« J’espère que tu te fous bien de ma gueule Riku. »

Wow, super. Le mec, trop d’humour, quoi. Bon, j’vais pas dire, dans l’état ou j’suis en ce moment, c’est possible qu’il y ait eu un peu de sérieux dans ma super proposition. Un plan à quatre, voila, c’est dit. Enfin, pour Alex, c’est sur et certain que c’est une idée de merde. Un sourire coincé sur le visage je fixe le blond qui me foudroie de ses iris turquoises, de haut, comme je suis actuellement assise sur un sofa au fond d’un bar de Baguin, bras dessus-bras dessous avec deux autres mecs plutôt cools. Enfin, un bar, c’est vite dit. A Baguin, tout ce qu’il y a comme endroit « sympa », c’est des squats un peu glauques. Voire vraiment glauques. Ils me font passer un bédo et je tire plusieurs taffes pour m’exclamer à quel point c’est trop bon d’être défoncée. Ahah. C’est quoi son problème à Alex, il est coincé, ce mec, en fait! Pfff… Désolée, hein, je voulais juste un peu fêter la fin de ma première compet avec lui! Je pars dans un fou rire et me lève pour enlacer Alexander qui se met à soupirer très fort juste à côté de mon oreille, faisant voler quelques mèches de mes cheveux. Fait chaud ici… Trop de squatteurs partout, on étouffe, mais j’aime cette ambiance pour des raisons qui me seront toujours mystérieuses. Ma main passe sur la chemise de mon cousin, il fait clairement trop habillé avec sa veste de costard et sa chemise blanche, ici… Je sais pas pourquoi il est si différent des autres…

« Eh, Alex, alleeeeer… Restes un peu avec nous, détends-toi un peu… On pourra bien s’amuser. »
« Riku, si tu me lâches pas dans 3 secondes… »

Je me pends a son cou en riant à nouveau, puis, littéralement, trois secondes plus tard, il me repousse sur le canapé et d’un coup, il donne un coup de pied monstrueux dans une table adjacente pour réclamer le calme et se met a beugler des insultes en allemand. Quel couillon, il veut vraiment foutre en l’air l’ambiance?! Alex se met à grincer des dents et à grogner encore et encore dans sa langue maternelle. Je me relève face à lui, battant des bras pour réclamer l’attention.

« Okayyy okayyyy tout le monde c’est pas grave ! Tout va bien! J’me débrouille avec lui, pas de souciiiiiiis! »
« C’est toi qui a des gros soucis pauvre conne! C’est la combientième fois que tu me fais ce coup foireux?! »
« Alex, eh, oh! T’es en train d’empirer les choses là, c’est toi qui est con! Au lieu de mettre le bordel, viens t’amuser avec nous! »
« J’suis venu parce que tu m’a encore appelé en chialant et- »
« Ouais, ben regardes, j’vais mieux! J’voulais juste un moment sympa avec toi, moi! On s’en fout le plan à quatre t’as pas capté que c’était une grosse vanne?! T’as juste à comprendre que j’ai envie de faire la teuf avec toi! Abruti de blond de merde! »
« J’me casse, Riku. Et compte pas sur moi pour me donner encore du mal pour toi. »
« Qu-Quoi?! Eh, t’es encore en pétard pour la fois ou j’ai débarqué chez toi?! Sérieux mais t’as quel âge?! »
« …Fermes-là, Riku. »
« J’y crois pas! J’comprends pourquoi t’es tout seul! Ahah! Personne veut d’un type comme toi, t’es coincé, aucune ouverture d’esprit, comment on peut aimer un type comme… »
« TA GUEULE! »

La voix d’Alexander résonne dans le squat, il a un sacré organe ce con, en fait, le silence revient à nouveau et quelques mecs viennent vers Alex, l’air de lui dire qu’ils ont pas envie qu’un relou vienne les emmerder ce soir. Les deux gars qui étaient avec moi se lèvent face à lui. L’un met sa main par-dessus mon épaule après m’avoir mis une petite tape aux fesses et que je me sois blotti sur lui en ronronnant presque. J’ai la tête qui tourne et la vue un peu brouillée. Ca s’oublie vite le grabuge, avec un bon quota d’alcool et de drogue dans le cerveau, enfin, c’est sans compter sur ce qui allait arriver ensuite…

« Eh, blondasse, d’où tu viens emmerder Riku? Sérieux, j’trouve que t’abuses un peu, là. »

Pour toute réponse, Alex lui crache à la gueule avant de sortir un truc brillant de sa poche qui file dans l’air avec un sifflement sinistre. Le temps se fige et  le type émet un son guttural des plus inhabituels avant de s’effondrer à terre. Quelques types dans le bar crient et filent vers la sortie. Qu-quoi, quoi? J’ai raté un truc? Quand je baisse les yeux vers le gars au sol, je pige vite en voyant le tapis se recouvrir d’un épais liquide rouge. Le hurlement que je veux pousser ne parvient pas à sortir de la bouche et à la place, je me mets à sangloter silencieusement, les mains plaquées devant ma bouche pour m’empêcher de vomir mes tripes sure le sol comme certains l’ont déjà fait. Je me sens malade, mon cœur bat dans ma gorge et j’ai l’impression qu’il veut s’enfuir de moi, la poudre et les restes d’herbes que j’ai ingurgités faussent mes sens encore d’avantage. Non… Je… Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui se passe ici! Après un long temps d’arrêt un autre gars s’approche d’Alex dont les yeux sont restés fixés sur le type au sol, plus précisément, sur sa gorgé ensanglantée qu’il vient de trancher avec le cutter qu’il tient dans la main, et d’où filent quelques gouttes de sang. L’autre type lui empoigne l’épaule. Je veux hurler pour que tout s’arrête mais mon corps échappe à mon contrôle et ne peut plus que trembler comme une feuille. Non… Non… Pourquoi? Alex… Alex n’a pas fait ça, hein!? Ou alors je rêve toute éveillée, ou alors je fais un bad trip… Ouais, c’est clair, c’est ça. La scène se déforme dans mon regard vitreux et les paroles du type ne sont plus qu’une bouillie de marmonnements.

« Eh, mec, t’as fait quoi là? Écoutes, nous on n’est pas de rigolos on… Eh mais… Ta gueule me dit quelque chose, enfoiré… le Bloc… Putain, t’étais pas dans la prison, toi? Eh mais si, c’est sur, t’es- »

Un coup de feu, cette fois. Alex vient de sortir un flingue de sa veste pour viser le flanc de l’autre gars. Le type tombe à son tour sans que je ne puisse rien faire. J’entends Alexander soupirer doucement avant de vider son chargeur dans la tête du type, puis dans les murs, le reste du bar se vide à grand cris en quelques secondes. Le temps semble s’être arrêté à jamais quand soudain, un rire sordide brise le silence. Il se tut rapidement, ne part pas dans l’air comme le rire d’un méchant de film cliché, mais sa brièveté à réussi à finir de me glacer le sang. Je lève lentement les yeux vers Alex et détourne immédiatement mon regard en voyant son sourire de dents blanches à la vue des deux macchabés à ses pieds.

« A-A-Alex… Tu… Alex pour… quoi? Tu les as… »
« Oh! Ah, j’ai presque oublié ce que je te disais avant… Ah, ouais, comme je disais, faut y aller, là! »
« C’est quoi ce… C’EST QUOI CE BORDEL, ALEX? »
« Voilaaaaa, là, tu comprends mieux pourquoi il faut pas me chercher! Tu vois, j’ai essayé de me contenir, je te jure! Putain que ça fait du bien! Chiales pas, t’es pas bléssée. »
« Mais t’es complètement… T’ES COMPLETEMENT TARE ALEX, TU LE SAIS?! »
« Au départ, je voulais te le cacher. Mais t’as commencé à faire ta chieuse ces derniers temps et franchement... Là, t’es arrivée avec tes deux gros connards qui attendaient que la bonne occasion pour te tringler et… Bah, j’ai craqué quoi. Tu crois que ça me fait plaisir de te voir totalement défoncée et à moitié a poil dans les bras de ces gros beaufs? C’est juste.. . Dégradant pour toi. Elle est belle la détentrice du symbole rêve. »
« Alex… Tu veux quoi… Tu veux… Tu veux encore que je m’excuse…? »
« Quoi? Ah, non, j’m’en fous. Sérieux, vu ce que t’as dans le bide et le cerveau, demain, tu auras oublié non? » Dit-il avec une amertume évidente dans la voix. « J’t’ai dit, je me sens carrément mieux, là. C’est leur faute à eux, tous des connards. »
« … Alex, sérieux… Ça veut dire quoi… tout ce bordel, putain… »

Je chiale de plus belle et m’effondre à terre. Alex s’accroupit devant moi et prend mon poignet dans un geste tranquille. Son sourire est devenu plus calme, mais n’arrive aucunement à me rassurer. Je m’arrache à sa proximité pour m’enfuir vers la porte en titubant. Pourquoi, à la fin? Ça n’avait même pas l’air de le déranger de tuer ces deux gars. Je sors dans la rue et cours de plus belle, les larmes me brouillent la vue. Putain, putain, putain! J’ai peur. Si c’est moi qui me serais mise en travers de son chemin, il m’aurait flinguée aussi? Parce que je l’ai trop énervé? J’y crois pas! C’est la mort d’Irina qui l’a rendu comme ça?! Et pourquoi il avait l’air si heureux, pourquoi ça avait l’air tellement naturel pour lui de zigouiller ces types?! Je tourne sur une ruelle étroite et déserte pour de nouveau tomber sur mes genoux et me vider du contenu de mon estomac en me tenant le ventre. Je me relève, fais quelques pas et m’effondre encore sur le sol de bitume.

« FUCKING SHIT! FUCK! FUUUUCK! »




La drogue me fait tourner la tête, ouais, c’est juste un bad trip, ça va aller, je vais aller mieux. Je sais pas combien de temps je suis restée comme ça. Mais je suis réveillée par l’averse froide qui s’abat sur Baguin et des éclats de voix. Des gens courent dans la rue perpendiculaire, je comprends rien, c’est la merde, rien d’autre en vue. Dans ma tête, dans ma vie, et tout ce que je peux faire pour m’en sortir, c’est faire la junkie. Si Alex est pathétique pour ce qu’il a fait, moi je le suis aussi pour mes actes incontrôlés de droguée. Alex… Est-ce qu’on va se reparler un jour? Je sais pas si j’en aurais la force, de l’affronter sans penser à ce qu’il vient de faire. Le pire dans tout ça, c’est que voir qu’il pouvait tuer des gens de cette façon, ça m’a pas paru si incroyable. Comme si j’attendais qu’il pète vraiment un câble. Je suis terrifiée et pourtant, en faisant ça, Alex vient de me monter qu’il est toujours bien vivant, et ça me rassure un tout petit peu, j’ai l’impression qu’il a fait ça pour… Non… Il est juste pas devenu un zombie suite à la mort de la personne qu’il aime le plus au monde. Des pas résonnent dans la ruelle, se rapprochent. Ahah. C’est lui, il m’a trouvé. Pas besoin de me retourner, je reconnais sa façon de marcher, son souffle. Je sens la chaleur de sa main qui se tend vers moi.

« Ne me touche pas. »

Je lui lance dans un souffle presque inaudible. Comme si j’avais lancé un appel à l’aide, la Pokéball de Yui s’ouvre et laisse sortir la Couanetton qui a du ressentir mon malaise. Elle se met entre Alex et moi et se met à cancanner. Je ne l’ai jamais vu ni entendue si agressive. Je ne peux pas bouger. Normalement, je l’aurais prise dans mes bras et me serais enfuie en courant, mais là, j’en suis à mon état le plus proche de celui d’une serpillère, incapable de réagir, j’ai perdu l’usage de mes sens. Je ne suis plus que peur et souffrance.

« Je comprends pas Alex… Pourquoi tu fais ça? T’as tué des gens… Deux vies… Des vies humaines, bordel! C’était des abrutis, ouais, mais quand même! Comment tu peux être aussi… Est-ce que tu… Je sais pas. Je ne sais pas. Fuck! FUUUUUUCK! »

Mes poings rencontrent le sol jusqu’à se mettre à saigner. Je le sens qui veut se pencher sur moi pour me faire arrêter de me faire du mal, mais une nouvelle fois, je l’arrête d’un geste de main, et Yui lui hurle dessus de plus belle, agitant ses toutes petites ailes comme si elle pouvait effrayer qui que ce soit.

« Alex… C’est à cause d’Irina? C’est parce qu’elle est morte que t’es devenu comme ça? »

Le souffle d’Alex se suspend un instant puis il se met enfin à parler.

« Ça fait plus longtemps que ça. J’étais comme ça bien avant que… Riku. Irina elle… Irina n’est pas morte. »
« … »
« Tu dois me croire Riku. Toi, je ne te ferais jamais de mal. Mais je pensais que… Que tu me comprendrais. Après tout... Tu sais ce que c'est d'être seule, non? T'étais orpheline... La drogue, c'est pas aussi pour ça? »
« Mêles toi de ton cul... C'est pas... »

Et il dit vrai. Il ne m’a pas fait de mal, jamais. La ou il dit vrai, c'est aussi que ouais, je me défonce pour oublier ma solitude que rien n'arrive à remplir. Je suis différente des autres... J'ai l'impression de jamais être moi-même. Qui est la vraie moi? Celle qui fait la fête? Celle qui est gentille avec Samaël? La chieuse qui emmerde a répétition son cousin? La passionnée de coordination qui ne pense en réalité qu'à se mettre en valeur? Celle qui adore la musique mais qui est incapable de rester plus d'un mois dans un groupe sans le briser car on a trop peur qu'on  lui vole la vedette? Pourquoi c'est si dur d'être adulte. Pourquoi je ne peux pas m'empêcher de fuir ce que j'aime, de me fouttre en l'air la santé?


Et Alex, maintenant... Je ne perçois aucune amertume dans sa voix, aucun mensonge, je crois qu'il essaie vraiment. Mais il me terrifie. Moi, comprendre un criminel? J’ai jamais rien entravé d’aucun de ses actes. Il y a juste ce jour-là ou il est venu mle voir et qu’il avait si peur de perdre Chris qu’il m’a paru vraiment humain. Ses mots sont plus froids que la glace. Quel genre de fou avance que sa sœur jumelle est encore en vie alors que je sais très bien que le corps d’Irina a été retrouvé et enterré dans son pays natal. Et s’il était la cause de tout ça? Les pires choses se bousculent dans mon esprit. Alex, malgré tout ce qu’il dit, il aurait pu tuer Irina. Sans se rendre compte de ses actes, et donc il la pense encore en vie. Peut-être que j’ai trop vu de films thriller. Mais merde, y’a donc aucune explication logique?! Je fais pas dans la logique normalement mais… C’est vraiment pas possible de trouver une bonne raison à ça?! J’en ai besoin, là!

« Tu mens Alex. Elle est morte. Je l’ai vue. J’ai vu sa tombe, à Dusseldorf. On l’a visitée, avec Liza. »

Irina Martha Nagel. 2 février 1991 – 2 février 2009. Aucun épitaphe. Helmut et Martha n’en voyaient probablement pas l’intérêt, même pour leur fille.

« Elle ne peut pas être là-bas. C’est pas possible parce que… »

Je frissonne. Yui crie de plus belle. Je me retourne vers Alex et aperçoit l’expression mélancolique de son visage. Un sourire d’enfant rêveur s’est dessiné sur ses lèvres. Il lève le regard vers le ciel gris, presque noir.

« Elle est là, avec nous. Irina sera toujours là pour moi. »
« Arrêtes Alex! Putain! Je vais devenir folle avec tes conneries! Tu crois qu’Irina aurait voulu tout ça?! Toi tu… Tu fais n’importe quoi, merde! T’es complètement dingue! »
« Irina a changé. Elle a failli sombrer mais je l’ai rattrapée à temps. Nous avons toujours voulu la même chose, nous deux. Après tout, sans moi, elle n’est rien, et sans elle, je ne suis rien non plus. Nous sommes la même personne, tu comprends? Nous sommes indissociables. Irina s’est égarée par le passé, mais je lui ai pardonné, et maintenant que nous sommes à nouveau réunis, nous allons enfin pouvoir réaliser notre rêve. »
« TAIS TOI! C’est des conneries tout ça! Les morts ne reviennent pas à la vie! Ca n’arrive jamais! JAMAIS! Si tu savais… Si tu savais dans quel état était Liza en voyant la tombe d’Irina… Tu aurais compris à quel point ça fait mal quand quelqu’un qu’on aime meurt! Tu devrais le savoir! Et moi je… j’ai cru que tu étais mort! De toute façon tu… tu t’en fous, pas vrai. T’es pas capable de ressentir quoi que ce soit. »
« C’est faux. Tu crois que je serais venu ce soir pour toi, si je ne pouvais vraiment rien ressentir? »
« T’essaie de me dire quoi, là? »
« Au risque de me répéter, je ne te ferais jamais aucun mal. »
« Ahah. J’arrive pas à y croire. C’est pas possible de savoir ce qui est vrai ou faux avec toi. »

Les éclats de voix reprennent de plus belle et nous interrompent. Je me redresse un peu en tremblant, encore.

« Foutue ville de Resistants de mes deux… Riku, on doit se casser d’ici, va y avoir du grabuge. Les deux gars que j’ai zigouillé en étaient, faut croire… Maintenant ils… »
« Même pas… Même pas en rêve je viens avec toi! »
« Fais pas ta conne Riku! »

Alex fait un pas vers moi et saisit mon poignet. Cette fois, la force me manque et je n’arrive pas à me dégager. Je commence à crier et à alerter les passants  alors que l’autre me tire par le bras tout en faisant sortir son Kabutops à la vitesse décuplée sous la pluie pour nous protéger. Yui panique, elle cancanne de plus en plus fort, s’agite, allant jusqu’à attaquer le grand humanoide couleur boue aux bras tranchants, sans rien pouvoir faire. Je me debats, griffe, mord, hurle de plus belle.

« LÂCHE MOI PUTAIN! ME TOUCHES PAS SALE CONNARD DE MEUTRIER! »

Des lames invisibles de vent passent entre Alex et moi et entaillent le poignet du blondin. Il s’arrache brusquement à mon contact en se tenant à l’endroit de sa plaie, et alors, la pluie se fait plus forte encore, plus glacée, mais moi, je suis à l’abri de ce déluge, sous une magnifique aile blanche. Yui se tient à mes côtés, un éclat de fureur dans les yeux. Même à travers mes larmes et ma colère latente, je peux voir à quel point elle est devenue belle en évoluant. Elle est bien plus grande, peut maintenant me porter et me protéger, comme elle le fait, tranchant du revers de ses ailes et de son long bec l’air humide, puis elle me fait monter sur son dos, entre ses ailes d’ange pour s’envoler dans le ciel noir. Je ferme les yeux et m’agrippe plus fort encore à ses plumes. Est-ce que cet enfer va enfin s’arrêter? Je ne lève pas les yeux avant d’être sure que nous étions assez loin d’Alex pour regarder derrière moi. Yui vole au dessus de la ville, vers les montagnes, la pluie s’arrête bientôt. Je crois que j’ai perdu connaissance. Quand je me réveillé, le ciel est dégagé, nous volons dans des cieux étoilés, et la lune éclaire notre chemin. A nouveau, je m’effondre sur mon amie, et relâche les restes de mes larmes. Maintenant presque lucide. Qu’aurais-je dû faire? J’aurais pu…

« Yui… Yui… J’ai tellement peur… Protèges moi… Merci pour tout… Tu es géniale… Une vrai héroine… Pardon d’être un tel boulet… Pardon Yui… Pardon… Pardon Alex… »

Pourquoi à la fin, hein? Pourquoi… Je sens que demain, tout aura changé. J’ai tellement peur de ne plus jamais être la même. « Prends toi ça dans la face ! » semble me dire cette salope de vie. Comme si j’en avais encore besoin. Je ne veux pas… Je ne veux pas sombrer. Pas encore, pas comme ce soir. Je ne dois pas fuir la réalité… Pas encore. Je ne veux pas partir d’ici. J’ai tant besoin des gens que j’ai connu, de la coordination. Et d’Alex.

« Yui… Tu m’aideras, hein? S’il vous plaît, toi et les autres… Aidez moi à ne pas tomber… Pas maintenant. »

Je ne tomberais pas. Je ne tomberais pas. Au fait… Je suis ou, là?