Ojama shimasu

Aloïs François Legrand

Comme un gamin surexcité, le blondin suivait Julianne avec un sourire triomphant. Il avait réussi. Il allait enfin voir à quoi ressemblait son appartement. Il ne savait pas pourquoi cela l'émoustillait autant. Il était sans doute juste curieux de voir où une jeune femme comme Julianne pouvait bien habiter; mais surtout, qu'est-ce qu'elle pouvait bien cacher... Pas qu'Aloïs était du genre à fouiller, mais s'il pouvait trouver un ou deux indices compromettants, cela le ferait bien rire.
Car il était évident que le Champion Coordinateur avait beaucoup de mal à garder son sérieux en présence de la brunette. D'ailleurs, la seule fois où il avait fait preuve d'un réel bon sens et avait garder un calme exemplaire, c'était lorsqu'il avait essayé d'échapper à ses groupies, pendant qu'il enlaçait la Régimeuse. Il avait remarqué par la même occasion que ce contact n'avait pas laissé cette dernière indifférente... Mais vue sa tête de geek otaku, cela n'étonnait pas tellement le blondinet.
De son côté, la ravissante Nymphali scrutait les alentours. Cela faisait un bail qu'ils n'avait pas remis les pieds à Amanil, surtout dans ce quartier où la technologie régnait. Mais encore une fois, savoir que la jeune femme résidait dans ce coin de la ville n'étonna pas Aloïs, qui se contentait toujours de la suivre.

Ils arrivèrent finalement devant une porte que Julianne ouvrit à l'aide d'un badge. Chez le Champion Coordinateur, pour entrer vers la porte arrière, c'était souvent quelque chose de différent. Une fois c'était son collier, une autre fois c'était un code, puis le jour suivant fallait qu'il mette son empreinte digitale, bref; il n'avait pas spécialement quelque chose à cacher, mais mieux valait qu'il n'y ait personne qui rentre plutôt qu'il n'y ait personne qui ressorte...
Le cuisinier détailla les recoins du hall d'entrée avant de rejoindre sa camarade dans un ascenseur très moderne qui rejoignait doucement le cinquième étage. Mais c'était sans compter le petit arrêt au niveau trois qui accueillit une grand-mère. Cette dernière lançait des yeux brillants vers Aloïs qui ne pu s'empêcher de faire un petit sourire gêné et se rapprocher un peu plus de Julianne lorsqu'il crut voir la mamie en train de baver.

Enfin arrivés à destination, le Coordinateur s'éloigna rapidement de l'engin au moment où les portes s'ouvrirent et rejoignit son amie qui se dirigeait déjà vers la porte d'entrée. Lorsque le petit "clic" se fit entendre, Aloïs eut de nouveau ce regard curieux, désireux de savoir enfin ce que cachait la mécaniste.
Cependant, sa barre d'extase presque au maximum retomba tout à coup quand elle lui demanda d'attendre. Cela ne devrait plus l'étonner, cependant. Les filles aussi peuvent être désordonnées, mais elles veulent surtout pas montrer leur bordel à un gars, quoi. Aloïs avait eu le pressentiment que quelqu'un comme Julianne n'avait pas une maison spécialement rangée. Lui ? C'était autre chose. Toujours parfaitement en ordre et nettoyé, son petit chez-lui reflétait bien son côté soigné et pointilleux.
Dis «ok» si tu as compris, ok ?

- Ok si tu as compris, ok.

Oui, malgré l'air sérieux que lui lançait Julianne, le blondin n'avait pas pu s'empêcher de faire une nouvelle blague débile et gamine.
Alors que son amie s'était engouffré à l'intérieur de l'appartement, Aloïs tint parole et n'entra donc pas. Quoi ? Ça vous surprend ? Il était sournois mais pas impoli à ce point ! Après tout, il allait découvrir l'intimité de la jeune femme, et il sentait que ce n'était pas donné à n'importe qui ! Dès le début, en fait, Aloïs avait sentit que Julianne n'était pas quelqu'un de vraiment "sociable". C'était ce qui faisait sa particularité, d'ailleurs. Si elle savait combien de filles rêvaient de faire entrer chez elles celui qui se faisait appeler "Le Prince"... C'est un drôle de nom, pourrait-on dire. Il n'a aucun sang royal dans ses veines, du moins pas à sa connaissance, et il n'était même pas marié à une princesse. D'où tenait-il son nom ? Seul lui le savait, et c'était pour lui une anecdote nostalgique mais très mignonne... Enfin bref, nous y reviendrons plus tard.

Alors qu'Aloïs essayait de distinguer les différents bruits en imaginant la Régimeuse faire un grand nettoyage, il fut stoppé par un Lewsor qui lui ouvrit la porte et la voix autoritaire de la biochimiste. Mais tout en enlevant ses chaussures, il ne pouvait détacher son regard, comme Ange, du Pokémon qui venait de les accueillir. Leurs yeux ronds fixait le petit extraterrestre. Puis, il sourit. C'était tout à fait le genre de Pokémon de Julianne, après tout. Et même si Aloïs n'était pas particulièrement intéressant par cette espèce, il se rapprocha du Pokémon et il le trouvait... mignon. Cette grosse tête et ses yeux le rendaient assez adorable, en fait.

Le Français, penché sur le compagnon de Julianne, se redressa enfin et sa curiosité reçut enfin contentement lorsqu'il détailla chaque coin et recoin. Un hall avec des chaussures, un salon simple qui possédait un bureaux sur lequel était posé des maquettes, une cuisine et même un balcon ! C'était pas mal, pour une fille qui vivait seule. Si elle ne sortait pas souvent, c'était peut-être parce qu'elle se sentait bien ici...
Et si elle avait tout rangé, était-ce pour impressionner Aloïs ? Avait-elle eu tant envie qu'il ne voit pas le foutoir dans lequel elle vivait ? Est-ce que la jeune femme l'aimait bien, en fait ?
Il fut touché de toute l'attention que Julianne portait à l'apparence de son mobilier quand elle recevait quelqu'un.

- Pas besoin d'être un génie pour deviner que tu ne reçois pas des invités tous les jours. Mais c'est sympa, chez toi.

Il lui sourit gentiment, pour ne pas qu'elle se sente froissée. Alors que sa Nymphali était de plus en plus intrigué par le Lewsor, il fit un tour sur le balcon pour admirer la vue. C'était assez joli, elle avait vraiment une belle vue. Le jeune homme s'empêchait de fouiner dans les affaires de la scientifique. Bien qu'il en avait une envie soudaine, curieux de savoir ce à quoi elle pouvait bien penser dans la vie quotidienne, il se retint, se rappelant que cela était très incorrect. Mais lui il s'en foutait que quelqu'un vienne fouiller dans sa maison. La seule pièce interdite était bien le Jardin, qui était de toute façon inaccessible, mais avec une attaque Séisme ou un Pokémon Psy.
Tiens, d'ailleurs... Où était la chambre de Eriksen ? Il voulait les voir, ses posters ! Ses cosplayeurs dénudés et ses affiches ! il voulait voir ce que la jeune femme ne voulait pas lui montrer !
Mais alors qu'il scrutait les pièces du regard, il tombe soudain sur une drôle de machine. Cela ressemblait à un robot, mais c'était vraiment très étrange. Le style de Julianne, quoi. Le "machin" contenait un bouton rouge. Le genre qui déclenche un truc pas spécialement bien ou qui fait exploser, dans les films. Mais y'a toujours un con pour appuyer dessus. Et oui, le con, cette fois-ci, c'était Alo.

- Hééé, Juju, c'est quoi ce truc ?

Le Champion appuya sur le bouton et attendit. Un bruit sourd se fit entendre, puis plus rien. Silence.

Ojama shimasu

Aloïs François Legrand

Aloïs eut un bug pendant quelques secondes. Il ne savait pas tellement à quoi il s'était attendu en appuyant sur ce fichu bouton rouge. Le genre de bouton sur lequel on doit surtout pas appuyer dans les films alors qu'il y a toujours un con pour le faire. Le genre de bouton qui provoque quelques fois une quelconque explosion. Mais l'idée que le jouet pouvait être une bombe à retardement n'avait même pas effleuré l'esprit du blond, dont la curiosité avait fini par prendre le dessus. Alors oui, il avait pressé l'objet, demandant par la même occasion à sa comparse ce que cela allait déclencher. Mais bien sûr, il avait posé la question après avoir fait l'action.
Le jeune homme eut à peine le temps d'entendre son amie l'appeler en se jetant sur lui que le poing de la figurine partait déjà en direction des étagères, provoquant au passage une mini-crise cardiaque chez le schizophrène qui avait cru une micro seconde que le coup allait atteindre son visage.
Lorsque la main de la figurine fit tomber un à un toutes les autres, il tendit brusquement le bras, comme si cela pouvait arrêter le temps. Mais rien n'y fit, évidemment, et il hésita à fermer les yeux pour éviter de regarder les dégâts. Aïe aïe aïe...
Sa respiration se coupa même lorsque l'un des jouets en question manqua de chuter de l'étagère pour finalement se replacer en équilibre sur le bord. Il était si instable que même le plus léger courant d'air aurait pu commettre l'irréparable.

Aloïs soupira de soulagement, gêné d'avoir fait une telle bourde alors que Julianne semblait déjà avoir beaucoup de difficultés à le laisser chez elle. Il était plus que conscient que les invités se faisaient rares dans son appartement et il se sentit soudain honteux d'imaginer ce qui aurait bien pu arriver par sa faute. Il s'attendait alors à ce que la brune lui saute dessus, le gifle ou lui crie après, après ce qui venait de se passer. Il l'aurait sûrement mérité, d'ailleurs. Il n'était pas du genre à toucher à tout, pourtant. Mais l'univers de la scientifique était tellement éloigné du sien qu'il se sentait obligé d'activer une vision spéciale et imaginaire pour identifier les objets potentiellement dangereux ou non.

Il rougit soudainement lorsqu'il remarqua enfin la position embarrassante dans laquelle ils se trouvaient tous deux. En outre la poitrine de la jeune femme qui se collait à son torse, la main de la Régimeuse tenait fermement celle du Champion Coordinateur, qui elle-même emprisonnait toujours la figurine de collection. Bien que ce contact ne paraissait pas tellement anormal et stupéfiant, il cligna plusieurs fois des yeux, confus. Pas qu'il n'avait pas l'habitude des femmes, mais avoir ce contact avec Julianne... Cela lui faisait une drôle de sensation.
Cette dernière s'éloigna de lui et était, quant à elle, aussi rouge qu'une tomate. Le blondinet avait tout de suite compris que la Eriksen n'était pas du genre très ouverte, surtout en ce qui concernait la gente masculine. Mais à vrai dire, il ne pensait pas qu'il lui ferait autant d'effet. Dans un sens, cela le flattait de savoir qu'il pouvait aussi plaire, serait-ce qu'un peu, à une otaku passionnée de mécanique.

Celle-ci arriva tant bien que mal à articuler quelques mots et baissa la tête. Surpris par ce qu'il venait de se produire, Aloïs ne comprenait pas ce qu'elle voulait lui dire. Il tiqua enfin lorsqu'il constata que la figurine, le Goldorak, se trouvait toujours dans sa main. Confus, il hocha la tête et reposa doucement le jouet collector sur l'étagère. D'accord, c'était un chieur de première. D'accord, il était curieux vis-à-vis de Julianne. D'accord, l'univers de la jeune femme l'intriguait. Mais il respectait aussi les affaires des autres. Si Julianne tenait à cette... figurine collector, alors il n'y toucherait plus.

- Dé... désolé...

Il passa une main sur sa nuque, gêné. Son caractère un peu "je-m'en-foutiste" faisait que pas mal de choses semblait ne pas le déranger. Chez lui, il avait suffisamment d'argent pour racheter tout ce qui venait à être volé ou cassé. Il n'avait pas tellement d'objets de valeur, chez lui. Il avait fait la réflexion à Julianne, mais il se rendit compte que lui non plus n'invitait personne dans sa maison. Et personne ne le volait, non plus. Mais quand on pillait Mister Prince, c'était jouer sur son terrain à lui. Et il songeait de plus en plus à poser des pièges dans sa propre maison au cas où d'indésirables intrus viendraient squatter chez lui sans sa permission.
Quand Julianne ramassa ses objets de collections et commença à fredonner un air qui lui était inconnu, Aloïs eut soudain un étrange pincement au cœur.
Comme s'il avait été coupable d'une énorme bêtise, ce qui était probablement le cas, il aida sa camarade à ramasser ses affaires et à tout remettre à sa place.

- Tu as l'air de vivre dans un autre monde... Tu te sens pas seule, des fois ?...

Il avait dit cela presque inconsciemment, avec une pointe de nostalgie dans la voix. Aloïs n'oserait peut-être pas l'avouer, mais quelques fois, il se sentait cruellement seul. Et même la présence de la Nymphali n'y changeait rien.
Le cuistot s'éloigna un peu pour se diriger vers la cuisine. Son métier l'obligeait dans un certain sens à observer les différents couteaux, ou les plaques de cuisson. Mais il avait bien vu que la jeune femme n'était pas du genre à faire la cuisine, étant donné les conserves qu'elle achetait... Enfin, ce n'était pas un défaut. Cela devait surtout être Aloïs qui était du genre pas banal...
Il s'arrêta brusquement devant une porte et fronça les sourcils en constatant qu'elle était fermé à clé. Après l'incident du Fulguro Point, et la gêne occasionnée, il ne voulait pas causer de nouveaux soucis à son hôtesse. Mais il avait peur de l'ennuyer et voulait surtout savoir ce qui se cachait derrière cette porte. Bon, peut-être que c'était juste un placard, ou une salle de bain, mais une porte verrouillée, ça l'intriguait.

- Pardon de m'incruster un peu partout, mais t'es plutôt fascinante, dans ton genre. Dis, y'a quoi derrière cette porte ?

Il fit presque les yeux doux à la Régimeuse, conscient qu'elle ne lui dévoilerait probablement pas tous ces secrets. Mais bon, elle avait fermé une pièce, et maintenant il sentait qu'il ne pouvait pas repartir tant qu'il n'aurait pas découvert ce que la biochimiste lui cachait.

Ojama shimasu

Aloïs François Legrand

Oh, oh... Grossière erreur de la part de Julianne... Ne JAMAIS interdire quelque chose à Aloïs quand celui-ci a atteint un seuil de curiosité trop important... Rencontrer une otaku, c'était bien. Voir la chambre d'une otaku, c'était encore mieux ! Et la description de la jeune femme ne fit qu'augmenter le désir du Coordinateur d'y entrer ! C'était décidé. L'entêtement du blond avait pris le dessus. Il ne partirait pas de chez Julianne sans avoir vu sa chambre, et peu importe les moyens qu'il devra utiliser ! Enfin, dis comme ça c'est peut-être un peu exagéré, mais enfin... bref.

Aloïs n'était pas idiot, cependant. Il avait bien vu qu'il ne laissait pas totalement la mécanicienne indifférente; mais il savait que ses charmes ne seraient pas suffisant pour qu'elle le laisse pénétrer dans son dortoir. Il devrait donc abandonner l'idée pour l'instant mais se promet intérieurement de trouver une faille qui lui permettrait d'y accéder. Il désirait vraiment savoir ce que pouvait bien cacher la biochimiste. Des plans pour des robots au service du Régime ? Des câbles électroniques partout ? Un laboratoire secret où elle ferait des expériences louches ? Des pauvres victimes qu'elle enfermerait pour faire des tests ? Oui, l'imagination du Champion était assez grande, à ce sujet. Il n'y connaissait strictement rien dans le domaine, mais il arriverait bien à faire parler son amie un moment donné ou un autre.

Il se contenta donc pour l'instant de faire mine de laisser tomber et s'empara de la tasse que lui tendit Julianne. Alors qu'il buvait une gorgée du liquide chaud, il écouta ce que disait la Régimeuse et manqua de s'étouffer lorsqu'elle eut fini. Il toussa un peu et reposa doucement la tasse qu'il tenait quelques instants plus tôt avant de fixer la brunette.

- Con.. sole ?...

Le mot résonna dans sa tête comme un écho. Puis, il se tourna vers ladite console en question et resta muet comme une tombe pendant plusieurs secondes en considérant la machine. Puis, il regarda de nouveau Julianne et s'approcha lentement d'elle. Enfin, il prit ses mains dans les siennes et plongea son regard illuminé dans le sien. Ses yeux étaient brillants, comme ceux d'un enfant qui venait d'ouvrir ses cadeaux de Noël.

- Tu... tu m'apprendrais à jouer ?...

Ses pupilles bleues étincelaient d'une lueur nouvelle, que Julianne venait d'allumer pour la première fois.
Que je vous explique : Aloïs a passé toute sa vie à travaillé pour le bien-être de sa sœur. Gagner de l'argent pour la combler était son seul désir et il n'avait pas vraiment eu une enfance comme celle des autres garçons de son âge. Alors que c'était la grande mode, il n'avait jamais touché à un jeu vidéo de sa vie. Il se souvient seulement de la salle d'arcade près de chez lui, mais jamais il n'était entré dedans. Les jeux vidéos, pour les garçons, notamment, étaient une des bases du fondement de l'enfance. Mais Aloïs ne s'était pas laissé aller dans des plaisirs comme ceux-là et encore aujourd'hui il n'avait pas un réel intérêt pour les jeux vidéos, maintenant qu'il était Champion Coordinateur. Mais il doit avouer qu'il regrettait assez le fait de n'avoir jamais essayé et il mentirait s'il disait qu'il ne voudrait pas tester alors qu'il en avait l'occasion. Car il s'était souvent demandé ce que cela faisait. Car il avait très envie maintenant d'apprendre comment y jouer.
Alors il prit Julianne par les épaules, un sourire aux lèvres et les yeux toujours scintillants.

- Mais genre.... POUR DE VRAAAAI ?

Oui, il exagérait vraiment. Mais essayez au moins de vous mettre à la place de quelqu'un qui a raté son enfance et qui tente aujourd'hui de le rattraper...

Ojama shimasu

Aloïs François Legrand

Quoi ? QUOI ?! C'est une honte de jamais avoir touché à un jeu vidéo de sa vie ? C'est une honte d'avoir préférer s'occuper de sa petite sœur chérie plutôt que de son écran ? Est-ce que quelqu'un d'humain sur cette île était vraiment conscient des difficultés que le Champion Coordinateur a eu dans sa vie ?... Il a parcouru un long, très long chemin avant de venir ici et d'être à la place qu'il est aujourd'hui. Sa célébrité il ne l'a pas volé. Vrai qu'il aurait eu du temps pour rattraper son enfance perdue mais cela ne l'aurait pas rendu heureux pour autant. Les jeux vidéos sont une source de plaisir, comme disaient certains, mais il aimait trop ses Pokémons pour les négliger et perdre du temps devant une maudite console. Surtout qu'il était un véritable débutant. S'il y avait eu un jeu vidéo sur Lady Oscar, peut-être que cela l'aurait intéressé davantage... Il fallait au moins ça pour obliger Legrand a rester des heures devant un jeu vidéo.
Les yeux que lui lança Julianne et son air plus que surpris lui fit lever les sourcils. "Planète" ? Carrément ? Alors ça y est, il était devenu un extra-terrestre aux yeux de son amie ? Et bin... Si elle savait...

Tout en se dirigeant vers la télévision du salon et la-dite console, la jeune femme brune demanda à Aloïs de rapprocher le canapé, ce qu'il fit sans aucun problème, se demandant par ailleurs si les jeux vidéos n'étaient pas en partie responsable de l'œil rouge sang ou des cernes de sa camarade.
Il prit ensuite la manette que lui tendit Julianne et s'assit à ses côtés sur le sofa. Prenant délicatement le drôle d'objet dans ses mains, il le détailla de fond en comble. Des flèches, un stick directionnel qu'il s'amusait à faire bouger dans tous les sens et... pleins de boutons. Avec des... formes géométriques. Sérieux ? Triangle, carré, rond et x ? WHAT ?! Mais ça servait à quoi, tout ça ? Les geeks seraient, contrairement à ce qu'il avait pu entendre, nuls en math ? Ou alors était-ce une sorte de code entre eux ?... Tout cela le laissa perplexe. Il suivit néanmoins les conseils de la Eriksen et plaça la manette exactement comme elle le lui montrait. Il ne pu s'empêcher d'être mi-amusé, mi-blasé par la façon dont la mécanicienne lui parlait. Ça va, j'suis pas attardé ! se disait-il, riant doucement néanmoins.

Puis, il s'arrêta soudainement, comme figé. La réplique de Julianne se voulait amusante et blagueuse, mais elle eut l'effet d'un pincement au cœur à Aloïs. Il baissa les yeux et se cala un peu plus contre le canapé, les yeux bleus scrutant avec lassitude la manette.

- Aaah... Si seulement ma mère m'avait offert quelque chose..., finit-il par lâcher inconsciemment, de la tristesse et de la nostalgie dans son regard océan.

Oui, si seulement sa mère lui avait offert ne serait-ce qu'un peu d'amour... Il n'a à présent que de vagues souvenirs flous de cette femme blonde qui lui avait donné la vie. Dans sa mémoire, quelque chose le bloquait constamment, alors qu'il essayait de se rappeler de sa génitrice. Pourquoi cela lui posait-il autant de problèmes ?...
Puis, comme s'il se réveillait enfin, il secoua la tête et remarqua que le jeu avait été lancé.

- Hm... je veux dire... WOH PUTAIN LES MUSCLES !

De nouveau concentré sur "Tekken" -car tel était le nom du jeu- il observa enfin les personnages jouables pendant que Julianne lui expliquait les touches. Il ne savait pas s'il allait s'en rappeler au moment des faits, mais il se concentra pour mémoriser le plus possible et laissa son amie geek commencer à choisir parmi les protagonistes. Son choix se porta sur un samouraï qui lança un truc en japonais et ce fut à son tour de décider qui il allait prendre. Mais il fallait se rendre à l'évidence : même s'il prenait le perso le plus fort, la Régimeuse l'écraserait en seulement quelques secondes. Alors, entre les filles aux poitrines généreuses mais aux cuisses d'acier -qui lui donna un nouvel air blasé- et les "gentils" monsieurs méga-muscles qui avait des coiffures et des vêtements qui semblaient venir d'un autre univers, il jeta finalement son dévolu sur un jeune homme aux cheveux dressés sur la tête et qui ne portait qu'un pantalon noir aux flammes rouges assez classes.
Il sourit malicieusement à la dernière remarque de Julianne lorsque le combat commença enfin.

- C'est ce qu'on va voir...

Mouais enfin... Il aura beau dire tout ce qu'il voudra, c'était évident que Julianne allait l'écraser. Mais bon, il voulait faire le fier, tant qu'il le pouvait encore. Heureusement que les médias ne l'avaient pas suivis jusqu'ici. Le Prince qui se faisait battre aux jeux vidéos par une geek... Ba... ça avait rien de surprenant, mais quand même.
Il se redressa lorsqu'ils purent enfin commencer. Sans hésiter, il appuya sur une touche pour voir l'effet que ça faisait. Un coup de poing. Dans le vide. Ok. Il était déjà mort.

Ojama shimasu

Aloïs François Legrand

Ce n'était pas tellement compliqué, avec lui. Vous lui donniez n'importe quel drap ou rideau et il vous confectionnait une merveilleuse tenue. Vous le mettiez devant un instrument et il devenait le nouveau Beethoven. Vous le jetiez dans une piscine et il vous faisait un 250 mètres sous l'eau sans respirer. Vous le laissiez seul dans une cuisine et il arrivait à préparer un repas divin pour une vingtaine de personnes en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.
Vous le mettiez devant un jeu vidéo... il se faisait battre en à peine trente secondes. Sérieusement; ce mec était une véritable catastrophe. Vous auriez beau lui apprendre les meilleures combinaisons possibles et inimaginables pour mettre K.O. un débutant, il trouvait toujours le moyen de se faire laminer. Le seul jeu où il excellait, cela devait bien être Dance Dance Revolution. Mais ça, c'était uniquement parce qu'il savait danser et qu'il avait le sens du rythme. Aloïs savait très bien se battre, mais cela ne voulait pourtant pas signifier qu'il savait jouer au jeu de baston. Il ne s'était même pas étonné de trouver un tel disque parmi ceux d'une fille. Chacun ses goûts, comme on dit...

Mais voilà qu'ils jouaient depuis à peine quelques secondes et il avait déjà plus de la moitié de ses PVs enlevés. Ce n'était pas comme s'il s'était attendu à gagner, mais il aurait espéré pouvoir au moins lui retirer quelques points, à elle aussi. Il appuyait un peu sur les touches au hasard (faut dire qu'il avait même pas le temps de mettre le menu pour connaître les différentes attaques tant il était harcelé). Mais... OH ! Miracle ! Il avait réussi à lui enlever quelques petits points de vie ! C'était peu, mais c'était mieux que rien ! Serait-ce possible que...
Ah, nan. Apparemment, Juju voulait pas. D'une seule attaque foudroyante sortie de nulle part, elle anéantit le personnage d'Aloïs, qui avait cru pendant trois micro secondes qu'il pouvait gagner. Mais il avait compris qu'elle était décidément trop forte pour lui. Il devait pourtant tenter le maximum !

- C'est ça, moques-toi, dit-il sur un ton blagueur.

Il décida donc de jouer le tout pour le tout et de ne pas laisser Julianne l'attaquer une seule fois. Il prit cette fois-ci une fille aux courts cheveux noirs plutôt mignonne pour rivaliser avec la "Gothic Lolita" de sa partenaire de jeu. Il capta l'émotion jovial qui se dégageait de la question de la mécanicienne et lui jeta un petit regard discret avec un sourire tendre. On aurait vraiment dit de beaux gamins qui s'amusaient. Mais n'étaient-ils pas resté comme tels, après tout ?... Le célèbre Champion Coordinateur de Baguin rêvait souvent de pouvoir retourner en enfance pour rattraper tout le temps qu'il avait perdu à travailler en cuisine. Il ne regrettait pas du tout sa vie passée, mais le gosse qu'il avait été est toujours en train de se demander s'il est heureux ainsi.

- Prêt pour le deuxième combat !

Alors, par ils ne savaient quelle chance -celle du débutant, en fait, mais chuuut- lorsqu'ils débutèrent le deuxième combat, Aloïs réussit à toucher sa personnage pas mal de fois ! Enchaînant coups sur coups, utilisant même de temps à autre la parade, le match devint extrêmement serré pour les deux joueurs qui se concentrait bien plus que pour le premier. Lors des Concours, Aloïs se devait de s'adapter aux stratégies de son adversaire pour les tourner à son avantage. Se servir des attaques de Juju contre elle-même devint donc très utile !
Puis, finalement, après quelques minutes d'acharnement, le combat toucha à sa fin. Tremblant, le blondinet écarquilla les yeux lorsqu'il vit le nom de son combattant s'afficher en gros sur l'écran.

- Oh... J'ai gagné...

Non, il ne rêvait pas. C'était bien le nom de son personnage qui était inscrit et, pour la première fois, pas celui de son amie. Il sursauta et leva les bras en l'air dans un cri de victoire.

- WHOUHOUUU ! T'as vu ça ?! I WOOOOOON !

Savourant la défaite de Julianne, il s'arrêta néanmoins bien vite de parader quand il sentit le regard mi-amusé, mi-dépité de sa Nymhali qui l'observait s'exciter comme le petit garçon qu'il avait été lorsqu'il réussissait miraculeusement un plat qu'on lui avait dit impossible de faire à son si jeune âge.
Il se calma aussitôt et se racla la gorge, se remettant sagement sur le canapé pour continuer la partie.
Mais, alors qu'il était toujours en état de joie, sa jauge de bonheur diminua progressivement au fur et à mesure qu'ils jouaient. Après cette petite victoire Ô combien miraculeuse, il ne gagna plus un seul combat...
Il avait beau tenté encore et encore d'appuyer sur les boutons et de tenter des attaques spéciales, Eriksen le battait à plate couture. Il perdait, re-perdait, et re-re-perdait. Au bout de plusieurs minutes à s'acharner et à prier Arceus pour que la chance du débutant lui revienne, il se décida finalement à utiliser sa méthode dite "de dernier recours".
Au bout d'un moment, après une énième défaite, il se rapprocha un peu plus de Julianne, au point que leurs jambes se touchaient.

- Hé, t'es trop forte pour moi, c'est pas juste ! Je suis encore qu'un débutant !...

Suite à ces mots, il libéra une de ses mains pour la glisser sur la cuisse de la jeune femme. Puis, il tourna son regard bleu océan vers elle et approcha son visage du sien dans un murmure et un sourire charmeur bien à lui dont il avait le secret et qui faisait craquer dès qu'on osait le voir.

- Tu voudrais pas me laisser quelques handicapes ?...

Ojama shimasu

Aloïs François Legrand

Bon, apparemment, le coup de la main posée sensuellement sur la cuisse était... assez efficace. Quand on voyait l'état de la mécanicienne sitôt qu'elle remarqua le contact du jeune homme, et lorsqu'on pouvait entendre ses bégaiements, on sentait assez le malaise qui régnait chez elle.
Cependant, ce fut a Aloïs d'être surpris et de lever son sourcil entortillé lorsqu'un rire s'empara de son amie. Mais ce n'était pas un rire anodin, hein. C'était genre le rire cliché des méchants dans les séries américaines. De plus, le regard qu'elle lançait désormais contrastait assez avec celui d'Aloïs qui, lui, n'avait pas eu cet air meurtrier que prenait Julianne. De plus, le sourire qui se dessinait maintenant sur son visage lui fit retenir des frissons. Bordel, il se passait quoi, là ?

Il faillit reculer lorsqu'elle réagit enfin et qu'elle s'empara de son poignet avant de s'approcher de lui.
Le Champion Coordinateur ne rêvait pas. La scientifique, gênée à peine quelques secondes plus tôt, était vraiment en train de le menacer. Le ton glacé qu'elle avait prit ne lui disait rien qui vaille et il manqua même de déglutir devant ce brutal changement chez la Eriksen. Elle était bipolaire ou...
Mais, tout de suite après, c'était comme si la jeune femme avait retrouvé ses esprits. Tel un ordinateur qui bugait, elle changeait de nouveau d'attitude et semblait être redevenue la Julianne initiale. Le blondinet ne put afficher qu'un regard mi-confus mi-blasé et secoua doucement les épaules de la Régimeuse, vérifiant par la même occasion si elle était bien réveillée.

- Woow... Ça va ? T'as fait un bad trip ou quoi ?

Aloïs n'avait pas tout à fait compris ce qui s'était passé, mais c'était passé. Il avait ignoré jusqu'à présent que Julianne pouvait faire preuve d'un double côté un peu... machiavélique sur les bords et espérait ne plus la revoir dans cet état avant un bout de temps. Quoiqu'il venait à se demander s'il préférait la Julianne de tout à l'heure ou celle d'il y a peine quelques instants... Il ne savait pas exactement ce qu'il avait fait pour faire changer brusquement la brunette, mais cela avait eu un effet particulier sur cette dernière et il nota dans un coin de sa tête qu'il devrait peut-être commencer à faire des expériences pour "contrôler" les différentes expressions presque paranormales de son amie.

- Je crois qu'on va arrêter la console un petit moment, hein ? De toute façon, tu me bats tout le temps; et c'est pas d'main la veille que je risque de gagner de nouveau contre toi.

Il prit sa manette et celle de Julianne pour les déposer sur le canapé et éteignit un peu maladroitement la console. Puis, il regarda l'heure et poussa un petit soupir. Il allait vraiment bientôt se faire, et il avait failli oublier la raison de sa présence ici. Peut-être qu'il devrait sérieusement songer à rentrer...
Mais il n'en avait pas envie. Pas maintenant, du moins. Il ne savait pas pourquoi mais quelque chose le retenait encore ici et l'empêchait de s'en aller. Bien sûr, la dette que Julianne lui devait n'y était pour rien; il s'en foutait royalement, de ça. (et il comptait bien refuser son argent, d'ailleurs. C'est pas qu'il en avait en masse, mais... aheum)
Est-ce que la mystérieuse chambre de la jeune femme -dont l'accès lui était formellement interdit- était la cause de son attachement à cet endroit ?... Possible. Néanmoins, il sentait que Juju n'allait pas céder aussi facilement.

Tout à coup, il eut une idée inhabituellement drôle et peut-être un peu diabolique. Peu importe les moyens utilisés. Le "Prince" -et par Arceus, qu'il détestait ce surnom plus que tout- obtenait très souvent ce qu'il voulait, surtout de la part de femmes comme Julianne... Aussi bizarres soient-elles, d'ailleurs, mais bref, passons.
Il se repositionna donc devant Julianne et lui prit doucement la main pour l'attirer contre lui et afficher un sourire narquois.

- A mon tour de te faire découvrir un jeu...

Il la fit tournoyer sur elle-même avant de l'emmener sur son balcon et de lui montrer un établissement en bas de la rue, pas très loin de leur position actuelle.

- Ça s'appelle "Boîte de Nuit" ! Ce soir, Juju, je t'emmène danser !

La ramener soûle pour qu'elle soit obligée d'ouvrir la porte de sa chambre ? C'était globalement l'idée, ouais. Mais pas seulement, en fin de compte. Le fait de savoir que Julianne vivait en ermite ici toute seule comme la geek qu'elle était faisait un peu déprimé Aloïs qui pensait vraiment qu'un peu de compagnie à la brune ne lui ferait pas mal.

Ojama shimasu

Aloïs François Legrand

Oh... Julianne aurait-elle miraculeusement réussi à faire en sorte que le Champion Coordinateur fasse un vrai sourire attendri ?... Il avouait en effet que la mécanicienne avait un petit côté mignon et touchant, à être gêné de la sorte. Il avait su, dès qu'il l'avait vu, qu'elle n'était pas du tout le genre à se socialiser facilement. L'imaginer aller en boîte par elle-même était inconcevable, et c'était bien pour ça que le blondinet s'était proposé pour l'y emmener. Il savait qu'il se comportait comme un gros chieur, à essayer de faire sortir Julianne de sa bulle; mais il s'était vraiment pris d'affection pour elle -chose qui n'arrivait pas souvent- et savoir qu'elle vivait toute seule dans sa passion otakuienne et en mode geekette lui faisait de la peine.
Elle n'avait pas tort dans le sens où il faudrait faire quelques petits arrangements au niveau de sa coiffure et ses vêtements, mais Aloïs était sûr de lui et il savait qu'aucun style ne pouvait lui résister. Et puis, même s'il n'était pas d'accord avec elle sur le fait qu'elle serait comme un boulet, il se disait de toute façon que, heureusement, le ridicule ne tuait pas et qu'il pouvait bien aller se balader avec Julianne n'importe où que cela lui serait complètement égal.
A demi-amusé, le blond soupira.

- Les vigiles, je les emmerde. S'ils osent te foutre dehors, ils vont m'entendre, tu peux me croire. Mais de toute façon, ça n'arrivera pas...

Comme pour souligner ses dires, il sortit de l'intérieur de sa veste deux cartes spéciales de couleur or avec des inscriptions comme quoi le titulaire était désigné comme "VIP" et pouvait donc s'infiltrer dans n'importe quel boîte ou autre club des villes inscrites. C'était l'ancien Champion Coordinateur de Baguin qui les lui avait donné, juste après lui avoir cédé sa place. Il n'avait cependant pas cherché plus loin pour savoir comment lui les avait obtenu et s'était donc contenté de remercier son prédécesseur et d'en profiter. Mais même si on pouvait supposer le contraire, le cuistot ne sortait pas tant que ça en boîte de nuit. Il y eut une période de sa vie où ce fut le cas, mais depuis que cela avait commencé à l'ennuyer, il n'y allait plus tellement. Puis, y aller tout seul, c'était assez déprimant; et comme la liste d'amis d'Aloïs s'était considérablement réduite depuis son arrivée sur Enola...
Il donna donc une carte à la brunette avec un petit sourire.

- Avec ça, tu es assurée de rentrer sans problème. Et je suis sûr qu'on arrivera à trouver une tenue adaptée pour sortir. Mais en attendant, il faut que je m'occupe de tes cheveux !

Aloïs s'autorisa ensuite à emmener la jeune femme dans l'appartement et lui demanda de s'installer sur une chaise pendant qu'il s'occupait du reste. Il partit se balader dans le salon et trouva sans grand mal une brosse à cheveux qui avait l'air neuve. Ouais, vu l'état des tiffes de la Régimeuse, elle devait pas s'en être beaucoup servi. Legrand soupira en se disant qu'il aurait sans doute du pain sur la planche avant de la faire sortir à l'extérieur mais sans offusqua pas plus que ça et trouva même cela amusant de "rejouer à la poupée". Il n'avait jamais touché de Barbie ou quoique ce soit, hein ! Mais c'était lui qui s'occupait d'habiller et de coiffer sa petite sœur ou même certains mannequins avant les défilés de Yves Saint Laurent.
Il prit une grande inspiration et s'approcha de Julianne, tout sourire.

- Surtout, ne bouge pas trop. Si jamais je te fais mal, n'hésite pas à le dire.

Enfin, il passa ses doigts entre les cheveux de la Eriksen et commença à brosser les mèches rebelles de la geek une par une. Il grimaça un peu en voyant tous les nœuds qu'elle avait mais ne dit rien et se contenta de continuer, essayant toujours d'être le plus délicat possible. Il réfléchissait à quel genre de coiffure pouvait lui convenir et entreprit de faire une natte pour savoir ce que cela donnait. Tout en imaginant, il s'autorisa à poser quelques questions.

- Tu me parlais de ma mère, tout à l'heure... Et la tienne ? Tu as toujours vécue seule ?...

Hé ! Il avait bien le droit de se renseigner ! La vie de Julianne était un peu en opposition à la sienne, mais cela ne l'empêchait pas de s'y intéresser. Sa passion pour les mechas et les figurines japonaises rarissimes le faisait marrer mais il respectait toujours les goûts des autres et se demandait si un jour Julianne pourrait lui parler un peu plus de ce qu'elle aime.
Comment ça, il voulait mieux faire connaissance avec ?... Oui, bon, Aloïs n'était pas du genre à se défiler, et il ne voyait pas pourquoi il aurait honte de dire qu'il aimait bien Juju. Il la trouvait drôle par ses expressions et ses bizarreries mais aussi attachante par son côté renfermer. Au fond, elle était plutôt cool et sympa.

Ojama shimasu

Aloïs François Legrand

Cela lui faisait un peu étrange de s'occuper des cheveux de quelqu'un, quand la dernière personne qu'il ait brossé était sa petite sœur. Cependant, il ne disait rien, se contentant de passer ses doigts dans la chevelure de Julianne, réfléchissant à une coiffure qui pourrait lui convenir. Mais cela n'était pas chose aisé, quand trouver une brosse chez la demoiselle était déjà un miracle en soit. Elle n'avait en effet aucun ustensile qui lui permettrait de lui faire un brushing comme il en avait l'habitude. Néanmoins ses mains, outils de travail du blondinet, arrivaient toujours par trouver de l'esthétisme n'importe où, que ce soit en cuisine, couture ou coiffure.
Alors, en silence, il l'écoutait lui parler de sa mère, espérant intérieurement que cela ne dérangeait pas son amie de lui raconter un peu de sa vie, elle qui semblait assez peu ouverte aux autres. Elle ne mentionna son père à aucun moment. Aloïs en conclut alors que peut-être ne l'avait-elle jamais connu ou qu'elle ne s'entendait pas avec lui. Si parler de sa vie ne lui plaisait pas forcément, écouter celle des autres le touchait assez. C'est pourquoi il eut un petit sourire triste lorsqu'elle lui avoua que sa mère lui manquait. Au moins, la mère de Julianne n'était pas morte, elle; ce qui le rassura un peu quelque part, d'ailleurs. En découvrant l'univers de la Eriksen, il pouvait imaginer quelle avait été leur relation. Protégée d'un monde que seule elle pouvait comprendre, la brune devait, effectivement, être assez peu sociable.

Il opta finalement pour un chignon volontairement un peu défait sur les bords pour donner un certain style. N'ayant qu'une simple brosse et son imagination à disposition, il ne pouvait pas faire de coiffure vraiment élégante. Mais heureusement qu'il avait toujours des épingles sur lui ! C'était pour la tenue que le cuistot commençait à avoir des doutes. Mais bon; il ferait avec et ferait des modifications si nécessaire. Il rit intérieurement en pensant au nombre de ses fans qui tueraient pour être à la place de la geek. On aurait du mal à le croire, mais c'est, au final, une fille assez spéciale comme Julianne qui a réussi s'approprier l'attention et la sympathie du Champion Coordinateur. On ne saura cependant peut-être jamais si c'était son cerveau assez déjanté qui avait tissé un tel lien ou le comportement hors norme de l'otaku qui l'avait autant marqué.
Son travail fini, il reposa la brosse et observa son amie.

- J'imagine que je dois m'attendre à trouver des cosplays dans tes armoires... Mais je suis sûr que tu as une robe quelque part qui ferait l'affaire !

Discrètement, il passa l'appartement au peigne fin. Après inspection minutieuse des lieux, il se rendit compte que la seule pièce où il n'était pas encore allé se trouvait être la chambre de la principale concernée. Il n'osa toutefois pas s'approcher de la porte sans son approbation. Il s'éclaircit donc la gorge et se posta face à Julianne. Enfin, il plaça ses bras de part et d'autre de la jeune femme et colla son front au sien.

- Tu crois qu'une visite complète de ton appartement pour une occasion si spéciale serait possible ?...