Comme la fois précédente, le chat fut de nouveau le premier à entamer les hostilités. Il se jeta sur son adversaire en miaulant avec force, afin de le déstabiliser.
Mais Tocsain ne comptait pas l’attaquer de front. Les coups de griffe qu’il avait déjà subis étaient encore douloureux, et il perdrait certainement en fonçant ainsi tête baissée.
Le châle vivant d’A Mulher-Cobra plongea pour se réfugier dans le trou qu’il avait préalablement créé, afin de réitérer son offensive souterraine… Quand il lâcha un couinement de douleur. Ce maudit matou avait planté ses armes naturelles dans ses reins ! Et il s’y accrochait, le bougre ! Ca faisait un mal de chien !
Rendu aigri par la souffrance qu’il endurait, le Moufouette se retourna brusquement, à la surprise de son opposant. Il lui asséna lui-même un coup de griffe. Ou plutôt, fit mine de lui en infliger un. Il ne frappa que le vide, mais cela eut pour effet de faire lâcher prise le Chacripan. Sans demander son reste, le combattant de Catherine s’enfonça dans le sol.
Une fois là-dessous, la moufette prit le temps de se poser un instant, le temps de nettoyer un peu sa plaie. Les griffes avaient bien entamé sa chair, et des gouttes de sang perlaient sur sa fourrure… Ses babines se retroussèrent, dans le noir de la galerie, alors qu’un éclat mauvais naquit dans ses yeux sans fond. Il allait le payer. Il le jurait.
Au-dessus, le chat s’étira de satisfaction. Après tout, n’avait-il pas réussi à faire fuir un nuisible comme le Moufouette ? C’était bien pour ça que ces stupides humains toléraient sa présence sur leurs prétendues terres. Quels ignares ils étaient. Tout le monde savait que ce territoire appartenait aux félins. Les bipèdes et les autres créatures ne l’habitaient que parce qu’ils les toléraient. Mais bon, au moins, ils se tenaient tranquille en croyant être les maîtres de l’île, en plus d’être une source abondante de nourriture. Rien qu’ici, tous les jours, une humaine leur faisait des offrandes au coucher du soleil, payant ainsi le tribut nécessaire envers leurs dieux félins.
Le Chacripan trottina alors jusqu’au cadavre de l’oiseau. Yerk, cette immonde bestiole avait déjà croqué dedans… Mais il n’avait pas encore entamé les meilleures parties de l’animal. A table !
Néanmoins, alors qu’il se penchait pour en prendre une bouchée, une douloureuse crampe au niveau du poitrail le saisit. Il avait l’impression de ne plus pouvoir respirer ! Comme si ses poumons refusaient d’expulser l’air qu’ils détenaient !
Souhaitant échapper à ce supplice, le matou se mit à tousser. Une toux rauque et sonore, mais bien insuffisante pour suffire à se soustraire aux toxines inhalées par inadvertance par le félin. Mais, comment aurait-il pu savoir que la cause de ce maléfice était la créature qu’il pensait avoir vaincue ?
Soudain, un boulet de canon percuta le Chacripan en plein sur le flanc. Ce dernier ne put éviter l’attaque, et encore moins la chute, du fait de la surprise, mais surtout de son manque de souffle qui le clouait complètement au sol et l’épuisait. Ses yeux commençaient même à lui offrir une vision troublée… Cependant, il distinguait encore parfaitement Tocsain, penché sur lui avec un air menaçant. Il l’empêchait de se relever, appuyant ses pattes avant sur son poitrail pour le garder immobilisé. Ses babines se retroussèrent… Et il mordit méchamment l’épaule de son ennemi, lui arrachant un miaulement de douleur. Le Moufouette réitéra deux fois l’opération, bien décidé à lui donner une leçon.
Enfin, il s’écarta, laissant l’intrus filer à travers les hautes herbes, la queue entre les pattes. Il souffla bruyamment des narines, exprimant ainsi sa frustration d’avoir été dérangé. On ne pouvait jamais être tranquille, ici…
Tocsain alla ramasser le corps du Piafabec, dont la tête pendait lamentablement, et courut rejoindre sa propriétaire. Au moins, avec elle, il pourrait achever son repas tranquillement.
[Valà, fini. Merci pour la modo o/]