Ruban n°1

Aloïs F. Legrand

Inspire. Expire. La tension était palpable dans tout l'Amphithéâtre; que ce soit sur le terrain où se déroulaient les prestations que chez le Champion Coordinateur, maître des lieux et gardien du fameux ruban convoité par tous les amoureux de la coordination. Son adversaire aujourd'hui ? Catherine Violette Uraeus, A Mulher-Cobra; Championne Coordinatrice d'Anula, et également pire ennemie du blondinet. Leur rivalité ne date pas d'hier, mais peut-être qu'Aloïs n'aurait pas un tel sourire carnassier sur le visage s'il ne s'était pas préparé à la future défaite de son adversaire dès le début. Il n'était pas tant mauvais joueur, loin de là; mais s'il n'avait pas assisté en direct à la torture de Yumi par la "Femme-Serpent", peut-être qu'il aurait mené ce match calmement et que l'issu lui aurait été bien égal. Mais depuis Janvier, il fulminait intérieurement. La rafle et la prison avait été une horreur pour tous, et restait toujours un sujet tabou; mais Aloïs n'avait pas réagi comme les autres lorsqu'il s'est fait capturé. Il avait rencontré malgré lui une jeune coordinatrice pour qui il s'est pris d'affection et a essayé tant bien que mal de rendre leur "séjour" à tous deux le moins désagréable possible. Yumi n'avait pas mérité de subir toutes ces atrocités, et même s'il n'en avait rien montré lors de la fameuse séance où l'adolescente avait été victimisé par cette abominable femme, le cuistot n'avait jamais oublié cette scène effroyable et s'était juré dès lors de tout faire pour venger la petite sœur de Kirito d'une manière ou d'une autre. Ce concours est la chance qu'on lui a donné et il compte bien la saisir pour ridiculiser Catherine et lui faire payer cher l'affront qu'il a fait subir à la jeune fille. La Championne Coordinatrice d'Anula et lui se font la guerre depuis longtemps, déjà. Mais jamais Aloïs n'aurait pensé qu'elle puisse s'en prendre à une innocente juste parce qu'il avait rabaissé Cath' suite à sa défaite. Il s'en voulait énormément pour son comportement indigne qui a fait endurer à Yumi des souffrances qui lui avaient laissé quelques séquelles -et il prie Arceus pour qu'elle s'en soit sorti au final-, mais il n'aurait pas pu prévoir ce qui allait arriver. La petite Tokiro avait été mêlée à la rivalité qui opposait les deux Champions Coordinateurs et ça, le blondinet ne pouvait l'accepter. C'est pourquoi il devait à tout prix battre Catherine et lui infliger un cuisant échec.

Depuis Janvier, tout avait été planifié. Il s'était minutieusement préparé à cette rencontre mémorable que le public n'allait sans doute pas oublier de sitôt. Pour la première fois depuis longtemps, deux Champions allaient s'affronter en public. Il avait passé des heures à s'entraîner en vue de cette confrontation et il espérait de tout cœur que sa stratégie marcherait. Il savait que la victoire allait être ardue à obtenir, et que "Cobra" n'était pas Championne pour rien. Bien que sa collègue dise le contraire sur son propre bien, Aloïs, lui, devait bien admettre que Catherine n'avait pas volé sa place. Mais il était, à cet instant, terriblement nerveux et furax à la fois. Il se cachait, néanmoins, derrière un sourire mesquin qui signait la chute prochaine de son opposante. Il devait être confiant et se dire qu'il avait toutes les chances de gagner, tant sa détermination était grande et qu'il avait l'honneur du jeune fille à laver. Peut-être que Yumi avait arrêté d'y penser, depuis le temps; c'était d'ailleurs ce que le blondin espérait. Mais lui, il ne pourrait jamais vraiment vivre tranquille tant que ce concours ne se serait pas déroulé.

Il n'avait rien manqué de la prestation, au contraire. Il avait su à l'avance qu'elle aurait gagné les éliminatoires, de toute façon; et c'est ce qui arriva. Il leva les yeux au ciel lorsque son nom fut annoncé et descendit jusqu'à un long couloir menant à ses sous-terrains. Il avait installé, sous l'Amphithéâtre, une sorte de caserne où il faisait ses entraînements. Son établissement conçu près d'une falaise, c'est par là qu'il avait accès à la mer lorsqu'il voulait y descendre les jours où il avait envie d'aller à la plage. Mais il se baignait rarement, ceci dit. Il avait fait construire une piscine dans une sorte de dôme collé à sa maison. Lorsqu'il s'entraînait pour des prestations aquatiques, c'était dans ce bassin, qu'il allait. Expert en natation, c'était avant tout pour ses Pokémons eau qu'il avait mis en place un tel bassin. Mais l'une de ses "favorites" avait toujours une préférence pour l'océan, bien sûr; et des fois, il se rappelait avec nostalgie son enfance passée sur le paquebot de ses parents lorsqu'il fixait l'horizon depuis sa fenêtre et qu'il voyait l'étendue d'eau salée à perte de vue.
Mais s'il empruntait cette caserne aujourd'hui, c'était parce qu'il comptait bien faire une entrée en scène par dessous le terrain.

C'était donc vêtu de son beau costume bleu outremer pailleté que le concerné fit irruption en arrivant sur le terrain par un plateau qui l'avait mené jusque sur la scène par en bas et était remonté à la hauteur du stade. Une foule acclama son entrée, jusque là unique, et il salua les spectateurs en délire. Il sentait jusqu'ici leur excitation et leurs cris enthousiastes résonnaient dans sa tête à la manière d'un public applaudissant deux gladiateurs qui allaient s'affronter dans le Colisée jusqu'à ce l'un des deux tombent à genoux. Ce serait mentir si Aloïs disait qu'il ne paniquait pas. La pression était intense de son côté, même s'il ne la laissait paraître à aucun moment.
Il se contenta ensuite de s'incliner devant son adversaire dans sa robe de performance, malgré tout le dégoût qu'il éprouvait pour cette immonde "créature". Ses mots le piquaient au vif comme du poison et l'entente de sa voix lui fit grincer des dents mais il continuait toujours d'afficher ce sourire mielleux et sordide.

- J'attendais ta venue avec impatience, ma chère Catherine...

Le pire, c'est qu'il ne plaisantait pas. Il avait attendu l'arrivée de Catherine autant qu'il l'avait redouté. Mais il ne pouvait pas se permettre d'échouer; pas maintenant. Il s'était préparé à cet instant depuis sa rencontre avec la Championne, il y a de cela quelques années. Sa remarque le fit bouillonner mais il garda cependant contenance. Il avouait méchamment qu'il aurait aimé voir le Pokémon de Catherine gigoter encore ainsi durant le match, mais cela n'était pas très fair-play, et ce n'était pas la faute de ce Venalgue s'il avait une dresseuse telle que cette sorcière. Il savait pertinemment au fond de lui que Catherine avait fait exprès de le provoquer ainsi pour le forcer à amener ce qu'elle désirait; car elle avait deviné qu'il le ferait.

- Mais voyons, dear colleague, ce n'est tout de même pas ma faute si tu n'es pas capable de te renseigner sur le terrain d'un Amphi !

C'est vrai, quoi ! Elle aurait pas pu se renseigner ? Il avait bien un aquarium géant, mais il aurait fallu que les juges le prévienne à l'avance !
Il s'était laissé prendre à son jeu, mais il avait prévu dès le départ d'utiliser lui-même cette eau. Depuis que Cath lui avait annoncé qu'elle allait venir, il avait déjà prévu quel Pokémon il allait utiliser contre elle.
Il s'empara donc d'une Pokéball et la lança haut dans les airs. Le sphère s'ouvrit pour laisser apparaître des bulles étincelantes qui prirent bientôt la forme d'un Pokémon qui fut saluée avec entrain par l'auditoire. Pour la première fois depuis longtemps, Ariel fut appelé pour le combat. La Lockhlass était assez aimé des fans de coordination, autant pour sa beauté que sa rareté et son incomparable douceur. Aloïs savait qu'il pouvait compter sur elle pour l'aider dans ce concours qui s'avérait ô combien palpitant.

- Je compte sur toi, Ariel.

Cette dernière hocha brièvement la tête dans sa direction et fit face à son adversaire. De toute sa team, elle était bien la mieux placée pour faire face à l'empoisonneuse. Aujourd'hui, ils allaient gagner ensembles ce combat et ce n'est sûrement pas Catherine qui pourra leur faire peur.

- Let's go !

Ruban n°1

Aloïs F. Legrand

- Et si tu as bien suivi tes cours de géographie, tu devrais savoir que la France est un pays plus puissant que le Brésil.

Il n'avait rien contre le Brésil, loin de là (même qu'il adorait la feijoada) mais elle avait poussé le bouchon trop loin et cette réplique était limite sortie toute seule. *Pfff... David contre Goliath... Est-ce que ma Lokhlass ressemble à Goliath ?!* Il bouillonnait toujours de l'intérieur. Il devait pourtant contrôler sa fureur et ne pas penser uniquement à la vengeance. Seul le jury pourra décider du vainqueur et ce n'était sûrement pas en laissant dominer sa rage qu'il allait pouvoir les impressionner et remporter la victoire qu'il méritait; et dans le cas où il perdrait... Non. Il ne perdra pas. Il devait gagner ce match ! Sa réputation, il s'en fichait, sur l'instant présent. Il laissait gagner tout le monde mais pas Catherine ! Ce qui se passerait s'il perdait... il n'osait pas l'imaginer, tant cela lui semblait quasiment impensable.

Et pourtant, elle débuta la première. "Honneur aux dames", tel était le slogan de Mister Prince; même si Catherine n'avait rien de très féminin en soit. La Venalgue de la Cobra commença donc sa performance en s'entourant d'une fumée sombre qui entoura la femelle poison tout entière avant de grossir peu à peu pour atteindre la taille de la Lokhlass. Sur ses gardes, le Champion Coordinateur savait très bien que ce smog n'était pas innocent et qu'il pouvait potentiellement, comme c'était souvent le genre de son adversaire, empoisonner sa partenaire. Il fut cependant assez impressionné, il devait l'avouer, par la forme que prit le néant noir : celle d'un hippocampe à l'air menaçant qui se rua sur Ariel en galopant autour d'elle, laissant derrière lui des vapeurs obscurs qui ne firent qu'accroître la défensive de la Lokhlass. *Ne te laisse pas intimider, Ariel.*
On pouvait déjà entendre dans les gradins les murmures troublés mais éboulis de la foule qui s'agita lorsque le terrain fut recouvert de cette nuée ténébreuse.
Il ne prit même pas la peine de répondre à la question rhétorique de sa collègue, tant il était évident maintenant de s'apercevoir alors l'idée qu'elle avait en tête; idée qu'elle confirma par la suite en un simple mot d'anglais.
Il dut intérieurement avouer par la suite qu'il était intrigué par le petit numéro des bulles qui éclataient non pour blesser d'une façon quelconque Ariel, mais bien pour la rafraîchir, au contraire, et elle ne put que profiter de cette pluie étrangement bénéfique, toujours néanmoins en restant sur ses gardes.
Mais il eut apparemment raison de se méfier. Elles passaient presque inaperçues, les vilaines, mais l'œil perfectionniste d'Aloïs, qu'il avait développé dans ses talents en cuisine, vit que quelqu'une de ces bulles étaient différents des autres et arboraient une teinte violette qui ne rappelaient au blondinet que trop bien la couleur habituelle du poison. Fonçant sur la créature aquatique rare, nul doute que cette dernière serait assez mal si l'une d'elle venait à la toucher.

Le cuistot ne céda cependant pas à la panique; et Ariel encore moins. Parfaitement calme, elle attendait les ordres de son dresseur sans se soucier des bulles traîtresses qui tombaient lentement sur elle. De toute l'équipe du Champion, c'est bien Ariel qui était la plus sage et la plus sereine. Tout simplement parce qu'elle n'avait peur de rien. Rien. Rien ne l'effrayait; pas même sa mort ou celle de son dresseur. Elle avait créé une sorte de mur qui faisait que rien ne l'atteignait suffisamment pour qu'elle ait peur de quoi que ce soit. Si son dresseur voulait que ces bulles nocives l'atteignent, elle ne dirait rien et se laisserait tout simplement faire; car c'est bien la plus obéissante, aussi. Mais Aloïs n'avait nullement de laisser cette attaque à l'apparence inoffensive atteindre sa précieuse alliée et un sourire étira même ses lèvres. Lui non plus n'avait pas peur.

- Conceal. Don't feel.

Premier ordre oral. Le second, plus discret, ne pouvait être que ressenti par des vibrations et des sons spécifiques que seule la Lokhlass pouvait comprendre. Ils avaient travaillés dur pour mettre au point des techniques que seuls eux étaient capables de discerner et comptaient bien se servir de ce qu'ils avaient créés ensembles pour défaire leurs adversaires.
Alors Aloïs ferma les yeux, avant de taper trois fois le sol avec la pointe de sa chaussure. Puis, il fit glisser son pied droit sur le côté pour conclure par une frappe de sa jambe sur le terrain plus brutale.
Au tour d'Ariel de sourire lorsqu'elle comprit ce qu'elle devait faire et ne tarda pas à appliquer les ordres de son dresseur.

Elle commença donc par lever la tête vers les bulles qui tentaient de l'atteindre et ouvrit la bouche. Quelques hoquets de surprise s'élevèrent à travers le stade, les spectateurs venus en masse pensent probablement que la Lokhlass était suicidaire. Mais il n'en était rien; bien au contraire. Une boule bleue lumineuse apparut alors et un rayon glacé en sortit pour détruire tour à tour les bulles infâmes de l'attaque Bomb'Beurk.
Puis, ce fut au tour d'une épaisse vapeur d'envahir le terrain et de le recouvrir, balayant au passage le fumée noire qui avait pris place. La brume blanche, rappelant presque les nuages d'un beau temps, chassa donc les nuages sombres et pluvieux et c'était comme si le terrain était devenu aérien.
Enfin, Ariel leva une nouvelle fois sa tête vers le plafond et laissa échapper des cristaux de glaces pointus qui s'élevèrent au ciel avant de repiquer au sol, véritables éclats tranchants, s'abattant sur la Venalgue du haut du stade. Mais ce n'était pas encore fini. Pendant que les stalactites fonçaient sur Capall Mara du haut, de nouveaux éclats de glace furent projetés droit sur elle, cette fois. Attaquée de deux côtés, Aloïs n'étira pas son rictus tout de suite mais attendit avec impatience de voir comment Catherine allait se sortir de cette situation.

Ruban n°1

Aloïs F. Legrand

- Tss... De toute façon c'est pire ! La bouffe irlandaise est infecte!

Si ses pics étaient de moins en moins réfléchies et sarcastiques, il avait bien l'intention de ne pas se laisser faire par cette femme sans scrupule et d'avoir le dernier mot. Le blondinet ne la ferait peut-être pas taire avec des mots, cependant, mais depuis le premier janvier, même si cela remontait à plusieurs mois maintenant, il n'oublierait sans doute jamais ce que cette vipère avait fait à Yumi et surtout le pourquoi véritable de sa torture. Il s'en était évidemment plus que voulu pour avoir été la cause du traumatisme de la jeune coordinatrice avec qui il s'était pris d'affection le jour de la rafle, mais il avait depuis pour la Championne Coordinatrice une haine sans nom, qui s'était renforcée dès lors renforcée.

Son sourire ne lui échappa pas, et fit grandir davantage sa méfiance. On ne dirait pas comme ça, mais Aloïs ne sous-estimes jamais ses adversaires. Alors Catherine a beau être la personne qu'il déteste sans doute le plus au monde, il n'empêche qu'elle reste dangereusement rusée. Ainsi, lorsque la Venalgue ennemie se servit d'Hydroqueue pour pouvoir se déplacer au sol, le Français sut d'avance que son attaque ne marcherait pas. En effet, Capall Mara évita, quelques fois de peu, les cristaux de glaces qui étaient venus fondre sur elle. Si certains la frôlaient, elle réussit quand même sans aucun mal à les esquiver et prenait même appuie sur ces mêmes cristaux pour prendre encore plus de vitesse. Non déstabilisée par cet échec, Ariel se préparait déjà à faire face à cette Venalgue. La Lockhlass avait vécu bien trop de choses comparé à cette jeune femelle poison et eau pour la laisser remporter cette manche. Quoique ce n'est pas tant que cette différence d'expérience qui aurait eu tendance à l'agacer un chouïa si Capall Mara venait à gagner, mais plutôt le fait qu'elle ressentait jusqu'en elle tout la colère qui se dégageait de son dresseur. Naturellement douce et sage, Ariel n'était pas rancunière, mais elle savait que si Aloïs avait de l'animosité envers quelqu'un, c'est qu'elle était méritée.

Une nouvelle fois, c'était un nuage de fumée qui venait se diriger vers la Lokhlass. Cette dernière se tenait prête, attendant avec patience les ordres du Champion Coordinateur. Mais celui-ci ne dit rien et se contenta de regarder, observant avec attention les gestes de la Venalgue, jetant de temps à autre des petits coups d'oeil à sa rivale et à son sourire glacial. A cet instant, il aurait pu réagir, ayant une certaine crainte dans son esprit qui ne voulait plus partir. Mais ce n'est que lorsque Capall Mara se propulsa dans les airs pour retomber sur la carapace d'Ariel et s'y accrocher qu'il pesta intérieurement, ses doutes confirmées par l'action du Venalgue. Fermement agrippée, Aloïs lui-même savait que ça ne serait pas facile de la déloger du dos de son amie. Pourtant, même si dans les gradins les spectateurs commençaient à s'agiter, certains pensant que le blondin avait déjà perdu, le cuisinier ainsi que son Pokémon ne cillèrent même pas.
C'est vrai, ils étaient désavantagés, à présent, mais c'était pourtant un calme olympien qui remplaçait une panique qui aurait été présente pour n'importe qui d'autres. Mais décidé à gagner, Aloïs n'avait certainement pas dit son dernier mot ; et, tout comme sa collègue, c'est un sourire qui vint s'afficher sur son visage, confiant et sans peur aucune. Si Lokhlass est bien plus à l'aise sur l'eau que sur la terre ferme, il n'est pas impossible pour un Pokémon pareil de s'y déplacer malgré tout, et ce très simplement. La taille et la corpulence d'Ariel ne lui permet pas de se mouvoir comme n'importe quel Pokémon, mais ce n'est pas une raison pour qu'elle reste immobile...

- Epilogue, ma belle.

La voix du Français résonna à travers l'Amphithéâtre, et ce fut à sa Lokhlass d'hocher la tête pour lui signifier qu'elle avait compris le message. C'était à son tour, de surprendre. Elle ne pouvait pas se déplacer aussi aisément que Capall Mara, mais elle allait lui prouver, aussi qu'aux autres, qu'elle pouvait parfaitement bouger sur le terrain.
Ariel ferma les yeux et se concentra. Ce qu'elle s'apprêtait à faire leur avait pris énormément de temps, à elle et à son dresseur pour qu'elle maîtrise cette technique ; mais cela leur avait été utile de nombreuses fois, et leurs heures d'entraînements avaient largement valus la peine. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, nullement gênée par la présence de la Venalgue sur sa coque, elle ouvrit la gueule pour former une boule lumineuse de couleur bleue. De cette boule ne tarda pas à sortir un rayon de la même couleur, presque semblable à un éclair, qui vint frapper le sol pour le recouvrir ensuite d'une couche de glace parfaitement lisse. Son attaque Laser Glace parcourut tout le terrain pour bientôt le transformer entièrement en une patinoire qui s'arrêtait aux pieds des deux humains. La patinoire n'était pas seulement lisse ; elle était aussi extrêmement glissante.
Mais ce n'était pas tout. De son laser, elle visa les cristaux de glace pour les rendre encore plus gros et solides. Ariel donna ensuite un coup au sol à l'aide de sa queue pour se propulser en avant, et glissa sur la terrain sans difficulté. Se dirigeant droit sur un des cônes de glace qu'elle avait renforcés, elle prit de l'élan pour accroître sa vitesse. Enfin, se cogna droit contre un bloc, et ce dernier trembla légèrement, faisant vibrer le sol et sa carapace. Cette dernière extrêmement dure et résistantes, Ariel ne se faisait aucun soucis pour elle, encaissant sans mal par ailleurs les coups. Elle dansa un peu sur le terrain en se dirigeant sur un autre bloc pour s'y heurter et réussir à se débarrasser de la clandestine, puis répéta l'opération plusieurs fois.

Tout à coup, elle croisa le regard d'Aloïs et s'arrêta net. Ses yeux bleus la scrutèrent quelques instants avant que sa tête ne se mette à acquiescer un ordre que seuls eux pouvaient comprendre. Saisissant ce que son ami avait en tête, Ariel obéit donc. Elle lança alors de nouveaux cristaux tranchants dans les airs qui retombèrent sur le sol gelé. Les éclats de glace étaient dressés sur le sol, un côté pointu dirigé vers la plafond. Quiconque se risquait à marcher dessus se retrouver directement avec un pied empalé. Mais la Lokhlass avait répété cet enchaînement plusieurs fois pour être sûre de l'exécuter sans se faire trop mal. Ayant un doute sur l'efficacité de sa technique au moment où elle s'est heurté aux blocs pour enlever la parasité accrochée à elle, Ariel savait que cette fois-ci, son ennemie aurait bien du mal à éviter cette attaque. La Lockhlass s'approcha donc des cristaux de glace, et, soudain, elle frappa le sol avec l'aide de ses nageoires pour rouler et se retourner sur le dos sur les éclats glacés. Afin d'éviter que sa tête ne soit touchée, elle finit son tour en repliant le cou vers son ventre et laissait alors uniquement sa carapace en proie aux éclats de glace. Difficile pour une carapace de Lokhlass de se briser, mais est-ce que la Venalgue qui a osé s'y maintenir aura plus de chance de s'en sortir ?...