Je m'étais douté que ça ne serait pas de son goût. Lui les trucs aussi mièvre, il se torchait avec. Câlins, bisous, c'était de la daube pour lui. Peut-être qu'il ne vivait que pour les moments violents ? Ou - et je supposais cela plus proche de la vérité - peut-être n'avait-il jamais connu de tels gestes de tendresse ? En tout cas, je me sentais con à le tenir comme ça, et pourtant, j'avais pas envie de bouger. Et puis, soudain, je devins sourd. Les cris de Alex me percèrent les tympans et je grimaçais. Quoi ? Quoi ? Je comprenais plus rien, et j'étais un peu paumé. Ce que je sentis, cependant, c'était sa colère, sa surprise, et qu'il s'était éloigné de moi. Je me passais un doigt dans l'oreille ; ça va pas de crier comme ça non ?

▬ Putain, si on t'agresse, crie un bon coup et ça sera bon, ton agresseur sera par terre ! Pire que l'attaque hurlement, ton truc. Putain, j'avais des tympans, mais ça c'était avant fis-je toujours en grimaçant un sourire.

Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Après avoir marmonné un truc que j'entendis assez mal - est-ce qu'il avait parlé de micro-onde et de sentences ? - il revins vers moi, me prit contre lui, et notre étreinte recommença. J'éloignais ma tête, un peu idiotement, de peur qu'il ne recommence à hurler tel un Nosferapti en colère, mais non. Il semblait, cette fois, rassuré d'avoir décidé quand et où il se ferait câliner. On ne se méfie jamais assez d'un câlin sauvage, c'est vrai ça, ça attaque n'importe tout, et c'est toujours en troupeau, ça peut blesser ... Content que ça lui plaise, en tout cas ; je blottis mon visage un instant dans son cou, y cachant mon large sourire. Puis, mes mains passèrent sous son yukata pour effleurer ses flancs, son torse, se faisant câlines, effleurant sa peau.


▬ J'y pense, on a pas tenu nos engagements. On a pas profité de l'onsen a fond. Honte sur nous, tu ne trouves pas ?

Oui, j'avais de nouveau les idées mal placées. Et alors ?! Après tout ces cris, toute cette tension, je me sentais de nouveau aussi tendu qu'un string, moi merde. Et puis, sa présence me réchauffait, sans parler des sources chaudes qui envoyaient en régularité digne d'un coucou suisse des vapeurs brûlantes. J'avais envie de le sentir de nouveau contre moi ; je le gardais encore contre mon torse, puis me reculais. Je souris, et fis, d'un air taquin :

▬ Tu veux que je te fasse un strip- te ...

Une sonnerie m'interrompit. Une sonnerie qui venait des vestiaires. Merde, mon portable ! Je lui lançais un regard désolé, et allais décrocher - ce pouvait être important, merde. J'avais quand même des responsabilités, quoi. Je décrochais : c'était Rouge qui, paniquée, m'expliquait que je devais rentrer, qu'elle avait des problèmes à l'arène. Merde ! Je grommelais quelques mots, puis revins vers l'onsen.

▬ Pour mon idée, on verra plus tard. Rouge vient de m'appeler, je dois rentrer à l'arène.

Je haussais les épaules, puis m'approchais de lui. Mon sourire était revenu, et mon regard brillait de malice. Je tirais sur sa ceinture, alors que mon autre main ne désirait qu'une chose, sentir sa peau. Mon sourire s'était encore élargi, alors que je prenais un air difficilement incompréhensible : il suffisait d'un regard pour voir où je voulais en venir. Je vins souffler, près de son oreille, de ma voix rauque et de mon souffle chaud :

▬ On va devoir faire vite, alors ...

Si seulement j'en étais capable, au moins ! Je devais rentrer, oui, mais pas en le laissant là comme ça. Ô non. Je voulais le sentir contre moi une dernière fois, encore. Et peut m'importait que mon arène fut en feu - bon, j'avoue, ça m'importait quand même, et si elle avait été en feu, j'aurais un peu plus paniqué que ça. Mais là, ce n'était pas important. Ca l'était moins que lui, déjà. Bon, j'allais pas dire ça, j'en avais marre du côté cucul. Avec un peu plus de fougue, je tirais plus fortement sur sa ceinture, et elle tomba plus loin alors que je l'y lâchais, un air engageant au visage.

▬ Enfin, vite ... On va quand même prendre notre temps ...

Je vins prendre un baiser le long de sa mâchoire, le long de son cou, puis vint effleurer de mes lèvres sa poitrine. J'étais bête, on était bête. Mais j'avais envie de lui. Toujours, dans le fond. Toujours envie de lui. Et à présent que j'avais vu des parcelles humaines de sa part, que j'avais entrevu son côté plus doux, je n'avais envie que d'une chose : de lui montrer que parfois, la douceur, ça avait du bon aussi.