Être un homme comme toi # avec Faust

Rejoins-moi à la clairière dans la forêt dense. A 16h.

Elliot regarda pour la cinquantième fois ce message venant de Faust. Driver était en train de tourner dans l'ordinateur, à chercher quelques fichiers que le Régime aurait laissé traîner ici ou là : mots de passe, dossier compromettants, photos ou même pseudonymes ... Tout était bon, quand la résistance payait. Elliot soupira, et rangea son portable dans la poche de son jean avant de sortir de sa chambre et de rejoindre le salon. Clive s'y trouvait, en train de se préparer pour son service. Elliot s'approcha et, les mains enfoncées dans les poches, hésita avant de prendre sa décision et de choisir soigneusement ses mots.

ELLIOT ⏏ « Tu veux bien me déposer dans dix minutes près de la forêt dense, s'il te plaît ? »

CLIVE ⏏ « Et que va faire un jeune garçon dans un tel endroit, tard le soir ? »

ELLIOT ⏏ « Je rejoins mes potes. Pour un projet. Mais on a besoin d'être là-bas. Pour un exposé en sciences. »

Clive haussa les sourcils, puis les épaules. Après tout, Cass permettait des voyages rapides et instantanées, qu'est-ce que cela lui coûtait ? Dix minutes plus tard, Elliot était prêt : Driver dans sa montre holographique - dont le prototype était de lui et de ses amis de l'Aquilus - et Zéro dans sa pokéball, à sa ceinture. Un sac en bandoulière pendait à son épaule, contenant son ordinateur dont il ne se séparait jamais. Cass et Clive étaient prêts eux aussi, et en un clignement de paupières, l'auberge disparut pour laisser place à l'après-midi tombant de la forêt. Les arbres semblaient presque menaçants, si ce n'était les effluves terreux et étranges de la nature.

CLIVE ⏏ « Envoie-moi un sms quand tu veux que je t'envoie Cass. »

ELLIOT ⏏ « Oké. A tout à l'heure. »

CLIVE ⏏ « Bon courage pour ton exposé. »

Le ton n'avait pas changé, mais Elliot sentit un frisson naître sur sa peau. Son frère avait-il des soupçons ? Dans un petit bruit, il disparut avec le gardevoir, laissant Elliot presque seul. Il leva sa montre holographique à son visage : large et longue comme son avant-bras qu'elle couvrait entièrement, ce petit bijou technologique était un prototype inventé par l'Aquilus, permettant une conversation holographique. Il n'y en avait que cinq pour le moment, éparpillés parmi les membres de confiance. Des tonnes de fonctionnalités mais également un endroit rêvé pour son porygon : Driver se matérialisa devant son dresseur et lança une petite trille informatique, digne des anciens minitels, puis Elliot se mit en route après avoir remit la manche de son sweat vert sur son bras.

ELLIOT ⏏ « C'est bien Faust qui a envoyé le sms au moins, Driv ? Tu es sûr ? Bien. »

Avec toutes ces histoires de guerre et de morts, Elliot était devenu un brin paranoïaque, sa plus grande peur étant d'être trouvé, que ce soit par la résistance ou le régime. Il était mêlé à tout cela bien entendu, en tant qu'informateur, mais il ne désirait pas voir son visage pointé du doigt. Driver réintégra la montre dans un bruit de cliquettement ; Elliot savait qu'il pouvait compter sur lui. Ils formaient le duo informatique le plus compétent de leur groupe. Bien entendu, Dwayne et son Elektek servaient très souvent, grâce à l'électricité que pouvait fournir le pokémon électrique. Il faudrait qu'il se trouve un pokémon ayant la capacité d'un générateur, pour son projet - créer un gigantesque ordinateur-cerveau, capable de générer assez de puissance pour gérer l'île entière. Mais c'était encore un projet fou, dans un coin de son cerveau, dont il n'avait pas encore parlé aux autres membres.

Ses pas le menèrent à travers les arbres où l'ambiance sombre ne le dérangeât pas. Il finit par arriver à la clairière dont lui avait parlé Faust. Des troncs tombés en travers de l'herbe folle lui servirent de siège. Il mit sa capuche sur sa tête, plus par habitude que par raisonnement. Il ne faisait pas froid et il n'avait pas à se cacher - pas selon lui en tout cas. Seize heures sonna à sa montre, et son regard devenu vert grâce à ses lentilles de vue se posta devant lui. La clairière était libre de toute activité, et Faust n'allait donc pas tarder. Il n'avait pas cru bon de le prévenir qu'il était déjà là - allez savoir pourquoi. Peut-être parce qu'il se méfiait encore. Il ne passait pas un jour sans se méfier de tout le monde. Sauf de sa famille. Et quand il serait certain que c'était bien Faust, son grand frère qu'il admirait tant, il laisserait la méfiance au placard. Ses doigts pianotaient sur le métal de sa montre, sans but précis, par réflexe ; il attendait, discret, à moitié caché dans les ombres de cette fin d'après-midi.

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Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

Il y a dans la vie des nouvelles qui sont un peu difficiles à avouer, et autant dire que pour Faust, ça n'a jamais autant été vrai. Depuis l'adoption d'Alice en mai, qui à cause de la presse avait été connue dans tous l'île dès juin, il n'a pas cessé de se demander ce qu'il était supposé faire par rapport à sa famille. Il faut dire que la situation restait toujours maladroite, et qu'il se voyait mal arriver pour présenter la gamine malgré toute l'envie de le faire qui résidait en lui. En fait, depuis la fois où il était venu parler à sa mère en début juillet en toute discrétion, sans que ses frères ne soient au courant, il n'arrêtait pas de se tourmenter avec cette histoire. Après tout, Alice était sa fille (adoptive uniquement, mais peu importe que ce soit biologique ou pas vu qu'il s'agissait de la même chose à ses yeux), alors il était normal qu'elle rencontre sa famille. Mais le problème était que vu que Faust restait relativement distant des autres, il n'aurait pas souhaité faire subir un manque à la fillette, et avait jugé préférable de... Ne rien faire. Oui oui, il s'était dit qu'il verrait bien avec le temps, au final. Solution stupide mais provisoire, et le hérisson a tendance à un peu trop aimer les solutions de facilité.
Toutefois... Il ne pouvait nier qu'il devrait finir par agir. Alors après avoir pris une grande inspiration, il avait composé un message bref, rapide, direct, et l'avait envoyé à Elliot, non sans expirer profondément à cause de l'angoisse par la suite. Bien sûr, sa réaction peut sembler excessive, mais il ne faut pas oublier que la situation familiale est toujours particulièrement bizarre ; lui qui ne vient jamais rendre visite depuis sa dispute avec sa mère d'il y a trois ans alors qu'elle n'a pourtant aucune colère contre lui, Felix qui lui voue une rancune intarissable et sa relation pour le moins... Compliquée avec Clive. Ouais. Parlez d'une gestion correcte de sa vie familiale, hein.
Elliot est le seul avec lequel il a vraiment gardé contact. En lui envoyant des messages de temps à autre, en lui donnant quelques très rares fois rendez-vous, et même si il sait que ce n'est pas assez, Faust profite du peu qu'il a tant qu'il en est capable, en remerciant silencieusement Arceus de lui avoir donné un petit frère qui supportait cet aîné indigne qu'il savait qu'il était.

La distance qu'il met entre lui et sa famille lui fait du mal, évidemment. Il les aime, et il ne le niera jamais, mais il ne peut pas passer au dessus de ce que font sa mère et Clive ; c'est trop lui demander, à lui qui voit les morts s'entasser sous le passage du Régime et qui témoigne constamment de l'horreur. Beaucoup trop. Et même si les savoir éloignés le meurtrit chaque jour, il supporte comme il peut en pensant à tout et à rien. Mais, et il le sait plus que bien, il n'est de loin pas le plus à plaindre de tout ça.
Elliot avait douze ans quand il était parti. Pour un gamin de douze ans, supporter à la fois la mort de son père et le départ d'un frère aîné, c'est très rude, et il s'en voudra encore et toujours de les avoir abandonné ainsi. Il faisait de son mieux pour leur envoyer de l'argent avec ce qu'il gagnait grâce à ses bouquins, mais ce n'était qu'une bien maigre compensation et il le savait. Faust faisait confiance à Clive et leur mère pour s'occuper de leurs cadets, au fond, mais il aurait menti si il avait dit qu'il ne jalousait pas un peu son jumeau. C'était stupide, évidemment, vu qu'il était celui qui était parti, mais encore une fois, les erreurs et pensées stupides étaient légion chez lui.

« Dis papa, on va où ?
- Voir quelqu'un, ma grande. Tu resteras avec Dalhia tant que je ne t'aurais pas dit de venir, d'accord ? »

La fillette hocha de la tête en terminant de lacer ses chaussures, son regard marron empli de curiosité alors qu'elle inspectait le visage de son père pour trouver le moindre indice concernant leur destination et l'identité de la personne en question. Bien évidemment, vu que Faust ne lui a jamais dévoilé que des bribes d'information sur sa famille, elle ne pourrait aucunement s'en douter. Si Alice voue une grande admiration à son grand-père paternel, qu'elle n'a pas connu, parce que le conseiller s'était surpris à lui raconter quelques histoires le concernant, elle n'a pas la moindre idée de comment sont les autres. Le sujet était tabou, à la maison ; personne n'aurait osé prononcer les noms de Clive, Kagami et Elliot. Si Isaac était le seul qui se risquait parfois à le faire en sachant parfaitement que cela agacerait au plus haut point son meilleur ami, il respectait toutefois le fait de vouloir laisser Alice dans l'ignorance ; au fond, pour l'instant, c'était sûrement la meilleure des solutions.
Mais aujourd'hui... Eh bien, il verrait bien.

Avec un simple signal de la main, Daryl le Natu les téléporte à une vingtaine de mètres environ du lieu de rendez-vous. Faust poussa un long soupir, réajustant sa veste brune par nervosité, avant de jeter un regard significatif à Dalhia qui se contenta de lever les yeux au ciel ; bien sûr qu'elle la protégerait de tout et n'importe quoi, ce stupide humain à tête dure n'avait pas à s'inquiéter. Il ébouriffa légèrement les cheveux de la gamine alors qu'un sourire tendre étirait ses lèvres.

« Promis, ce sera rapide. Je t'appellerais dès que tu pourras venir. »

Il espère que son sourire suffit à dissimuler son malaise, et heureusement pour lui que malgré sa capacité d'observation Alice n'a que six ans ; autrement, elle aurait sûrement compris que quelque chose tiraillait son père et lui aurait posé des questions sans plus attendre.
Il fit quelques pas en éloignant machinalement des branches pour se frayer un chemin, l'esprit ailleurs. Même si il y mettait toute son énergie, il ne parvenait pas à se changer les idées ou à remettre de l'ordre dans celles-ci. Au bout du compte, improviser serait sa meilleure option. C'était toujours ça, de toute façon ; on ne devenait pas spécialiste du type ténèbres sans un brin de 'je ne sais pas ce que je fais mais ça a l'air de marcher alors on va continuer'.
Il n'a aucun mal à le reconnaître, même de loin et avec une capuche cachant son visage. Il l'a en quelque sorte élevé après tout, et il se gifle mentalement d'avoir laissé naître sur ses traits un sourire tendre bien trop nais rien qu'à sa vision. Après s'être rabroué, il fit finalement quelques pas pour se tirer de l'ombre et révéler sa présence.

La première chose qu'il fait en le voyant, c'est de sourire maladroitement. Très maladroitement même. Il faut dire que la gestion de situations pareilles, c'est un peu compliqué. Et oui, la narratrice fait dans les euphémismes et les évidences aujourd'hui.
Il hésite. Que dire ? 'Bonjour, ça va ?', 'Yo !', 'Quoi d'neuf' ? Tant de formules différentes qui défilent dans sa tête, mais au final, il choisit la plus simple, celle qu'il connait le mieux et qui est devenue une habitude. Sans attendre davantage et sans le moindre mot, il s'approcha de son petit frère avec un air de neutralité parfaite sur son visage ; neutralité qui fond comme neige au soleil lorsqu'il s'accroupit légèrement pour se mettre à sa hauteur et l'attirer dans ses bras. Maintenant, c'est un sourire tendre et une expression respirant le bonheur qui se sont peint sur son visage.
Il sait que c'est peut-être un peu brusque, comme façon de le saluer, mais cela fait si longtemps qu'il n'a pu lui faire de câlin qu'il n'a pas pu s'en empêcher, et qu'il profite comme il le peut. Faust avait toujours été un hérisson affectueux, et c'est encore pire avec sa fratrie, voir même avec Elliot tout court. Il est sûrement celui que le conseiller a toujours le plus protégé, peut-être un peu trop parfois, et il mentirait s'il disait que le voir vivant, en sécurité et en (relative) bonne santé ne l'emplit pas d'une plénitude qui lui est doucement agréable.

« Hey. » finit-il par dire d'une voix transpirant la fatigue.

C'est bien maigre, comme salutation, mais c'est tout ce qu'il est capable de dire en le serrant un peu plus contre lui, en prenant bien sûr garde à ne pas l'étouffer.

« Pardon. Je devrais te contacter plus souvent, mais je... Enfin bref. »

En réalisant qu'il ne pouvait pas rester éternellement ainsi (bien que sur le coup, il n'aurait pas dit non), il desserra lentement son emprise et recula d'un pas ou deux, l'air déjà plus paisible et chaleureux que tout à l'heure. L'expression de son visage s'était en effet faite plus tranquille.
Il soupira un peu avant de se mettre à parler, conscient qu'il devait sûrement des explications à son petit frère.

« Je voulais te voir. J'ai quelque chose à te dire, en fait, ou du moins, quelque chose à te montrer. Enfin, si tu es d'accord évidemment. »

Son sourire se fit alors plus fragile et teinté d'une légère peine, résultat automatique d'avoir pensé au sujet qu'il allait aborder.

« Tout le monde va bien ? Maman, Fel', Clive ? »

Question qui fait naître un nœud dans sa poitrine, tant il sait qu'elle est douloureuse à penser et qu'il est bien indigne de demander ça puisqu'il est le seul à poser cette distance qui les fait tous souffrir. Mais il n'avait pas pu s'en empêcher ; il aborderait le sujet d'Alice après. Il n'était pas pressé, de toute façon.

Être un homme comme toi # avec Faust

Elliot avait presque envie de relire le sms, encore et encore, comme pour s'assurer de sa véracité. Oh, bien sûr, depuis que Faust était parti, il leur donnait des nouvelles - souvent par son truchement. Souvent grâce à l'intervention mal gérée des médias aussi. Après tout, son grand frère n'était pas conseiller à la ligue pour rien. Ainsi, toute la famille avait appris qu'il avait adopté une petite fille, il n'y avait pas longtemps. La première pensée avait été commune : a quoi pensait-il ? Et puis, pourquoi pas ? C'était bien du Faust tout craché ça. Elliot avait sourit - il était sûr que Faust était capable d'offrir un cadre de vie harmonieux à cette fillette. Il était cependant un poil jaloux qu'il ne lui vienne pas à l'idée d'offrir un tel cadre à sa famille. Enfin, c'était ingrat de sa part. Il envoyait de l'argent. Et puis, il fallait le comprendre - la tension avait été à son comble quand il était parti, après la mort de leur père. Tout était encore flou, mais Elliot comprenait que Faust en avait eu besoin, et ça lui suffisait.

Alors qu'il réfléchissait, pianotant sur son avant bras, il se retrouva soudain collé au torse de son frère. Son odeur lui était familière. Elle lui revint en tête, douce et masculine. C'était l'odeur de la famille, l'odeur de Faust. Trop abruti par ce soudain câlin surprise, Elliot ne sut comment réagir, totalement mou dans les bras du conseiller. Puis, ce fut fini, et il s'éloigna, le visage souriant. Auquel Elliot ne put que sourire à son tour.

FAUST ⏏ « Hey. Pardon. Je devrais te contacter plus souvent, mais je... Enfin bref. »

ELLIOT ⏏ « Hey, Faust. »

Elliot ne rajouta rien. Faust était le roi pour se rouler dans le regret et les remords. Et puis, il n'était pas contre le fait que son frère le contacte plus souvent. Il relâcha son avant-bras, hésitant à montrer fièrement sa dernière confection, mais ce n'était ni le lieu ni le moment.

FAUST ⏏ « Je voulais te voir. J'ai quelque chose à te dire, en fait, ou du moins, quelque chose à te montrer. Enfin, si tu es d'accord évidemment. »

Elliot haussa les sourcils, et rabattit d'un geste sa capuche en arrière. Il était face à son frère, nul besoin de se cacher. Ses traits exprimaient la plus simple curiosité. Pourquoi sentait-il cette légère tension chez Faust ? Il haussa les épaules, alors que son porygon apparaissait holographiquement - traître.

ELLIOT ⏏ « Pas de soucis. Herm ... Faust, j'te présente Driver, mon porygon ... Et mon vox. »

Dans un petit soupir, Elliot remonta sa manche alors que le porygon se matérialisait dans l'air, sur son épaule, fixant sans aucune pudeur Faust. Alors que l'adolescent pianotait sur les touches virtuelles d'un hologramme de clavier, la question de Faust lui fit lever les yeux. Ses prunelles d'un vert d'émeraude - merci les lentilles - s'accrochèrent au regarde de son frère. Il avait la bouche sèche, soudain - c'était la question de mise, il le savait, mais c'était quand même délicat.

ELLIOT ⏏ « Oui, tout le monde va bien. Clive et moi, on aide toujours maman à gérer l'auberge. On s'en sort. Clive et moi, on ramène du fric, et si on a pas forcément la belle vie, on est pas mal lotis ... Et toi, monsieur le conseiller ? Ta vie te plaît toujours autant ? »

Petit sourire amical, presque complice. A vrai dire, Elliot ne savait pas grand chose de la vie de son frère. Il lui avait bien donné quelques informations, mais jamais sur son train de vie ni sa vie personnelle. Comme si des barrières continuaient à s'élever, remparts d'un passé lointain. Elliot se releva et s'étira, remarquant au passage qu'il avait dépassé Faust en taille, de quelques centimètres. Un nouveau sourire vint frôler ses lèvres, alors qu'il grattait de l'index sa pommette droite.

ELLIOT ⏏ « Sinon, en ce qui me concerne, je suis passé en terminale et je continue de fréquenter ma bande d'amis. »

Faust savait qu'Elliot aimait l'informatique et construire des trucs, mais l'adolescent ne s'était jamais épanché sur ses constructions. A présent, le Vox trônait sur l'avant-bras du jeune garçon, large et long rectangle de métal aux diverses fonctionnalités personnifiées par des boutons et des projecteurs holographiques minuscules. Il ressentait une énorme fierté de montrer ça à son grand frère ; il aurait voulu pouvoir lui en parler plus profondément, mais Elliot devinait que Faust était venu ici pour une raison. Et que ce n'était pas juste pour demander des nouvelles. Faust ne serait totalement serein que lorsqu'il aurait déballé sa grande information. Abaissant sa manche sur son invention, Elliot sourit à Faust, le regard curieux et doux.

ELLIOT ⏏ « Mais on est pas là pour ça. C'est quoi, ta grande nouvelle ? Tu t'es marié ? »

Elliot n'avait pas besoin de faire le timide avec son frère, mais son humour restait toujours aussi nul. Il grimaça un sourire, comme pour s'excuser de sa boutade stupide. Driver sur son épaule émit un bruitage informatique et disparut - Elliot espéra qu'il ne s'était pas infiltré dans le téléphone de son frère ! Il s'étira de nouveau, sans cesser d'observer son grand frère. Avec les ombres qui jouaient, Faust ressemblait à Clive. Ils étaient jumeaux, c'était donc normal, mais alors que la lumière ondulait, comme pour chasser les tâches de ténèbres, Faust avait un petit air de Clive. Elliot sentit son coeur se serrer - depuis combien d'années ne les avait-il pas vus ensemble, à se chamailler, à jouer, à se crier dessus ? Des jumeaux, ce n'était pas sensé être toujours ensemble ? Tout à ses questions, le regard de Elliot se fit lointain et pensif, quoi que toujours posé sur Faust.

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Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

Il a probablement l'air stupide, à le scruter avec une pareille insistance, mais cela lui fait un tel bien fou que de le voir en bonne santé et heureux, donc il s'en fiche. Ce n'est pas tous les jours qu'il peut voir Elliot, et il a bien l'intention de profiter de cette journée à fond, rien que parce qu'il n'est pas exactement sûr de quand il pourra le revoir plus tard. Il trouverait bien, mais l'incertitude sur la date et le moment, en plus du temps conséquent qu'il y aurait probablement avant leur prochaine rencontre, le peinait et lui comprimait un peu trop le cœur. Toutefois, il n'était pas là pour se morfondre et ressasser ces aspects peu sympathiques de sa vie, et rien que d'entendre sa voix suffit à le mettre de bonne humeur. Il cligna des yeux en le voyant lui présenter un Poygon, pokémon plutôt rare et difficile à trouver ; il se demanda un instant comment son petit frère avait réussi à se procurer une pareille créature, mais se dit finalement qu'il aurait sûrement l'occasion de lui poser des questions plus tard. 'Quand' était bien sûr la question à un million, mais passons.
En fait, son attention fut vite attirée par l'engin digne d'un film de science-fiction qui trônait sur le bras d'Elliot ; pour Faust qui n'y connaissait rien du tout en machines et en nouvelles technologies, mine de rien, c'est fichtrement impressionnant. Il écarquilla légèrement les yeux, se demandant à quoi pouvaient servir tous ces petits boutons, en ayant néanmoins assez de lucidité pour s'avouer à lui-même qu'il n'en comprendrait jamais le fonctionnement. Il avait toujours été plus du genre à utiliser la méthode du lancer d'insultes sur un ordinateur qui se mettait à buguer plutôt que la patience et la réflexion ; c'est dire à quel point c'est fin et réfléchi.

Les nouvelles sont bonnes, donc. Bien. Il n'en est pas surpris, mais au moins, cela le fait légèrement sourire ; savoir qu'ils vont bien suffit à apaiser ses craintes, bien qu'il se retient de grimacer en pensant à Clive. Depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, soit durant l'attaque de Sulfura le 10 juillet, il n'avait même pas échangé un mot avec lui. Il fallait dire qu'apprendre que son jumeau fait partie du Régime, surtout quand on est radicalement opposé à celui-là, lui avait nettement coupé l'envie d'aller taper la discute avec. Ou du moins cela le refrénait, car il y avait toujours en lui cette partie qui regrettait de ne pas savoir son jumeau proche. Mais là encore, ce n'était pas le sujet et il fallait définitivement qu'il arrête de se mettre des idées noires en tête. Sa question fit naître un rictus sur ses lèvres ; la vie de conseiller, hormis les deux mois 'intensifs' de matchs officiels, se résume à... L'entraînement. Encore et encore et encore. Et le reste du temps, du glandouillage. Oh, avec une fille, des bouquins à écrire et son boulot de résistant, il avait largement trouvé de quoi occuper ses journées.
Ah. Ah oui, ce qu'il voulait lui dire. Vrai qu'à force de laisser ses pensées divaguer comme un enfant, il commençait un peu à zapper la raison qui faisait qu'il avait demandé à l'autre de venir. Il se força un peu à sourire, apaisé par la plaisanterie d'Elliot. Il soupira légèrement.

« Nan, ç'pas exactement au programme pour l'instant ! En fait... »

Il fit une brève pause, se demandant si aborder le sujet lentement serait une bonne idée ou pas. Au final, comme d'habitude, il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il était supposé faire, alors il finit par choisir d'y aller à l'instinct. Il siffla alors, offrit un sourire rassurant à Elliot tandis que des bruits de pas se rapprochaient. Dalhia, accompagnant Alice, vint se placer aux côtés de son dresseur. La fillette observait l'adolescent avant de grands yeux écarquillés, méfiante et rendue extrêmement timide en présence d'un inconnu, ce qui la poussa à se cacher derrière les jambes de son père. Faust eut un sourire gêné à l'encontre de son petit frère.

« Bon, ben, euh... Elliot, voici Alice. C'est ma fille. »

Il se massa la nuque, soudainement mal à l'aise.

« Je... Enfin, je voulais... Je pensais que ça serait cool, que vous vous rencontriez. »

Il se tait alors, sans mots. Il aimerait bien parler longuement, mais il faut le croire qu'il est soudainement perdu, incapable d'arriver à s'exprimer. Alice posa ses yeux curieux sur Elliot, cherchant à comprendre. Puis, en jetant un coup d’œil à son père qui lui offrit un sourire rassurant, elle s'avança timidement, incertaine. Finalement, étant bien la fille de son paternel, ce fut à son tour d'offrir un câlin (quoique bien plus maladroit) à Elliot. Faust ne pu s'empêcher de sourire légèrement, attendri, quoique son cœur battait toujours la chamade à cause du stress emmagasiné depuis tout à l'heure. Bah, en fait, pourquoi avait-il cru que cela aurait pu mal se passer ?

Être un homme comme toi # avec Faust

Apparemment, Faust semblait aller bien. Ca suffisait à Elliot. Il avait l'air un petit peu fatigué, mais qui n'en a pas l'air, dans le monde de fou où ils vivent ? Combien de personne arrivent encore à dormir sur leurs deux oreilles - et quel genre de personne est-ce, alors ? Elliot secoue doucement la tête, faisant voltiger ses mèches de cheveux. Son grand frère est là, et il voudrait le prendre de nouveau dans ses bras. Mais c'est Faust, le câlineur récidiviste. Elliot, lui, ne sait pas trop faire ce genre de gestes - il est trop maladroit pour ça. Alors il se contente d'observer le conseiller d'un regard curieux, ses prunelles vertes miroitant d'interrogations internes et silencieuses comme le vent.

FAUST ⏏ « Nan, ç'pas exactement au programme pour l'instant ! En fait.. »

ELLIOT ⏏ « En fait ... ? »

Elliot sent son ventre se tordre. Ca ne peut pas être grave, non ? Sinon Faust n'aurait pas l'air aussi calme - enfin, calme est un bien grand mot. Il a l'air anxieux. Mais pas paniqué ou terrifié. Le sifflement résonne dans la forêt toute entière. Au loin, un vol d'oiseaux, peut-être des roucools, s'éloigne en piaillant. Et puis, la scène se modifie. Le regard du jeune homme se pose sur un spectacle qu'il n'aurait jamais cru voir : la démolosse de son frère accompagne une toute jeune fille. Elle doit avoir quoi, cinq ans ? Peut-être six ? Elliot ne bouge pas, immobile comme une statue, ne sachant que faire. Il a deviné, bien entendu. Il n'est pas bête. C'est Dahlia, devant lui - une grande et belle démolosse à présent. Et la gamine, à côté, c'est cette fille dont parlait les médias. La presse n'a pas arrêté de parler d'elle - de cette fille que le conseiller Ténèbres a adopté. Elle se cache derrière Faust, et Elliot aurait bien éclaté de rire si il n'était pas aussi troublé par tout ça.

FAUST ⏏ « Bon, ben, euh... Elliot, voici Alice. C'est ma fille.  »

ELLIOT ⏏ « ...  »

FAUST ⏏ « Je... Enfin, je voulais... Je pensais que ça serait cool, que vous vous rencontriez. »

C'est bien Faust, ça. Au fond, ça lui fait plaisir de voir que les manières de son frère n'ont pas été altérées par la gloire ou le succès. Il n'a pas pris la grosse tête à cause de son rang. Et puis ... Et puis elle s'approche. Elle a cette façon de bouger, à la fois féline et maladroite, à la  manière des enfants. Que va t-elle faire ?

Elle l'enlace.

Ses yeux s'écarquillent très lentement, alors que ses narines s'emplissent du parfum de l'enfant. Et puis, doucement, Elliot lève les bras et serre la gamine contre lui, avant de lever le visage vers Faust. Ses traits sont doux, emplis de joie - tout comme ceux de Faust, à vrai dire. Puis, délicatement, il se retire de l'étreinte de la jeune fille.

ELLIOT ⏏ « Tu as raison. Après tout, si elle est importante pour toi, je suis heureux de la rencontrer. Bonjour, je suis Elliot, le petit frère de Faust. »

Elliot sourit doucement. Il n'a jamais eu de petit frère ou de petit soeur, et avoir devant lui la fille adoptive de son frère, ça le rend tout chose. Et puis, il faut bien l'avouer, la petite est adorable. Faust doit en être fier. Elliot ne juge pas. Il accepte la situation, comme il l'a toujours fait. La mort de leur père, le départ de Faust ... Peut-être est-il lâche. Ou peut-être qu'il a appris que certaines choses ne peuvent changer et qu'on a pas forcément d'appui dessus. Il n'ose pas demander pour la famille - quand Faust va t-il leur présenter cette petite ? Non. Il veut profiter de cet instant magique. Il réalise quelque chose et son sourire s'agrandit.

ELLIOT ⏏ « Du coup, Alice ... Cela fait de moi ton tonton ! »

Oui, il vient de réaliser. Il est heureux. Si heureux qu'il prend la petite dans ses bras et la soulève - pas très haut, mais au moins un peu. Il la repose bien vite, en riant aux éclats. Il n'a jamais été très fort. Il n'a jamais été très musclé non plus. Il rit encore, puis se tourne vers Faust. Il accepterait tout de son grand frère. De toute sa famille, en fait. Le lien qui les unit est plus fort que tout - plus fort que la guerre elle-même. Mais peut-être que chacun ne s'en est pas encore aperçu ...

ELLIOT ⏏ « Ca a dû te changer la vie, d'adopter cette petite hein ? »

Avec cette phrase, il offre à son frère l'occasion d'en parler. Il ne demande pas pourquoi, ni comment. Il laisse à Faust le choix et le soin de prendre les détails qu'il veut et de les lui donner. Son sourire est encore là, doux et presque protecteur - le monde à l'envers, peut-être, mais n'est-il pas tonton en cet instant ? Hé, tonton c'est super important pour une petite ! Non ? Il s'approche de Dahlia et lui présente sa main : va t-elle le reconnaître ? Lui, il la reconnaît ; il voit la puissance et la détermination qui étaient déjà en elle, quand elle était encore malosse. Elliot se sent bien. Il avait craint autre chose, mais finalement, tout se passe pour le mieux.

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Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

La scène est tout bonnement adorable. Ce n'est pas le genre de Faust de s'attendrir sur tout et n'importe quoi, d’autant plus qu'il est souvent même bien trop fier pour oser l'avouer, mais il mentirait si il disait qu'il n'était pas en train de fondre complètement devant la scène qui se jouait sous ses yeux. Si il avait craint la possibilité d'une réaction négative venant de l'un des deux, cette hypothèse farfelue est désormais bien loin de son esprit et il ne peut qu'être rassuré en se disant que oui, il a bien fait d'organiser cette rencontre aujourd'hui. Une partie de lui-même, rien qu'angoissée à l'idée de voir son petit-frère à cause de la culpabilité qu'il gardait en lui par honte d'avoir quitté parti il y a six ans du domicile familial, ne cessait de lui murmurer qu'en tant que spécialiste des boulettes stupides, il allait forcément faire une gigantesque erreur, et stupide comme il était, il y avait cru. Oui oui, c'est un cas désespéré et on le sait à force, mais il faut croire que certaines choses ne changent décidément jamais. Bref, là n'est pas du tout le sujet. Le fait est que cette vision adorable d'Elliott enlaçant Alice lui réchauffe si fortement le cœur qu'il a l'impression de se sentir mieux rien qu'en les observant. Comme un pansement cicatrisant sur son cœur, un soulagement ô combien agréable. Soulagement de voir que tout n'était pas brisé, que tout n'avait pas disparu et ne disparaîtrait pas aussi facilement que certains auraient pu le croire.

Arceus, la joie sur le visage de l'adolescent suffit à lui donner le sourire. Il n'y peut rien, et c'est peut-être très niais de sa part de penser ainsi, au fond il s'en fout de toute façon, mais il lui suffit de les voir heureux pour l'être aussi, et ce depuis toujours. Il fonctionne ainsi après tout, et c'était ce qui lui avait permis de tenir durant toutes ces années, de supporter le poids d'une grande partie de l'éducation de ses petits frères avec l'aide de Clive, de se relever à chaque fois qu'il tombait, et surtout, ce qui fait qu'il est encore ici aujourd'hui. Alice a été et est encore son petit rayon de soleil, celle qui met de la lumière dans la journée rien que part un seul de ses sourire, et que la présence apaise si facilement que c'en serait presque ridicule. En tous cas, les sourires d'Elliot et d'Alice, il les inscrit au fond de son esprit pour s'en souvenir lorsqu'il en aura besoin et que ses journées seront moins lumineuses.
Les yeux de la fillette s'écarquillèrent en apprenant le lien qui unissait son père et Elliot. Elle reste pantoise quelques instants, très étonnée, quoique elle rit légèrement en entendant l'adolescent se qualifier de ce qu'il était, c'est-à-dire son oncle. Si elle avait déjà adopté Sam comme un tonton d'adoption, il y avait fort à parier qu'elle n'aurait aucun problème à faire la même chose avec Elliot, d'autant plus que vu l'étincelle qui pétillait actuellement dans les yeux d'Alice alors qu'il la portait et la soulevait un peu voulait dire qu'elle l'adorait déjà. Le rire de l’adolescent fit naître un petit sourire sur son visage, que Faust connaissait assez pour savoir que cela voulait dire que le jeune garçon avait fait très bonne impression auprès d'elle.

La question indirecte que lui posa alors Elliot après avoir reposé la fillette lui fit cligner des yeux, sachant qu'il ne savait pas trop répondre à ça et qu'il se rendait compte, en plus, de l'implicite de ses propos. Il hésite quelques instants, et sourit tendrement en voyant Dalhia lécher la main d'Elliot ; bien sûr qu'elle le reconnaîtrait encore et toujours, puisqu'elle accompagnait Faust depuis ses onze ans et avait largement eu le temps d'apprendre à connaître l'adolescent. Il faisait d'ailleurs partie de la liste des humains qu'elle se devrait de protéger en toutes situations, quels que soient les risques. Ce petit moment laissa à Faust le temps de rassembler ses pensées pour répondre.

« Ça... Ouais. J'vais pas mentir, ça a pas mal bousculé mes habitudes, et je dois dire que je ne me souviens même plus de quand est-ce que j'ai pu profiter d'une grasse mat' pour la dernière fois. C'est fatiguant, étreignant, mais... Ça en vaut le coût. Et puis, ça me rappelle de bons souvenirs. »

Le léger sourire doux sur ses lèvres alors qu'il pose un regard attendri sur Elliot en dit bien assez ; si s'occuper de lui et de Felix avait souvent été compliqué et épuisant, le conseiller ne regrettait toutefois absolument rien.

« Ça a été assez compliqué, après, mais Isaac a été compréhensif. Il te passe le bonjour, d'ailleurs. »

Étant donné qu'Isaac avait passé les trois quarts de son adolescence à traîner avec les jumeaux, il était bien sûr évident qu'il connaissait Elliot et s'inquiétait un peu pour lui, par rapport au fait qu'il était si étroitement lié à eux. Il se massa alors la nuque, se demandant si il devait aborder le sujet de l'arrivée de Natsume ou non, avant de se raviser. Il ne valait mieux pas mêler le lapin à tout ça, ou même mentionner son existence ; garder le silence sur ce point était favorable.

« Ah, et... Question école, tu te démerdes ? Enfin, vu ce que tu gardes au bras, je ne devrais pas poser la question, t'as toujours un putain de talent avec ces bidules électroniques. »

Faust se cacha bien de préciser qu'il était, de son côté, toujours aussi peu doué.

« Mais... Sinon, j'ai vu que tu avais capturé un pokémon, alors... Tu t'es lancé dans le dressage ? »

La curiosité dans sa voix n'était pas dissimulée, et la lueur intéressée dans les yeux d'Alice en disait bien assez. Tiens, n'était-elle pas en train de jeter un œil à ses pokéballs d'un air un peu malicieux, comme si elle considérait l'idée d'un combat avec son oncle fraîchement découvert, ou est-ce une figure de style inutile … ?

Être un homme comme toi # avec Faust

Elliot n'avait pas à juger son frère, surtout pour des actes qui ne le concernaient pas. Là où d'autres auraient trouvé cette adoption étrange, pour une jeune homme si jeune et célibataire, Elliot ne voyait là qu'un moyen adorable de venir en aide à une petite fille sans parents, et qui ferait qu'Alice et Faust pourraient se rendre heureux l'un l'autre. L'adolescent sourit une fois encore à sa petite nièce puis releva ses yeux verts vers son frère, ravi.

FAUST ⏏ « Ça... Ouais. J'vais pas mentir, ça a pas mal bousculé mes habitudes, et je dois dire que je ne me souviens même plus de quand est-ce que j'ai pu profiter d'une grasse mat' pour la dernière fois. C'est fatiguant, étreignant, mais... Ça en vaut le coût. Et puis, ça me rappelle de bons souvenirs »

ELLIOT ⏏ « On a jamais été aussi mignons, avec Félix. Mais je veux bien te croire : cette adorable jeune fille a l'air mignonne comme tout ! »

A présent que Elliot s'était fait à l'idée, Alice lui apparaissait comme la huitième merveille du monde : sa nièce ! Il sentait son coeur battre un peu plus vite à l'idée que la fratrie avait à présent un nouveau membre, et que la famille pourrait accueillir Alice à bras ouverts. Mais le mât blessait là : Faust n'avait fait appel qu'à lui, et pour de très bonnes raisons.

FAUST ⏏ « Ça a été assez compliqué, après, mais Isaac a été compréhensif. Il te passe le bonjour, d'ailleurs. »

ELLIOT ⏏ « Ahhh Isaac. Toujours vivant à ce que je vois. J'espère qu'il va bien ; tu lui feras un bonjour de ma part également. Vous travaillez ensemble, ou bien tu le vois juste comme ça ? »

Isaac. Cela faisait des années que Elliot ne l'avait pas vu, et pour cause. Mais le jeune dresseur préférait ne pas songer à tout cela. Le sujet de sa famille, bien que terriblement noué et confus, restait une chose belle et précieuse. En parler maintenant ramènerait sur le tapis un sujet désagréable. Quelle famille, toute de même ...

FAUST ⏏ « Ah, et... Question école, tu te démerdes ? Enfin, vu ce que tu gardes au bras, je ne devrais pas poser la question, t'as toujours un putain de talent avec ces bidules électroniques. »

ELLIOT ⏏ « Oh bah on fait aller. Je m'arrange pour avoir des notes correctes. Je travaille dur. Et en ce qui concerne ce petit bijou à mon bras ... J'ai un groupe d'amis. On a cette même passion pour l'électronique et les univers virtuels, alors on a créé ça. C'est vachement pratique : projection holographique, radio, balise, ça a plein de fonctions. Mais c'est notre première version, il y a des choses à améliorer. »

Le regard de Elliot s'était fait brillant de joie. Il n'avait pas voulu ennuyer son frère aîné avec ses paroles précises et enflammées, mais il s'était tout de même rendu coupable de passion : rien qu'en commençant à parler de son Vox, Faust l'avait entraîné sur un sujet qui lui tenait à coeur. Mais il brisa tout ça par un haussement d'épaules. Il en avait assez dit - l'Aquilus devait rester secret.

FAUST ⏏ « Mais... Sinon, j'ai vu que tu avais capturé un pokémon, alors... Tu t'es lancé dans le dressage ? »

ELLIOT ⏏ « Herm. Disons que ... Que j'ai fais ami-ami avec mes pokémons. Me battre, tout ça ... Pour le moment je n'ai pas réellement fait de combat pokémon. Même si je suis sûr que Zéro adorerait. »

Tout en disant cela, Elliot sortit de sa poche une pokéball et après l'avoir fait roulé négligemment dans sa main, fit apparaître un Nidoran mâle à l'air curieux devant lui. Porygon toujours sur son épaule, Elliot sourit à son frère et à Alice - tiens, pourquoi avait-elle ce petit regard étrange ?

ELLIOT ⏏ « Je ne pense pas que l'excitation intense des combats soit bonne pour moi, mais ... Qui sait ce que l'avenir nous réserve ? Pour le moment, je me contente de mes deux amis. J'ai trouvé Porygon grâce aux ordinateurs. On s'est trouvé, on peut dire. Il m'aide énormément dans ce que je fais. Quant à Zéro, il traînait près de l'auberge, blessé. Je l'ai soigné et depuis, on ne se quitte plus. Voilà ma superbe équipe. Et la tienne, frérot ? J'ai vu quelques uns de tes combats, à la télé : tu as pas mal de pokémons forts, dis donc. Tu dois être fière, Alice ! »

Je fis un petit clin d'oeil à la jeune fille. Zéro, de son côté, nullement impressionné, s'était approché de Faust et Alice pour les renifler consciencieusement. Il était assez intelligent pour faire la part des choses, aussi comprit-il qu'ils étaient des amis. Il lança un regard curieux vers Dahlia, mais ne bougea pas, peut-être effrayé par la stature de la chienne. J'eus un petit sourire par devers moi - Zéro était coriace et désirait se battre, et j'étais sûr en mon for intérieur que si il avait été un peu plus fort il n'aurait pas dit non à une épreuve de forces.

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Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

Si Faust était d'accord quand aux paroles d'Elliot sur le fait que lui et Felix n'avaient pas été 'si' mignons que ça ? Absolument pas. Faust est un peu stupide et concon avec ses petits frères, de sorte que non, à ses yeux, ils avaient été les gamins les plus adorables de la terre et quiconque dirait le contraire se verrait alors foudroyé, un point c'est tout. Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'a même pas conscience qu'il est absolument débile, mais aussi le fait qu'il n'en a pas honte du tout. Il faut dire qu'avec ces deux-là, il avait vite fait d'abandonner son apparence de type relax, détendu et joueur pour se transformer en espèce de machine à câlins affectueuse, niaise et un poil bébête sur les bords. Il se contente de glousser un peu devant ses propos, quoique il se retient tout juste de le serrer dans ses bras en lui tirant un peu les joues pour lui dire à quel point même maintenant, il restait tout aussi adorable que lorsqu'il était enfant. Mais il était conscient qu'il devait tout de même gardait une certaine réputation devant sa fille et il savait également que Dalhia le rappellerait vite à l'ordre, puisque la Démolosse étant actuellement en train de l'avertir d'un regard de ne pas se transformer en espèce de gros niais sur pattes. Chose très difficile pour lui, il fallait l'avouer, mais il avait appris quelques notions de contrôle de soi avec les années.
Il ne doute pas un seul instant qu'il doit travailler dur, oh non. Si il y a bien une chose que toute la fratrie Donovan partage, c'est le fait qu'ils sont tous plus ou moins travailleurs et ne lésinent pas quand il le faut. Même Felix, le plus oisif parfois, mettait du sien quand son aide était nécessaire et n'hésitait pas à venir en aide. Il est impressionné, il doit le dire, mais il ne montre pas grand chose hormis un léger sourire ; si il a un point commun avec Clive, Natsume ou bien même Katya, c'est sa capacité à dissimuler qu'il est impressionné. Si il est extrêmement fier de son petit frère et de ses connaissances en matière de nouvelles technologies, il ne montre qu'un léger sourire un peu tendre et niais sur les bords. Au bout d'un certain temps, il a appris que Felix et lui finiraient toujours par faire quelque chose qui ferait naître en lui une chaleur douce née de la fierté d'avoir aidé deux garçons pareils à grandir, et d'avoir fait quelque chose de bien dans vie.

Le fait qu'il n'ait pas énormément d'expérience en combat, il s'en doutait fortement, mais ce ne fit que titiller l’instinct de Faust qui jeta un coup d’œil vers Alice pour constater, comme il l'avait prévu, que l'esprit combatif et curieux de la gamine avait été aiguisé, ce qui en soit les condamnait tous les deux. Allez essayer de tirer une idée de la tête d'Alice une fois qu'elle y est implantée, tiens ; vous aurez plus de facilité à trouver de la farine dans de la cocaïne. Si il n'avait jamais vu Elliot avec des pokémon, il pouvait déjà deviner qu'il devait être un bon dresseur, ne serait-ce que par le fait que le Nidoran mâle qu'il lui présentait maintenant avait tout l'air d'être en bonne santé et heureux, alors il se permettait de faire cette théorie. L'inexpérience, il connaît ça ; qu'il en a fait, des bourdes et erreurs stupides en tant que jeune dresseur ! Néanmoins, il a retenu quelque chose : si un crétin tel que lui pouvait devenir conseiller, alors devenir un excellent dresseur était à la portée de tout le monde et le dressage n'était très certainement pas une science exacte. Quiconque prétendrait le contraire se verrait d'ailleurs devenir le receveur d'un de ses plus beaux regards blasés.
Une très légère teinte de rose se met à orner ses joues lorsqu'il entend les compliments d'Elliot à son égard, mais elle disparaît en un éclair ; si recevoir des compliments ne le gêne pas en temps normal, c'est un peu différent avec quelqu'un comme lui. C'est bien plus flatteur, disons. Il sourit ensuite, avant de rire bêtement. Alice glousse lorsque l'adolescent s'adresse à elle, et hoche de la tête pour signifier qu'elle est tout à fait d'accord avec ses propos.

« Oui, même que papa il a une Absol toute rouge ! Elle est forte et maligne et jolie et... »

Faust se massa légèrement la nuque, amusé mais en même temps légèrement embarrassé par le fangirlisme à la limite du raisonnable d'Alice pour Fae. Si il ne l'arrêtait pas maintenant, ils étaient partis pour un discours d'une bonne demie heure, ce qui n'aurait pas été une excellente utilisation de leur temps ensemble. Mais néanmoins, avant qu'il n'ait pu l'interrompre, les yeux d'Alice se mirent à pétiller.

« Dis dis dis, Elliot, on peut faire un combat tous les deux ? »

Le conseiller soupira. Prévisible. Il y a des fois, sa curiosité lui faisait se demander ce qu'elle deviendrait ; dresseuse, coordinatrice, éleveuse, rien de tout cela … ? À chaque fois qu'il essayait de deviner quelle voie emprunterait la fillette, un élément venait contredire sa théorie, et c'était un véritable casse-tête. Si elle adorait les combats, elle regardait toutefois toujours les entraînements de Katya en coordination avec des étoiles dans les yeux, mais en même temps cherchait toujours à persuader Natsume de lui apprendre des choses sur l'élevage et de l'emmener avec lui un jour à la pension de Nuva Eja (ce que le lapin avait toujours refusé, ne serait-ce que parce qu'il n'aurait jamais osé demander à Mina si il pouvait l'emmener une fois, puisqu'il aurait été, par définition, moins disponible pour travailler). Mais au final, autant ne pas se poser de questions ; Alice n'était qu'une enfant, et elle aurait tout le temps de trouver son chemin. Lui avait bien mis une vingtaine d'années avant de trouver ce qui l'intéressait, et il était encore peu sûr de ce qu'il voulait faire après. Élever sa fille était probablement la seule décision stable qu'il ait pris depuis longtemps.
Avant même que l'adolescent n'ait eu le temps de répondre, la fillette fit sortir d'une de ses pokéballs un Sabelette qui s'étira légèrement une fois libéré, avant d'inspecter les autres avec curiosité. Toutefois, il eut vite fait de comprendre en voyant le sourire de sa dresseuse et un autre vint étirer ses lèvres en un rictus. Mars était bien le plus combattif de l'équipe d'Alice, et il trépignait déjà d'excitation en inspectant le Nidoran, impatient.

« Tu veux bien ? »

C'était tout Alice, ça. Demander la permission après avoir tout préparé. Bah, au moins, elle la demandait, mais Faust ne put s'empêcher de lâcher un soupir mi-amusé mi-blasé, suivi d'un sourire désolé vers son petit frère.

Être un homme comme toi # avec Faust

Faust souriait. Fort. Enfin, je voyais bien qu'il faisait des efforts pour ne pas sourire trop bêtement. Avec Félix, on avait jamais trop compris pourquoi il était aussi gaga avec nous - mais comptez sur nous pour en avoir profité ! Les souvenirs refaisaient surface, alors que nous parlions. Notre enfance avait été baignée de douceur, grâce à toute notre famille. Je les aimais, tous autant qu'ils étaient, et ce malgré nos divergences d'opinion, parfois. La famille était la chose la plus importante. Mon regard scruta Alice, alors qu'elle se mettait elle aussi à sourire, le regard pétillant de malice.

ALICE ⏏ « Oui, même que papa il a une Absol toute rouge ! Elle est forte et maligne et jolie et ... »

ELLIOT ⏏ « Héhéhéhé. »

Elliot rigolait tout doucement. La petite semblait totalement fan de l'Absol chromatique de son frère. Il l'avait déjà vu au combat, à la télévision, et il avait été impressionné par la puissance et le selfcontrôl de l'équipe de son frère. Il sourit à ce dernier, mais écarquilla les yeux quand la voix d'Alice résonna sur une question qu'il n'avait pas vu venir, naïf qu'il était.

ALICE ⏏ « Dis dis dis, Elliot, on peut faire un combat tous les deux ? »

ELLIOT ⏏ « Un ... Un combat ? Hem ... »

Elliot venait tout juste de dire qu'il n'était pas vraiment fait pour être dresseur, et voilà que sa petite nièce lui proposait un combat ? Il baissa les yeux sur son visage rayonnant, alors qu'elle faisait apparaître un sabelette. Comment dire non à ça ? Comment dire non à ce petit visage de fillette, aux grands yeux dignes du chat potté ? Elliot soupira et haussa les épaules, coulant son regard vers Zéro. Le Nidoran observait le groupe d'inconnus, mais son regard se fixait souvent sur le pokémon en face de lui. Bon, hé bien, je crois que je n'avais plus le choix. J'étais au pied du mur, et puis je dois avouer que l'idée de faire plaisir à Alice était plus agréable que celle de me protéger en refusant le combat. Et puis, c'était un petit combat amical. Zéro piaffa et poussa un petit couinement, dodelinant de la tête, comme pour qu'on admire sa corne frontale.

ALICE ⏏ « Tu veux bien ? »

ELLIOT ⏏ « D'accord. Je ne peux rien refuser à mon adorable nièce. »

Je souris à Faust, d'un air penaud. Comme pour dire : ça y est, elle fait partie de la famille, elle sait déjà comment s'y prendre avec nous pour nous faire fondre. Je me relevais doucement, tirant ma manche sur mon Vox en me grattant la nuque, dans un geste qui n'était pas sans rappeler celui de Faust.

ELLIOT ⏏ « Bon, Zéro. Je compte sur toi pour gérer avec moi d'accord ? »

Je fis un clin d'oeil au pokémon venimeux. Le Nidoran eut un nouveau couinement. Il était du genre combattif, comme tous les pokémons de son espèce. Je savais qu'il se débrouillerait bien, mais j'espérais surtout qu'il comprendrait que je voulais laisser gagner Alice. Il était hors de question que je la fasse pleurer en la faisant perdre.

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Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

Alice était une acharnée des combats ; Faust l'avait vite compris. Il savait, d'autant plus, que ce n'était pas simplement parce que son père était conseiller et qu'elle avait donc de nombreux exemples devant les yeux, que ce soit lorsqu'elle venait le voir en combat officiel ou qu'elle observait ses entraînements. Il ne s'était toutefois pas attendu à ce qu'un rat de bibliothèque comme elle, qui passait la majeure partie de son temps dans la bibliothèque pour lire des bouquins qu'une enfant de son âge n'était pas censée être capable de comprendre avant trois ou quatre années, sois aussi fanatique des affrontements de pokémon. Oui, c'est mal les clichés, mais avec Clive qui était du même genre sauf qu'il était lui un pacifiste acharné, il avait été habitué à un tout autre style de comportement. Et pourtant, il ne comptait plus le nombre de combats qu'elle lui avait demandé, ni ceux qu'elle avait quémandé à Isaac, Katya, Nova ou tous ceux qu'elle côtoyait. Même Natsume avait dû y passer, en chignant certes, mais tout de même. Et de tout cela, il y avait une chose que Faust avait bien retenu : Alice détestait qu'on la sous-estime ou qu'on lui laisser l'avantage à cause de son âge et de son inexpérience. Malgré son calme, la fillette pouvait rapidement être provoquée par le moindre signe de ces faits, et répliquer assez fortement : il l'avait vu de lui-même, lorsqu'il avait ordonné à son Noctali d'aller doucement contre le Sabelette de la fillette, et qu'elle avait grogné dans sa barbe inexistante. De toute façon, les mots 'délicatesse', 'tact' et 'douceur' ne font pas vraiment partie du vocabulaire dans la gamine, qui, dans un contexte de fantasy, serait plutôt un chevalier qu'un mage. Et en plus de ça, elle avait déjà demandé à se déguiser en chevalier pour Halloween, c'était pour dire.

Mars est sans doute le plus agité et le plus rusé des pokémon d'Alice. Le fauteur de trouble du groupe, si on veut, et Faust avait dû de nombreuses fois rappeler à sa fille qu'il fallait tout de même le surveiller un peu, et le recadrer quand nécessaire, car ce filou était un maître des farces et bêtises en tous genres. Et en combat, cela ne change pas.

« Mars, fais voler le sable ! »

Ordre un peu confus, qui fait toutefois hausser les sourcils à Faust : il se rappelle alors avoir donné un ordre du même genre à Déméter, dans d'autres circonstances évidemment, et un sourire amusé étire ses lèvres. Il s'est éloigné un peu au début du combat, et affiche une expression neutre pour ne pas montrer à quel point il est fier.
En utilisant Roulade et Jet de Sable à la fois, le but du Sabelette n'était pas de toucher, mais bien de remuer la terre afin qu'elle soit projetée vers le Nidoran, et ainsi réduire sa précision ainsi que le déboussoler. Mars s'était en effet mis à tourner autour de Zero avec comme seule objectif de Faust s'étonne qu'Alice ne se soit pas déjà jetée sur l'offensive, mais il observe avec curiosité, que ce soit la réaction d'Elliot ou la stratégie de sa fille en général. Après, bien évidemment, utiliser deux capacités d'un coup laisserait sûrement le Sabelette fatigué, ou du moins lui demanderait de respirer quelques secondes après ça, ce qui laisserait la possibilité d'être touché durant cette période. Ou alors il y avait aussi les deux autres gros points faibles de cette tactique, qui, si l'adolescent les remarquait, lui donneraient nettement l'avantage.

Être un homme comme toi # avec Faust

Hé bien, le combat commençait ! Voir la lueur, l'étincelle qui brillait dans le regard d'Alice effaça les hésitations que j'avais pu avoir. Je n'avais nul besoin de douter : Zéro allait savoir gérer, et j'avais une certaine curiosité. Comment Alice allait-elle s'en sortir ? Je devinais qu'avec Faust comme mentor, elle ne pourrait qu'être douée. Elle n'était peut-être pas très âgée, mais il y avait quelque chose chez elle d'un fin stratège. Je me faisais l'effet d'un pauvre débutant. Face au Nidoran mâle, un sabelette à l'air malicieux. Mais avant que Zéro ait pu faire quelque chose, ou que l'on ait pu avoir ne serait-ce qu'avoir l'idée de faire quelque chose, un ordre fuse déjà. Tranchant, dans l'air ; volontaire, téméraire, j'ai plus de rime en -aire.

ALICE «  Mars, fais voler le sable ! »

ELLIOT « Faire ... Voler le- ... Zéro ! Attention ! »

Trop tard : alors qu'il aurait pu d'un bond esquiver, Zéro se retrouva emprisonné dans un cercle, avec le sabelette qui tournait autour, roulant comme une boule, faisant se soulever la poussière. Zéro toussa, presque évanoui derrière l'écran de terre. Il secouait la tête, perdu, ne sachant que faire. Je devais intervenir !

ELLIOT « Essaye de le ralentir ! Creuse, et frappe ! »

Zéro, ayant enfin un ordre, baissa la tête, et se mit à creuser dans la terre en essayant d'esquiver le sabelette. Les tranchées ainsi creusées étaient sensée ralentir le sabelette ; hélas, le pokémon venimeux s'élança trop vite dans une attaque au corps à corps. Il bondit, mais il était couvert de terre, et la poussière dans ses yeux l'empêcha de bien viser. Il bondit, sortit du cercle, mais manqua sa cible et roula un peu plus loin. Il se releva, se secoua entièrement, faisant de nouveau face à son adversaire. Son air mauvais montrait à quel point il prenait ce combat au sérieux. Mais je n'étais pas assez bon pour l'aider : la stratégie, ce n'était pas mon fort !

Great Thief

Informations :  Le sable réussit à faire baisser la précision du Nidoran.
Il creuse avec une attaque Picpic des tranchées pour ralentir Mars.
Il tente une attaque Double-pied, mais il rate. Néanmoins, il sort du cercle où Mars le retenait en roulant.

J'espère que tout te va, si il y a le moindre problème, n'hésites pas  

Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

Faust en aurait presque soupiré ; une fois qu'Alice était dans son petit monde, bon courage pour l'en sortir, et il se trouvait qu'aujourd'hui, ce petit monde était celui des combats. Il savait d'ailleurs très bien que la fillette, vu la lueur dans ses yeux, ne démordrait pas et tenait à mener cet affrontement jusqu'au bout, tout comme le Sabelette qui, après son petit tour, était quelque peu fatigué. Si le conseiller sait une chose quant au style de combat d'Alice, c'est qu'elle est à la fois créative et brutale, mais qu'elle a souvent tendance à s'avancer un peu trop et à ne pas considérer les conséquences et risques de ses actions. C'est un défaut qui ne se guérit que par l'expérience et les échecs, aussi cruel que ce soit à avouer. Faust a confiance en sa fille et a hâte de la voir de se renforcer, mais il sait toutefois qu'il ne pourra pas tout le temps la protéger ou mener ses combats à sa place, et il n'en a aucunement l'envie. Il sait qu'aussi qu'elle chutera de nombreuses fois, inévitablement, et qu'elle se relèvera. Les choses sont faites ainsi, et il serait naïf de croire qu'Alice serait exemptée des choses inévitables de la vie. Pour cette raison, lorsque le conseiller l'observe et note mentalement ses erreurs, il ne dit rien, et se contente de rester muet, comme un simple spectateur.

Toutefois, en même temps, son attention est aussi capturée par Elliot qui, malgré le fait qu'il n'avait commencé le dressage que depuis peu, montrait quand même une certaine intelligence qui ne manque pas de faire sourire discrètement le hérisson, qui se retient d'avoir l'air horriblement fier et niais, bien que pour le deuxième point vous me direz, c'est déjà trop tard. Il ne souhaite ni la victoire d'Elliot, ni la victoire d'Alice ; il désire simplement observer, prendre des notes et gagater comme un gros attardé niais sur deux des personnes les plus importantes à ses yeux et à son cœur. Oui, il serait capable de péter des arcs-en-ciel à ce niveau.
L'utilisation de Picpic réussit à ralentir le Sabelette, qui se mit sur le côté par réflexe pour voir ce que son adversaire mijotait, et esquiva de peu une attaque Double Pied qui aurait sûrement été très désagréable. Cet enchaînement avait permis au Nidoran de se libérer de cette prison où le Sabelette le retenait, et Alice pesta mentalement. Néanmoins, et ce fut à ce moment là que Faust comprit qu'il ne devait absolument rien dire, elle eut vite fait de trouver une autre stratégie.

« Fais le marteau-pilon ! »

En s'élançant grâce à ses griffes de la terre, le Sabelette pu se projeter temporairement en l'air, et à ce moment-là, il se laissa tomber lourdement sur le sol à plusieurs reprises, ces fois-là en manquant le Nidoran à cause du caractère très imprécis de l'attaque. C'était en effet tout à fait remarquable au niveau de la puissance, mais un point majeur subsistait ; l'attaque était très imprécise comme dit précédemment, et en plus de ça, vu la façon dont Mars s’essoufflait, il aurait sûrement besoin d'une pause bientôt... Et quand ce moment viendrait, Alice risquerait sûrement de perdre sérieusement l'avantage. Si Elliot était capable d'attendre le bon moment, bien sûr, et Faust devait avouer qu'il trépignait et ne tenait tout simplement plus en place, étant aussi excité que les deux adversaires et leurs pokémons.

Être un homme comme toi # avec Faust

Je ne m'étais pas imaginé prendre plaisir à voir se battre mes pokémons. Cependant, en voyant combien Zéro se montrait courageux et volontaire, cela faisait battre mon coeur plus fort. Faust nous couvait des yeux, Alice et moi, et j'étais certain qu'il trouvait ça mignon. Les deux pokémons se toisaient de nouveau, et j'attendais qu'Alice décide quelque chose, ce qui ne tarda pas.

ALICE ⏏ «  Fais le marteau-pilon ! »

ELLIOT ⏏ « Hein ? »

Cet ordre opaque me fit écarquiller les yeux. Marteau-pilon ? Zéro et moi étions dépourvus face à cette réplique qui était tout sauf claire. Soudain, Mars le sabelette s'élança en l'air, véritable boule d'écaille couleur de sable. Nos regards suivirent son arc, et Zéro n'eut pas le temps de bouger. Heureusement peut-être : le sabelette se mit à heurter violemment le sol, sans pour autant réussir à bouger le nidoran qui s'était immobilisé, corne en l'air, comme pour défier son adversaire d'oser s'approcher.

ELLIOT ⏏ « Allez Zéro ! Il veut voler ? Fait le léviter ! »

Zéro comprit où je voulais en venir. C'était peut-être dangereux comme idée, mais Zéro s'exécuta : il attendit que Sabelette soit fatigué et effectue une dernière attaque marteau-pilon pour lui donner un coup de corne, non pour le blesser mais pour l'envoyer en l'air. Et, de nouveau, il s'élança lui-même à la suite, les pattes arrière en avant pour le mitrailler de coups de pied. Je m'étais glissé vers ma gauche pour suivre le combat et mon regard noisette se porta sur mon frère aîné, qui semblait dévoré de curiosité quant à ce combat. Moi-même prenait plaisir à ça ; étonnant. Zéro aussi, et de toute évidence, Alice et Mars également. C'était donc cela, combattre ?

ELLIOT ⏏ « Je ne m'attendais pas à être aussi heureux de combattre, Alice ! Tu te débrouilles comme une chef ! »

© Great Thief

Informations :  Mars ne touche pas Nidoran, même si ce dernier est ébranlé par la puissance des coups.
Zéro attends le moment et envoie Mars en l'air d'un coup de corne.
Il s'élance à la suite pour une attaque Double-Pied en mode mitrailleuse, mais sa précision laissant toujours à désirer, il est possible que Mars esquive ou que Nidoran rate. A toi de voir \o/

Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

Dire que Faust ne débordait pas de fierté serait un mensonge tout à fait honteux ; il rayonnait presque tant il était heureux de voir les progrès de sa fille et de son petit frère. Il observe le match en continuant de sourire comme un abruti, en caressant de temps à autre la tête de Dalhia qui ricane gentiment en les voyant, tout aussi amusée que son dresseur. Depuis tout à l'heure, il était aussi excité qu'un enfant le jour de Noël et voir qu'Elliot avait réussi à trouver une des multiples failles dans la stratégie d'Alice le ferait presque trépigner sur place. Alice parut surprise, mais ne se laissa pas être davantage étonnée. Bien que Mars se prit les coups du Nidoran, et qu'il serra les dents devant la douleur, le Sabelette reprit le contrôle de ses mouvements en faisant un saut faire l'arrière pour s'éloigner des dangereux pieds du Nidoran. Faust cligna des yeux, curieux quant à ce qu'allait faire sa fille. Alice parut hésiter, confuse, et perdit donc quelques secondes, mais trouva une stratégie de rechange. Toutefois, Mars arrivait à la fin de sa réserve d'énergie, et il y avait fort à parier que le combat ne durerait pas bien longtemps vu qu'il était déjà bien engagé. Elle se mordit les lèvres, ne sachant que faire, avant de se rappeler d'une des techniques que son père utilisait avec son Chartor.

« Mars, tu peux faire la toupie ? »

Le Sabelette ne fit pas signifier à sa dresseuse qu'il l'avait entendu, mais en voyant les pieds du Nidoran arriver sur lui, il se mit à tourner sur lui-même pour le repousser brusquement. Mais en faisant cela, le pokémon des sables acheva de terminer ce qu'il lui restait de forces et recula, épuisé.  Il respirait rapidement et erratiquement, fatigué, quoique il refusait d'abandonner sans qu'Alice ne lui dise qu'il pouvait arrêter. Faust s'apprêtait à les stopper, mais la fillette le prit de court avant de lever la main pour indiquer qu'elle déclarait forfait. Un grand sourire aux lèvres, elle gloussa légèrement.

« J'abandonne ! T'es trop fort, Elliot ! »

Bon, il faudra peut-être ramasser Faust avec un seau, parce qu'il a fini de fondre et qu'il va sûrement se transformer en flaque, à la force. Tout ça était tout simplement trop adorable pour lui, et Dalhia ricana moqueusement en remarquant la tête de gros gaga désespérant du conseiller. La gamine alla de suite retrouver son pokémon, en caressant la tête du Sabelette pour le féliciter de ses efforts et de sa persévérance. Elle alla ensuite chercher dans la sacoche de son père, après avoir reçu un hochement de tête confirmant qu'elle en avait le droit en venant de son paternel, d'où elle tira quelques baies pour aller les donner à Mars et ainsi lui faire récupérer un peu de ses forces avant de le rappeler dans sa ball.
Une fois cela fait, elle s'approcha d'Elliot et de son Nidoran, en lui tendant quelques baies qu'elle avait pris pour eux. Un sourire digne de son père sur le visage, Alice sautille presque de joie.  

« C'était génial ! Faudra qu'on refasse ça, un jour ! Tu voudrais bien, dis ? »

Elle a dit ça d'un ton si enjoué que Faust n'a pas pu s'empêcher de laisser un sourire attendri se dessiner sur son visage. Le conseiller jeta un regard interrogatif à son petit frère, lui demandant implicitement si il était d'accord. Le revoir plus souvent, même ainsi, suffirait peut-être à le rendre monstrueusement heureux. Restait à voir si l'autre était d'accord. Oui, Faust était stupide de douter de la réponse, on le sait.

Être un homme comme toi # avec Faust

Même si Zéro commençait à fatiguer, c'était de plus en plus flagrant sur le sablette : il respirait avec peine et les coups portés par le Nidoran avaient égratigné sa superbe. J'étais un peu triste, dans le fond, parce que je n'aimais pas l'idée de blesser autrui. Zéro reprenait son souffle, attendant la suite, tout comme moi. Je sentais ma respiration s'affoler, sous le coup de la tension.

ALICE ⏏ « Mars, tu peux faire la toupie ? »

ELLIOT ⏏ « Hé, Faust, c'est toi qui appris à cette jeune dresseuse à brouiller ses ordres ? C'est extrêmement efficace, Alice ! Je suis totalement déstabilisé ! »

La suite fut des plus douloureuses pour Mars, et finalement, le combat se stoppa de lui-même. Zéro s'était reculé, la tête baissée : il commençait lui aussi à fatiguer, même si sa fierté le poussait à faire semblant qu'il était frais et dispo.

ALICE ⏏ « J'abandonne ! T'es trop fort, Elliot ! »

Je rougis sous le compliment soudain et inattendu. Zéro s'assit et soupira, et je le rejoignis avec un sourire. Le pokémon venimeux tourna sa tête vers moi, et dans son regard brillait la fierté d'avoir gagné un combat. J'avais toujours eu peur que nos différents points de vue sur les combats pokémons ne nous éloignent, mais cet instant de transe que j'avais vécu m'avait donné la preuve que Zéro (et sûrement les pokémons en général) étaient assez forts pour choisir de combattre ou non. Je caressais le poil dru du pokémon tout en jetant un coup d'oeil à ma nièce. Elle s'approcha et offrit des baies à Zéro qui les accepta avec gratitude, non sans avoir déposé un baiser mouillé sur la main de Alice pour la remercier. Faust avait élevé sa fille avec les meilleures manières du monde ; je vis dans son regard la fierté qu'il en tirait, et je compris que ces deux-là étaient liés à la vie à la mort, tout comme je l'étais à mes frères. Et, au fond, j'étais à présent lié à Alice également. La jeune fille sautilla sur place, de nouveau très enthousiaste, me tirant un sourire amusé.

ALICE ⏏ « C'était génial ! Faudra qu'on refasse ça, un jour ! Tu voudrais bien, dis ? »

Plusieurs paires d'yeux m'observèrent avec curiosité : Alice et Faust, mais aussi Mars, et surtout Zéro dont les prunelles brillaient d'envie. Je haussais les épaules, indécis, puis repensant aux émotions qu'avaient fait naître le combat en moi, je m'avouais vaincu avec un sourire.

ELLIOT ⏏ « Avant, je m'imaginais les combats durs, cruels inutilement et violents. Mais à présent, avec ce que je viens de vivre, je comprends. Je comprends pourquoi tu as choisi cette voie, Faust. C'est, non pas de la violence gratuite, mais une transe avec son pokémon, c'est quelque chose de beau et de pur, et plein de respect. »

Je souris à Alice, en observant son joli visage fin et ses grands yeux innocents. Faust avait une fille, et pas n'importe laquelle. Une petite braise pleine de feu et de caractère, et qui avait en elle une future dresseuse de talent. Je tapotait la tête de ma nièce en riant aux éclats, heureux comme tout - et Faust devait partager cette joie, j'en avais le sentiment.

ELLIOT ⏏ « J'accepterais avec joie de te combattre de nouveau ! Je suis sûr que tu va devenir une dresseuse hors pair ! Et pas seulement parce que Faust va t'inculquer tout ce qu'il te faut savoir. Tu as ça dans le sang, Alice ! »

Je souris, puis me tournai vers Faust, curieux. Après ce petit à-propos, je réalisais que dans le fond, je n'avais pas vu mon frère depuis longtemps et que j'avais eu peur de n'avoir rien à lui dire. Le voir avec Dahlia, comme autrefois avec la malosse qu'elle avait été ... Je sentis mon coeur se serrer. Je m'étirais et m'approchais du conseiller.

ELLIOT ⏏ « Je suis sûr que tu es fier d'elle, hein ? »

Je n'avais pas eu besoin de le dire, mais au moins, la fierté que je ressentais moi envers ma toute nouvelle nièce transpirais dans mes mots. Faust pouvait comprendre cela. Je partageais un regard complice avec mon frère aîné. Oui, même avec la distance, nous avions gardé ça. Nous étions frères, et le sang parlait pour nous.

Être un homme comme toi

Feat Elliot D. Donovan

Faust a longtemps eu du mal, avec les combats. La compétitivité n'avait jamais fait partie intégrante de lui et il s'était toujours battu pour sa propre satisfaction et celle de ses pokémon, rien de plus. La sensation grisante des réflexions et des réactions faites sur le moment n'était pour lui comparable à des montagnes russes, et bien qu'il n'aurait jamais pensé bâtir la plus grande partie de son compte en banque en devenant dresseur professionnel, c'était arrivé et il se disait que c'était déjà mieux que rien. Faust aime les combats parce que sont des échappatoires, des moments de détente où il peut penser à tout autre chose que les problèmes du quotidien ; le hérisson étant quelqu'un qui vit sur le moment plutôt qu'autre chose, on pouvait dire que c'était son truc. La 'transe' dont parle Elliot toutefois, il a un peu du mal à la voir, mais dirait qu'il s'agissait plus d'une complicité, d'un respect et d'une confiance absolue que quoi que ce soit d'autre. Disons qu'il avait à la fois une position positive, et négative des combats. Les tournois clandestins, il les avait vu. Les pokémon qui se blessaient jusqu'au sang voir pire, il en avait témoigné. Il ne le dit pas à son petit frère, ni à Alice, néanmoins ; il préfère leur laisser cette vision qui, si elle est véridique, omet toutefois certains détails qu'il préfère garder loin des oreilles des plus jeunes. Les dérives, c'était un tout autre sujet. Il se contenta donc d'un léger sourire et d'un hochement de tête bref, tandis qu'Alice hochait vivement de la tête, tout à fait d'accord avec son oncle.

Les mots d'Elliot firent rêvasser un peu Alice, tandis que Faust continuait de se poser des questions sur la future et possible orientation de sa fille au niveau du style de dressage. Il aurait été incapable de porter un jugement clair, puisqu'à chaque fois, tout laissait à penser qu'elle se tournerait peut-être vers une autre voie ; mais elle avait le temps, et largement en plus de ça, il n'y avait nul besoin de se presser. Toutefois, la remarque sur le fait qu'elle avait ça dans le 'sang' la fit pencher un peu la tête sur le côté, confuse quant au sens de l'expression, et le sourire de Faust perdit un tout petit peu de sa force. Il préférait garder l'identité du père d'Alice secrète et ne pas mentionner sa mère, à cause du fait que son décès était encore très récent et remuer la plaie chez une enfant de sept ans, c'était presque cruel. Ainsi, chaque mention de la filiation de la gamine le faisait se contracter ne serait-ce qu'un peu, au moins par réflexe.

Elliot se rapprocha alors pour lui demander si il était fière d'elle, et un sourire tendre et abominablement niais étira ses traits dès que le plus jeune eut terminé sa phrase. Oui, il pouvait dire qu'il rayonnerait de fierté et qu'il avait l'impression d'être un des hommes les plus chanceux du monde, même si cette supposition était hautement subjective et assez peu réaliste, en somme. L'impression est là, pourtant ; solide, irréductible. Le conseiller, en tant qu'adolescent, pensait à devenir père un jour, mais seulement comme une sorte de songe fugace auquel il ne croyait pas trop, pensant qu'il serait sûrement trop absorbé par le temps pour se permettre ça, ou alors qu'il ne trouverait sûrement personne avec qui en avoir. Et puis en plus de ça, après avoir quasiment élevé Felix et Elliot, il avait eu sa dose d'enfants à gérer, et souhaitait le repos, en plus de pouvoir penser un peu à lui-même ; il avait eu sa dose de petits pots à donner à la cuillère, merci bien ! Mais le destin en avait décidé autrement, et il se retrouvait dorénavant avec un petit soleil qu'il éduquait seul, mais sans crainte aucune. Alors bien sûr, il a toujours peur de mal faire, mais depuis qu'il s'est remis de son entrevue avec Matthias, il a cessé de penser qu'il serait un mauvais père. Il n'avait pas l'arrogance de se considérer comme 'bon', mais il faisait de son mieux, et c'était tout ce qui comptait véritablement.

« Fier, mais surtout chanceux. »

Il sourit un peu, avant que ses pensées ne se mettent à vaguer légèrement vers tout autre chose.

« Je... J'aimerais bien la rendre heureuse comme lui nous a rendu heureux. Au moins pour elle. »

Il fit une légère pause, soudainement plus triste, et tenta de se reprendre : inutile de penser à leur défunt géniteur maintenant, cela ne ferait qu'alourdir l'ambiance et ce n'était en rien son souhait. Ça ne l'avait jamais été, mais il était doué pour se souvenir des mauvais moments quand il ne fallait surtout pas que cela soit le cas.

« Et un jour... J'aimerais bien arriver à mériter de nouveau mon nom de grand frère. Et revoir Clive correctement, aussi. J'espère beaucoup de choses, en somme. »

Il se massa la nuque. Il remercia Arceus qu'Alice soit partie jouer avec Dalhia un peu plus loin, entraînée par la Démolosse qui avait bien compris que son dresseur était sur le point de dire des choses qu'il valait mieux tenir loin des oreilles de la gamine. Le conseiller se tourna un peu vers son petit frère, soudainement curieux.

« Et toi ? Tu espères quoi ? »

Question banale, classique en somme, mais qui avait pourtant fait se poser à Faust tant de dilemmes qu'il ne pouvait s'empêcher de la lui poser. Appelez cela de la curiosité mal placée si vous voulez, puisque c'est le cas.