Pour mon grand malheur, je suis physionomiste. Cela avait longtemps été juste un avantage, mais dès les premières heures de la Résistance c'était devenu un problème majeur, un fardeau pesant. Comment appliquer les principes dont j'étais moi-même l'une des instigatrices, le respect du secret sur la véritable identité de tous, si je reconnaissais systématiquement tous ceux que je connaissais, même à peine ou seulement de vue? Faire le lien entre un visage & un costume de résistant m'était bien trop facile, & j'avais dû lutter grandement pour réprimer cette partie de moi. Je luttais toujours, souvent, à mon grand dam. Mais en ce dix juillet, ce côté physionomiste refoulé allait m'être d'une grande utilité.
Lorsque je reçus les textos presque simultanés de Judith & Maelys, sur ce portable trafiqué par Polyx qui servait uniquement à la Résistance, j'étais à Sunny Manor, paisible entourée de mes filles & de Grand-Mère, ainsi que quelques uns de nos pokémons. La lecture de ces messages me crispa aussitôt, d'une tension fort reconnaissable qui alerta aussitôt les autres, y compris la petite Céleste qui même si elle n'y comprenait rien avait bien senti ce changement brutal de sentiments. Sans un mot, je laissais Grand-Mère prendre la petite de mes bras, reconnaissante lorsqu'elle me fit signe qu'elle s'occupait de tout, puis je fonçais dans la maison, suivie de près par Louna, pour me changer rapidement & lui dessiner sa balafre. Trois minutes chrono suffirent, avant que je ne redescende avec elle, attrapant au passage mes deux ceintures de pokéballs que Crystal avait recomposées en rappelant tous mes alliés. D'un baiser sur son front, je la remerciais, avant de libérer la Gardevoir chromatique qui nous téléporta aussitôt en bordure de Vanawi, n'ayant eu besoin que de notre lien pour savoir aussitôt.

J'avais été avertie d'un désastre ayant lieu dans les environs, par la benjamine, qui pensait au Régime. La cadette avait aussi évoqué cette possibilité, mais avec plus de prudence tout de même. Pourtant je savais que les deux, tout comme moi, étaient venues en résistantes, au cas où.. Mais comme moi, elles avaient dû rester choquée devant le spectacle. Suie & cendres partout. Carnage qui n'est pas le fruit de bombes, car des bombes n'auraient pas provoqué le nuage compact de fumée noire au dessus de la ville. C'était le Limar. Par réflexe, je levais un bras devant mon visage pour me couvrir nez & bouche, imitée en cela par Lockpin & ma Gardevoir dont la suie dissimulait la couleur. Je courais presque dans les rues, mue d'un extrême mauvais pressentiment, qui se confirma lorsque j'émergeais hors de la ville trois rues plus loin. Le responsable était le gardien du volcan lui-même, qui avait visiblement quitté son refuge pour s'en prendre à la ville. Autour de lui je devinais les silhouettes de gens que je connaissais, notamment grâce à leurs pokémons -comment manquer qu'un Aéroptéryx ne pouvait appartenir qu'à ma sœur?-. Mais le pire fut de deviner, sur le dos du légendaire, une silhouette qui le chevauchait comme s'il était un pokémon comme les autres. Le véritable coupable, probablement..
Un juron soudain me tira de ma brève contemplation, & je me tournais pour voir à mes côtés, fixant les cieux, un Arbok, un Seviper, une Majaspic, & une jeune femme en uniforme militaire, portant arc & carquois dans son dos. Ses longs cheveux ondulés autrefois immaculés étaient parsemés de noires taches de suie, & la croix rouge sur sa casquette bleu-marine d'infirmière était de fait presque invisible. Elle portait le masque immaculé du Régime, mais je la reconnus sans aucun mal tout de même ; sans compter mon côté physionomiste, j'avais bien assez souvent pris son apparence pour cela.

- Toxik.

Ce fut à peine si elle réagit à l'entente de son pseudonyme, son regard porté vers le ciel, vers le combat qui se déroulait autour de Sulfura. Pourtant, je savais qu'elle avait entendu. Il fallut plusieurs instants de silence pour qu'elle daigne finalement parler ; & j'attendis simplement, parfaitement consciente qu'elle avait ses raisons.

- Cela, ni toi, ni moi, ne pouvons l'affronter seule.

Seulement après avoir prononcé, elle se retourna vers moi. & son regard fut ce à quoi je m'étais attendu, un mélange de tourments à me revoir après des mois d'un silence tout à fait compréhensible, & de détermination rageuse face à ce pokémon torturé. Je savais qu'elle avait depuis un moment bien plus de respect pour les pokémons que pour les humains ; & la mort d'Earth n'avait pas dû arranger ce fait. Un soupir m'échappa, tant à l'idée de ce combat qui nous attendait avec Sulfura & de ce qu'on avait fait à ce pauvre oiseau, qu'au souvenir de l'adorable jeune femme qu'était la spécialiste des pokémons terrestres.

- Ce sera notre dernière collaboration, Soledad.

Elle me tendit la main sur ces mots, une main tremblante de ce qu'elle s'apprêtait à faire. De ma réaction? Du souvenir de celle qu'elle aimait? Je n'en avais aucune idée, & en un sens, je ne voulais pas le savoir. En un sens, je comprenais qu'elle ne veuille plus avoir à faire à la Résistance, & choisisse finalement de s'impliquer dans ce Régime qu'elle avait à l'origine choisi par défaut. Tant pis pour notre ancienne amitié ; je savais que cela en serait fini dès l'instant où j'ai appris qu'un des nôtres avait tué Earth, & avait en retour été tué par un serpent identifié comme un Arbok par le légiste.

- Je comprends.

Sans rien ajouter, je serrais sa main. Oui, je comprenais. Je n'avais jamais pu accepter ceux qui avaient tué ma sœur jumelle, torturé mon époux. Damien emprisonné, j'avais manqué de devenir folle. Alors effectivement, je comprenais qu'elle ne veuille plus avoir ce lien lointain à la Résistance qu'elle avait auparavant en me laissant revêtir son apparence parfois, & même en me couvrant lorsque je le faisais. J'avais beau haïr le Régime, je pouvais comprendre qu'elle les choisisse finalement.. Même si Earth les haïssait autant que moi. Après tout, elle avait été tuée par un de ceux qu'elle avait choisi d'aider. Infâme trahison.
L'instant suivant cette alliance, retentit dans les rues de la ville juste derrière nous une voix qui s'identifia comme Noriko, du Régime. & sans lâcher ma main, l'empoisonneuse m'entraina à l'écart de la ville tandis que l'autre discourait, jusqu'à rejoindre la base à proximité de laquelle elle me lâcha, prenant juste le temps de m'assurer que je suivais quand même avant de rejoindre ceux qui géraient la transmission, passant au premier rang puisque les gens massés là, reconnaissant le costume d'une des influentes de la Résistance, nous laissèrent atteindre le premier rang sans poser de questions. Ce fut à cet instant que l'ingénieure lut les paroles de ses supérieurs, un message avec lequel je ne pouvais qu'être d'accord. L'alliance que je faisais avec Toxik ne serait donc pas la seule ; & cela valait mieux, au fond. La femme se taisait à peine lorsque ma propre voix s'éleva, claire & intelligible pour tous ceux se trouvant au camp autour de nous.

- En effet, une trêve semble s'imposer. Je m'occupe de transmettre le message là-haut, & de voir sur place comment jouer ça. S'il faut faire passer d'autres infos, les résistants savent comment me contacter.

Sur ces mots, j'actionnais deux des pokéballs à ma ceinture, libérant Rapasdepic & Déflaisan, pour grimper sur le premier avec Lockpin & Gardevoir en indiquant la seconde à Toxik, qui hésita un instant avant d'obtempérer, rappelant ses serpents sauf l'Arbok qui monta avec elle. Avant de décoller, je me tournais vers les quelques résistants qui, comme l'empoisonneuse & moi-même, avaient rejoint ce campement improvisé en entendant la voix de l'ingénieure.

- Dites aux autres que Soledad approuve cette alliance temporaire. Si l'on ne s'unit pas maintenant pour arrêter le mégalo là-haut, il n'y aura bientôt plus d'île pour laquelle se battre.

& Rapasdepic décolla, suivit de près par Déflaisan, tous deux me connaissant assez pour deviner que mon bref discours était achevé. Durant tout le vol, je réfléchis à une stratégie, un angle d'attaque qui pourrait fonctionner, mais sans être sur place pas grand chose ne me vint, hélas. Parlant à l'empoisonneuse & aux pokémons tant que nous n'étions pas encore à portée de voix, je chargeais Déflaisan & Arbok d'avertir tous les pokémons combattant là-haut de ne surtout pas toucher au collier avec leurs attaques ; mieux valaient que ce soient eux qui le fassent, dans leur langage, plutôt que des humains dont les paroles sont intelligibles au fou furieux dirigeant Sulfura. Moins il en savait sur l'avancée de notre stratégie, mieux ça valait. Toxik approuva cette méthode, & nos trajets se séparèrent ; elle filant faire le tour des combattants, moi volant loin au dessus, dissimulée par les fumées noires. D'une caresse sur le long cou de Rapasdepic, je l'encourageais malgré la peur qui me serrait le cœur. La moindre erreur nous coûterait la vie à tous les trois, & il le savait autant que moi, & Lockpin le savait également, sans parler de Gardevoir qui nous envoyait des ondes apaisantes. Mais le regard qu'il me renvoya en tournant brièvement la tête vers moi m'indiqua sa détermination, égale à la mienne. Alors j'esquissais un petit sourire en coin. & il plongea, en piqué, vers l'homme sur le dos de Sulfura.

Malgré son silence, malgré sa vitesse, nous fûmes repérés. Rapasdepic était trop grand pour vraiment pouvoir passer inaperçu visiblement, même si Lockpin, Gardevoir & moi étions penchées au maximum sur son cou pour l'aider à être le plus rapide possible. J'ignore si ce fut son ombre ou l'air déplacé ou quoi, mais l'homme nous repéra à cinq mètres de lui environ, & l'instant d'après Sulfura levait le bec en notre direction pour cracher un puissant jet de feu. D'un simple geste presque invisible sur la droite, j'indiquais à mon allié la direction, & l'aidait au passage à tourner plus vite, plus souplement ; Lockpin n'avait évidemment pas manqué de m'imiter, entraînant Gardevoir dans ce geste. Nous plaçant ainsi hors de portée du jet enflammé qui nous manqua de très peu & nous aurait sans doute touchés sans l'intervention d'un jet d'eau provenant d'un building pour nous laisser la demi-seconde qui nous aurait manqué sinon. Se propagea malgré cela une chaleur infernale qui nous força à nous éloigner un peu plus. Il allait donc falloir ruser un peu plus pour l'atteindre.. Avec un monstre comme Sulfura lui obéissant au doigt & à l'œil, comment pourrions-nous espérer toucher l'homme? Il allait falloir le submerger, pour avoir une chance. Ou bien.. Avisant certaines des personnes entourant l'oiseau de légende, je me penchais vers l'avant, indiquant à Rapasdepic de plonger vers eux.

- Crow, tes petits oiseaux sont-ils assez rapides & furtifs pour tenter de subtiliser la télécommande?

Petits, parce que ma tentative avait bien démontré qu'un pokémon volant trop grand serait trop repérable, & donc arrêté par un jet de flamme bien avant d'atteindre sa cible, sauf coup de chance, & ce malgré sa rapidité. Je pensais là à son Emolga & son Cornèbre évidemment ; & bien entendu, je parlais là de manière à ce que celui qui se dressait sur le dos de Sulfura n'entende pas. Grands cris proscrits, en somme. Toxik ne tarda pas à me rejoindre, alors que j'achevais cette phrase à l'intention du spécialiste aérien.

- Cherche d'autres gens qui aient de petits oiseaux rapides ; plus il y en aura, plus on aura de chance. Il faut le déstabiliser, & le submerger autant que possible. Ah, & n'importe quoi qui puisse ralentir la réactivité de l'homme.
- Une fléchette suffira pour ça. Mais je vais voir si d'autres ont des idées complémentaires.

& elle s'éloigna sur ces mots, alors que je me retournais vers le spécialiste aérien de la Résistance, en attente de sa réponse. Je n'avais pas manqué d'apercevoir, entre temps, que le prochain que j'aurai à aller voir était un jeune homme dressé sur un Roucarnage. Un jeune homme que je connaissais bien trop pour que des lunettes d'aviateur & une capuche suffisent à me le dissimuler. Maudite physionomiste.. Ainsi, c'était bien lui Golden Wings.

Quand Golden Wings passa devant moi en s'élevant en chandelle avec son Roucarnage, ayant visiblement entendu les explications rapides que je donnais à Crow sur le plan que Toxik faisait déjà circuler, pour partir "tenter de faire diversion", je ne pus que me tendre. Presque imperceptiblement, mais tout de même ; & aussitôt je perçus les ondes rassurantes que me transmit Gardevoir. Ce fut donc un regard indéchiffrable que je lançais en direction du jeune homme s'éloignant déjà, soufflant quelques simples mots avec une sérénité que je n'aurai sans doute pas eu sans le costume de Soledad qui m'appelait au calme tant que le combat durant, ou sans la fée qui m'offrait son soutien psychique. Gardant mon air neutre & déterminé, comptant sur mon masque pour dissimuler le reste, je me contentais de lui offrir un murmure. Un simple murmure avant de continuer à transmettre mon début de plan aux combattants, tout en espérant qu'il ne fasse pas n'importe quoi. Naïveté, & je m'en doutais déjà, au fond.

- Surtout sois prudent, petit..

J'ignorais s'il m'avait entendue. Je craignais que ce ne soit pas le cas. Je craignais son idée de diversion ; le souvenir de le voir défier Mordu était trop brûlant encore pour que ce ne soit pas le cas. Je m'inquiétais qu'il ait pu avoir une idée aussi tordue, de ce qu'il avait bien pu imaginer dans sa détermination à sauver Sulfura. Avais-je un mauvais pressentiment? Oh que oui. Un très mauvais pressentiment, même ; que même la patte douce & apaisante que Lockpin posa sur mon épaule ne parvint à apaiser, même un petit peu. Continuant mon tour des combattants à avertir, je ne cessais de jeter des coups d'oeil discrets & inquiets dans la direction où avait disparu mon élève, tendue de n'avoir eu le temps de le retenir. J'étais face à Nighty, la dernière que j'avais à prévenir, constatant que Toxik était déjà prête & enduisait ses fléchettes de poison paralysant pour charger sa petite arbalète, lorsque mon pressentiment s'avéra un peu trop juste à mon goût.
Golden Wings venait tout bonnement de se confondre avec un piaf, en sautant du dos du sien. & là, il chutait tout droit vers Sulfura, accompagné par son Roucarnage. Ouais, normal quoi. Je crois que ma crise cardiaque fut là bien plus logique que son action. C'est même une certitude. Non jeune homme, ça c'est pas une diversion, ça c'est un suicide. Je me surpris à ne reprendre ma respiration qu'en le voyant se rattraper au cou du légendaire, tentant désespérément d'arracher le collier ; & ce ne fut que là que je m'aperçus avoir donné le signal par réflexe, lançant le bras vers l'avant plusieurs fois pour inciter les autres à lancer leurs oiseaux. Ce ne fus que là que je remarquais que Toxik avait lancé plusieurs fléchettes consécutives vers l'homme en apercevant le saut de mon élève, de manière à tenter de lui éviter une mort certaine ; avec succès apparemment, puisque la réaction du Sulfura à cette attaque, guidée par la télécommande, manqua le jeune homme. Il fut juste frôlé par le jet de flamme, l'oiseau se brûla plus lui-même qu'il ne le toucha.

Mais c'était bien suffisant pour causer de graves brûlures. Le hurlement que poussa Golden Wings m'arracha le cœur, presque littéralement, & je ne dus qu'à ma tétanie le fait de rester dans le masque de Soledad. Si mon visage ne se déforma pas de la panique qui m'étreignait, ce ne fut que grâce à cette tétanie, même pas un peu au soulagement ressenti quand son Roucarnage le rattrapa & son Têtarte l'aspergea d'eau. Au final, je ne vis même pas si la stratégie dans son entier avait fonctionné ; à peine revenue de ce choc, je me penchais sur le cou de Rapasdepic pour le lancer vers l'adolescent. L'instant d'après, une résistante juchée sur un Métalosse se dressait devant moi, tendant une main pour saisir mon bras, ignorant l'avertissement muet que ma Gardevoir lui lança, que sa Kirlia, fille de mon alliée, lui répéta probablement avec insistance. Me retenir. Me retenir. Un regard de rage se planta sur elle, une rage pure. Me retenir d'aller au secours de mon élève, c'était comme me retenir de secourir ma fratrie, comme me retenir de secourir mes filles. Un crime. & elle dû le voir dans mon regard pourtant rendu plus inexpressif par mes lentilles, car sa prise se raffermit sur mon bras. Inutilement. Mon regard se durcit encore lorsque ma tentative de me dégager d'un coup sec échoua, & je pris alors enfin la parole. Sifflant entre mes dents d'une voix glaciale, sans hausser le ton, bien plus menaçante ainsi que si j'avais hurlé. Elle seule pouvait ainsi m'entendre, ainsi que nos pokémons réunis autour de nous.

- Laisse-moi.
- Seulement si tu gardes ton calme. Soledad..
- Je n'abandonne pas le combat, bordel! C'est mon élève Nighty, alors lâche-moi, ou je te jure que..

La poigne de la femme ténèbres se crispa soudainement sur mon bras, & son regard changea alors que cette information lui parvenait, faisait son chemin ; la frappant bien plus que je ne m'y étais attendue, & pourtant, c'était prévisible. L'instant d'après elle me lâchait enfin, résignée, même si ses yeux m'avertissaient toujours de ne pas me compromettre, du moins de faire attention à ce comportement qui s'éloignait de celui de Soledad ; mais tout de même pas au point de me vendre, quand même, cela restait explicable. Nighty avait deviné d'avance que ce gamin était différent des autres, mais apprendre en quoi il l'était venait de changer radicalement son attitude. Après tout, elle aussi avait un apprenti. Elle savait ce que c'était, ce sentiment d'avoir le devoir de protéger un gamin après l'avoir pris sous son aile. & je n'eus donc pas besoin de formuler ma menace jusqu'au bout ; car en relâchant sa prise, elle prit également la parole, non sans lâcher un bref soupir.

- C'est bon, c'est bon. Je comprends.

Il ne m'en fallut pas plus. Simplement en me penchant sur le cou du Rapasdepic, je lui indiquais qu'il pouvait s'élancer enfin. Ce qu'il ne se priva pas de faire, filant vers le Roucarnage qui avait été rejoint par un de ses semblables, sur le dos duquel je reconnus une jeune cavalière aux cheveux bleus que je reconnus sans mal comme la jeune sœur d'un collègue. Un spécialiste des dragons dont la présence me rassurait ; il était plus dans la force brute en général, mais allié à un stratège, il pouvait devenir presque invincible.

- Golden!

Réminiscence. Un souvenir me revint, d'une situation pas vraiment semblable, mais où je m'étais trouvée à appeler ce même diminutif. Bref sourire nostalgique, avant d'indiquer d'une simple pression à mon rapace d'accélérer. À bien des égards, il me rappelait son père.. Mais là, il s'agissait uniquement de mon élève. Mon stupide élève qui venait de se mettre en danger. Atteignant son niveau, Rapasdepic étendit ses ailes de manière à ralentir, se stationnant au côté du Roucarnage du jeune homme. D'un hochement de tête, je remerciais Yumi de son initiative, sans pour autant la chasser bien entendu ; juste parce que je savais pouvoir avoir confiance en elle si le combat me rappelait vers Sulfura, & que je devais quitter en urgence cette position. Me penchant sur le côté, parfaitement assurée, je tendis la main pour saisir celle du garçon que j'avais pris sous mon aile plusieurs mois plus tôt, soupirant de soulagement en sentant battre son pouls lorsque mes doigts passèrent brièvement sur son poignet. Serrant ses doigts avec une certaine force, je fixais son visage. Sévère & affectueuse à la fois. J'avais eu peur, vraiment. J'avais toujours peur. Rien ne disait que sa brûlure n'était pas potentiellement mortelle.

- Espèce d'ourson stupide, quand cesseras-tu enfin les missions suicides?