Je veille sur toi, toujours.

Sujet: Je veille sur toi, toujours. Ven 17 Jan 2014 - 1:23

Le soleil inondait la forêt. Insupportable, ou presque. Solitaire sans vraiment l’aide, je me trouvais accompagné d’un seul de mes compagnons. Une petite Évoli à l’épaisse fourrure brun-roux. Vous commencez à bien la connaître, n’est-ce pas? Callie-Sue avait envahi le panier que je réservais à notre goûter, me forçant à le porter dans une couverture enroulée que je portais sous le bras. Avec un soupir, je secouais la tête de m’être laissé berner ainsi pour la deuxième fois de la journée. Eh oui, encore une fois, mes plans s’étaient retrouvés contrecarrés. Une urgence avait retenu Emilio à sa Pension, ce que je comprenais parfaitement. Je lui avais posé quelques lapins déjà alors comment lui en vouloir? Je ne lui en voulais pas. J’étais simplement déçu. Après les événements dramatiques du 1er janvier, j’avais besoin de voir autre chose. De me distraire. J’étais passé pour un fantôme ou presque dans les médias. Je me cachais, ou presque. Je récupérais, lentement. Encore aujourd’hui, les étourdissements me prenaient souvent, mais ma jambe guérissait rapidement. Je boitais à peine dans les sentiers de la forêt bordant Zazambes, en direction d’une destination très prisée par les touristes : les grandes Pierres d’Érode. À l’origine, j’y avais prévu un petit piquenique entre amoureux avec mon cher blondinet, mais comme il ne pouvait pas s’y rendre, j’y allais seul avec la seule qui ne soit pas trop prise par l’entraînement en ce moment, soit Callie.

Je me demandais encore comment elle tenait toujours sur ses frêles petites pattes. Comment elle arrivait toujours à avoir le sourire. Je l’avais toujours prise pour une petite boule de poils trop enjouée, mais aussi fragile. Pourtant. Il n’y avait qu’à la voir. Avec Turbo, et avec Tarek, encore plus. Avec son petit frère. Un véritable rayon de soleils pour tous ces Pokémon qui ressortaient de cet événement amochés mentalement. Avec moi aussi. La patience, mais aussi son affection. Même aujourd’hui, elle refusait de me laisser partir seul. Même aujourd’hui elle m’accompagnait et poussait des cris adorables de l’intérieur du panier, simplement pour provoquer mes rires. Alors qu’elle avait vu le pire. Elle avait vu la destruction et les morts. Elle était si jeune, si jeune encore. Elle portait les rondeurs des bébés, et que dire de ces grands yeux naïfs… Elle avait vu l’horreur deux fois plutôt qu’une durant cette journée qui nous avait tous précipités dans les ténèbres. Pourtant, comme elle, je me tenais toujours aussi droit. J’avais été un des plus forts, malgré ma faiblesse habituelle. Je souffrais de savoir les supplices endurés, je souffrais de les savoir tous enfermés. Mais quelque part, en moi, j’avais aussi confiance. Solène allait poster aujourd’hui l’article sous le nom d’Azmitia. J’avais confiance. Cet article était excellent. Il était convainquant.

Je soupirai en posant le panier entre deux pierres énormes. Je ne voulais pas penser à la rafle d’Amanil, pas maintenant. J’étendis la couverture par terre et y disposai notre repas, à l’Evoli et à moi. Depuis quelques minutes, Callie se taisait. Peut-être se tenait-elle tranquille pour une fois, ou peut-être s’était-elle endormie ce qui, la connaissant, ne m’aurait guère surprise de sa part. Je m’assieds confortablement avant de porter un regard aux environs. Cette forêt avait le don de m’apaiser. Je fermais les yeux à mon tour, me sentant fatigué et engourdi après cette longue marche. Peut-être allais-je m’endormir, moi aussi. Mais mes plans se retrouvèrent vite contrecarrés (à nouveau, dira-t-on) quand le panier se mit à vibrer à illuminer. Sautant sur mes pieds avec une grimace de douleur, je courus vers celui-ci pour l’ouvrir à la volée. Une petite tête en sortit. Une tête que je ne connaissais pas et pourtant… Callie? C’était bien elle. Ses grands yeux pleins d’amour, son sourire adorable.

«Phiiiii!»

Elle avait décidé d’elle-même sa dernière forme, comme je pouvais voir. Au final, je ne l’imaginais pas autrement. Cette robe lui allait à merveille. Avec un sourire attendri, je la sortis du panier, maintenant un peu petit pour elle, pour la caler dans mes bras. Encore une fois, mon rayon de soleil veillait sur moi. Sur nous tous. Nous avions tant à apprendre à vulnérable et pourtant si forte petite Callie-Sue.

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