Cette envie de me dépasser m’obsède. Durant de longs mois, j’ai cru qu’être une championne d'arène m’interdisait de me développer dans le domaine du combat. J'ai cru que mon rôle me bloquait dans ma propre évolution. Je m’étais figée, J’étais prisonnière d’une pensée fausse qui m’empêchait de progresser un peu plus chaque jour, comme au temps où j'étais l'apprentie de l'ancien champion. Seuls les dresseurs avaient l’autorisation de voir leur équipe se performer, tandis que moi, championne, devais me contenter de les assister, en leur plaçant toujours les mêmes obstacles, les mêmes attaques, les mêmes surprises qui n’en étaient même plus, au bout d’un certain temps. Mes défaites avaient pour source toujours les même défauts, des stratégies incomplètes qui abattaient mon équipe avec aisance et facilité. Les mêmes problèmes. L'ancien champion m'a-t-il dit, une fois, que je devais résigner à accepter ces imperfections flagrantes, au lieu de les résoudre ? Je me suis récemment rendue compte que non.

Car je refusais de devenir, à ce train, une source d’ennui pour mes challengers.

Alors me voici, sur le stade, vêtue fièrement de mes nouveaux habits. Je remarque que les nombreux spectateurs ont encore du mal à s’habituer à mes vêtements décontractés et normaux. Un pull noir, une chemise blanche, une mini jupe rose et des escarpins assortis à celle-ci. Je me tiens droite sur la scène, confiante, attendant avec impatience de découvrir le visage de mon adversaire. On m'a très peu parlé de lui, comme si cela n'avait guère d'importance. J'ai un peu boudé mon informateur, mais je me suis résignée à accepter son manque de description.
Et lorsque je l’aperçois, une sensation de nostalgie m’envahit toute entière. Mon sourire disparait, pour transparaitre un visage interrogateur. L’ai-je déjà vu ? J’en ai l’impression. L’étrange impression qu’il fait partie d’un passé récent, d’un passé que je n’ai même pas pris la peine de retenir. Son adorable visage m’est familier, mais son nom m’est inconnu.

– Vous ne vous rappelez peut-être pas de moi, mais je m’appelle John Armstrong. Je suis ici pour retrouver la Volonté de combattre.

John, cela me revient. Un dresseur talentueux, on disait. Un dresseur qui n’a su être de taille face au conseiller ténèbre. Etrange. Ma mémoire défaille un peu, je sais que je ne peux toujours me fier à elle. Et pourtant, je ne me souviens pas avoir lu autant de calme et de désinvolture sur son visage. La volonté de combattre ? Je souris à l’entente de ce jeu de mots, avec le badge Volonté. Je comprends mieux. John a perdu cette étincelle des combats face au conseiller ? Peut-être, cela expliquerait son attitude si sage pour un dresseur venant de s’inscrire à la compétition de cette année.

– Eh bien, j’espère que je t’aiderai à la retrouver. Je me souviens très brièvement de toi.

Lorsqu’il lance sa poké-ball pour envoyer un Pharamp, j’en fais de même pour envoyer Farfaduvet. Je relève la tête, un sourire déterminé aux lèvres.

– Mais assez pour trouver que ce serait dommage de sacrifier un tel talent.

Pour être franche, je me soucis très peu de lui. Ce n’est qu’un humain parmi tant d’autres, un humain corrompu comme je les hais tant. Néanmoins, le défi à relever était intéressant. Arriverai-je à lui redonner le goût de combattre ? Il y a de quoi nourrir mon égo, après tout, de quoi en apprendre plus sur cette espèce.

– Tu connais les règles.