Cesar chez les combattants {Pv. Charlotte

CESAR CHEZ LES COMBATTANTS

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« Ras-le-bol de courir après ce petit con. »
« Arrêtes de te plaindre. Pense à pourquoi on a accepté cette- »
« On s’est bien fait couillonner. L’autre lopette aurait du nous payer par avance, j’en aurais bien profité. Laisse tomber pour ce soir. »
« Demain, on s’y remet. »
« Vie de merde... Boulot de merde… »
« Tu n’as pas le choix. »
« Si dans un mois on lui court encore après c’est mort, j’arrête, et je lui prendrais ses thunes de force, a ce sale magouilleur. »

Les deux hommes aux vestes noires s’éloignèrent lentement. Ils avaient cessé de chercher pour ce soir. Il leur fallait encore faire leur rapport, comme tous les jours. Tout ça, Cesar ne le sait pas. Les presque-anonymes engagés pour lui courir après, qui il sont, qui les envoie, surtout. Par chance, il leur échappait encore. Mais si il n’y avait qu’eux. Le jeune homme avait compris une chose, c’est que nulle part dans la rue, sans murs ni portes ni serrures pour le cacher, il n’était pas en sécurité. Ce soir, Cesar n'allait pas dormir, il l’avait décidé, c’est comme ça. Il s’interdirait de fermer l’œil une seconde. Ses jambes avaient du mal à le porter, il avait déjà couru aux environs des montagnes pour semer ses poursuivants sous la chaleur étouffante, ce qu’il était finalement parvenu a faire en entrant dans la ville, prenant quelques rues au hasard, l’adrénaline le retenant d’hésiter. Là, un local à poubelle ouvert. Cesar y resta un temps, entre deux containers puants. Maintenant, les heures lui paraissent toujours interminables, il sait simplement que depuis le temps, la nuit est tombée. Les passants disparaissent et se tuent les uns après les autres. La ville s’est endormie. A ses cotés dorment Lisa Lisa et les Jojos, leurs corps collés les uns contre les autres se tiennent chaud dans cette nuit un peu fraiche. Cesar s’empêche a tout prix de sombrer, la peur lui noue les tripes mais l’éclat vif de son regard finit par s’éclipser peu à peu, l’abandonnant bientôt à Morphée, à ses peurs, ses cauchemars. Sa tête et son corps lui font mal, lui pèsent et il finit par se laisser aller complètement, s’appuyant un peu contre sa petite sœur, la serrant plus fort dans ses bras, pour la protéger même dans son sommeil.

La porte du local s’ouvre brusquement. Cesar s’éveilla en sursaut, la lumière de l’aube filtrant par les fentes sans vitre du local lui fit plisser les yeux pour tenter de mettre un visage et une classification : dangereux ou pas dangereux sur celui ou celle qu’il verrait. Ce n’était qu’une ménagère du voisinage qui venait garnir un container avec ses déchets non recyclables mal triés. Le jeune homme soupira de soulagement en la voyant passer, ignorant son regard hautain et dégouté quand elle l’aperçut. Lentement, il se redressa et se mit sur ses pieds. Ses articulations craquèrent et se déplièrent douloureusement à cause de la mauvaise position qu’il avait prise et de ses muscles qui avaient par conséquent mal refroidi. Tous son corps lui faisait encore mal de sa course de la veille et il se baissa vers ses Pokémon pour les réveiller doucement. Lisa et les Jojos émergèrent et imitèrent leur maitre et grand frère en se mettant sur leurs pattes, prêts à quitter leur « palace ». Leurs huit estomacs criaient déjà au scandale mais se nouèrent immédiatement à la sortie du local. Deux ombres masculines se tenaient au bout de la ruelle. Tout le corps de Cesar se tendit et partit immédiatement dans la direction opposée sans prendre le temps d’émettre un seul cri. Lisa partit derrière lui, les six œufs sur son dos. Tous deux courraient assez vite pour maintenir la distance. Cesar déboucha dans une avenue pleine de monde, puis quelques rues plus loin, il passa une arche et se retrouva dans un jardin aux influences asiatiques, roula derrière un bosquet et n’en bougea plus. Son souffle court il serra encore la Rhinocorne et le Noeunoeuf dans ses bras vérifiant que tout le monde était bien là. Ce jardin était calme, un peu un sanctuaire, Cesar s’y sentait en sécurité. Aucun bruit venant de la rue n’ajouta à sa panique et il se calma, profitant de la caresse de l’herbe sous lui et d’une petite brise dans ses cheveux.

Puis, des bruits de pas l’arrachèrent à son moment de paix. Il n’avait pas d’autre choix que de se relever et de trouver un autre endroit. Il fonce vers la porte de la maison aux abords du jardin et tenta furieusement d’ouvrir la porte. Sous le coup de la panique, il y fit rentrer son pied avec toute sa force, et ce qui devait arriver arriva, la porte s’ouvrit a force de taper dessus, enfin, s'enfonça, le mot est plus juste. Cesar, ça c’est ce qu’on appelle une effraction, et c’est passable de… Oh, et puis zut, il en sait rien de toute manière, l’urgence et la panique ont pris le contrôle du peu de neurones qu’il a. La porte tomba vers l’intérieur de la maison apparemment vide. Oh, jackpot! Une maison neuve complètement libre! Sauf que non, Cesar dû se tourner bursquement vers la silhouette qui venait de faire son entrée dans son champ de vision. Une jeune fille se tenait là, plus petite que lui. Même Lisa, d’habitude si sérieuse, et qui aurait maravé la jambe de son grand-frère a coup de corne pour le faire s'excuser à la personne, restait immobile devant l’apparition, mais n’allait pas tarder à se ratatiner dans son coin de honte. Quand a Cesar, il resta immobile un moment, puis un sourire plein de dents blanches s’étira sur ses lèvres. Oh, ça oui Cesar, tu es dans la mouise, et pas qu’un peu.

AVEC CHARLOTTE S. LAURENS

BIENVENUEchez les combattants

Ces quelques jours d'essai à l'Arène s'avèrent plus difficiles que je ne l'avais calculé au départ. Carla occupée à la maison à prendre soin des Pokémon malades de la réserve et Lily présente pour l'aider dans sa rude tâche, lui procurant par le fait même son expertise précieuse... Je me retrouve seule ici, dans cette grand bâtisse qui paraît bien triste et vie sans la présence rassurante de mon maître. Comme si je n'arrivais pas à reconnaître l'endroit depuis son départ vers sa nouvelle demeure. Une désagréable sensation de vide s'est emparée de moi. Mes nuits sont froides, malgré la présence de mes Pokémon. J'ai l'impression d'être trop petite pour tout ceci. Autant le dire... Je vis plutôt mal ce passage vers ma nouvelle vie, mais j'imagine que je finirai bien par m'habituer. Le plus difficile est vraiment cette solitude, malgré la présence de mes alliés près de moi. J'aimerais avoir quelqu'un avec qui parler. Pour me distraire, je m'engage dans mes révisions d'année et dans mon entraînement quotidien. Je m'occupe de m'installer progressivement, je prends soins des miens. Si cet isolement de la vie humaine me pèse, elle a au moins servi à quelque chose: me rapprocher de mes Pokémon. Surtout des toutes nouvelles acquisitions, captures récentes qui ont ajouté un piment à mon équipe. J'ai tout mon temps de les côtoyer et d'apprendre à les connaître ici.

Je me suis rapidement liée avec le petit Toshi. Le Ponchiot adore l'Arène. Il la patrouille sans cesse, comme un bon garde du corps. Il adore jouer, et s'entraîner. Il est celui qui semble le mieux comprendre ce que vis en ce moment. Après tout, lui aussi est en période de transition. Les prés non loin de Vanawi doivent lui sembler bien lointains. Toutefois, il ne laisse pas la nostalgie l'étouffer comme je le fais. Au contraire. Il m'accompagne tous les jours au lycée, et s'assure que personne ne vienne m'embêter. Il est si gentil... Je ne regrette absolument pas de l'avoir capturé et je pense le sentiment partagé. Pour ce qui est d'Apollon, il n'a rien perdu de son zèle habituel. Tout cet espace lui permet de courir, bien que je crois qu'il aurait été plus heureux à la réserve, j'envisage donc de le laisser là-bas quelques temps. Malgré tout, il semble vraiment content près de moi, et il fait toujours tout pour m'aider. Lorsque j'arrive à canaliser son énergie débordante, le Nidoran fait des miracles à l'entraînement, et sait se mesurer, déjà, à Miornir qui pourtant a l'avantage de type. Sa rivalité avec Ned cependant ne va pas pour l'aider. Le Sapereau remporte chacun de leurs combats.

Cette nuit là, ces deux-là ont envahi mon lit, se pressant contre moi pour me faire oublier tout cet espace vide qui m'entoure. Je soupire et me retourne vers Akemi qui s'est profondément endormie, tentant de faire de même. Je ferme les yeux et le petit Toshi se blottit contre moi dans mon dos. Une douce chaleur m'envahit et enfin, je me sens glisser doucement dans le monde des rêves. Après ce qu'il me semble n'être que quelques minutes de sommeil, je me réveille en sursaut quand un grand bruit au rez-de-chaussée me tire brusquement de tous mes efforts de repos. Je bondit hors du lit alors que Toshi est déjà en train de dévaler les escaliers en jappant à s'en écorcher la gorge. La Galifeu est devant moi en une fraction de seconde, me protégeant comme à son habitude, et le Nidoran nous talonne, visiblement troublé. Pas plus que moi... Et si quelqu'un tentait de s'en prendre à moi ou voler mes Pokémon? Je ne laisserai pas faire une chose pareille. Je suit le chiot jusqu'à la porte arrière de l'Arène, celle qui mène vers les jardins. Je me tiens là, les jambes tremblantes, dans mon pyjama (un grand t-shirt et de petites shorts déparaillées), brandissant la Poké Ball de Soren dans ma main. Peu importe qui entre ici, il ne veut pas faire face à ce Lucario enragé.

«QUI EST LÀ ET QUE VOULEZ-VOUS?»

J'aimerais tellement être plus convaincante. Même à moi je me fais l'effet d'une gamine terrorisée. Pourtant, le garçon qui se tient non loin de moi est plutôt crade, souriant à pleine dents, accompagné d'un Noeunoeuf et d'un...

«Rhinocorne!»

Malgré moi je m'avance d'un pas, prête à courir vers cette beauté, mais je me retiens d'un pas, dardant un regard furieux vers l'intrus.

«Non mais! Qu'est-ce que tu fous là toi à entrer dans mon Arène comme ça?»

Dans ce pyjama, les cheveux en bataille et le regard brillant louchant vers la Rhinocorne, j'ai l'air d'un chaton furieux plutôt que d'une digne Championne d'Enola.

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CESAR CHEZ LES COMBATTANTS

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Pour information, non, Cesar n’a jamais appris qu’il ne fallait pas enfoncer les portes de maisons à coups de pieds. Et il a encore moins appris a s’excuser de ce genre de comportement peu urbain. Alors, quand la petite brunette en pyjama commença à s’énerver et à lui envoyer des menaces, le sourire de Cesar s’agrandit encore il se fendit la poire de plus belle, en se moquant ouvertement de la dégaine de la pauvre inconnue qui n’avait rien demandé, et qu’il venait visiblement de tirer du lit. Lisa ne savait plus du tout ou se mettre, elle corrige trop souvent les erreurs de son grand frère, mais c’est la première fois qu’il défonçait une porte d’entrée, et que le propriétaire des lieux se pointait rouge de colère. Et même si la Rhinocorne ne le savait pas, elle sentait bien que ce genre d’intrusion pouvait entrainer une grande colère chez l’individu dérangé et peut-être bien d’autres conséquences plus embêtantes. Les Jojos, eux, étaient partis vers le fond du jardin pour se planquer, apeurés par les cris de la jeune fille. Un long silence seulement ponctué par les ricanements de César s’installa donc, et comme ce dernier n’avait pas l’air de vouloir cesser de sitôt, Lisa décida de prendre les choses en main et de se rapprocher de l’entrebâillement de la porte pour observer ce qui servait autrefois de battant, maintenant complètement sorti de ses gonds et renversé sur le sol. Tout en lançant un regard confus à la brunette qui l’avait interpellée, elle tenta de traîner la porte brisée sur le sol, en tenant le battant dans sa gueule, et en appuyant dessus avec ses pattes, elle tenta de la remettre en place, la faisant tomber plusieurs fois, mais elle continua de persévérer encore et encore. En la voyant faire, Cesar arrêta de rire et son regard parcouru alors toute la scène, sa tête se secouant dans tous les sens , allant de la jeune fille, a la porte cassée, à Lisa Lisa, à l’entrebâillement, aux gonds de la porte, puis il s’arrêta brusquement et son regard gris-vert dans les iris noisette de la fille en pyjama entouré de ses Pokémon. Les yeux de Cesar s’arrondirent comme des assiettes alors qu’il intégrait finalement la situation et le problème qu’il y avait apporté.

« …. Oups. »

Fit-il seulement comme les excuses, il ne connaît pas, ce plouc, et Lisa leva le regard vers lui et lui fit les gros yeux. Oui, Cesar, tu viens encore de faire une bourde, lui disait-elle implicitement. Le jeune homme se hâta donc d’aider sa jeune sœur et prit le battant dans ses mains, puis tenta de le remettre a sa place dans ses gonds, galérant plutôt bien au passage, retournant la porte dans tous les sens, la faisant tomber et retomber sur ses pieds, rendant la scène plus digne d’un court-métrage de cinéma burlesque qu’une scène de drame quotidien. Court métrage car l’amusement fut de courte durée, et Cesar s’énerva bientôt tout seul et posa la porte sur le côté. Il croisa ses bras sur son torse et fit la moue en gonflant les joues et observa de nouveau la jeune fille.

« C’est pas ma faute, ta porte elle est trop nulle et elle fait pas ce que je lui dis! Alors je la boude! » Grogna-t-il en pointant ladite coupable du doigt. Puis en se rappelant la proximité de la rue, sa principale préoccupation lui revint à l’esprit. « Et sinon, je suis poursuivi par des gros messieurs boucher qui veulent me découper en saucisson, tu veux bien me cacher? »

Bravo, Cesar, superbe, les excuses c’est pour les chiens, aussi? Si il se faisait jeter avec un coup de pied aux fesses, Lisa n’en serait pas étonnée une seconde. Alors, de nouveau elle s’interposa entre lui et sa vis-à-vis et s’inclina en guise d’excuses à la propriétaire des lieux. Ah, si seulement elle pouvait être humaine comme son frère et parler, parfois, cela changerait la vie à des tas de gens!

AVEC CHARLOTTE S. LAURENS

BIENVENUEchez les combattants

Je dois m'avouer plus agitée que je ne devrais l'être. Cette porte défoncée me rappelle de bien mauvais souvenirs, et j'ai très peur de perdre mon sang-froid. Une colère comme je n'en ai jamais ressentie depuis des années m'a saisie, et je dois me retenir de tout ce que j'ai pour ne pas sauter à la gorge de cet imbécile pour lui offrir la raclée de sa vie. Mais lui, il ne peut pas savoir. Il ne peut pas savoir que je me suis déjà butée à une autre portée défoncée dans ma vie, et que derrière se tenait les corps sans vie de mes parents, dans une énorme flaque de sang. Et qu'à l'étage, mon petit frère de quatre ans ne respirait plus. Il ne peut pas savoir, mais il rit, il a l'air complètement gelé à quelconque substance. Un beau barjot que celui-là, intoxiqué. Sa désinvolture finit de m'enrager et seule la main d'Akemi contre mon épaule me retient à présent de déverser ma rage et ma peine sur lui. J'ai presque oublié la présence du Rhinocorne à présent, trop troublée et triste et enragée pour faire attention à qui que ce soit d'autre que lui, lui qui est venu non seulement gâcher mon sommeil, mais aussi instaurer en moi des images que je préfère tenir très loin de mon esprit.

Et la main d'Akemi contre mon épaule, si pleine d'amour et de compréhension que j'ai du mal à ne pas éclater en sanglots alors que je voudrais plutôt hurler et frapper et chasser cet horrible peste qui se croit bien drôle à défoncer les portes des gens et faire éclater leur bonne humeur en miettes pour ne laisser place qu'à la douleur des souvenirs encore trop vifs. La présence seule de mon amie de toujours m'apaise, même si le regard que je darde vers mon interlocuteur et toujours aussi plein de haine et de souffrance, probablement même pas menés vers lui. Je déteste simplement ce qu'il représente. La Galifeu m'insuffle peu à peu au calme et je réalise que je suis restée silencieuse un bon moment, malgré les explications du jeune homme. Je respire profondément, avant de regarder directement l'intrus dans les yeux, me campant sur mon mètre soixante trois avec toute mon assurance. Je ne le crains pas, mais lui doit comprendre qu'il a intérêt à mieux se comporter s'il souhaite que je lui vienne en aide.

«Écoute-moi bien. Cette porte, elle allait très bien avant que tu la défonces. Maintenant, tu as intérêt à me dire qui te poursuit. Je suis la Championne de cette Arène et je ne me mêle pas à qui a des démêlés avec la justice.»

Mon rôle implique de fournir l'exemple à la population, et étant une jeune fille sage... peut-être même un peu trop, on ne peut pas dire qu'on puisse me reprocher grand chose à ce sujet pour le moment. Cependant si on apprenait que je cachais un criminel dans mon Arène au beau milieu de la nuit, je crois bien que je perdrais mon poste sur le champ. Je le scrute avec intensité, suivie de très près par Apollon qui, visiblement, semble inquiet de cette présence intruse.

«Alors, qui es-tu, que cherches-tu ici? Qui te poursuit donc?»

Malgré moi, la curiosité l'emporte sur ce personnage étrange. Il ne semble même pas inquiet. Peut-être est-il simplement un adolescent intoxiqué qui avait envie de vivre quelque chose. Si c'est le cas, il doit s'attendre à recevoir quelques baffes de ma part. Cependant s'il est réellement en danger comme il le prétend, ma porte -arrachée- lui est grande ouverte. Croisant mes bras sur ma frêle poitrine, j'attends avec impatience sa réponse.

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CESAR CHEZ LES COMBATTANTS

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Apparemment, Cesar venait de faire quelque chose qu’il ne fallait pas avec la porte, car le visage et le regard du petit brin de femme –plutôt jolie, au passage, il le remarqua– passèrent par une large galerie d’expression mécontentes et peu joyeuses. Elle devait beaucoup tenir à cette porte. Alors oui, que Cesar l’ait abîmée et ait dit du mal d’elle, la brunette devait l’avoir mal pris. Bien sûr, personne n’est ami avec une porte, mais comment le jeune homme aux cheveux d’argent aurait-il pu deviner tout ce que cet accident réveillait chez la Championne de Zazambes, comme elle s’était finalement présentée. Aussi, elle avait bien failli frapper Cesar, ce dernier l’avait a peine relevé, mais arborait désormais une expression plus sérieuse. Il faut dire qu’elle voulait vraiment lui tirer des vers du nez, et elle n’avait pas cru à son super mytho sur les bouchers. Il n’avait pas vraiment d’idée de ce qu’était d’avoir des ennuis avec la justice, aussi, il ne sut pas vraiment comment répondre aux question de la fille à la Galifeu. Un silence un peu pesant s’installa, et Cesar commença à observer le sol à ses pieds, ne sachant que dire, et aussi car il sentait une certaine peur lui rongeait les sangs, dûe aux souvenirs qui venaient tourner dans sa tête et un peu au regard sévère de la brunette. Il porta une main à son estomac ou une boule s’était formée et lança un regard inquiet à sa petite sœur à quatre pattes.

« Lisa, tu crois que je peux dire la vérité… Ça me fait peur… »

Fit-il, chuchotant sa question à sa petite sœur. Il n’avait pas peut de la petite Championne a vrai dire, mais plutôt qu’elle le chasse ou le livre si il lui disait la vérité. Lisa avait l’air aussi embêtée que son grand frère, et c’est après avoir prit une grande inspiration qu’il finit par donner sa réponse, tentant ainsi je tout pour le tout.

« Je euh… c’est vrai que je suis poursuivi. Pas par des bouchers. Mais… Des gens qui veulent m’emmener dans un endroit ou je veux plus retourner. Un endroit horrible ou ils passent leur temps a m’enfermer dans une petite pièce sombre toute la journée… Mais moi, je suis pas méchant, ça, je peux te le jurer, c’est eux les méchants! »

Cesar releva son regard vert et fixa les yeux noisette de la jeune fille avec une expression confuse. Il tendit sa main vers elle, signalant qu’il souhaitait une réconciliation, dans la mesure du possible.

« Je euh… Je m’appelle Cesar. Juste Cesar, on m’a jamais dit mon nom de famille. Et je cherche juste à me cacher des méchants qui me suivent. »

Il se remit à sourire, alors. Esquissant un geste désinvolte des épaules comme si tout cela n’était pas grave du tout, et qu’il n’y avait pas à s’inquiéter. Puis il continua de dévisager la jeune fille.

« C’est marrant, t’es toute petite pour être une Championne ! Mais c’est la classe aussi d’être Championne! Tu dois être super forte et avoir plein de Pokémon géniaux! »

Du coq à l’âne. Et les compliments de Cesar n’étaient même pas intéressés. Il pensait chaque mot, et il eut un court rire à la suite de ses propos, puis retourna à son admiration de la très jeune championne et de ses compagnons.

AVEC CHARLOTTE S. LAURENS

BIENVENUEchez les combattants

Toshi, près de moi, observe le jeune homme avec une méfiance exemplaire. Dire que ce petit toutou maigrichon capturé il y a quelque temps dans les prés entourant Vanawi est maintenant devenu le parfait chien de garde. Il ne grogne pas, mais surveille les moindres mouvements de l'intrus, et cherche déjà des méthodes pour se débarrasser au besoin de l'immense Rhinocorne qui le surpasse largement en grandeur et en force. Que pourrait un jeune Ponchiot encore nouveau à l'entraînement contre cette créature élégante pourvue de muscles impressionnants? Ses petits yeux bruns se posent sur Akemi et ils échangent un long regard, une sorte de conversation silencieuse, une préparation à la suite. Si le garçon devait se montrer agressif, le chiot se jetterait sur lui et la Galifeu s'occuperait du Rhinocorne. Du moins... C'est ce que je crois comprendre. Pour sa part, Apollon regarde l'intrus avec un drôle de regard, non plus perturbé, mais comme fasciné par la blancheur de ses cheveux. Quel étrange personnage, tout de même. Il se penche pour consulter son amie et ils semblent débattre à savoir s'ils peuvent nous faire confiance... Et bien malgré moi ce geste de confiance absolue en son alliée me touche. On dirait un frère et une soeur ces deux-là, leur lien est indéniable. Finalement, le garçon prend une grande inspiration et entame son discours.

Avant le sens de ses mots, je perçois son inquiétude. Il a l'air d'un enfant effrayé. Je le sais parce que j'en suis une aussi. Il n'a pas l'air de comprendre qui il est vraiment ou qui sont ces gens qui le poursuivent. Mais je sais maintenant qu'il n'est pas entré ici pour se cacher des flics. Les gens qui veulent le retrouver cherchent à lui faire du mal. Je le comprends à son discours, à son ton, à ses yeux. Peut-être ont-ils déjà fait leur oeuvre. Un endroit où il ne veut plus retourner... De quoi parle-t-il? Je relève les yeux vers lui, un sourcil arqué à la recherche d'une réponse impossible. Ma colère s'est presque évaporée, même si je reste d'une humeur terrible, encore fragilisée par les souvenirs que cette porte défoncée a provoquée en moi. Je soupire longuement devant la main qu'il me tend en se présentant. Cesar... tout simplement Cesar. Eh bien. On dirait une âme perdue qui en a trouvé une autre. Je me demande soudainement ce que ferait Carla dans une situation pareille. Elle aurait probablement assommé le jeune homme en lui criant des obscénités pour s'être introduite chez elle, mais en sachant tout cela, elle lui aurait ouvert les portes de sa demeure, comme elle le fait toujours. Je prends donc sa main et la serre, non sans rougir. Oui, bon... Je viens de réaliser qu'il s'agit d'un garçon, un peu plus âgé, et un peu (je dis bien UN PEU) mignon... Et que mon pyjama est loin de couvrir assez mes cuisses pour mon propre bien.

«Je euh... Je suis Charlie... Pardon de t'avoir crié après...»

Me rendant compte du ridicule de mon discours, je secoue la tête. J'aurais du l'assommer comme ma soeur l'aurait fait moi aussi, mais bon. À présent j'ai l'impression qu'il y a plus à savoir sur lui qu'un simple gros bêta qui défonce les portes. Ses compliments n'arrangent en rien mon trouble et je me tords bientôt dans tous les sens, terriblement gênée.

«Super forte, je sais pas... Je viens juste de commencer. Mais mes Pokémon sont véritablement géniaux, il ne fait aucun doute là-dessus. Maintenant, entre et parle-moi plutôt de qui sont tes poursuivants.»

Je prends Apollon dans mes bras avant de l'attirer dans une petite pièce de repos derrière le terrain. Quelques sofas sont présents, ainsi qu'une machine à café et à thé. Je prépare du thé pour nous deux et pose la théière contre la table avec deux tasses. Je vais ensuite chercher un peu de nourriture Pokémon pour la Rhinocorne du jeune homme, que je caresse derrière la tête, entre deux plaques de roc, là où ils sont particulièrement sensibles.

«Ce que tu es belle...»

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CESAR CHEZ LES COMBATTANTS

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Dire pour une fois la vérité semblait avoir marché… Tiens, Cesar y repenserait, c’est bon à savoir, il venait d’apprendre qu’être de bonne foi marchait mieux que les histoires rocambolesques stupides, par moments. Mais parce que ça l’amusait, le garçon n’allait pas s’arrêter si tôt d’en raconter. Et surtout, parce que la mythomanie, ça se soigne pas comme ça, mais évitons de nous attarder sur d’autres sujets. Le sourire de Cesar s’agrandit, plus compatissant, quand la dénommée Charlie sembla vouloir s’excuser et lui serra la main. Il eut un court rire satisfait et s’esclaffa de nouveau quand elle rougit ; il ne comprenait pas pourquoi il déclenchait ces teintes rouges chez les filles depuis quelques jours, Nova aussi avait réagi ainsi quand il lui était tombé dessus et qu’il lui avait parlé de dormir ensemble. Bref, c’est bizarre les filles. Enfin, Charlotte l’invita à entrer et il ne se fit pas prier, pensant tout de même a reposer la porte devant l’entrebâillement, qu’il puisse avoir le temps de se planquer si quelqu’un arrive. Une fois avec un plafond au dessus de la tête, toute la tension qui rendait si anxieux le jeune homme retomba. Il se sentait bien mieux, et soupira d’aise tout en s’étirant de tout son long au milieu de la pièce et alla même boire au robinet de la cuisine au passage. Il remarqua que l’intérieur de la demeure de Charlie était quelque peu en bazar, des cartons trainaient ça et là, quelques meubles semblaient encore emballés. Cela ne le dérangeait nullement, en fait, pour le moment, l’essentiel, c’était d’être à l’abri quelque part. La jeune femme n’avait pas perdu de temps et s’était précipitée pour donner à manger à Lisa. La Rhinocorne hésita un instant, non pas par méfiante, mais par respect, de peur de s’imposer, contrairement à son grand frère qui ne tarderait pas à faire comme chez lui. Les Jojos descendirent quant à eux du dos de Lisa et allèrent chacun de leur côté faire connaissance avec les Pokémon de Charlotte, certains particulièrement attirées par la jolie Galifeu… C’est tout fier que Cesar reçut le compliment adressé à sa jeune sœur, et ça l’arrangeait bien, car il en oubliait presque les interrogations que lui avait adressées Charlie.

« Hein qu’elle est trop belle ma sœur! »

Dit-il sans trop se gêner, posant ses mains sur ses hanches et bombant le torse, tout fier. Puis il reparti tourner dans le rez-de-chaussée, ouvrant quelques portes au passage pour le plaisir. Puis pour finir, il se posa sur une chaise qui trainait dans le coin.

« Alors c’est ta maison! Tu vis toute seule? C’est le dawa, là-dedans! » Ses phrases étaient ponctuées de rires enfantins. « Tu es drôlement jeune pour vivre seule, ça ne te fais pas peur? »

Des questions posée sans aucune arrière pensée, sur le même ton que celui d’un gamin naïf qui interroge juste pour savoir, juste pour dire pourquoi. Cesar n’avais jamais eu de lieu qu’il puisse appeler « chez lui », bien qu’il ne soit pas embarrassé d’être très légèrement envahissant (notez ce bel euphémisme), il savait bien que cette maison n’était pas la sienne, qu’il en partirait très bientôt.

« Tu as de la chance… Moi, je ne peux pas avoir de maison, je ne peux rester nulle part, parce que sinon, les type des trucs sociaux vont me mettre les mains dessus! Ça fait des mois qu’ils me courent après depuis que j’ai fugué, ils m'énervent! »

On dit « la main dessus », normalement, mais qu’importe, a part que l’expression devient tout de suite plus ambiguë ainsi. Ouais, je sais, t’avais jamais capté, ou alors je me fais des films. Cesar n’avait pas eu l’occasion de faire ce genre de confessions, avant. Mais Charlie… Il la sentait un peu comme lui, il sentait qu’il pouvait lui faire confiance, et après tout, elle lui avait demandé des explications. C’est normal, en guise de remerciement, de répondre à ses questions un minimum.

« Eh, euh… Merci, Charlie. »

Ça non plus, il ne le dit que très rarement, normalement, il oublie, mais la jeune femme l’avait vraiment sauvé d’un mauvais pas. Il aurait pu se faire attraper, cette fois! Il sentit ses joues chauffer plus qu’à l’accoutumée suite à ce remerciement venant du cœur, c’était bizarre, un peu comme se mettre tout nu. Cesar pensa un instant qu’il couvait quelque chose et porta ses deux mains à ses joues, puis il s’approcha de Charlie, pour poser une main sur son front à elle et sur le sien pour voir si sa température n’avait pas monté. Mais non, tout semblait normal. Ce geste totalement épisodique pour lui exécuté, Cesar retourna à son exploration, et tomba sur l’escalier qui montait vers l’étage.

« Y’a quoi en haut des escaliers? »

AVEC CHARLOTTE S. LAURENS

BIENVENUEchez les combattants

Rhinocorne est un Pokémon puissant, endurant et résistant. Du genre que l'on ne peut renverser d'un seul coup. Beaucoup le sous-estiment à cause du nombre plutôt incroyable de faiblesses que lui confère ce double-type. En fait, ce Pokémon peut devenir une brute abominable pour peut qu'on apprenne à l'entraîner correctement. Beaucoup s'évertuent à n'en faire qu'une brute épaisse qui charge tout ce qui bouge. Or, le rhinocéros de pierre sait déjà comment charger. Ce qu'il faut développer est tout le reste. J'ai connu une légende, étant petite, histoire racontée par ma mère qui m'a donné la piqûre des Pokémon Sol. Elle m'a dit avoir rencontré dans ses voyages un Rhinoferos capable d'apprendre Surf. Malgré sa faiblesse à ce type, il a appris à résister à la douleur, et même à nager. En fait, il était devenu presque plus à l'aise dans l'eau que sur terre. Son dresseur était de grand talent et elle n'a jamais réussi à obtenir la victoire contre lui, même avec son équipe de type Combat bien huilée. Je souhaite ardemment répéter l'exploit de ce mystérieux champion, cependant il manque toujours un élément clé dans cette histoire... Soit mon propre Rhinocorne à éduquer. Cela viendra certainement en temps et lieu, et pour le moment j'ai encore bien des alliés à entraîner. Cesar semble très fière de la sienne et avec raison, loin de moi l'idée d'aller percer sa bulle d'orgueil.

Il m'interroge alors à son tour, évitant par le fait même mes questions. Lunatique comme il est -ou du moins de ce que je peux en voir depuis son arrivée fracassante dans les lieux- je ne serais pas surprise qu'il ai simplement oublié de me répondre. Son commentaire me tire un petit sourire. Je n'ai pas peur de grand chose, et certainement pas d'une grande maison vide. Non, ce que je trouve plus difficile à vivre seule est justement la profonde solitude qui m'entoure. Je m'ennuie de ma soeur, même si je goûte enfin à ma liberté. Je fais d'ailleurs le chemin vers la cabane très souvent, simplement pour papoter avec elle. Même la présence incongrue de Cesar me fait du bien dans un sens, simplement d'entendre une voix humaine qui ne soit pas hostile et même au contraire, enfantine et naïve. Je ne réponds rien à sa phrase, me contentant d'hausser les épaules avec nonchalance en caressant la tête d'Apollon qui repose à présent contre mes genoux. Le thé me fait un bien fou et mes pensées s'éclaircissent. La suite de son discours me fait comme un pincement au coeur et d'avantage de questions affluent. Incapable de dire un mot, je le suis des yeux alors qu'il reprend son exploration après m'avoir remercier.

«Je n'ai rien fait, Cesar. Ne me remercie pas...»

Lorsque son regard se pose sur l'escalier qui mène à l'étage, je cours aussitôt pour lui bloquer la route. Son manège de fouiner m'a déjà assez rendu mal à l'aise, mais cette fois, c'en est trop. Je suis toute rouge et mal à l'aise et j'ai tendu les bras de chaque côté de mon corps pour lui barrer la route. Lorsque je parle, ma voix a pris des accents suraigus.

«Je t'en prie, je n'ai pas fait le ménage... Ma chambre et une salle de bain, c'est tout... Maintenant plutôt que de fouiner, je t'en prie, dis moi qui te suit, et d'où tu t'es enfui...»

Ma voix n'est pas colérique, bien qu'un peu agitée par la gêne. L'idée qu'il puisse poser ses pattes dans mes affaires me tire encore plus de rougeurs et je secoue la tête pour reprendre mes esprits.

«Je veux juste t'aider.»

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Une petite moue déçue apparu sur le visage de Cesar quand la jeune femme lui barra la route. Eh bien oui, Cesar, on n’entre pas dans la chambre d’une jeune fille comme ça! Surtout quand elle n’a pas fait le ménage, et que, même si tu ne le sais pas, une partie de son jardin secret risque d’être exposé aux yeux d’un inconnu, enfin, d’un quasi-inconnu. Bref, passons encore une fois sur l’ignorance de Cesar, de toute façon, c’est trop facile de lui pardonner ses erreurs à cause de ce fait. Eh ouais, on est faibles. Enfin. Après être resté planté face à Charlotte encore en pyjama un certain temps, le grand garçon détourna finalement le regard de l’escalier, la salle de bain… Oui, passer sous l’eau lui aurait bien plu, mais on dirait que Charlie en avait décidé autrement. Les gens aiment être les chefs chez eux, d’après ce que Cesar avait remarqué, depuis le temps, et à chaque fois, ça lui donnait l’impression d’être un étranger malvenu. Bon, on ne va pas se voiler la face, il était un étranger dans la demeure de la jeune femme. Et en plus, il était envahissant. Si seulement il pouvait le concevoir, mais c’est une autre paire de manche et ce n’est pas la question. Quand Charlotte insista encore pour le faire parler, il tourna le visage vers elle et la fixa d’un air farouche, il semblait triste et un peu en colère. Mais les mots qui arrivèrent ensuite le touchèrent en plein cœur. C’est là qu’il réalisa sans vraiment s’en rendre compte qu’il pouvait accorder sa confiance a Charlotte, plus qu’aux personnes qu’il l’avaient accueilli jusqu’à maintenant. Il ne parviendrait pas à mettre les mots sur ce point, mais la brunette n’agissait pas de façon intéressée ou manipulatrice. Elle ne profiterait pas de sa naïveté, ces quelques mots le lui firent comprendre. L’habitude de Cesar a toujours été de ne jamais trier les gens, mais là, il s’apercevait d’une différence évidente entre Charlotte et les autres individus, sans savoir comment la concevoir. Peut-être que c’est parce qu’il a défoncé sa porte et qu’il la réveillée de bon matin, et que ce n’est pas elle qui l’a accueilli comme toutes ces bonnes femmes bizarres? Mais, l’aider…

« Dis, pourquoi tu veux m’aider? T’es la première à me proposer ça, tu sais. Normalement, les gens ils… je sais pas, j’ai l’impression qu’il s’en fichent de moi, si je peux pas faire tout ce qu’ils veulent. Sauf Katya et Nova. Elles, elles étaient gentilles. C’est pour ça que je reste jamais chez les gens, parce qu’à un moment, ils deviennent… Ils sont méchants. Les gens sont méchants! Méchants! »

Il insista sur ce dernier point en tapant du pied par terre, comme si il le réalisait pour la première fois et venait de ce prendre une claque mentale magistrale. Bien sûr, c’était dit sous le coup de la peur, mais il avait commencé à réalisé qu’il se trompait depuis trop longtemps. Il commençait à se rendre compte que l’exemple d’ami, le premier qu’il eut eu, c'est-à-dire Marian, n’était pas le bon exemple. Il pensait que les gens étaient gentils avec lui, malgré une sensation de malaise qui le rongeait. Mais, après avoir rencontré Katya et Nova, puis maintenant Charlotte, sa vision du monde changeait : il n’y a donc pas que des Marian dans le monde.

« Je dis des mensonges au gens. Pour pas qu’ils sachent. Mais si je mens, c’est parce que… Parce que je sais pas. »

Son regard fuyant se détourna alors complètement de celui de son interlocutrice, et Cesar s’éloigna encore plus, se dirigeant vers un coin de la pièce, les murs lui formaient un abri de fortune, tout comme ses mains qui avaient recouvert ses yeux fermés.

« Je sais rien. Je sais rien… Je ne sais rien du tout sur rien. »

Sa tête se posa contre le mur, et il se recroquevilla peu à peu sur lui-même, posant sa tête sur ses genoux pliés.

« Là d’où je viens, le lieu ou les Esse-Esse-Euh veulent me ramener, ils me mettaient toujours dans des salles toutes noires pour quand je devenais méchant. Ils me disaient tout le temps ça, que je devenais méchant. Mais alors, eux, c’est les gentils? Ceux qui me mettent dans le noir, ils sont gentils?! »

Tout à coup il se redressa et se mit à gratter le mur d’un air angoissé. Que ne donnerait-il pas pour tout comprendre. Pour savoir qui il est vraiment.

« Mais moi je… Je suis pas méchant! Charlie, tu me trouve méchant?! »

Cesar avait haussé le ton peu à peu, mais sans devenir menaçant. Il ressemblait plutôt à un animal effrayé. Il n'osait plus tourner son regard vers la jeune femme. Si il est vraiment méchant, alors, il allait lui faire peur. Et il ne voulait pas. Lisa les les Jojos avait bien évidemment assisté à la scène, et voyant leur grand-frère dans cet état, ils ne surent pas quoi faire, Lisa commença simplement à s'approcher de lui, mais le garçon se détourna également d'elle, comme souhaitant trouver un abri du regard de tout le monde.

LIS MOIIII:

AVEC CHARLOTTE S. LAURENS

BIENVENUEchez les combattants

Je sens qu'un déclic change complètement le jeune homme en face de moi. Comme une douche froide qui vient effacer toute trace néfaste de son éclat boudeur qui l'animait un instant plutôt. Je reste coite à constater le changement s'opérer devant mes yeux, ce qui me laisse pantoise avec encore plus de questions. Combien de fois lui a-t-on proposé de l'aider? Vu son expression, probablement pas des tonnes. À bien y penser, nous nous ressemblons beaucoup sur ce point. Seulement dans mon cas, lorsqu'on me tend la main, j'ai tendance à repousser. Je n'aime pas qu'on me prenne sous mon aile, j'ai l'impression d'être faible, dépendante. Il n'y a qu'à penser qu'à mon stupide psychologue qui tente de m'aider... Non, je ne peux pas de son aide. Mais je peux proposer la mienne tout de même. Je me sens responsable du monde entier parfois, surtout depuis que j'occupe le poste de Championne de Zazambes. Cesar confirme bientôt mon hypothèse par les paroles. Il me parle de gens, comment ils sont. Méchants. Oui, les gens sont méchants, égoïstes. Renfermés, préférant fermer les yeux sur ce monde qui hurle au désespoir plutôt que de prêter main forte. Le garçon tape du pied, ayant visiblement beaucoup vécu de ce côté là si cela provoque chez lui une telle provocation. Sa douleur prend écho en moi et je plisse les yeux pour éviter des images du passé de m'atteindre.

Impossible. Je revois le mépris constant de mes semblables face à cette fillette un peu étrange et surtout profondément blessée que j'étais. Personne n'a tenté de me comprendre, d'interpréter mes gestes pour ce qu'ils étaient. Des appels à l'aide. On m'a simplement regardé avec haine, mise dans une classe à part, rejeté et jugé. Pourtant je ne demandais rien d'autre qu'un ami sincère avec qui partager mes secrets, mes joies et mes peines. Alors ce garçon tout à coup un peu envahissant devient en quelque sorte mon protégé, un élément toujours un peu gênant mais dont je me considère proche. J'ignore ce qu'il a vécu, mais je bois chacune de ses paroles avec un respect aussi grand que l'univers. Je n'ai pas l'intention de le laisser tomber alors qu'il s'ouvre à moi. Il me parle de mensonges, du fait qu'il ne connaît rien du monde. De gens qui l'enfermaient dans des sales noires en lui disant qu'il était méchant. Et là le doute s'insinue en moi. Une tendance aux mensonges. Un endroit reclus, des pièces sombres où on y enferme les gens... Cesar provient-il d'un asile? Une bouffée de colère vengeresse s'empare de moi. Je déteste les psychologues. Je déteste leurs méthodes. Et je déteste ce qu'ils ont fait au jeune homme.

Le garçon qui se tient devant moi est terrorisé. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, et il semble enfantin et innocent... Comme un enfant. Peut-être a-t-il certaines limitations intellectuelles, bien que j'en doute. Ou un problème mental. Peut-être a-t-il souffert autant que moi par le passé et on a jugé qu'il serait mieux pour lui de l'enfermer plutôt que de le laisser guérir en paix. Je rage tellement que je peine à respirer. Comment est-ce possible de faire autant de mal aux gens, au nom de «leur propre bien»? Je cherche mes mots, sentant un cri se perdre dans ma gorge. Au moment où je crois que je vais craquer, Apollon s'approche du garçon qui s'est détourné, et pose ses pattes contre ses jambes. Tout à coup, une vive lumière le baigne, et il s'élargit pour devenir un Nidorino magnifique, ses pointes dressées dans toutes les directions. Il a évolué pour redonner foi au jeune homme. Je m'approche de lui et lui sourit doucement.

«Tu sais Cesar, pas tout le monde est méchant. Tu n'as pas besoin de me mentir à moi. Je te comprends, enfin je crois. Les gens qui t'ont enfermé pensent souvent à tort faire du bien au gens. Pour les aider à guérir de maladies imaginaires. Ne te laisse pas faire. Lisa sera toujours là pour te protéger, et si quelqu'un t'embête, il aura à faire à moi.»

Je lui souris encore une fois.

«Cependant tu devras apprendre à être fort et à comprendre le monde tout seul. Si tu veux je pourrais t'aider à t'entraîner avec Rhinocorne. Un Pokémon comme elle pourrait te défendre contre n'importe qui.»

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CESAR CHEZ LES COMBATTANTS

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Tournant le dos à Charlie et aux Pokémon présents dans la pièces, fuyant les regards rivés sur lui, Cesar ne pouvait pas voir l’état de rage dans lequel la jeune fille était entrée. Certes, cette rage ne lui est pas destinée, mais qu’importe, il ne veut pas savoir. Il attend juste qu’on le chasse, désormais, rien ne le surprendrait moins. Après tout, quand les gens découvrent qui il est, c'est-à-dire un imbécile heureux poursuivi par des types venant d’un asile, on tente de se débarrasser de lui rapidement. Et c’est compréhensible, qui voudrait s’attirer des ennuis à le garder et le protéger? Le silence se fait autour de lui, dans cette pièce vide ou chacun des mots de sa tirade ont résonné. Mais Cesar ne sent pas une tension dans l’air, du moins, il à l’impression qu’aucune haine ne se dirige vers lui. Mais il n’ose pas ouvrir les yeux, desserrer les poings, faire face de nouveau, regarder le monde de nouveau. Il a peur, terriblement peur. Peur qu’on le trahisse, qu’on le trouve, qu’on le juge, et peur d’attirer des ennuis a Charlie et ses compagnons. Ils viennent de s’installer ici, ils en ont la chance, et lui, il vient tout gâcher. D’ailleurs, c’est en fixant le sol que le garçon fait volte face et d’un souffle presque inaudible, appelle Lisa et les Jojos, leur annonçant qu’ils partaient. Puis, il y eut le Nidoran de Charlie qui s’approcha de lui. Ses yeux bleus-verts croisèrent l’étincelle vaillante dans les pupilles d’Apollon, il allait fuir le contact visuel, mais ne put se détourner car le petit rongeur mauve se mit soudain à briller, et découpée sur le décor, sa silhouette se mit à grandir, ses membres inférieurs se firent plus puissants, une crête d’épines se dressa sur sa colonne vertébrale; il venait de devenir un magnifique Nidorino. Cesar en eut le souffle coupé. La tristesse régnant dans ses yeux perdura, mais se mélangea bien vite à des leurs admiratives. Lisa s’était approchée à son tour, et ses yeux sombres s’illuminèrent à leur tour en tombant dans ceux du beau Nidorino.

Puis Charlotte s’avança vers le petit attroupement qui s’était formé autour d’Apollon et Cesar et tint au grand garçon des propos qui firent s’arrêter tous ses tremblements, et qui restaurèrent presque en lui la sérénité. Tout le monde n’est pas méchant. C’est vrai, Katya et Nova ne l’étaient pas. Loin de là. Charlie croyait comprendre le jeune homme, et entendre cela lui faisait du bien, elle n’avait absolument pas pris peur, elle tentait simplement de le réconforter par des mots doux, mais pas moins remplis de courage et d'espoir. Ce n’est pas que Cesar manque de courage, mais il manque de hargne, il n’a pas envie de faire du mal, et ne parvient pas non plus à se défendre même si il sait théoriquement se battre. Se faire du mal lui-même pour se punir d’être ce qu’il est, voila sa façon de se défendre du monde. Totalement paradoxal, mais en frôlant la mort, n’est-ce pas l’aide des autres que nous attirons? Ils sont forcés, personne ne veut avoir un mort sur la conscience. Pas les gens normalement constitués, du moins. C’est comme ça que Cesar s’est mis à fonctionner, et puis, à l’asile, les docteurs ne lui donnaient-ils pas des tas de drogues et de décharges pour qu’il ne nuise pas? C’est comme ça : se faire mal, c’est ne pas nuire, et cette notion est ancrée très profondément en lui, marquée au fer rouge, même. En attendant, Charlie était en train de lui tendre la main, lui proposant son aide; lui apprendre a se défendre, a ne pas se laisser embêter. Ce ne fut pas une réponse que lui donna Cesar, il préféra se reposer sur elle, l’enlaçant doucement comme si elle fut une chose fragile, de peur de lui faire mal.

« Charlie... Je t’aime. »

Bon, bien sûr, venant de Cesar, c’est pas ce que vous croyez. Il fallait le traduire par une expression presque ultime de sa reconnaissance, en fait. Surtout qu’après être resté ainsi quelques longues secondes, il se détacha de Charlie puis se baissa vers Apollon, un petit sourire commençait à refaire son apparition sur son visage. Il passa une main entre les deux grandes oreilles du Nidorino puis le remercia à son tour.

« Toi aussi je t’aime, mon grand. Je serais comme toi, je vais évoluer et devenir plus fort! »

C’est comme ça que Cesar avait intégré le message d’Apollon durant son évolution, il lui fallait encore grandir, rattraper le retard qu’il avait prit durant toutes ces années ou il était resté enfermé. Après tout, c’est ce qu’il avait toujours désiré : apprendre, comprendre le monde, comme l’avait dit la brunette, et être heureux. Et peut-être que Charlotte et ses compagnons sauront l’aider à faire ses premiers pas dans ce monde qu’il recherche depuis toujours. Peut-être avait-il frappé, enfin, il avait défoncé la bonne porte, au final!

« Qu’est-ce que tu veux dire par "entrainer", Charlie? »

C’est bien ça qui l’avait interpellé dans les mots de la jeune femme. Bien sur, il connait le sens de ce mot, mais avec quels moyens Charlie voulait l’entrainer à tout ça, a vivre et à se défendre, en somme, et avec Lisa. Il aurait aimé être un peu éclairci sur ce point, en somme.

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Soudain, je sursaute lorsque les bras de ce presque inconnu se referment sur moi. Je laisse un petit son de surprise m'échapper, alors qu'il me serre avec tendresse et délicatesse. Je deviens aussitôt rouge comme une tomate, mais la suite, ses paroles, me plongent dans un profond trouble. Je t'aime. On ne m'a pas dit cela souvent dans la vie, et encore moins de la part d'un jeune homme que je viens tout juste de rencontrer. Je sais que ces paroles n'ont aucune connotation amoureuse. Sa prise sur moi a quelque chose de solennel, de profond. De la reconnaissance. Je le sens et cela achève de faire disparaître ma gêne. Pas assez confortable cependant pour rendre sa caresse à Cesar, je reste figée jusqu'à ce qu'il se détache pour s'adresser à Apollon. Ce qu'il dit alors fait battre mon coeur d'espoir. Le jeune homme semble accepter d'évoluer et de devenir plus fort pour reprendre ses paroles, et je crois que cela signifie qu'il accepte ma proposition de l'aider. Sa question ensuite me tire un sourire franc. J'hoche la tête et réfléchit à mes mots, avant d'expliquer ainsi:

«Pour devenir doué à quelque chose, il faut s'entraîner. Se pratiquer, répéter jusqu'à ce que nous devenions plus fort. Laissez-moi vous montrer.»

Je l'invite à passer du côté Arène. J'allume les lumières sur le terrain qui m'écorchent les yeux tout à coup. Eh oui, pas facile quand on vient tout juste de se réveiller. Je demande à Cesar de rester là un instant et je cours me changer dans mon bureau, revêtant une tenue de combat classique au karaté.

«Je m'exerce au karaté depuis que j'ai trois ans. On m'a appris que le travail acharné sert à s'améliorer et à trouver en soi sa force. Pour entraîner mes Pokémon, je cherche leurs forces et leurs faiblesses. Par exemple, Apollon, tout comme Lisa, est particulièrement doué pour charger. Mon beau? Utilise Koud'Korne sur la cible.»

Au milieu du terrain, une cible vient d'apparaître, activée par un mécanisme sur le mur. Émergeant du sol, elle se dresse maintenant, tentatrice. Le Nidorino gratte le sol plusieurs fois avant de s'élancer à toute vitesse sur la cible, lui offrant un coup de corne puissant qui l'ébranle violemment. Il revient ensuite vers nous.

«Tu voudrais essayer avec Lisa?»

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Ressourcé après avoir enlacé Charlie puis entendu les propos encourageants, pleins d’espoir de la jeune fille, Cesar se sentait bien mieux, oubliant pour quelque temps ses ennuis. Du moins, il l’espère en son for intérieur. Ce qu’on peut lui accorder c’est que son ignorance le rend solide, et qu’il ne lui arrive que très rarement de s’enfoncer dans ses propres ténèbres. Charlie venait de l’en sauver, de lui donner une lueur d’espoir. Et s’il devenait plus fort, il parviendrait très probablement à faire face à ses ravisseurs et à découvrir qui lui en veut à ce point, et pourquoi. Ce n’est cependant plus le moment de se torturer avec ce genre de questions, et Cesar fut bien vite tiré de ses pensées quand Charlotte descendit en trombe de sa chambre vêtue d’un Kimono et d’une ceinture noire. Bien qu’il ne sache pas la connotation d’une telle couleur dans le milieu des arts martiaux, le grand garçon en sentit l’aspect solennel et se redressa en écoutant sagement les paroles de celle qui venait de devenir sa sensei en matière de combat et de renforcement mental et physique. Elle ne tarda pas à lui montrer la charge de son Nidorino contre une cible de l’arène dont elle venait d’allumer les lumières. Tout cela provoqua un grand « waaaaaaaaaah » chez Cesar, prononcé sur un soufle à peine audible. Tout ça, ça lui coupait complètement le moulin à parole et le forçait à se concentrer pour faire honneur à la Championne de Zazambes qui prenait gentiment en charge son entrainement de si bon matin.

« Lisa? On essaye? »

Fit-il, presque timidement, observant du coin de l’œil Charlotte qui l’observait, quand à Lisa, c’est Apollon qui la captivait le plus pour le moment. Néanmoins, elle n’est pas du genre a reculer devant un challenge, et compte bien le faire en s’appliquant au maximum. La petite Rhinocorne s’avança au devant de la cible et attendit le signal de son dresseur en grattant le sol de sa patte.

« Vas-y! »

Et Lisa se mit à courir en direction de la cible qui s’est redressé toute seule après avoir été frappée par l’attaque d’Apollon. Elle charge à son tour et renverse la cible sous l’œil captivé de son grand frère qui l’encourage silencieusement, pour une fois. Puis, elle revient vers lui au même pas de course, l’air satisfaite de son forfait.

« C’était super Lisa! »

Cesar se tourna alors vers Charlie avec un grand sourire.

« Alors? Et c’est quoi la suite du programme? »

Bon, le truc c’est que désormais, c’était redevenu un jeu pour le grand gamin aux cheveux d’argent. Mais même dans cet état, il saurait se donner du mal et passerait les épreuves que lui imposerait la sensei en se donnant à fond. Quand un truc lui plaît, difficile de l’arrêter… Et puis, il faut le voir, avec son sourire jusqu’aux oreilles, a fixer Charlotte en attendant le prochain challenge de la même façon qu’un gosse attend sous la cheminée le père noël le soir du 24.

AVEC CHARLOTTE S. LAURENS

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J'adore m'entraîner. Bien plus que de me plonger dans des livres à longueur de journée ou même passer du temps avec mes semblables. Je ne retrouve cet état de focus extrême et intense que lorsque je m'exerce en compagnie de mes Pokémon, qui partagent aisément mon amour pour cet art complexe que je tente de transmettre au garçon. Apollon par exemple, est déjà prêt à repartir sur la même lancée, à continuer sans relâche toute la journée s'il le faut. Après tout, il s'agit d'une façon pour lui de s'améliorer, mais aussi d'évacuer toute cette énergie dont il fait preuve. Lorsque je ne sais plus quoi en faire car trop agité, je lui permets de descendre ici, courir ou se déchaîner sur des cibles. Cela lui permet de se tailler une place dans cette nouvelle vie, loin de ces prés où il pouvait courir tous les jours. Son évolution m'a confirmé au moins qu'il aime être en présence. Arceus, l'expression ravie qui s'affiche sur son visage vaut bien tous les Opals du monde entier, et je me penche vers lui pour le féliciter de ses progrès. Finalement, Cesar se décide et Lisa fonce à son tour vers la cible qui s'est relevée. Attentive, je me place en retrait avec le Nidorino afin de leur laisser tout l'espace nécessaire, et aussi pour avoir tout le loisir de les observer ensemble.

Ils partagent une complicité qui ne fait aucun doute. Là-dessus, je suis convaincue. Il est beau de les voir communiquer, en l'absence de mots. Simplement la présence de l'un influence tous les mouvements de l'autre, et je ne connais cette qualité que chez peu de dresseurs. Un lien peut-être aussi fort que celui qui m'unit à Akemi. Et que dire de sa Lisa? Elle est magnifique. Tous ses mouvements ne sont que perfection, si bien que je suis totalement absorbée. La détermination de ses pas, l'oscillation de ses muscles dorsaux qui la propulsent de l'avant. Un Rhinocorne en charge est difficile à stopper, probablement encore plus que ses évolutions. Car il a quatre pattes, quatre pattes épaisses comme des troncs d'arbre, puissantes malgré leur brièveté. J'en viens à soupirer intérieurement de ce rêve d'en capturer un bien à moi, en espérant que ce moment vienne sous peu. Après ce jour, je serai encore plus obsédée par cette idée pardi! Je félicite Cesar et Lisa lorsque celle-ci réussit l'exercice du premier coup. Ce dernier semble enthousiaste face à l'entraînement, à y prendre goût. Je rougis de plaisir à son encouragement à poursuivre. Comme quoi j'aurai fait quelque chose d'utile cette nuit au lieu de dormir.

«Je regorge d'idées, ne t'en fais pas.»

Oh, et je tiens ma promesse. Dans la prochaine heure et demi, je passe tout ce temps à expliquer quelques notions de base à Cesar, bases que devrait connaître tous les dresseurs. Nous nous entraînons durement, et je le guide à chaque étape. La séance est longue et ardue, cependant je continue de l'encourager, tout comme Lisa. Apollon sert plusieurs fois d'exemples, sauf qu'aucun Pokémon n'est utile lorsque je montres quelques techniques d'auto-défense à Cesar. Encore une fois, la base, de quoi se défendre contre un agresseur armé ou non, comment tomber sans se faire mal, où frapper pour désarçonner son adversaire. En lui prodiguant mon savoir, j'espère tout de même au fond de moi qu'il n'aura jamais à les reproduire sur quelqu'un, qu'il sera sain et sauf dans les rues de Zazambes. J'ignore où il ira ensuite, mais j'espère quand même qu'il restera quelque temps. Après cette heure et demi intense, je me sens fatiguée. La nuit a été courte et le soleil se lèvera probablement sous peu. Soupirant, je sourit au garçon.

«Eh bien, Cesar, je crois qu'on peut dire que c'est assez pour aujourd'hui. Je suis claquée! Écoute euh... Je peux te proposer une place sur mon canapé pour la nuit, puis un autre entraînement tout à l'heure? Qu'en dis-tu?»

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Charlie ne tarda pas à répondre aux interrogations de Cesar, une fois de plus. Curieux de savoir ce que la jeune femme mettait derrière toutes ces idées dont elle regorgeait, il obéit au doigt et à l’œil de tout ce qu'elle lui demandait de faire, pour s'entrainer. Lisa continuait d'imiter les mouvements qu'Apollon lui enseignait, et elle observa parfois avec un certain amusement, plus réservée pourtant que les Jojos qui ne cessèrent de s’esclaffer quand Charlotte enseignait à Cesar quelques mouvements de self-défense. Il faut dire que la jeune fille est bien plus douée que lui et ne le ménageait pas, mais parait-il que c’est de ses erreurs qu’on apprend. Dans tous les cas, comme sa sensei lui avait rabâché, l’entrainement, c’était travailler jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la perfection, et donc, pas une seule fois le garçon ne montra des signe des faiblesses, du moins, il faisait de son mieux, car son corps criait parfois au scandale face a certains mouvements qu’il n’avait jamais eu le loisir d’effectuer avant. Il commençait a fatiguer au bout de quelques temps ; et même si il ne participait pas directement aux entrainements de Lisa, cela était tout de même éprouvant, ne serais-ce que pour garder sa concentration toujours accrue, chose qu’il n’a pas non plus l’habitude de faire. Finalement, Charlie finit par mettre fin à l’entrainement après presque deux heures, et invita Cesar à prendre une pause à l’intérieur de la demeure, dont le grand garçon commençait à bien connaître le rez-de-chaussée, mais dont il aimerait encore visiter les étages. Avant même que son amie n’en parle, il se vautra sur le canapé pour souffler, et entendu plutôt bien que ce serait ici qu’il risquait de dormir. Et il leva la tête pour fixer la jeune femme, un grand sourire reconnaissant sur les lèvres. Faut dire qu’à côté de ce qu’il avait déjà pu tester comme « lit », le canapé, ce n’était pas du luxe. Y’a qu’à voir ou il avait dormi la nuit dernière, dans le local à poubelle du coin.

« Il est confortaaaaaaable ton canapé Charliiiiiiiiiiiie… »

Fit-il tout en se prélassant dessus comme un bienheureux. Il avait bien entendu a propos de l’entrainement et serait prêt à temps, cela va sans dire, même si il ne semblait pas l’avoir relevé, sur le coup. Sa petite sœur Rhinocorne ne tarda pas à le rejoindre sur le canapé pour se reposer elle aussi, il caressa ses cornes pour la féliciter. Puis il fit comme chez lui et alla remplir quelques verres d’eau, dont il qu’il passa à Charlotte qui devait aussi avoir soif, elle avait dû faire bien plus d’effort que lui, après tout.

« C’était crevant mais j’ai hâte d’attaquer la suite… »

Fit-il, tentant de montrer sa motivation à la championne. Il faisait comme si ne rien était, mais commençait à se demander quand il devrait partir. Ses poursuivants savaient qu’il était encore a Zazambes, et il se doutait bien qu’il pourraient venir à l’Arène, ne serait-ce que pour demander des informations à son amie. Il ne croit pas une seconde que cette dernière le vendrait, surement pas, mais au fond, pour une fois qu’il tombait sur quelqu’un capable de le comprendre et bien attentionné, il n’oserait pas l’inclure dans ses soucis. Bon, c’était déjà fait, en même temps. Mais c’est pour cette raison qu’il avait pris l’habitude de partir sans prévenir, pour faire comprendre qu’il ne voulait pas plus de gens qui se préoccupent de lui. C’était radical, lâche, même, quelque part, mais il avait décidé de vivre comme ça, avec cette tristesse, cette culpabilité et ce regret qui ont tendance à lui transpercer le cœur chaque jour un peu et à lui peser. C’est qu’il n’a pas vraiment d’autre choix, avec cette menace d’être enfermé de nouveau qui pèse sur lui. Même si il a l’impression d’être devenu un peu plus fort aujourd’hui.

Comme prévu, l’après-midi même, l’entrainement reprit de plus belle, et acheva pour de bon le jeune homme cette fois-ci. Le soir-même il n’eut pas vraiment faim, trop fatigué qu’il était, en revanche, il s’endormit comme une masse, avec l’idée de déjà repartir le lendemain. Couché tôt, et après une nuit de sommeil profond sur le bon canapé, Cesar était réveillé à l’aube. Le plus discrètement possible, il plia la couverture et rangea un peu le canapé, puis se dirigea vers la porte encore à côté de ses gonds. Il savait ou il se rendait, Charlie lui avait parlé de l’île de Nuva Eja, ou on lieu les finales de la compétition, et il se doutait que ce lieu pouvait bien être le paradis, avec ses paysages de cartes postales, des gens envoyant du rêve dans leurs matchs… Bref, il savait ou se rendre, désormais. Avant de passer la porte, Lisa tira sur son pantalon pour l’entrainer de nouveau à l’intérieur. Après avoir longuement hésité, le jeune homme trouva un papier et un crayon, et en s’appliquant sur son écriture maladroite, tenta de griffonner quelques lettres, un mot, un seul. Puis, il disparu de nouveau dans la nature.

Merci.

AVEC CHARLOTTE S. LAURENS

BIENVENUEchez les combattants

Cette familiarité dont fait preuve Cesar me repousse dans mes retranchements. Je n'ai pas l'habitude de partager mon espace, hormis avec ma soeur. Nous avons souvent reçu des invités dans notre petit cottage sur la réserve d'Érode, mais ils étaient si polis, si réservés, qu'ils semblaient marcher sur des oeufs. Le garçon qui m'accompagne s'installe déjà sur le sofa, se sert un verre d'eau, ainsi qu'à moi, et me dit à quel point ce sofa est confortable. Un petit sourire fatigué se dresse sur mon visage. Je n'ai payé aucun de ces meubles. Je ne les ai même pas choisis. La plupart proviennent de Sky, et je les garde précieusement. Voilà probablement pourquoi cette prote défoncée m'a mise dans un état pareil. Car cette Arène est encore celle de mon ancien maître à mes yeux. Tout ceci est son espace, un espace que je partage avec cet étrange bonhomme à présent. Pour combien de temps? Seul l'avenir me le dira. Cependant je me sens heureuse de l'avoir ici près de moi, à briser ma solitude. Même s'il s'en permet un peu trop! Au fond, il m'amuse. Tant qu'il ne pose pas une patte sur moi, je n'ai aucun mal à l'accueillir ici, et venant de lui j'en serais franchement surprise. Il est mon ami à présent, même si nous nous sommes rencontrés il n'y a pas plus de trois heures.

Après l'avoir laissé dans son sofa, je remonte vers mon appartement en compagnie de mes alliés. Sitôt ma tête touche l'oreiller que je m'enfonce dans les rêves. Nombreux, mais aussi accompagnés de longues périodes de silence, où mon corps peut enfin reprendre ces nuits trop courtes des dernières semaines. Je me cale contre Akemi, absorbant avec joie cette chaleur généreuse qu'elle m'offre, et dors comme jamais depuis quelque temps. Je m'éveille en fin de matinée, enfin reposée, et souriant. Tout ce qui me manque ici est la présence d'un autre humain, un humain en qui j'ai confiance. Excitée pour la journée, je dévale les escaliers et reprend l'entraînement en compagnie de Cesar selon environ le même modèle qu'un peu plus tôt. Je veille à lui enseigner les mouvements de base de l'auto-défense, de quoi éloigner ses poursuivants s'il doit les rencontrer un jour à venir... Ce qui ne se produira jamais je l'espère. Pendant ce temps, Apollon et Lisa s'entraînent ensemble, côte à côte, et se soutiennent mutuellement et s'améliorent rapidement. J'adore cette nouvelle forme que revêt le Nidorino. Avec ses pointes et ses larges pattes, il ressemble de plus en plus à ce Nidoking dont je rêve. Il me faudra dénicher une Pierre de Lune pour lui sous peu, certainement.

L'entraînement se termine et nous mangeons ensemble, fatigués de notre journée. Satisfaite, cependant, des progrès qu'ont démontré mes élèves, je fais un rapide bilan de tous les éléments important à réviser pour les prochaines séances. Ce pauvre Cesar a l'air complètement épuisé, ainsi je le laisse se coucher tôt, en préparant déjà mes prochains enseignements pour le lendemain. Je m'endors encore une fois très rapidement, et ne me réveille que vers neuf heures, avec une drôle d'impression. Le silence. Épais, effrayant. Il m'étreint, dans un mauvais pressentiment. Aussitôt, je suis hors du lit, revêtant au passage mes pantoufles posées près du lit. Akemi me suit, alarmée par cet état dans lequel je me trouve, tout comme Toshi qui ouvre la marche en jappant. Tout notre boucan n'a cependant pas réveillé Apollon, qui dort toujours. Je trouve le canapé vide. Ses effets ont disparu. Lisa et les Jojos aussi. Cette Arène est triste et vide et solitaire, une fois de plus. Rageuse, je donne un coup violent dans le mur. Il m'a laissée, sans rien me dire. Sans un mot, tel un voleur, emportant notre amitié avec lui. Après tout ce que j'ai fait pour lui. Énervée, je me dirige vers l'Arène et entame quelques exercices préliminaires. Je sens la colère bouillonner en moi, menaçant de tout briser.

Je sens une présence nous rejoindre, Toshi, Akemi et moi. Apollon nous a rejoint, et porte dans sa gueule un petit morceau de papier, qu'il me tend avec insistance. Je le récupère, curieuse, avant d'y lire «merci». Un simple mot, mais qui achève de faire disparaître la tension que je ressens. Ceci n'est pas un adieu, mais un au revoir. Et malgré ma déception, j'espère que ce moment viendra rapidement.

(c)Golden

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Cesar chez les combattants {Pv. Charlotte

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