Alouette, je te plumerai !

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Clive tentait désespérément de reprendre le contrôle sur ses nerfs qui étaient quasiment sur le point d'exploser aujourd'hui. Du stress et une bonne dose de peur se mêlaient à ses émotions déjà contradictoires, le laissant dans un état quelque peu particulier. Ce n'était pas qu'il était un peu sur le point de faire une grosse connerie, mais oui ; Azazel avait même insisté pour l'accompagner durant sa sortie improvisée pour s'assurer qu'il ne fasse pas d'idiotie. Clive avait bien tenté de le faire partir en lui envoyant Ezekiel au cul, mais le Démolosse avait vite été calmé par le Nidoking du médecin. L'officier oubliait souvent que son subordonné disposait de pokémon relativement puissants, comme son Togekiss ou sa Feunard. En gros ? Clive était coincé avec ce parfait imbécile, à son plus grand malheur. Sérieusement, il se tenait à côté de lui, fredonnant une chanson comme si tout allait bien dans le meilleur de monde alors que, bordel de merde, dans très peu de temps...

« Et sinon, tu penses que les pingouins peuvent servir de carburant ? »

La question de l'aîné le fit tiquer et il s'arrêta dans sa réflexion et le fit s'arrêter. Mikael l'observait avec une moue amusée, presque moqueuse.

« J'me disais bien que tu ne m'écoutais pas, Clivichou.
- Si je t'écoutais à chaque fois que tu ouvrais la bouche, j'aurais perdu une cinquantaine de points de QI. Et pour l'amour d'Arceus, arrête avec ce surnom ridicule ! »

Ezekiel se contenta de grogner un peu envers le médecin, mais le Nidoking de celui-ci lui jeta un regard noir plus que équivoque et cela suffit largement à calmer le chien des enfers qui baissa les yeux en signe de soumission. Clive leva les yeux au ciel ; vraiment, il était entouré par une véritable bande d'abrutis, ce n'était pas possible autrement et il refusait d'admettre le contraire.  Mikael leva les yeux au ciel.

« Détends un peu ton slip, on a l'impression que tu es sur le point d'exploser !
- Si j'explose tu seras le premier à crever !
- Que de gentillesses ! »

Clive pesta et avança un peu plus vite pour distance le médecin, mais néanmoins celui-ci arrivait encore à rester au même niveau que lui. Bordel, il était bien la dernière personne qu'il voulait lorsqu'il était dans un état pareil, surtout vu que sa présence ne faisait que lui rappeler ce qui allait bientôt, très bientôt même, arriver.

« Pourquoi venir ici ? T'as déjà trouvé ton araignée, alors...
- Je veux un Etourmi, alors tu as le choix entre m'aider à me chercher ou devenir le repas de Lilith. »

Mikael soupira. Clive chassa les branches devant lui, sentant l'herbe s'écraser sous ses pas et la boue claquer contre ses chaussures. Oui, sa sortie avait aussi ce but ; il lui fallait un oiseau, et un pokémon comme Etouraptor serait extrêmement utile. De plus, il serait bien adapté à son travail d’assassin ; rien de mieux qu'un oiseau de chasse pour cela ! Il fallait encore que le pokémon se montre, mais Clive était bel et bien déterminé à ne pas rentrer sans avoir trouver ce qu'il cherchait, oh ça non.

Alouette, je te plumerai !

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Ezekiel n'aimait pas voir son maître dans un pareil état de détresse. Surtout lorsque celui-ci évacuait sa colère en s'énervant et en écrasant le sol sous ses pas comme s'il cherchait à refouler toute la rage qui l'habitait envers cette impertinente herbe sous ses pieds. Lui qui voyait en son maître un homme à suivre et à écouter, dont les ordres étaient les seules choses auxquelles il obéissait et à qui il avait juré toute sa fidélité, chose particulièrement spéciale pour lui. Il ne se souvient ni de sa mère, ni de son père ; en vérité, il était né chez un éleveur qui l'avait vendu aux parents de son maître alors qu'il arrivait à peine à marcher. Sa première rencontre avec un humain autre que la personne qui avait veillé à sa naissance, avait été avec Clive. Au départ, leur relation avait été... Chaotique, pour dire toute la vérité. Ezekiel n'avait jamais été un pokémon particulièrement gentil, et à l'âge où sa fierté était encore plus grande que maintenant, il fallait avouer que l'officier et lui avaient eu plus d'un désaccord.
Il faut dire que Clive n'avait pas vraiment été quelqu'un qu'il aurait respecté au départ, contrairement au père Donovan qui lui imposait sa force face au Malosse capricieux. Ce ne fut que lorsque le hérisson à faux poils noirs avait commencé à prendre de l'assurance et à raffermir son autorité que leur relation s'était améliorée. De plus, le temps qu'ils avaient passé ensemble faisait qu'il avait appris à respecter l'autre. Il avait vu toutes les facette de sa personnalité, tous ses défauts, ses qualités les plus attachantes, tout ce qui faisait et avait fait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui.

Ezekiel n'avait pas énormément de regrets quant au fait d’obéir à un assassin et de tacher ses crocs du sang des ennemis de son maître si cela pouvait lui permettre de rendre la vie de la seule personne qui prenait soin de lui plus facilement. Il n'allait sûrement pas commencer à en avoir maintenant, et il le suivrait jusqu'au bout du monde si il le fallait. Clive valait bien toutes les promesses de fidélité et de servitude à ses yeux. Oui, une admiration sans pareille avait fait son nid au bout du compte, il aurait été bien incapable de le dénier ; cela aurait été de l'hypocrisie totale.
Ainsi, le voir dans cet état de stress et peut-être un peu de peur l'inquiète considérablement. Il n'aime pas voir son maître malheureux, car oui, il la sent cette immense douleur qui l'habite à chaque fois que le sujet de monsieur Faust revient (car oui, il le considère encore comme quelqu'un qu'il doit respecter). Ezekiel peut voir la lueur de tristesse et de regret qui illuminent les iris de l'officier quand il se regarde dans le miroir. Il voit tout et il entend tout, mais il est bien incapable d'agir. Il n'est qu'un Démolosse après tout.
Les tentatives d'Azazel pour réconforter Clive n'ont qu'un effet très limité. Ezekiel n'aime pas le barbu, mais il ne peut rien faire pour le chasser d'ici. Il ne peut que se contenter de grogner et de le mordre quand il en a l'occasion. Hormis ça, il a les pattes liées.

Ils passent devant une Chlorobulle qui va vite se cacher dans un coin, probablement intimidée. Clive ne lui accorde même pas un regard, et Mikael ne paraît pas plus intéressé que cela par la petite créature. Ezekiel se contente de grogner pour s'assurer qu'elle ne revienne pas ; ils n'ont pas que ça à faire, non plus.
Ils continuèrent leur route, et Ezekiel tenta de ne pas trop se formaliser sur les insultes qui sortaient à intervalles réguliers de la bouche de son maître. La seule chose qu'il pouvait faire, c'était rester à ses côtés et espérer que sa présence arriverait à diminuer son inquiétude.

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« Écoute, on a tout préparé. Absolument tout. Tu as Gipsy, le numéro de téléphone, les infos nécessaires pour mener à bien tout ce joyeux bordel, alors arrête de paniquer et détends-toi un peu le slip pour l'amour d'Arceus !
- J'aimerai bien t'y voir !
- Tu ne m'y verras jamais parce que je ne suis pas désespéré comme toi par le fait de voir quelqu'un qui m'est cher.
- Quoi, parce que tu connais le sens du terme maintenant ?
- Je l'ai appris le jour où Rachel est morte. »

Sec, cassant, sérieux. Le ton de Mikael le fait flancher ; Clive n'y est que peu habitué, vu que l'autre assassin a plus l'habitude de prendre tout à la rigolade. Lorsque l'aîné commence à hausser le ton, l'officier comprend que le médecin a un peu abandonné la blague pour passer sur un sujet de conversation plus sérieux et mature.  Il continue sa route et détourne le regard. Il déteste être arrêté dans ses élans de sarcasme, majoritairement parce qu'il n'en a pas l'habitude. Il n'a pas de réponse à la réplique d'Azazel et cela l'agace au plus haut point. Il bute dans un caillou rageusement et entend l'autre derrière lui pousser un long soupir agacé ; qu'il soupire s'il le voulait, Clive n'avait pas la patience de se disputer avec lui, surtout vu qu'il désirait juste de la paix au départ.
12 avril. C'est la date d'aujourd'hui. La veille de leur anniversaire et de la chose qu'il a préparé avec Azazel pendant deux longs mois. Il est anxieux et angoissé, parce qu'il sait que Faust sera furieux et ce qu'il va faire est tout simplement abject, mais en même temps, il ne peut plus se permettre de tomber dans les remords et les regrets quand il y a tant à dire et à faire.

En un sens, peut-être que oui, ce qu'il ressent à l'heure actuelle est la preuve qu'il n'est pas encore devenu complètement fou. C'est probablement mieux ainsi, parce que dans le cas contraire, ses actes seraient ceux de quelqu'un ayant perdu toute sa tête, et Clive tenait encore à sa santé mentale, merci bien. Il n'avait pas assez de folie en lui pour être comme Azazel et oublier la souffrance des autres, même s'il la piétait parfois sans jamais retourner sur ses pas.
Lorsqu'un Vivaldaim s'avance vers eux, la créature pose son regard sur eux, naïf et innocent. Clive ne peut s'empêcher de se demander ce qui fait que le daim puisse les regarder sans aucun jugement. Le pokémon s'approche de Clive, tourne un peu autour de lui, hésitant, et l'officier ne sait pas vraiment comment réagir. Il tend sa main vers le pokémon plante, ne sachant pas véritablement quoi faire, mais le Vivaldaim appuya sa tête contre celle-ci. Clive est un peu désarçonné d'être la cible de tant de douceur, et même Ezekiel observait en silence, ne grognant pas alors qu'il avait devant lui un pokémon plante, donc une cible potentielle.

« Depuis quand t'es une princesse disney, Clive ? »

L'officier jeta un regard noir au médecin qui observait, une moue amusée sur les lèvres.
Après quelques secondes d'hésitation, le hérisson décrocha une rapide ball à sa ceinture et la tendit vers le Vivaldaim, à la surprise de tous.
Après tout, peut-être qu'un peu de gentillesse naïve pourrait l'aider à ne pas sombrer dans la folie la plus totale.

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Le pokémon rentra dans la pokéball sans broncher et sans aucune résistance. Cela amena un maigre sourire sur les lèvres de Clive qui rangea la sphère bicolore à sa ceinture, cherchant encore dans son esprit la raison qui avait pu l'amener à capturer un tel pokémon. C'était sûrement la gentillesse du Vivaldaim qui avait influencé son choix, aussi niais que cela soit à dire ; Ezekiel lui offrit sa plus belle expression de confusion, mais le silence buté dans lequel s'était enfermé Clive voulait définitivement tout dire.
Ils avancèrent un peu plus, du moins jusqu'à ce que la voix de Mikael ne les dérange à nouveau ; le médecin était vraiment têtu, et cela devenait quasiment insupportable à ce niveau sérieusement.

« C'est bon, t'es calmé ? Pas que ta crise de nerfs de gosse me fasse chier, mais un peu quand même.
- J'ai juste besoin de prendre l'air.
- Ouais, c'est ça, prends-moi pour un débile. Maintenant il va falloir que tu te détendes parce que vu la quantité de stress que tu dégages, tu donnerais Parkinson à un mec qui fait de l'hypotension.
- En quoi est-ce que ça t'intéresse ? Il me semble que la dernière fois, tu m'as assuré que tu ne m'aidais que parce que ça t'amusait.
- Si tu crèves demain, j'aurais une personne en moins pour m'aider à retrouver mon gosse. Je suppose que ça te suffit comme raison ou il te faut de longs discours larmoyants sur la valeur de notre amitié et partenariat ? Non parce que sinon autant ramener des mouchoirs et des violons, ça sera plus joli et dramatique. »

Le ton de Mikael montait progressivement. L'énervement suintait de sa voix et il ne cherchait plus à le masquer comme il le faisait d'habitude ; ce  comportement de la part du médecin déstabilisa Clive, vraiment peu habitué à voir son subordonné agir ainsi, et vu qu'ils bossaient ensemble depuis deux ans, bientôt trois, c'était un peu perturbant.
L'officier pesta en plusieurs langues, chose qui lui permettait de calmer un peu ses nerfs en furie et de relâcher la tension qui habitait chacun de ses muscles.

« Bordel, demain je vais kidnapper un gosse. Un putain d'ado qui n'est en rien responsable de mes conneries, comment veux-tu que...
- Minute papillon, faut que tu te rappelles d'un truc : le gamin ne va rien subir. Arrête de paniquer, tu seras incapable de faire subir la moindre blessure à quelqu'un d'aussi jeune.
- ...
- Et puis merde, arrête voir et calme-toi. Tu n'arriveras à rien comme ça. »

Clive soupira et baissa le regard.

« … Je sais. »

Ils avancèrent finalement en silence, jusqu'à ce que la voix de l'officier brise le silence qui s'était installé.

« Merci, Mikael.
- Me remercie pas trop non plus, morveux. »

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Après ce rapide échange qui n’était utile qu’à confirmer que la vie de Clive était un bordel innommable, un silence inconfortable et à proprement parler très chiant s’installa. L’officier était perdu sans pensées, tentant de ne pas remuer ou même faire remonter des souvenirs très mauvais qui aurait pu le mettre de plus mauvaise humeur qu’il ne l’était déjà. Il fallait dire que tout ce qui concernait Faust le mettait sur les nerfs, de près ou de loin. Ce sujet était à ne pas aborder généralement, pour la simple et bonne raison qu’il réagissait généralement très mal. La première fois que Azazel avait abordé le sujet après la rafle de janvier, il s’était pris deux coups de poings, ce qui l’avait considérablement calmé, ou en tous cas lui avait fait comprendre qu’il valait mieux faire très attention à ce qu’il disait s’il ne souhaitait pas en subir les conséquences plus que fâcheuses vous en conviendrez.

« Et sinon, comment est-ce qu’il va réagir, ton frangin ? »

Une grimace, puis un rictus, tous deux amers, étirèrent les lèvres de Clive.

« Mal. Très mal.
- Merci Captain Obvious, on ne s’en serait pas doutés. T’as pas d’autres réponses plus évidentes ? Du genre  ‘le gamin que je vais kidnapper n’appréciera pas d’avoir été enlevé’, qu’on fasse le tour !
- J’avais pensé à ‘ton intervention ne sert strictement à rien’ mais je crois que c’est suffisamment évident comme ça. Ne pose pas de question stupide si tu ne veux pas de réponse stupide. »

Mikael gloussa, pas vexé pour un sou par les paroles que l’autre assassin avait prononcé. Il fredonna une chanson durant tout le chemin, chanson dont il ne connaissait ni les paroles ni l’original, mais au moins il essayait de faire chier le cadet et vu sa tête désabusée, cela marchait. Il fallait dire que ce n’était pas très difficile, et puis cela l’empêchait un peu de penser à demain.
Lorsque le regard de Clive se posa sur un Etourmi qui se reposait paisiblement sur une branche, son visage paru s’illuminer. Mikael leva les yeux au ciel devant la bonne humeur soudaine de son supérieur ; le lunatisme était définitivement génétique, il ne voyait pas d’autres options.
Il jeta un regard significatif au Démolosse à ses côtés, qui comprit bien vite où il voulait en venir.

« Zeke, vas-y. Essaye de voir si tu peux le défier ; je compte sur toi. »

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« Dooonc... Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant que tu as ton piaf ?
- Je vais rentrer, me poser devant mon canapé et probablement tenter d'oublier tout ça en terminant un jeu.
- Sérieusement ? Et ton amour-propre ?
- Enterré quelque part en dessous de ma foi en l'humanité. D'autres questions débiles ou tu as fini ?
- Eh ben mon dieu, t'es du sable coincé dans le froc à ce que je vois...
- Oh pour l'amour d'Arceus Azazel, ferme-là un peu, tu veux ?
- Nope, pas envie. Et puis vu comment tu réagis en même temps, c'est juste trop tentant de te faire chier. Tu sais, si tu te contentais de m'ignorer, ça serait tout de suite moins drôle.
…
Nan mais ça voulait pas dire que tu dois le faire, hein ! C'est pas marrant comme ça !
…
Cliiiiiiveuh ! Marche pas aussi vite ! Roh bordel, où il est passé ? Me dis pas qu'il a utilisé son Kirlia ?
… Bordel de merde, le sale gosse. »

Car oui, Clive avait trouvé que partir maintenant était la meilleure idée qu'il ait eu de la journée. Il fallait dire qu'il était deux doigts de coller la rouste de sa vie au médecin, alors il avait préféré rentrer avant qu'il ne tente de le tuer de façon assez brutale et tout à fait gore. Castiel lui avait jeté un regard inquiet, duquel Clive ne s'était pas tant formalisé de ça. Depuis son évolution, le Kirlia démontrait une certaine confiance en soi devant Clive, bien qu'il continuait de se cacher et d'éviter les inconnus avec un talent qui étonnait encore son dresseur.
Le hérisson à faux poils noirs avait décidé de faire un tour dans les rues de Vanawi pour se changer un peu les idées, vu que retourner dans l'auberge n'était pas une très bonne idée étant donné qu'il était de mauvaise humeur. Il n'avait pas envie d'alerter sa mère quant à son état : lui donner des soucis n'était vraiment pas le but de Clive, et il préférait garder ses soucis pour lui, surtout vu qu'il ne pouvait pas se permettre d'impliquer qui que ce soit d'autre dans son projet.
Il poussa un long soupir et passa une main dans ses cheveux, sentant tout le stress remonter à la surface. Pour l'instant, il devait surtout penser à ce qu'il savait et ferait, parce que son futur lui apparaissait comme bien sombre.