Honorer ses promesses

Samaël Enodril

Faust a un peu de mal à parler, mais au moins, Isaac est en vie. Sam sait à quel point son grand frère tient à lui et il doit avouer qu'il s'inquiétait lui-même de l'état du jeune homme qui l'avait aidé ce fameux jour de Novembre. Il espère au fond de lui que tout le monde est sain et sauf parmi les prisonniers qui étaient là-bas. Mais il se rend bien vite compte que ce ne sera jamais le cas, car il connaît au moins une personne qui n'a pas pu être sauvé, et qu'il a conduit lui-même à sa propre mort. Cette pensée fait frissonner Samaël qui se rapproche un peu plus, si c'est encore possible, de ses deux aînés. Par Arceus... Qu'aurait-il fait sans eux ? Que serait-il devenu si Faust et Solène n'avaient pas été là ?... Les mots de son maître portent malgré tout un message d'espoir. Oui, c'est vrai, la vie reprend son cours... Mais pour Sam, il sait que ça ne sera jamais vraiment évident. Il avait un rêve, un but : devenir Maître Pokémon pour sauver son père. Mais il n'a plus personne à sauver, maintenant. Que peut-il bien faire ? Que va-t-il lui arriver, maintenant que son monde s'est écroulé et qu'il est peu à peu en train de se reconstruire avec l'affection que lui portent ses protecteurs ?...

Des bruits de pas se rapprochent un peu. Resté en arrière, Aloïs n'avait pas voulu les interrompre dans leurs émouvantes retrouvailles. Le Champion Coordinateur a terriblement honte de lui, mais ce qui est fait est fait. Une question néanmoins le travaille depuis plusieurs minutes déjà. Et il se permet maintenant de la poser, alors que le jeune garçon semble aller beaucoup mieux que tout à l'heure et qu'il est à présent hors de danger.

- Et maintenant ? Que va-t-il lui arriver ?...

Sa voix neutre cache de l'inquiétude. Elle n'est pas du tout violente et se veut amicale, mais elle fait l'effet d'un coup de couteau chez l'adolescent qui relève brusquement les yeux vers le blondinet. Puis, tout à coup, Samaël est pris d'un nouveau mal de tête. Il est obligé d'y poser une main pour s'empêcher d'avoir de nouvelles visions. Mais trop tard; son cerveau a décidé de jouer une dernière fois avec ses nerfs. Alors à la place de voir Aloïs, sa vue change et les traits du Coordinateur prennent ceux de celui qui fut son tortionnaire et le maître de ses cauchemars.

- Dio...

Soudain, son regard doré devient noir. Très noir. Doucement, il s'écarte des bras de Faust et de Solène. Yami sent la colère s'emparer de son dresseur et décide qu'il est temps de l'arrêter. L'Absol tente de mordiller le jeune brun mais c'est avec une vitesse jamais vu chez lui encore que Sam se jette brusquement et avec force sur le blondinet.

- ENFLURE !

Et alors, c'est comme si toute sa peine se libère d'un coup. Il frappe sans retenu le visage du Champion, qui se laisse faire, conscient qu'il a bien mérité que son "prisonnier" le frappe. La rage s'installe chez le Enodril qui voit rouge et fulmine. Car il s'en veut. Il s'en veut d'avoir précipité son père vers la mort. Il s'en veut d'exister. Et jamais il n'avait ressenti une telle colère chez lui.

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Samaël Enodril

Le Champion Coordinateur ne tente même pas de se défendre. Ne l'a-t-il pas mérité, de toute façon ? Il a cru bien faire durant tout ce temps, essayant de raisonner l'adolescent et empêchant celui-ci de commettre une grosse bêtise. Il ne l'avait pas enfermé pour son plaisir, mais à force de voir le jeune brun "jouer" avec ses couteaux de cuisine et autres ustensiles dangereux, il avait été forcé d'employer les grands moyens. Combien de fois a-t-il failli craquer en entendant les cris désespérés de Sam ? Combien de fois a-t-il failli se faire arracher un bras devant la rage du Pokémon de ce dernier ? Bien trop souvent à son goût, en l'espace de quelques jours seulement.
Il appelle en vain son agresseur de seize ans pour le faire redescendre sur terre mais rien n'y fait.

Car ce n'est pas seulement de la rage qui émane du dresseur; c'est surtout de la tristesse. Tristesse qui s'est transformé en colère, tant sa douleur est grande. Il en veut à Dio, certes, mais il s'en veut surtout à lui-même. Pourquoi a-t-il fallu qu'il se fasse bêtement capturé ? Pourquoi a-t-il fallu que son père se décide de lui-même à mourir ? Pourquoi a-t-il fallu que cela arrive précisément aujourd'hui ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il soit si faible ?... Voilà toutes les questions que se pose Samaël alors qu'il donne encore et encore des coups de poings rageurs en direction d'Aloïs qui essaye de le raisonner mais qui ne prend même pas la peine de se débattre.

Seuls les deux bras de Faust qui s'emparent des siens arrivent à le stopper dans sa folie. Seule la voix de son grand frère réussit à le calmer. Seuls son appel et son ordre le font immédiatement arrêter et prendre conscience de ce qu'il vient de faire. Le hérisson l'éloigne du Coordinateur pendant que celui-ci porte une main à son visage, meurtri par la fureur du jeune garçon. Mais la souffrance ne dérange pas le blond qui se contente de sourire légèrement, ne comprenant que trop bien ce qui est passé par la tête de l'Enodril.
Mais le cuistot ne manque d'afficher une mine surprise lorsque Solène vient le voir en lui tendant la main, faisant par la même occasion une réflexion qui ne manque pas faire rire doucement le Coordinateur. Il ne comprend pas l'attitude changeante de la Maître Dresseuse, dont il se pose d'ailleurs de plus en plus de question sur son identité, et prend doucement cette main qu'elle lui donne.

- C'est pas faux... Merci.

Il se relève donc et se tourne ensuite vers Sam. Ce dernier se retrouve comme immobilisé, les bras de Faust le retenant toujours. Ses yeux dorés semblent perdus et il se rend peu à peu compte avec effroi de ce qu'il vient de faire.

- Et bien... Ne commence pas à me confondre avec ce crétin d'Allemand ! Je ne t'ai pas arraché un ongle, que je sache...

Sam a tout à coup un hoquet de surprise et regarde ensuite sa main. L'ongle... Comment aurait-il pu oublier... L'ongle de son index, qui n'a toujours pas repoussé, ne lui rappelle que trop bien ce qui s'est passé en prison et le souvenir de son tortionnaire ne manque pas de le faire frissonner. Aloïs aussi s'est fait arracher un ongle, ce jour-là. Mais il a préféré le cacher derrière un bandage.
Sam cache donc sa main dans sa chemise déchirée tâchée de sang et bafouille.

- Je... je sais pas ce qui m'a pris... Je.... je...

Ses larmes se remettent à couler, et ses épaules recommencent à trembler. Maladroitement, il se retourne vers Faust et se jette de nouveau dans ses bras. Il a encore besoin de la chaleur de son frère, de sa voix, de son réconfort. Voilà maintenant qu'il s'effraie lui-même à adopter un comportement qui ne lui ressemble pas. Comment la prison a-t-il pu le rendre comme ça ?... C'est ce qu'il se dit. Il a toujours été faible et impuissant. Il ne provoquait jamais les bagarres à l'école mais il en était bien trop souvent la victime et personne n'était là pour le défendre.

- J'voulais pas... J'voulais pas... j'voulais pas !... J'suis désolé, désolé...

L'odeur de Faust qu'il sent au travers des vêtements de ce dernier lui rappelle le jour où il l'a hébergé chez lui, quand il était encore heureux et innocent. Une réminiscence, et toute sa colère s'envole d'un seul coup. Faust et Solène sont bien les seuls qui puissent faire redescendre son agitation aussi vite, tant leur présence apaise son esprit fatigué et blessé. Il manque d'ailleurs de s'écrouler à chaque instant, car ses jambes supportent difficilement le poids de son corps vu l'état où il est, mais l'appui de Faust lui redonnent assez de force pour se maintenir droit.

- Faust... Je suis tellement content que vous soyez là...

Il arrive enfin à articuler quelques mots, preuve que son maître et son frère lui apportent bien plus de soutien que n'importe qui.
Aloïs soupire de soulagement en voyant que l'état du gamin s'est stabilisé. Le moment voulu, il sait qu'il devra lui présenter des excuses. Mais ce moment-là n'est pas aujourd'hui. Pour l'instant, il se laisse attendrir par l'affection que l'enfant porte si tendrement à Solène et à Faust.

- Le mieux, ce serait qu'il reparte avec vous. Il ne doit plus être seul avant d'être complètement rétabli.

Puis, voyant que l'adolescent ferme les yeux en serrant toujours plus le hérisson, sans l'étouffer, comme s'il avait peur de ne plus jamais le revoir, il rit doucement.

- Enfin, je dis ça, mais je crois qu'il n'est plus prêt de vous lâcher !

Tiens ? Aloïs deviendrait-il censé ?... C'est que le Maître Dresseur et le Conseiller font bien des miracles. Car le blondinet n'a pas tellement tort : même s'il se trouve égoïste, Sam ne veut plus se séparer d'eux. Ou du moins il fera tout pour rester avec l'un de ses deux sauveurs; quitte à se faire encore du mal à lui-même si c'était nécessaire. Car même s'il a une certaine peur des couteaux, désormais, il n'hésiterait pas à s'en enfoncer un dans l'épaule si cela lui permettrait de rester avec Solène ou Faust. On pourrait dire qu'il est fou ou désespéré, mais il a plus que jamais besoin d'eux et aurait sans doute beaucoup de peine s'ils venaient à l'abandonner maintenant.

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Samaël Enodril

Que ça soit claire : la première fois que Sam a vu Faust, c'est en réalité Noctis qu'il a vu. Et Sam a eu assez peur de Noctis. Le soir, dans une forêt sombre, avec pour seuls Pokémons un énorme Arcanin qui pouvait déchiqueter n'importe quoi et une Absol rouge sang, et habillé de vêtements noirs et d'un casque, il avait une allure vraiment menaçante aux yeux du dresseur. Sa voix, surtout, et sa façon de parler un peu "solennellement", avaient vraiment intimidé le timide garçon qu'il était alors. S'il n'avait pas pris son courage à deux mains, et que son père n'avait pas autant été mêlé, il n'aurait sans doute pas pu s'empêcher de trembler. Ce n'est qu'une fois ramené chez lui que Faust lui a révélé sa véritable identité et que Sam a pu découvrir et apprécier sa vraie personnalité.
Pourtant, jamais il n'aurait cru que de simples gestes, de simples mots de la part de son grand frère, et de sa grande sœur pouvaient lui faire autant de biens. Chaque souffle, chaque étreinte, lui fait immédiatement oublier sa douleur et sa tristesse.
Alors quand il se blottit dans les bras de Faust et que ce dernier l'enlace en retour en lui murmurant des encouragements, il voudrait ronronner, tant il est heureux de pouvoir partager un nouveau câlin fraternel avec lui. Jamais plus il ne pourra se réfugier dans les bras de son père; mais il espère au fond de lui que ceux de ses protecteurs seront toujours prêts à l'accueillir lorsqu'il en aura besoin. Il ferme les yeux et se laisse bercer peu à peu malgré lui par les battements du cœur de Faust qui achèvent de le calmer, tant il a plaisir à les entendre. Il pourrait rester là pendant des heures et des heures.

Ce que Faust annonce clairement au Coordinateur réchauffe davantage Sam qui est sûr à présent que ses aînés ne l'abandonneront pas et qu'il restera avec eux. Il n'avait pas vraiment douté à propos de ça, car les connaissant, il était un peu convaincu qu'ils ne le laisseront certainement pas ici, mais il a toujours besoin d'être rassuré quelque part.
Pendant que Solène est parti chercher le sac du brun, le hérisson s'inquiète ensuite de l'état de Sam, ayant probablement senti que son petit frère était fatigué. Le jeune garçon ne peut le nier à personne : il est cerné et harassé de fatigue. Mais la vue de Faust et de Solène lui a fait complètement oublier son affaiblissement. Maintenant soulagé, c'est à ce moment-là que tout son manque de sommeil semble lui revenir en pleine face. Il sent ses jambes trembler un peu mais ne le montre pas. Son Absol s'approche vivement vers lui pour le soutenir et il finit par répondre à Faust en hochant la tête. Cependant, Aloïs n'est pas d'accord avec le jeune brun, conscient de l'épuisement du Enodril. Ses longues nuits cauchemardesques qu'il a passé à crier, il s'en souvient très bien.

- Non, Sam ! Ça fait trois jours que t'as pas dormi; tu dois te reposer avant de...
- Nan ! Non... ça va aller. Je...

Il laisse sa phrase en suspens, et se rapproche de Faust. Puis, doucement, il lui prend la main et finit par se retourner une nouvelle fois vers le Champion en souriant.

- J'ai retrouvé la force qui me manquait...

En effet; son énergie, il la puise dans le réconfort qu'il trouve auprès de son maître et de son frère. C'est en eux qu'il trouve le courage de se relever et d'aller de l'avant, malgré les nombreuses difficultés.
Le blond se laisse finalement convaincre et sourit doucement avant de reculer et d'ouvrir un peu plus les portes en faisant signe aux personnes présentes qu'elles peuvent sortir.

- Alors dans ce cas je n'ai plus aucune raison de te retenir.

Ne pas le laisser se suicider : à la base, c'était ça, son plan. Qu'importe où Aloïs avait pu mettre le dresseur, ce dernier avait toujours trouvé un moyen de se faire encore plus de mal et avait tenté à de nombreuses reprises de se précipiter vers la mort pour rejoindre son père disparu trop tôt. Même dans une chambre banale, il avait usé de méthodes assez étranges qui avaient fait froid dans le dos au Coordinateur.
Mais maintenant que Sam n'est plus lui-même en danger, alors il peut le laisser partir, assuré dorénavant qu'il est entre de très bonnes mains.
Il ne cille pas devant les mots que prononcent Solène, sachant pertinemment qu'il n'a, à l'évidence, pas le choix, et qu'il est même en accord avec ce qu'elle dit.
Néanmoins, pendant une fraction de secondes, il semble hésiter. Aloïs met une main dans sa poche et ses doigts jouent avec l'objet qu'il garde caché à l'intérieur. Il a quelque chose qui appartient vraisemblablement à Samaël, mais il se demande si c'est une bonne idée de lui donner maintenant. Au final, il abandonne, se disant qu'il le lui remettra au moment voulu, en même temps que les excuses qu'il mérite.

- Nullement. De toute façon, cette pièce doit être détruite, finit-il par répondre, en scrutant les murs et leurs inscriptions.

Sur ce, Sam fixe à son tour une dernière fois l'endroit qui fut comme une seconde prison, en moins pire, évidemment. Ses yeux dorés balaient les écritures sanglantes qu'il a lui-même faites et serre le poing, priant Arceus pour que son ancien tortionnaire paye pour ses crimes et la souffrance qu'il a laissé dans le cœur de l'Enodril.
Mais il croit dur comme fer aux mots de Faust. "Ça va aller". Oui, ça ne peut qu'aller, désormais. Car rien ne peut être pire pour lui que ce qu'il a vécu. Après l'enfer qu'il vient de traverser, Sam ne peut que remonter.

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Samaël Enodril

Le départ approche grandement, il le sent. Bientôt, il quittera cet endroit maudit qui a été pour lui comme une seconde prison. Il s'en ira, laissant le Champion Coordinateur de nouveau seul pour qu'il puisse de son côté "guérir" de son traumatisme dû à la prison. Il repartira avec Faust et Solène, pour être enfin libre. Et plus jamais il ne remettra les pieds dans cette pièce souillée par son propre sang et ses propres larmes. Il voudrait détruire lui-même cette salle mais il n'a ni le temps, ni la force pour cela et dans l'instant présent, il veut avant tout sortir et fuir loin, très loin d'ici.

Les mots de Faust lui réchauffe un peu plus le cœur, qui menace déjà d'exploser, tant il est heureux après ces longues semaines de souffrance, de revoir ceux qui lui sont le plus cher. La fatigue est toujours présente, mais quelque part, il semble avoir oublié qu'il a passé trois jours entiers sans dormir. Sur le moment présent, il ne voit que Solène et Faust, à qui il sourit de nouveau lorsque la main de ce dernier serre un peu plus la sienne.
La Démolosse du hérisson, suite au claquement de doigts de celui-ci, ressort la première de la pièce, comme la Capidextre de la Weber quelques instants plus tôt. Puis, les dernières paroles du châtain annonce clairement à présent qu'ils sont sur le point de s'en aller. Reste bien sûr à savoir comment. Si les deux protecteurs de l'adolescent sont venus séparément, personne ne les empêchera de repartir ensembles, le garçon avec, bien entendu.

Solène réponds à son tour et demande à Sam de choisir. Alors il réfléchit. Son regard se porte quelques secondes sur son sac, toujours dans le dos de la jeune femme et il pense à son Roucarnage avec une petite douleur à la poitrine. Lui aussi, il a un oiseau qui pourrait l'emmener. Mais depuis qu'il a ordonné à ses compagnons de rester dans leurs Pokéballs pour ne pas qu'ils voient son état déplorable, honteux de se montrer ainsi devant eux, Absol est bien la seule qu'il ose encore appeler à sortir de sa boule. Il l'aurait bien fait rentrer, pourtant, mais Yami est une vraie petite rebelle qui n'obéit qu'à son dresseur, et seulement lorsqu'elle le juge nécessaire. Il préfère donc laisser Tori là où il est, pour le moment.

- Le... le plus rapide. Je ne veux pas rester une minute de plus dans cet endroit...

De nouveau, il tourne la tête pour observer le carnage qu'il a lui-même causé, se demandant encore avec effroi comment il a pu faire tout ça. Il a du mal à croire à ce qu'il a fait, et pourtant tout ça est bien réel. C'est lui qui a écrit sur les murs le nom de son tortionnaire après s'être arraché la peau avec ses ongles, c'est lui qui a frappé de toutes ses forces cette pièce qui le retenait prisonnier, c'est lui qui a hurlé tous les soirs en ayant des visions abominables et c'est lui qui a bien failli mettre fin à ses jours à plusieurs reprises. Il se rend compte aujourd'hui à quel point il a été stupide et s'en veut terriblement pour tout ce dont il est responsable.

- Oh.. et où comptes-tu aller ?...

Sam lance un regard presque noir à son interlocuteur avant de se rapprocher de Solène pour prendre sa main, ne lâchant toujours pas celle de Faust.

- Peu importe. De toute façon, rien ne peut être pire qu'ici.

Aloïs ne fait aucun commentaire mais est d'accord avec le petit brun. Même pour lui cette "chambre" est digne d'un asile psychiatrique. Mais mieux vaut ça plutôt que de lui laisser un quelconque objet susceptible de provoquer sa mort. Car Sam aurait été assez intelligent et dépressif pour trouver un moyen de se tuer avec n'importe quoi. Alors autant ne rien lui donner qui risquerait de lui faire commettre l'irréparable.
Mais désormais, Sam a compris. Il ne tentera plus de se suicider. Il est sur la voie de la guérison, et il ne pourra que remonter que si Faust et Solène sont avec lui.

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Samaël Enodril

Enfin. Enfin ils allaient s'en aller. Quitter ce territoire maudit pour guérir de son propre traumatisme, uniquement entouré de ses proches. Sam se sent déjà mieux rien qu'à l'idée de partir loin d'ici. Non. A l'instant même où il a entendu la voix de Solène, il s'était déjà senti soulagé. Quand il lui a touché la joue pour s'assurer qu'elle était bien réelle, quand il l'a enlacé pour ensuite se blottir dans les bras de Faust, leur présence a largement suffit pour le calmer, malgré son excès de colère l'instant d'après. Mais jamais le brun n'avait vu les deux dresseurs dans de pareils états. La dernière fois, il avait les yeux brillants chaque fois qu'il les voyait, tant il était en admiration devant eux. Rien n'a changé, il les admire toujours; il était simplement surpris, honteux et peut-être égoïstement soulagé d'apprendre qu'ils s'étaient inquiété pour lui. Ils l'ont cherché à travers toute l'île pour le retrouver. Il s'est rendu compte que tout n'était pas perdu, qu'il comptait encore pour quelqu'un malgré les nombreux problèmes qu'il a causé.

La Démolosse du châtain revient ensuite, suivie d'un Corboss, qui se font tous les deux aspirés dans leurs Pokéballs respectives, malgré la réticence de la chienne de feu qui se laisse finalement aller après la promesse de son dresseur. Solène, de son côté, appelle un Arcanin qui s'empresse de sortir. Le jeune garçon supporte le regard de son frère et le soutient, essayant de lui faire comprendre qu'il pourra supporter le voyage. Mais malgré ses belles paroles de tout à l'heure, il doit avouer que ses jambes sont à deux doigts de céder. Elles n'ont pu le supporter que parce que son énergie lui était tout à coup revenu, quand il a revu Solène et Faust pour la première fois depuis la libération. Mais maintenant qu'il est rassuré et sûr d'être en sécurité, près de ses proches, la fatigue accumulée durant ces trois jours d'insomnie se fait de plus en plus ressentir.

Le regarde de Sam brille ensuite lorsque la Gardevoir bleue de son maître apparaît ensuite. C'est bien rare de croiser un Pokémon chromatique et il reste fasciné par la nouvelle venue.
Si Aloïs ne fait aucun commentaire, la femelle shiney confirme bien ses pensées. Il a clairement identifié les protecteurs du petit brun. Il commençait à avoir des doutes, en particulier pour ce qui était de la touffe improbable du hérisson, mais d'un côté, cela le faisait vraiment marrer de se dire que Sam avait pour proches deux des plus puissants dresseurs de l'île. Il avait donc refoulé ses idées mais s'était bien rendu compte que l'ironie était vraisemblablement réelle. Ce dont il est sûr, en revanche, c'est que Sam ignore totalement le véritable statut de ceux qu'il considère comme sa famille. Mais l'ignorance du Enodril n'était pas seulement due à sa naïveté; disons qu'il a préféré s'entraîner plutôt que de regarder la télé ou les journaux. Se tenir informé, il trouvait ça bien, mais il avait vraiment laissé tomber les médias au profit de son voyage, voulant mettre toutes les chances de côtés pour libérer son père. Mais disons qu'à présent, il n'a plus tellement de raison de délaisser les infos...
Pendant que Yami se frotte un peu plus contre son dresseur, sentant qu'il peut chuter d'une seconde à l'autre, le Champion Coordinateur se contente de répondre au salut de la jeune femme rousse. Cependant, il se rappelle bien vite du fameux objet qui se trouve dans sa poche et son regard, d'un sérieux inébranlable, se pose sur Sam.

- On se reverra...

L'adolescent ne répond pas, mais le fixe à son tour et hoche très légèrement la tête. Puis, il disparaît avec les deux autres ainsi que les Pokémons. A présent seul dans la pièce, le blondinet sourit.

- Le Maître Dresseur de l'île et l'un des deux Conseillers ?... Ce gamin est décidément pleins de surprises...

Il sort ensuite de la salle morbide. Oui, ils se reverront; et ce jour-là, l'oiseau prendra son envol.


Enfin... Enfin !...
Si Sam s'est déjà fait téléporté, il doit avouer que cette sensation lui fait toujours un peu bizarre et le fascine à la fois. Lorsqu'ils arrivent finalement à destination, la nuit règne sur les lieux et pas un seul bruit ne vient troubler le silence royal. Enfin Sam était sorti de cet enfer en un seul morceau. Enfin il allait pouvoir se remettre de l'énorme chute qu'il a faite. Enfin ses cauchemars allaient cesser. Enfin il allait pouvoir continuer à vivre. Il reconnaît dans l'obscurité le quartier réservé aux Compétiteurs pour y être déjà passé lorsqu'il a été chez Faust la dernière fois. Mais une soudaine angoisse le prend. La Compétition. Il a failli oublier la Compétition. Au début de l'année, Sam s'est inscrit avec un seul but en tête : devenir Maître pour avoir une chance de libérer son père. Il était sûr d'obtenir la puissance qu'il voulait s'il battait la Ligue entière. Mais maintenant que son père est mort, que va-t-il devenir ? Va-t-il abandonner la Compétition, malgré tous ses efforts, combinés à ceux de ses Pokémons qui ont placé toute leur confiance en lui ?... Il recommence à douter.
Loin de Baguin, presque loin de tout, il allait être tranquille, au moins le temps de se remettre de ce qui s'était passé. Mais bientôt, il devra avouer la vérité à Faust. C'est aujourd'hui l'une des choses qui lui fait le plus peur. Comment annoncer à son grand frère de cœur que l'impensable s'est produit, qu'il n'a pas pu garder son père en vie, malgré tout ce qu'à fait Faust pour lui ?... Sam n'est pas idiot à ce point. Il a bien vu, lorsqu'il a rencontré Faust, que le souvenir de son père resté au Bloc lors de l'opération l'a marqué.
Alors que se passera-t-il lorsque Sam devra lui dire ce qui s'est passé en prison ?... C'est de sa faute, si son père est mort. Il se sent coupable parce qu'il sait que sa présence à été la faiblesse d'Ikaël et que la torture que Dio lui a fait subir a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Pourtant, il devra l'annoncer à Faust tôt ou tard. Mais pas seulement. Il aura quelque chose d'autre à dire à ses protecteurs, car Solène doit elle aussi être mise au courant. Oh, il dira que c'est minime, mais il devra quand même leur annoncer, car c'est bien en eux qu'il place toute sa confiance et qu'il ne pourra décidément jamais rien leur cacher.

L'Enodril tourne la tête vers la Gardevoir et la remercie d'un signe de tête, trop heureux d'être parti de l'Amphithéâtre après trois jours infernaux. Trois jours où il a manqué de sommeil. Et même avant qu'il n'ait pu parler, ce manque se fait cruellement ressentir et, brusquement, ses jambes finissent par lâcher. Il se rattrape de justesse en s'accrochant de toutes ses forces au bras de Faust et Yami le soutient du mieux qu'elle peut, toujours avec cet air inquiet mais beaucoup plus serein que tout à l'heure, l'absence du Champion y étant sans doute pour quelque chose.

- Faust, Solène... Grâce à vous...

Il essaye de se relever tant bien que mal, mais c'est comme s'il avait un poids énorme qui lui était subitement tombé dessus. Alors, il lève les yeux au ciel et contemple les étoiles et ce sont cette fois-ci des larmes de joie qui coulent sur son visage ensanglanté mais heureux.

- Je suis enfin libre...

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Samaël Enodril

L'air emplit les poumons de l'adolescent qui tente de se débarrasser des effluves de l'Amphithéâtre. Mais l'odeur du sang est toujours un peu présent, et cela n'est guère étonnant, vu qu'il a retiré chaque bandage qu'on lui avait mit. D'accord, cela avait été une bêtise de les enlever, mais dans son état, il avait clairement fait comprendre qu'il désirait crever le plus vite possible. Fort heureusement, ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais il n'y a pas si longtemps, c'était bien, hélas, son seul désir. Sur cela, d'ailleurs, il s'en veut. Il se rend compte désormais que ses protecteurs ont remué ciel et terre pour espérer le revoir en vie, et lui, tout ce qu'il voulait, c'était y mettre fin. Il aimerait s'excuser auprès de ses aînés, mais ce soir, il n'en a plus la force. Il est libre, à présent, mais la fatigue l'a rattrapé et il ne peut la repousser indéfiniment.
Enfin, libre... c'est un bien grand mot, Sam en est conscient. Il sait qu'ils ne sauront jamais vraiment libres tant que le Régime régnera toujours; mais en cet instant présent, il veut se dire "libre". Car c'est bien la première fois depuis la libération qu'il ne se sent plus comme un prisonnier. Car il sent qu'un nouveau départ est sur le point de commencer.

Alors que le vent lui balaie les cheveux et qu'il profite de ce contact extérieur, le sourire de Faust ne fait que le rassurer un peu plus et essaye tant bien que mal de se relever. Il doit vraiment avoir l'air pathétique, dans son état. Le pire, c'est qu'il s'y est mit tout seul, pour ce qui était du physique. Les griffures, les hématomes et les bleus; tout ça, c'est lui. Vrai que la Champion lui a fait une entaille à l'avant-bras mais il l'a tout de suite pansé l'instant d'après. Il se connaît assez lui-même pour savoir que, s'il avait été un peu plus énergique, il s'en serait voulu de se montrer publiquement dans une telle situation. Maigre, la peau blafarde, le corps tremblant et les cernes indiquant sa fatigue le font passer pour un dégénéré, presque un psychopathe, même. Quoique... il a plus l'air d'un dépressif. Mais cette pensée l'effraie un peu, tant il sait qu'il n'en a pas juste "l'air". Il a eu un tel choc en prison qu'il était tombé dans une grave dépression par la suite. Si ses geôliers ne l'avaient pas forcés à manger alors qu'il se trouvait encore en cellule, ce serait déjà un cadavre que les soldats auraient dû enterrer parmi les autres; peut-être aurait-il était placé avec son père, qui sait. Ou au contraire, peut-être qu'on les aurait éloignés... Dio n'a-t-il pas dit qu'il détestait les familles unies ? Oui, il s'en souvient, maintenant. Il préfère ne pas se rappeler, mais cela lui revient presque malgré lui et il ne peut qu'affronter la vérité en face, encore et encore.

Inconsciemment, ses yeux veulent se fermer. Mais le hérisson arrive à les maintenir éveillés. Ah... ce qu'il veut faire... Vu la situation, ça paraît simple : dormir. Et si possible, ne pas faire de cauchemars. Mais malheureusement, ces derniers temps, le premier ne vient jamais sans l'autre. Se laisser bercer dans les bras de Moprhée pour ensuite se réveiller avec effroi était presque devenu son quotidien. Niveau sommeil, il est complètement en décalage.
Assez égoïstement, Sam a bien envie de répondre positivement à la question de Faust. Il se souvient très bien de la première nuit qu'il a passé chez lui, et il peut assurer aujourd'hui qu'il n'avait jamais aussi bien dormi depuis bien longtemps. Mais une part de lui le bloque. Vrai, il avoue que rester avec Solène et Faust l'enchante plus que tout au monde, et que rien ne saurait l'apaiser davantage. Mais peut-il vraiment se permettre de déranger une fois de plus les deux personnes qu'il admire le plus au monde ?... Sa réponse : non. Certainement pas. Il souffre bien trop encore de son complexe d'infériorité pour causer plus de soucis à ses bienfaiteurs. Déjà qu'ils l'ont cherché partout, qu'ils se sont sans doute inquiétés pour lui et qu'ils ont dû se contrôler face au Coordinateur pour ne pas le tuer chaque fois qu'il osait parler. Vrai que Sam souhaite demeurer un peu plus longtemps à leurs côtés, mais il est convaincu dans un sens aussi qu'il ne mérite pas de faire perdre plus de temps aux deux adultes à cause de lui. Alors suivant sa logique où il ne se sent pas "méritant" après tout ce qu'il a fait, il n'ose pas répondre avouer la vérité.

- Pour la première fois, Faust... Je ne sais pas. Mais je suis déjà bien mieux ici qu'à Baguin.

Assez logique, vu ce qu'il s'était passé. Certains diraient que le mieux, ce serait que Sam rentre chez lui pour revoir sa mère. Mais le jeune brun a peur. Peur de revoir Amanil. Peur de revoir sa mère. Peur de lui annoncer, tout à Faust, d'ailleurs, ce qu'il doit pourtant lui dire à tout prix; car elle doit savoir ce qui s'est passé en prison. Et ce qui s'est passé, c'est que Sam a échoué. Il s'est inscrit à la Compétition pour libérer son père des griffes du Régime et a promis à sa mère en partant qu'il ferait tout pour réussir. Cette dernière, inquiète pour son fils mais pleine d'espoir, lui a fait confiance et s'est contenté de le surveiller de loin. Pourtant, quand il rentrera, il sait qu'il ne pourra pas s'empêcher d'aborder le sujet. Mais pourra-t-il seulement la regarder dans les yeux ? Pourra-t-il seulement la revoir sans avoir honte ? Pourra-t-il seulement continué à parler à sa mère comme si la mort de son père ne lui pesait pas sur ses épaules ?...
Et Faust... Qu'est-ce qu'il dira à Faust ?...
Sans Ikaël, jamais le Donovan et le Enodril ne se seraient rencontrés. C'est par lui que tout a commencé. C'est parce que Faust a prévenu Sam de ce qui s'est passé au premier Bloc, qu'ils se sont vus pour la première fois et qu'ils ont commencé à tisser un lien de fraternité qui ne les a plus quitté depuis. Maintenant que le père de Sam est mort, ce dernier, tout naïf et troublé qu'il est, surtout après son traumatisme et sa dépression, commence à se demander si Faust va lui en vouloir, ou pire, s'il va le rejeter définitivement. Après ce qu'il vient de vivre, la séparation avec son frère lui ferait l'effet d'un nouveau violent coup à son pauvre petit cœur, déjà meurtri par les événements.
Le regard toujours inquiet de son Absol sur lui, Sam n'en peut plus et se laisse finalement tomber à genoux sur l'herbe qu'il effleure du bout des doigts, savourant ce contact qui avait commencé à lui manquer.

- N'importe où... J'irai n'importe où. Mais pas chez moi... pas maintenant...

Sa voix se brise dans un sanglot étouffé. Des larmes supplémentaires ne les aideront pas alors il se retient. Mais penser à ce qu'il devra dire à sa mère en rentrant chez lui, ou même à son grand frère s'il reste à ses côtés, l'effraie assez.
Yami vient près de son dresseur et lui fait un mouvement de tête pour qu'il se relève. Mais elle s'arrête brusquement lorsqu'elle constate une marque de griffure sur le cou de l'adolescent. Sam suit le regard de son Pokémon et passe une main sur sa nuque. Du sang se remet à couler un petit peu; mais il se dit intérieurement, avec une ironie assez glauque, que s'il continuait à saigner, il n'aurait même plus assez de sang pour en laisser à ses tortionnaires s'il venait à les rencontrer de nouveau.
Que se passerait-il, alors ? Il l'ignore. Il se contente de scruter la femelle Ténèbres et de lui caresser la tête, tachant sans le vouloir son beau pelage neige, qui se recouvre bientôt de tâches écarlates.