« Hey,
J’ai pas trouvé d’autre truc pour dire bonjour, tu m’excuseras. Y’avait tous les « cher Sky », les « salut » et compagnie, mais j’ai préféré ce truc enfin, bref, on s’en fout, pourquoi j’écris ça de toute façon. Probablement parce que j’essaie de t’écrire de la même façon que je te parlerais si t’étais en face de moi. Pas adroitement, donc. J’ai toujours été un gros naze avec les sentiments, t’en as bien fait les frais. Quoique, on dirait bien que je suis plus sympa à l’écrit qu’en direct, non? Sky, je t’écris une lettre, mais franchement, comme est-ce que je peux espérer une seconde que tu la reçoives un jour alors que j’ai aucune foutue idée d’où je pourrais l’envoyer… Peut-être que dans dix ans, tu vas tomber dessus et… Je suis con, hein. J’imagine que tout ce bordel écrit sur un pauvre papier ça pourrait être résumé en quelques mots. Tu me manques, t’as pas idée à quel point. Ok, c’est mort, j’enverrais pas cette lettre, j’oserais jamais. Aimer ça rend con, j’imagine, surtout dans notre cas. Je sais que j’ai promis que je t’emmerderais plus. Je ramène trop de mauvais souvenirs avec moi. Et en plus j’écris mal. C’est pour ça au départ que je voulais pas t’écrire, parce que je voulais pas que tu vois mon écriture de débile.  En fait, je voulais juste te dire qu’il y a peu, Persée a évolué. Elle est super belle, et avec elle, je parle souvent de toi, tu lui manques, mais elle a l’air bien, avec moi . J’ai commencé la compet’ et je la ferais bientôt combattre. C’est une superbe guerrière, mais tu sais qu’elle a été à la bonne école, hein? Aussi, je voulais juste t’engueuler. T’as pas idée de laisser tout en bordel dans la baraque que je t’ai gracieusement loué?! Connard, va, c’est qui doit se taper tout le rangement, maintenant?! Ouais, je sais que ça te ferais bien marrer de me voir habillé en boniche, mais va te faire mettre! Bref, je pensais justement tout mettre au feu. Parce que si tu l’as pas emmené c’est que ça te servira plus jamais. Tu reviendras pas, hein? Sauf si la guerre se finit un jour. Parfois, j’ai presque envie d’y mettre fin. Oh, rêves pas, j’ai jamais pensé à quitter le Régime, j’ai bien trop à y faire et je m’y amuse trop mais… Par mes propres moyens, tu vois. Si ce pays était le mien, eh bien, je pourrais décider de ce qui s’y passe, et je ferais en sorte de faire fermer leur  grosse benne à ordure à tous ces niais qui font la guerre pour l’amour et l’amitié de leur belle patrie, Résistants et Régimeux compris. Comme ça, tu reviendrais peut-être. Je pourrais enfin te présenter Riku, chose que j’ai jamais trouvé le temps de faire. Mais on était pas vraiment dans nos bonnes largesses, à ces moments là. En fait, je rêve. Si on se revoit un jour, impossible que tout soit comme avant. C’est fini. Putain, on dirait une lettre d’amour débile qui finit en lettre de rupture tout aussi débile. Merde. Je suis censé faire comment pour t’oublier, moi?  … »

Ouais, hein, je fais comment? Facile pour lui, moi aussi j’aurais pu me barrer. Pour commencer, je sais même pas pourquoi en arrivant dans la maison qu’il habitait avec Peter, que je visite bien trop souvent pour mon propre bien, juste pour voir ce qu’il a laissé, comme si j’avais peur de l’oublier, en fait. Comme si j’espérais le trouver là. Avec amertume, je chiffonne le bout de papier que j’ai noirci de lettres maladroites et le balance avec le reste du tas que j’ai commencé à faire sur le sol, avec les autres affaires à balancer. Tout ça n’a plus rien à faire là, ça ne sert plus a rien ni a personne. Assis devant la table de la cuisine, fixant la chaise devant moi, là ou Sky s’asseyait, aucune expression ne vient trahir les sentiments contradictoires qui m’envahissent.

« T’es vraiment trop con. »

Je sais même pas pourquoi je prononce ces mots à voix haute. Personne ne peut les entendre. Sauf Elijah et Sophie, qui m’ont escorté jusqu’ici. Les deux chiennes ont eu leur différents mais semblent désormais bien s’entendre. La mignonne Malosse grimpe doucement sur la table pour ensuite se blottir contre moi, en sautant sur mes genoux. Sophie grogne dans son coin, sans en faire de même, mais je sens son regard qui me soutient de loin. La jeune Malosse n’a pas connu Sky, mais elle est assez intelligente pour deviner que je chercher en ce lieu quelqu’un qui n’est plus là. Sans me jouer un de ses mauvais tours, la petite chienne de feu frotte sa tête contre moi de plus belle, tentant de me donner le réconfort dont j’ai besoin. Je passe une caresse affectueuse sur sa tête et son dos, remarquant une nouvelle fois a quel point elle a grandi et semble s’être endurcie depuis que je l’ai rencontrée, au volcan. Ses bagarres avec Sophie l’ont endurcie, j’ai pu voir son potentiel de combattante. Mon sourire s’élargit un peu, attendri par le mal que se donne le Pokémon feu pour moi. Je ne sais pas si c’est ce qu’elle cherchait en me réconfortant, mais je me sens décidé, à présent. Elijah, Sophie et moi sortons doucement de la maison, fermant la porte à clé.

« Elijah, tu sais ce qu’il te reste à faire. »

La petite chienne de feu aboya gaiement et rassembla ses forces, pour souffler une splendide jet flamboyant sur la maison qui n’en serait bientôt plus une. Au moment ou les flammes  commencèrent à sortir de sa gueule, je la voix commencer a briller, sa silhouette changer et prendre de la masse. J’admire son évolution et le feu qu’elle a déclenché prendre plus de puissance encore, la maison est bientôt totalement englobée par le brasier, et la Démolosse re, Elijah, lève la tête fièrement, avant de hurler à la manière d’un loup, en contemplant son œuvre. Après lui avoir souri et passé une dernière fois la main sur sa tête en guise de remerciement, je regarde la baraque se consumer. Elle disparait lentement, chaque souvenirs que j’ai avec  Sky entre ces quatre murs me repassent devant les yeux comme dans un film romantique débile… Merde, pourquoi faut que j’ai envie de chialer comme tous ces loosers… Ce devait être fait. Je le sais, et j’en suis heureux. Cela va me permettre d’avancer. Et si ce geste parvient à Sky d’une façon ou d’une autre, il saura au moins qu’il n’est plus attendu à Enola, que rien ne le force a revenir. Qu’il est libre.  Après un bout de temps et que la maison s’est bien consumée, j’entends Sophie bâiller et réclamer qu’on rentre au bercail. Après avoir vérifié que ce qui reste du faut n’allait pas faire flamber toute la forêt, je récupère la clé restée dans ma poche, et l’envoie sur les braises, se consumer avec le reste. Cette fois, c’est bel et bien un adieu.. Avec la vie que je me réserve, le temps ne m’importe plus, car je ne mourrais pas avant d’avoir réalisé mes rêves. Alors… Une décennie ans, un demi-siècle… Quelle différence cela fait. Je le reverrais un jour, je le sais. Mais pas tout de suite.