Cela faisait une bonne dizaine de minutes que White Dragon suivait cette patrouille blanche arrêtée devant un bâtiment en mauvais état dans les quartiers reculés d’Anula. Ils n’avaient pas l’air belliqueux pour le moment, et étaient plus armés que ceux de la dernière fois, cela poussait Léo à être prudent et à ne pas se montrer tout de suite. D’où il était, les soldats ne pouvaient pas le voir, et les pouvoir psychiques de Luis lui permettaient d’entendre tout de même ce qu’ils se disaient, de façon à en savoir plus sur le pourquoi de leur présence ici. Pour passer le temps, les deux soldats masqués s’échangeaient quelques banalités sur le temps de la semaine et crachaient gentiment sur leurs supérieurs hiérarchiques, prenant bien garde à ne pas parler trop fort non plus, il semblerait que celui qui les a accompagné ce soir-là est particulièrement « chiant » mais « dangereux », pour les citer. Puis à force d’être aux aguets d’un ennemi qui ne vient pas, les soldats finirent à en venir à une sujet bien plus intéressant. Qui ne manqua pas de flatter la vanité justicier qui se mit à sourire sous son masque.

« Eh, t’as entendu parler de ce qui est arrivé à Henri et Scott, l’autre jour? »
« M’en parle pas, ça me fout les jetons de me balader dans les rues avec ce putain de White Dragon qu’est ptet dans les parages. »
« On est mal barrés, sérieux… Avec White Dragon qui traine à Anula, et en plus on doit se trimballer Silvery pour cette mission… Sérieux, ce mec me fout les jetons. Je croyais qu’il était crevé depuis le temps… mais il est revenu. Tu sais qu’à l’affaire du Bloc R, il a tué deux soldats? Je comprends que les supérieurs lui fassent moyennement confiance et le forcent à prendre une patrouille pour lui eviter les conneries… Mais sérieux, je m’en passerais bien… »
« Tu l’as dit… je déteste ce mec. C’est un connard de taré. »
« Bordel, j’ai hâte de rentrer à la maison… Pourvu que White Dragon se ramène pas… Sinon je suis même pas sûr de pouvoir revoir ma femme et mon gamin… »
« Arrêtes ton char, tu me fous les jetons! Il a eu de la chance la dernière fois, ce foutu Power Ranger! On est armés et prêt à le recevoir… Moi, j’peux te dire que si il se présente devant moi, je te l’envoie au cimetière vite fait, bien fait! Rien à carrer si Silvery voulait en faire son nouveau jouet! »
« Ouais, bordel! Des couilles! »

Les deux soldats blancs se reprirent vite et commencèrent à ricaner en chantant des chansons quelque peu vulgaires, pour passer le temps. Léopold resta quand même dans les parages car cette histoire de supérieur dangereux l’intriguait. Il ne savait pas ce qu’il était venu faire là, mais de ce qu’il avait compris, on l’avait envoyé « discuter » avec un certain groupe de hors la loi local. Après quelques autres minutes, les chants des soldats s’arrêtèrent immédiatement et quelqu’un sortit du bâtiment, avant de railler les soldats sur leur capacité à assurer leur propre boulot. Léo reprit son observation, et aperçu le supérieur en question. Certainement que son accoutrement était blanc comme celui des autres Régimeux il y a encore une heure, mais désormais, ce dernier était maculé de sang. Le col remonté de sa veste couvrait la partie inférieur du visage de l’homme, et il portait une paire de lunettes de soleil qui cachaient ses yeux. La seule chose qui pouvait donner une information sur son identité étaient ses cheveux blonds, visibles. Apparement la seule chose qu’il avait souhaité garder hors d’atteinte des jets de sang.

« Je vous jure, les supérieurs, m’envoyer dans cette pauvre ville paumée pour m’occuper d’un gang de pauvre types tout juste bons à supplier pour leur vie et tout déballer, alors que j’avais encore rien fait… C’est pas les assassins qui sont censé faire ce genre de boulot chiants? Je veux bien leur faire passer un interrogatoire, moi, avec plaisir, mais si ils disent tout avant même que je leur prenne un ongle… Quel intérêt… Hein? Machin, t’en penses quoi?! »
« Euh… Ouais… Ouais, c’est vrai, M’sieur Silvery. »
« Tch… Penses par toi-même, arshlore, au lieu de me lécher les bottes! Je sais très bien les cirer moi-même, j’te remercie! Bon… On rentre, ça m’a donné faim, tout ça! »

Finalement, ce type a juste l’air de ce qu’il est avec cet accoutrement ensanglanté : d’un fou furieux. C’est ce que se dit Léopold. Le genre de type à l'opposé total de White Dragon et du concept même de justice, sans aucune notion d'étique ou de valeurs, et ce genre de discours mégalo a tendance à irriter le Justicier. Qui descendit alors dans la ruelle déserte, pour arriver dos à l’attroupement, son Kirlia à ses côtés, et surprendre un des deux soldats, lui glissant sa lame sous le cou. L’autre soldat se retourna et se prépara a brandir son arme vers lui en  disant qu’il allait payer pour son affront à leurs potes, mais l’Officier lui fit signe de d’un ordre ferme et hautain, il ne semblait absolument pas effrayé, plutôt heureux, en fait.

« Eh, mais tu tombes à pic toi! Si j’ai accepté de venir c’est que j’ai entendu parler de tes exploits, le jumeau blanc de Denver! »
« Denver est un dinosaure, pauvre couillon. »
« Roh, t’es pas marrant! Sinon, fais ce que tu veux de Bidule, qu’il meure ou qu’il vive, je m’en tape complètement! »

En haussant les épaules, Léo libéra le soldat, qui fila rejoindre son collègue, l’arme à la main. Puis, l’officier s’approcha sans aucune peur du Dragon. Il ne pouvait pas voir soin visage, mais il serait prêt à parier vu le ton de sa voix, que le blond jubilait.

« Eh, les gars, rentrez donc chez vous et laissez-le moi. »
« Mais, lieutenant… »
« C’est un ordre. »

Les soldats finirent par laisser le tortionnaire face au justicier. Ce premier se rapprocha encore, sans prudence apparente.

« Alors, comme ça, t’es un justicier? Parait que t’es pas mauvais. Ça tombe bien, après cette mission pourrie, j’ai besoin de m’amuser un peu! »
« Je vais vite mettre fin à ton amusement alors. »

Léo avait répondu à la provocation, et lança sans attendre le tranchant de son épée vers le visage de son adversaire. Il y eut le bruit du métal rencontrant le métal, et la lame fut arrêtée par un couteau que le blond venait de faire apparaitre dans sa main, à quelques centimètres de son visage. Il ricana par-dessous son masque et fit dégager l’épée de son adversaire pour se mettre en position de combat, un couteau jumeau au premier dans son autre main. White Dragon recula d’un pas, sans baisser sa garde. Luis observait la scène, anxieux de ne rien pouvoir faire. Mais le combat allait se partager entre les deux humains uniquement… Et puis, il lui fallait aussi veiller sur le Kabutops de l’autre dresseur, embusqué une rue plus loin. Pendant ce temps, les deux hommes échangeaient des nouveaux coups, les lames s’entrechoquaient rapidement et sans pause. Léo n’avait pas trop de problèmes à garder la cadence, et son adversaire ne parvenait pas à percer sa garde. Néanmoins, lui aussi lui donnait du fil à retordre. Silvery basait tout sur l’attaque et l’esquive, et n’hésitait pas à placer des feintes pour tromper son adversaire. Grâce à son allonge, le justicier gardait des distances lui permettant de mettre en péril plusieurs fois la tactique de son ennemi, et ce dernier ne parvenait pas a s’approcher suffisamment pour placer une attaque qui serait certainement fatale. Léo parvint à placer un coup d’estoc en direction du visage de son adversaire, mais ce dernier l’esquiva vivement en se jetant en arrière, et enchainant avec un pont pour se remettre immédiatement sur pied et reprendre son élan pour contrattaquer et profiter de la surprise du Dragon. Ce dernier jeta son bras protégé par un gantelet et travers de la trajectoire d’une lame, pour répliquer d’un nouveau coup d’épée dans la direction de l’épaule dégagée du blond. Encore une fois, le couteau l’empêcha d’atteindre son but, néanmoins, le tortionnaire n’était pas dans un position qui lui étai très favorable désormais, et en tentant de retenir la pression qu’exerçait Léo sur son épée, la main tenant le couteau trembla quelque peu et perdit en puissance, approchant de plus en plus la lame de son épaule mise en péril…  Les deux lames grinçaient l’une contre l’autre et le régimeux se dégagea d’un mouvement latéral, pour reprendre de nouveau du recul. Les deux adversaires prirent un temps pour reprendre leur souffle et s’observer.

Le combat aurait continué, si le Kabutops de Silvery n’avait pas bondit en direction de White Dragon, dans le but de protéger son maitre. Ce dernier hurla le nom de son Pokémon pour lui dire de le laisser terminer SON combat, mais visiblement, le Pokémon fossile ne l’avait pas entendu, et souhaitait s’amuser aussi. La riposte ne vint pas du justicier, cette fois, mais d’un élat blanchâtre surgissant juste devant lui. Une fois l’éblouissement passé, Léo put apercevoir et admirer le magnifique Gallame qui venait d’apparaître, tenant les restes d’une pierre encore brillante contre lui, un cadeau offert par son dresseur depuis quelques jours, dont il ne s’était pas séparé depuis. Un de ses bras-ravisseurs brillait d’une aura violette, et avait arrêté psychiquement le bras tranchant du Kabutops. Grâce à une autre choc mental, il repoussa son ennemi de façon à mettre son maître en sécurité, puis se mit en garde à sa tour, imitant les gestes de White Dragon d’il y a quelques minutes. Les deux Pokémon étaient prêts à combattre à leur tour, mais furent rappelés à l’ordre par leur maitre respectif. Aussi, un attroupement de civils apparut à l‘autre bout de la rue. Le blond fut le premier à soupirer avec dédain : cela signait la fin du combat, tout ça venait de les couper dans leur élan, et après avoir échangé un regard entendu, ils partirent chacun de leur côté.

Léopold mit un petit temps à rentrer, se faisant discret en passant par les égouts. Il se retrouva ainsi dans sa cave secrète, et retira son costume. L’adrénaline était retombé, et il sentit alors une douleur dans son avant-bras. Il découvrit alors une coupure à ce niveau, une blessure superficielle, mais qui prouvait que son adversaire l’avait tout de même atteint. Luis s’empressa d’aller chercher de quoi désinfecter la plaie, qui était loin d’être alarmante… Physiquement du moins, car mentalement, la fierté de White Dragon en prenait un peu pour son grade. Il lui faut encore progresser. Mais, pour le moment, Léopold avait plutôt envie de féliciter le Gallame pour son évolution, et de le remercier d’avoir surgi pour le protéger. Au même moment, l’adversaire du Justicier Anulien rentrait à son domicile, et remarquait une plaie jumelle a celle de son ennemi de ce soir. Et un mauvais sourire se forma sur ses lèvres, promesse qu’il ne resteront pas sur ce match nul.