secret ?...
Il voulait protéger à tout prix protéger Faust. S'il s'agissait juste de garder le silence, il pourrait le faire... pas vrai ?... Était-il si désireux d'aider le châtain au point de laisser son père mourir ?...
Ou point de mourir, lui ?...
Ne serait-ce pas la solution la plus efficace, quand on y pense ?... C'était si simple d'avancer sa tête brusquement pour que la lame lui transperce la gorge et le tue d'étouffement... Son père serait triste, anéanti, même. Sa mère aussi, bien qu'en sécurité. Et ses Pokémons... Qu'allaient devenir ses Pokémons ?...
Solène, Faust, John, Victoria, Kirito... Tous. Ils seraient prêt à tous les abandonner pour sauver le secret de Faust et par la même occasion, celle de son père. Ce n'était qu'un fardeau inutile, de toute façon. Il n'était même pas fichu de se sauver lui-même. Toujours à devoir mettre la vie de ses amis en danger. Ses amis... Sans doute la plus grande satisfaction de son voyage. Il était heureux de s'être fait des amis.
Faust. Il était toujours question de lui. S'il parlait de lui, il le mettrait en danger. Oui, plutôt mourir que de le mettre en danger... Sam ne savait pas grand chose, mais peut-être que pour son tortionnaire, la moindre information pouvait être capitale. Alors il n'aurait droit à rien. Il était conscient que son père risquait de nouveau se faire planter ce foutu couteau, et que lui aussi, risquait d'y passer, mais le secret de Faust était bien plus important que sa propre vie.
On le torturait mentalement. C'était bien pire que le fouet, le poison ou autre chose. Alors qu'il pensait encore à Faust, Samaël continuait de pleurer, sans pouvoir se retenir, et bégaya.

- Mais... je ne sais rien... Je ne sais rien !...Non, rien...

C'était vrai, en même temps.
Tout ce que Sam voulait, c'était devenir Maître Pokémon. Devenir Maître... Car les rêves sont bien tout ce qui lui reste, et lui permettent véritablement de le maintenir en vie.

Maintenant que tu es là
Je sais pourquoi je me bats

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Bienvenue au Paradis ♥

Je soupirais presque d'aise, désormais. Je prenais plaisir à mettre ce petit dans un etat pareil. Gosse ou pas, c'est la même, non? Mon travail est de trouver des réponses aux questions, des indices, et quoi de mieux qu'un jeune garçon pour me refiler les réponses. La vérité ne sort-elle pas de la bouche des enfants -cette expression est vraiment stupide et pas du tout véridique mais elle allait bien dans le contexte, et je suis totalement cynique, présentement-... Bon, j'avais un métier mais je faisais souvent passer mon amusement avant tout. Et passez moi les commentaires du genre ça se fait pas de s'attaquer à un gosse. Nan, nan. C'est pas moi l'enfoiré, c'est pas moi qui ait chopé ce gosse pour l'amener ici, il s'est juste trouvé qu'il était le fils du mauvais mec, voilà tout. Plus il chialait, plus mon sourire grandissait, je me mis même à rire doucement, son malaise était presque palpable. Et les encouragements de son père... Ne pouvait-il pas la fermer, lui?! En lançant un regard vers l'arrière, mon attention restait rivée sur ce que Samaël allait faire, sans que le couteau ne bouge ou ne coupe, j'attendais. Je savais être patient. Et plus le temps passait, plus je le voyais se briser. Il comprenait. Il réalisait pleinement ce qui se passait dans cette cellule, ce qui allait lui arriver. Son courage se désagrégeait, malgré le fait que le contact visuel avec son paternel devait le rassurer un peu. Mais si ils reprenaient encore confiance, il suffisait de leur faire perdre pied de nouveau. En en plantant un, puis l'autre, plus repasser à l'un, puis encore à l'autre. Je ne sais pas combien de temps ça durerait. Ça pouvait être long, très long. «Je ne sais rien», hein. Cette réponse ne me mit pas hors de moi, c'était le cheminement ordinaire des choses. Avec un lenteur angoissante, je retirais la lame de la bouche ouverte du garçon, mais gardais son visage dans ma main serrée, trop serrée, sûrement.

« Bravo mon petit Ours Brun, tu as passé la première étape. Tu m'as montré que tu n'allais pas abandonner ta fierté si facilement! Comme ton père. C'est ce qui fait tout le challenge! Les gens comme vous, ils ne se cassent pas si vite. »

Je retournais au milieu de la pièce, en observant la lame du couteau encore sale du sang d'Ikaël. Avec un air presque nostalgique je regardais le petit dans son coin.

« Sam, tu sais... Dès que tu es arrivé ici, tu n'as eu qu'un seul destin, celui de perdre toute humanité, petit à petit. A partir du moment ou tu m'a dis ne rien savoir, tu m'a prouvé que tu n'allais pas parler tout de suite, et ça... Cela rallonge ta durée de vie. Mais pas en tant qu'être humain. En tant que jouet. Tu comprends? Tu es devenu mon jouet. » Et je me tournais vers Ikaël avec un air faussement compatissant « Ikaël... Tu peux être fier de ton fils... Il a voulait vraiment devenir comme toi, et il a réussi. Et tu l'y a aidé! Peu de pères peuvent se vanter de ça... D'avoir réussi à donner un si bel exemple à leur fiston! »

Et un nouveau sourire bien innocent pour en remettre une couche. Oh, parce qu'il pensait vraiment que j'avais un réel intérêt pour les informations qu'il me donnerait? Bon, un peu. Surtout si il me parlait de Soledad, Weber, ou de Ikeda, par exemple. Non, je ne faisais pas une fixette. Enfin si. Ma foi, si ils restaient tous les deux ici, je pourrais toujours canaliser ma rage sur eux. Une belle petite famille a ma disposition, c'est carrément le pied. Oui, ils en seraient plus durs à briser. Mais même les plus fiers finissaient par mourir de l'intérieur, je l'ai vu avec Damien, sauf que je n'ai pas pu en profiter, je n'ai jamais pu l'entendre me supplier de mettre fin à ses jours. Soupir nostalgique.

Bon, fini la récré, ils avaient ou souffler, peut-être avaient-il préféré fermer leurs oreilles à mes paroles venimeuses. Oh, qu'il se ferment au bruit, ils n'arriveront pas à s'isoler de la douleur. Et j'allais faire plaisir à Sam en premier. Eh bien oui, il fallait le récompenser d'être passé dans la cour des grands! Et il allait aimer le début car une clé en main, je comptais lui enlever ses menottes. Enfin, pas sans penser à mal. Et pour cela, je sortais aussi une pince de ma poche, vous me connaissez peut-être suffisamment pour savoir à quoi elle allait servir. Je faisais se retourner Sam pour qu'il pose ses mains contre le mur, le couteau était suffisant pour appesantir une menace sur lui et l’abstenir de tout mouvement superflu qui jouerait contre sa santé. En posant une main sur l'une des siennes, j'inspectais chacun de ses doigts, de ses ongles, en détail. Et me fixais sur son index. Doucement, je prenais sa main dans la mienne.

« Sam, maintenant que tu est mon jouet, je vais te marquer. Tu sais, histoire que tu te souviennes à qui tu appartiens. Et puis, comme ça, je t'ajouterais à la collection! » Un entrain très clair dans ma voix devenue enfantine, je saisissais son poignet et attrapais l'ongle de son index dans la pince. « Ah, par contre, ne bouge pas, plus l'arrachage est net, moins ce sera douloureux. Et n'essaie pas de te débattre si tu ne veux pas que j'en arrache deux autres. »

Se disant, je raffermissais ma prise sur sa main et après avoir bien mis en place la pince, je tirais avec toute ma force. Un bruit d'arrachement se fit entendre dans la cellule et je récupérais un ongle dans ma main. L'arrachement avait été net, parfait.

« Wunderbar! Regarde Ikaël, regaaaaaarde! »

Je me précipitais auprès du blond pour lui montrer l'ongle de son fils sous toutes les coutures, je riais comme un enfant en me posant de nouveau sur le lit au côtés de mon chouchou et faisais passer l'ongle d'une main à l'autre, d'un air radieux.

« Alors? Je ne vous entends plus beaucoup? C'est les ongles que je vous ai arrachés, pas la langue, que je sache! »

Ben oui ,c'est vrai, si il n'y a que moi qui met l'ambiance dans cette cellule, c'est pas juste.

Bienvenue au paradis.

"Un peu taré". Il y avait de quoi rire, lorsqu'on savait réellement ce que pourrait faire un tortionnaire passionné non par une science mais par la torture elle-même. Ce pauvre homme "un peu taré" serait déjà en train de payer son audace. Il avait de la chance, en un sens, que Kim appartienne à la classe des scientifiques seulement & pas du tout à celle des bourreaux finis. Elle se fichait un peu qu'il la provoque ainsi, cela l'amusait même, tant qu'il ne touchait pas les points sensibles. Enfin, il était en position de faiblesse actuellement, même s'il continuait de répondre, alors comment aurait-il pu l'atteindre d'une façon ou d'une autre? Il n'avait aucun moyen de savoir comment la toucher elle, car elle tirait les ficelles. De vrais tortionnaires trouveraient cette sensation jouissive. Une fois encore, elle, elle n'en avait pas grand chose à faire. Entendre Peterson continuer dans une autre langue la fit à peine hausser un sourcil, là où d'autres auraient cogné juste au cas où ce soit une insulte. Il pouvait bien dire ce qu'il voulait après tout, cela ne changeait pas grand chose. Elle appréciait seulement la conversation, de ne pas avoir à faire à une simple victime inerte mais bien à une personne encore réactive, qui continuait de se défendre même en jouant les "un peu taré". Il gagnait ainsi, simplement un petit peu de respect de la part d'une femme que la vie avait menée à mépriser la plupart des individus humains. L'excuse que prononça le cobaye la fit presque rire. Tant de sarcasmes dans quelques mots si simples, si simples, c'en était comique. À le voir continuer de se battre ainsi, ne jamais abandonner, elle avait du mal à croire qu'il ne savait rien de la Résistance, mais ce n'était qu'une intuition. C'était peut-être aussi simplement car il avait un mental fort.

- Ah, les joies d'être multilingue. Si aisé de s'y mélanger, si l'on n'y prend gare.

Elle ne fit pas l'affront d'ajouter quelques mots en anglais ou en japonais. D'une part c'aurait été avoué qu'elle n'avait pas compris un mot de ce qu'il avait dit -là où son visage resté de marbre pouvait laisser le doute-, d'autre part cela n'aurait mené à rien. De nouveau, elle manqua de rire, de rire franchement, quand il acheva de répondre à ses questions. Casser ses jouets. Oh, c'étaient les tortionnaires purs qui parlaient de leurs victimes comme des jouets.. Elle, était ce jour-là tortionnaire pour la première fois. & puis elle restait scientifique avant tout. Les prisonniers qu'on lui confieraient ne seraient jamais des jouets ; seulement des cobayes, elle les verrait comme des sujets d'étude. Elle restait humaine au fond, même si sa confiance ébranlée en la nature humaine lui faisait mépriser nombre de ses semblables. Elle n'avait pas de plaisir particulier à faire souffrir d'autres humains, elle voulait juste voir elle-même les effets de ses inventions, faire ses tests elle-même. Elle n'avait juste pas assez confiance en ses semblables, pas assez confiance dans les tortionnaires-nés, pour les laisser continuer à expérimenter à sa place ses créations. Parlant d'expérience, il semblait que le poison qu'elle venait d'injecter à Peterson quelques longues secondes plus tôt commençait à agir.. Mais nulle douleur physique ne vint le tordre, le forcer à lutter pour garder le silence. Non, sa voix retentit tout de suite. Tremblante, un appel, dans la même langue inconnue que celle qu'il avait employée précédemment. Mais cette fois ce n'était pas à elle qu'il parlait. Elle avait beau scruter ses traits tendus, elle ne le retrouvait plus ; il était ailleurs, son regard fixé sur un point invisible droit devant lui..

Oh mais il.. Il hallucinait? Aurait-elle enfin réussi, enfin créé un.. Un hallucinogène? Arceus tout puissant, eurêka! Elle avait trouvé. Des semaines, des mois.. Des années qu'elle cherchait! Elle avait tout tenté, bien des combinaisons, ajouté quelques drogues humaines avec ce genre d'effet, mais toujours le venin de pokémons qu'elle ajoutait annihilait tout effet hallucinatoire. &.. Elle avait enfin trouvé. Les venins de Dardargnan & Coatox ainsi mélangés donnaient ce qu'elle recherchait depuis si longtemps ; le pauvre cobaye effondré à fixer le mur en appelant une certaine Felicia, & quelques minutes plus tard une Lucy, en était la preuve des plus flagrantes. Il les voyait sans aucun doute. Il délirait. & tout près, Kimyann jubilait en silence, peinant à tenir en place après cette découverte tant espérée. Sa main tremblait alors que, fébrilement, elle notait ses observations sur une page vierge de son bloc-notes. Elle avait créé un hallucinogène à l'aide de la Biochimie Pokémon. Elle avait réussi. & les effets semblaient des plus puissants, pour avoir ainsi raison des barrières de ce spécialiste des pokémons psychiques ; un homme qui par définition devait avoir un esprit solide. Elle avait réussi, enfin! À ses côtés, Hermione souriait, contaminée par l'euphorie de sa dresseuse, l'aidant à remarquer tous les effets & détails qu'elles pourraient vouloir prendre en note. Dans un coin, Severus se délectait de la souffrance visible de la victime. Dans un autre, Flamel observait la scène avec une froide curiosité, apparemment peu perturbé par le sort de Peterson. Regulus quant à lui glissait silencieusement sur le sol, pour aller regagner sans un bruit sa place autour des épaules de leur dresseuse. Qui semblait presque telle une enfant dans un magasin de jouets. Elle avait réussi. Elle avait créé le Mirage qu'elle avait tant espéré.

***
Des jours passés à venir régulièrement voir Peterson, son sujet d'études attitré. Elle pensait désormais pouvoir se vanter de le connaître ; surtout après l'avoir vu subir quelques fois les effets de Mirage. Des jours, elle ne comptait pas combien exactement, à aller & venir entre son labo à Amanil & le Bloc R2, pour travailler sur ses poisons & jouer les tortionnaires tour à tour. Oh, elle avait bien des choses à écrire sur ses rapports à remettre à ses supérieurs, mais rien de concluant, rien qui les intéresserait vraiment. Rien sur la Résistance, rien sur la Ligue, rien sur un possible lien entre les deux.. Son cobaye n'avait pas parlé, malgré toute sa répartie qu'elle avait saluée dès le premier jour. Elle avait appris beaucoup de choses sur lui -surtout sur son caractère à vrai dire- mais rien de très utile pour le Régime, malgré ses questions ciblées ou plus viles. Rien, pas un mot d'intéressant. Alors oh, elle avait eu des choses à noter, mais les résultats des interrogatoires se résumaient surtout à "rien". Enfin, c'était terminé désormais. C'était la dernière fois qu'elle lui rendait visite, ce jour-là. & pour l'occasion, elle n'avait pas amené son Racaillou shiney cette fois-ci. Trop repérable. Mieux valait que son cobaye, ou plutôt ex-cobaye désormais, ne le voit plus. Car oui. Ce jour-là, les prisonniers de la rafle allaient être libérés. On le leur avait annoncé la veille au soir. & la seule raison de sa venue tôt ce matin, était d'effacer ses traces avant qu'un soldat n'aille remettre Peterson dans la nature. Un sourire presque avenant, discret, s'étira sur son visage alors qu'elle entrait dans la cellule avec ses trois pokémons serpents, refermant la porte derrière elle tandis que Regulus allait réveiller le prisonnier avec toute sa délicatesse caractéristique avec d'autres que ses proches. C'est-à-dire aucune, oui. Kim ne tarda pas longtemps à prendre la parole ; à peine fut-elle sûre que l'homme était éveillée, elle lui annonça les raisons de cette visite si inhabituellement matinale.

- & bien, il semblerait que ce soit terminé pour toi Peterson. Tu seras bientôt libre. Mais d'abord, je dois te donner un dernier poison..

En parlant, elle s'accroupit auprès de la mallette que sa Lianaja avait posée à terre & ouverte. Tranquillement, elle sélectionna l'ultime drogue choisie, en emplit précautionneusement une seringue. Le Mirage, une dernière fois. Car parmi les effets secondaires, elle avait remarqué que son sujet perdait une partie de sa mémoire immédiate ; selon la dose injectée, il pouvait ne pas se souvenir du visage de sa tortionnaire. Alors elle y mis la dose pour cette fois. Car il ne fallait pas qu'il se rappelle de Toxik, l'adepte des poisons aux pokémons reptiliens & au Racaillou chromatique. Moins il se rappelait de détails sur le visage de celle qui avait été son bourreau, mieux ce serait.. Elle avait encore un jeune frère à protéger, après tout. & puisqu'elle comptait continuer encore un moment à veiller sur Take, elle ne tenait pas vraiment à avoir le "petit ami" présumé de Peterson sur le dos. Comment douter que Méphisto la traquerait jusqu'en enfer si jamais il venait à savoir qu'elle avait été la tortionnaire de l'homme vers qui elle se retournait désormais, sa seringue fin prête?

- Parce que je ne peux pas te laisser te souvenir de mon visage après tout, n'est-ce pas? Tu le sais aussi bien que moi. Lorsque tu reprendras conscience, je ne serai plus là. & on te relâchera.

Une dernière fois, elle injecta le liquide jaunâtre dans le bras de son ex-cobaye. Puis, dans un dernier salut de tête presque respectueux, elle quitta la cellule sans attendre plus longtemps, suivie de près par ses trois pokémons serpents ; oui, sans même attendre de voir le Mirage agir. Elle en connaissait les effets après tout désormais, & malgré son mépris de l'espèce humaine, malgré tout ce qu'on pourrait croire après l'avoir vue au Bloc R2.. Elle ne vivait pas que pour voir souffrir ses semblables, elle n'était pas une sadique.

Finish for me o/

Bienvenue au Paradis

Ikaël Enodril

Ikaël & Samaël Enodril

À peine le goût de ton désir
L'envie de nous et la terre se déchire

Quel soulagement pour l'adolescent, lorsque son tortionnaire retira enfin le couteau de sa bouche. Il se dit finalement qu'il n'aurait aucune raison de dévoiler le secret de Faust, et quand bien même il en avait eu, d'ailleurs, il s'était promis de ne pas le trahir. Donc il ne l'a pas fait. Son silence avait porté ses fruits, semblerait-il. Mais le blond pervers gardait fermement sa main contre son visage. Qu'est-ce qui était le pire ? La douleur à sa mâchoire alors que l'autre l'enserrait fermement, ou le contact avec cette peau souillée du sang de son père, cette paume qui semblait bloquer sa respiration ? Il n'aurait su dire. Ses mains tremblèrent de plus bel, mais les mots d'Ikaël l'avaient un tantinet rassuré. Son regard si réconfortant aussi, d'ailleurs. Les yeux doux du prisonnier n'étaient en rien semblables aux iris glacés de celui qui portait des lunettes.

Et cette voix... cette voix sinistre qui lui glaçait le sang était à elle-seule une torture pour les oreilles. Et pourtant il n'arrêtait pas de parler. Encore et encore. Ce supplice auditif pouvait-il au moins être comparable à ces coups de couteau qui pouvaient transpercer n'importe quoi si facilement, et qui avaient provoqué chez le Enodril le plus âgé une blessure profonde d'où du sang s'échappait depuis tout à l'heure ?
"Mon petit Ours Brun"... ce surnom fit frissonner Samaël. Et encore, un ours, au moins, c'était dangereux. Menotté dans une cellule où il n'avait plus que les yeux pour regarder son père souffrir et pleurer, il n'était dangereux. La crainte, c'était ce type s'amusait à leur faire du mal.
De quel étape, parlait-il ?... Si ça c'était la première étape, comment allait être le reste ?... Lui réservait-on déjà pire que ce qu'il avait déjà vécu ? Sans doute. Peut-être que la première étape était en fait la plus douce. Pourrait-il seulement supporter ce qui allait suivre après ? Pas de doute que plus de mille et une idées sadiques papillonnaient dans l'esprit du tortionnaire alors qu'il contemplait la lame ensanglantée de son "outil".

Le père était bien plus résistant que son fils. Si Ikaël ne cillait pas une seule fois face aux mots de Dio, Sam, lui, était mort de peur. Chaque phrase faisait l'effet d'un coup de fouet. Elles portaient en elles le désespoir, finissant de réduire ce qui restait de lueur dans le petit cœur du châtain. Les pleurs de celui-ci s'arrêtèrent, remplacés par une crampe d'estomac due à une trop grande panique qui s'était peu à peu accumulée en lui, rapidement et sûrement. Il avait toujours rêvé d'être courageux. Mais voilà depuis le début que son soi-disant courage l'avait abandonné, ne laissant qu'une coquille presque vide, où la peur régnait désormais en maître. Plus de l'enfant insolent qu'il avait essayer de devenir en prononçant les premières paroles qu'il avait carrément jeté à la figure du blond, provoquant au passage sa colère.
Une coquille ? Non. Un pantin. Un pantin, c'est comme un jouet, non ? Silvery n'avait-il pas dit que c'était son jouet ? Ce n'était plus un être humain, mais simplement un objet, censé apporter divertissement et satisfaction au blond ?... Mais après tout, était-il en mesure d'affronter Dio, de le contredire ?... Car en plus, ce n'était pas tellement faux. Il n'était qu'un jouet, répondant aux désirs de son maître en se terrant dans cette angoisse, quitte à se mettre dans une crise infernale. Ce que Dio voulait, Dio l'avait. Ou presque. Des informations, il n'en avait pas reçu de la part du gamin, mais apparemment, profiter de la réunion de famille était bien plus amusant pour lui. Et il en profitait grandement...

Le ton sarcastique de Dio ne fit même pas bouger Ikaël. Rester droit, ne pas capituler. Ils veulent des cris ? Ils auront des rires. Pour ne pas sombrer complètement dans la folie comme la plupart des prisonniers au Bloc, l'Enodril avait réfléchi comme ça. Au moins, même si son cerveau peinait de temps à autre à sombrer dans la dégénérescence, il restait conscient. Il l'était resté, car il avait espéré. Espéré retrouver une vie meilleure, une vie en-dehors, près de sa famille, et notamment de son petit garçon, dont il avait déjà manqué trois ans de sa vie.
Ikaël le savait. Il savait que son fils essayerait à tout prix de lui ressembler, de devenir comme lui. Mais Sam valait cent fois mieux que lui. Jamais il ne devait prendre exemple sur un tel modèle. Il se souvenait le lui avoir souvent répété, d'ailleurs. Il avait dit à son fiston qu'il était unique, et qu'il n'avait pas besoin de faire exactement comme lui. Car Ikaël avait honte de lui-même. Honte de ce que le Régime l'avait obligé à devenir. Honte des idées qui lui étaient progressivement passé par la tête alors qu'il avait vu ce couteau s'enfoncer dans la gorge de celui qu'il considérait comme sa plus grande fierté.
Oui, Ikaël était fier de son fils. Mais ce qu'il a accompli au cours de son voyage, il l'avait fait sans lui. Sam avait pris son courage à deux mains et s'était lancé dans la Compétition... pour lui. Pour le libérer. Ikaël pouvait donc le clamer haut et fort : il était fier de Sam.

Il fronça néanmoins les sourcils lorsque Dio Silvery se rapprocha de nouveau de son fils, avec toujours ce sourire écœurant et diabolique sur sa face de meurtrier.
Samaël tentait encore désespérément de reculer, de fuir cet homme qui n'était que sadisme et méchanceté. Il sortit de sa poche des clés. Mais Sam n'eut même pas le temps de s'interroger davantage sur le trousseau en question car il aperçut bien vite la pince qui apparut à sa suite. Effrayé, il poussait des gémissements. Partir, courir le plus loin possible de cette enfer, voilà tout ce qu'il voulait en cet instant présent. Mais le Scalpion lui barrait la route et empêchait au gamin de faire un quelconque mouvement de travers.
Ikaël regardait lui aussi la scène, faible, alors qu'on menaçait son fils. La pince. La pince. *Non... Tout, mais pas la pince... pas la pince...*
Pour la première fois depuis que Dio avait commencé leur torture, Sam fut surpris, sur le moment. Ses menottes... Il ne les sentait plus... Il lui avait retiré ses menottes !
Sam ne comprenait pas. Qu'est-ce que cela signifiait, au juste ?
L'instant d'après, Dio le menaça de rester en place, son couteau dirigé vers lui, et posant sa main dans la sienne. Sam voulut se dégager de cette emprise effroyable. Mais il n'y arrivait pas. Cette peau froide et ce toucher semblaient faire entrevoir à Sam une vision de toutes les morts que Dio avait provoqué seulement avec ces même mains. Il eut un haut-le-cœur.

Il n'arrivait pas à se calmer. Ses tremblement reprirent et le secouaient de frissons dans tout le corps. Comment faisait-il ça ?... Comment de simples cordes vocales pouvaient infliger autant de peine ?...
Il le traitait comme un jouet. Impuissant, Sam n'osa plus le regarder et baissa honteusement la tête. Comparé à Dio, ce n'était qu'un jouet. Un jouet qui lui appartenait. Et Dio comptait bien le prouver à tout le monde. Par quel moyen ? Il ne savait pas. Mais la pince devait sûrement y être pour quelque chose... Et d'après les dires du blondinet, il n'allait pas tarder à le savoir, de toute façon...

Il lui saisit le poignet et plaça l'ongle de sorte à ce qu'elle se retrouve dans la pince. Ça y est, le cœur des deux Enodril battaient maintenant à l'unisson, et le sang dans leur veine ne fit qu'un tour. La respiration de Sam devint plus rapide, plus saccadée, alors que le tortionnaire lui parlait "d'arrachage". Il allait lui arracher un ongle. Sam comprit les intentions du blond comme un éclair soudain mais il n'eut même pas le temps de penser à se débattre ou à bouger que Dio Silvery tira de toutes ses forces et arracha brutalement l'ongle e son index.

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH !!! AAAAAAH !... AAAaaah !!..

Le cri déchirant de Sam fendit l'âme de son père qui essayait de se débarrasser des maudites chaînes qui le retenaient attaché au lit de la cellule. Il avait essayé. Il avait essayé de ne pas crier, de ne pas faire plaisir à ce sadique. Mais cela avait été plus fort que lui.
Ikaël voyait rouge. Voir son fils souffrir ainsi le torturait plus que tout. Peu importe les cicatrices qui parsemaient son visage ou son sang qui coulait toujours de son épaule. Seul comptait Samaël qu'il voyait hurler après le "marquage" que Dio adressait à ses favoris, dont lui-même avait fait parti. Il y avait eu le droit, à l'arrachage de l'ongle. On lui avait retiré l'index, aussi, tout comme son gamin. Coïncidence ? Ou pas.. Peu importe.

- SAAAAAAAM !

L'adolescent serra les dents mais continuait de crier, moins fort cette fois-ci. Secoué de spasmes, il prit son poignet en tremblotant et scruta avec horreur son doigts en sang qui le brûlait. Jamais il n'avait ressenti une douleur aussi atroce. Il n'y avait bien qu'au Régime que les hommes étaient assez fous pour oser faire une telle chose.
Ce cri, cette vision effroyable de son fils qui gémissait, ce sang qui s'échappait de sa main... Cela finit d'achever Ikaël. Il n'en pouvait plus. Il ne pouvait plus voir Sam se faire torturer ainsi. Devenir un jouet de Dio, ce n'était pas rien. Il avait assez d'expérience pour le savoir, maintenant. Mais jusque là, il ne s'était pas inquiété pour sa famille car il la savait en sécurité. Aujourd'hui c'était différent. Tout était différent; mais rien de tout ça n'aurait dû se passer. Arceus... avaient-ils vraiment mérité telle supplice ?...

À peine le trouble d'un souvenir
Qui m'accompagne et l'horizon s'éloigne
À peine le temps d'avoir aimé
Qu'il faut t'oublier

Dio riait... Comme l'enfant gâté qu'il était resté, il riait dans la cellule en montrant fièrement l'ongle de Sam sous les yeux d'Ikaël qui fixait le sol, assez choqué de ce qu'il venait de voir, malgré déjà tout ce dont sa vue avait été victime au cours de ces dernières années.
Le tortionnaire jouait avec l'ongle nouvellement récupéré et sa remarque fit enfin tiquer son "Chouchou". Ce dernier s'adressa à lui, d'une voix mi-neutre, mi-souriante.

- Dio, tu es le plus beau salopard que je connaisse. Damien te manque, pas vrai ? C'est parce qu'il est plus là que tu t'acharne sur des gamins ?

Il n'avait plus peur, maintenant. En voyant cette pince s'attaquer ainsi à son gosse, il n'avait plus eu aucun doute. La souffrance qu'il avait ressenti à ce moment-là avait été bien trop insupportable...

- T'es un connard, y'a pas de doute. Malgré tout, tu as raison sur un point...

Cette fois-ci, Ikaël appela son fils, l'obligeant à plonger son regard doré dans le sien. Un sourire doux mais triste se dessina sur son visage, fatigué de tant d'années passées ici.

- Sam, j'aurai voulu te donner une vie meilleure. Pardonne-moi de ne pas avoir été là quand tu en avais le plus besoin. Pardonne-moi mon égoïsme et ma lâcheté. Tu prendras soin de ta mère pour moi.

Ikaël repensa à Lyra. Il avait honte de l'abandonner, elle et leur fils mais il n'avait pas d'autres choix.
Samaël, bien que transi par la douleur toujours présente, cligna des yeux vers son père. Il ne comprenait pas. Tout allait beaucoup trop vite. Il cherchait pourtant un mince filet d'espoir chez son paternel, mais il ne vit que de la tristesse, des regrets et... un calme infini. Son père avait une idée derrière la tête. Et un horrible pressentiment s'empara de lui.

- ..P-papa ?...

- Sam, n'abandonne jamais tes rêves et surtout, n'oublie jamais qui tu es. Tu vas affronter des tas d'épreuves, mais tu ne seras jamais seul, tu m'entends ? Jamais.

Ikaël souffla un coup, comme si un immense poids venait de s'enlever de ses épaules. Il aurait voulu. Il aurait voulu être là pour lui. Il aurait voulu être un exemple pour son fils, mais avait fini par se demander s'il n'était pas aussi fou que Dio. Tout ce temps passé loin de lui... Il lui avait terriblement manqué, durant tout ce temps. Et pas une seule fois Ikaël avait cessé de penser à lui. Il aimait de tout son cœur, de tout son être, il l'aimait plus que la vie elle-même. Mais il ne pouvait pas supporter plus longtemps que son fils souffre par sa faute. Il était maudit. Dès qu'il était entré dans cette prison, il savait que jamais il n'allait en ressortir. Pas vivant, en tout cas. Sam avait été torturé ainsi psychologiquement à cause de la présence de son père. Il aurait tout donné pour que Sam arrête de souffrir, même sa propre vie.
Il se redressa, et replia ses jambes sous lui. Ses yeux ne quittaient pas ceux de Sam. Il aurait voulu lui dire tellement de choses, mais il était trop tard, désormais. Il ne pourrait jamais retourner en arrière, alors il devait aider son fils à aller de l'avant, même si cela devait le détruire. Ikaël savait qu'il ne serait pas seul. Il avait un pressentiment. Sam n'était pas seul, il ne serait jamais seul. Tant qu'il avait encore des rêves à réaliser, il pourrait continuer sa route. Et désormais, plus jamais il n'aurait à s'inquiéter de l'état de son père.
Ikaël sentit ses larmes couler, alors qu'il regardait Samaël avec tout l'amour du monde.

- Sam... Je t'aime...

Un silence. Puis, tout à coup, d'une rapidité et d'une force légendaires, Ikaël réussit à extirper sa main de l'une des menottes et saisit Dio Silvery par le col pour le ramener brusquement contre lui. D'un sourire étrange, Ikaël s'approcha de son oreille et lui murmura des mots d'une voix douce, mais sur une sonorité tranchante.

- Enola restera forte...

Ses pupilles couleur or se plongèrent une dernière dans celle de son tortionnaire, avant de laisser à celui-ci le temps de comprendre ce qui venait de se passer. Le couteau était à présent profondément enfoncé dans la poitrine d'Ikaël. Lorsque son corps recula, la lame se délogea peu à peu, emportant avec elle le sang de l'Enodril.
*Sam, je resterai toujours avec toi. Toujours...*
Ikaël retomba enfin au sol, inerte, dans une flaque de sang qui commençait peu à peu à se répandre.
Dans le silence qui s'était installé, seul la lamentation de Samaël se fit entendre.

- PAPAAAAAAAAAAA !

15 ans à peine, 15 ans seulement
J'avais la vie qui m'attendait
15 ans c’est tout, 15 ans pour rien
Déjà la fin, était-ce bien la peine
Pour si peu de temps

D'avoir 15 ans

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Bienvenue au Paradis ♥

Je connais ce silence. Cette plénitude absente de tout bruissement. Ce n'est pas un silence ordinaire. Je reconnais la musique, j'ai entendu la même lorsque j'ai brisé Ikeda avant qu'il... sauf que Ikaël et Samaël, ils ne pouvaient pas s'échapper et personne ne leur viendrait en aide. Le petit ours brun hurle de tous ses poumons alors que son ongle ira bientôt rejoindre ma collection, c’est la preuve qu'il est mon jouet, de la même manière qu'on peut écrire son nom sur ses affaires pour ne pas les perdre ou qu'on nous les rapporte directement quand quelqu'un les trouve, eh bien, moi j'arrache des ongles. Puis au moins en arrachant les ongles eh bien ou va pas me faire la blague « si tu marques ton nom sur tes prisonniers c'est pour pas oublier ton nom ou tes prisonniers? ». Et puis, en plus... C'est totalement un truc à se mettre des gens à dos si ils voient mon nom écrit sur les fesses des personnes qu'elles aiment. Ce serait très drôle, certes, dans un certain sens, mais là, je dois avouer que parfois, faut pas prendre les gens pour des cons! Je devinais que le paternel était en train de craquer car ça y est, il crachait son venin, il n'avait probablement plus la force de chercher a faire du cynisme ou de l'esprit pour se foutre de moi. Il était passé de Dio chéri à salopard puis connard... Mais pas n'importe quel salopard, le plus gros, le plus beau salopard, s'il vous plaît! Assis sur le sommier, j'avais posé mon coude sur ma cuisse et ma tête sur ma main et l'observais articuler ses obscénités avec un air supérieur. Oh, oui, continue, montre-moi comment tu te brises. Enfin. Et voilà qu'il commençait a parler au conditionnel. Ah ouais, je vois le genre, monsieur fait du mélodramatique! Pff... C'est d'un chiant. Mais je me taisais, je les laissais se faire du mal entre eux, il allait détruire son fils lui même... Bravo! Et le gamin qui entravait rien. Enfin, Ikaël avait sûrement perdu les pédales, parce que moi non plus, je pigeais plus ou il s'en allait, là. C'était pathétique.

Mais je n'ai rien pu voir venir ni empêcher dans la suite des événements. Jamais je n'aurais prédit ça mais sur le coup, si vous voulez savoir ce que j'ai ressenti, et que je suis encore dans mes métaphores douteuses eh bien... Vous connaissez ce sentiment. Vous voyez un super jouet à la télé, vous suppliez vous vieux de vous l'acheter, et un jour, au prix de vos efforts pour établir un compromis avec les géniteurs, eh bien on vous offre enfin ce jouet. Sentiment d'accomplissement jouissif pour un enfant, satisfaction ultime. Voilà comment je me sentais jusque là. Tout bêtement comblé. Mais, ça c'était avant, car, non, rien n'a marché comme je voulais. Je pensais que Ikaël débloquait, ma foi, peut-être qu'il a vraiment pété un câble et... Après un dernier mots d'amour adressé à son enfant, je ne l'ai pas vu venir, il s'est libéré comme par magie et... Il s'est jeté sur moi, et je me retrouvais le dos contre le béton froid de la cellule, ma respiration se coupant un instant, j'ouvrais les yeux et tentais de dégager le corps du blond qui pesait sur moi de tout son poids. Il n'avais même pas cherché à me prendre mon arme ou à me frapper, il était juste par dessus moi et ne bougeait plus. Puis toutarriva d'un coup, j'inspirais brusquement en émettant un léger sifflement alors que je sentais un liquide chaud à l'odeur âpre me recouvrir. Pour en revenir a mes métaphores. On est content d'avoir son jouet génial pour frimer devant les copains. Puis on se rend compte qu'en fait, il est pourri. Mais y'a encore pire. Parfois, on arrive juste pas à s'amuser avec ce super jouet qu'on a tant attendu, parce qu'on arrive pas à s'en servir ou à saisir finalement le concept. Voilà ce que je ressentais, une incompréhension totale, alors que le sang d'Ikaël me recouvrait, m'imbibait. Haine. Incompréhension. Dégout.

« C'est quoi ce bordel? »

Comme une lettre arrivée dix ans plus tard, les mots du blond firent enfin mouche dans mon cerveau. Enola restera forte. Quel. Putain. De. Rapport? A quoi est-ce qu'il a voulu jouer?! Au martyr, il a voulu devenir un connard de martyr?! Et son fils, là, nan mais, t'as pas idée de te déssoudemane comme ça sous ses yeux. Je ne pige pas! Il a voulu détruire son gosse encore plus facilement que je l'aurais fait juste pour me foutre la haine, c’est ça?!

« Espèce de connard... Pourquoi t'as fait ça?! POURQUOI?! C'est de la triche... SALE TRICHEUR DE MERDE! »

Je me dégageais de sous lui, repoussant sans ménagement son corps inerte. Il me dégouttait. L'odeur de son sang devait avoir pénétré jusque sous ma peau, et je lâchais le couteau ensanglanté par terre avec un air nauséeux. Là, je n'aurais pu mes réponses. Comment à-t-il osé. Je suis celui qui a droit de vie ou de mort dans cette cellule! C'est pas lui un simple... Un simple jouet... Un jouet que se rebelle. Non, il n'avait pas perdu espoir au dernier moment, il l'avait fait exprès. Pour me foutre la rage. Oh et il avait réussi, j'avais bien la rage, j'en tremblais, et mon estomac se retournait et se nouait au point que je devais placer mes bras autour de moi-même pour ne pas vomir mon déjeuner. Putain, putain. PUTAIN! Je crois que je l'ai hurlé celui-là, je ne me contrôlais plus. Un type vint à la porte et regarda par la lucarne, puis il entra en catastrophe en voyant le macchabée encore sanguignolant.

« Je t'ai pas demandé de rentrer connard. CASSE TOI! »

Je l'avais pris par son col et plaqué contre le mur de toutes mes forces. Un peu sonné quand même il partit sans demander son reste. Nous laissant de nouveau seul avec le cadavre. Le deuxième qui m'échappait. C'était quoi leur putain de problème. Y'avait pas plus humiliant. Heureusement que Justin était là pour me calmer parce que sinon j'aurais encore fait des bavures qui m'auraient conduit à ma perte. Mais en fait... J'étais tellement en rage que j'étais incapable de réfléchir ou de faire le moindre geste. C'était le chaos dans ma tête, je ne voyais pas d'autre mot. Et je devais me retenir de ne pas gerber. Je voulais me débarrasser de cette odeur... Son sang. Ce n’est pas dans ses circonstances qu'il devait me recouvrir. JE devais être celui qui l'aurait égorgé et... Putain de putain de merde.

« Putain, pourquoi ton père a fait ça? »

J'en étais là, à hurler de plus belle pour demander des explications. J'avais toujours l'ongle du petit ours dans ma main et je finissais par le foutre par terre lui aussi. Tiens, connard, un souvenir. J'observais le regard vide du gamin. Il était foutu. Traumatisé à vie. C'est ça son but à Ikaël? Se crever le cœur pour briser aussi son fils et le faire devenir un jouet inerte, dénué de toute intérêt pour moi?! Ha, ha, ha. Voilà que je rigolais a présent. Ma nausée partait peu à peu et des gloussement secouaient mes épaules. Je pouvais pas m'empêcher de continuer de hurler des obscénités dans la cellule, que je ne vous rapporterais pas toutes ici car ça va bien deux secondes. Mais je hurlais, ça... J'étais revenu au près de Sam et le prenais par le col en le plaquant contre le mur à son tour.

« Pourquoi, hein? HEIN? Ce connard a fait ça juste pour me foutre la haine, c'est ça? Il t'accordait bien peu d'importance pour crever pour ÇA! Ha, ha, ha. SERIEUX?! Il t'a abandonné JUSTE POUR ÇA?! C'est quand même vraiment un gros connard de merde, nan?! Tu réalises quel genre d'enflure est ton paternel, là, EST-CE QUE TU RÉALISES?! IL EST MORT? TU RÉALISES?! ÇA TE FAIT MAL HEIN?! DIS MOI QUE ÇA TE FAIS MAL! »

Oh, oui, dis moi à quel point du souffres, et aies suffisamment peur pour ne jamais tenter de crever, parce que les conneries de ton père, tu vas les payer. C'est toujours comme ça. On paye toujours les conneries de son paternel, de ses parents, un jour ou l'autre. Mais pas maintenant. Il va déjà pleurer tout seul et quand il sera assez mortifié de l'intérieur, il me suppliera a genoux que je vienne lui faire du mal, car il n'y a que dans la torture que je lui infligerais qu'il trouvera le salut de son âme fichue en l'air. Je n'aurais aucune pitié pour ce gosse. Pour moi, il replaçait Ikaël. Ce n'était pas un gosse, ce n'était plus Sam, c'était un patin qui prenait la place de Chouchou. Je savais déjà que je serais déçu. Je le lâchais et avec lenteur, insultant toujours tout le monde et surtout Ikael en marmonnant, je ramassais mes affaires et évitais le cadavre ou le moindre contact avec le sang du blondin. Je ne joue pas avec les cadavres. Quand c'est mort, c'est mort, quand c'est cassé, ça marchera plus. Puis, j'ouvrais la porte sur un attroupement de mecs qui avaient sûrement été rameutés par mes cris hystériques. Froidement, je les jaugeais et les voyais baisser les yeux sur mes vêtements couverts de sang et essayer de regarder dans la cellule pour y voir le cadavre, tenter de comprendre ce qui s'était passé...

« On a un suicidé. Y'a un cadavre à débarrasser là dedans. Bougez vous le cul. » Puis, je me retournais une dernière fois vers Samaël dans son coin de cellule. « On se reverra. »

Je n'étais plus d'humeur a trainer mon cul dans cette cellule qui empestait le sang d'Ikael Enodril. D’abord Ikeda... Puis lui. Bordel de merde. Ils avaient tous décidé de me faire chier, ou quoi?! Je respirais fort, tentais de me calmer mais c'était impossible, j'avais besoin de sang, là. Oui, encore. Mon poing serré au point de stopper l'afflux du sang dans ce dernier, je sentais mes vêtements commencer à me coller à la peau, le sang devenait gluant sur moi. J'étais le premier à sortir, les fraulein étaient encore occupées. Un mec passa à côté de moi et je le saisissais par le poignet brusquement et plongeais mon regard dans le sien.

« Vous l'avez mis ou, barbichette? »

Jamais je n'allais arrêter. Jamais. Jamais je ne m'arrêterais de tous les détester. Jamais je ne serais moins en colère que maintenant. Comme ce sang, la haine continuerait toujours de coller à ma peau.

Bienvenue au Paradis

Blondinette vs Barbichette

Aloïs François Legrand

Les paroles de Yumi le réchauffèrent. Lui aussi était bien content de l'avoir rencontré. Ils n'allaient pas tarder à subir des tortures horribles, essayant de retenir tant bien que mal leurs cris, mais au moins, ils n'étaient pas seuls. La jeune fille savait maintenant qu'elle avait deux amis sur qui compter dans cette prison. Lorsqu'on en aura fini avec eux, ils se retrouveront. Ils seront là, l'un pour l'autre, le temps que Yumi soit libéré pour rejoindre son grand frère. Aloïs ne sera plus avec elle, une fois que ce cauchemars sera terminé, mais il sera toujours là pour veiller sur cette jeune coordinatrice prometteuse. Son but, maintenant ? Faire en sorte que Kirito et Yumi soient de nouveau réunis; il lui avait promis.

Un sourire doux se dessina sur son visage quand elle prit le morceau de chocolat et qu'elle semblait aimer. Bon, au moins c'était déjà ça. La torture serait peut-être moins douloureuse ?... Enfin, ça, c'était ce qu'il espérait. Il voulait à tout prix soulager la jeune fille. Elle n'était pas prête, pour tout ça. Elle ne méritait pas de souffrir. Et le pire... Alo ignorait que si elle allait en baver, ça serait de sa faute. La provocation lancée à Catherine n'avait pas plu à cette dernière et elle voulait à présent se venger sur celle qui l'avait humilié. Mais aurait-il pou le prévoir ? Certainement pas. Sinon, il aurait ferma sa grande gueule et se serait contenté de saluer Cath en mode normal. Mais non, il avait été obligé de se la jouer et d'enfoncer le couteau dans la plaie. Mais ça, il l'ignorait... il l'ignorait...

Puis, son cœur se fendit d'un coup. Il fut profondément touché par les murmures de Yumi. Touché et triste, car elle ne savait pas que sa sœur était en fait morte et qu'il ne la reverrait jamais. *... NAAAAAAAAAAN !! POURQUOI ELLE EST TROP MIGNOOOOOONNE !!...*
Il ne pouvait pas résister. Yumi pourrait lui demander tout ce qu'elle voulait qu'il le ferait. Elle était décidément trop craquante; même morte de peur. Il voudrait bien lui dire que Judith était morte depuis quatre ans et qu'il avait juste fait cette tablette car il était un peu taré sur les bords pour faire encore à manger aux défunts. Mais il ne s'en sentait pas le courage. Yumi l'avait achevé alors qu'elle serrait son petit doigt contre le sien. Trop tard... Merde. Bordel. Il devrait un jour lui annoncer, pour qu'elle n'ait pas de faux espoirs, mais là c'était comme si elle venait de le tuer.
Fallait se rendre à l'évidence. Il s'était attaché à elle. Ils venaient à peine de se rencontrer, et il s'était déjà attaché. *Nan mais tu m'explique comment j'aurai pu résister à une fille pareille, en même temps ? TU M'EXPLIQUE ?*
Il voulait la protéger, la tenir éloignée des dangers que représentait cette maudite cellule.

- Oh... Yumi...

Alors qu'il s'apprêtait finalement à lui révéler la vérité, la porte en métal qui les retenait enfermés s'ouvrit brusquement. Ange feula sur les officiers mais Aloïs la fit revenir dans sa Pokéball, de peur qu'on ne lui fasse du mal.
Il n'essaya même pas de se débattre, cette fois-ci. Mais alors qu'on l'éloignait peu à peu de Yumi, sa douleur à la jambe revenait brutalement le faire souffrir. Il adressa un dernier regard de compassion vers la jeune fille et se laissa se faire emmené, à regret de devoir laisser sa nouvelle amie se fait maltraiter par Catherine, pour qui il avait déjà une haine sans précédent. Il aurait voulu rester pour la soutenir, pour ne pas qu'elle craque, mais on le poussait avec une telle force qu'il trébucha rapidement et manqua de s'étaler de tout son long au sol.
*Courage, Yumi. Je suis là... je suis là... Sœurette, aide-la...*

Dans les couloirs, les cris fusaient. Mais Aloïs n'entendait plus rien. Il priait Arceus pour revoir Yumi bien vite et être là pour la réconforter. Il sera blessé, lui aussi, mais il se promit de ne pas flancher et d'être conscient quand il l'a reverrait. Il se devait d'être là pour elle. La jeune fille n'avait personne d'autre à qui se raccrocher. Alors Aloïs la prendra des bras et essuiera ses larmes une par une jusqu'à ce qu'elles s'arrêtent de couler.

On le poussait toujours plus fort pour qu'il avance. Mais il aura suffit d'un seul pas pour voir son destin se mêler définitivement à celui d'un autre adolescent. Un seul pas qui lui ferait faire des choix étranges et le mènerait à se poser des questions, à réfléchir sérieusement.
Un seul pas, qui le fit trébucher, et tomber à terre. Son genou se remettait lui envoyer des sensations douloureuses qui n'avaient été apaisées que par la présence de la jeune fille aux cheveux bleus et son désir de la rassurer plus que tout.
On lui ordonna de se relever, alors c'est ce qu'il fit. Avec peine, il s'exécuta, n'ayant plus la force de jouer aux rebelles.
Mais, lorsqu'il releva la tête, ses yeux se posèrent sur la fenêtre d'une cellule. Comme attiré d'une envie subite, curieux de savoir ce qu'il attendait, il jeta rapidement un œil. Mais ce qu'il vit le choqua plus qu'autre chose. Il remarqua d'abord le gosse qu'il avait sauvé pendant la rafle, plusieurs heures plus tôt, assis dans un coin en agonisant au sol, la main et le visage en sang. Deux autres hommes se tenaient un peu plus loin. Il cru halluciner lorsqu'il aperçu l'enfoiré qui lui avait pété la rotule et... cet autre blond, qui avait fait preuve d'une insolence qu'Aloïs n'avait jamais vu jusqu'alors, et qui semblait être le père du jeune garçon, en entendant ce dernier l'appeler pendant qu'il lui parlait sur un ton mélodramatique.
La scène se passa vite, mais le Champion Coordinateur resta bouche bée lorsque, en à peine quelques secondes, l'inconnu aux yeux dorés se jeta rapidement sur celui a lunettes. Si Aloïs ne comprit pas sur le coup, il eut un hoquet de surprise quand le corps du père de famille se retira, en dévoilant la lame couverte de son sang et la blessure qu'il s'était volontairement infligée.

Puis, avant même qu'il n'ait pu voir la suite, déjà assez surpris par ce qu'il venait de voir, on le jeta avec force dans une nouvelle cellule. Il rampa jusqu'au mur où il s'adossa et ferma les yeux, sans même voir s'il était seul ou non.
Quelques petites minutes plus tard, alors qu'il entendait avec intérêt ce qui semblait être des cris de rage de la part du tortionnaire qui lui avait tiré dessus, il attendit un peu. Puis, enfin, il rouvrit les yeux.
Il était là. Mais sa bonne humeur de tout à l'heure semblait bizarrement avoir disparu.
Aloïs le regarda et sourit.

- Ba alors, blondinette ? On est énervé ? T'as pas tellement le même sourire que tout à l'heure...

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Le paradis est encore loin

Feat Kimyann Junko

Certains jours sont moins douloureux que d'autres.
La vie au bloc R, c'est vraiment loin de ressembler à une sitcom des années 80. En fait, c'est probablement une réédition de « la cage » dans Supernatural, les cadavres éparpillés et les organes partout en moins. Dans sa cellule en tout cas.
Parfois, il a de la chance. Parfois, il évite son cher ami le Laboris. Cela dépend de l'humeur de Toxik, en fait, mais il a toujours le droit à au moins un équivalent. Un équivalent un peu moins douloureux, mais vu la puissance du poison en question, cela se jouait à un cheveu près, vraiment. Il devait avouer que sa tortionnaire était douée, mais elle n'était pas très distrayante. Sincèrement, une petite blague de temps en temps entre deux seringues ne pouvait pas faire de mal, mais la jeune femme semblait décidée à se contenter d'écrire sur son carnet avec une énergie qui l'aurait impressionné s'il n'était pas occupé à s'empêcher de crier. Cela aurait pu sembler stupide si l'on considérait que de toute façon, Toxik se foutait pas mal qu'il se mette à hurler, mais son orgueil était encore suffisamment puissant pour le faire se taire par lui-même. Il était peut-être le seul à souffrir de son entêtement à toujours vouloir rester silencieux, mais au moins, il ne sentait aucune honte. Au moins, il gardait la tête haute, même si il pouvait sentir ses jambes flageller à force de devoir supporter la douleur. Il attendait, chaque jour. Y avait-il vraiment des jours qui s'écoulaient, en réalité ? Il commençait à perdre la notion du temps, et il se doutait que c'était en outre un des buts. Il aurait très bien pu se passer plus d'un mois qu'il n'aurait pas vu la différence, en toute honnêteté.
Au début, il avait tenté de compter les jours en ajoutant un '1' à la somme à chaque fois que Toxik rentrait dans la pièce, mais il s'était vite rendu compte que cette idée était grotesque ; elle aurait très bien pu revenir au bout de cinq heures parce qu'elle avait des poisons en plus.
En parlant de ça, c'était un miracle qu'il ne soit pas encore en train de bouffer les pissenlits par la racine tiens, ou dans ce cas-là le béton par la racine. Sincèrement, les victimes des empoisonneurs étaient généralement celles qui craquaient le plus rapidement, pour des raisons assez simples ; il fallait une chance astronomique pour ne pas tomber sur LE poison mortel. Ne parlons même pas de la résistance de l'organisme qui devait aller avec, car sinon, on finissait rapidement sous terre. Ou brûlé. Qui sait ce qui arrivait aux cadavres des prisonniers, sincèrement, et pour sa santé mentale, il préférait ne pas imaginer.

Ça fait toujours mal. L'habitude ne change rien. C'est tout comme mourir, sauf lorsque la mort arrête sa faux au dernier moment et vous vous retrouvez à tenter de recoller les morceaux cassés comme un idiot, jusqu'au lendemain. Jusqu'à ce qu'elle revienne et qu'il se sente poussé un peu plus près des feux de l'enfer. N'étaient-ce pas un avant-goût des flammes, après tout ? Le Laboris avait le don de lui faire croire qu'il était en train de brûler vivant, et Arceus, il avait tellement cru que ce foutu poison allait le tuer qu'il s'était presque attendu à sa mort à chaque seconde. Mais rien. Aussi horrible et douloureux que ce soit cette saloperie, elle n'apportait jamais la mort. Ou en tout cas elle n'arrivait jamais à Isaac ; le suédois avait bien peu de moyen de savoir si quelqu'un d'autre était mort. Il avait eu le malheur, ou la chance, d'être seul dans sa cellule.
Mais il n'était pas vraiment seul, hein ?

« Qu'est-ce que tu fais, Kat' ? »

La petite fille se retourna, cessant sa petite danse et le fixa, interdite. Ses yeux verts se portèrent sur lui, et Isaac eut un sourire désabusé. Son cerveau commençait vraiment à partir en vrille ; voilà qu'il voyait la véritable couleur des yeux de sa cousine. Cousine qui n'était pas vraiment là, par ailleurs, hein ? Aussi puissant que soit son souhait de la voir et de pouvoir la serrer dans ses bras, de sentir son cœur battre, il sait que l'apparition n'est rien de plus qu'un mirage.
Ah. Mirage. C'est le nom du poison qui lui détruit petit à petit le cerveau, et Isaac ne doute pas que cela finira probablement par lui éclater les neurones, à un moment ou un autre. L'expression était peut-être mal choisie et un peu gore si on visualisait le tout, mais il aimait bien.
Le Laboris est parfois couplé au Mirage, sûrement parce que Toxik n'a pas de temps à perdre, et dans ces cas-là, c'est le visage de Faust qui dessine devant lui, et Isaac peut le voir rire. Il peut le voir sourire à chaque fois que la seringue se plante dans une de ses veines, peut le ricaner mais pas l'entendre lorsque la douleur lui donne envie de hurler, et à chaque fois que ces yeux rencontrent les siens, Isaac se rappelle brutalement qu'il n'est pas là. Parce que cette lueur, là, dans ses yeux, ce n'est pas celle qui lui est réservée. Non, loin de là.
Le Mirage en lui-même est une horrible, horrible façon de torturer quelqu'un. C'est sûrement plus long que la majorité des poisons qui doivent constituer la pharmacie de Toxik mais, hey, le résultat était le même au final. Il se doutait que son cerveau finirait par lâcher, mais il avait l'intime conviction que son esprit serait le premier à abandonner la partie. Au final, c'était son seul divertissement. Observer ses hallucinations et parier sur le moment de sa mort, ou de son pétage de câble. Ce n'était pas au choix toutefois, fallait pas abuser.
Alors que ses pensées s’embrouillèrent vers quelque chose de plus concis, il vit l'apparition disparaître sous ses yeux. Ah. C'était ce qui arrivait, parfois, et le brun se flagella mentalement de penser que c'était dommage ; se plaire dans sa folie n'aiderait en rien sa situation. Bon d'un côté, me direz-vous, par quel miracle pourrait-il arranger sa situation par lui-même ?
Mais ce n'était pas comme si il allait survivre, de toute façon, alors autant mourir heureux, n'est-ce pas ? Il n'était pas assez fou pour croire qu'il sortirait de cet enfer vivant, et puis... Ce n'était pas comme si ils avaient besoin de lui. Oh que non.

Toxik entre. Son visage est le même, toujours ; froid, distant, un poil hautain à ses yeux. Toujours. L'opinion d'Isaac n'avait pas réellement changé à son sujet : il avait peut-être dû revoir certains points sur son analyse, mais en tout cas, rien ne le surprit jamais vraiment. C'était une tortionnaire comme une autre, avec une nette préférence pour le poison. Il s'était amusé à tenter de la décoder, parce que lorsque vous avez des heures et des heures de temps libre à rester seul et à ne rien faire dans une cellule hormis faire du sport, hein, vous avez besoin d'un passe-temps. Un passe-temps qui, de préférence, n'incluait pas une tentative de suicide, parce que se retrouver attaché, c'était pas son trip. Vraiment. Il y avait bien cette fille quand il avait dix-neuf ans, mais...
Il ne lui accorda même pas un 'salut' ou un 'yo' avec sarcasme comme il avait l'habitude de le faire, trop perdu dans ses pensées. Il se souvenait avoir sorti un 'bonjour, bonsoir, je sais pas exactement lequel convient, j'ai les neurones qui jouent à Bomberman', une fois. Ces temps-ci, il faisait de moins en moins attention à cette garce. P'têtre qu'il avait fini par se lasser ?
Excusez-le du terme, mais même lui avait une certaine limite quant à sa gentillesse et sa politesse. Il aurait probablement eu des mots plus vulgaires en suédois, mais cela aurait été inutile. Il n'avait pas cinq ans non plus.

Il serait 'libre', hein ? Elle jouait avec des codes pour parler de sa mort imminente, maintenant ? Il en aurait été presque flatté. Il ne lui accorda qu'un regard lassé, parce que vraiment, allait-il dire tous les jours la même chose ?
Si il mourrait dans les heures qui allaient suivre, cela ne l'aurait pas surpris. Cela l'aurait même arrangé. Plutôt crever que de subir une nouvelle fois le Laboris.
…
Oh.
OH.

Il avait écarquillé les yeux, éberlué. C'était quoi, cette mauvaise blague ? C'était quoi, ça ? Un putain de mensonge de merde pour qu'il ne se rebelle pas sur le chemin menant à l'abattoir ? La bonne blague. Comme si le Régime allait soudainement devenir clément. Le sang de Lucy sur ses mains il y a trois ans lui avait prouvé que cela n'arriverait jamais.
Lucy, Felicia... Ça faisait combien d'années, qu'elles l'attendaient ? Au moins, il pourrait les revoir une dernière fois. Même si elles n'étaient que des hallucinations... Tant pis. Il se satisferait du peu qu'il avait.

Elle ne voulait pas qu'il se souvienne de son visage parce que... Oh. Il allait vraiment sortir ? Il allait vraiment sortir de ce trou infâme et puant le sang ainsi que le désespoir ? Non, elle devait se moquer de lui. Ce n'était pas comme si le Régime avait des raisons de les faire sortir, soudainement, hein...
La seringue, encore une fois, une dernière fois, délivra son poison dans ses veines. Le Mirage, encore. Il le reconnaissait à la couleur à force d'habitude, ou peut-être était-ce l'obsession relativement malsaine de sa tortionnaire avec celui-ci qui lui faisait croire cela. Elle voulait qu'il l'oublie ? Pourquoi ? Ce n'était pas comme si quelqu'un allait venir pour le sauver, et il aurait été, à l'instant, bien incapable de dire ce qui lui arrivait à quelqu'un.
Elle quitta la pièce avec un dernier adieu, et aux yeux d'Isaac, cela voulait tout simplement dire qu'on allait lui donner un autre tortionnaire. Il n'y avait pas d'autre explication possible. Allons bon, quel taré allait se mettre à le charcuter, maintenant ? Ou le brûler, ou le découper, au choix du volontaire.

Knulla, quelle dose avait-elle mis ? Il se sentit tanguer et dû s'allonger pour ne pas tomber la tête la première sur le sol. Son 'lit' était toujours aussi inconfortable, mais Arceus, vu la façon dont sa tête tournait à l'heure actuelle, il aurait pu prendre un roc pour un matelas. Arceus... Qu'est-ce qu'elle avait foutu ? Ses paupières étaient lourdes et tous ses muscles paraissaient être paralysés ; son corps entier commençait à chauffer et il pouvait sentir sa respiration devenir lente. Quelque chose clochait. Toxik n'était pas une débutante. Elle savait ce qu'elle faisait avec ses potions et et et... Il n'arrivait plus à penser. Toutes ses pensées parurent disparaître dans un gigantesque court circuit.
C'était de l'euthanasie pure et simple, il en était sûr. Elle avait dû rajouter quelque chose dans son poison, parce que la liberté, c'était juste une bonne blague. C'était ce qu'on promettait à nombre de personnes pour qu'elles finissent par craquer, rien de plus. C'était ce qu'il promettait pour obtenir les infos qu'il voulait.
Ah. Il avait le droit au bingo des hallus, aujourd'hui. Fallait bien leur dire au revoir dignement, hein ?
Dommage qu'il n'ait pas la force de leur dire tout le bien qu'il pensait d'eux, et à quel point il était fier de ce qu'ils étaient devenus.

« Hey. » les interpella-t-il, parvenant à peine à former des syllabes.

Seuls les hurlements déchirés des autres prisonniers arrivèrent à ses oreilles. Les apparitions ne s'en formalisèrent pas, attentives mais toujours aussi glaciales.

« Felicia, Faust, Lucy, Katya... »

Et leurs visages, Arceus leurs visages trop distant et déformés par les larmes qui brouillent ses yeux parce que ça y est, enfin ; il est terrorisé.

« Vous serez là, hein ? » murmura-t-il en serrant les doigts.

Il n'y eut plus que du noir.

–

… Cette voix, je... C'est, que, je, il...
… Faust ?

Bienvenue au Paradis ♥

« Alexander? »
« … »
« Alex!! »
« ...Quoi? »

Lentement, je levais les yeux vers ma jumelle qui venait de m'apparaître. Son regard mi-inquiet, mi-effrayée fit s'installer la panique en moi. Ne devait-elle pas être fière? Fière de voir que je faisais mon travail, qui j'y prenais du plaisir. Enfin, j'aurais pu. Je me donnais toujours du mal dans mon amusement, de façon a rendre la vie des types qui habitent ici la plus insupportable possible. Mais là, l'autre blond avait tout foutu en l'air. Pourquoi Irina semblait me craindre, maintenant? Je ne la suis plus depuis quelques mois... Et je ne trouve pas de réponses ni en moi, ni en elle. De l'extérieur, on m'indique la cellule alors que mes ouailles doivent surement penser que je fixe un point vide, en état de choc. Ils ne peuvent pas la voir, ils sont des êtres trop inférieurs pour cela.

« Alexander, je t'en supplie, calme-toi. »
« C'est ça ouais! »
« Je sais. Je sais. Mais c'est fini. Si Ikaël est mort, c'est pour- »
« J'en ai rien a foutre! Il avait pas a crever, ce con. »
« Alex, depuis quand est-ce que es-tu devenu si... »
« Qu-Quoi? »

Disparue. Merde. Elle avait un truc important à me dire, je le sens. Je déteste quand elle coupe sa phrase en plein milieu. Un type s'approche et me demande si tout va bien, car j'étais en train de parler seul. Quoi, ça l'étonne encore? Pauvre être inférieur que tu es, hors de ma vue. Il m'ouvre la cellule ou ils ont mis barbichette. Je suis déjà dans l'entrebâillement de ma porte, ne m'autorisant pas une pause entre deux «patients». Il est appuyé au mur et lève enfin le regard vers moi, et commence déjà à se foutre de ma gueule. Trop tard, jauge d’énervement a dépassé son maximum depuis un bon bout de temps déjà... Tant pis pour barbichette, il allait le sentir passer.

« T'as tout vu, c'est ça? Ça t'as excité, hein? Tu veux finir comme Enodril? Toi aussi tu vas me sauter au cou pour te prendre une lame dans le bide? Je suis si irrésistible que ça, hein... »

Je me précipite sur lui et ne prend même pas la peine de l'attacher, ma main saute à sa gorge pour le garder contre le mur et j'enfonce mon doigt dans les restes de sa blessure par balle, jouant avec sans même lui offrir un sourire. Alors comme ça, mon rictus lui manque? Je ne suis pas de bonne humeur, il l'a compris lui-même, ça sert à rien de me chercher, il va vite comprendre qui a le pouvoir dans cette cellule. J'appuie plus encore son mon doigts quelques autres secondes et le retirais pour ensuite l'essuyer sur sa chemise noircie par la poussière. Je restais face à lui, accroupi, défiant son regard, comme si j'y cherchais des explications sur le suicide d'un de ces deux son voisins de cellule. Mon regard glisse sur le reste de son corps et je l'inspecte. Mister Prince, hein. Voyons si il est à la hauteur de ce que ses fangirl fantasment de lui. J'allais chercher mon cuter dans ma poche et d'un geste vif, tranchais le tissu qui dévoilait son torse.

« Oooh, pas mal. Tes fangirls tueraient pour voir ce que je vois, j'en suis sûr... » Puis j'approchais la lame de ses pectoraux. « Si on leur écrivait un message... Du genre... Oh, je sais pas, ce serait quoi ta pire honte que tu veux que personne ne découvre? »

Je me leurrais pas, un champion coordinateur, ils allaient pas le laisser ici très longtemps, surtout qu'ils sont friqués pour la plupart... Donc je m'amusais avec lui, histoire de l'humilier et de lui laisser un bon souvenir de moi. Dès qui se regardera dans le miroir, il pensera à moi, c'est génial, non?

« "Je suis un sale porc pédophile", on marque ça? »

Lui dis-je en faisant revenir mon faux sourire sur mon visage taché de sang. Finalement, peut-être que j'allais en tirer quelque chose. et peut-être qu'il m'éclairerait sur le suicide d'Ikaël. Sait-on jamais. Qu'il me donne des raisons de plus de haïr plus encore feu papa et sa progéniture en vie pour le moment...

Bienvenue au Paradis

Blondinette vs Barbichette

Aloïs François Legrand

Pas la peine d'être surdoué pour deviner l'énervement du tortionnaire. Et celui-ci semblait s'en foutre royalement. Oui, Aloïs avait vu le suicide incompréhensible d'Ikaël, mais il avait été tout aussi surpris que le blond à lunettes. Mais plus il y réfléchissait, plus il venait à se demander si cela n'avait pas été pour empêcher à son fils de souffrir davantage par sa présence. Aloïs n'avait pas assisté à toute la scène mais les cris qu'il avait entendu lui avaient suffit à émettre cette conclusion. Après tout, peut-être que les lamentations stridentes de son gamin avait réussis à le mettre hors d'état de lui, à le rendre fou... Il avait cru comprendre que Enodril était là depuis longtemps, déjà. La vue de sa progéniture avait dû le surprendre plus que tout, et sa résistance devait s'être considérablement baissée pour se donner la mort spécialement aujourd'hui. Le petit commençait bien l'année, tient...

- Tssss... T'imagine pas à quel point...

Irrésistible ? Disons qu'il était pas mal foutu, ouais. Bien que le Champion Coordinateur avait découvert il y a peu qu'il était tombé profondément amoureux de l'hôtesse de Pension d'Anula, et qu'il avait toujours eu du mal à accepter le fait que des hommes puissent l'intéresser, il ne trouvait rien à redire quant au style de Dio. Ce blond-là, il le trouvait pas moche du tout, il devait l'avouer. Il aurait pu le traiter de fou, de sadique, de taré... mais il avait presque l'impression qu'il était aussi fou que lui. L'était plus ? Seul Arceus pouvait probablement le savoir. Enfin, lui il n'avait pas arracher l'ongle d'un gamin... Les enfants, il ne pouvait tout simplement pas leur faire vraiment du mal. Peut-être les paralyser, les menacer, ou même exercer une pression suffisamment forte sur eux pour qu'ils se calment bien vite, mais jamais il ne serait aussi vicieux que l'autre blond et oserait mutiler ainsi un gosse qui n'avait rien demandé et dont le seul crime ait été d'avoir le même sang que le jouet favori du tortionnaire. Jouet qui lui échappa, d'ailleurs... Ah, ce qu'il devait avoir la rage ! Allait-il se défouler sur lui, maintenant ? Les circonstances n'étaient pas tout à fait les mêmes, mais pas de doute que Dio voudrait laisser exprimer sa colère en sa personne.

Il se précipita donc sur lui et la plaqua au mur de la cellule en lui tenant fermement le cou d'une main. De l'autre, il enfonce son doigt dans la blessure sanglante de son genou en faisant des mouvements. Il voulait sans doute l'entendre crier, ou au moins gémir de douleur. Aloïs fit une petite grimace, mais pas de son particulier. Ah si : le rire. Alors que son tortionnaire jouait avec sa plaie, de faibles petits rires nerveux s'échappaient de lui. La folie ? Peut-être bien. Rire alors qu'il avait mal... Ils étaient vraiment deux blonds aux yeux bleus assez tarés. Mais lequel craquerait en premier ?
Aloïs, pourrait-on dire. Mais l'autre était assez sur les nerfs, aussi. Vous pensiez vraiment que le Champion Coordinateur allait se laisser avoir si facilement, qu'il n'était pas résistant ? Il n'avait peur de rien. Enfin, dans la situation actuelle, du moins. Il avait peur pas mal de chose, en dehors. Mais là, c'était presque autant un jeu pour son tortionnaire que pour lui. Yumi n'était plus, il pouvait se lâcher. Il pouvait ressortir son côté fou et dégénéré, pour le mettre au service de sa torture. Il ne pourrait peut-être pas empêcher son corps d'avoir mal et peut-être qu'il devra crier, mais il essayera de résister. Laisser aller cette partie de lui qu'il avait découverte après la mort de sa sœur. Sa santé ? Il s'en tapait pas mal. La vie de Makenzie et de son équipe primait sur la sienne.
Mais comparé à Ikaël, il n'avait aucune raison de chuter, de commettre l'irréparable. Le décès de Judith lui a fait un coup si mal qu'il pensait désormais qu'aucune douleur ne pourrait le faire souffrir davantage que celle qu'il avait eu sur le cœur. Douleur qui avait causé un trou, une blessure. Blessure qui se réparait petit à petit grâce à Makenzie. Il remerciait Arceus de l'avoir laissé libre, loin de tous les dangers que pouvait représenter cet endroit abominable où des types comme Blondinette torturaient des innocents pour leur bon plaisir.

Dio retira enfin sa main de la lésion et vint la nettoyer sur la chemise du Champion Coordinateur qui se tâchait peu à peu de rouge. Il fit la moue. *Meeeec, c'est pas cool, je venais de la laveeeeer.* Quoi ? C'est important de se préoccuper de la propreté de ses vêtements ! Bon, peut-être pas. Dans le cas présent, peut-être qu'il valait mieux qu'il se concentre sur son tortionnaire plutôt que sur sa beeelle chemise qu'il venait de repasser spécialement pour le Tournoi et qui, de toute façon, était déjà salie par la crasse de la prison. *Nan mais... ça fait chier, quoi. Le sang c'est dur à faire partir.*
Le regard du Régimeux plongea dans celui du prisonnier. Il cherchait des réponses, mais ce dernier n'était pour l'instant pas capable de les lui donner. Ses yeux inspectèrent minutieusement son corps, et il trancha le tissu qui le retenait avec un couteau.
A ses paroles, à l'approche du cutter et à l'observation du blond, Aloïs ne put que sourire. Son compliment ne lui déplaisait pas, et sa façon de le dévorer du regard non plus. Il avait raison : ses fans feraient sans doute tout et n'importe quoi pour être à la place du tortionnaire à l'instant même.
Un message... pourquoi pas. Cela lui ferait peut-être de la pub. Le nouveau défi des paparazzis ? Prendre une photo de sa futur scarification ! Cela allait être amusant, pour sûr. Bon, restait plus qu'à savoir quoi écrire...
Le Coordinateur se mit à réfléchir. Mais genre sérieusement. Sa pire honte... Euh... qu'on le prenne en flagrant délit un lendemain de cuite ? Ou... ou coucher avec Dio. Oui, ça c'était pire qu'une honte. C'était une abomination. Mais cela fit rire intérieurement Aloïs. Rien que de les imaginer en train de... Nan... Naaaaaaan... On oublie en fait. Mais fallait quand même qu'il réponde à sa question...

Ou pas, puisque le tortionnaire lui faisait déjà une proposition. Mais les yeux d'Aloïs s'écarquillèrent lorsqu'il l'entendit. Il resta silencieux quelques petites secondes.
Enfin, il pouffa, et éclata de rire. Un vrai rire. Un rire de fou. Il ne savait pas si ce qu'avait dit le blond avait eu pour but de l'effrayer, mais c'est en tout cas l'effet inverse qui s'était produit. L'idée lui plaisait. Il n'avait pas imaginé une seule seconde qu'un membre du Régime puissent avoir l'esprit aussi tordu. Oui, ce qu'avait dit Dio était drôle, euphorique, même. Il avait posé la question comme s'ils étaient deux bons potes qui faisaient des conneries ensembles.

- Gay.

Ah, le Champion Coordinateur s'était enfin calmé. Mais il avait encore dans sa gorge des rires qui avaient besoin de sortir. Il en échappait nerveusement quelques uns, presque inconsciemment. Non, il ne venait pas d'insulter son interlocuteur, loin de là. Il avait juste complété sa phrase. Il avait juste décidé de jouer à son jeu et de lui prouver qu'il n'était en rien comparable à cet homme étrange qui s'était suicidé quelques instants plus tôt.
Il voulait lui prouver qu'il pouvait être taré, lui aussi. Il voulait lui prouver qu'il savait être amusant.

- "Je suis un sale porc pédophile gay". Si tu rajoute pas le dernier mot, je suis sûr que y'a encore des fangirls qui voudront de moi.

Dio Silvery avait reprit son sourire sur son visage en sang. Alors il souriait lui aussi. Et même s'il mourrait dans cette cellule, il mourrait le sourire aux lèvres, sans doute. Juste pour le faire chier. Il voulait avoir droit de mort et de vie dans ce bloc, hein ? Quel crétin. Il ne sait visiblement pas à qui il s'adresse. Il en a peut-être connu, des mecs plus beaux, plus forts et plus intelligents que lui. Mais jamais il n'avait croisé Aloïs, et cela s'entendait, se voyait. Il pensait le dominer ? Fort bien. Le Coordinateur n'était pas difficile. Mais les seules larmes que ce blondin verrait seraient venant d'un rire non contrôlé. Il n'allait pas être triste devant lui. Il refusait de céder. Cela lui ferait sans doute bien trop plaisir.

Aloïs osa enfin bouger ses mains. D'un geste lent, il écarta encore plus l'ouverture de sa chemise et présenta son torse au cadet. Il n'avait pas le choix, de toute façon. Alors pourquoi essayer se débattre; cela servirait à rien. Il voulait jouer ? Ils allaient jouer.

- Tu fais pas de fautes, hein ?

Réalisé par BlueBerry pour Orange

Bienvenue au Paradis ♥

Je me doutais que ce serait pas si facile avec lui, il allait me posser plus de problèmes que les deux zoulous d'il y a quelques minutes. Je le sentais m'explorer à son tour alors que je lui susurrait des choses pourtant tous sauf agréables. Oh, peut-être qu'il préférait se rincer l’œil a entendre mes saloperies, c'est possible. Nan, pire que ça, quand je voulais lui faire mal, il explosait de rire. J'avais appuyé plus fort pour le faire taire mais il continuait de s’esclaffer. Merde, me dites pas que j'étais tombé sur un maso, en plus! Nan, pas un maso, juste un arrogant de première classe. Probablement un peu taré aussi. Haha. Donc si la douleur ne marchait pas, les menaces marcheraient peut-être. J’émis un claquement de langue en sortant mon cutter et voilà qu'il gloussait encore a ma proposition. Gay. Quoi? Gros porc pédophile gay. Quoiiiiii? J'eus un clignement d'yeux significatif mais ne put même pas réagir, pendant dix bonnes secondes, le regardant écarter les pans de sa chemise a ma vue comme pour l'inviter à poursuivre mon projet. Mon non plus, je n'y tenais plus et j'explosais de rire à mon tour devant sa provocation. On c'était un bon lui! Je crois que je suis tombé sur un chieur toute catégories! Et il me narguait encore. Mon rire se fit plus fort et plus dément, je dûs me lever pour aller m'asseoir dans un coin de la pièce et rire encore plus fort. Les nerfs, c'étaient les nerfs, ça. Je pétais un autre cable et... Oh, ben cette fois ça passait pas dans des hurlements obscènes. Mon visage enfoui dans ma main, je tentais de me calmer. Putain avec ce mec je sens que j'allais juste m'éclater. Il voulait avoir mal, il aurait mal. Je me calmais enfin, mon rire s'était plus de tremblements de mes épaules et souffles saccadés.

« Ah... Ahaha. Putain... T'as décidé de me faire chier toi. Ça fait pas deux minutes et... je te hais déjà pire que tous les autres. Tu me ferais presque oublier Enodril avec ta salope d'insolence. »

Avec lenteur, je revenais devant lui. Je me mordais la lèvre à la manière d'un requin affamé de sang frais. Et c'est ce que j'étais, affamé.

« Gros porc pédophile gay, hein. Ben dis-donc, t'es un mec libre toi, ça doit être la fête dans ton pieu. Enfin, plus pour longtemps. Rassures-toi, grâce à moi tu éviteras mieux les MST, tant pis pour ta libido. Au pire t'auras qu'à devenir violeur, hein. Pas mal la réputation. »

Mais d'après ce que j'avais compris, il se foutait outrageusement de sa réputation. Ou alors il jouait très bien la comédie pour me faire croire des choses. Je soupirais avec un drôle de sourire et sans prévenir, enfonçais la lame dans la chair de son torse, juste assez pour que sa chair se mette à saigner et tentais, avec mes piètres qualités de calligraphiste déjà avec un stylo dans la main de former un J. Oh, de toute façon, même si c'était illisible, ce serait déjà assez glauque a voir. Je levais les yeux vers son visage tout en déplaçant tranquillement le cutter dans sa peau, mon autre main venant effleurer son buste comme pour tâter le terrain ou s'enfoncerait la lame ensuite.

« Tiens, pendant qu'on y est... »

je faisais la causette à ma victime, comme a mon habitude, d'un voix neutre, sans sentiments.

« Pourquoi il a fait ça Enodril, à ton avis? Vous êtes de la même race de chieurs vous deux, j'le sens bien. Et les morts peuvent pas parler, alors, t'as pas quelques idées? »

Ouais, enfin, par contre, qu'il me sorte pas un truc qui me déplaise sinon il allait prendre cher. Ma main libre remonta vers sa gorge et je serrais mes doigts et mes ongles sur lui, ces derniers n'étaient pas longs, mais assez pour s'enfoncer un peu sous sa peau et lui laisser des traces de griffures bien suffisantes. Bon, le J était a peu près lisible, je progressais, on dirait, passons donc au E. Par contre, j'aimerais qu'il arrête tout de suite d'avoir l'air de se faire chier, aussi.

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Bienvenue au Paradis~ ♥ [Pour ceux attrapés par le Régime, après l'Event #2]

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