Quand il pleuvra en enfer II

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Il est trèèèèèèès difficile de pousser Clive à aller quelque part quand il n'en a aucune envie. La majeure partie du temps, lorsqu'on lui propose de bouger, il évalue les points négatifs et positifs et généralement, vu que 'sortir' vaut une ou deux tonnes dans sa tête, sa réponse est souvent 'non'. Avec la plupart des personnes, en tous cas. Toutefois, et ça sa famille le sait très bien, il suffit d'insister un peu pour qu'il finisse par craquer et vienne ; ça ne fonctionne pas avec tout le monde, et rare sont les privilégiés qui ont ce pouvoir sur lui, mais le fait est là. Néanmoins avec ses pokémon, c'est une toute autre histoire et il est bien souvent compliqué pour lui de ne pas dire 'oui', surtout quand ceux-ci lui font les yeux de chien battu, technique qui est devenue oh combien horrible avec le temps puisque l'officier sait que lorsqu'il croise ces petits regards larmoyants, il est complètement foutu. Si ceux des humains en général ne le font même pas tiquer puisque, en élevant deux petits frères, on apprend vite à ne pas se laisser attendrir facilement si on veut au moins garder un peu d'autorité, ceux de ses compagnons d'arme, c'est une toute autre histoire. Il n'est pas aidé, en plus, vu les adorables créatures qui l'accompagnent, et croyez-le, résister aux puppys faces combinées d'un Farfaduvet et d'une Mélodelfe est tout bonnement impossible pour lui.

Aujourd'hui toutefois, ce n'est pas celle de ceux-là qu'il doit affronter, ou en tous cas il n'y a que Nathaniel, mais bel et bien celles d'un Ponyta tellement adorable qu'il en avait été transformée en guimauve complète, celle d'une Chamallot particulièrement gentille et celle, comme dit précédemment, de son Mélodelfe. Clive ne comprend pas pourquoi ils désirent autant que cela arpenter le sommet alors qu'ils avaient au départ prévu de passer davantage de temps dans la fournaise, mais il se dit qu'au final, peu importe ; ils pouvaient tout aussi bien traîner ici pour trouver des pokémon sympathiques ou s'entraîner. Bien évidemment, peu lui importait au final, mais il était juste curieux des raisons qui avaient poussé à cette envie subite. Quelque chose lui dit qu'il a intérêt à écouter la volonté de ses pokémon, et il était quelque peu curieux de ce qui pouvait autant susciter l'intérêt de ses compagnons ainsi que, surtout, celui des deux habitants du coin. Si il avait été un peu plus malin sur le coup, et si il avait remarqué les sourires au coin d'Ezekiel et de Castiel, il aurait compris que ce ne serait pas une mauvaise surprise du tout. Mais bien évidemment, vu qu'il ne parlait pas un traître mot du langage des pokémon, il était condamné à rester dans le mystère jusqu'à ce que ses compagnons daignent bien vouloir donner réponse à ses questions, ou bien qu'ils trouvent ce que les deux autres paraissaient absolument désirer trouver.

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Il ne comprend pas exactement la signification de cette manœuvre, mais il peut bien faire avec, même si c'est compliqué pour quelqu'un comme lui qui a tendance à tout vouloir savoir et qui déteste allégrement les surprises, de par le fait qu'il déteste qu'on le garde dans le secret, il prend sur lui et écoute ses pokémon qui n'ont absolument aucunement l'intention de le laisser partir comme ça, ou du moins pas sans qu'il ait trouvé ce qu'ils cherchaient avec autant d'insistance. Clive laissa échapper un soupir en marchant, un peu frustré, mais il savait qu'il ne servait à rien de râler puisqu'il n'aurait pas réponse à ses questions en agissant comme un gamin de cinq ans. Non, vraiment, ce n'était pas du tout la solution et il aurait été très sot que de croire le contraire. Alors même si les sourires de certains de ses pokémon l'agacent, il ne peut pas s'empêcher de se dire qu'au moins, quand il saura, il sera apte à comprendre.

Toutefois, ses pensées sont interrompues par l'arrivée inopinée d'un Goupix qui crut bon de venir se dandiner pour rien, sans explication quelconque, juste pour le fun. Clive cligna des yeux, déconcerté et pas impressionné pour un sou par l'attitude du Goupix, ayant déjà l'habitude de la Feunard de Mika et son ego disproportionnée. Il s'en fichait, en fait, du remuage de fesses du renard et de son arrogance ; si il commençait à être atteint par l'ego de tous les pokémon qu'il croisait, il n'irait pas bien loin, surtout qu'il avait fini par comprendre qu'il était inutile de chercher à changer quelqu'un, que ce soit un humain ou un pokémon, une fois qu'il avait atteint le stade de non-retour au niveau du comportement.
La majorité des pokémon parurent quelque peu surpris, tandis que d'autres, comme Cass et Atropos, s'en foutaient tellement que c'en serait presque impressionnant. Clive haussa les épaules et décida de continuer à marcher en incitant le Ponyta et la Chamallot à avancer au lieu de se concentrer sur ce renard, mais des grognements puissants vinrent alors atteindre ses oreilles. L'officier se retourna, surpris, avant de trouver la source de ces bruits et d'écarquiller les yeux, ne s'étant définitivement pas attendu à cette image.

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Les grognements ne cessaient pas de prendre de l'intensité, et Clive avait honnêtement l'impression que tout ça allait finir en 'catfight', excusez-le de l'expression. Si l'officier ne savait pas ce qui avait pu provoquer une telle animosité entre le Crocrodil et le Goupix, tout avait l'air de montrer que les deux étaient bien partis pour se battre. Castiel lui envoya immédiatement l'image du renard marchant sur les pieds du crocodile et lui laissant un regard médisant comme seule excuse. Comprenant soudainement mieux la raison de l'agitation d'Elijah, l'officier poussa un long soupir exaspéré et blasé, tandis qu'il se massait la nuque en se demandant combien de temps cette mascarade allait durer. Même si Clive ne supportait pas la violence inutile (ironie magnifique pour un assassin d'ailleurs), il n'avait pas l'intention d'arrêter ce combat. Il se disait qu'au moins, par ce défoulage de nerfs, le Crocrodil pourrait s'entraîner et se renforcer comme il le pouvait. Il n'y avait aucun doute sur le potentiel vainqueur de ce combat, et pourtant, il fut surpris de constater que même avec l'avantage de type, Elijah était en difficulté. Clive n'était pas assez naïf pour croire qu'un type suffisait à remporter un combat, et il en avait l'exemple même ici.
La vitesse du Goupix, bien supérieure à celle du Crocrodil, le mettait bien mal ; le renard fit usage d'Extrasenseur, qui apeura le reptile d'eau. Clive grinça des dents, reconnaissant là bien une des tactiques favorites de Faust, et il ne savait que trop bien que la peur était un élément des plus importants dans les combats, et on dirait qu'Elijah venait d'être emprisonné entre les griffes sombres et tranchantes de l'effroi. Clive se força à rester silencieux et immobile, à ne pas aller à la rescousse du Crocrodil qui se faisait quasiment humilier ; même ses tentatives d'attaques aquatiques étaient inutiles puisque le Goupix, avec son avantage net de vitesse, évitait avec une facilité presque gênante.

Même Hanna, qui faisait office de professeur pour Aty et lui, grinçait des dents. Si cela continuait comme ça... Mais elle n'avait pas l'intention de le laisser continuer comme ça. Elle aurait pu lui donner des conseils amicaux, l'encourager à distance ou quoi que ce soit du même genre, mais ce serait très mal la connaître. Une colonne d'eau vint alors s'abattre sur Elijah, l'envoyant percuter un rocher, surprenant tout le monde sauf Castiel et Clive qui se contentèrent de serrer les dents. Le Crocrodil se releva difficilement, essoufflé, et tangua avant de jeter un regard indigné vers sa mentor, l'air courroucé. Celle-ci se contenta d'une expression dédaigneuse et renfrognée. En grommelant, Elijah se remit sur ses jambes et se stabilisa, avant de pousser un cri de colère à l'encontre du Goupix qui gardait toujours sur son visage un rictus arrogant. Les yeux de Clive s'écarquillèrent alors qu'il remarquait l'aura bleutée et vivace qui s'échappait d'Elijah ; torrent. Il n'avait que rarement eu l'occasion de le voir en entraînement, mais aujourd'hui... Et, alors que le hérisson aurait cru qu'il attaquerait immédiatement, une éblouissante lumière blanche enveloppa le reptile, qui se mit alors à grandir et évoluer pour devenir un Aligatueur, sous les regards ébahis et émerveillés des autres, quoique le Goupix fut plus apeuré qu'autre chose.
Il fit bien, d'ailleurs, puisque après avoir adressé un sourire moqueur à son adversaire, une cascade vint s'abattre sur le renard, l'envoyant voler à quelques mètres de là. Un silence s'en suivit, durant lequel on ne pu entendre que la respiration haletante d'Elijah. Le Goupix finit par se relever en grommelant, avant de partir. Il refusa même qu'on l'aide, et Clive poussa un soupir las. Après s'être retourné vers l'Aligatueur nouvellement évolué, il sourit doucement, définitivement attendri et fier.

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Dire que Clive était fier de son pokémon serait un honteux euphémisme absolument ridicule et qui nécessiterait qu'on en rit, ou du moins qu'on en glousse, ou un équivalent que la joueuse ne parvient pas à trouver. Il restait toutefois un peu en arrière, en caressant machinalement la tête d'Ezekiel qui s'était collé à sa jambe en recherche d'affection. Hannael et Atropos sont les premières attroupées autour de l'Aligatueur, qui, malgré sa fatigue notable, observe sa nouvelle apparence d'un air émerveillé. Il ne fait pas attention aux coupures et aux traces de terre sur son corps, et s’intéresse plus à sa mâchoire ainsi que sa nouvelle force, amplement supérieure à celle qu'il possédait en tant que Crocrodil. Le reptile a tout l'air encore un peu sur le choc, puisqu'il ne dit pas un mot et se contente d'un sourire stupide, la bouche ouverte. Même la Mustéflott s'amuse de son état de quasi choc, et ricane légèrement. Nathaniel et Castiel eux, se perdent dans des félicitations qui gênent, font rougir et gesticuler le grand crocodile d'eau qui ne sait décidément plus où se mettre, provoquant davantage l'hilarité des autres membres de l'équipe. Les deux originaires du volcan se tiennent un peu à l'écart, mais ils sont vite embarqués par la bonne humeur générale, et Clive se gifle mentalement pour cesser de sourire aussi niaisement et stupidement. C'est un peu compliqué, comprenez-le bien, mais c'est une bestiole têtue qui tient tout de même un minimum à son image et à sa fierté, aussi stupide que ce soit.

Et tandis que cette contemplation aux airs de scène de shonen stupide et clichée se déroulait, une Aflamanoir à l'air particulier, comprenez par cela un spécimen chromatique de l'espèce, venait de sortir de l'immobilisme dans lequel la vision de l'Aligatueur l'avait plongée. Et dès lors, la femelle se jeta près d'Elijah, et se mit à danser. Les réactions ? Eh bien, le concerné ne comprit absolument rien, et pencha légèrement sa tête sur le côté tandis que son dresseur, tout aussi bête que son pokémon, cherchait à comprendre la raison de cette agitation subite de la part de l'Aflamanoir. Nan mais sachant que ces deux-là étaient particulièrement doués dans ce domaine (sarcasme, mon ami), il était normal que le comportement de cette Aflamanoir leur paraisse simplement loufoque. Même Nathaniel, Ephraim et Ezekiel ne comprirent pas. Seuls Castiel et la Chamallot ne pouvaient s'empêcher de glousser, jusqu'à ce que les autres ne finissent par pousser le Gardevoir à leur expliquer. Castiel calma progressivement son hilarité avant d'envoyer aux autres l'image mentale bien ridicule et coconne d'un cœur de couleur rose pétasse, ce qui provoqua... Une vague d'amusement généralisée, hormis chez l'Aligatueur qui se mit alors à rougir brusquement, gêné et mortifié.
Et tandis que Clive gloussait le plus discrètement possible pour ne pas embarrasser davantage son ami puisqu'il ne savait que trop bien à quel point ce genre de situations pouvait être gênante, Elijah devait tant bien que mal expliquer à l'Aflamnoir qu'il n'était pas intéressé, et ce de manière douce. Mais aussi gentil qu'il fut, la réaction resta des plus ridicules ; l'Aflamanoir se jeta à ses bras pour s'y accrocher. L'officier soupira un peu, et se retint de pouffer de rire moqueusement ; ç'aurait été cruel, et puis maintenant, c'était juste désespérant. Il faudrait donc trouver un moyen de partir, si possible SANS cette Aflamanoir.