Divided we fall III

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Clive n'a jamais aimé ces moments. Ces instants où la tension qui régnait laissait clairement comprendre que les choses allaient forcément dégénérer, d'une manière ou d'une autre. Celle entre Faust et Felix était explosive : avec leurs deux tempéraments, il n'était pas rare que des disputes éclatent. Vu la froideur mesquine du conseiller une fois énervé et les colères rouges du blond, le résultat était toujours assez impressionnant pour quiconque se retrouvait en face. Ils faisaient honneur à cette tradition en un sens aujourd'hui, à se fixer aussi lourdement. Mais au moins, les yeux de Faust n'étaient pas emplis de cette lueur assassine qui traversaient ceux de Felix. Le cadet n'avait rien dit au départ, puis finit par reporter brièvement son attention sur Clive, l'air plus sévère et agacé.

« Fallait me le dire si t'avais mieux à faire. 
- Ce n'est pas-
- Laisse tomber. Donc qu'est-ce que tu fous là, toi ? »

Faust ne répondit pas tout de suite ; il leva les yeux au ciel et par un miracle que Clive lui-même saluerait comme étant le produit de la volonté d'Arceus. Le plus âgé mit ses fins dans ses poches, l'air blasé.

« J'prends l'air. J'ai pas le droit ? »

Il retirait tout de suite ce qu'il avait pensé. Il fallait croire que malgré les années, Faust restait un imbécile provocateur lorsqu'il était piqué à vif, et il l'était, vu sa posture et son langage corporel. Si il avait toujours été doué pour se contenir et pour mentir, jouer la comédie et tout cela, Felix était différent. Il était à la fois un sujet épineux et savait exactement quoi dire pour l'agacer. Et même en sachant cela, il continuait de tomber dans le piège, comme l'imbécile qu'il pouvait être.

« Et puis je voulais voir Clive. Que je sache, on est assez vieux pour décider de ce que l'on fait, non ? Ou alors j'ai raté un truc, mais faut me mettre au jus.
- Mature, Faust. Vraiment.
- Bah quoi ? Visiblement, c'est moi le marmot !
- Vu comment tu t'enfuies la queue entre les jambes devant la responsabilité, ouais. »

Clive grimaça. Double merde.

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« Écoute, si je te fais chier, désolé, mais va falloir que tu me supportes. J'avais à discuter avec Clive, do-
- T'avais des années pour le faire. Tu viens seulement de retrouver tes couilles, ou quoi ? »

Faust leva les yeux au ciel devant l'accusation, son regard plus froid et beaucoup moins chaleureux que tout à l'heure. Clive baissa le regard, sentant un nœud se fermer dans sa bouche alors qu'il assistait à cela. Et dire qu'à une époque, ce garçon au regard de glace se cachait contre Faust lorsque des cauchemars horribles et des terreurs nocturnes le gardaient éveillé. Mais maintenant, c'était tout juste si il ne l'aurait pas frappé, et même si le conseiller était extrêmement bon pour faire croire qu'il se fichait complètement de quelque chose (en toute honnêteté, Clive admirerait toujours ses talents d'acteur), l'officier savait que c'était loin, très loin d'être le cas. Rien n'était plus important aux yeux de Faust qu'eux, après tout, et rien ne le mettait dans un pire état que de penser à ses petits frères. Mais à cause des années, des vieilles rancunes, des non-dits, des conflits jamais élucidés et des innombrables pensées contradictoires, leurs relations s'étaient complexifiés. Finie l'époque où Felix courrait jusqu'à Faust pour lui montrer ses bricolages et dessins, ou celle où Elliott n'avait pas ce regard sage et fatigué à la fois, qu'il n'aurait pourtant jamais voulu voir chez lui. Maintenant, ils s'observaient avec méfiance, en gardant leurs pensées pour eux, même si cela les éloignait considérablement.
Et c'est cet air qui était affiché sur le visage de Felix, qui ne voyait plus en face de lui le frère aîné qui l'aimait pourtant tant mais un individu dont il fallait rester éloigné. Et le pire dans tout ça ? Clive savait pertinamment qu'il en souffrait en vrai, car si le blond aimait afficher une façade de dur ou bien à faire croire qu'il détestait complètement Faust, c'était faux. Entièrement faux. Et l'officier ne pouvait rien faire pour les réconcilier, étant donné que ces deux-là étaient trop têtus et fiers, hormis prier pour qu'un événement ne les rapproche. Mais il aurait fallu un vrai miracle, ou un drame, et il ne valait mieux pas trop espérer. Les miracles n'arrivaient plus depuis longtemps et les drames avaient déjà été trop nombreux.

« Bon, vu que c'est ma fête et que je suis le grand méchant, je vais vous laisser. Clive, si tu veux me voir rappelle-moi.
- Faust, s'il te plaît. »

Déconcerté par sa demande, le châtain hésita. Felix ne décoléra pas, gardant un regard froid et méprisant, mais en voyant l'air sévère de son aîné lorsque le noiraud lui adressa quand il voulut protester, il garda le silence.

« Bien. On va se regarder en chiens de faïence pendant deux heures, ça va être tellement génial ! Tu me l'aurais dit, j'aurais amené mon pique-nique. »

Au moins, c'était un progrès. Petit progrès, certes, mais c'était déjà ça.

Divided we fall III

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Le silence était revenu, pendant cinq ou six minutes, alors qu'ils arpentaient les rues qu'ils avaient tant de fois exploré durant leurs enfances, et qu'ils connaissaient mieux que les plus précises des cartes. De temps en temps, toutefois, Clive remarquait que Faust paraissait confus, ou hésitait entre un chemin et l'autre, ce qui lui fit rapidement conclure qu'à force d'éviter Vanawi comme la peste, les souvenirs flous du plus âgé d'entre eux lui jouaient des tours. Ils avaient au final décider de se tourner dans la direction d'un parc plus éloigné, là où personne ne pourrait hausser le ton ou s'énerver (toutefois, aucun d'entre eux n'avait osé l'exprimer à haute voix) et où il faudrait forcément rester civils sous peine de se faire remarquer. En constatant la lourdeur du silence qui s'était imposé, Clive faillit aller contre ses habitudes en engageant la discussion, mais des petits cris aigus et très familiers arrivèrent aux oreilles du noiraud qui détourna la tête, surpris. Il était persuadé qu'il s'agissait de Raiden, et...
Et l'adorable, mignon petit Négapi était en train de frapper un Snubull gris avec une planche en bois. Martelant presque le crâne du chien au sol, en poussant des petits « pya » à chaque fois que son arme improvisé heurtait la tête de sa victime, le tout était presque synchronisé, comme si il jouait du tambour. La surprise permit au moins de faire oublier pendant quelques instants la situation, et Clive se précipita auprès du pokémon pour l'arrêter. Alors qu'il saisissait la planche, il remarqua que le Négapi était couvert de poussière, et ses conclusions l'amenèrent à comprendre qu'il avait dû prendre un coup, ou bien se faire pousser, et qu'il s'était vengé comme il avait pu. Mais bon dieu, pour une petite créature mignonne, il était loin d'être un ange... Remarquez, à vivre dans les rues, il avait forcément développé quelques mauvaises habitudes.

Clive se pencha vers le Snubull, grimaçant en voyant le bel hématome et la bosse qui allaient rester pendant quelques jours. Il était sonné pour sûr. Il se dit qu'il pouvait au moins emmener le pokémon au centre, en espérant que celui-ci ne se réveille pas pour lui dévorer un bras. Felix et Faust n’objectèrent pas, mais le blond eut l'air légèrement mal à l'aise lorsque le Négapi monta sur son épaule, souriant et d'excellente humeur, comme si il n'avait strictement rien fait quelques secondes auparavant.

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Durant toute la période où il était au centre, il avait forcé Faust à venir avec lui, pour s'assurer qu'aucune dispute ne surgirait et que le conseiller ne fuirait pas lâchement dès qu'il aurait le dos tourné, ce qui était plus que possible étant donné son caractère. Le silence était lourd, et il était sûr et certain qu'à force de détourner le regard et la tête son jumeau allait choper un torticolis, mais au moins il n'y avait aucun cri, pas de ton agacé ou d'insultes, et tant mieux. Franchement, Clive était fatigué de leurs conflits incessants et de leur stupidité : si ils n'arrivaient pas à s'entendre, l'officier allait peut-être devoir les forcer à se rapprocher, d'une manière ou d'une autre. Faust était un imbécile, soit, mais ce n'était pas une raison pour lui déclarer la guerre au moindre mouvement de cil, tout de même. Au final, si cette absence courte pouvait au moins un peu calmer la furie de Felix, tant mieux, même si il n'y croyait pas trop. Le côté rancunier du blond était bien trop développé, tout simplement.
Mais néanmoins, il faudrait qu'il revienne chercher le Snubull plus tard pour le lâcher dans la nature, et il acquiesça en soupirant, pas vraiment jouasse à cette idée, mais après tout il n'avait pas vraiment le choix et il n'allait pas faire sa princesse non plus. Décidant qu'ils devaient continuer de marcher, Clive fit signe à Faust de le suivre, et il s'étonna que le plus vieux le suive sans faire d'histoires, mais tant mieux, il n'allait pas se plaindre. D'ordinaire, c'était déjà difficile de le convaincre, mais là, il disait oui sans même rechigner. Miracle, donc.

Une fois sorti, il constata que Felix s'était mis à discuter avec son Raichu, qui cligna des yeux en apercevant le conseiller mais alla immédiatement lui demander son attention, l'air enjoué et ravi de le voir, cherchant d'ores et déjà son affection. Le sourire du châtain revint brièvement alors qu'il caressait la tête de la souris, attendri par les grands yeux brillants de celui-ci alors qu'il lui sautait à moitié dans les bras.

« Chuis content de te voir aussi, Daxt. »

Ton dresseur est moins joyeux que toi, aurait-il rajouté si il n'avait pas su que dire ça équivalait à une provocation.

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Les facilités de Faust avec les pokémon avaient vite été repérées durant son enfance ; que ce soit avec Dalhia ou plus tard avec Déméter, il était devenu évident que si le jeune garçon n'était pas brillant à l'école et qu'il accumulait souvent les bêtises, il n'empêchait pas qu'il était tout particulièrement doué pour se mettre tous les pokémon du coin dans la poche. Ceux des voisins, des connaissances... Peu avaient longtemps résisté à la bouille du jeune hérisson, et ceux qui l'avaient fait avaient souvent succombé face à sa persistance. C'était un de ses talents, et personne n'avait jamais vraiment remis ça en question, mais il devait avouer que maintenant, voir Felix mal à l'aise devant la vision de son starter qui continuait de quémander l'affection de Faust... C'était priceless, tout bonnement, en dépit de la pitié qu'il aurait dû avoir du blond, puisque Clive aurait parié beaucoup sur le fait que contrairement à ce qu'il disait et continuait de vouloir faire croire, le jeune homme aurait bien aimé être à sa place. Le chimiste pouvait dire tout ce qu'il voulait sur son frère aîné, mais l'officier le connaissait assez pour savoir qu'il l'aimait toujours, et souffrait tout autant qu'eux de la séparation qu'ils supportaient comme ils le pouvaient tous les jours. Daxter, lui, ne se rendait pas vraiment compte de tout ce qui se passait et agitait sa queue en l'air, joyeux.

Au final, la présence du Raichu avait tué tout conflit dans l’œuf, quasiment instantanément. Impossible pour le blond de se permettre de lever le ton pour l'instant, et Faust n'irait pas chercher les ennuis : Clive pouvait donc être rassuré à l'idée qu'il était tranquille tant que la souris resterait présente. Et vu que celle-ci semblait vouloir:les suivre, c'était en bon chemin.

« Je vous ramène ? »

La phrase est dite comme ça, comme si c'était normal, mais les deux plus jeunes comprennent bien vite que ce qu'il sous-entend ici est qu'il va les laisser à quelques mètres puis repartir immédiatement, étant donné que tout ceci n'avait mené à rien. Ils passeraient devant une Miamiasme en silence, en mentionnant de temps en temps une boutique ou la météo, a choix. Ils ne pouvaient rien faire d'autre, et inutile de chercher à trouver 453656 sujets de discussion bateau pour calmer le malaise, palpable comme il était. Comme d'habitude, cette tentative de diplomatie avait été un échec, et Clive n'aurait pas su dire si c'était de leur faute ou si ils n'y arriveraient tout bonnement jamais. En réalité, il ne préférait pas vraiment y réfléchir, trop craintif que la deuxième réponse puisse être la bonne.