« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Je suis là

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Weston Elric
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Weston Elric
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Je suis là 006MS - Dracaufeu ♂ - Kyle - Braisier - Jovial

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Je suis là 048MS - Mimitoss♀ - Mélodie - Lentiteintée- Maligne

Je suis là 405MS Luxray ♂ - Diego - Rivalité - Assuré

Je suis là 674MS Pandespiegle ♂ - Dimitri - Poing de fer - Jovial

Je suis là 571MS Zoroark ♀ - Mystique - Illusion - Naïve

Team spécifique :
Je suis là 595 - Statitik ♂ - Naël - Oeil Composé - Modeste

Je suis là 558 - Crabaraque ♂ - Rodley - Fermeté - Mauvais

Je suis là 214- Scarhino ♀ - Stella - Essaim - Discret

Je suis là 012MS - Papilusion ♂ - Rodriguez - Assuré - Œil Composé


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MessageSujet: Je suis là   Je suis là EmptyVen 17 Jan 2014 - 18:13

• Je suis là •feat. Mercedes Blanchette

Mes cheveux me fouettent le visage, menés par le vent se plaquant avec force contre mon corps. Je peux le sentir pénétrer dans mes vêtements, me griffant l’épiderme. Il souffle tellement fort contre moi que j’ai presque l’impression qu’il tente de stopper ma trajectoire. M’arrêter avant d’atteindre mon but. Pourtant, il n’y arrivera pas. Malgré mon seul bras encore en état de conduire, jamais je n’ai mené ma Kawasaki noire avec tant de précision. Mon guidon ne bronche pas. Il avance en une ligne droite comme jamais. Je ne peux pas me permettre de dévier ma course. Je n’en suis pas capable. Tout ce qui compte, en ce moment, c’est la rejoindre. La retrouver, la prendre dans mes bras.

Ma main tremble. Elle est crispée sur le guidon de la moto. J’avance à la vitesse maximale, et pourtant, jamais je n’ai eu l’impression d’aller aussi lentement. J’ai l’impression que Beth lambine, et pourtant, je sais que ce n’est pas le cas. Elle ne me ferait pas ça. Pas dans une situation aussi critique. Et puis, je sais qu’il ne s’agit que de mon imagination en voyant les autres voitures disparaître au loin, derrière moi. Pourtant, ce n’est toujours pas assez rapide. Rien ne sera jamais assez rapide. Je ne cesse de m’imaginer la cabine de téléphone vide, tapissée d’une marre de sang. Non, je ne dois pas penser ainsi. Je dois l’imaginer en vie. Je dois me donner la force de la retrouver. Je ne peux pas abandonner maintenant. Elle est là. Elle doit l’être. Ils ne peuvent pas me l’avoir enlever. Ils ne peuvent tout simplement pas.

Je la vois enfin. La cabine téléphonique est juste en face. Encore quelques mètres. Je me penche sur ma moto, afin d’accélérer ma course encore plus. Elle est là. Je peux voir sa chevelure défaite qui dépasse. Alors que j’arrive à ses côtés, je ne prends même pas le temps de me stationner. Dans la hâte, je laisse tomber Beth au sol en sautant sur le sol avant de me mettre à courir vers la jeune femme, en boule dans sa cabine. Mon cœur se sert en l’apercevant. Je me lance sur elle. À terre à ses côtés, je la couvre de mon veston de cuir avant de la serrer avec force. Je pousse son corps contre le mien, ignorant la douleur qui s’installe dans mon épaule alors que sa tête pèse contre ma blessure. Peu importe, cette douleur ne veut rien dire. Elle est si minime comparé à celle que j’ai ressenti lorsque j’ai réalisé qu’elle n’était pas à mes côtés, à Baguin. Lorsque j’ai réalisé pour la première fois que je ne reverrai plus son sourire. Lorsque j’ai su que plus jamais je ne la toucherais. Une douleur insupportable. Une comme jamais je n’ai ressenti. Je ne veux plus jamais la lâcher. Je ne peux plus. Je le réalise, maintenant. Elle est tellement importante pour moi… Trop importante. Trop importante pour que je ne la perde à jamais. Je ne veux plus la lâcher. Plus jamais.

-Je suis là, tout va bien. Ça va aller. Je suis là.

Je peux le dire, maintenant. Je peux le dire. Et je le dis. Je lui répète, encore et encore. Les larmes me viennent. Je tente de les retenir, mais je n’y parviens pas. Je sens une goûte salée couler le long de ma joue, pour aller se cacher dans mon cou. Elle est là. Elle est dans mes bras. Je la berce doucement dans mes bras, en déposant des baisés stressés sur son crane. Elle peut certainement sentir mes tremblements, car je la serre avec tout mon corps. Mais je ne peux faire autrement. J’ai juste tellement peur de la perdre à nouveau.

-Je vais te ramener à la maison. Je vais m’occuper de toi. Plus personne ne te fera de mal… Plus jamais… Plus jamais…


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Mercedes L. Blanchett
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Mercedes L. Blanchett
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Azmitia, surnom de journaliste qui protège mon identité, et mon nom au sein de la Résistance.

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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyVen 17 Jan 2014 - 21:57


♦ JUST A GAME feat. Weston Elric
Je n’ose pas. Je n’ose pas être seule, je n’ose pas être accompagnée. À ma ceinture, mes alliés, mes amis. Je ne peux pas, pourtant. Je ne peux pas porter la main à ma ceinture. J’ai trop honte. Aujourd’hui, je ne suis pas forte. Je ne peux pas être forte pour eux qui ont autant souffert, sinon plus que moi. Je vais les relâcher aussi. Je ne peux pas. C’est ma faute, ma faute à moi s’ils ont subit tout ceci. Ma faute parce que je me suis pensée invincible. Shadaya… Ils ont failli la tuer. Je porte sa balle à ma figure, l’inondant de mes larmes. Y a-t-il assez de pardons dans l’univers? J’aimerais tellement pouvoir lui dire, mais la vérité… Je ne peux même pas la regarder en face tellement j’ai mal. Alors comment faire alors que la seule pensée qu’on l’aille torturée par ma faute a de quoi me rendre folle? Kinu… Kinu aussi. Kinu a voulu me protéger, comme il fait toujours. Il a voulu me protégé et maintenant, il est mort. Il est mort. Je pose  la balle contre ma poitrine et je la serre fort, y joignant celle de mon starter qui est vide. Je serre si fort que les contours des objets sphériques s’impriment dans ma peau. J’ai tellement besoin d’eux. Je ne peux pas sans eux. Mais je ne peux plus leur imposer cette vie. Ces douleurs. Je les aime tellement… tellement…

Alors j’endure la solitude. La solitude qui m’entoure, qui m’enserre. Je n’ose pas sortir de la cabine. Le monde, au-dehors est trop grand, trop dangereux. Je préfère rester ici, même si je manque d’air. J’ai promis à Weston que je resterais ici de toute façon, non? Weston… Je me souviens. Je viens de lui parler. Mais la ligne a raccroché. Je me remets à trembler. Violemment. La tête me tourne, me tourne tellement. Combien de temps depuis mon dernier repas? Le sang coule sur ma joue, ou est-ce mes larmes? Je ne sais plus. Je distingue à peine la finalité de mon propre corps. Mes idées s’enchaînent, brutales, mais dépourvues de sens. Combien de temps depuis mon appel? Quelques heures? Quelques secondes? Quelque part entre les deux? Je ne sais plus. Le gentil monsieur est parti. Cette fois, je suis vraiment, vraiment seule. Mais je ne veux pas être seule. Je gémis, tout doucement, pour entendre une voix. Pour me convaincre que je ne suis pas morte. Pour me convaincre que quelqu’un est là près de moi. Quelqu’un qui crie peut-être? Je les ai entendus les autres, les autres qui criaient. Sans que je ne puisse les aider. Puis venait mon tour. Inlassablement.

Je hurle à nouveau. Mais personne pour m’entendre. Seulement les voitures qui passent sur l’autoroute. Sans me porter attention. Insensibles à ma douleur. Comme le monde entier qui se fiche d’Enola. Qui se fiche de ses habitants. J’ai vraiment cru, moi, que je pourrais y changer quelque chose? Je gémis plus fort. Je ne veux pas être seule parce que quand je suis seule, je réfléchis, et réfléchir fait trop mal. Mais bientôt, la cacophonie envahit mon crâne. Prend de l’ampleur. Un rugissement trop fort. J’ai peur. Je ne veux plus la douleur, j’en ai trop pris. J’en ai trop pris. Laissez-moi tranquille… Laissez-moi tranquille. La porte s’ouvre. Je ferme les yeux. Ils vont me reprendre. Ils ont réalisé leur erreur. Ont réalisé que c’est moi, c’est moi Azmitia. Je ne sais même plus qui prier. Mais ce n’est pas une main froide qui m’empare de moi. Mais tout un corps chaud. On a posé un veston, un veston de cuir qui sent comme lui, qui sent si bon et les larmes se chargent d’espoir. Weston… Il est venu. Il est venu, il est là. Il me dit qu’il est là et je marmonne son nom. Je ne peux même pas ouvrir les yeux. Les sang les larmes ont envahi mon champ de vision. Weston… Il est là pour moi.

Il me promet qu’on ne me fera plus de mal et d’eux-mêmes, mes bras l’entourent. Je veux. Je veux que tu me protèges, Weston. J’ai si peur, si tu savais, si tu savais. Je veux, Weston, ramène-moi à la maison, s’il te plaît… Avec lui, j’ai moins peur. J’ai moins peur. Une lumière dans mes ténèbres. Je ne me souviens plus comment il m’a trouvée, mais il est là.

«Tu es là… Tu es là Weston… Ne pars pas, je t’en supplie, ne pars pas…»

Mes bras trouvent une force en sa présence et je serre plus fort. Je passe un bras devant mes yeux pour en retirer le sang de ma manche. Je les ouvre enfin. Je le vois. Son visage baigné de larmes. C’est moi qui le fais pleurer comme ça? Weston… Un autre à qui je fais du mal. Mais lui me fait trop de bien.

«Je veux aller à la maison.»

Là, je ne suis plus certaine de laquelle j’invoque. Mais une part de moi le sait. I want to go home. Je veux retourner à Montréal.
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Weston Elric
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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyVen 17 Jan 2014 - 22:41

• Je suis là •feat. Mercedes Blanchette

Je suis là, ne t’en fais pas. Ne pleure plus. Je suis venu te chercher. Je suis venu te ramener avec moi. Te protéger. M’occuper de toi. Te soigner, te bercer. Je suis venu te chercher. Je suis venu pour toi. Mes bras se resserrent de plus bel sur le corps trop fragile de Victoria. Un corps couvert de sang, de larme. Couvert d’horreurs. Couvert de bien trop de souffrance. Trop de souffrance pour un être aussi fragile, aussi innocent. Ils n’avaient pas le droit. Ils n’avaient pas le droit de la malmener ainsi. Ils n’avaient pas le droit de la toucher. Et pourtant, dieu sait quelles atrocités, quelles immondices elle a vécu. Toutes ces choses qu’ils lui ont fait subir. Je n’ai pas pu la protéger. J’aurais tant voulu que ce soit moi. J’aurais voulu qu’ils me prennent, à sa place. Qu’ils me torturent, moi, à sa place. Je veux prendre sur mes épaules toute sa souffrance. Je veux lui retirer. Je veux échanger de place avec elle. Je veux qu’elle cesse de souffrir. Mais je ne peux que tenter de lui changer les idées. Je ne peux que la soigner, et tenter de lui faire oublier. Mais oublier, je sais que c’est impossible. Je sais que jamais elle n’oubliera. Jamais les images qu’elle a en tête ne la quitteront. Jamais. Plus jamais. Ce ne sera plus jamais comme avant. J’ai peur. Peur de ne jamais revoir sur son visage ce beau sourire rayonnant. Peur de ne plus jamais la faire rire. Peur de tout ça. J’ai peur, et pourtant, je n’ai rien vécu, moi. Je n’ai pas souffert sa souffrance. Alors qu’elle pourrissait dans leurs cachots, j’étais chez moi. À me morfondre. À me plaindre, alors que je n’avais pas à le faire.

Je la serre plus fort encore. Elle veut rentrer. Je dois au moins lui offrir ça. Posant un dernier baiser sur son front, je la soulève avec douceur. Je n’ai qu’un bras pour le faire, et pourtant, je la trouve si légère. Elle ne pèse presque rien. Une plume. Une plume brisée, oui. Je la porte sans difficulté jusqu’à ma Kawasaki, toujours au sol. Je la relève d’un pied avant de poser Victoria sur le siège. Cette fois, je me place derrière elle. J’ai bien trop peur qu’elle ne tombe. Elle est si fragile. Une bosse, et elle tomberait. Je la tiens du mieux que je peux, serrant mes cuisses autour d’elle. Je referme son veston avant de démarrer. Je ne veux pas qu’elle ait froid. Je veux qu’elle soit bien. C’est probablement trop demandé. Pourtant, je dois essayer. Je dois faire tout ce que je peux.

-On rentre. Ça va aller, on va rentrer. On sera à la maison bientôt. Je te ramène chez moi.

Les larmes coulent toujours sur mon visage. Des larmes de douleur. En fin de compte, la voir ainsi est encore pire que de la voir morte. S’ils l’avaient tué, au moins, elle n’aurait pas souffert. Elle n’aurait plus à souffrir. Mais ils ont décidé de la garder en vie, et de lui infliger le pire des traitements. Je n’ose même pas imaginer les supplices qu’elle a dû endurer. Je ne veux pas l’imaginer, non plus. Tout ce que je veux, c’est la soigner. La ramener à la maison au plus vite. Au plus vite, oui, mais aussi en sécurité. De nouveau sur l’autoroute, j’avance, portant sur mes épaules un stress incroyable. J’ai tellement peur de faire un accident. Tellement peur de la blesser, de l’échapper. Mais aussi peur de la faire souffrir d’avantage en y allant trop lentement. Elle doit avoir faim, elle doit avoir soif. Elle doit être fatiguée. Je ne peux pas y aller lentement. Alors j’avance vite. Vite, mais pas trop. Je sens la moto branler de droite à gauche. Je n’arrive pas à la tenir droite. Ma vue est embrouillée par les larmes, et une douleur de l’être m’envahi. Une douleur qui n’a rien à voir avec celle dans mon épaule. Une douleur qui ne se panse pas. Qui ne se traite pas. Une douleur induite par les évènements. Une qui risque de ne jamais partir. Plus rien ne sera jamais comme avant.

Mon souffle se coupe. Une seconde d’inattention. Seulement une, et on a failli rentrer dans un camion, stoppé par le trafique. Je bifurque à la dernière seconde, fonçant vers le faussé creusé tout le long de la route. Mais nous ne nous y enfonçant pas. Je reprends la route à la dernière seconde. Seigneur, j’ai failli nous tuer. Peut-être est-ce mon inconscient qui tente de mettre fin à nos souffrances. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas lui infliger encore plus de mal. Je suis venu pour la protéger, pas pour… Non. Je suis venu pour la ramener chez moi. Pour la sauver.

La route se fait en silence, et sans autres accroches. En peu de temps, nous nous retrouvons chez moi. Alors, de nouveau, je la prends, pour la monter jusqu’en haut. Elle pèse toujours aussi peu. Je soupçonne qu’elle ait perdu du poids. La pauvre doit être affamée. Une fois dans l’appartement, je m’empresse d’aller la poser sur le canapé, avant de me pencher à ses côtés. Mes doits s’aventurent dans sa chevelure, salle. Quelques cheveux gras tombent sur son visage abimé. Je les chasse avant de caresser sa joue. Des blessures apparentes lui couvrent le corps. Je n’ose pas imaginer comment elle les a reçus.

-Tu veux manger? Je vais te faire quelque chose, ne bouge pas.

Ma voix est faible, brisée. J’hésite à la laisser seule. Je préfèrerais rester à ses côtés. Me coucher à côté d’elle, la serrer. Mais il faut qu’elle mange. Quelque chose de consistant. Quelque chose de nourrissant, de réconfortant. Je dois m’éloigner, et pourtant, je ne veux pas. Même si ce n’est que pour quelques minutes, je n’arrive pas à me défaire d’elle. Je n’arrive pas à la quitter des yeux. Mais il le faut.

-Je vais te faire quelque chose, et après on soignera tes coupures.

Je n’ose pas dire « blessures », car ça, je ne peux pas complètement les soigner. Ce n’est pas avec quelques bandages et de l’alcool que je réussirai à les faire partir. Mais je peux toutefois m’occuper de ses coupures. Ça, je le peux…

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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyLun 20 Jan 2014 - 1:04


♦ JUST A GAME feat. Weston Elric
Les couleurs défilent. À une vitesse effarante, tournoyant sans cesse. L’avant, l’arrière? Je ne les distingue plus. Je sens un vrombissement contre mes fesses, qui se répercute dans tout mon corps et la douleur lancinante à toutes mes coupures, mais à part ces éléments, j’ai perdu toute notion du monde physique. J’ai l’impression de flotter, de tournoyer sur moi-même si vite que j’en perds le cap. Le cap. Je ne sais pas où je vais. Je ne plus comment je suis parvenue jusqu’ici. Dans ce long tunnel de couleurs. Tout va trop vite. Trop vite. Je dois être en mouvement, je vais quelque part, mais où? Pourquoi ai-je si mal? Ah non, ça, je me souviens. Le Régime, partout au-dessus de moi. Des coupures. Sur tout mon corps. Mes dents serrées cherchant à retenir le nom des êtres aimés que j’ai voulu appeler, appeler. Les êtres aimés? Weston. Weston est venu me chercher. Je suis sur sa moto. Il m’y a posé, il est derrière moi et il conduit. Mais nous allons trop vite. J’ai une nausée impossible. Je vais vomir. Mais nulle part pour le faire. Alors je gémis, je gémis fort parce que je vais tomber, je vais me perdre, nous allons trop vite, trop vite. Mais finalement, nous ralentissons. Je crois. Je ne vois plus rien. J’ai fermé les yeux. J’avais trop peur. Nous nous arrêtons. Je sens des bras, des bras puissants s’emparer de moi, me porter comme si je pesais presque rien.

Ma tête dodeline alors qu’il me transporte. Encore. Doit-on encore aller loin? Où suis-je? Je ne veux pas ouvrir les yeux. J’ai trop mal au cœur. J’ai trop mal partout. Les rayons du soleil m’agressent au-travers mes paupières, mais bientôt, ils cessent. Nous avons posé les pieds dans un immeuble. Je reconnais l’odeur. Le sien, c’est son immeuble. Nous y sommes presque. Presque, presque… Et puis quoi après? Il y a une façon pour que la douleur cesse? Je ne sais pas. Mais au moins, je ne suis pas seule. On me pose contre un sofa. C’est doux. C’est moelleux. Les coussins épousent la forme de mon corps meurtri. Telle une caresse. Ses doigts envahissent mon visage et mes cheveux. Tendresse infini. Une nouvelle larme s’échappe de mes paupières closes. Un peu de chaleur. Après tant de temps sans contact humain. Oh, du contact humain. Non, je n’en ai pas eu, même si ce sont des humains qui m’entouraient. Ou plutôt des monstres. Mais cet effleurement fait gonfler mon cœur, mon cœur d’espoir. Il me demande si j’ai faim. Je ne peux pas répondre. Mon cœur a envahi mon estomac. Tout mon corps ballotte. Il s’éloigne, il s’éloigne un moment et j’ouvre finalement les yeux.

La gravité n’existe plus. Je tombe au sol dans un gémissement à déchirer le cœur, rampant de toute mes forces jusqu’à la salle de bain. Je ne prends pas la peine de fermer la porte quand je parviens à mes fins. La bille me remonte à la gorge, brûlant tout sur son passage, envahissant mon nez, jaillissant juste au moment où j’atteins la toilette. Je vomis du vide, je vomis de l’acide. Mais je me sens mieux. Un peu mieux. Les couleurs ont cessé de se mélanger. Je me laisse tomber sur le plancher froid de la salle de bain, sans même tirer la chasse, abandonnée à mon triste sort, tremblant violemment sur les dalles où se répand mon sang. J’ai froid à présent, j’ai froid, mais je suis un peu plus lucide. Je récupère une balle à ma ceinture, la balle de Pharos. Pharos. Il apparaît devant moi et ne rechigne pas une seule seconde. Il est dans mes bras, chaud et rassurant, il est dans mes bras à pleurer. Il a été le plus épargné, mais je le sens faible, je sens aussi qu’il a faim, sous mes bras qui l’enserrent. J’ai faim aussi, mais j’ai aussi l’estomac retourné. Comment faire alors?

«Au mois de mai, tu reviendras… Quand le pommier… refleurira… Près de la rivière, je t’attendrai… Mais si je te perds, je m’y noierai…»

Je prononce à peine les mots de la chanson, mais ma propre voix m’apaise un peu.

I don't know where I am
I don't know this place
Don't recognize anybody
Just the same old empty face
See, these people they lie
And I don't know
What to value anymore
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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyLun 20 Jan 2014 - 18:20

• Je suis là •feat. Mercedes Blanchette

Je suis là. Je veux être là. Je veux être à ses côtés. La soutenir. Je veux lui offrir mon épaule pour pleurer. Je veux respecter son mutisme, je veux l’écouter pleurer. Je veux être là. Alors je me dépêche. Dans la cuisine, je prépare un petit repas à la fois rapide et bien fait. Dans une casserole, je vers une cane de crème aux champignons à laquelle je rajoute une tasse de lait. Ce n’est pas le moment de me lancer dans les concoctions culinaires. J’aimerais lui offrir plus que ce repas si simple, mais je me dis que maintenant n’est pas le moment. Alors que la soupe se réchauffe lentement, je me munie des quelques ingrédients de base nécessaires à la fabrication d’un sandwich. Pain blanc, mayonnaise, laitue, poulet, tomate. C’est simple, encore une fois. Mais c’est ce que j’ai de mieux à lui offrir. Mes talents ne me permettent pas trop de liberté dans la concoction de ce repas léger. Au moins, j’ai le mérite de lui offrir quelque chose de chaud. Une fois le sandwich complet, je m’applique à découper les croûtes avant de placer le repas complet sur un petit plateau. J’y ajoute comme touche finale une tasse de café bien chaud, bien fort. Mais pas trop, non plus. Je ne veux pas trop la sonner. Je veux juste la réchauffer. La réveiller. Je veux juste être là.

La préparation ne m’a pris que quelques minutes. Pressé, je me dirige vers le salon où est sensé reposer Victoria. Le plateau en mains, je m’avance, et réalise avec effroi que la jeune femme n’est plus là. Je manque d’échapper le tout sur le tapis, mais le retiens à la dernière seconde, pour le déposer sans douceur sur la petite table basse. Un sentiment indescriptible s’empare de moi. Un mélange de peur et de je ne sais quoi. Impossible. Elle était là il n’y a que quelques instants. Je n’ai rien entendu. Aucun cri, aucun bruit. Il n’y a aucune trace de combat dans le salon. Il est donc impossible de croire que les soldats se soient introduits chez moi pour s’emparer de la jeune femme. Non, si elle ne se trouve plus sur le canapé, c’est qu’elle l’a quitté de son plein gré. Cela ne me rassure toutefois pas pour autant. Je tente de me rassurer en me disant qu’elle doit simplement s’être déplacée vers la chambre pour s’endormir, mais je n’y crois pas. Et mes doutes se confirment alors que je pénètre dans une chambre vide. Une chambre froide. Une chambre où je n’ai passé que des nuits blanches depuis mon retour de Baguin. Elle n’est pas ici, alors je ne m’y attarde pas. Je sors, d’un pas pressé, pour retourner au salon. Mon cœur pompe. Mes yeux parcourent la pièce de long en large, cherchant un indice. Finalement, mon regard se pose sur une trace rougeâtre. Elle marque le tapis. Du sang. Un frisson me parcours le corps. Du sang. Son sang. Je sens un étourdissement soudain, mais je le combat. Je dois rester lucide. Je dois être fort.

Retenant mon souffle, je suis la trace, qui mène à la salle de bain. Bien sûr, j’aurais dû m’en douter. Je dois me calmer. Le pire est derrière nous. Enfin, je crois. Presque timidement, j’entrouvre la porte pour apercevoir un corps meurtris, sanglant, gisant sur le sol. Elle sert dans ses bras un petit Pokémon qui ne semble pas vraiment en meilleur état qu’elle. Dans un élan presque automatique, je me lance à ses côtés, sur la céramique froide, et humidifiée par le sang. Mon cœur se serre. Encore une fois, je l’ai abandonné. Je l’ai laissée seule. Pas longtemps, certes, mais c’était tout de même trop longtemps. Maintenant, la voilà, brisée, sanglante, sur un sol de céramique. Elle marmonne quelques paroles à mi-voix, mais je ne les saisis qu’à moitié. Avec délicatesse, je la relève pour coucher sa tête contre mon torse. Je regrette de n’avoir qu’une main pour lui caresser le visage. Mes doigts effleurent une coupure encore sanglante. Une de celles responsables des traces de sang recouvrant le sol. Je remarque alors qu’elles sont nombreuses. Trop nombreuses. Sans me relever, j’étire mon bras jusqu’à une petite tablette où repose de l’alcool, des tampons ainsi que quelques bandages. Toujours de ma seule main libre, je nettoie ses coupures. J’y vais avec douceur et tendresse. À chaque fois que les picotements du contact de l’alcool contre ses blessures la fait grimacer, mon cœur se sert un peu plus. Je m’en veux de lui imposer encore plus de douleur. Je ne devrais pas lui infliger ceci, alors qu’elle est ici en quête de réconfort. Mais je ne peux faire autrement. Il faut bien traiter ces vilaines coupures, ou elles s’infecteront. Je place les bandages en place, de manière à la soulager, puis je l’entour de mon bras. Je la berce, de nouveau. Ma tête est couchée sur la sienne. Dans ses cheveux règne l’odeur métallique du sang, avec un certain mélange de renfermé et de sueur. Mais cela m’est égal. Je suis bien, malgré l’inconfort que me procure la cuve de toilette qui me pousse dans le dos. Je suis bien, car je suis là.

-Viens, on va retourner au salon. Je nettoierai tout ça plus tard, ne t’en fais pas. Je m’occupe de toi. Je suis là. Ne t’en fais pas. Tout va bien.

Ces mots, je les murmure. En fait, je peux à peine les entendre. Mais ce n’est pas bien important. Je la prends de nouveau dans mes bras, ignorant encore une fois la douleur qui s’installe alors que je force mon épaule en la soulevant. La portant comme on porte un jeune enfant, je la ramène au salon, où je l’entour d’une couverture douce. Je me souci bien peu du sang qui pourrait la tacher. Une fois la jeune femme bien installée, je rapproche le plateau d’elle, sans toutefois la forcer à le prendre.

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Mercedes L. Blanchett
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Azmitia, surnom de journaliste qui protège mon identité, et mon nom au sein de la Résistance.

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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyLun 20 Jan 2014 - 23:11


♦ JUST A GAME feat. Weston Elric
Je devrai me lever. Je devrai affronter ce monde. Oui, je sais que je vais guérir, je sais que la vie continue, malgré la douleur. Je sais aussi que je devrai sortir d’ici, de cet appartement. Je devrai reprendre mon aventure. Ma liberté. Mais quoi faire? Risquer la vie de tous mes proches, encore une fois? Mettre un peuple entier en danger? Exposer des vérités à une planète qui n’en a que faire de cette poignée d’humains qui souffrent? J’ai la rage au cœur. J’ai la rage et j’ai mal. Ce n’est pas juste. Je suis si confuse. Je ne sais pas ce que je vais faire après aujourd’hui. Je ne suis plus certaine que j’ai envie de vivre cette vie. De m’exposer à ces dangers. Je ne suis pas forte. Je m’écroule sur le plancher de la salle de bain de Weston. Sur ce plancher si froid. Je ne sais plus ce qui me définit. Je ne suis que peur et douleur et incompréhension, une putain d’incompréhension. Comment j’suis venue jusqu’ici moi? Comment j’en suis arrivée là? J’avais dit que plus personne ne lèverait un doigt sur moi. Que plus jamais je ne subirais la violence. Qu’on ne me ferait plus de mal, qu’on ne me briserait plus. Mais au final, je ne suis plus qu’un jouet cassé, un pantin désarticulé pris dans un engrenage plus grand que lui. Un objet indésirable, qui bloque le système, qui l’empêche de bien fonctionner, qui provoque des bris.

Et qui se brise par la même occasion. Qui brise tout ce qui se trouve autour. Pareil pour la pauvre chenille à qui j’impose encore ma présence. Pharos est faible, je le sens, mais il est aussi content de me voir. Sa petite langue passe sur mon visage pour en lécher le sang et les larmes. Je caresse son petit dos en lui soufflant ma chanson, que je répète sans cesse. Sa chaleur, ces dalles froides… Un contraste qui m’offre de la force, dans un sens. Doucement, des mains s’emparent de moi, ma tête est posée contre un torse palpitant et douloureux. Weston? Oui, c’est lui qui, encore, vient à ma rescousse. Je ferme les yeux. Au moins, je ne me sens plus aussi étourdie. Je n’ai plus la nausée non plus, même si mon estomac me brûle, tout comme ma gorge où la bile aigre est passée. Il prend un peu de ouate et applique de l’alcool sur mes blessures. Une à une, celles qu’il peut trouver du moins. Certaines sont profondes, mais il les nettoie du mieux qu’il le peut, pour le moment. Pendant ce temps, le Pyronille reste tapi contre moi, gémissant doucement, comme effrayé. Je lui caresse la tête, puis relève la mienne quand Weston propose de retourner au salon. Je ne vais pas protester.

Il me pose sur le sofa et encore une fois, je me détends au contact léger des coussins. Bien plus confortable que tout ce que j’ai enduré jusqu’à présent depuis une semaine. Je soupire un peu alors qu’il pousse vers moi un plateau adorable de soupe et un sandwich, tout comme un café. Avec prudence, je me laisse tomber du canapé et je m’assois par terre, tendant le bras vers le bol de soupe. Il embaume une bonne odeur, une odeur rassurante. Un mince sourire se dessine sur mes lèvres. Un tout petit sourire, mais un exploit à mon sens. Même si mon estomac se tord à l’idée de manger, je me penche en avant pour goutter la soupe. Elle est chaude, elle est salée, elle goûte le paradis. Je l’avale et une onde de chaleur se répand dans mon corps. Je sens Pharos qui revient vers moi, et je lui file la moitié de ma sandwich. Je me sens épuisée, mais c’est si bon, si bon… Si bon que j’ai avalé tout le bol sans même m’en rendre compte. Je le pose, puis m’attaque à mon sandwich, je dévore presque, en poussant des gémissements de bonheur. Oh. Je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon… Pour ce qui est du café, je n’y touche pas. Même si je suis fatiguée, je préfère ne pas ingérer de caféine dans mon corps affaibli. Je prends finalement la main de Weston, que je serre de toutes mes maigres forces. Levant un regard plein de larmes vers lui.

«Merci Weston… Merci…»

Je me réfugie contre lui, dans ses bras pleins d’espoir, lui collant un baiser au passage contre sa joue.

«Je dois prendre une douche. Je dois appeler Solène. Je dois dormir. Puis je dois emmener les Pokémon au Centre. Ça, c’est urgent.»

Je reprends un peu de couleur, un peu mes idées aussi. Mais j’ai besoin qu’on me guide parce que je me sens toujours aussi perdue.
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Je suis là 558 - Crabaraque ♂ - Rodley - Fermeté - Mauvais

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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyMar 21 Jan 2014 - 3:21

• Je suis là •feat. Mercedes Blanchette

Je la regarde manger, le cœur gros. Elle me semble toute petite, vulnérable, fragile. Elle mange avec appétit, mais je la sens tout de même faible. On dirait un petit animal sauvage qu’on tente d’apprivoiser. Un petit lapin qu’on vient de capturer. Moi, je tente de l’amadouer en la nourrissant. Je tente de la rassurer, de lui tendre la main. Elle en a besoin. Elle a besoin qu’on la prenne, qu’on lui offre un peu de chaleur. C’est difficile. C’est difficile de ne pas craquer. De ne pas fondre en larme en la voyant ainsi. Ce serait tellement facile de pleurer à ses côtés. Et pourtant, je ne peux pas me le permette. Elle a besoin de quelqu’un de fort. De quelqu’un pour lui redonner le sourire. Pas quelqu’un qu’elle devra consoler. C’est difficile, mais je dois le faire.

Alors qu’elle termine de manger, elle me prend la main. Elle semble aller mieux, mais je n’ose pas trop m’avancer. J’ai tellement envie de l’embrasser. De la ramener dans mon lit, de la serrer contre moi. Je ne veux pas coucher avec elle, ce n’est pas ce que je dis. Je veux simplement sentir son corps contre ma peau. Je veux passer mes mains sur elle. Je veux la sentir à mes côtés. Je veux me rassurer. Je veux être certain qu’elle est bien ici. Que ce n’est pas un rêve. Je ne veux surtout pas me réveiller en sueurs dans mon lit, seul, la respiration haletante. Comme les nuits qui ont passés depuis. Ces nuits longues, ces nuits difficiles. Je ne veux plus me réveiller ainsi. Plus jamais. Je veux la sentir. Je veux qu’elle soit réelle. Sa manière de me serrer la main est déjà un début. J’aimerais tellement plus, mais je ne peux oser. Il est encore trop tôt. Je dois lui laisser son espace. Je dois patienter le temps qu’il lui faudra. Je suis prêt à attendre. J’attendrai le temps qu’il faut. Des heures, des jours, des semaines. Des mois, s’il le faut. J’attendrai. Ça en vaut la peine. Je le sais maintenant. J’en ai la certitude, maintenant.

La voix de Victoria tranche le silence qui s’est installé, me sortant de mes pensées. Elle semble plus éveillée, même si elle parle de dormir. Elle a déjà une liste de tâches en tête. Je ne peux m’empêcher de sourire intérieurement. Elle vient à peine de sortir de sa misère, et déjà elle se remet en route. Déjà, elle reprend un rythme de vie mouvementé. Je peux voir qu’elle va mieux, mais je ne suis toutefois pas certain qu’elle soit prête à sortir. Une douche, elle en a réellement besoin, alors je ne peux pas lui refuser. Bien au contraire, je l’incite même à le faire. Appeler son amie? Absolument, totalement. Il est important de prévenir ceux qu’elle aime. Les rassurer, leur dire qu’elle est en vie. C’est important. Ensuite, dormir, là aussi je n’ai rien contre. Mais ce sont ses dernières paroles qui m’inquiètent. Je ne suis pas certain de vouloir la laisser se rendre au centre Pokémon par elle-même. J’ai peur qu’elle s’effondre, dehors, comme c’est arrivé dans la salle de bain. J’ai peur que les soldats ne la retrouvent, la ramènent. Cette pensée ne cesse d’envahir mon esprit. À tous moments, je l’imagine retourner dans leurs cellules froides. Je ne peux sortir ces pensées de mon esprit. Je ne sais pas si je le pourrai, un jour. Je l’espère, mais je ne peux l’affirmer. J’espère qu’un jour je pourrai la laisser quitter mon appartement sans craindre de ne jamais la revoir. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. Pour l’instant, j’ai tellement peur. Je suis terrifié. Je sais que je ne peux pas l’empêcher de sortir. Ce n’est pas mon droit. Et pourtant, c’est ce que je m’apprête à faire. C’est encore trop tôt. Trop risqué.

-J’ai une autre idée. Toi tu fais tes petites affaires, tu prends une douche, tu te repose, tu appelle ton amie, et moi je vais au centre Pokémon avec tes alliés. Stella veillera sur toi pendant que j’irai. Mes Pokémon seront avec toi, ils seront tous là. Ils vont veiller sur toi. Je suis désolé Victoria, mais je ne peux pas te perdre à nouveau. Je ne veux pas t’emprisonner ici, mais j’ai trop peur, tu comprends? J’ai peur de te perdre.

C’est la première fois que je parle ainsi à une femme. Ces simples mots éveillent en moi une sensation étrange. Une boule dans mon estomac s’est créée. J’ai de nouveau envie de l’embrasser, de la prendre dans mes bras. J’ai de nouveau envie de pleurer. Mes émotions sont toutes emmêlées. Je ne comprends pas vraiment ce qui m’arrive. Je sais toutefois ce que je veux. Je la veux, elle. Avant qu’elle ne puisse rouspéter, je libère les Pokémon logeant autour de ma ceinture. Les uns après les autres, ils sortent. Stella, Rodley, Naël, Kyle, Maya et Mélodie. Ils sont tous là, et entourent la jeune femme. Ils veulent la protéger. Ils veulent l’aider, eux aussi.

-Fais-moi confiance. Je serai de retour assez rapidement, je te le promets.

Sur ces mots, je tends une main vers le petit Pharos, espérant qu’il y grimpe.

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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyMar 21 Jan 2014 - 16:06


♦ JUST A GAME feat. Weston Elric
C’est con à dire mais… Je ressens un plaisir coupable à être ainsi, blottie contre lui. Je sens que ce n’est pas très approprié dans le moment mais… Arceus, je me suis tellement ennuyée de lui. Je suis simplement heureuse, maintenant, qu’il soit là, qu’il soit près de moi, tout près à éloigner mes tourments. Oh, je penserai bien à l’avenir plus tard mais pour le moment, je veux simplement profiter de sa présence qui m’a tant manquée… La nourriture que je viens d’ingérer tangue dans mon estomac et je ne suis pas certaine que j’arriverai à tout garder. Après cette longue semaine où on m’a nourri une fois tous les deux jours, et fourni le minimum d’eau qu’on pouvait m’offrir, mon système a un peu oublié comment digérer de façon adéquate. Mais déjà, je me sens mieux, et même si je dois en recracher une partie, au moins j’aurai gardé quelques nutriments au passage. Après la prison, le froid et la violence, Weston et ce repas, c’est franchement le paradis, et je me sens m’engourdir un peu, contre l’épaule rassurante de mon… De mon ami. Je veux bien m’endormir ici. J’ai cessé de trembler, j’arrive maintenant à construire des idées qui font un peu sens, mais je suis fatiguée, si fatiguée. Une petite sieste contre lui ne me ferait pas de mal, si? S’il est d’accord, bien sûr…

Mais il me secoue un peu en changeant mes plans. Mes plans? Quels plans? Je suis confuse un moment, avant de me souvenir de ce que je lui ai dit y a pourtant quelques instants. Oui, je veux que mes Pokémon aillent de l’aide, et ce tout de suite. Je ne supporte pas l’idée qu’ils souffrent alors que je mange, alors que je me rétablis. Non, ce n’est pas juste. Mais je veux les y mener moi-même. Après tout ce que nous avons vécu ensemble, je ne supporte pas d’en être séparé, je ne supporte pas qu’on tente de régler ce qui est de ma faute à ma place. Les larmes se remettent à couler sur mes joues alors que je proteste, secouant la tête, m’accrochant au cou de Weston. Parce que lui non plus, je ne veux pas qu’il parte. Je ne veux pas être seule… Je ne veux pas, je ne veux pas… Non… Weston s’il te plaît non, je lui souffle encore et encore. Mais je sais qu’il a raison. Je sais que je ne peux pas faire les dix minutes de marche qui nous séparent du Centre. Je sais aussi que j’ai trop peur pour sortir. Que je suis trop fatiguée. Je ne peux pas. Mais eux, ils ont besoin d’attention médicale tout de suite. Je crains qu’ils ne mes les enlèvent. Ils penseront sûrement que… que c’est moi qui leur a fait du mal. Oui, je connais Mikael. Il va probablement me dénoncer. Mais… mais non… Il sait que je ne ferais pas de mal à mes alliés, n’est-ce pas? Il le sait, non?

«Tu… tu… diras à monsieur Evans que… que ce sont les Pokémon de Victoria… Que c’est une urgence capitale… Qu’on s’en est pris à mes alliés… Oh… et Weston… Reviens vite, je t’en prie…»

Les larmes continuent à couler. Je croyais que j’allais mieux. Mais ce n’est pas le cas. Je ne vais pas mieux, je n’irai pas mieux. Malgré l’équipe de Weston qui apparaît autour de moi pour me protéger. Ils sont des inconnus à mes yeux. Moi, je veux… je veux Kinu. Mes sanglots redoublent. Kinu… Je chasse cette pensée de mon esprit. Il promet d’être de retour rapidement et je tente de calmer les élans frénétiques de ma poitrine. Oui. Du calme, Mercy. Du calme. Je lui tends Pharos qui se réfugie dans ses bras. Alors qu’il va franchir la porte, je souffle :

«Je ne veux pas te perdre non plus, tu sais…»
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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyMer 29 Jan 2014 - 3:53

• Je suis là •feat. Mercedes Blanchette

Une dernière caresse sur la joue. J’aimerais tant faire durer ce mince contact. J’ai l’impression que ma main se glace alors que mes doigts s’éloignent de son épiderme abimé. Sa joue découpée, et pourtant toujours aussi chaude et douce. Je veux rebrousser chemin, la serrer de nouveau, l’embrasser. Mais je sais que je ne peux pas. Pour elle, je dois m’éloigner. Je dois quitter l’appartement. Je dois partir vers le centre Pokémon, pour que ses Pokémon obtiennent les soins qu’ils méritent. Nous n’avons pas le droit de nous enlacer alors qu’eux souffrent. Et pourtant, je regrette déjà cet éloignement alors que mes pas me dirigent vers la porte. Une grande respiration, et enfin je l’ouvre. Je l’ouvre, sans désirer la franchir. Aller, Wes. Courage. Ce sera rapide. Je n’ai qu’à les déposer et revenir ici en vitesse. Une nouvelle grande respiration avant de me retourner vers Victoria, un air désolé affiché sur le visage.

-Je t’…. Je reviens, promis.

La porte se referme sur moi. Mon cœur bat avec force. Qu’est-ce que j’étais sur le point de dire? Je ne sais pas. Je ne sais pas du tout. Mais ce n’est pas le temps d’y penser, pas vrai? C’est égoïste, mais mon dieu que je suis heureux de devoir amener ces Pokémon d’urgence au centre Pokémon! Me secouant la tête, je lance un petit regard à Pharos, qui s’est logé sur ma poitrine, juste avant que je ne sorte. Je l’entour de mes bras, puis je range les Pokéball qui m’ont été confiées autour de ma ceinture avant de me diriger d’un pas rapide vers l’ascenseur. Je dois chasser ces pensées de mon esprit! Qu’est-ce que j’allais dire…? Ahhh, arrête d’y penser! Tiens, je vais prendre l’escalier! Soudainement envahi d’une énergie nouvelle, je me mets à dévaler les marches qui mènent directement au stationnement, où est toujours stationnée Beth, ma Kawasaki noire.  Je murmure quelques paroles au petit Pokémon de Victoria, pour que celui-ci s’accroche alors que je me place sur la moto. Ne vérifiant même pas que le Pyronille soit véritablement accroché, je démarre et m’éloigne de la bâtisse à toute allure. J’évite de peu un passant alors que je quitte le stationnement, avançant vers la route menant au centre Pokémon. Un endroit que je n’ai pas visité depuis notre retour à Anula. Je ne pensais pas y revenir de sitôt. Et pourtant, me voilà, chevauchant ma Kawasaki vers ce même endroit.

Tout le long du trajet, je tente de m’occuper l’esprit, chassant sans cesse cette question. Qu’allais-je dire? De nouveau, je chasse cette pensée. Heureusement, le trajet ne dure que quelques minutes. Bientôt, nous arrivons, et alors, je m’élance vers le centre. Une fois à l’intérieur, je bouscule sans culpabilité d’autres dresseurs venus quérir de l’aide pour leurs compagnons. Ils me pardonneront sans doute en sachant le genre de blessés que je porte autour de ma ceinture. Interrompant une infirmière occupée avec un jeune dresseur portant dans ses bras un petit Ousticram à la patte brisée, je demande à voir le médecin en charge du centre. L’infirmière semble surprise, et me constate un instant, avant de m’offrir une moue boudeuse. Sa réaction? Elle me gifle! Une bonne claque sur la joue, voilà à quoi j’ai droit! À la fois surpris et choqué, j’offre un regard d’incompréhension à la jeune femme avant de porter ma main à ma joue, où elle m’a frappée. Écarquillant les yeux devant ce geste de violence, le jeune garçon s’éloigne subtilement, nous laissant seuls.

-Weston Elric, sal pervers! Tu m’as jamais rappelé! Je croyais qu’il y avait quelque chose entre nous!

Quoi? Bon dieu, je viens ici pour chercher de l’aide, et on me frappe! Je m’apprête à répondre à cette folle, mais je m’arrête. Un flash. Cette fille… Merde, c’est cette folle… Une dingo avec qui j’ai couché il y a des lustres. Bah oui, je lui ai promis que je la rappellerais pour l’attirer dans mon lit. Mais elle aurait dû s’en douter. Je ne rappelle jamais ces filles. Seigneur, il fallait que je tombe sur elle… Je prends une grande respiration avant de la fixer dans les yeux. Ce n’est pas le moment. Je n’ai pas le temps de lui expliquer quoi que ce soit. Là, ces Pokémon ont besoin d’aide. Et maintenant.

-J’ai pas le temps… Lindsay? Ces Pokémon ont besoin de soins immédiatement, d’accord?

La jeune femme me fixe, sa moue boudeuse toujours affichée sur le visage.

-Déjà, c’est Miriam, pas Lindsay… Et pour les soins, faudra faire la file comme tout le monde.

Je laisse échapper un soupire. Quelle bitch. C’est elle qui mérite une gifle. Mais je retiens toutes mes insultes. Je dois être intelligent. Joue la bien, Wes. Malgré moi, je lui adresse un petit sourire désolé. Seigneur, qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi, Victoria…

-Je suis désolé, bébé, j’ai perdu ton numéro. C’est pour ça que je t’ai pas rappelé. Mais si tu m’aide, aujourd’hui, je te promets de te rappeler. Aller, bébé, fais ça pour moi.

Elle semble réfléchir un instant, mais elle fini par plier. Je suis certain que « bébé » a bien aidé. Elles adorent quand je les appelle ainsi. Mais en ce moment, cette appellation me donne plus mal au cœur qu’autre chose. Toutefois, je n’ai pas le choix, à présent. Je dois la séduire… Au moins, elle n’est pas des plus difficiles à convaincre. M’offrant des yeux doux, elle m’invite jusqu’au comptoir de service, me faisant passer devant les autres clients. Elle m’explique sur le chemin que le médecin en chef n’est pas là, mais elle insiste sur le fait qu’elle s’occupera des Pokémon jusqu’à son retour. Je lui laisse croire qu’il s’agit des miens, pour m’assurer qu’elle en prenne véritablement soin. Seigneur, si elle savait qu’il s’agissait des compagnons d’une autre femme! Elle les torturerait. La jeune infirmière me demande de remplir un formulaire, puis me laisse partir, me faisant promettre de la rappeler. Bien sur, ma belle. Bien sur…

Ce n’est pas sans être soulagé que je quitte enfin le centre pour rentrer à l’appartement. J’ai terriblement hâte de rentrer. Cette petite sortie a été plus longue que je ne l’aurais espéré. Mais maintenant, je rentre. Maintenant, j’arrive. Victoria. Je reviens. J’arrive. Mon cœur se remet à battre alors que je me stationne enfin devant ma bâtisse. Je remonte, sans Pharos, cette fois. Il est resté avec les Pokéball de Victoria au centre Pokémon, avec l’infirmière. J’escalade l’escalier quatre par quatre, et arrive finalement devant la porte, quelque peu essoufflé. Je prends une nouvelle respiration avant d’entrouvrir la porte. C’est étrange, mais j’ai l’impression d’envahir le domicile de quelqu’un d’autre. J’ai l’impression que je devrais cogner. Pourtant, j’ouvre la porte légèrement, et insère ma tête à l’intérieur.

-Victoria…?

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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyJeu 30 Jan 2014 - 0:55


♦ JUST A GAME feat. Weston Elric
Tout un effort que de prononcer ces paroles. Je ne veux pas te perdre, Weston Elric. Ni lui, ni personne d’autre à qui, sur cette île, je me suis attachée. Je ne veux pas me perdre non plus dans la solitude. Alors reviens. Mes yeux l’implorent alors qu’il promet. Je ne crois pas aux promesses. Je crois aux gestes. Il referme la porte et un puissant frisson me parcoure. Les ténèbres roulent sur ma peau, visant ma gorge, affolant mon cœur. Je me recroqueville contre moi-même, cherchant réconfort dans ma propre chaleur, la seule qui ne m’ait pas déserté durant ces jours passés dans le noir. La solitude. Trop épaisse, trop importante. Cette fois, ce sont mes Pokémon qu’on m’a retiré. Que leur fera-t-on? On me les retirera certainement en voyant dans quel état critique ils sont. Comment ferai-je sans eux? Sans Kinu? Sans protection? Certes, certains de mes compagnons sont toujours chez Damien, mais le cœur de mon équipe se trouve dans ces balles… Qu’ai-je fait? J’aurais du attendre. Les traiter moi-même. Avec le peu de connaissances que j’ai, mais attendre et les mener chez Lys dès que je le pouvais. Mais non. Non. Je ne suis qu’une idiote… Maelys. Oui. Je dois appeler Solène. Je me redresse. Mon plan d’action me revient. Oui, bouger. Bouger pour ne pas s’éteindre dans l’angoisse. Je me retire du sofa pourtant si rassurant et je traîne jusqu’à la cuisine. Mon estomac ballote un peu, mais rien de trop inquiétant. En attendant, je dois passer cet appel.

L’appel terminé, je me sens mieux. Pas terrible, mais mieux. Solène. Toujours ma guide, mon évidence. Je sais maintenant que Kinu n’est pas mort… Même si rien n’est certain. Il est toujours au dehors, à me chercher, et qui sait où il peut se trouver? Saura-t-il se débrouiller, dans la nature? L’inquiétude me ronge, mais toujours, ma force, ma lumière, m’inspire à retirer mes vêtements un à un, même si mes joues sont toujours baignées de larmes. Ces vêtements que je jette dans la poubelle de la cuisine, mis à part mes sous-vêtements qui sont simplement sales. Ceux-là, je les glisse dans la machine à laver avec d’autres vêtements de Weston, avant de prendre la direction de la salle de bain, totalement nue, exposée au regard de ses Pokémon devant qui je passe sans pudeur. Leurs yeux ne s’attardent pas sur ma nudité. Ils scrutent ces coupures, beaucoup trop nombreuses, ces ecchymoses formant des arcs-en-ciel sur mon corps maigre et dénudé. Tel un spectre, j’entre dans la salle d’eau et actionne le jet. De l’eau, de l’eau chaude. Je m’y glisse, retenant un sanglot. Mais sitôt un pied dans la douche que je m’effondre.

Je m’effondre contre le plancher de la douche. L’eau, si bonne, si rassurante, me fait l’effet de lave en fusion contre mes blessures. Je lâche un hurlement qui attire l’attention des Pokémon de Weston, que j’entends accourir dans la salle de main. Je les rassure d’un regard implorant. Partez. Laissez-moi tranquille. J’ai mal. D’un geste fébrile, je m’empare du savon que je passe sur ma peau. Chaque passage sur une coupure provoque de nouvelles larmes, de nouveaux gémissements. Lentement. Très lentement. Dans une tentative d’éviter la douleur qui ne peut être contournée. Dans une tentative d’effacer les supplices passés, sans aucun succès. Le savon passe, me brûle, me purifie. L’eau coule, coule contre mon crâne tremblant. Bientôt, mon corps est propre. Alors je lave mes cheveux. Une, deux, trois fois. Simplement pour les départir de la crasse et du sang qui s’y sont figés. Je ressors de la douche, tremblante, frôlant l’évanouissement, victorieuse. Stella me tend une serviette et je m’y entoure avec précaution, me dirigeant vers la pharmacie où je déniche quelques bandages, dont j’entoure mes blessures. Une à une.

Je crois bien que je ressemble plus à une momie qu’à une humaine à présent, et mon teint terne n’arrange à rien. Par contre, l’eau chaude et la nourriture m’ont rendu quelques couleurs. J’emprunte une brosse à dent neuve que je trouve sous le lavabo et me brosse les dents. Je n’aspire pas à la beauté, mais mon hygiène m’importe. Avec un soupir, je me détache finalement de mon reflet avant de me diriger vers la chambre de Weston. Je fouille sans ménagement dans ses tiroirs à la recherche de quelque chose à me mettre et y découvre avec surprise une paire de culottes que j’ai du avoir oublié une bonne fois car il s’agit bien de la mienne. Comme elle est propre, je l’enfile avec un t-shirt de Weston qui me va jusqu’à la mi-cuisse. Voilà qui devrait suffire pour le moment. Avec un mouvement de bras, je fais glisser ma chevelure humide par-dessus le chandail quand j’entends mon nom. Weston. Il est revenu.

Aussitôt, j’accours. Il est à la porte, comme en attente d’une permission pour entrer. En guise de réponse, je vais le chercher et referme derrière lui avec un frisson. Puis je reste ainsi, une main sur la porte, la tête baissée cachant mon visage, en suspens, silencieuse. Un soupir misérable m’échappe et je me glisse dans ses bras, dans ses bras au chaud, en sécurité. Je ne trouve rien à dire. Rien à dire à présent. Autre que…

«Tu sens bon.»
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Weston Elric
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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyJeu 30 Jan 2014 - 21:49

• Je suis là •feat. Mercedes Blanchette

Mes doigts glissent sur le long de la porte de bois, caressant sa surface. Je retiens mon souffle. Ses pas sont doux sur le plancher. Elle s’avance, d’une démarche légère, sans bruit. Quelques gouttes d’eau perlent sur sa peau, glissant de sa chevelure rose, ondulant et finissant par s’écraser au sol dans de petites explosions. Elle pose ses yeux azurs sur moi. Je manque de flancher alors qu’elle s’approche. Je l’attends, n’osant pas entrer sans son consentement. Mais elle vient à moi. D’une main délicate, elle ouvre, elle me fait entrer. Elle m’invite. Le cœur battant, je laisse mes pas me diriger à l’intérieur, où j’attends sagement, la scrutant du regard. Un simple vêtement la recouvre légèrement son corps, laissant paraître ses bras et ses jambes meurtris. Un frisson me parcourt le corps en apercevant les bandages tachés de sang. Jamais je ne me serais douté que de telles blessures pouvaient la recouvrir. Elle, si fragile, si douce. Son corps si parfait. À présent, si abimé, brisé, détruit. Mes yeux ne peuvent se détacher de ces blessures. Bleus, coupures. Ils ne l’ont pas manqué…

Victoria s’approche de moi, délicate. Ses bras me surprennent, à m’enlacer avec douceur. Une odeur de shampoing envahie mes narines. Les odeurs de sang, de sueur et de crasse a complètement disparût. Je passe une main fébrile sur sa chevelure, et réalise qu’ils sont à présent doux et soyeux. Ils ne sont plus gras, et le sang ne les emmêle plus. Si seulement l’eau et le savon avait pu déloger ses coupures comme il l’a fait avec la crasse. Mais c n’est pas le cas. Alors que ma main se glisse sur son épaule, je sens le tissu d’un bandage humidifié par le liquide rougeâtre. Ce que j’ai soigné n’était donc qu’un échantillon. Je secoue la tête, n’en pouvant plus. Comment ont-ils pu? Blesser un humain ainsi, c’est impardonnable. J’aurais tellement voulu que ce soit moi. J’aurais tant voulu prendre sa place, dans ces prisons. Être à sa place, pour lui éviter ces souffrances. Prendre sa douleur sur moi. J’aurais voulu, mais je ne peux pas. C’est elle qui l’a vécu, c’est elle qui a souffert. Alors tout ce que je peux faire, c’est m’arranger pour lui diminuer cette douleur.

Ma main se dirige sous son menton, pour délicatement relever son visage. Ses lèves sont entrouvertes, laissant s’échapper son souffle chaud et humide. Une envie brûlante de l’embrasser me prend. Seigneur, qu’est-ce que je ne ferais pas pour mêler nos langues, pour nous unir. Mais je n’ose pas. Pendant combien de temps ça durera? Pendant combien de temps encore est-ce que je vais la craindre ainsi? Pendant combien de temps vais-je m’interdire de m’en approcher? Des jours? Des semaines? Je n’ose pas l’imaginer. Et si ça ne revenait jamais? Si je n’osais plus jamais la toucher? La déshabiller? Si jamais je ne pouvais plus la regarder en face? Non, c’est impossible. Je ne suis plus capable de me passer de ses petites pommettes. Et que dire de ces iris? Je ne peux plus m’en passer, non. Je dois surmonter ce blocage qui m’envahi à chaque fois que mon regard se pose sur ces blessures. Il ne faut pas que ça m’arrête. Je dois être fort. Pour elle, pour moi. Pour nous. Euh, je veux dire… Non, rien. Rien. Il faut être fort! Aller, Wes. Reste fort!

Je pose un léger baiser sur son front avant de l’inviter vers le salon, où je prends place sur le canapé. Alors que la jeune femme prend place à mes côtés, je pose une couverture autour de ses épaules avant de l’entourer d’un bras. Aller Wes. Fort. Un léger sourire parait sur mes lèvres alors que je pose mon regard sur elle. La couverture la couvre bien, mais elle laisse tout de même paraître ses pieds. Ma main passe dessus pour réaliser à quel point ils sont froids. J’irai lui chercher des pantoufles un peu plus tard.

-Tes Pokémon sont en sécurité, au centre. Je me suis assuré qu’ils reçoivent les meilleurs soins. À présent, tu peux penser à toi.

Je ferme les yeux. Cette fois, je ne peux me contenir. Je m’avance vers elle, et penche la tête sur le côté. Une main placée derrière sa tête, je l’avance vers moi. Mes lèvres entrent en contact avec les siennes. À mon grand étonnement, elles sont douces, malgré les fentes évidentes qui les recouvrent. Je réalise à quel point elles m’ont manqué. Ce contact m’a manqué. Elle m’a manqué. Son corps, son être, son tout. Elle m’a manqué. Je ne veux plus qu’elle s’éloigne. Je ne veux plus la perdre. Plus jamais.

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Mercedes L. Blanchett
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Azmitia, surnom de journaliste qui protège mon identité, et mon nom au sein de la Résistance.

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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyVen 31 Jan 2014 - 2:46


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Je ne sais pas trop pourquoi j’ai dit ça. À vrai dire, bien des paroles se tapissent dans l’oubli sous mon crâne. Tant de choses à dire, mais aucune qui n’arrive à franchir la commissure de mes lèvres abîmées par la soif. À quel point il m’a manqué? À quel point sa présence près de moi m’est douce, m’est bonne? Comment j’ai craint pour lui, même en passant sous le bistouri? Même en souffrant? Que ses bras me sont deux remparts qui me protègent de mes ennemis? Ou la vérité, encore. Oui, la vérité, il l’ignore toujours. Celle qui a failli me tuer, là-bas. Celle que je garde recluse dans un coin de mon être, tentant presque de l’oublier. Je ne sais pas. Je ne sais pas si je dois lui dire. Pour lui, il vaut mieux que non. Je serai partie bientôt, de toute façon, n’est-ce pas? Il m’oubliera bien vite, et il ne risquera pas sa vie comme Solène à connaître des informations secrètes sur moi. Non. Cela, je ne peux lui dire. Je l’exposerais beaucoup trop, lui qui reste neutre dans toute cette guerre. Je me contente donc de rester ainsi, dans mon mutisme prudent, la tête encore humide posée contre son cœur, à moitié accroupie contre son corps avec lequel j’aimerais me fondre si ce n’est que pour me sentir plus près de lui. J’ai si froid loin de lui, sur cette île pourtant tropicale.

Il se détache un peu pour passer une main sous mon menton. Je l’observe, un peu étourdie, fiévreuse. Une bonne part de la pression vient de retomber et mes coupures se sont remises à me faire souffrir, tout comme ma tête qui est assaillie d’une migraine. Mais mon regard qui se pose dans ses prunelles azurées m’apaise et me fait presque oublier mes blessures. Presque. Parce qu’elles sont toujours là et la jeune femme que j’aperçois dans le reflet de ses yeux fait de la peine. Weston. Pourquoi lui? Je me le demande à présent. Je me demande comment il se fait que je n’ai pas appelé Solène, qui a pourtant juré de me protéger, plutôt que ce sexy badboy que je connais encore si peu. C’est vrai, j’ignore encore beaucoup de choses de ce mystérieux jeune homme, comme je fais la conversation la plupart du temps, mais vous me connaissez, je suis curieuse et j’en découvre beaucoup sur lui, même s’il ignore que je le sonde. Mais ce que j’aime surtout, ce sont ces moments que nous partageons ensemble, à simplement rigoler et être nous-mêmes, sans se soucier de ce que pensera l’autre. Je me sens bien avec lui et en ce moment, j’ai besoin de me sentir bien.

Je le suis au salon où nous nous posons dans le sofa. Il m’entoure bientôt d’une couverture qui ne laisse que mes pieds non couverts, ce qui est bientôt compensé par un bras avec lequel il m’enlace avec douceur. Je me laisse aller contre lui, avec un soupir de satisfaction, sentant la fatigue s’abattre sur moi telle une masse. Il me sourit doucement et je ne peux m’empêcher de faire comme lui, même si j’ai aussi un peu envie de pleurer. Mes yeux s’embuent à nouveau, chose qu’il ne remarque pas parce qu’il est occupé à réchauffer mes pauvres pieds. Mais quand il revient, je dissimule ma tristesse par fierté, mais aussi pour ne pas l’alerter. J’ai du lui avoir foutu la frousse de sa vie déjà avec mes blessures écoeurantes. Je n’irai pas en demander d’avantage. Mes Pokémon sont au Centre, ils auront bien et seront transférés à la demande Maelys sous peu, à Baguin où je sais qu’ils seront traités comme des rois. Je ne manque pas de confiance Mikael Evans, mais j’ai simplement envie que mes alliés restent avec la famille pour le moment. La famille.

«Merci Weston… Je ne sais pas quoi dire…»

Pour le remercier. Il en a tant fait et il continue à s’occuper de moi avec une douceur que je ne soupçonnais pas chez un homme aussi confiant, aussi rebelle. Sa main attire bientôt mon visage au sien et ses lèvres se posent contre les miennes. Mon souffle se mêle au sien, et mes bras, d’eux-mêmes, viennent l’entourer. Cette fois, les larmes coulent d’elles-mêmes contre mes joues, tandis que je prolonge le baiser. Quand enfin, il prend fin, enfin, je niche mon nez contre son cou, me blottissant contre lui.

«Weston, je… je crois pas que je pourrai rester.»
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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyMer 5 Fév 2014 - 19:11

• Je suis là •feat. Mercedes Blanchette

Ce baiser, je l’ai tant espéré, je l’ai tant craint. Ses lèvres m’ont tant manquées, et enfin elles peuvent de nouveau s’unir aux miennes. Enfin, oui, mais ma joie de les retrouver n’est qu’à moitié présente. Ce baiser, je l’ai craint, parce qu’il révèle tant de choses qui auraient dû rester cachées. Il confirme tant de craintes. Il me terrifie. Il aurait dû être anodin, mais c’est tout le contraire. Si seulement il avait été comme les autres, si seulement il n’avait pas éveillé en moi cette sensation trop douloureuse pour être nommée. Si seulement. Mais il a été tout saut ce qu’il aurait dû être. Ce baiser, il aurait dû me laisser froid. Si tel avait été le cas, alors j’aurais pu fuir. J’aurais pu cesser de m’en faire ainsi. Certes, je me serais tout de même occupé d’elle avec douceur. Je ne l’aurais pas mis dehors, bien entendu. Mais j’aurais pu la manier avec un certain recule. Et pourtant, à présent, ça m’est impossible. Il vient de me le prouver. Je ne peux plus reculer, à présent. Je ne peux plus le banaliser, je ne peux plus l’éviter. Ça devient trop évident, ça crève les yeux. Trop évident. Oui, trop. Ça en fait mal tellement c’est clair. Ce baiser, ce contact entre nous, il vient de me plonger dans cet univers où je n’ai plus mis les pieds depuis si longtemps. Cet univers qui n’appartient qu’aux jeunes étourdis, ces jeunes pures et innocents. Ceux qui n’ont rien vécu. Ceux qui n’ont jamais croisé la route de l’échec et de la honte. Ceux qui n’ont jamais enduré le regard destructeur d’une mère qui n’a plus d’estime en son fils. Ceux qui ne savent pas ce que c’est de ne plus pouvoir adresser la parole à sa famille. Ceux qui vivent encore dans le charme du monde. Cet univers où je n’ai plus le droit de m’aventurer. Où je n’ai jamais vraiment osé me promener. Que de souvenirs douloureux il amène avec lui. Que de blessures. Et le voilà de retour, m’aspirant de nouveau. Je devrais fuir. Prendre mes jambes à mon cou et fuir alors qu’il en est encore temps. Mais encore faudrait-il qu’il en soit encore temps. Puis-je encore m’enfuir? Je ne sais que trop bien que ce n’est plus possible. Ce n’était plus possible ce jour où je lui ai offert ce foutu verre. Bon dieu je voudrais retourner dans le passé. Je voudrais me forcer à regarder dans une autre direction que la sienne, et boire avec une autre fille insignifiante avec qui je ne partagerais qu’une bonne baise avant de ne plus jamais la revoir. Oh oui, c’est égoïste, mais je ne peux me résoudre à revivre ce sentiment envahissant, troublant, malsain. Ce sentiment qui a causé chez moi tant de malheur. Celui qui m’a hanté lors de nuits particulièrement longues. Celui qui m’a poussé dans les drogues. Qui m’a tenté de me passer la corde autour du cou. Oh oui, je ne le connais que trop bien, ce sentiment. Je ne peux tout simplement pas le nier. Et pourtant, je n’ose même pas le prononcer. Je l’ai chassé de mon esprit durant tant d’années. Pas assez, apparemment. La vie est une vache. Elle a trouvé un moyen de le ramener à moi, comme si je n’avais pas déjà fait assez avec. Elle croit que cette fois, je saurai la gérer. Non, elle se trompe. Je ne veux pas la gérer. Je ne veux pas retomber. Parce que cette fois, si je tombe, je ne saurai me relever. Je n’aurai rien pour m’en sortir. Parce qu’aucune drogue ne sera assez puissante pour me faire oublier les douleurs. Aucune drogue ne pourra me relever. Aucun combat, aucun Pokémon. Personne. Cette fois, si je tombe, ce sera pour de vrai. Il est plus sage d’écarter les tentations de la vie, parce qu’elle n’hésitera pas à se jouer de moi. Je veux fuir, mais je ne peux pas. Parce qu’elle est là, parce qu’elle compte sur moi. Parce qu’elle est trop belle, malgré ses blessures et sa maigreur. Je ne peux pas fuir. Je dois être fort, malgré moi. Parce que même si elle dit qu’elle doit partir, je sais qu’au fond, elle n’en a pas la moindre envie. Je sais qu’elle aussi veut rester dans mes bras, même si elle non plus ne désire pas se l’avouer. Même si nous voulons affirmer le contraire, nous sommes liés. Nous n’y pouvons rien. Alors tout ce qu’on peut faire, s’est tenter d’en retirer le meilleur, et d’éviter les coups de gueule. Tout ce qu’on peut faire, s’est de regarder où on met les pieds. S’aider, se tendre la main. On ne peut qu’être là, l’un pour l’autre. Se soutenir. Se tenir. On ne peut que survivre.

-Ne dis rien, tais-toi. Tais-toi et dors. Tu n’iras nulle part, Victoria. Je ne te laisserai pas partir.

Mes bras s’enlacent autour de son corps frêle. Je la berce doucement, fermant les yeux. Mon corps est bien, en contradiction avec mon esprit, qui lui veut crier. Il me cri de m’éloigner, et pourtant, je ne peux l’écouter. Alors je reste là, la serrant, la berçant. Puis, je la prends avec délicatesse, la soulevant du mieux que je peux, avec mon épaule handicapée. Je la transporte jusqu’à la chambre, où je la pose avec toujours autant de douceur, avant d’aller me poser à ses côtés pour la serrer toujours aussi fort. À présent, nous ne pouvons que survivre ainsi.


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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyJeu 6 Fév 2014 - 1:48


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Je ne sais pas ce que le baiser signifie. Je ne sais pas ce que «nous» veut dire. Je ne l’ai jamais su. Je n’ai jamais prononcé ce mot, «nous». Du moins pas au sens que je l’entends dans le contexte. Je n’ai jamais voulu. Je n’ai pas confiance. En personne. Ni même en lui. Parce que j’ai eu confiance en Jonas et puis j’ai regretté. Amèrement. J’ai cru que «non» serait un mot qui ferait du sens à ses yeux et pourtant, il n’a pas compris. Il a pensé que j’ai dit «oui». Depuis, j’ai décidé de toujours partir avant d’avoir l’occasion de dire «oui» ou «non». Mais avec Weston, j’ai dépassé ce cap depuis longtemps, puis je ne sais plus quoi dire. Je ne sais plus quoi penser. Ce baiser, il est non seulement transi d’espoir, il est aussi trempé de quelque chose que je ne sais identifier par l’expérience, mais qui a certainement un nom. Je me sens bien dans ses bras et je me surprends à caresser des idées qui sont tout autres que les pensées lourdes et poisseuses, envahies d’angoisse, qui m’étreignaient jusque là. Je me mets à me demander ce qu’il a fait pendant mon absence, si je lui ai manqué, s’il a vu d’autres gens… Puis je me souviens les circonstances entourant cette absence justement et j’abandonne carrément ces réflexions stupides.

À vrai dire, maintenant n’est pas le bon moment. Tout simplement. Je ne peux pas y penser maintenant alors que j’ai déjà à me débattre avec mes peurs. Si épaisses qu’elles menacent de m’étouffer. Puis je veux partir. Je veux vraiment m’en aller, une fois que Kinu m’aura trouvé. Des jours, des semaines, des mois? Je ne sais pas. Je l’attendrai, avec impatience. Je veux quitter cette île de malheur. Qui m’a vu… Qui m’a vu naître. J’avais oublié ce détail. Oui, je viens d’ici, bravo. Et alors? C’est le Canada qui m’a élevée depuis toute petite. Je ne dois rien à Enola, rien du tout. J’ai bien essayé de la sauver, mais elle n’a fait que me détruire. Mais la voix de Weston retentit, dans une interdiction. Il dit que je n’irai nulle part. Aussitôt, mon poil s’hérisse. Personne ne me dit quoi faire. Personne ne me dicte ce que je vais ou ne vais pas faire. Surtout pas lui. Surtout pas ce pauvre mec qui va de toute façon finir par me décevoir. Ils sont comme ça, vous voyez. Et moi je suis moi. Je vais tout faire capoter, juste pour le plaisir de détruire quelque chose. De le détruire lui pour tenter de m’emprisonner. Personne ne me retient contre mon gré, personne. Oh il verra, quand je serai en état de marcher, comment je vais claquer sa porte dans un grand éclat. Il n’en croira pas ses yeux.

Ses bras se referment sur moi, et je m’attends à me sentir happée, prisonnière, mais c’est plutôt une vague immense de soulagement qui me submerge, chassant d’un coup ma colère. Un sentiment de sécurité, de bien-être sans précédent me saisit, et mes larmes s’intensifient, telles des petites rivières silencieuses sur mes joues. Je le déteste. Déteste de me faire sentir ainsi, si bien alors qu’il a prononcé des paroles que je ne pourrai jamais accepter. Au fond de moi boue toujours ma frustration, mais je suis si bien que je l’ignore. Il ne paie rien pour attendre. Si je décide de partir, je le ferai. Si je décide de rester, ce ne sera pas pour lui. Même si l’idée de ne plus discuter avec lui, de ne plus l’entendre rire ou dire des conneries me manquera. Il n’est pas le seul qui me manquera ici, après tout. Docile, je me laisse porter jusqu’à son lit. Il m’y dépose et je laisse m’échapper un soupir de bien-être. Aussitôt, je me glisse sous les couvertures, m’en entourant. Ainsi, mon corps me fait un peu moins mal. Je lui en veux, mais je suis vachement heureuse qu’il soit ici, près de moi. Je glisse à mi-voix, sentant mon corps s’abandonner peu à peu :

«Tu restes ici hein?»

Je n’entends jamais la réponse. Le sommeil, le premier que j’ai réellement depuis des jours, me happe toute entière. Je dors seize heures sans me réveiller une seule fois.
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MessageSujet: Re: Je suis là   Je suis là EmptyJeu 6 Fév 2014 - 23:09

• Je suis là •feat. Mercedes Blanchette

Je me sens coupable. Coupable de me sentir bien dans une telle situation. Coupable de me trouver confortable. De sourire. Je m’en sens coupable, et pourtant, je ne peux m’empêcher d’être bien. Bien. Bien, avec la jeune femme dans les bras. Je laisse mes yeux se fermer, la rapprochant encore un peu plus de moi. Je peux sentir l’odeur du shampoing envahir mes narines. Elle sent bon. Elle est paisible, contre moi. Mais comment peut-elle l’être? Je ne sais pas. Tout ce qui compte, c’est qu’elle le soit. Qu’elle s’endorme. Qu’elle chasse les horreurs qu’elle a vécues, le temps d’une nuit. Le temps de se reposer.  Après toutes ces nuits passées au froid, dans cette prison, elle le mérite. Le lit n’est pas fait, et je sens un plis de couverture dans mon dos, mais c’est tout de même bien confortable. C’est chaud, c’est paisible. Seuls quelques rayons de soleil réussissent à pénétrer dans la chambre. La plupart sont arrêtés par les rideaux épais recouvrant les fenêtres. Dans cette pénombre artificielle, je sens le sommeil s’emparer de moi. Comment faire autrement? Tout est propice au sommeil, ici. Tout…

Une petite voix faible s’échappe de Victoria, pour pénétrer dans mes oreilles. Un mince sourire étire mes lèvres. Si je reste? Bien évidemment. Plus jamais je ne partirai. Plus jamais. Plus jamais je ne partirai. Je suis là, et j’y reste. Je lui réponds dans un murmure, ne sachant si elle m’entend vraiment. Ce n’est pas important. Tout ce qui compte, c’est sa présence à mes côtés. De mon pied, je tente de tirer le drap pour me recouvrir un peu. Comme Victoria s’est enveloppée dans les couvertures, je n’y ai pas accès. Même s’il ne fait pas froid, je ne dis pas non à me recouvrir un peu. Je n’ai toutefois pas l’énergie ni l’envie de me couvrir plus qu’il ne le faut. Je m’endors. Je veux me laisser partir. Rien ne me retient. Ou enfin, presque. J’hésite un peu à me laisser aller. J’hésite, car je crains de me réveiller seul, dans quelques heures. J’ai peur que tout ceci ne soit qu’un rêve. Que rien de ceci ne soit réel. Non, ça ne peut pas arriver. Pas après ce baiser. Il faut que ce soit réel. Ça ne peut qu’être réel. Elle ne peut plus disparaître. Elle n’a pas le droit. Arceus, non. Je ne veux plus dormir. Je veux la toucher, la sentir. Je veux m’assurer qu’elle doit bien réel. Que rien de ceci ne soit un rêve. Ma main se promène dans ses mèches, la caressant les unes après les autres. Elle est bien là. C’est trop réel pour être un rêve. Elle est bien là, c’est certain. Je peux peut-être fermer les yeux? Juste quelques minutes… Je peux bien dormir un peu. Juste un peu. Juste un peu…

-Dors, Victoria... Dors.

Je laisse échapper un soupire, un peu rassuré. Deux petites minutes de sommeil ne me tueront pas. Je peux me laisser partir. M’endormir. À ses côtés.


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