Je commence à m'inquiéter. Sherlock, Stelmaria et Eole sont allés chercher du côté de la forêt quant à moi, je continue de longer les rives du lac, cherchant tout signe de vie, que se soit sur les berges ou à la surface de l'eau. Avec son épaisse toison, si elle venait à tomber dans le lac, ma pauvre Wattouat ne lutterai pas longtemps contre le poids de la laine gorgée d'eau... A cette pensée mon sang se glace et je redouble d'effort, me concentrant sur le moindre mouvement ou bruit qui me signalerai sa position.

Plus le temps avance et plus j'angoisse à l'idée de ne pas la revoir. Mon coeur tambourine dans ma poitrine, me coupant la respiration à chaque bouffée d'air. Je connais cette sensation, c'est la peur et la douleur qui se mélange, m'empêchant de me concentrer correctement, de penser à autre chose que son corps inerte reposant au fond du lac. Mes membres se mettent à trembler et malgré mes tentatives de marcher plus vite pour les contrôler, rien n'y fait.

Maintenant je cours, elle n'a pas pu aller si loin, c'est impossible. Mais je ne m'arrête pas, je continue de longer le lac quand brusquement, je l'entend. Ce cri qui m'est si familier. Je me précipite dans sa direction et je la vois, enfin, saine et sauve. Elle est en train de se disputer avec un pokémo sauvage, cherchant à l'affronter. Je souris bêtement, heureux qu'elle soit en vie et qu'elle aille bien. Une belle frayeur.

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De ses yeux ronds, la Wattouat fixe la Bargantua, bondissant à droite puis gauche afin d'éviter les petits jets d'eau du pokémon sauvage qui semble bien agacé par la jeune femelle. Elle semble vouloir la croquer, n'en faire qu'une bouchée et même si Candy est assez maline pour l'avoir compris elle est aussi bien trop téméraire ou stupide pour s'en écarter. Je suis obligé de me précipiter vers eux avant qu'elle ne tombe à l'eau ou ne se fasse mordre et je l'attrape dans mes bras, chassant de gestes vifs de la main le vilain poisson qui la regarde avidement comme un casse-croûte.

Je m'écarte de la rive, la tenant fermement dans mes bras, tandis qu'elle se débat, souhaitant affronter cet affreux ennemi mais je le lui interdit. Encore sous le coup de la colère, je la réprimande sèchement pour s'être éloignée si loin, peut-être un peu trop même car elle se met à pleurer.

" Nan nan, ne pleure pas... J'ai eu si peur pour toi Candy, tellement peur. Regarde, j'en tremble encore. "

D'une main agitée, je viens caresser son épaisse toison blanche de laquelle je tire quelques feuilles et brindilles qui s'y sont accrochées. Elle me regarde sans vraiment comprendre mon angoisse, ma peur de la perdre car pour elle, ce n'était qu'un simple jeu.

" Tu es encore trop jeune pour comprendre, mais ça viendra. "

Je la serre plus fort contre moi, ignorant ses protestations quant à son âge. Mais je préfère qu'elle soit triste et râleuse, qu'elle me fasse la tête pendant quelque temps plutôt que de me demander comment j'aurai pu éviter ça et si je me le pardonnerai un jour.   

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J'ai une relation particulière avec chaucun de mes pokémons et avec Candy, c'est la plus douce, la plus fébrile, la plus tendre que j'ai. C'était mon premier oeuf, mon premier enfant si je peux dire et donc, mes premières vraies responsabilités en tant que parent de cette Wattouat et j'avoue avoir pris mon rôle très au sérieux. Elle a toujours eu droit à des soins particuliers, des attentions que je ne donnais pas à mes autres pokémons. Si pour moi Zorua représentait un ami précieux où je me reconnaissais en lui comme dans un miroir : perdu, blessé, animé d'un désir de vengeance... Candy elle est semblable à mes heureux souvenirs. Sa joie, son envie de vivre, sa douceur, sa candeur... Elle est d'une certaine façon ce qui garde une part de mon existence dans le passé. Et ça m'a toujours attiré chez elle, ce côté enfantin que j'ai perdu, ce plaisir des choses simples, cette façon qu'elle a de ne se soucier de rien, de laisser aller le temps. Je l'envie. Mais l'avoir à mes côtés m'inspire la confiance, la sûreté et mes nuits les plus difficiles, son épaisse fourrure qui vient se presser contre moi me rappelle que les temps sont durs mais que reviendront les beaux jours.

Elle continue de me fixer avec ses yeux ronds et je souris en me redressant.

" Rentrons, les autres te cherchent encore. "

Un adorable bêlement m'indique qu'elle est d'accord pour me suivre et sans même prêter un regard au Poissirène qui la défi, la Wattouat prend la tête de la marche. Et ainsi, nous avançons jusqu'à retrouver les autres qui nous attendent inquiets, sous le grand saule où nous avons passé l'après midi. Candy se précipite vers eux et frotte sa toison blanche sur chacun de ses amis, heureuse de les revoir.

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Et alors que je m'apprête à rentrer, enfin, après une longue journée riche en émotions, voilà qu'apparaît le pokémon que j'avais l'espoir de trouver ici. Il émerge de l'eau dans un battement de nageoire et me regarde de manière effrontée. Ce Magicarpe a du caractère et c'est ce que je recherche. Ma troupe manque cruellement d'un pokémon eau et un Léviator serait parfait : puissant, intelligent... Il fera un parfait compagnon.

" Allez Sherlock, tu y vas ? "

Je regarde le Zoroark se poster face au Magicarpe en ricanant, sûr de sa victoire. En revanche, ma Wattouat semble frustrée de ne pas avoir été choisie mais je préfère la ménager, elle en a assez fait pour aujourd'hui et nul besoin d'attaque Cage Eclair pour un simple Magicarpe. Je préfère même la rappeler dans sa pokéball avant qu'elle ne choisisse de n'en faire qu'à sa tête et s'interposer entre eux le poisson et Sherlock.

" Allez, capturons le. "

Le Zoroark s'élance face au pokémon sauvage qui au lieu de prendre peur soutien le regard du puissant pokémon ce qui m'étonne d'autant plus. Le jour où ce Magicarpe évoluera... Il me donnera du fil à retordre. Je n'arrive pas à m'occuper d'un simple petit Evoli alors un Léviator... Je soupire en pensant à la tâche difficile qui m'attendra dans le futur. Si j'avais plus de temps à leur accorder alors peut-être que ça irait mieux.

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Et voilà, j'ai enfin ce que je voulais : un Magicarpe. Enfin, ce que je veux réellement est en réalité un Léviator mais ce petit poisson se changera bientôt en grosse crevette. Je souris à cette pensée et gratifie le Zoroark de quelques félicitations même si la capture d'un tel pokémon n'était qu'une partie de rigolade pour Sherlock.

" Bien joué. "

Aussitôt, je rappelle le Magicarpe capturé afin qu'il fasse la connaissance de mon équipe. Non pas que ma baignoire soit un mauvais aquarium mais ce pauvre poisson n'aura pas souvent l'occasion de partager mon lit ou de m'aider dans mes missions et donc peu d'occasion de rencontrer mes amis. Le Magicarpe me regarde, les yeux ronds, il ne semble pas satisfait, pas content d'avoir été capturé et c'est vraiment étrange car la plupart des pokémons sauvages acceptent sans broncher leur nouvelle vie. Lui en revanche semblait attaché à sa liberté et il me foudroie du regard, mon Zoroark et moi.

" Bienvenue dans l'équipe Magicarpe. "

Je souris au poisson qui en réponse se met à luire. Je m'écarte prudemment, à la fois surpris et craignant ce que cette lueur bleue annonce. Et malheureusement pour moi, mes craintes sont fondées, le Magicarpe évolue et se change en un gigantesque Léviator qui revendique sauvagement sa liberté.

" Sherlock, tu y retournes ? "

Le Zoroark s'avance à nouveau vers l'ancien poisson et cette fois-ci, les forces sont équilibrées. Le pokémon sauvage se met à grogner, menaçant le renard qui ne paraît cependant pas le moins du monde impressionné et c'est d'ailleurs lui qui attaque le premier. S'ensuit un combat redoutable mais l'entraînement et la technique de Sherlock laisse le Léviator en retrait qui ne peut que s'incliner face au Zoroark. Aussitôt, je lance à nouveau la Pokéball qui se referme définitivement sur le gigantesque corps du poisson. Je souris, rassuré. Je ne doutais pas des capacités de Sherlock mais un Léviator en colère est une véritable plaie.

" Parfait, rentrons maintenant. "

Je serre la pokéball que je tiens dans la main, le regard porté vers les futurs combats qui vont venir.

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