Âge du personnage : 22 ans, née un 29 septembre Métier / Études : Championne Coordinatrice de Zazambes Pseudonyme(s) : ★ Miss Anarchy, Championne coordinatrice de Zazambes
Niveau : 66 Team active : ★
★ Bob - Bizarre - Sans Limite
★ Lance-Soleil
★ Tarja - Modeste - Contestation
★ Eboulement
★ Marilyn - Bizarre - Corps Gel
★ Vibrobscur
★ Janis - Discrète - Intimidation
★ Seisme
★ Lemmy - Hardi - Statik
★ Danse-Pluie
★ Floor - Naïve - Matinal
★ Ball-Ombre
Team spécifique : ★★
★ Jimmy - Discret - Essaim
★ Toxik
★ Ripper - Jovial - Brise-Moule
★ Tonnerre
★ Dio - Malpoli - Armurbastion
-
★ Li - Maligne - Force Pure
Sujet: I will survive - Partie 3 (OS - Fin) Sam 5 Aoû 2017 - 12:40
I WILL SURVIVE - Part 3 avec les cousins et tonton tond le gazon
Spoiler:
Cet OS se déroule environ un mois après celui-ci, vers mai 2017, donc. Retard/20.
Je ne pensais pas que la simple vue d’une grosse bagnole noire pouvait me donner tant de sueurs froides. Et ce ne sont pas des sueurs de pauvre fille à la « haaaan trop belle la caisse-han, comment je rêve d’un mec avec une telle caisse ». Eh, je vous jure que le blond qui possède celle-ci, vous n’avez pas envie de le connaître. Certes, je suis un peu biaisée désormais, dans le rejet, même s’il y a eu de bons moments. Je crois que si je me ramollis, je ne pourrais pas affronter mon cousin comme je le souhaite. Tandis que j’approche de la demeure trônant au milieu du domaine fermier, Soltan, le propriétaire des lieux, vient à ma rencontre. On se salue, et il me semble un peu soucieux. Il s’est vraiment changé en daron, depuis 3 ans. Bon, il a toujours cet air d’ours kodiak patibulaire et un ton aussi mort qu’un merlan frit, mais c’est à peine si je l’entends encore, vu comme je le suis habituée au personnage, depuis le temps. Je peux déceler son attitude préoccupée, à juste titre, comme il est un peu la personne la plus au courant de ce qui s’est passé entre Alex et moi. Il a certainement eu plusieurs versions de l’histoire. Je sais qu’il est une des rares personnes en qui Alex a confiance, à qui il aurait pu confier ses craintes, comme une sorte de père de substitution. Pour le coup, RIP Mumutte, à choisir entre Soltan et ce dernier, je choisis Soltan sans la moindre hésitation.
Apparemment Shizune et Marilyn ne sont pas là, les jumeaux dorment en ce début d’après-midi, et Alex et Ludwig son partis se balader avant de revenir préparer le dîner. Tout est calme, trop calme. Je tente de convaincre Soltan de ne pas se mêler de nos affaire ce soir, de lui faire comprendre que je sais ce que je fais. En un sens, si ça part en couille, je serais bien contente qu’il soit dans le coin. Je crois et espère sincèrement que les choses se passeront, mais on ne sait jamais. Et malgré moi, j’ai quelque espoir naïf qu’Alex ait pu changer depuis notre dernière discussion, s’il a été un minimum affecté par mon départ. Je sais que tout mon raisonnement peut paraître égoïste -et il l’est-, mais il est hors de question que je me retrouve à faire un pas en avant pour deux pas en arrière, et que ce soit le retour à la case départ, dans l’état de loque terrifiée dans lequel j’étais il y a un an. Les gens pourront me juger capricieuse, insensible, tout ce qu’ils voudront, mais il le faut, pour sauver ma peau et partir (ou rester) sereinement d’Enola.
Comme d’habitude lorsque j’arrive à la ferme, je vais poser ma moto rouge dans le petit garage, puis je m’en vais retirer mon épaisse veste en cuir à l’intérieur. Contrairement à la chaleur caractéristique de l’extérieur, la bâtisse aux murs de pierre épais parvient toujours a garder la fraîcheur. Après avoir tourné en rond quelques minutes en ruminant ce que je risque d’avoir à dire et en apréhendant d’avance les heures a venir, je me décide à sortir m’exercer avec mes alliés. Après tout, la saison n’est pas terminée, et j’ai encore quelques challengers à accueillir : il est hors de question de me laisser refroidir et de ne pas être au top pour eux ! Patty et Nicko ont en plus besoin d’être entraînés, et ce sera Li et Jimmy qui les aideront à progresser, tout en s’exerçant de leur côté, sous l’œil rigolard de Ripper. J’essaye aussi de tenir compagnie à Dio, le Drascore, en tentant encore une fois de le convaincre de rester s’entraîner avec nous, plutôt qu’en solitaire. Au final mon allié rouge ne semble pas motivé à rejoindre les autres, mais peu importe, ce sera peut-être pour une prochaine fois. Le temps passe vite et je ne peux m’empêcher de surveiller avec appréhension le retour des garçons. Soltan finit par appeler vers 18h30, pour me demander de l’aider pour le repas. Je laisse mes alliés s’ébattre dehors, et rejoins le fermier en cuisine, afin de découper des patates et de la viande. Ouf, je vais encore sortir en roulant, ce soir. Il me propose aussi de la bière du coin, que j’accepte avec enthousiasme. Je mets aussi de la musique pour nous accompagner et nous encourager. Après un petit quart d’heure, Soltan quitte un moment la pièce pour se rendre dans la grange. Je me retrouve seule avec l’introduction de la fameuse chanson de Gloria Gaynor, et commence à en fredonner les paroles.
« At first I was afraid… I was petrifi-- »
L’écho d’une voix d’enfant familière m’interrompt. C’est Ludwig. Mon sang ne fait qu’un tour alors que la porte d’entrée s’ouvre sur mes deux cousins, et qu’ils me reconnaissent avec une surprise non dissimulée, le plus jeune en premier. « Riku !! Alex, regardes, y’a Riku qui est là ! »
L’adorable blondin courre vers moi et me saute presque au cou, même s’il est couvert de boue, comme à chaque fois qu’il revient de balade. Il a tellement changé, en un an, ce gamin… C’est incroyable comme ça pousse à cet âge là. Il ressemble encore plus à son frère qu’avant. En un sens, j’imagine qu’il l’admire et l’adore tant qu’il fait tout pour l’imiter et attirer son attention.
« Hé, Lulu ! Bordel, ce que t’as grandi ! » « Héhé ! Le médecin il a dit que quand je serais grand, je dépasserais Alex et ptet même Soltan en taille ! » « Eeeeh bé ! T’es balèze ! »
Il est dans mes bras un petit moment, alors que Alex est en retrait. Je n’ose pas encore croiser le regard de ce dernier, mais je sais qu’il me fixe. D’ailleurs, je frissonne quand sa voix, que je trouve un peu trop posée, se fait entendre.
« La loutre, tu vas aller prendre une douche ? » « J’ai pas enviiiiie ! » « Allez, dépêches toi. Tu verras Riku après. » « Tu viendras me coiffer ? » « Si tu veux. »
Le blondinet se détache de moi, et s’en va vers l’étage en courant, non pas sans trébucher une ou deux fois dans les escaliers. Le silence qui suit me met mal à l’aise, seulement entrecoupé par la voix de la chanteuse qui ne s’est pas arrêtée.
Kept thinking I could never live without you by my side « Tu veux un coup de main ? »
But then I spent so many nights thinking how you did me wrong
Je secoue la tête, et termine de couper la viande pour la mettre dans la poêle. Alex s’est posé au comptoir qui sépare la cuisine de la salle de vie, et n’a pas l’air aussi bavard que je ne l’ai connu.
« C’est quoi cette chanson ? »
And I grew strong And I learned how to get along
Je relève la tête vivement. Sérieux ?! Il connaît pas ?! Je glousse, peut-être un peu fort, avant de lui éclairer sa lanterne.
« What ?! Tu connais pas « I will survive » ?! »
Je croise alors son regard pour la première fois de la soirée. Je suis un instant paralysée, j’ai peur de marcher dans un piège.. Je me sens comme au milieu d’un champ de mines. Pourtant, je ne ressens pas d’animosité de sa part.. Peut-être car comme a dit Soltan, cela fait plus de six mois qu’il suis un traitement presque religieusement. S’il fait ça pour Ludwig, alors ça me ferait presque penser qu’il y a un progrès. Mais je ne me laisserais pas ramollir pour autant. L’autre cesse de me fixer un instant, et tapote en rythme sur le comptoir en observant brièvement l’enceinte. Puis, il dirige ses iris turquoises sur moi à nouveau.
« Tu veux danser ? » « Euh… Quoi ?! »
Le malaise. Il ne m’a jamais proposé ça. Je ne sais quoi penser ou plutôt.. je ne sais pas sur quel pied danser ! Héhé ! Badum-tss. Hem. Mais si je refuse, ce serait lui montrer une faiblesse… ? Ou alors ne serais-ce pas l’inverse ? J’en sais rien ! J’ai l’impression que je devrais faire com rien me si ne rien était. Et je cède. Pauvre idiote.
« ...Ok. Tu sais danser, toi ? » « Je te guide. » « Hein ? »
And so you're back From outer space I just walked in to find you here with that sad look upon your face
Il prend ma main avec fermeté, et m’entraîne dans quelques pas de rock. C’est pas très adapté à cette chanson, si… ? Merde, ce n’est pas le soucis. Depuis quand sait-il danser comme ça.. ? J’imagine qu’il a appris dans sa famille et ses écoles de bourges… Il me semble que ses vieux le dansaient vachement bien. Bref, je m’égare, là, il me fait faire les pas qu’il veut, et je me sens comme vidée de mes forces. Quelle conne putain… je fais quoi, maintenant ?!
I should have changed that stupid lock, I should have made you leave your key If I'd known for just one second you'd be back to bother me
« Tu m’as manqué, tu sais. »
Je crois que c’est les mots qui me font revenir à la réalité. Qu’il soit sincère ou non, peu importe, je sens qu’il a comme oublié ce qu’il s’est passé, et qu’il espère que je vais revenir vers lui. Alors qu’après un nouveau pas, nous nous éloignons, je fais un pas de plus en arrière, trébuche, et me retrouve le derrière par terre. Certes, danser le rock n’est pas de tout repos, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle je suis essoufflée. « Héhé. Fais gaffe. Je suis pas un si mauvais danseur, pourtant ! »
Ahah, il n’a pas tord, mais je m’en tape. Je lève un regard rempli de colère vers lui, alors qu’il tend une main pour me relever. « Me regardes pas comme ça, c’est toi qui... » « ...Me touches pas ! »
Go on now, go, walk out the door Just turn around now 'Cause you're not welcome anymore Weren't you the one who tried to hurt me with goodbye Did you think I'd crumble, did y--
« Ah, bonjour l’ambiance. »
Il arque un sourcil, et ramène sa main vers lui alors que je me relève, l’air farouche, et vais éteindre la musique.
« Je vais pas tomber là-dedans une nouvelle fois. » « Dans quoi ? Inventes pas ta vie, je suis pas en train de te piéger. Je veux juste que... » « « Tu veux », « Tu veux »… C’est toujours pareil avec toi...! » « Eh, j’ai changé, tu sais. »
Pfff… J’émets un ricanement narquois, afin de camoufler la douleur qui vient d’envahir ma poitrine. Ah, ben voila ! On y est ça y est… « j’ai changé » ! Mon cul sur la commode ! Il va nous sortir toutes les phrases les plus clichées pour que je revienne vers lui et que je sois de nouveau son petit jouet, son attraction ? C’est la meilleure. Il me demande de revenir, d’admettre qu’il n’est plus le même, alors que lui ne prend même pas la peine de savoir si moi, je suis seulement remise de ce qu’il m’a fait, il ne pense même à s’excuser. Il pense que le temps m’a calmée, hein… ? Ce soir, je ne pleurerais pas.
« Qu’est-ce qui te fait marrer ? C’est vrai. Ça fait six mois que je prends un traitement. » « Oh, quel effort. Tu veux une ovation, pour te féliciter ? »
Oui, je lui résiste. Je sais que pour lui, « s’abaisser » à voir un toubib pour son état psychologique, c’est une épreuve, un pas qu’il s’est probablement forcé à faire. Mais tel que je le connais, il ne fait pas ça pour s’apitoyer, ce n’est pas son genre. Probablement qu’il veut juste prouver qu’il a fait des choses qui le rendent méritant à mon égard.
« Eh, j’ai toujours été une princesse, mais je vais t’épargner ça ! Tu me connais bien. Je comprends que tu sois sur la défensive, après ce qui s’est passé entre nous, tu sais. »
Ah, il va évoquer sa faute, ou alors il va encore ramener les choses vers lui ? C’est sa dernière chance. Sa dernière chance de peut-être obtenir un pardon de ma part. Les chances que je revienne à lui sont nulles, mais il a encore une chance d’avoir mon pardon, et de ne pas simplement subir ma pitié le restant de ses jours. Traitez moi de garce autant que vous voudrez. Traitez-moi d’insensible, devant ce gamin malade. Je croise les bras, plutôt satisfaite de ne pas encore avoir fléchi.
« Tout ça, je l’ai fait pour toi et Ludwig, tu sais. »
Et voila. Toujours la même rengaine. Je ne sais même pas pourquoi j’arrive encore à être déçue. Je soupire, et m’en retourne vers le repas.
« T’as ptet raison sur un point, je casse l’ambiance. Peut-être que ce serait mieux de faire comme si ne rien était et faire comme toi : jouer au con. Car je ne suis pas venue pour entendre la même chose qu’il y a deux ans. »
En premier lieu, il ne rétorque rien. Il observe le repas sur le feu et remue un peu le contenu de la seconde poêle. Puis il se retourne une nouvelle fois vers moi, l’air plus accusateur.
« Mais qu’est-ce que tu veux, en fait… ? Si t’es là, sachant que j’allais arriver, c’est que tu voulais me voir, non ? Qu’est-ce que t’attends de moi ? Que je change comme toi t’aurais envie que je sois ? »
Encore une fois, son discours ne m’arrache qu’un rire jaune.
« Tss… Bordel, mais c’est moi qui devrait dire tout ça. » « Mais qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu me croies quand je te dis que je fais ça pour toi et Ludwig ? T'es bouchée ou quoi ?! » « C’est pas la question, Alex. Le problème c’est pas ce que tu veux faire pour nous, c’est… C’est COMMENT tu le fais. Tu... imposes aux gens. Tu ne leur laisses pas le choix… Tant que tu penses que ton raisonnement tient la route, tu penses que tu peux l’imposer, abuser les gens avec… Comme tu l’as fait avec moi. Parce que t’as bien trop peur de te confronter à la réalité des autres. »
Là, il se tait, j’ai un instant cru que c’était pour de bon, et qu’il allait me donner raison. Il n’arrête pas de me fixer pour autant, et s’il ne dit rien, ne se défend pas, j’ai l’impression de voir une ombre de doute passer sur son visage. Après un long moment ainsi, pendant lequel mon regard ne dévia pas non plus, le blond finit par soupirer longuement.
« Riku, j’ai... » Que va-t-il encore me sortir… ? « J’avais une excellente raison de t’imposer ça, justement, et je suis le premier à trouver ça mièvre. »
Je sais pas si j’ai envie de le savoir, vu le ton de drama-queen qu’il emploie. Qu’est-ce qui peut bien être bon, dans toute notre histoire pleine de mensonges, de non-dits, de vannes, de rêves d’enfants… De tout sauf de réalité, finalement.
« Tout ça, c’est parce que je t’aime, Riku. Tu n'as même pas idée combien je... »
Oui. Il m’aime. Moi aussi, il y a deux ans, je pensais qu’aimer, c’était comme ça. C’était tout accepter, donner raison à l’autre tant qu’il pouvait nous dire « je t’aime », tant que la flamme était intacte. Je pensais que tant ça, ça existait, on pouvait pardonner le mensonge, on pouvait pardonner l’abus. Je n’arrive ni a rire jaune, ni à trembler de peur, ni à être surprise, ni à être contente en entendant cette déclaration qui lui conte probablement. Oui, c’est comme je disais avant.. En ce moment, j’ai pitié. J’ai pitié de ce garçon qui ne sait pas aimer, qui ne saura peut-être jamais. Après avoir soufflé avec la lassitude, je secoue la tête.
« Non, Alex… Ce n’est pas de l’amour... T-Tu ne m’aimes pas. Tout ce qui t’intéresse, c’est posséder quelqu’un... P-pour te convaincre qu’il peut te comprendre, afin de légitimer ton propre raisonnement, et fuir la réalité. Ce qui te fait peur, c’est de perdre un partenaire de jeu... de perdre ce qui fait vivre tes mensonges et-- » « Arrêtes de me dire ce que je ressens comme si tu le savais, putain. »
Là, je crois que j’ai réussi à l’énerver. Il a perdu son calme, et cela se voie. Il est en position de faiblesse, il tente de m’intimider. J’avoue que je ne fais pas trop la maligne non plus : je ne sais pas de quoi il est capable, je ne l’ai jamais vraiment su. Mais ce que je sais, c’est que Irina a fini cramée dans une bagnole, et que leur paternel a failli subir le même sort (mais bon, lui le méritait probablement un peu plus). « Tu sais pas ce que je ressens, ni ce que je suis. » « C’est justement ça le problème, bordel, Alex ! » « T’as pas besoin de savoir tout ça. Ludwig non plus. Tout ce qui compte c’est que MOI, je fais ça pour VOUS. Que je fais ça par amour. Peu importe ce que je fais et comment. »
Il s’est avancé dangereusement vers moi. Je n’aime pas vraiment la tournure que prennent les choses. Avant que la porte ne s’ouvre sur Soltan j’ai fermé les yeux, craignant un coup, comme celui que j’ai reçu il y a deux ans, le soir de la fugue de Ludwig.
« Alex, éloignes-toi d'elle. Qu’est-ce qui se passe ? »
J’ouvre les yeux pour voir Alex baisser son bras, son visage revenant neutre.
« Rien, Helmut, fous moi la paix, merde ! »
Silence pesant. Je m’éloigne de mon cousin pour me rapprocher de Soltan et ses jumeaux en train de gazouiller, l'un dans ses bras, l'autre debout à ses pieds, en lui lançant des regards perplexes et inquiets. Il n’y a que moi qui ait entendu ce lapsus ou ce n’est pas la première fois que ça arrive ? Soltan soupire, alors qu’Alex me semble désormais très agité.
« T’as pris tes médicaments ? » « Nan. Fais pas chier. Je vais les prendre, j'suis assez grand pour y penser seul. »
Le blondin nous lance un regard noir, puis s’en va à l’étage avec son sac. Merde, c’était donc pas pour de faux, les médocs. Je m’empresse d’aller retirer la viande du feu et observe Soltan d’un air mi-paniqué, mi-interrogateur. Ce dernier s'en va poser ses gamins dans leur petite aire de jeu avant de revenir vers moi.
« Ca va, Riku ? » « Ou-Ouais… Il m’a rien fait. Mais la conversation m’a un peu.. Tu vois. »
L’air impassible, il hoche la tête. Il a l’air soucieux, et jette des regards vers l’étage.
« Il est, euh… Il s’est passé un truc ? »
Le fermier secoue la tête, et soupire avec lassitude.
« Alex est très agité, depuis quelques mois. Il vient souvent le soir pour laisser Ludwig, et il travaille beaucoup la nuit, de ce qu’il dit. »
Pas la peine de me faire un dessin, je vois le genre.
« Depuis quand tu.. Enfin.. Tu fais le daron avec lui ? »
La question semble le déranger. Pourtant, il répond, même s’il semble avoir du mal à trouver les bons mots.
« C’est surtout pour Ludwig, que j’m’inquiète. Alex le délaisse. Le gamin s’en rend pas compte pour le moment, il sent quelque chose mais… J’crois que c’est à cause du bordel avec le Régime ces derniers temps. Il doit… Je crois qu’Alex espère que ça pète pour… A vrai dire, je sais pas ce qui risque d’arriver si le « cadre » que lui pose encore son boulot avec eux finit par sauter. »
C’est vrai que le boulot d’Alex (qu’il soit éthique ou non, là n’est pas la question pour le moment) focalisait au moins son attention et ses pulsions morbide sur quelque chose. Si le régime saute, il n’aura plus la protection de ses employeurs en ce qui concerne ses activités. Sûrement sera-t-il jugé et attrapé. Ou pire, il pétera un câble et dieu sait de quoi il sera capable dans cet état. Je ne préfère pas y penser…
« Je veux pas que tu te mêles de ça. » « Mais… Et toi, alors ? »
Le regard déjà peu expressif de Soltan se durcit encore un peu, s’assombrissant également.
« C’est moi aussi qui l’ait entraîné dans cette voie, lorsqu’il a quitté l’Allemagne. J’ai une part de responsabilité. » « C’est pas ce que tu dis de tout le monde… ? » « Pas vraiment. Alex, c’est vraiment particulier. » « T’es pas son père, hein. Même si honnêtement, je crois que lui et Ludwig ont fini par te considérer comme tel.. » « T’en fais pas Riku. Je gère. »
Un pas enfantin dévale les escaliers et un Ludwig tout propre descend au rez-de-chaussée, pour se serrer contre moi de nouveau. L’inquiétude m’envahit en voyant la bouille innocente du gamin à bouille d’ange blond.
« Riku ! T’es pas partie ! Tu restes manger avec nous ce soir ? »
Je me mords la lèvre, dans une moue embêtée. Puis je lance un regard inquiet à Soltan. Honnêtement, je ne me sens pas trop de rester, mais je m’en veux de les laisser. Soltan me fait signe sans aucune animosité que je suis libre de faire ce que je veux. Je ne sais pas si ma conversation avec Alex m’a pleinement satisfaite, mais en un sens, je crois que je ne tirerais rien de plus de mon cousin, que je reste ou non. J’ai vu sa vraie nature, j’ai perçu une bonne fois pour toute le vide qui l’habitait… Je me suis débarrassée de bien des peurs, ce soir.
« Hm… Ok, je reste, juste pour toi, Lulu ! »
Fou de joie, le chevalier loutre sautille et m’entraîne par la main vers le canapé pour me montrer des tonnes des choses que j’aurais ratées du temps qu’on ne s’est pas vus. Il a énormément progressé en écriture et en français… Et en dessin aussi ! Il paraît que ses maîtresses à l’école l’adorent… Cela ne m’étonne pas, il a l’air de se donner beaucoup de mal, et puis, il est trop mignon, quoi. Ludwig vit vraiment sur son petit nuage, je lui souhaite d’y rester encore un certain temps, de profiter de son enfance. Il me présente au passage Iris et Mikoto, que j'ai déjà vu plusieurs fois, et il n'a pas l'air d'avoir trop la côte avec eux (m'enfin, pas pire qu'Alex qui les fait chouiner ahah), ils ont l'air aussi farouches que leur maman, ces gosses.
Éventuellement, nous avons fini par tous passer à table. Alex ne m’adressa pas un mot de la soirée, il fit comme si je n’existait plus à ses yeux. Cela ne m’attrista pas, mais ne put que m’emplir d’une dose supplémentaire de pitié à son égard. C’est avec un pincement au cœur que je quitte quelques heures plus tard Soltan, Ludwig et les jumeaux, en enfourchant à moto afin de rentrer. Peut-être dormirais-je à la belle étoile, ce soir. Ou alors je pourrais descendre à Vanawi pour m’incruster chez Winter histoire de l’embêter ? Héhé. On verra bien. En tout cas, une page peut désormais se tourner, même si c’est avec une certaine amertume.