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Feat Yuna Utako

Si on avait demandé à Mikael ce qu'il pensait de Yuna Utako, la jeune femme qui tenait le centre pokémon de Vanawi, donc l'une de ses collègues en quelque sorte, il vous aurait probablement répondu qu'il pensait qu'il s'agissait d'une jeune femme tout à fait respectable et talentueuse, qu'il respectait donc énormément et à qui il souhaitait beaucoup de réussite dans ses recherches.
En vérité, il aurait été plus honnête de dire qu'il se fichait pas mal de ses collègues, mais Mikael était loin d'être un modèle d'honnêteté, vraiment. En réalité, il n'accordait que peu d'importance à ses collègues, mais son boulot d'informateur le poussait à devoir les garder à l’œil : après tout, les recherches des scientifiques intéressaient le Régime, et Mikael, en tant que digne chien de celui-ci, allait chercher le bâton lorsque l'on lui disait de le faire. De plus, si lesdites recherches pouvaient se révéler utiles aux résistants, cela serait particulièrement problématique et il fallait donc qu'elles ne tombent pas entre leurs mains. Et puis de toute façon, s'il arrivait à débusquer un résistant ou à mettre quelqu'un de leur côté, Mikael n'allait pas s'en priver.
Ainsi, à force de réunions entre collègues et grâce aux recherches d'Adam, son assistant, il put arriver à se faire une idée de ce à quoi la jeune femme pourrait lui servir. D'après ce que lui avait dit le jeune homme, elle avait refusé de communiquer ses recherches au Régime et il y a avait de minuscules chances pour qu'elle sympathise avec la résistance. Toutefois, pour le deuxième point, il  n'avait pas de preuve, mais la gentillesse naïve et la bonté presque nauséabonde de Yuna suffisait à Mikael pour qu'il comprenne que quelque part, elle devait au mois être un peu, même un tout petit peu, du côté de ces saletés de résistants. En gros ? Elle pourrait (peut-être) se révéler utile, d'une façon ou d'une autre. Et il fallait la mettre un peu plus du côté du Régime, aussi.
On ne court pas un marathon en se tirant une balle dans le pied, après tout.

Toutefois, il faillit abandonner l'idée, réalisant qu'il n'avait pas de quoi l'amadouer et que, c'était bien connu, tenter de se rapprocher aussi brusquement était une mauvaise idée. Personne, ou en tout cas peu de gens était suffisamment naïf pour croire qu'un rapprochement soudain ne cachait pas une mauvaise intention. Ou en tout cas il espérait que ce n'était pas le cas de la jeune femme, car alors, il aurait donné un œuf pour rien.
Car oui, c'était la dernière nouvelle d'Adam qui, une fois que Mikael l'eut entendu, fit naître un rictus massif sur ses lèvres. Il remercia promptement son assistant qui quitta rapidement son bureau. Alors comme ça, elle cherchait un Goupix, hein ?
Le hasard était tout de même magnifique. Il se trouvait que ces temps-ci, Atlas avait tendance à danser le tango à l'horizontal avec Astrée, pour dire ça poliment. Pour tout dire, Mikael n'avait pas vraiment été surpris : Atlas avait toujours eu tendance à abuser un petit peu de sa capacité Morphing, et ainsi il n'était pas rare que ce genre de mésaventure arrive. Au final, il avait décidé de ne plus s'en occuper, et de toute façon, les œufs pouvaient toujours lui servir d'une façon ou d'une autre. Comme dans ce cas-là.
Il attendit le lundi, toutefois, avant de bouger. En effet, il fallait quand même faire un petit bout de chemin et Mikael n'avait pas que ça à faire en plein week-end, là où le centre était particulièrement fréquenté. Il ne fallait pas pousser, tout de même.

Ainsi, il patienta quelques jours et laissa le centre pokémon à Adam pour la journée, sachant pertinemment que celui-ci pouvait se débrouiller. Le lundi était généralement une bonne journée dans leur profession, majoritairement parce que les gens étaient trop fatigués et de mauvaise humeur pour être imprudent et, pour l'exemple, s'aventurer dans la jungle d'Anula sans objets de soin.
Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait témoigné de la bêtise de ce genre de dresseur : le chiffre serait astronomique et il avait déjà assez de soucis comme ça. N'allons pas chercher la petite bête.
En arrivant dans le centre d'Anula, l’œuf de Goupix consciencieusement enveloppé dans une petite couveuse transportable et recouvert par un drap sous ses bras. Autant ne pas gâcher la surprise.
Affichant son plus beau visage innocent, ce qui lui donnait presque l'air sympathique, il s'approcha de Yuna et la gratifia d'un sourire amical avant d'expliquer les raisons de sa présence ici.
Allez, on serre les dents et on sort un joli petit mensonge bien ficelé.

« Excusez-moi de vous déranger, mademoiselle Utako, mais j'aurais besoin de votre aide pour résoudre un problème épineux. Pourriez-vous m'accorder un peu de votre temps ? »

Et hop, on affiche à nouveau le joli sourire charmant.
Cela devenait presque une habitude, avec le temps.

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Feat Yuna Utako

Sans donner plus d'explications quant aux raisons de sa présence, Mika suivit Yuna sans un mot, prenant toutefois le temps, par curiosité, d'observer le centre pokémon de la jeune femme. Il ne put que constater l'incroyable différence entre le sol d'Anula et celui de Vanawi. Encore un point qui les différenciait, mais c'était une toute autre histoire. Il ne porta pas attention à l'assistante de la jeune femme, n'étant que là que pour la gérante des lieux. Ce fut avec une certaine hésitation, toutefois, qu'il entra dans le laboratoire et s'assit dans un fauteuil. La Fouinard de Yuna vint le renifler et Mikael dû résister à l'envie qui le prenait de chasser la grande fouine d'un petit coup de pied.
Lorsque Yuna commença à parler, Mikael fut à la fois rassuré et apitoyé. Ainsi donc, ce qu'avait dit Adam était vrai, elle faisait parti de ces gens qui portaient toujours un sourire et qui voyait la vie en rose. Du moins, c'était ce que Mika supposait, et tout cela amené uniquement par des préjugés. Pourquoi pensait-il cela ? Parce que de son côté, si on l'avait dérangé pour lui demander de l'aide en pleine jouée et que le faire ne l'arrangeait pas d'une façon ou d'une autre, il aurait claqué la porte dans le nez de ladite personne. Potentiellement volontairement.

« Café. » répondit-il d'un ton désinvolte.

Pour tout dire, le fait qu'elle lui propose une boisson chaude lui avait fait gagner des points, mais sachant qu'elle partait de très peu car Mika était un sale con et qu'il n'aimait pas les gens naturellement gentils, probablement parce que cela lui rappelait qu'il n'avait donc aucune excuse pour agir comme il le faisait. Le médecin d'Anula jeta quelques coup d'oeil discrets aux environs, pour garder en tête les lieux. Le Noctali qui se trouvait sur les genoux de la chercheuse attira son attention quelques secondes, mais il n'y porta pas tant attention que cela. Il avait été colocataire, pendant un certain temps, avec un étudiant dont les études se portaient sur les pokémon chromatiques. Une fois qu'elle eut fini de parler, un petit sourire amusé étira ses lèvres, et celui-ci était réel, pour une fois. Il posa la couveuse recouverte d'un drap sur la petite table basse, en veillant à ne pas faire tomber quoi que ce soit.

Silencieusement, il retira le drap qui couvrait la couveuse et le posa à côté, révélant alors l’œuf tacheté de rouge et de brun qui s'y trouvait. Adam en avait pris soin seul, sachant que Mika ne voulait pas perdre son temps.

« Je m'excuse de vous avoir dérangé, mais il y a près d'une semaine maintenant, je me suis retrouvé à devoir garder cet œuf. En effet, ma Goupix est restée quelques temps dans une pension avec mon Métamorph et, enfin, vous voyez ce que je veux dire. »

L'envie qui le prenait de résumer tout cela de façon vraiment très crue était puissante, mais le self-control qu'il avait le poussa à choisir une approche moins vulgaire. Cela aurait été probablement une mauvaise idée.

« Le problème est que je me retrouve dans l'incapacité de m'occuper de cet œuf, voyez-vous. Au départ, je pensais l'apporter à un ami, mais il s'est désisté. »

Mensonge. Dire directement qu'il avait entendu dire qu’elle cherchait un Goupix aurait été un peu trop suspect, du moins de son point de vue : il était légèrement paranoïaque. Il gratifia la scientifique d'un petit sourire amical : ni trop grand, ni trop petit, ni trop tordu pour être considéré comme moqueur. Juste assez pour tenter d'installer une certaine complicité.

« En rentrant, j'ai dû passer par ici et il m'est venu une idée. »

Encore un mensonge. Il une petite pause qui était tout à fait volontaire, destinée à garder l'attention de son interlocutrice.

« Pourriez-vous vous en occuper ? Je sais que c'est beaucoup demander, et je comprendrai tout à fait si vous refusiez. »

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Mika avait la mauvaise manie de considérer les afflux d'émotions fortes comme pathétiques, et le fait que la jeune femme réagisse d'une telle manière à son 'cadeau' le fit grimacer intérieurement. Il n'aimait pas les gens qui avaient tendance à s'enthousiasmer autant pour de telles futilités, peut-être parce que le simple fait de voir les autres exprimer leur bonheur fortement le forçait à se regarder dans le miroir. Il la laissa déblatérer ce qu'elle voulait dire, en portant un faux sourire amical qui signifiait qu'il était ravi de voir que son idée lui plaisait. Il en serait presque arrivé à glousser si cela n'aurait pas été légèrement étrange.
Lui, revenir voir l'enfant d'Astrée ? Peut-être qu'un jour il laisserait sa Goupix aller voir sa progéniture, mais il ne portait pas énormément d'intérêt au pokémon qui se trouvait dans l’œuf. C'était juste un animal, selon lui. Et aussi sympathiques qu'étaient les animaux, ils étaient jetables si cela lui permettait de retrouver son fils. La seule exception à cette règle était peut-être le pokémon dudit fils, pour des raisons tout à fait différentes. Pour lui, tout était jetable si cela voulait dire qu'il arriverait à son but.

« Allons, ne vous vous mettez pas dans un état pareil. Je suis persuadée que vous vous en occuperez très bien. »

Flatteur. Il prit une gorgée de son café et jeta un regard au Luxray qui l'observait avec méfiance. Ah. Cela pourrait être problématique, mais il avait d'autres préoccupations que les soupçons d'un gros matou. De plus, vu la façon dont sa maîtresse remerciait Mikael, celui-ci se doutait qu'elle balaierait la méfiance de son pokémon comme une simple réaction disproportionnée. Le Luxray n'était pas un danger dans l'immédiat.
Toutefois, malgré le fait qu'elle venait de dire très clairement qu'elle voulait se rendre utile, Mika se sentit piégé. Mince. Ca n'allait pas. Il ne pouvait pas demander quelque chose tout de suite. Il avait pris tant de précautions pour que sa méfiance ne soit pas éveillée : dans sa vision des choses, tenter de l'amadouer pour obtenir des informations était trop suspect. Ou en tout cas, cela le serait le jour où elle aurait des doutes à son sujet, et il ne pouvait pas se permettre de lui laisser le moindre indice quant à ses véritables intentions. Un peu parano, le Mika ? Il faut l'être, lorsque l'on est aussi tordu que lui.

« Je ne désire rien, ne vous inquiétez pas. J'ai simplement opté pour une personne de confiance à qui confier l'enfant d'Astrée. »

Il ne pouvait décidément pas amener le sujet de la résistance ici. Cela aurait été aussi visible qu'un néon fluo dans une pièce sombre comme la nuit. Ainsi, il était forcé de laisser ce sujet de côté, pour l'instant ? Mais il était patient, et savait que l'on n'obtenait pas ce que l'on voulait dans un claquement de doigt. Surtout pas dans un claquement de doigt.
Il prit une nouvelle gorgée de sa tasse de café, terminant ainsi sa boisson. Il posa son regard dans celui de Yuna et la gratifia d'un sourire chaleureux.

« Il me semble, vu votre réaction, que je ne me suis pas trompé. »

Un petit gloussement amusé s'échappa de ses lèvres. Il n'avait rien de moqueur, toutefois.

« J'espère que nous aurons l'occasion de discuter plus souvent. Cela ne vous dérangerait pas, j'espère ? »

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Il en aurait rit si il n'était pas supposé garder une apparence sympathique devant la jeune femme. Tout cela se déroulait bien trop facilement, si bien qu'il avait encore un peu de mal à imaginer que tout se déroulait aussi facilement. Était-elle si naïve ? Oh, il n'allait pas se plaindre, vraiment. Et puis le sale matou de la scientifique lui faisait penser au Némélios de son père, qui était une bien sale bête, au passage. Si elle retournait dans un sujet de conversation normale, il pourrait en profiter pour bouger légèrement la direction vers le chemin qu'il voulait qu'elle prenne.
Il fallait juste prier qu'il ne se rende pas compte de ce qu'il faisait, mais il supposait qu'avec la naïveté qu'elle avait affiché depuis le début de leur discussion,

« Je m'occupe du centre pokémon d'Anula depuis maintenant presque 7 ans, il me semble. Bien que toutefois, mes recherchent m'amènent souvent à laisser une partie de mon travail à mon assistant, Adam. »

7 ans. Putain.
Cela faisait combien de temps, déjà, que Rachel n'était plus là ? Cela faisait combien de temps, qu'il tenait ce centre tout seul comme un idiot alors que celle qui l'avait poussé à s'en occuper était disparue, emportée et dévorée par les flammes. Trois ans, peut-être. Ou quatre. Il ne savait plus. Le temps était si long, si cruel, que l'on aurait pu lui dire que cela faisait dix ans et il l'aurait cru. Tout cela paraissait si futile, maintenant, et il était là, à tenir un centre dont il se contrefichait par simple respect pour une défunte. Une défunte à qui il avait tout donné.
Enfin. Maintenant, il pouvait glisser un autre sujet dans la conversation. Il remerciait intérieurement Yuna d'avoir pensé à ce détail, et aussi à la curiosité qui l'avait amené à le faire.

« C'est quelque peu... Complexe, vous comprenez, avec ce qu'il se passe en ce moment, surtout à Anula, si vous voyez ce que je veux dire. Enfin, le sujet n'est pas là et il vaut mieux ne pas en parler. » dit-il, choisissant d'éluder la fin de sa phrase.

Montrer qu'il tentait ainsi d'éluder le sujet lui permettrait de  lui faire comprendre, ou en tout cas de faire lui croire, que le sujet du conflit entre la résistance et le Régime le mettait mal à l'aise, principalement parce qu'Anula était la ville la plus contrôlée par le Régime. Ainsi, elle n'aurait pas de mal, normalement, à comprendre ce qu'il avait voulu dire, ou en tout cas il l'espérait, pour ses intérêts.
Chaque chose à la fois. Il n'allait pas rentrer dans les grands sujets maintenant. Il décida de changer le sujet pour laisser le temps à la graine du doute se planter dans l'esprit de son interlocutrice.

« J'ai fait ma thèse sur les particularités génétiques et morphologiques des pokémon pouvant modifier leur apparence, comme Métamorph, par exemple. C'est tout à fait fascinant. Depuis, je n'ai jamais vraiment changé de sujet d'étude, bien que la Zorua de mon assistant est d'une aide précieuse. »

Il aurait pu préciser que la fameuse Zorua appartenait à sa femme défunte pour l'apitoyer, mais c'était hors de question. S'il y avait bien un sujet que Mikael n'utilisait pas, c'était le sujet de la mort de Rachel. Ça, c'était un gigantesque NON. On ne parlait pas d'elle, on ne la mentionnait pas, on n'utilisait pas sa mort comme il utilisait les gens. C'était hors de question. C'était la deuxième règle la plus importante pour lui, derrière celle qui disait que l'on ne parlait pas de Daniel.

« Enfin, je parle, je parle. J'imagine que de telles recherches doivent être difficiles à mener : les moyens manquent, ces temps-ci. Je ne crois pas que j'aurais eu la force de mener un tel travail à votre âge, en toute sincérité. » dit-il, un sourire qui se voulait encourageant aux lèvres.

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Il resta silencieux, observant avec une expression souriante la jeune femme, la laissant parler sans la couper, laissant son esprit vaquer à l'occasion, sans pour autant perdre le fil de la conversation. S'il relâchait subitement son faux sourire, il aurait eu l'air très stupide et sa crédibilité en aurait pris un coup. Il attendit qu'elle eut fini de déblatérer, soupirant intérieurement durant la majorité de ce laps de temps. Il se demanda s'il n'aurait peut-être pas dû couper court à la conversation précédemment, mais se rappela que cela aurait vu comme malpoli. Autant ne pas jouer avec le feu, même si son arrogance l'amenait à pousser qu'il était plus proche d'un lac que d'un incendie.
Mikael n'aimait pas trop la tournure que prenait les choses, à vrai dire. À ce rythme-là, il serait encore ici dans une heure, et sincèrement, il aurait préféré être sur le chemin du retour. Car oui, il allait devoir prendre encore le temps de rentrer. Il espérait vraiment que ses efforts allaient porter leurs fruits, mais comme souvent, il supposait que cela n'aurait qu'un effet très mineur sur le futur.

« Allons, ne vous mésestimez donc pas ainsi. Les recherches de chacun sont différentes, et c'est là tout l'intérêt de la science : personne n'a les mêmes résultats que son voisin. »

Pour une fois, il était honnête. Enfin, pas exactement ; s'il l'avait été, il l'aurait résumé de façon plus crue et bien plus rapidement, mais vous voyez ce que je veux dire. Il pensait réellement ce qu'il disait. Une grande partie de ses recherches n'avaient été possibles que grâce aux travaux et à l'énergie de Rachel, qui avait laissé derrière elle le travail d'une vie. En tant que jeune adulte, il aurait été trop arrogant pour l'avouer, mais avec le recul, il savait pertinemment que tout cela était bien plus compliqué.

« Ne vous excusez pas, il n'y a pas de honte à être passionnée. C'est une qualité, dans notre domaine. »

Les excuses de la jeune femme avaient tendance à l'agacer, mais il devait s'y habituer. De toute façon, il devait faire la même chose s'il souhaitait garder cette apparence de charmant homme bienveillant.
Soudainement, la sonnerie de son portable retentit, et les paroles d' « angel with a shotgun » (oh Arceus il allait tuer Adam : ce petit crétin avait encore joué avec son portable) retentirent bruyamment. Désarçonna, il attrapa le téléphone qui vibrait dans sa poche et, en bredouillant une excuse envers Yuna, l'amena à son oreille.
Et mince. Il allait devoir continuer à utiliser une telle façon de parler.

« Adam, qu'est-ce que tu... Attends, calme-toi, s'il te plaît. Respire un grand coup et explique-moi ce qu'il se passe.
… Quoi ?
… J'ai compris. Il va me falloir un certain temps pour rentrer. En attendant, n'oublie pas de faire des injections régulièrement, et fais attention aux doses ! »

Adam, son assistant, venait de l'appeler pour l'informer d'une urgence qui nécessitait sa présence le plus rapidement possible.
Sincèrement, en entendant les détails sur ladite urgence, il avait eu envie de se pendre, persuadé que vivre dans un monde où des dresseurs pouvaient être aussi stupides était l'équivalent d'une condamnation à mort, de toute façon. Il se tourna vers Yuna, sachant qu'il allait devoir s'expliquer.

« Je... Je suis confus. Ce n'est pas mon désir de vous quitter aussi promptement, mais je viens de recevoir un appel assez important concernant une urgence. » dit-il d'un ton désolé.

En réalité, il était assez content de trouver une excuse pour partir, même si le cas qui l'attendait dans son centre pokémon allait le mettre sur ses nerfs.
Dans les deux cas, il finissait par se faire avoir.

« Je suis vraiment désolé. Vous m'accueillez d'une façon aussi chaleureuse et voilà que je pars comme un voleur. »

Il sortit un morceau de papier de sa poche, ainsi qu'un stylo, et, rapidement, y inscrivit son numéro de téléphone. Garder le contact était essentiel pour pouvoir surveiller la jeune femme. Et, au passage, laisser un moyen à la scientifique de le contacter était une autre méthode pour qu'elle le voit comme moins distant.

« Tenez. Il serait dommage que nous ne puissions pas terminer cette conversation, n'est-ce pas ? »

Mika, t'es vraiment une saloperie.

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Sérieusement Mika, ton égo fait peur

Sans déconner

Feat Yuna Utako

Une fois les portes du centre franchies, Mikael poussa un long soupir, laissant ainsi sortir toute la frustration qu'il avait accumulé durant cette altercation. Vraiment, il n'appréciait pas la candeur insupportable de Yuna Utako, et il espérait qu'il n'aurait pas à venir ici souvent, car il savait pertinemment qu'être appelé pour une urgence n'arriverait pas une deuxième fois. La prochaine fois, il était parti pour une ou deux heures de niaiserie. Il se pinça l'arrête du nez et décida de se défouler en harcelant son assistant de messages plus ou moins divers, et ayant plus ou moins leur utilité. La réponse à la question étant « moins », les enfants, même si la question n'a pas été posée.
Il appela un taxi et profita du trajet pour réfléchir convenablement. Il s'installa et se massa le front, tentant d'analyser tout ce qu'il venait de se passer avec calme. 'Tentant' était le mot clé.

Bon, il était au moins rassuré sur un point : Yuna Utako était très loin d'être un danger. Sur une échelle de un à cent, la jeune femme arrivait à ses yeux à moins de cinq, ce qui était un score assez impressionnant pour une personne normale. Peu de personnes arrivaient en dessous de vingt, principalement parce que voyez-vous, les gens avaient tendance à faire des trucs pas terribles, et il en était la plus grande des preuves.
Il observa le paysage avec lassitude, tandis que la rapidité de l'image qui défilait devant lui le laissait silencieux et rêveur. Il y avait beaucoup de choses à faire.
Néanmoins, son ego, flatté par la facilité qu'il avait eu à se faire passer pour un innocent et sympathique gentleman, parut doubler aujourd'hui. Tout se déroulait à merveille, voir même peut-être un peu trop, mais en tous cas, il avait réussi à faire ce qu'il voulait faire : être vu comme un ami par la jeune femme. Certes, ce n'était pas grand chose, mais cela serait déjà un point intéressant et sûrement utile dans le futur.

Il décida qu'après tout, c'était déjà ça et une personne dans sa poche en plus : s'il jouait correctement, il était sûr de pouvoir consolider sa réputation et éliminer la majorité des rumeurs négatives qui couraient sur son compte. Bien sûr, cela ne se ferait pas du jour au lendemain, mais le simple fait que le processus pouvait être enclenché le laissait de bonne humeur. Il sifflota un air d'une chanson quelconque, se demandant s'il ne devrait pas s'assurer, tout d'abord, qu'elle ne faisait pas véritablement partie de la résistance. Malheureusement, il n'y avait aucun moyen de savoir cela, et il avait besoin que la jeune femme soit en vie : une enquête menée par le régime amènerait à des conséquences fâcheuses si ils découvraient quelque chose, et Mika savait que la scientifique lui était bien plus utile en vie que six pieds sous terre.

Tout cela n'était question que d'arrogance, au final. Le sourire narquois et heureux de Mikael en était la preuve irréfutable. Au final, la victoire était uniquement le terme employé par ceux dont la fierté les pousse à ne pas voir la défaite.